• il y a 9 mois
Le Président de la FNSEA sera l'invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-M6 / Paris Première de 12h à 13h.
Regardez Le Grand Jury du 25 février 2024 avec Olivier Bost.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 [Musique]
00:13 Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:16 Bonjour à tous, bienvenue dans ce Grand Jury en direct sur RTL et sur Paris 1ère.
00:21 Bonjour Arnaud Rousseau.
00:23 Bonjour Olivier Bost.
00:24 Vous êtes le président de la FNSEA, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, le premier syndicat du secteur.
00:31 Vous êtes aussi céréalier et président du conseil d'administration d'un géant de l'agroalimentaire, le groupe Avril.
00:37 Arnaud Rousseau, êtes-vous catastrophé, gêné ou plutôt compréhensif pour ce qui n'a jamais été vu au salon,
00:45 ces images hier des CRS dans les allées, au milieu des animaux et puis des manifestants qui crient "Macron démission" derrière la crise.
00:53 Voyez-vous des manipulations politiques comme le dénonce le chef de l'État ?
00:57 Et puis surtout, qu'est-ce qui permettra de sortir de cette situation extrêmement tendue et très douloureuse pour les agriculteurs ?
01:04 Bienvenue dans ce Grand Jury Arnaud Rousseau.
01:07 À mes côtés pour vous interroger aujourd'hui, Pauline Buisson de la rédaction de M6.
01:11 Bonjour.
01:12 Et Loris Boischaud du Figaro.
01:13 Bonjour.
01:14 Nous allons parler des dernières propositions d'Emmanuel Macron pour sortir de la crise bien entendu.
01:19 Mais avant cela, un mot tout de même sur ce qui s'est passé hier, cette journée totalement inédite au salon de l'agriculture.
01:25 Loris Boischaud.
01:26 Arnaud Rousseau, c'était une journée, une première journée au salon de l'agriculture chaotique hier,
01:30 avec, on l'a dit, des affrontements entre CRS et agriculteurs manifestants.
01:34 300 à 400 manifestants véhéments, avec des interpellations aussi, 6 manifestants interpellés,
01:40 8 blessés parmi les forces de l'ordre, avec une visite du président de la République hier qui a été donc très agitée.
01:45 Vous avez été choqué par ces scènes de horreur ?
01:48 Oui, j'ai été peiné et attristé parce que vous savez, le salon de l'agriculture, pour nous, les agriculteurs,
01:52 c'est le rendez-vous annuel de la convivialité, c'est le rendez-vous annuel de l'échange avec tous ceux qui viennent nous rendre visite.
01:58 Et je crois que les images qu'on a vues hier et le spectacle qui a été donné n'est pas très glorieux pour nous tous.
02:04 Maintenant, je ne suis pas surpris.
02:06 Je ne suis pas surpris parce que ça fait des semaines, nous l'avions dit, que nous sentions cette colère montée,
02:11 cette colère sourde qu'on avait déjà mesurée sur les points de blocage il y a près de trois semaines
02:16 et qu'on avait décrite au chef de l'État en lui disant "il y a une attente forte".
02:20 Et donc, elle s'est traduite hier, encore une fois, dans une forme que pour ma part, je regrette.
02:25 Vous condamnez les violences qui ont eu lieu hier ?
02:27 On a toujours condamné les violences à l'FNSA, depuis le début de cette crise qui, encore une fois, est une crise profonde,
02:32 qui vient de loin du secteur agricole.
02:34 Nous avons toujours dit que nous ne voulions pas de violence, pas d'atteinte aux biens et aux personnes
02:38 parce qu'encore une fois, trouver des solutions, se projeter, construire l'avenir, ça passe aussi par le fait de pouvoir échanger.
02:44 Votre organisation a une part de responsabilité dans ce qui s'est passé hier,
02:47 parce que par aménagement des manifestants, il y avait des membres de la FNSEA,
02:51 identifiés FNSEA, et aussi des jeunes agriculteurs.
02:54 Vous savez, il y a 150 000 adhérents à la FNSEA, plus les anciens exploitants, on est plus de 200 000.
03:00 Et donc, à la FNSEA, il y a aussi des gens qui, depuis longtemps, nous feront monter qu'ils n'y croient plus,
03:06 que finalement, il y a une énorme colère qui est en eux.
03:10 Et donc, encore une fois, ce qui s'est passé hier, je ne le découvre pas, je le dis, on l'a redit partout,
03:16 nous ne voulons pas de violence, mais cette violence, on la comprend, puisqu'on la vit nous-mêmes,
03:23 je veux dire que les responsables professionnels que nous sommes, la subissons aussi,
03:27 parce que les gens, quand ils nous parlent, ils s'adressent à nous, ils nous disent aussi "mais qu'est-ce que vous faites ?"
03:31 - Vous vous condamnez et vous comprenez cette violence ?
03:34 - Non, mais vous savez, quand on ne répond pas aux attentes fortes, ou que 48 heures avant ce rendez-vous,
03:42 avec ce simulacre de grand débat où on invitait les soulèvements de la terre,
03:47 évidemment, on remet de l'huile sur le feu, et donc on l'a déploré.
03:50 Maintenant, ce qu'il faut, encore une fois, c'est avancer, regarder devant,
03:54 trouver des solutions concrètes dans les exploitations, et faire en sorte que ce qui a été vécu hier ne se renouvelle pas.
03:59 Moi, je pense que le président de la République, il a bien vu ce qui s'est passé hier,
04:02 et je ne suis pas sûr qu'il ait passé une bonne journée.
04:04 Donc, maintenant, il faut arrêter de parler du passé, il faut se projeter.
04:08 - Juste quand même pour revenir sur la journée d'hier, comment vous la décrivez ?
04:11 C'était quelque chose de totalement chaotique, c'est quelque chose de totalement inédit, c'est certain,
04:16 mais comment vous avez vécu cette journée, vous ?
04:19 - Pour ma part, ça fait 25 ans que je vais au Salon de l'agriculture, tous les ans.
04:23 Je n'ai jamais vu ça. Je n'ai jamais vu des forces de l'ordre en habille à l'intérieur du Salon,
04:28 je n'ai jamais vu déplacer des animaux, je n'ai jamais vu autant de gens furieux,
04:32 que ce soit d'ailleurs des agriculteurs ou les visiteurs qui étaient parqués dehors.
04:36 C'était une situation de chaos total.
04:38 - Est-ce que c'était raisonnable pour le président de la République d'aller au Salon ?
04:41 - Ecoutez, c'est sa décision. D'abord, il était invité au Salon, je voudrais le dire, comme il l'est tous les ans.
04:46 Donc, voilà. Maintenant, on lui avait décrit la situation, il nous avait invité mardi dernier
04:53 à nous rendre à l'Elysée, comme nous le faisons tous les ans pour faire le point de préparation de ce Salon,
04:57 et donc, il savait parfaitement. Est-ce qu'il mesurait le tel niveau de défiance ?
05:01 Je ne le crois pas. En tous les cas, hier, il l'a bien constaté.
05:04 - Est-ce que ces actions violentes, elles peuvent venir à la cause agricole ?
05:06 On sait que vous êtes plutôt soutenu par l'opinion publique. Est-ce que vous pensez que ça peut changer les choses ?
05:11 - Ecoutez, je peux comprendre qu'hier, quelqu'un qui prévoyait de venir avec ses enfants ou ses petits-enfants au Salon
05:16 y ait renoncé, parce que les images qui ont été vues, évidemment, ne plaident pas pour ce grand moment de convivialité.
05:21 Et évidemment, encore une fois, je déplore ces images. Je comprends que ça puisse interroger,
05:26 mais je le dis, d'abord, nous avons appelé au calme. Depuis des semaines, en décrivant par ailleurs cette attente forte du monde agricole,
05:34 je crois que personne ne la découvre, en tous les cas pour ceux qui suivent cette actualité.
05:37 Et nous, nous ne voudrions pas, évidemment, qu'il soit simplement retenu cet épisode,
05:41 qu'encore une fois, était probablement un passage nécessaire, mais qui doit nous projeter à trouver ensemble des solutions.
05:47 - Le Salon peut se tenir dans le calme après ces événements ?
05:49 - Écoutez, si, hier soir, bien sûr, bien sûr. Et non seulement il doit, mais il faut absolument que ça se tienne dans le calme.
05:55 D'abord parce qu'on attend des membres du gouvernement qui vont venir, qui viennent avec des réponses concrètes.
06:01 Et donc ça, on les invite à faire le travail. On attend l'ensemble des dégagations politiques,
06:05 de tous les partis politiques qui vont venir cette semaine, qui nous disent ce qu'est l'ambition.
06:09 Mais le Salon, c'est 600 000 visiteurs en près de 10 jours. On a besoin de dire qu'il faut qu'ils continuent à venir,
06:15 parce qu'il y a aussi des gens qui sont fiers de leurs produits, de leurs animaux, du concours général,
06:19 et que ça doit rester un moment de convivialité.
06:21 - Si manifestants interpellaient, est-ce que vous avez des informations sur leur profil ? Est-ce que...
06:25 - Non, je n'en ai pas... - ...il y a des membres de votre syndicat en meilleure partie ?
06:28 - Non, je n'en ai pas. Je crois que le préfet de police, hier soir lui-même, qui a communiqué, n'en avait pas.
06:33 On en aura dans les prochaines semaines. Mais je veux dire...
06:35 - Est-ce qu'il y a des membres de votre syndicat dans ces interpellés ?
06:37 - Je ne sais pas. Il est possible qu'il y en ait. Je ne sais pas. Je n'ai pas les identités.
06:41 Ce que je sais, c'est qu'il y en ait ou pas. Ne change rien à la fois la journée chaotique d'hier,
06:46 à la manière dont on se projette, et à la manière, encore une fois, dont le président de la République a reçu ces informations.
06:51 Je redis, on a près de 200 000 adhérents à la FNSA.
06:55 Nous, les responsables, les élus de ce syndicat, on a toujours appelé au calme et à la responsabilité.
07:00 On essaie de prendre du recul, dans un moment, je le redis, d'une tension inédite dans le monde agricole depuis près de 30 ans.
07:05 - Gabriel Attal sera sur place mardi. On peut s'attendre à des mêmes scènes de violence, selon vous ?
07:09 - Là encore, je ne souhaite pas qu'on revive ce qu'on a vécu samedi avec le président.
07:13 Mais, évidemment, le Premier ministre est très attendu pour qu'il continue, après sa conférence de presse de mercredi,
07:20 à nous donner des éléments de la déclinaison de ce qu'il met en place.
07:23 Il avait dit que d'ici le salon, il y aura un certain nombre de choses.
07:25 Je pense notamment au grand plan élevage que le Premier ministre devait, ce matin, au ministère de l'Agriculture,
07:30 déployer devant les représentants des éleveurs.
07:32 Vous voyez, le travail continue, donc je pense qu'on aura un point supplémentaire.
07:36 Je le redis, je ne souhaite pas de violence dans ce salon.
07:39 Ce n'est pas l'endroit, même si, encore une fois, la violence, nous, on la sous-tend depuis des semaines
07:45 et qu'elle a pris un caractère très visible hier, mais qu'elle est là depuis longtemps.
07:48 - Avant de revenir sur les mesures et les solutions, Emmanuel Macron a dit hier
07:52 "Il y a des gens qui sont venus pour mener une campagne politique et faire monter le Rassemblement National.
07:57 L'agriculture mérite mieux." Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
08:01 Est-ce que la colère des agriculteurs est plus large que ça ?
08:04 - Bon, d'abord, on est dans un temps éminemment politique, avec cette crise,
08:08 avec l'arrivée de ce nouveau gouvernement, avec les élections qui se profilent,
08:12 avec les élections, évidemment, européennes, avec le climat national, si je puis dire,
08:17 mais aussi international. On voit bien que sur les géopolitiques, en ce moment, c'est compliqué.
08:21 - Ça veut dire que vous avez l'impression d'être instrumentalisé ?
08:24 - Je redis que, je le dis depuis des semaines, la FNSEA n'est pas un syndicat politique.
08:30 La FNSEA, elle a dans ses adhérents des socialistes, des radicaux de gauche,
08:35 des gens du centre, des gens de la droite, des gens qui sont aujourd'hui chez Euroconquête
08:39 ou au Rassemblement National. Elle a tous les profils d'agriculteur.
08:42 Et d'ailleurs, c'est à la fois une de ses difficultés et une de ses forces.
08:46 - Ce n'était pas le sens de ma question. Le sens de ma question, c'était
08:48 "Est-ce qu'il y a des manipulations politiques, comme Emmanuel Macron le décrit ?"
08:53 Est-ce que vous voyez ça ?
08:54 - Non, mais moi, je ne réponds pas à ce genre de question.
08:56 Je vois bien qu'il y a des gens qui voudraient instrumentaliser cette colère agricole.
08:59 Ça, je le vois, je le mesure tous les jours.
09:01 Et d'ailleurs, à peu près à tous les endroits de l'échiquier.
09:04 Ça n'est pas notre calendrier, ça n'est pas notre objectif.
09:07 À la FNSEA, ce qu'on veut, c'est que les agriculteurs, dans leur cours de ferme,
09:11 dans les prochaines semaines, sentent que ça change.
09:13 Ensuite, les agriculteurs sont bien assez grands.
09:15 Vous savez, ce sont des gens indépendants, les agriculteurs.
09:17 Ils n'aiment pas bien qu'on leur donne des consignes.
09:19 Et ils feront exactement ce qu'ils veulent au moment du vote.
09:21 Et la FNSEA, comme d'habitude, ne donnera pas de consignes.
09:23 - Jordan Bardella visite le salon aujourd'hui et demain.
09:26 Est-ce que vous allez le rencontrer ? Il est le président du RN.
09:30 - Oui, écoutez, nous avons un rendez-vous planifié demain à l'agenda.
09:33 Donc, je rencontrerai M. Bardella, comme je rencontre l'ensemble des partis politiques
09:37 qui demandent à rencontrer la FNSEA.
09:39 - Et qu'est-ce que vous pensez du message du RN sur l'agriculture ?
09:42 Un message notamment protectionniste.
09:44 - Je discuterai du volet européen avec M. Bardella.
09:47 Le protectionnisme en agriculture, ce n'est pas possible.
09:50 Ce n'est pas possible parce que, quand vous êtes un viticulteur,
09:53 quand vous êtes un producteur de céréales,
09:56 quand vous êtes un producteur laitier,
09:58 même quand vous êtes un éleveur de viande bovine,
10:01 vous avez des échanges qui se situent à l'intérieur de l'Union
10:05 ou au-delà des frontières.
10:07 La viande bovine, par exemple, va en Algérie,
10:09 alors plus depuis quelques mois, et c'est un véritable problème.
10:12 Mais les vins français et les spiritueux sont tout en haut
10:16 de la balance commerciale agroalimentaire.
10:18 Les céréales, évidemment.
10:20 Les produits laitiers, on est encore excédentaire
10:22 et on exporte des fromages.
10:23 Donc le protectionnisme en soi n'a pas de sens en agriculture.
10:26 - Est-ce que vous diriez, comme G. Attal, par exemple,
10:29 que le RN est le vautour de la colère agricole,
10:31 sans bilan ni cohérence ?
10:33 - Non, je ne dis pas ça, parce que c'est un propos politique
10:35 que je ne tiens pas.
10:36 Je ne peux pas vous dire qu'à la fois,
10:38 on a une forme de neutralité par rapport à ça,
10:41 et commenter ce genre de propos.
10:43 - Mais vous mettez en garde sur la volonté de protectionnisme du RN.
10:45 - Je crois vous avoir répondu clairement sur le protectionnisme.
10:47 Nous, on considère qu'on doit rester dans un monde ouvert.
10:50 Ce qu'on demande, en revanche, c'est de la réciprocité.
10:53 C'est-à-dire qu'on veut pouvoir continuer à commercer et échanger.
10:56 Allez, soyons concrets, les Français qui boivent un café le matin,
10:59 ce ne sont pas les agriculteurs français qui vont le produire tout de suite.
11:02 Donc il faut qu'on continue à avoir des échanges,
11:04 et ce n'est pas un problème d'avoir des échanges.
11:06 Ce qui nous heurte, nous agriculteurs,
11:08 c'est qu'on ait un commerce qui s'opère au niveau mondial
11:10 avec de la réciprocité qui n'est pas au rendez-vous,
11:13 avec des conditions de production et de normes
11:15 qui ne ressemblent à rien par rapport à ce qu'on nous impose.
11:19 Et par ailleurs, avec très très peu de contrôle.
11:21 Donc ça, on ne le supporte pas.
11:23 Mais entre être lucide sur le fait qu'on veut de la réciprocité
11:26 et dire qu'il faut continuer à échanger,
11:28 il me semble qu'il y a là un propos très clair.
11:30 - Vous sentez dans vos rangs une poussée du RN ?
11:33 Dans vos rangs, dans votre syndicat ?
11:34 - Oui, bien sûr, on a aujourd'hui un certain nombre de nos adhérents
11:36 qui se revendiquent de ce parti.
11:39 Mais encore une fois, dans nos conseils d'administration,
11:41 dans nos prises de position,
11:43 on a prévenu de loin les considérations politiciennes,
11:45 si je puis dire, de nos rentes en ligne de compte.
11:47 Nous, on s'astreint à porter une ambition.
11:49 On a redit qu'on était pro-européen à la FNSEA,
11:51 mais qu'en revanche, cette Europe,
11:53 telle qu'elle était construite, ne nous allait pas.
11:55 Et pour une raison assez simple,
11:57 c'est que l'Europe aujourd'hui, c'est l'essentiel des politiques publiques
11:59 et c'est l'essentiel de la construction du prisme agricole.
12:02 Donc on ne va pas se tirer une balle dans le pied à la FNSEA.
12:05 Par ailleurs, qu'on ait des adhérents qui soient très hostiles
12:07 à la manière dont ça se passe, je vous le confirme.
12:09 Votre prédécesseur à la tête de la FNSEA, en 2017,
12:13 avait justement défendu, entre les deux tours de l'élection présidentielle,
12:17 le principe du libre-échange et avait défendu également l'Europe.
12:21 Ça avait été considéré à cette époque-là comme une prise de position politique
12:24 et un soutien, quelque part, à Emmanuel Macron.
12:26 Est-ce qu'aujourd'hui, vous n'êtes pas aussi,
12:29 à travers ce que vous êtes en train de dire,
12:31 dans un soutien ou en tout cas un choix politique ?
12:34 L'indépendance, M. Bost, c'est ça auquel nous travaillons tous les jours.
12:38 À ce moment-là, c'était une erreur entre les deux tours de...
12:40 Je ne l'aurais pas fait à titre personnel,
12:42 parce que je considère qu'encore une fois, les agriculteurs, vous savez,
12:45 ils n'attendent pas de leurs responsables professionnels
12:48 qui leur donnent des consignes de vote.
12:50 En revanche, ils attendent de leurs responsables professionnels
12:52 qui donnent une ligne claire sur l'ambition.
12:54 Et si nous ne sommes pas un parti politique,
12:56 je ne suis pas naïf non plus,
12:58 on a une vision politique qui porte clairement la place
13:01 de l'Europe dans le cadre,
13:03 qui place clairement la possibilité d'échanger,
13:06 qui place la possibilité aussi de la liberté d'entreprendre.
13:09 Notre mission, c'est d'accompagner les femmes et les hommes
13:11 qui ont le goût d'entreprendre en agriculture.
13:13 Vous voyez, on est clair sur la vision politique.
13:17 En revanche, on ne prend pas de parti pris.
13:19 Et dans le moment dans lequel on est, vous savez,
13:21 c'est une gageure d'essayer de rester un peu au-dessus de tout ça,
13:23 parce que tout le monde vous invite à vous dire
13:25 "Est-ce que vous êtes là, là ou là ?
13:27 Je lutterai aussi longtemps que je le pourrai
13:29 pour expliquer que l'ambition de la FNSEA, elle est très claire,
13:31 elle est de continuer à produire pour nourrir les Français,
13:34 une alimentation de qualité avec les standards les plus élevés de la planète,
13:38 et que pour le reste, les agriculteurs n'attendent pas de la FNSEA
13:40 qui leur donne des consignes politiques.
13:42 - Mais justement, Marine Le Pen avait visé la FNSEA
13:44 au début de la crise en disant "ça fait bien longtemps
13:46 que les agriculteurs ne peuvent plus compter sur leur syndicat".
13:49 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
13:51 - Écoutez, Marine Le Pen assume les propos qu'elle souhaite.
13:53 Nous, notre rôle, c'est de continuer à le faire.
13:55 Je vous ai expliqué que les agriculteurs étaient
13:58 la classe socioprofessionnelle la plus syndiquée,
14:00 parce qu'ils ont une conscience collective,
14:02 que l'organisation collective est le meilleur moyen de se défendre.
14:05 On est de moins en moins nombreux en France,
14:07 on est à peu près plus de 400 000, très atomisés,
14:10 avec des typologies d'exploitation très différentes,
14:13 des territoires différents,
14:15 il n'y a pas un modèle agricole comme je l'entends souvent à Paris,
14:18 on n'a que des modèles agricoles différents,
14:20 et c'est ce qui fait notre richesse.
14:22 Et donc les agriculteurs comprennent bien que se regrouper en syndicat,
14:25 c'est aussi un moyen de porter l'ambition.
14:27 Mais si Marine Le Pen vient me voir,
14:29 je lui dirais que dans le moment de grands troubles dans lesquels nous sommes,
14:33 si les syndicats n'étaient pas là,
14:35 pas simplement la FNSR, mais si les corps intermédiaires n'étaient pas là,
14:38 qui négocie avec le gouvernement ?
14:40 Qui le fait ?
14:41 Si Mme Le Pen, qui aspire à devenir présidente de la République,
14:44 demain se trouve en situation de gouverner,
14:47 les corps intermédiaires continueront à être là,
14:50 et ils joueront leur rôle.
14:51 Et moi je pense que c'est important,
14:53 au moment où finalement on s'interroge sur le fonctionnement démocratique,
14:56 de réaffirmer en tous les cas, je le fais au titre de la FNSR,
14:58 que le rôle d'un corps intermédiaire,
15:01 c'est de représenter une partie de sa base,
15:03 et je vous ai dit qu'on avait quand même un nombre d'adhérents très conséquent,
15:05 en tous les cas on est le premier syndicat.
15:07 Il est vrai que tout le monde n'est pas syndiqué,
15:09 mais comme d'autres secteurs d'activité économique,
15:11 et que nous, nous portons la voix et l'ambition de nos adhérents,
15:14 et qu'on continuera à le faire,
15:15 on le fait depuis 78 ans,
15:17 avec tous les gouvernements qui se sont succédés,
15:19 qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre,
15:21 et notre ambition c'est de continuer à le faire.
15:23 Je reviens un instant sur le fiasco du grand débat,
15:25 qui n'a pas eu lieu notamment,
15:27 parce que les soulèvements de la terre,
15:29 les activistes écologistes avaient été invités,
15:32 des conseillers agriculture de l'Elysée sont pointés du doigt,
15:36 pour avoir voulu inviter justement les soulèvements de la terre.
15:39 Ces conseillers ont pour point commun,
15:41 ces conseillers d'Emmanuel Macron ont pour point commun
15:43 leur engagement passé pour l'écologie.
15:46 Est-ce que Emmanuel Macron est mal conseillé, mal entouré ?
15:50 Moi je parle au chef de l'État quand il m'invite,
15:53 après la manière dont il gère ses conseillers, l'Elysée,
15:57 le fonctionnement interne, ça n'est pas mon sujet voyez-vous.
16:00 Et donc si...
16:01 De ce fiasco vous ne tirez aucune conclusion ?
16:03 Non mais de ce fiasco j'ai une explication très franche
16:05 avec le président de la République,
16:07 et vous avez vu que j'avais eu une réaction,
16:09 depuis le début nous disons à l'FNSA que nous sommes
16:12 ni dans la défiance, ni dans la complaisance.
16:16 C'est la position équilibrée qu'on essaie de porter
16:18 depuis des semaines, et je vous prie de croire que c'est pas facile.
16:21 Donc discuter avec le gouvernement pour trouver des solutions,
16:24 c'est notre devoir.
16:25 Se faire instrumentaliser et passer pour des dindons de la farce,
16:29 il n'en est pas question.
16:30 Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir pu débattre
16:32 avec les industriels, les distributeurs et même des ONG ?
16:35 C'était l'objet de ce grand débat à l'origine.
16:37 On avait proposé au président de la République
16:39 qu'il y ait un moment de rencontre avec le monde agricole,
16:42 la FNSA mais d'autres syndicats y compris des non-syndiqués,
16:45 parce que ça nous paraissait important d'avoir cet échange,
16:47 y compris de manière un peu virile,
16:49 parce que vous l'avez vu, les agriculteurs avaient des choses à dire.
16:51 On nous a proposé un simulacre de grand débat
16:54 avec les soulèvements de la terre.
16:56 Pour ce qui concerne les OG et les distributeurs,
16:58 on le fait tous les jours, on le fait tous les mois.
17:00 Je rencontre un certain nombre d'ONG, des partis politiques,
17:03 encore récemment Mme Tondelier,
17:06 dont on ne peut pas dire qu'elle soit complètement alignée avec la FNSA.
17:09 Notre rôle, c'est de parler avec tout le monde.
17:11 Parler avec tout le monde, ce n'est pas renoncer à ses ambitions,
17:13 ce n'est pas renoncer à une colonne vertébrale.
17:15 En revanche, ce qui nous a été proposé jeudi
17:17 a été vécu comme une provocation.
17:19 Dans le moment dans lequel on est, je pense que c'était très maladroit.
17:22 - Loris Boîchaud.
17:23 - Arnaud Rousseau, venons-en au fond des mesures.
17:25 Une série de concessions ont été faites ces dernières semaines par le gouvernement.
17:29 Avantages fiscaux pour la transmission des fermes,
17:31 plans pour l'élevage, mesures de simplification,
17:33 contrôles renforcés sur les prix d'achat aux agriculteurs,
17:36 nouvelles lois agricoles,
17:38 abandon de l'indicateur français sur les pesticides,
17:40 abandon également de la hausse de la taxe sur le carburant des tracteurs.
17:44 Qu'est-ce que vous voulez de plus ?
17:46 - D'abord, pardonnez-moi, mais ce n'est pas une concession.
17:49 C'est une nécessité pour reprojeter un projet pour l'agriculture.
17:53 Parce que le problème du moment, derrière tout ce que vous indiquez,
17:57 c'est le logiciel.
17:58 - Plus de 400 millions d'euros de dépenses au total.
18:00 - J'ai bien entendu.
18:02 J'ai bien compté aussi.
18:04 Je redis que ce qui comptait, c'était de changer de logiciel.
18:08 Et donc, il y a eu un certain nombre d'avancées.
18:11 Ce qu'on attend du président de la République, encore une fois, c'est la direction.
18:14 Il a rappelé hier qu'il souhaitait changer le logiciel.
18:17 Maintenant, nous, ce qu'on veut, c'est passer et faire l'ajustement du système.
18:21 - Ça veut dire quoi changer le logiciel ? C'est un terme très, très large.
18:24 - Non, mais changer le logiciel, je vais être très concret.
18:27 Le président de la République avait porté l'ambition du pacte vert,
18:30 le fameux Green Deal européen, sur lequel, concernant le volet agricole,
18:34 parce qu'il n'y a pas que le volet agricole,
18:36 mais sur le volet agricole, ce qu'on appelle de la fourche à la fourchette,
18:39 il y avait un prisme décroissant de 15% de la production alimentaire en Europe.
18:43 Changer le logiciel, ça veut dire que ça, on y renonce
18:46 et qu'on réaffirme que dans le moment dans lequel on est,
18:49 avec ce Green Deal pensé en 2019, alors qu'il y a eu le Covid et la guerre en Ukraine,
18:54 il faut qu'on réarme, ce n'est pas moi qui le dis, c'est le président de la République lui-même,
18:57 notre production alimentaire, pas simplement alimentaire d'ailleurs.
19:00 - Ce n'est pas acquis de revoir ce principe ?
19:02 - Écoutez, moi, je vais bien regarder ce que proposent l'ensemble des partis politiques
19:06 et je vais regarder ce qui se passe dans le cadre des élections européennes.
19:09 Ce n'est pas la FNSEA tout seul qui y parviendra.
19:11 Donc on a besoin de le faire.
19:13 - Avec cette stratégie, vous craignez quoi ? Une baisse de la production ?
19:16 - On ne la craint pas, on l'observe.
19:18 Elle est là. Plus d'importations tous les jours,
19:21 c'est près de un tiers de l'alimentation des Français qui est aujourd'hui importée.
19:24 Vous savez, on a longtemps fait le procès à la FNSEA du productivisme.
19:27 Pardonnez-moi, ça a vécu.
19:29 Aujourd'hui, on est clairement en train d'ouvrir nos portes à des produits
19:32 qui ne respectent ni nos normes, ni nos standards de production.
19:35 Alors, et je veux que vos auditeurs l'entendent, qu'on est en France,
19:38 dans le pays qui a les plus hauts standards de production agricole,
19:41 avec une alimentation parmi les plus durables au monde.
19:44 J'aimerais le rappeler, parce que si on doit continuer à faire des efforts...
19:46 - Parce que dans le changement de logiciel, il faut revoir ses standards.
19:48 - Non mais, je veux être précis.
19:50 Il nous faudra des normes, parce qu'on a besoin de produire.
19:52 Là, le sujet, pas simplement qu'en agriculture,
19:55 c'est que ce qu'on veut retrouver, et on l'a dit,
19:58 c'est de la dignité et le sens du métier.
20:00 Parce qu'il y a des gens qui ne comprennent plus ce qu'on leur demande.
20:02 On leur demande de la qualité et du haut de gamme,
20:04 et toute la journée, on achète des poulets d'importation,
20:06 ou de la viande d'importation.
20:08 Ça n'est pas cohérent. On leur a demandé le juste revenu de nos produits.
20:10 Parce que, quand vous êtes un agriculteur...
20:12 - Ça, c'est un changement de logiciel chez le consommateur.
20:15 - Non, mais attendez, je vais jusqu'au bout.
20:17 Même chez les pouvoirs publics, vous voyez.
20:19 Parce que l'épisode qu'on a vécu jeudi soir avec les soulèvements de la terre,
20:22 ça montre que là, il y avait un petit problème de système.
20:24 La juste rémunération, c'est comment on continue à se dire
20:27 que dans un marché ouvert, on donne des atouts
20:30 pour continuer à produire, et qu'on regarde les facteurs de compétitivité.
20:33 Vous voyez, ça, c'est très concret.
20:35 Et ensuite, la modification du quotidien du métier.
20:38 Les adultes, on ne peut plus de reproduire et de remplir des papiers.
20:41 Ce n'est pas vrai que dans l'agriculture.
20:43 Moi, quand je rencontre des chefs d'entreprise d'autres secteurs,
20:45 ils nous disent "surtout ouvrez la voie, on est d'accord, on est avec vous".
20:47 Donc, qu'est-ce qui fait qu'on simplifie ?
20:49 - Ces chantiers-là ont été ouverts.
20:51 - Mais attendez... - Quand Loris Boitschow vous demandait
20:53 "qu'est-ce que vous voulez de plus ?",
20:55 qu'est-ce qui, aujourd'hui, manque par rapport à tout ce que le gouvernement a proposé ?
20:59 - Il manque le fait que, dans la ferme,
21:01 on puisse regarder concrètement ce qu'est-ce qui a changé.
21:04 Je vais vous dire, les agriculteurs, toute la journée, me disent
21:06 "des promesses de politique, on en entend depuis des années,
21:09 moi, je n'y croirais que quand je verrais, dans ma ferme, le changement concret".
21:13 - Ça veut dire que vous ne faites plus confiance à la parole publique, c'est ça ?
21:15 - Oui, il y a une vraie défiance. - C'est pour ça que vous continuez le mouvement ?
21:17 - C'est exact. Il y a une vraie défiance vis-à-vis de la parole publique.
21:19 Vous avez raison de le préciser.
21:21 - Quand Gabriel Attal dit "la moitié de ce qu'on avait annoncé est déjà réalisé",
21:24 c'est pas vrai ?
21:25 - Non, mais attendez, à ce stade, on ne se voit pas.
21:27 Prenons un exemple concret.
21:28 Sur le GNR, ça a commencé avec des remboursements qui ont commencé.
21:32 Donc là, ça commence à se voir.
21:34 Mais par exemple, le pied de facture qui est prévu pour le mois d'octobre...
21:36 - Du gazole non routier, GNR ?
21:37 - Oui, absolument, pardonnez-moi.
21:38 Donc c'est le gazole qu'on met dans notre acteur, qui n'est pas le même
21:40 que celui qu'on met dans une voiture, puisqu'il est coloré.
21:42 Et donc, ce gazole non routier qu'on met dans notre acteur,
21:45 aujourd'hui, l'agriculteur demande un remboursement.
21:48 Il y a une avancée notable, que je souligne, et qui était attendue,
21:52 qui est le fait qu'on ait la remise, tout de suite, de cette taxe,
21:54 au moment où on commande chez notre marchand de gazole.
21:57 Eh bien, ça, ça se mettra en place au mois de juillet.
21:59 Et les gens, ils veulent des preuves concrètes que ça se met en place.
22:02 Je donne un autre exemple.
22:04 - Pardonnez-moi, mais la question, ça veut dire que ça ne va pas assez vite ?
22:06 - Oui, mais ça ne va pas assez vite.
22:07 - C'est d'autres engagements que doit prendre le gouvernement.
22:09 - Ça ne va pas assez vite, mais vous savez, c'est ce qu'a dit le président de la République,
22:12 hier, lui-même. Je reprends ses propos.
22:14 Il voit bien qu'entre ce qu'est l'annonce politique, et la volonté politique,
22:19 et sa déclinaison par l'ensemble des administrations publiques,
22:22 ne va pas assez vite. Ce n'est pas lui qui le dit, ce n'est pas moi qui le dit,
22:24 c'est lui qui l'a précisé hier.
22:26 Et donc, comme les acculteurs disent, moi, tant que je ne l'ai pas en dur dans ma cour de ferme,
22:30 je n'y crois pas, on a un petit moment de l'attente.
22:32 - Donc, vous allez rester mobilisé jusqu'à ce que...
22:34 - Le président de la République, d'abord, si on est juste,
22:38 et qu'on regarde les choses de manière froide, il y a des choses qui ont commencé.
22:41 Par exemple, les acculteurs qui ont des problématiques avec leur troupeau de MHE,
22:45 c'est une maladie sanitaire, la maladie hémorragique épisodique,
22:48 qui touche le sud de la France.
22:50 Et donc, immédiatement, ces gens commencent à avoir le remboursement
22:54 de ce que sont les sinistralités vécues dans leurs fermes.
22:57 Donc, il y a des choses qui ont démarré.
22:59 Et ça, c'est bien, et c'était attendu.
23:01 Même chose pour ceux qui ont subi la tempête en Bretagne.
23:04 Vous savez, la tempête qui a causé des dégâts majeurs.
23:07 - Il y a eu des mesures aussi pour la viticulture. Quels sont les secteurs ?
23:09 - Pour l'agriculture biologique, que je n'oublie pas,
23:11 parce que c'est aussi un secteur qui est en grave crise en ce moment, très grave crise.
23:14 Il faut absolument qu'on soutienne l'agriculture biologique
23:16 pour faire en sorte que les hommes et les femmes qui ont fait ce choix de production,
23:19 ne se déconvertissent pas, c'est-à-dire ne changent pas de modèle de production.
23:22 - Et quels sont les secteurs qu'il y a encore oubliés ? C'est l'élevage ?
23:25 - Alors, il y a un grand plan élevage dont on attend des choses,
23:27 notamment pour la piculture.
23:29 Mais vous savez, les secteurs agricoles sont si nombreux,
23:31 il y a beaucoup d'attentes. Mais je dis qu'il faut que ce soit concret.
23:33 Et on avait dit, premier temps, les urgences.
23:35 Et là, on commence à en voir les premiers fruits.
23:37 Et ça, c'est de nature à ce que les gens se disent, ça aillait, ça marche.
23:41 Ensuite, il y a tout le sujet de simplification.
23:43 Aujourd'hui, ça ne se voit pas.
23:45 Si on a interrogé un agriculteur du Nord Pas-de-Calais,
23:48 ou du Pas-de-Calais plus exactement, qui a les pieds dans l'eau depuis des mois,
23:51 et à qui on a dit, le président de la République lui-même,
23:53 on va curer les fossés, au moment où je vous parle, c'est pas fait.
23:56 Si, c'est fait parce qu'il y a des gens qui, de guerre lasse,
23:59 ont pris les grues et ont fait le travail.
24:01 - Mais vous croyez vraiment à la disparition de toute cette charge administrative ?
24:04 - Non mais on n'est pas des naïfs.
24:06 Vous savez, les paysans, on ne va pas les balader, je le dis depuis le début.
24:09 Mais acceptons de dire que si on a mené ce combat,
24:12 et c'est le rôle d'un corps intermédiaire,
24:14 et qu'au final, on est des résultats.
24:16 Parce que vous savez, derrière, si le seul avenir, c'est la désespérance et la violence,
24:19 et bien ça sera sans nous.
24:21 Et après, le gouvernement se débrouillera.
24:23 Donc, il y a des choses qui ne se voient pas.
24:25 Et puis, on avait dit très clairement qu'au moment du salon, il y avait un rendez-vous.
24:27 Donc, le chef de l'État nous a donné rendez-vous la semaine du 15 mars,
24:30 dans trois semaines, pour clôturer cette séquence.
24:33 Et il le fait avec les filières, et c'est une bonne chose,
24:35 parce que pour construire de la valeur, pour construire du prix,
24:37 il faut aussi qu'il y ait les filières.
24:39 Et enfin, il y avait un troisième temps...
24:41 Sur ce rendez-vous, pardonnez-moi, dans trois semaines,
24:43 vous l'imaginez comment ?
24:45 C'est un moment qui va être un moment de débat,
24:47 c'est un moment qui doit être ouvert.
24:49 Comment vous voyez les choses ?
24:51 Pour ce qui nous concerne, dans tous les cas,
24:53 on pense que le travail doit se faire avant, pour que ce soit le chef de l'État
24:55 qui clôture cette séquence.
24:57 Ça nous semble important.
24:59 Ça serait quoi ? Une forme de sommet de l'agriculture à l'Élysée ?
25:01 C'est vrai que les sujets d'organisation à l'Élysée
25:03 peuvent nous laisser un souvenir un peu amer.
25:05 Vous avez suggéré un grand débat, vous pouvez suggérer d'autres formes.
25:07 Oui, encore une fois,
25:09 on sera dans le détail, voyez-vous.
25:11 Moi, ce qui m'intéresse, c'est plutôt la vision.
25:13 Et pendant ces trois semaines, il va y avoir des nouvelles mobilisations, des nouvelles actions ?
25:15 Oui, on va continuer à maintenir la pression.
25:17 Après, vous savez, on a essayé de le faire,
25:19 encore une fois, de manière la plus
25:21 précise et tenue possible.
25:23 On a aussi les travaux des champs
25:25 qui vont redémarrer dans quelques jours.
25:27 Vous aviez dit que le rendez-vous
25:29 du salon de l'agriculture, par exemple,
25:31 a été vraiment fixé comme un moment qui allait être important.
25:33 Est-ce que ce nouveau rendez-vous fixé
25:35 par le président de la République dans trois semaines
25:37 est aussi quelque chose d'important ?
25:39 Ou il peut y avoir des nécessités
25:41 de mobilisation d'ici là ?
25:43 On a tous fait le constat hier
25:45 que le moment n'était pas propice à clôturer la séquence.
25:47 Vous avez vu le niveau de tension,
25:49 ça n'était pas décemment possible.
25:51 Donc pour vous, dans trois semaines, ça clôture vraiment ?
25:53 On sort de la crise et on passe à...
25:55 Non, je n'ai pas dit ça.
25:57 Je l'ai dit, dans trois semaines, on clôture cette séquence.
25:59 Vous savez, nous, on a dit qu'on était inscrits dans le temps.
26:01 Il y avait le temps des urgences, il y avait le temps du travail.
26:03 Parce qu'on a travaillé d'arrache-pied
26:05 avec nos partenaires des jeunes agriculteurs
26:07 pour faire des propositions concrètes
26:09 au gouvernement.
26:11 Qu'on souhaitait voir clôturer
26:13 au moment du salon. On regarde le degré de tension.
26:15 Je pense que se donner
26:17 quelques semaines de plus pour atterrir
26:19 sur les mesures de simplification
26:21 et voir de manière très concrète,
26:23 comme je viens de vous l'indiquer, les choses, ça va dans le bon sens.
26:25 Et puis on avait dit, il y a des choses de plus long terme
26:27 sur lesquelles on va rester très vigilants.
26:29 D'abord la loi, parce que tout ça doit aussi
26:31 à un moment se cristalliser dans une loi.
26:33 Le Premier ministre avait dit l'agriculture au-dessus de tout.
26:35 Parfait ! Mais maintenant,
26:37 il faut que ça se concrétise. Or cette loi,
26:39 tout le monde le comprend, d'abord besoin
26:41 d'être écrite, ensuite de passer
26:43 devant les parlementaires. Et donc on s'était
26:45 donné jusqu'au mois de juin. Et puis,
26:47 il y a tout le volet européen,
26:49 qui est central dans l'agriculture.
26:51 Il y aura dès demain à Bruxelles une réunion
26:53 des ministres de l'agriculture, un conseil des ministres de l'agriculture.
26:55 On en attend beaucoup.
26:57 - On va parler de tous ces sujets concrets
26:59 dans la seconde partie du Grand Jury.
27:01 Arnaud Rousseau, président de la FNSEA,
27:03 était avec nous. Et on parlera notamment d'une des mesures
27:05 avancées par le président de la République hier au Salon de l'agriculture.
27:07 La question des prix planchers,
27:09 je crois que ce n'est pas votre idée. A tout de suite.
27:11 - Suite du Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
27:23 - Arnaud Rousseau,
27:25 le président de la FNSEA,
27:27 et l'invité de ce Grand Jury ce dimanche.
27:29 Nous allons parler de la dernière annonce
27:31 d'Emmanuel Macron lors du Salon de l'agriculture.
27:33 Hier, Pauline Buisson.
27:35 - Oui, Arnaud Rousseau, l'instauration
27:37 de prix planchers par filière, fondée
27:39 sur les indicateurs de coût de production.
27:41 Est-ce que vous croyez à ces prix planchers ?
27:43 - Alors, évidemment,
27:45 cette déclaration du président de la République
27:47 nous a un peu surpris.
27:49 Je ne crois pas que sa politique économique,
27:51 telle qu'il apporte depuis le début, soit de
27:53 soviétiser l'économie. Donc, on a demandé
27:55 quelques éclairages et explications. Je vais vous dire ce que nous,
27:57 on porte en ce moment. - Le ministre de l'Agriculture
27:59 dit qu'il ne s'agit absolument pas de soviétiser
28:01 l'économie. Il a précisé...
28:03 - Oui, je ne suis pas surpris qu'il l'ait dit,
28:05 mais encore une fois, essayons
28:07 d'être précis. Nous, on va vous dire ce qu'on porte à la FNSEA.
28:09 Ce qu'on porte à la FNSEA, d'abord,
28:11 c'est de s'assurer qu'il n'y a pas de vente en dessous
28:13 des coûts de production. Premier élément.
28:15 - C'est une forme de prix plancher, alors ?
28:17 - Non, non, non. C'est la loi qui le prévoit.
28:19 On ne peut pas, aujourd'hui, vendre en dessous
28:21 de ces coûts de production. Et nous, surtout, c'est la construction
28:23 du prix en marche avant. Je vais essayer d'être précis.
28:25 Ce qu'on veut, c'est que dans toutes les filières,
28:27 on ait des coûts de revient interprofessionnel.
28:29 Des coûts de production interprofessionnel.
28:31 Donc, dans la viande,
28:33 dans le lait, dans le porc,
28:35 on a... - Donc, ça veut dire que, par exemple,
28:37 pour le secteur du bœuf, vous dites, le 1 kg de bœuf,
28:39 ça vaut tant. - Exactement.
28:41 - Ça coûte tant de le fabriquer. - C'est déjà calculé aujourd'hui.
28:43 C'est un coût de production interprofessionnel.
28:45 - Ça, ça n'existe pas aujourd'hui ?
28:47 - Le coût de production interprofessionnel existe.
28:49 Et ce qu'on veut, c'est que dans le cadre
28:51 de la loi EGalim, il soit reconnu comme étant
28:53 le facteur qui permet de construire
28:55 le prix en marche avant, ce qu'on a dit, c'est-à-dire une négociation
28:57 entre les organisations de producteurs,
28:59 puis l'industrie agroalimentaire, à partir de cet indicateur,
29:01 qui protège la matière première à l'école.
29:03 C'est ça, l'esprit de la loi EGalim.
29:05 Et puis, ensuite,
29:07 la négociation classique. Il n'y a pas
29:09 d'entente. Il y a simplement le fait de dire
29:11 qu'on construit, encore une fois, le prix.
29:13 C'est-à-dire, on ne fait pas, aujourd'hui,
29:15 ce qui ne nous va pas, c'est-à-dire une négociation entre l'industrielle
29:17 et la grande distribution, puis après,
29:19 on vient au producteur en disant "Voilà ce que je peux vous payer,
29:21 débrouillez-vous". - Remettre le producteur dans la chaîne, c'est ça ?
29:23 - Exactement. Vous savez, on a eu 10 ans
29:25 de déflation, et on voit que ça a détruit
29:27 de l'emploi, de l'activité... - Qu'est-ce que vous reprochez
29:29 à la mesure du plancher d'Emmanuel Macron ?
29:31 - Non mais, prix plancher,
29:33 ça donne le sentiment qu'il y aurait une espèce de conférence annuelle
29:35 ou de conférence trimestrielle
29:37 où on décrèterait que la viande vaut tant.
29:39 Nous, c'est pas ce qu'on dit, on dit "nous, on a des coûts interprofessionnels".
29:41 Interprofessionnels,
29:43 ça veut dire qu'il n'y a pas que les producteurs autour de la table.
29:45 - Mais est-ce que ce prix plancher, vous l'appliquez
29:47 pour l'exportation ? Ce n'est pas possible ?
29:49 - Non mais, non, et puis, encore une fois,
29:51 Egalim ne concerne que la grande distribution.
29:53 Vous savez, il y a près de 50% de ce que les Français
29:55 consomment qui ne passe pas
29:57 par la grande distribution. - D'accord.
29:59 - On dit que ça concerne l'élevage,
30:01 d'abord, puisque les lois Egalim
30:03 ne concernent pas la production... - Les lois Egalim,
30:05 ce sont les lois qui permettent d'assurer, censées
30:07 permettre d'assurer un revenu décent... - Le juste revenu,
30:09 absolument. - Pour les producteurs. - Et donc,
30:11 ces lois qui ont été votées par le Parlement,
30:13 il y en a même eu deux, puis une PPL
30:15 d'un député, monsieur Descrozail, qui a
30:17 complété le dispositif et qui va
30:19 entrer en oeuvre dans quelques jours.
30:21 Et donc, ce qu'on observe, c'est que
30:23 c'est important de garantir la pérennité.
30:25 Une entreprise qui ne peut pas couvrir
30:27 ses coûts de revient, elle disparaît.
30:29 C'est assez simple, ça, pour le coup, tout le monde comprend.
30:31 Et donc, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut faire en sorte
30:33 qu'à partir de ces coûts de production, et qui sont
30:35 pas celui du producteur, on va pas aller chez
30:37 monsieur untel ou madame untel, regarder
30:39 quel est son coût personnel. C'est des coûts de production
30:41 interprofessionnels, et à partir de ce
30:43 coût-là, on construit en marche avance...
30:45 - Derrière, ça soulève une autre question. Il y a une différence
30:47 énorme, j'imagine, de coûts de production
30:49 entre une petite exploitation
30:51 et des très grandes exploitations.
30:53 Qu'est-ce qui permet de fixer
30:55 un prix de production ? C'est la petite
30:57 exploitation ou la très grande ? - Justement,
30:59 ce coût interprofessionnel, mais je vous invite à aller
31:01 le regarder, il est fait de sorte
31:03 qu'on prend toutes les typologies, tous les
31:05 modèles d'exploitation, et que ce soit pas construit
31:07 pour tel ou tel secteur, ou tel ou tel territoire,
31:09 mais bien pour l'ensemble. - Donc tout le monde
31:11 s'y retrouverait. - C'est une moyenne. En tous les cas,
31:13 ce critère, il n'est pas remis en cause
31:15 au niveau de l'interprofession, dans la
31:17 manière dont il se construit. Après, certains disent
31:19 "on le prend plus ou moins", nous, ce qu'on dit, c'est
31:21 qu'il faut le prendre plus. Après, il y a des éléments
31:23 de marché, évidemment, et personne
31:25 n'en dit ce qu'on veut, notamment quand on exporte.
31:27 Quand vous êtes sur le
31:29 prix mondial du lait avec du
31:31 beurre poudre, la réalité, c'est que
31:33 tout le monde se moque de savoir ce qui se passe sur le territoire
31:35 national français. - Il y a un risque pour la compétitivité de l'agriculture
31:37 française. François Langlais, sur RTL,
31:39 a expliqué cette semaine qu'il y a un
31:41 non-dit dans ce débat et dans cette crise,
31:43 c'est la perte de compétitivité
31:45 de la France, avec une agriculture
31:47 moins performante qu'en Allemagne,
31:49 qu'en Espagne ou aux Pays-Bas. Est-ce que vous partagez ce constat ?
31:51 - Oui, je partage ce constat. On a un sujet
31:53 de compétitivité, mais il suffit de regarder le nombre
31:55 de fermes qui ont disparu depuis
31:57 des années. Notre objectif, on n'est plus
31:59 que 400 000 producteurs
32:01 agricoles français, dont 100 000
32:03 font moins de 25 000 euros
32:05 de production brut standard. On va simplifier
32:07 des affaires. - Il y a aussi un changement de modèle, non ?
32:09 C'est pas seulement... Il y a une question de génération,
32:11 bien évidemment,
32:13 de gens qui partent à la retraite, mais c'est aussi une question de modèle,
32:15 non ? Les petites exploitations, sont-elles
32:17 viables aujourd'hui ? - Mais si
32:19 elles sont sur des marchés positionnés avec de la
32:21 forte valeur ajoutée, avec de la vente à la ferme,
32:23 avec du lien direct consommateur, il y en a
32:25 certaines qui se portent très bien.
32:27 Très bien. Et par ailleurs, vous avez des grandes
32:29 exploitations qui peuvent être en situation beaucoup plus délicate.
32:31 Donc, la taille n'est pas une
32:33 fin en soi. Ce qui est sûr, c'est
32:35 que comme dans toutes les entreprises, il y a un point mort
32:37 et que plus vous êtes
32:39 capables d'aller chercher de la valeur au-dessus,
32:41 plus vous vous rémunérez. Je voudrais rappeler
32:43 que les revenus en agriculture, on n'est pas dans l'industrie.
32:45 On est avec des revenus
32:47 qui sont entre 20 et 40 000 euros
32:49 en fonction des années, pour
32:51 des besoins
32:53 en financement très importants. - Alors, où se joue la compétitivité
32:55 de l'agriculture française, cette compétitivité
32:57 perdue ? - Elle peut se jouer, évidemment,
32:59 au niveau de l'entreprise.
33:01 C'est tout le travail qu'on fait sur les charges,
33:03 comme le reste des entreprises,
33:05 si je puis dire. C'est évidemment le positionnement
33:07 du marché, comment on arrive à segmenter le marché.
33:09 C'est le marché intérieur, mais c'est aussi l'exportation.
33:11 Prenons l'exemple des céréales.
33:13 On est en train de se faire tailler les croupières
33:15 par les Russes, à qui on exportait
33:17 du blé dans les années 2010
33:19 et qui aujourd'hui inondent le marché, notamment
33:21 sur nos marchés de proximité, je pense
33:23 aux bassins médicarnes... - Les Russes ou les Ukrainiens ? - Non, non, je parle
33:25 bien des Russes. Les Ukrainiens, par ailleurs,
33:27 vous savez, les Russes
33:29 ont envahi la Crimée en
33:31 2014 et avaient fait le choix stratégique
33:33 de dire "maintenant, on va produire".
33:35 Ce qu'ils ont rempli. Et aujourd'hui,
33:37 ils exportent des quantités très importantes de blé,
33:39 notamment sur nos marchés de proximité, dont je parlais,
33:41 et quand vous arrivez et que vous n'êtes pas compétitif
33:43 sur ces marchés, vous ne passez pas.
33:45 Donc ça, c'est une réalité très concrète.
33:47 - Arnaud Rousseau, vous évoquiez tout à l'heure 400 000 producteurs
33:49 agricoles en France, moyenne d'âge 50 ans,
33:51 d'ici 2030, la moitié
33:53 d'entre eux partira... - La moyenne d'âge, c'est
33:55 52 ans en agriculture aujourd'hui, et dans l'élevage,
33:57 c'est plutôt 55 ans. - Et d'ici 2030,
33:59 donc la moitié des agriculteurs devraient
34:01 partir à la retraite. Est-ce qu'on risque de
34:03 manquer, tout simplement, d'agriculteurs pour faire
34:05 tourner la production agricole française ?
34:07 - C'est une vraie préoccupation, et d'attirer
34:09 des talents, comme dans d'autres secteurs d'activité,
34:11 mais en agriculture, c'est un vrai challenge.
34:13 Et c'est aussi pour ça que ce qu'on vit comme période
34:15 nécessite qu'on donne une vision. Parce que
34:17 pour attirer des jeunes dans ce métier, même s'il y a encore
34:19 des passionnés, on a besoin
34:21 à un moment de concrétiser le fait que, comme
34:23 tous les secteurs d'activité, on peut investir,
34:25 on peut se développer, on peut avoir une vision,
34:27 on peut surtout avoir du revenu.
34:29 Et donc, pour donner ce signe, c'est maintenant qu'on a besoin
34:31 de bouger. Et attirer des jeunes,
34:33 ça se fait aussi avec des possibilités
34:35 d'accompagner les reprises, c'est ce qu'a annoncé
34:37 le président de la République, c'est ce qu'on veut voir... - Avec la loi qui
34:39 va être présentée. - C'est ce qu'on veut voir dans la loi d'orientation à l'école,
34:41 dans laquelle on va faciliter les transmissions
34:43 d'entreprises, comme le pacte d'Utreil.
34:45 - "Faciliter les transmissions", ça veut dire que, très concrètement,
34:47 sur le plan fiscal,
34:49 pouvoir léguer une exploitation
34:51 sera quasiment pas fiscalisée, c'est bien ça l'idée ?
34:53 - Non, pas fiscalisée, c'est pas exact, mais en tous les cas
34:55 très largement
34:57 supportée, pour faire en sorte que
34:59 celui qui est arrivé au terme de sa carrière professionnelle
35:01 puisse partir. Et on a aujourd'hui des exploitants
35:03 qui restent encore en activité très tardivement,
35:05 tout simplement parce que le niveau
35:07 des retraites est extrêmement faible, le plus
35:09 faible en agriculture de tous les secteurs agricoles,
35:11 ce qui est aussi un objectif de la réforme.
35:13 On a parlé, vous avez cité beaucoup d'avancées,
35:15 la réforme des retraites qui a été votée à l'unanimité
35:17 des parlementaires il y a un peu plus d'un an,
35:19 n'est toujours pas beaucoup
35:21 avancée, elle doit se mettre en oeuvre au 1er janvier
35:23 2006, 26 pardon,
35:25 et au moment où je vous parle, j'ai de fortes
35:27 inquiétudes sur le rythme. Vous voyez, ça aussi
35:29 c'est une discussion qu'on a eue avec le président de la République,
35:31 voter à l'unanimité du Parlement,
35:33 c'est pas si courant par les temps qui courent. - Parlez-là de la réforme des retraites
35:35 spécifique aux agriculteurs. - Absolument.
35:37 La réforme des retraites en agriculture pour faire en sorte
35:39 qu'on prenne, comme tous les autres secteurs
35:41 d'activité, les 25 meilleures années
35:43 de la carrière professionnelle. Eh bien là, on n'est pas.
35:45 Et donc, pour réussir la transmission,
35:47 il faut qu'on facilite les transmissions d'entreprise,
35:49 donc c'est la fiscalité, il faut qu'on attire des talents,
35:51 il faut qu'on mette du revenu, de la compétitivité,
35:53 et puis il faut qu'on permette à ceux qui partent d'avoir
35:55 une retraite digne. - Hier Emmanuel... - Oui, pardon.
35:57 - Hier Emmanuel Macron a aussi annoncé un plan
35:59 de trésorerie d'urgence pour les exploitations
36:01 qui sont en difficulté.
36:03 Est-ce que ça va dans le bon sens ou est-ce que vous redoutez
36:05 une usine à gaz ? - Non, c'est très attendu
36:07 par un certain nombre de nos collègues
36:09 qui subissent des situations
36:11 difficiles. - Donc en gros, on va recenser
36:13 les exploitations qui sont en difficulté pour les aider.
36:15 - Oui, ce que ne voulait pas le président de la République
36:17 et il l'a expliqué très clairement, c'est ce qu'on appelle
36:19 l'année blanche, c'est-à-dire l'idée que
36:21 quelle que soit la typologie des entreprises
36:23 et le secteur, finalement... - C'est ce que demandait
36:25 votre syndicat concurrent, la Confédération
36:27 Paysanne. - Oui, et la coordination
36:29 rurale également. - Ah non, la coordination rurale.
36:31 - Le président de la République a dit qu'il ne
36:33 ferait pas ça. En revanche, nous sommes
36:35 conscients que dans un certain nombre de cas, il y a des situations
36:37 extrêmement tendues. Et puisque moi,
36:39 j'appelle à se projeter, il faut aussi comprendre que
36:41 quand vous ne savez pas comment vous finissez le mois,
36:43 ce n'est pas la peine de parler de la fin de l'année. - Ça veut dire quoi
36:45 un plan de trésorerie d'urgence ?
36:47 - Ça veut dire que là, dès lundi, les
36:49 préfets sont invités à recenser
36:51 les situations les plus dramatiques
36:53 par territoire, parce que la situation d'un viticulteur
36:55 de l'héros n'est pas la même que celle
36:57 d'un viticulteur en champagne, tout le monde comprend.
36:59 Et ensuite, c'est regarder comment
37:01 on pourra accompagner avec un certain nombre de prêts
37:03 bonifiés. Ça vient d'être fait
37:05 en viticulture. On doit pouvoir le faire
37:07 avec d'autres secteurs d'activité, mais là encore,
37:09 avec des seuils, parce qu'il ne faut pas laisser
37:11 penser que tout ça va se faire...
37:13 - On imagine qu'il y aura des critères à respecter.
37:15 - Bien sûr. - Vous soignez que certains soient
37:17 néanmoins mis de côté ?
37:19 - Je vais attendre que le travail se mette en place.
37:21 Ça commence demain. On n'a pas encore
37:23 parlé des critères, mais le président de la République
37:25 a donné la direction, et encore une fois,
37:27 c'est attendu par un certain nombre de nos
37:29 collègues de manière très forte. Et il faut
37:31 le mettre en place. Donc ça, ça commence demain.
37:33 Les préfets, dès demain, sont
37:35 au sommet de relever avec la profession
37:37 agricole, avec nos chambres d'agriculture, avec tous
37:39 les acteurs, évidemment les banques, la
37:41 MSA, tous ceux qui ont des voyants
37:43 qui s'allument dans un certain nombre de
37:45 situations professionnelles. Ensuite,
37:47 on va discuter des critères, mais là
37:49 encore, il faudra qu'on soit
37:51 ajusté, et puis ensuite, on veut que ce soit
37:53 bonifié, évidemment, au regard de ce
37:55 qui se passe. Ça vient d'être fait, encore une fois, pour la viticulture.
37:57 Donc on imagine que ce système serait réplicable.
37:59 - Emmanuel Macron s'est aussi engagé à
38:01 reconnaître l'agriculture comme un intérêt
38:03 général, majeur, de la nation
38:05 française. Ça serait au même titre que la
38:07 sécurité ou la défense nationale.
38:09 Qu'est-ce que ça peut changer,
38:11 cette idée ? - Eh bien, écoutez, pour nous,
38:13 ça change tout, parce que là, on revendique
38:15 d'en avoir été les porteurs depuis longtemps.
38:17 Et vous voyez, c'est difficile à expliquer
38:19 parce que moi, beaucoup d'agriculteurs m'ont dit "mais en fait, ça
38:21 change quoi dans ma ferme ?" Vous voyez ? Parce que ce qu'ils disent
38:23 au président de la République, ils nous le font remonter. - Attends, juste pour arrêter
38:25 l'idée. L'idée de la souveraineté,
38:27 ça veut dire que
38:29 les agriculteurs français
38:31 seraient en capacité de nourrir
38:33 les français. C'est bien ça ? - Non, non, ça n'est pas ça.
38:35 Sur le plan juridique, pardonnez-moi,
38:37 je ne suis pas juriste, mais je vais vous
38:39 expliquer. L'agriculture
38:41 reconnue comme étant d'intérêt général
38:43 majeur, sur le plan juridique,
38:45 ça positionne l'agriculture en
38:47 équilibre avec l'environnement.
38:49 Et c'est important pour nous, parce que
38:51 nous, on est à la croisée des chemins. On a
38:53 besoin de produire, et en même temps, l'environnement,
38:55 c'est notre quotidien. Nos terres,
38:57 nos prés, c'est
38:59 la manière dont on a de conduire
39:01 une écologie qu'on appelle, de nos
39:03 voeux, une écologie constructive, qu'on oppose
39:05 à une écologie de la quantation ou de la punition.
39:07 - Ça veut dire que dans la Constitution, on va écrire que le...
39:09 - Non, non, ça n'est pas dans la Constitution, pas du tout.
39:11 - Parce que par exemple, l'environnement, on l'a introduit dans la Constitution.
39:13 - Oui, le préambule, mais encore une fois,
39:15 là, on parle du
39:17 code rural. - Ça veut dire
39:19 concrètement, par exemple, sur les projets de méga-bassines,
39:21 vous aurez plus de poids pour les défendre
39:23 face aux contestations ? - Alors, je ne sais pas ce que c'est
39:25 qu'une méga-bassine, mais pour le stockage de l'eau,
39:27 les réserves de substitution, puisque c'est comme ça que nous,
39:29 on les appelle, oui, ça pourra
39:31 permettre, en fonction, encore une fois,
39:33 de la reconnaissance du caractère d'intérêt général,
39:35 parce qu'il ne faut pas non plus expliquer que tout va
39:37 être permis, ça n'est pas le cas. Mais simplement,
39:39 ça permettra de venir positionner qu'à un moment,
39:41 il faudra qu'on arbitre, et
39:43 quand je dis "on", c'est le juge,
39:45 entre le droit de l'environnement
39:47 et l'agriculture reconnue d'intérêt
39:49 général, majeur. - Pour résumer, ça veut dire
39:51 l'avenir de la planète, c'est important,
39:53 mais le fait de nourrir les gens, ça a
39:55 exactement la même valeur, enfin, c'est aussi important.
39:57 - C'est exactement ça, l'idée, c'est d'équilibrer,
39:59 c'est d'équilibrer pour faire en sorte que
40:01 on ne continue pas à finalement
40:03 dire "on va protéger l'environnement
40:05 chez nous", ce qui a du sens,
40:07 et je voudrais dire que les agriculteurs, ce sont les premiers à le faire,
40:09 et parce que ce sont les premiers
40:11 géécologistes, j'ai l'habitude de le dire, et de l'autre
40:13 côté, si on dit "nous, chez nous, on a
40:15 tout protégé, mais tout vient d'ailleurs,
40:17 et le carbone, et les mesures
40:19 qui ne respectent pas nos standards et nos qualités,
40:21 je ne suis pas sûr qu'on ait beaucoup avancé".
40:23 Et donc l'idée d'équilibrer, et de laisser ça
40:25 au juge comme décision,
40:27 nous paraît, de nature, à aussi donner
40:29 une direction. On ne fera pas n'importe quoi, je veux bien,
40:31 je veux être précis, si vous permettez,
40:33 parce que je ne voudrais pas qu'on laisse penser que finalement,
40:35 c'est contre l'écologie, ce n'est pas contre l'écologie,
40:37 c'est à côté de l'écologie,
40:39 et comme on fait dans une famille, on essaie d'arbitrer
40:41 entre les intérêts. Nous, on veut continuer
40:43 à porter l'ambition de l'environnement,
40:45 du climat, on est les premiers à impacter
40:47 sur le climat, donc on veut le faire, mais d'autre côté,
40:49 il faut aussi qu'on continue à produire en France,
40:51 si on ne le fait pas, on aura tout perdu.
40:53 - Justement, à propos d'environnement,
40:55 le gouvernement a annoncé qu'il changeait
40:57 d'indicateur pour mesurer la consommation
40:59 de pesticides. L'indicateur européen
41:01 est moins sévère que celui qui était utilisé
41:03 jusque-là en France. Le gouvernement
41:05 reprend donc très clairement une demande
41:07 qui était la vôtre,
41:09 pas d'interdiction aussi de produits chimiques
41:11 sans solution. Sur ce volet-là,
41:13 ce n'est pas un recul
41:15 sur le plan de l'écologie.
41:17 - Pardonnez-moi, d'abord, l'indicateur européen,
41:19 il n'est pas moins dix ans que l'indicateur français.
41:21 Ils ne mesurent pas la même chose. - Il y a notamment
41:23 l'agence fédérale allemande
41:25 de l'environnement qui dit que vous pouvez baisser,
41:27 enfin, vous pouvez ne pas baisser,
41:29 vous mesurez des baisses. - Je vais essayer de répondre.
41:31 On avait un indicateur, pour vos auditeurs, pour que ce soit simple,
41:33 dans lequel on mesurait le volume.
41:35 Le fameux nodu, on mesurait le volume.
41:37 Et tout le monde comprend que
41:39 le caractère impactant
41:41 d'un produit ne se mesure pas au volume.
41:43 Vous pouvez avoir quelques grammes qui sont
41:45 de faibles volumes,
41:47 mais très impactants sur l'environnement,
41:49 et parfois des volumes en très grande quantité,
41:51 avec des nocivités qui sont
41:53 très peu impactantes.
41:55 Nous, ce qu'on dit, c'est que
41:57 ces fameux plans éco-phytos, ça ne marche pas
41:59 depuis 15 ans. Et tout le monde en fait le constat.
42:01 Les associations environnementales, le monde agricole,
42:03 c'est une stratégie perdante.
42:05 Et donc, nous, on constate
42:07 que les agriculteurs, malgré tout, ont fait des efforts.
42:09 Si vous ne donnez jamais acte à un agriculteur
42:11 qui fait des efforts, que finalement c'est reconnu,
42:13 c'est une stratégie dans laquelle
42:15 vous n'emmenez personne. Nous, ce qu'on veut,
42:17 c'est continuer à faire des efforts. Parce que d'abord,
42:19 on n'est pas les représentants
42:21 des vendeurs de produits chimiques.
42:23 Nous, on a besoin de solutions
42:25 sur nos fermes, pour ne pas se retrouver
42:27 en impasse. Ça me semble assez facile à comprendre.
42:29 On dit qu'à chaque fois qu'il y a des alternatives,
42:31 et le gouvernement vient annoncer
42:33 des moyens très conséquents pour trouver des alternatives,
42:35 et ça va dans le bon sens. Mais ne nous mettons
42:37 pas dans des impasses. Et par ailleurs,
42:39 on est cohérents, puisqu'on dit qu'il faut simplifier.
42:41 Il y a un indicateur européen
42:43 qui, aujourd'hui, mesure ça à l'échelle européenne.
42:45 Puisqu'on dit qu'on veut simplifier,
42:47 et puisqu'on dit qu'on ne veut pas se transposer...
42:49 - Ecofito 4 sera le premier Ecofito qui va fonctionner ?
42:51 - En tous les cas, nous, on l'appelle de nos voeux.
42:53 Parce qu'encore une fois, je vous dis, si on veut s'améliorer,
42:55 tout le monde comprend bien ça,
42:57 en termes d'accompagnement des dynamiques collectives,
42:59 il faut se donner un peu de lumière au bout du tunnel.
43:01 Si, systématiquement, on vous dit que c'est l'échec,
43:03 évidemment, vous n'emmenez personne.
43:05 - Donc, vous n'appelez pas à l'arrêt du plan Ecofito ?
43:07 Vous considérez que ce changement d'indicateur est suffisant ?
43:09 - Pas du tout. On ne l'a jamais appelé. Non, non, il n'y a pas que ça
43:11 dans le plan Ecofito. Il y a aussi les sujets
43:13 de registres. On a dit que ce n'était pas la peine de faire
43:15 un registre franco-français, alors qu'on avait besoin
43:17 d'un registre européen. Il y a des sujets de zonage
43:19 sur lesquels il faut qu'on regarde. Mais vous savez, c'est assez complexe.
43:21 Ce que je veux que vos auditeurs retiennent,
43:23 c'est qu'il n'y a pas de volonté
43:25 du monde agricole de dire "on va faire n'importe quoi".
43:27 Je veux redire ici que les sujets
43:29 environnementaux sont une préoccupation de tous les jours
43:31 pour tous les producteurs agricoles.
43:33 Mais que ça ne se fait pas dans des bureaux
43:35 avec des incantations ou de l'écologie punitive.
43:37 - Qu'est-ce que vous répondez toutefois à ceux qui
43:39 s'inquiètent du renouvellement, par exemple,
43:41 pour 10 ans, du glyphosate ?
43:43 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
43:45 - Je leur réponds que, d'abord, le glyphosate a été
43:47 renouvelé par une homologation
43:49 de l'agence sanitaire européenne.
43:51 Donc, elle a rendu un avis.
43:53 Ça a été arbitré par les Etats membres
43:55 qui n'ayant pas trouvé de position,
43:57 la commission l'a faite. Et je voudrais dire
43:59 surtout, de manière très concrète,
44:01 qu'on a un objectif de décarbonation
44:03 en agriculture et que le glyphosate, c'est aujourd'hui
44:05 le produit qui permet, en production
44:07 végétale, d'atteindre le plus haut
44:09 niveau de décarbonation.
44:11 Je veux aussi être précis... - Vous savez qu'il est très contesté.
44:13 - Ça ne m'a pas échappé,
44:15 je vous rassure. Mais je dis
44:17 qu'aujourd'hui, il a été réhomologué
44:19 et que si demain,
44:21 on trouve une alternative au glyphosate,
44:23 on n'a pas de problème pour changer de produit.
44:25 En revanche, il faut nous donner les moyens
44:27 de décarboner. Et l'agriculture de conservation
44:29 des sols, celle qui couvre le sol le plus longtemps,
44:31 elle a besoin d'un petit
44:33 peu de glyphosate, 1 litre, 1 litre et demi par an.
44:35 Et donc, ce serait une erreur de ne pas le faire.
44:37 Parce que vous voyez, c'est ça le problème de l'agriculture.
44:39 C'est qu'on veut tout et son contraire.
44:41 On dit, on ne veut pas de produits phytosanitaires,
44:43 mais on veut décarboner. On veut de la production de qualité,
44:45 de proximité, de naturalité, parce qu'on est fier
44:47 de ce que font les Français, mais on achète à l'extérieur.
44:49 Et ces injonctions paradoxales, elles sont plus tenables.
44:51 Donc, je le dis, notamment dans le pays
44:53 où les Français consomment énormément
44:55 de médicaments, on est les premiers consommateurs d'anxiolithie
44:57 qui est anti-dépresseur, qu'en agriculture,
44:59 nous, on n'est pas dépressif,
45:01 on a simplement besoin qu'on nous donne les moyens d'avancer.
45:03 Et que pour le faire, il faut être cohérent.
45:05 Aurélien Arnaud Rousseau, pardonnez-moi,
45:07 dans le début de cette émission, quand je vous ai présenté,
45:09 je disais que vous étiez céréalier,
45:11 et également président du conseil d'administration
45:13 du groupe agro-industriel
45:15 Avril, un groupe qui
45:17 est spécialisé dans la transformation
45:19 et la commercialisation des produits
45:21 issus des graines de colza ou de tournesol,
45:23 et ce qui donne notamment les marques
45:25 que tout le monde connaît, les huiles Puget
45:27 ou le Sieur. Est-ce que vous êtes
45:29 l'un des tenants du système
45:31 agro-industriel qui appauvrit les agriculteurs
45:33 et les agricultrices, comme le dénonce
45:35 Greenpeace, notamment ? - Une question tout en nuance.
45:37 Je vais vous répondre.
45:39 - C'est une insupplication de Greenpeace, puisque vous l'avez
45:41 notamment... - Bien sûr. - Ils ont mené notamment des actions
45:43 contre votre groupe. - Je vous remercie de me donner l'occasion
45:45 d'agir sur ce point.
45:47 Ce que je voudrais que vos auditeurs comprennent, c'est que quand ils ont
45:49 un paquet de farine sur leur table, quand ils ont
45:51 un litre de lait, quand ils ont une bouteille
45:53 d'huile sur leur table, entre la ferme
45:55 et chez eux, il s'est passé une transformation.
45:57 Et or,
45:59 les fruits et légumes et le miel,
46:01 tous nos produits nécessitent d'avoir
46:03 une transformation. Et que depuis le début,
46:05 je vous explique que les agriculteurs se battent pour leur rémunération.
46:07 Et qu'ils ne veulent pas se faire capter
46:09 la valeur dans la chaîne. Et il y a
46:11 40 ans, il y a un certain nombre d'agriculteurs qui se sont
46:13 dit, plutôt qu'en permanence
46:15 commenter, on n'est pas plus sot que les autres,
46:17 on va investir dans un modèle
46:19 d'entreprise dans lequel,
46:21 et j'insiste sur ce point, tous les bénéfices
46:23 seront réinvestis
46:25 au profit du développement de la ferme France.
46:27 C'est ça qu'est le groupe Avril. C'est un groupe d'agriculteurs
46:29 pour les agriculteurs.
46:31 Et comme depuis 40 ans, tout ce qui a été
46:33 gagné a été réinvesti, aujourd'hui
46:35 c'est un groupe de taille importante.
46:37 Il protège l'agriculture. - Donc Avril est vertueux,
46:39 mais par exemple, Lactalis...
46:41 - Non mais attendez, vous inviterez
46:43 M. Beignet à venir commenter.
46:45 Ce que je veux dire, c'est que c'est important
46:47 d'avoir des champions dans nos
46:49 domaines, parce que ça protège la production
46:51 en France. Je sais qu'il y a des discussions
46:53 difficiles en ce moment avec Lactalis sur le prix du lait.
46:55 Je le sais. Et
46:57 évidemment, je suis cohérent
46:59 en expliquant qu'on a besoin de construire le prix
47:01 en marche avant et qu'on ne peut pas négocier... - Dans la crise
47:03 agricole, cet étage-là, entre guillemets, celui que vous
47:05 décrivez, qui est celui de la transformation, a été
47:07 quand même largement accusé de capter la valeur
47:09 quelque part qui était produite
47:11 par les agriculteurs. - Vous savez, on est dans un
47:13 système où on dit "c'est pas moi, c'est les
47:15 autres". Donc l'industrie agroalimentaire
47:17 qui dit elle-même que c'est la distribution,
47:19 tout ça est très sympathique. - On peut dire que c'est les consommateurs
47:21 aussi. - Ou le consommateur
47:23 qui ne paye pas, il y a toujours "c'est jamais moi, c'est les
47:25 autres". Moi, ce qui m'intéresse,
47:27 c'est que les agriculteurs comprennent
47:29 que quand on s'occupe de l'aval
47:31 de son exploitation, on
47:33 crée de la valeur. Je voudrais rappeler qu'il y a
47:35 des coopératives agricoles. Avril n'est pas
47:37 un modèle coopératif, mais Avril est un
47:39 modèle qui est capitalistiquement
47:41 détenu par le monde agricole, qui ne verse
47:43 pas de dividendes. Donc le procès en agroindustrie,
47:45 vous voyez ce qu'il y a derrière.
47:47 Il faut juste venir voir ce qu'est le modèle. J'invite tous les
47:49 journalistes que ça intéresse à venir. - Si je voulais bien capturer, je pourrais
47:51 aussi dire "c'est comme si la CGT était dirigée
47:53 par un grand patron".
47:55 - Ça vous explique pourquoi on n'est pas
47:57 la CGT et pourquoi, nous,
47:59 notre objectif, c'est le syndicalisme
48:01 à vocation économique. C'est ce qu'on est depuis
48:03 78 ans. Comment on construit
48:05 de la valeur et des filières ? - Est-ce que des fois,
48:07 ça ne vous met pas en porte-à-faux ?
48:09 En janvier, les représentants de la FNSEA
48:11 avaient approuvé Ecofito.
48:13 Vous avez exigé son abandon
48:15 et finalement son aménagement.
48:17 Sur la hausse de la fiscalité sur le gasoil,
48:19 vous étiez signataire du principe
48:21 et ensuite vous l'avez dénoncé.
48:23 Est-ce que vous avez fait des erreurs ?
48:25 Ou est-ce qu'il y a des moments où vous aviez des intérêts qui étaient finalement
48:27 un peu contradictoires au niveau de votre syndicat ?
48:29 - La FNSEA, elle regroupe
48:31 tout type d'agriculture, tout type de territoire.
48:33 Et donc on a effectivement régulièrement
48:35 des discussions qui ne sont pas faciles. Mais c'est aussi ça
48:37 notre force. C'est que regroupant
48:39 des productions de différents
48:41 territoires, des typologies d'exploitation
48:43 très différentes dans des secteurs qui peuvent à des
48:45 moments être avec des contextes économiques
48:47 très différents, on essaie de faire
48:49 des consensus. Je ne dis pas que c'est facile.
48:51 Je ne dis pas par ailleurs qu'on ne commet pas des erreurs.
48:53 Je dis simplement que c'est ce qui porte l'ambition
48:55 de l'agriculture et que nous on est très clairs
48:57 sur le fait que le goût d'entreprendre
48:59 en agriculture, la construction
49:01 de la valeur, le prix
49:03 et la transmission dans un
49:05 cadre économique est notre coeur de système.
49:07 Et en cela, Avril est très cohérent.
49:09 - Loris Boischaud. - Un mot sur
49:11 l'utilisation de l'eau qui
49:13 inquiète effectivement puisque l'agriculture recourt de plus
49:15 en plus à l'irrigation avec les sécheresses.
49:17 Comment est-ce que vous éviterez ce qu'on appelle
49:19 les conflits d'usage avec les habitants, les
49:21 industries et les centrales nucléaires ?
49:23 Est-ce que vous devrez réduire l'usage de l'eau ?
49:25 - D'abord, l'agriculture
49:27 elle utilise aujourd'hui 30% de moins
49:29 d'eau qu'en 2000. Par ailleurs, vous avez
49:31 raison, elle aura besoin d'eau, elle a
49:33 besoin d'eau, elle aura besoin d'eau.
49:35 Pas seulement l'agriculture d'ailleurs.
49:37 Pour des aspects multi-usages, on pourrait
49:39 parler des centrales nucléaires mais de
49:41 l'eau de tous les jours dont on a besoin, vous et moi,
49:43 pour se nourrir, s'habiller, se laver.
49:45 Et donc, le sujet
49:47 de l'eau, on l'a dit, est central.
49:49 C'est assez simple, il n'y a pas d'agriculture
49:51 sans eau. - C'est quoi ? C'est la guerre de l'eau que vous nous
49:53 annoncez ? - Non, pas du tout. Nous justement,
49:55 pour éviter les tensions sur l'eau,
49:57 on pense qu'il est encore largement
49:59 en agir mais qu'il faut le faire maintenant.
50:01 Parce qu'on observe, dans certaines régions,
50:03 des tensions de plus en plus fortes. Prenons l'exemple
50:05 des Pyrénées-Orientales, qui est le département
50:07 qui subit la plus grande difficulté
50:09 sur le plan climatique depuis maintenant près de
50:11 deux ans. A certains endroits,
50:13 il est tombé en un an un peu
50:15 plus de 100 mm au lieu des 5 à
50:17 600 annuels. Donc la tension est
50:19 très forte. Et ce changement climatique,
50:21 les agriculteurs le voient. D'ailleurs,
50:23 les situations ne sont pas les mêmes, puisque vous voyez que dans le Pas-de-Calais,
50:25 on a eu d'autres sujets. Qu'est-ce qu'on dit, nous,
50:27 à l'FNSR ? On dit qu'on aura
50:29 de plus en plus des problématiques.
50:31 Et ce qu'il faut, c'est maintenant se mettre à l'oeuvre
50:33 pour stocker l'eau. Pour l'agriculture, mais pour d'autres secteurs.
50:35 On ne stocke aujourd'hui, en France, que
50:37 7% de l'eau d'irrigation
50:39 dont on a besoin. On irrige que 7% des terres.
50:41 On est beaucoup moins
50:43 en stockage. On stocke quelques pourcents seulement.
50:45 Et vous voyez que quand il pleut beaucoup,
50:47 ça a du sens de stocker l'eau, parce qu'encore une fois,
50:49 il faudra produire. - Merci beaucoup,
50:51 Arnaud Rousseau, pour ce grand jury.
50:53 Je vous donne également un rendez-vous
50:55 sur RTL. RTL sera en direct
50:57 du Salon de l'Agriculture,
50:59 mardi matin, notamment, mais avec
51:01 toutes les équipes des matinales.
51:03 Et nous recevrons le Premier Ministre, Gabriel Attal,
51:05 pour sa première interview radio,
51:07 depuis qu'il est à Matignon.
51:09 Bon dimanche à tous, à la semaine prochaine.
51:11 [SILENCE]