Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, est l'invité du Grand Jury de 12h à 13h.
Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 02 juin 2024
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00:00 [Générique]
00:10 Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:13 Bonjour à tous et bienvenue dans ce Grand Jury en direct sur RT.
00:17 Allez regarder sur Paris 1ère. Bonjour Eric Dupond-Moretti.
00:21 Bonjour Monsieur Olivier Bost.
00:22 Vous êtes le garde des Sceaux, ministre de la Justice.
00:25 Dans une semaine, à cette même heure, nous voterons aux élections européennes.
00:30 Pourquoi cette campagne est-elle si laborieuse pour le camp présidentiel ?
00:34 Pourquoi vous ne parvenez pas ou vous ne parvenez plus à juguler la poussée du Rassemblement National ?
00:40 Nous évoquerons également dans ce Grand Jury le drame qui a touché directement votre administration,
00:45 la mort de deux agents pénitentiaires dans l'évasion ultra-violente de Mohamed Amra.
00:50 Pourquoi personne n'avait alerté sur la dangerosité de ce trafiquant ?
00:55 Et pourquoi aujourd'hui encore des dealers peuvent-ils continuer leurs affaires depuis leur cellule de prison ?
01:01 Bienvenue dans ce Grand Jury, Eric Dupond-Moretti.
01:04 A mes côtés pour vous interroger ce dimanche, Pauline Buisson de M6 et Loris Boixot du Figaro.
01:11 Dans une semaine, je le disais, à la même heure, les Français, nous tous,
01:14 nous voterons pour les élections européennes. Une question de Pauline Buisson.
01:18 Eric Dupond-Moretti, hier soir, vous étiez au dernier meeting national de Renaissance pour soutenir Valérie Ayé.
01:24 Réveillons-nous, a lancé Gabriel Attal, le Premier ministre. Est-ce qu'il faut en déduire que votre camp s'était endormi ?
01:30 Non, pas du tout. Pas du tout. Mais je pense que les efforts ne sont jamais terminés.
01:38 Quand je vois, Madame, le nombre de Français qui sont indécis au moment où je vous parle,
01:43 et qui disent d'ailleurs qu'ils feront leur choix à quelques minutes de leur entrée dans les mairies,
01:50 je me dis qu'il faut que l'on rappelle un certain nombre de choses.
01:55 Notre premier allié, c'est notre bilan. Et je suis tout à fait disposé à développer cela auprès de vous.
02:05 Et puis il y a une énergie autour de nous. Et puis il y a en face ceux qui ne veulent pas d'Europe.
02:13 Qui l'ont dit, qui l'ont écrit, qui ne s'en souviennent plus aujourd'hui. Mais nous reviendrons aussi sur l'ensemble de ces éléments.
02:20 Malgré tout, il y a un électeur sur deux d'Emmanuel Macron en 2017 et en 2022 qui ne s'apprête pas à voter pour Valérie Ayé.
02:28 Comment vous l'expliquez ?
02:30 Oui, Madame, je suis en train de vous dire que l'élection n'est pas faite. Nous débattrons de cela peut-être sur les plateaux dimanche soir, dimanche prochain.
02:37 Pour le moment, il est trop tôt. Vous voyez, M. Bardella, par exemple...
02:41 Non, mais sans se projeter sur l'après... Il ne s'agit pas de se projeter sur l'après.
02:45 La question aujourd'hui, c'est effectivement pourquoi les électeurs d'Emmanuel Macron ne se mobilisent pas ?
02:50 Non, mais moi, il n'y a que l'après qui m'intéresse. Il y a le résultat des élections.
02:53 Le reste, pour moi, vous voyez, les sondages, c'est bilveuser qu'à l'ambre d'aine.
02:57 D'ailleurs, je note qu'un certain nombre de sondages par le passé se sont déjà trompés, et ce, à de multiples reprises.
03:04 Donc, il y a ceux qui pensent que l'élection est acquise, qui envisagent déjà...
03:09 Là, vous disiez Jordan Bardella ?
03:11 Une démission du président de la République, le gouvernement qui doit partir, la dissolution de l'Assemblée nationale,
03:17 alors que, entre parenthèses, c'est un scrutin européen, et que rien de tout cela n'est prévu dans notre Constitution,
03:24 qu'il serait bien avisé de lire, je ne dis même pas de relire, et puis, il y a ceux qui se battent.
03:31 Moi, aujourd'hui, j'ai à mes côtés Rachel Flor-Pardot, avocate totalement investie dans la défense des femmes.
03:40 J'ai à mes côtés, c'est un plaisir et un honneur, Grégory Allion, qui est pompier,
03:47 et qui sait, par exemple, ce que l'Europe, en matière de sécurité civile, apporte à nos différents pays.
03:54 Ce qu'il faut valoriser, c'est notre bilan. Est-ce que vous souhaitez, un instant, que l'on s'y arrête,
04:00 plutôt que de me faire partir dans des conjectures sondagières qui, à mes yeux, au fond, présentent peu d'intérêt ?
04:07 Mais c'est vous qui évoquiez l'après, et vous disiez, on peut parler aussi de l'après.
04:11 Vous pensez qu'il n'y aura pas de conséquences politiques sur le score de dimanche prochain ?
04:15 – Enfin, pardonnez-moi, mais M. Bardella, qui d'ores et déjà est Premier ministre, n'est-ce pas ?
04:22 Qui rédige une autobiographie à l'âge de 28 ans.
04:25 Moi, si on m'avait demandé un tel exercice, pardon de vous dire que c'eût été quelques pages blanches,
04:30 pour ne pas dire la majorité du livre.
04:32 Pardon, la Constitution ne prévoit pas que le Président de la République prenne la poudre des scampettes,
04:38 que le Premier ministre démissionne, que le gouvernement soit évidemment démissionnaire,
04:42 que l'Assemblée nationale soit dissoute.
04:46 Non, pas du tout. On va regarder les choses.
04:48 – Donc, il n'y aura pas de conséquences ?
04:49 – Non, mais moi, je ne fais pas de...
04:52 J'essaie d'être un pragmatique de bon sens, d'avoir les pieds sur terre.
04:57 Je dis que cette campagne n'est pas finie.
04:59 Je dis qu'il y a beaucoup de choses à rappeler.
05:02 Je dis qu'il faut démasquer nos adversaires,
05:05 qui se sont cachés et qui avancent masqués dans cette campagne.
05:10 Et si vous me le permettez, cette émission sera pour moi l'occasion de faire,
05:15 parce que je ne souhaite pas un format réseau-sociaux, vous l'imaginez bien,
05:18 il faut dans cette époque sans nuance que l'on puisse développer un certain nombre de choses.
05:22 – Pourquoi vous dites que le Rassemblement national avance masqué ?
05:24 Qu'est-ce qu'ils ne disent pas ?
05:26 – Bah, écoutez, Mme Le Pen, par exemple, avait écrit en décembre, dans le programme présidentiel,
05:32 qu'il fallait une union avec la Russie sur le plan militaire.
05:38 Et puis voyez-vous, la Russie attaque l'Ukraine, dans les conditions que nous savons.
05:42 Et là on retire ces bulletins qui avaient été imprimés,
05:45 et on n'est plus tout à fait sur la même ligne.
05:47 Et pour cause, eh bien, la PAC…
05:50 – Ça c'est des changements de programme, ce n'est pas masqué.
05:52 – Ah bah là c'est un peu masqué si vous voulez,
05:56 parce qu'on avançait masqué pour dire un certain nombre de choses,
05:59 et puis on a été obligé de se déjuger.
06:03 La PAC, on vote les règles, mais pas les milliards qui profitent à nos agriculteurs.
06:10 Sur le domaine national, comme sur le domaine international d'ailleurs,
06:15 on est à contre-emploi en permanence.
06:18 Pardon, est-ce que je dois rappeler ici que, monsieur,
06:22 il y a six résolutions qui sont prises par le Parlement,
06:25 pour aider M. Navalny qui crève en prison.
06:28 Je ne dis pas qu'il meurt en prison.
06:31 Le RN ne veut pas voter cela.
06:34 – Faire ainsi du Rassemblement national votre adversaire numéro un,
06:36 est-ce que c'est vraiment la meilleure stratégie ?
06:38 – Vous voulez me laisser terminer sur ces questions, monsieur Navalny ?
06:40 – Vous le terminez et après vous pourrez répondre sur ce qu'il y a
06:42 – Et après je répondrai évidemment naturellement à votre question.
06:44 – sur ce qu'il y a de ce Rassemblement national érigé comme adversaire numéro un.
06:46 – Et puis M. Bardella s'en explique en disant,
06:48 mais ce n'est pas au Parlement qu'on fait de la diplomatie.
06:50 Sauf qu'ils ont voté, il a voté des résolutions pour Cuba.
06:53 Bien, contre Cuba. Parfait.
06:56 Quand Navalny meurt, dans les conditions que nous savons,
06:59 le monde entier est ému et lui aussi il verse sa larme dans un tweet.
07:06 Et moi je dis, mais monsieur, vous êtes capable de tout.
07:10 Rien ne vous rebute l'indécence et votre pain quotidien.
07:14 Voilà un exemple, j'en ai beaucoup d'autres à vous fournir.
07:17 On parlera, je l'espère, des vaccins,
07:19 on parlera de la protection de notre économie,
07:21 et nous reverrons tout cela dans le détail.
07:23 Nous verrons d'ailleurs, parce qu'ils ont gagné les dernières européennes,
07:26 ce qu'ils ont fait. Si ceux qui nous écoutent,
07:29 auditeurs, téléspectateurs, sont capables de me dire
07:32 une mesure proposée par le Front National au Parlement européen,
07:38 voilà.
07:43 Éric Dupond-Moriti, vous faites du RN votre adversaire numéro un.
07:45 Est-ce que c'est la meilleure stratégie ?
07:47 Est-ce que ça ne risque pas de mettre en valeur ainsi cet adversaire ?
07:51 Écoutez, monsieur, j'entends ce que vous me dites.
07:55 Donc il faut faire semblant de ne rien voir.
07:58 Je dis que le RN avance masqué, c'est une espèce de...
08:01 Chez les islamistes radicaux, on appelle ça la taqiyya.
08:04 C'est-à-dire que l'on ne dit pas.
08:06 D'abord, il y a l'histoire de ce parti.
08:08 Vous avez une comparaison qui mérite d'être développée.
08:11 Non, c'est le fait d'avancer masqué. C'est comme ça que ça s'appelle.
08:14 D'abord, on est tous le fruit de son histoire.
08:16 Excusez-moi, mais quand vous dites avancer masqué,
08:18 juste pour développer sur ce sujet-là,
08:20 qu'est-ce qui est masqué aujourd'hui dans ce que le Rassemblement national
08:24 avance ou n'avance pas sur le plan européen ?
08:27 Il déteste l'Europe. Il se garde bien de le dire.
08:30 Pardonnez-moi, c'est une réalité.
08:32 Vous dites qu'aujourd'hui, ce sont encore des frexiters qui veulent sortir de l'Europe.
08:34 Ce n'est pas tout à fait leur discours aujourd'hui.
08:36 Écoutez, là-dessus, c'est les changements de pied.
08:38 C'est un autre sujet parce qu'il y a le fait d'avancer masqué
08:40 et puis il y a le fait de mentir en permanence.
08:42 Ils veulent sortir de l'Europe.
08:44 Ils admirent nos amis britanniques
08:48 qui pleurent aujourd'hui d'être sortis de l'Europe.
08:51 Sur tous les sujets, d'ailleurs.
08:52 En ce compris les sujets de justice.
08:54 Mais aujourd'hui, il n'y a plus de...
08:55 Mais monsieur, si vous m'interrompez en permanence...
08:57 Aujourd'hui, il n'y a plus de sortie de l'Europe dans le programme du Rassemblement national.
09:01 La question, c'est une question de compétence.
09:04 Une question de crédibilité.
09:06 Une question de travail, monsieur.
09:08 Il y a quelques mois de cela,
09:11 il fallait sortir de l'Europe.
09:13 On sortait de l'euro.
09:14 Et même mieux que ça, on avait inventé l'écu.
09:17 Vous voyez, vous allez payer votre baguette avec un écu.
09:20 La petite bourse de cuir attachée à la ceinture.
09:23 C'était lunaire.
09:24 Alors aujourd'hui, on ne sort plus de l'Europe.
09:26 C'est un changement de programme qui date de 2018-2019.
09:29 Mais ça vous paraît long, ça ?
09:30 Ça ne change rien pour vous ?
09:31 Mais ça vous paraît long ?
09:32 Vous pensez que le programme économique du RN a été travaillé ?
09:37 Ce que vous dites, c'est toujours dans le programme, mais caché.
09:42 C'est-à-dire que l'objectif du Rassemblement national
09:45 est de sortir de l'Europe, de sortir de l'euro, etc.
09:47 C'est ce que vous dites aujourd'hui.
09:48 Est-ce que vous voulez un instant faire de la prospective ?
09:51 Tout à l'heure, vous en avez fait, mais s'ils remportaient des sièges à Strasbourg,
09:59 avec qui siègent-ils ?
10:01 C'est une question qui reste en suspens aujourd'hui.
10:03 Oui.
10:04 Et que votent ces gens ?
10:07 Et comment s'expriment-ils ?
10:09 D'ailleurs, je le dis, c'est la fachosphère.
10:12 Ils ont rompu avec l'AFD, les néo-nazis, les alliés avec les néo-nazis en Afrique.
10:18 C'est gentil. On est amis depuis 30 ans, vous rompez avec moi.
10:21 Et vous avez pendant 30 ans porté les mêmes choses.
10:24 Mais pour quelle raison avons-nous été amis ? Pardon de vous le dire.
10:26 L'AFD, c'est quand même l'extrême droite très dure.
10:29 Et quand M. Bardella, je me permets de vous emmener un instant à Florence,
10:34 c'est le printemps, ils font une réunion, c'est la fachosphère européenne.
10:39 Qu'est-ce qu'ils se racontent ?
10:40 Il y en a un qui dit qu'une catégorie ethnique, c'est de la vermine.
10:47 Entendez bien ces mots.
10:49 Il y en a un autre qui dit que les homosexuels sont des baiseurs d'enfants.
10:54 Il y en a un qui fait le salut nazi.
10:56 Etc. Etc.
10:58 Et M. Nardella, avec un N, qui est un grand démocrate italien,
11:03 maire de Florence, dit qu'il a honte.
11:05 Et quand M. Bardella est interrogé sur ses propos,
11:08 qu'on n'a pas entendu en Europe depuis 80 ans,
11:12 il dit "je ne comprends pas bien la langue".
11:14 Voilà ce que c'est, monsieur, que d'avancer masqué.
11:16 Que de ne pas dire les choses.
11:18 Vous mettez en cause les alliés du RN au niveau européen.
11:21 Comment vous expliquez dans ces conditions le succès dans les sondages
11:24 de Jordan Bardella qui est crédité de plus de 30% d'attention de vote ?
11:27 Comment vous expliquez cette popularité ?
11:29 Il y a plusieurs choses, monsieur.
11:31 Comment j'explique l'engouement des américains pour Trump,
11:35 qui est un ami de Mme Le Pen ?
11:37 Comment j'explique l'engouement des européens et des hongrois
11:42 pour M. Orban ?
11:44 Pour M. Bolsonaro au Brésil ?
11:48 Pour l'actuel président argentin, tout sami, très très proche de Mme Le Pen ?
11:53 De Mme Mélanie également ?
11:55 Comment j'explique ça ?
11:56 Je pense qu'il y a plusieurs choses.
11:58 Au fond, d'abord, c'est l'idée qu'il faut essayer parce qu'on n'a jamais essayé.
12:03 Et moi, je n'ai pas envie de monter dans une voiture sans frein.
12:06 Même si je n'ai jamais essayé, voyez-vous ?
12:10 Bon. Ensuite, il y a les réseaux sociaux.
12:12 Jordan Bardella, c'est M. TikTok.
12:14 Ils ont phagocyté les réseaux sociaux.
12:16 C'est l'endroit, par définition, où on s'interdit de réfléchir.
12:20 Où on s'interdit de poser les choses.
12:23 Je vais vous dire, sans vous flagorner,
12:25 mais moi, j'aime le temps que vous allez me réserver pour expliquer les choses.
12:30 La nuance n'est plus de ce monde.
12:32 Aujourd'hui, on est dans la radicalité totale.
12:35 Sur tous les sujets, qu'il s'agisse de l'immigration,
12:38 de la question de l'immigration et de la délinquance dans notre pays.
12:43 Tout ça, c'est des raccourcis qui nous sont présentés
12:47 et qui paraissent séduisants à un certain nombre de nos compatriotes.
12:50 Mais quand on s'arrête, qu'on réfléchit et qu'on regarde,
12:53 pardon, mais un morceau avalé ne peut pas ne pas avoir de saveur.
12:58 Nous sommes en pleine période Covid.
13:01 Qui nous sauve ?
13:03 Des types comme moi, j'ai 63 ans.
13:06 Qui me sauve, si ce n'est le vaccin ?
13:08 Mais lequel de vaccin, Madame, Monsieur ?
13:11 Le Spoutnik, que préconise Madame Le Pen ?
13:15 L'Ivermectin, que préconise Madame Le Pen ?
13:18 Ou le vaccin qui nous est offert parce que le président de la République,
13:22 Emmanuel Macron, a fait ce qu'il fallait avec l'Europe ?
13:25 Sur le terrain économique, moi j'ai mené plusieurs campagnes,
13:28 dont une campagne législative.
13:30 J'ai rencontré des tas de commerçants.
13:32 Ils disaient merci pour ce que vous avez fait.
13:34 Eh bien tout ça, pardonnez-moi,
13:36 je veux vous rappeler que Madame Le Pen était totalement contre tout cela.
13:39 Totalement contre.
13:41 D'ailleurs, je vous donnerai d'autres exemples,
13:44 même en matière de justice.
13:46 Il y a des textes qu'elle critique aujourd'hui et qu'elle a votés.
13:50 Vous dites le Rassemblement National, donc il raconte à peu près n'importe quoi.
13:54 Le Rassemblement National est resté ce qu'il était,
13:57 il n'a pas changé.
13:59 Les arguments, vous pourriez dire des arguments de bon sens,
14:02 on le voit, ne portent plus aujourd'hui.
14:04 Vous êtes resté sur un modèle de diabolisation du Rassemblement National.
14:08 Est-ce que là-dessus vous vous interrogez ou pas ?
14:10 Je ne m'interroge pas là-dessus, je vais vous dire pourquoi.
14:13 D'abord, je n'ai jamais cru à la dédiabolisation.
14:16 Donc, pardonnez-moi, j'essaie d'être cohérent.
14:18 Y croire ou pas y croire, le regard des Français aujourd'hui
14:21 sur le Rassemblement National a changé.
14:23 J'entends bien, mais on leur a caché un certain nombre de choses.
14:25 On connaît davantage la race des chats de Mme Le Pen que ses amis.
14:28 Parce que je dois rappeler par exemple, monsieur, que monsieur Chatillon,
14:31 vous savez qui c'est, il se revendique comme un néo-nazi.
14:35 Il est au Parlement européen, à côté de Jordan Bardella,
14:39 dans une boîte qui s'appelle Unanime,
14:42 et qui est gérée par une boîte italienne,
14:44 parce qu'il est allé se planquer à Rome.
14:46 Monsieur Chatillon n'est pas député européen.
14:48 Attendez, monsieur, mais il est néo-nazi revendiqué.
14:50 Il est très proche de monsieur Bardella, très très proche,
14:53 pour des raisons personnelles sur lesquelles je n'ai rien à dire,
14:56 mais également, ils ont une affinité qui est financière.
15:01 Ce monsieur, il dirige Unanime,
15:04 au travers d'une boîte en Italie, parce qu'il est planqué à Rome,
15:07 quand je vous dis "avancer masqué, se cacher",
15:10 qui s'appelle EDA.
15:12 EDA, c'est le prénom de la fille de Benito Mussolini.
15:16 Bon, pardon, ça pose question, ça pose problème.
15:20 Voilà un exemple, mais j'en ai d'autres à vous citer.
15:22 Je pense que ce parti n'est pas dédiabolisé,
15:26 contrairement à ce qu'il dit.
15:28 Ils ont fait le ménage, et quand je dis à madame Le Pen,
15:31 à l'Assemblée Nationale, vous l'avez suivi, ça.
15:33 Mais madame, avant de nous donner des leçons,
15:36 faites le ménage chez vous.
15:38 Virez les Gudards, les néo-nazis, les ultra-violents, l'ultra-droite.
15:42 Là, elle est ructe, elle pousse des cris d'orfraie,
15:45 mais comment, c'est scandaleux.
15:47 Je vais déposer plainte.
15:48 Elle n'a toujours pas déposé sa plainte.
15:49 Vous savez pourquoi ?
15:50 Parce qu'elle a peur que je lui fournisse la liste.
15:53 Non, elle la connaît, la liste.
15:55 Elle a peur que publiquement, je donne le nom de ceux
15:59 qui me permettent de vous dire avec insistance
16:04 que le Rassemblement National n'a pas changé.
16:06 S'agissant de l'après 9 juin,
16:08 il faudra que l'on s'interroge collectivement,
16:10 on ne pourra pas faire comme si de rien n'était.
16:12 Voilà ce qu'a déclaré la présidente de l'Assemblée Nationale,
16:15 Yael Brontvillier, sur RTL.
16:17 Qu'est-ce que cela veut dire s'interroger collectivement
16:20 sur l'après 9 juin ?
16:21 Demandez à la présidente de l'Assemblée Nationale.
16:23 Est-ce qu'il faut repenser le dispositif politique ?
16:26 Non, mais monsieur, je vous ai répondu là-dessus.
16:30 Ça, ce sont les fantasmes de monsieur Bardella.
16:34 Moi, ce que je veux vous dire, c'est que naturellement,
16:38 quand on est un démocrate,
16:40 on regarde bien sûr le résultat des élections.
16:42 Et on les commente.
16:44 Donc j'aurai à les commenter, mais comme d'autres, bien sûr.
16:47 Et puis à dire un certain nombre de choses.
16:49 On constatera la poussée de telle partie,
16:52 ou la poussée de tel autre,
16:54 et puis on en tirera un certain nombre de conséquences.
16:56 Ce n'est pas anormal.
16:58 Pour le reste, demandez à madame Brontvillier
17:01 qu'elle développe ses propos.
17:03 Donc, ce que vous êtes en train de dire,
17:05 c'est qu'il y aura des conséquences politiques.
17:07 Je vous repose la question que je vous ai posée il y a quelques minutes.
17:09 Mais monsieur, ne me posez pas la question,
17:11 si j'ose dire, par prétérition,
17:14 en me la posant sans me la poser tout en me la posant.
17:16 Je viens de vous répondre.
17:18 Si je vous dis, on se fout complètement
17:21 du résultat des élections le 9 juin,
17:23 vous allez me dire que je mens.
17:25 Et vous aurez raison.
17:27 Donc on va regarder, et pour le reste...
17:29 Est-ce que la lecture qui pourra être faite,
17:31 et c'est quand même votre souci principal,
17:33 c'est celle d'un bloc central, finalement,
17:35 balayé par le Rassemblement National,
17:37 c'est-à-dire un changement politique profond ?
17:40 Monsieur, il ne vous échappe pas que je suis garde des Sceaux.
17:45 J'ai envie de vous dire, avec humilité,
17:47 que je ne suis que garde des Sceaux.
17:49 Si des changements doivent intervenir,
17:51 le Président de la République,
17:53 vous connaissez la Constitution,
17:55 vous savez quel est le rôle institutionnel qui est le sien,
17:58 voilà tout ce que je peux vous dire.
18:00 Mais l'ampleur de...
18:01 Il n'y a même pas de remaniement.
18:03 Madame, moi, je ne fonce pas dans des conjectures,
18:06 je n'ai pas, et je le regrette d'ailleurs,
18:09 le don de médiumité.
18:11 Ce que je dis, c'est que naturellement,
18:13 on réfléchira sur les résultats de ces élections,
18:15 et c'est tout ce que je peux vous dire.
18:17 Mais vous reconnaissez que l'ampleur du changement
18:19 dépendra de l'écart entre la liste de Valéry Ayé
18:22 et celle de Jordan Merdela ?
18:23 Je ne reconnais rien du tout.
18:25 On en parlait, et vous parliez tout à l'heure,
18:27 des alliés du Rassemblement National au niveau européen.
18:30 Actuellement, votre famille politique
18:32 travaille avec Ursula von der Leyen,
18:34 la présidente de la Commission européenne.
18:36 Celle-ci n'exclut pas demain de travailler avec Georgia Meloni.
18:40 Est-ce que, dans ces cas-là, vous aussi,
18:42 vous pourriez travailler avec Georgia Meloni ?
18:44 Georgia Meloni, je vais vous dire,
18:46 elle allait tout régler toute seule.
18:48 Et toute l'extrême droite l'a regardée
18:50 en disant "vous allez voir ce que vous allez voir".
18:52 Résultat, elle se tourne vers l'Europe,
18:54 et résultat, elle va faire venir sur le territoire italien
18:57 452 000 étrangers
19:00 pour relancer les secteurs d'activité
19:05 qui, aujourd'hui, sont sous tension.
19:08 Donc, à la faveur de ce changement,
19:10 vous pourriez travailler avec Georgia Meloni ?
19:12 Je n'en suis pas là.
19:14 Je vous dis que Georgia Meloni,
19:16 qui n'est pas, a priori, notre allié,
19:19 avait promis "mons et merveilles",
19:21 "on allait voir ce qu'on allait voir".
19:23 L'extrême droite en faisait, si j'ose dire,
19:25 sa tête d'affiche.
19:26 Aujourd'hui, Mme Le Pen est plus proche
19:28 de Salvini que de Mme Meloni.
19:30 Et Mme Meloni, elle a compris quoi ?
19:32 Elle a compris que nous avons, Madame,
19:34 besoin d'Europe.
19:35 C'est notre slogan de combat.
19:37 Vous la dédiabolisez, en quelque sorte.
19:39 Mais, Monsieur,
19:41 je ne dédiabolise rien,
19:44 et je ne diabolise rien.
19:46 Moi, je n'ai pas ce pouvoir.
19:48 Je dis seulement, Monsieur, que
19:50 Mme Meloni, je vais le répéter pour la troisième fois,
19:52 qui devait se débrouiller toute seule
19:54 et montrer comment l'extrême droite italienne
19:57 allait régler la question de l'immigration,
19:59 n'y parvient pas sans l'Europe.
20:01 Nous avons besoin d'Europe.
20:03 Elle a besoin d'Europe.
20:05 Donc, pour être très clair, elle pourrait être l'une de vos alliées potentielles.
20:07 Pardon ?
20:08 Pour être très clair, elle pourrait, du fait de ces changements,
20:10 devenir l'une de vos alliées potentielles.
20:11 Je vous ai répondu, je crois,
20:13 semble-t-il, assez clairement.
20:15 Dans l'actualité de cette semaine,
20:17 un député, Elefi Abrandi, a un drapeau palestinien
20:19 dans l'hémicycle.
20:20 Ça a fait un scandale à l'Assemblée,
20:22 interruption de séance, altercation
20:24 notamment violente dans les couloirs.
20:27 Vous étiez dans l'hémicycle.
20:29 Comment vous avez réagi quand vous avez vu ça ?
20:31 Elefi essaie d'importer depuis déjà plusieurs semaines,
20:39 depuis le début de la campagne européenne d'ailleurs,
20:41 le conflit israélo-palestinien.
20:43 Ça n'a échappé à personne.
20:45 Dans les écoles, dans la rue,
20:47 dans les lycées, partout.
20:49 Partout.
20:50 Tout ça,
20:52 ça n'est pas gratuit.
20:54 C'est pour obtenir
20:56 le vote
20:58 des musulmans.
21:00 Je dis d'ailleurs que
21:02 c'est injurieux à l'égard des musulmans
21:04 qui ne sont pas forcément sur cette ligne.
21:08 Et c'est les insultés que de dire ça.
21:10 Et puis ils veulent aussi le vote
21:12 des islamistes.
21:14 Radicalisés.
21:16 Voilà le but. C'est la raison pour laquelle...
21:18 Jean-Luc Mélenchon démente toute opération en ce sens.
21:20 Oui, mais M. Mélenchon, il dément ce qu'il veut.
21:22 M. Mélenchon, il a eu des propos à l'égard de Yael Bompivé,
21:24 en particulier, que nous évoquions il y a un instant,
21:26 qui sont monstrueux.
21:28 Quand elle s'est rendue en Israël,
21:30 il a parlé de campement.
21:32 Il a dit qu'elle était allée camper, ça n'est pas rien.
21:34 Et les juifs, Yael, c'est monstreux de s'exprimer comme ça.
21:36 Et puis il y a eu Corbyn,
21:38 et puis il y a tout le reste, voyez-vous.
21:40 Ces gens-là veulent
21:42 saccager la République.
21:44 Tous les moyens sont bons.
21:46 Et quand on interdit à une gamine
21:48 qui étudie à Sciences Po,
21:50 de rentrer, qu'elle est tuée,
21:52 parce qu'elle est juive,
21:54 c'est absolument insupportable dans notre République.
21:56 Voilà. Ils vont au bout
21:58 de leur démarche, qui est une démarche
22:00 de démolition,
22:02 qui est absolument scandaleuse,
22:04 quand on voit comment ils s'expriment
22:06 à l'Assemblée Nationale, ces hurlements
22:08 invectifs, injures.
22:10 - Mais vous... - Eh, pardon,
22:12 pardon, monsieur, pardon.
22:14 Mélenchon est aujourd'hui
22:16 le plus grand agent
22:18 électoral
22:20 de Marine Le Pen.
22:22 Il est tellement excessif.
22:24 Il montre tellement
22:26 son antisémitisme
22:28 qu'à côté de lui,
22:30 elle passe pour quelqu'un, finalement,
22:32 d'apaisé. Et je vais vous dire quelque chose.
22:34 Et rappelez à ceux qui nous écoutent
22:36 quelque chose. En 2017,
22:38 Mme Le Pen,
22:40 antisémite,
22:42 qu'elle ne revendique pas,
22:46 elle ne revendique pas cet antisémitisme,
22:48 dit "Mais les franco-israéliens,
22:50 - Jean-Luc Mélenchon non plus ne le revendique pas.
22:52 - Oui, c'est pas pour ça qu'il ne l'est pas.
22:54 Marine Le Pen dit "Mais,
22:56 il faudrait que les franco-israéliens choisissent
22:58 leur nationalité."
23:00 - Vous dites que Marine Le Pen... - Pardon, pardon.
23:02 Et elle ajoute "S'ils choisissent
23:04 la nationalité israélienne, alors,
23:06 alors, nous les conserverons sur notre sol."
23:08 Bon, il y a quand même quelques signes.
23:10 - Mais vous dites que Marine Le Pen est antisémite ?
23:12 - Ben, je...
23:14 dis, monsieur, qu'ils ont quand même
23:16 quelques difficultés avec ça. Vous avez vu
23:18 qu'il a fallu que Valérie Hayé
23:20 arrache, arrache
23:22 l'aveu à monsieur Bardella
23:24 que Jean-Marie Le Pen père
23:26 était antisémite. Il y avait une vingtaine
23:28 de condamnations pénales.
23:30 Ça commençait à faire beaucoup.
23:32 Il a fallu, alors il l'a dit à
23:34 demi-mot, c'était une souffrance
23:36 pour lui de reconnaître,
23:38 de reconnaître cela. Et j'ajoute
23:40 que quand il a quitté le parti,
23:42 le Front National, qu'il avait fondé
23:44 avec Vafen et Cess,
23:46 eh bien, il a été nommé
23:48 président d'honneur.
23:50 Ben moi, je dois vous dire,
23:52 monsieur Bost, que j'ai un sens
23:54 de l'honneur qui n'est pas celui-là.
23:56 - Donc vous considérez que Marine Le Pen n'a pas
23:58 réglé cette question ?
24:00 - Ben, je pense que...
24:02 - Qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui dans ses propos ?
24:04 Là, je pense vraiment à Marine Le Pen.
24:06 - Ben, je vous parle de 2017, par exemple, les propos qu'elle a tenus
24:08 sur les franco-israéliens.
24:10 C'est quand même quelque chose
24:12 qui est inquiétant.
24:14 - Pour vous ? - Extrêmement inquiétant.
24:16 Il y a dans son groupe, je l'ai dit,
24:18 je le redis,
24:20 un certain nombre de gens qui ont une expression
24:22 antisémite
24:24 claire, qui l'ont côtoyée,
24:26 qui sont aujourd'hui un peu cachés.
24:28 Pourquoi elle n'a pas fait le procès ?
24:30 Moi, je vous aurais donné les noms.
24:32 Je peux vous les donner, d'ailleurs.
24:34 Il y en a une liste longue, longue,
24:36 longue et longue. - D'accord.
24:38 - Et il y a encore, aujourd'hui, au sein
24:40 de l'Assemblée Nationale,
24:42 un certain nombre de députés
24:44 frontistes qui sont
24:46 antisémites. La première prise
24:48 de parole, quand même,
24:50 c'est le doyen de l'Assemblée Nationale
24:52 qui, en premier, prend la parole, lors d'une nouvelle
24:54 législature.
24:56 Il dit, c'est un sujet un peu différent,
24:58 mais c'est pour vous dire à quel point on est toujours en train d'osciller
25:00 d'un endroit vers l'autre. Il dit
25:04 "L'OAS n'est pas une organisation terroriste."
25:06 Et ensuite, on va déposer
25:08 des gerbes à Colombay, les deux églises.
25:10 Tout en ayant déposé pendant des années
25:12 des gerbes sur la tombe du
25:14 maréchal Pétain. Voilà, c'est parti.
25:16 Voilà, c'est parti. Et ces
25:18 contradictions, il y en a encore beaucoup d'autres.
25:20 - Pour en revenir à la France insoumise,
25:22 vous dites donc qu'ils
25:24 instrumentalisent la situation à
25:26 Gaza. La gauche, quand même, sur le fond
25:28 du dossier, accuse le gouvernement de
25:30 rester aveugle face à la catastrophe
25:32 humanitaire en cours, plus encore
25:34 d'ailleurs depuis l'offensive israélienne sur Rafa.
25:36 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
25:38 - Ecoutez, monsieur, moi, je vais vous dire.
25:40 Je trouve que
25:42 le président de la République,
25:44 Emmanuel Macron, a tout dit.
25:46 Dès les premières heures de l'attaque
25:50 terroriste,
25:52 on va utiliser les mots justes,
25:54 le président est intervenu
25:56 pour dénoncer ces attaques.
25:58 Il a rappelé la position
26:00 constante de la France,
26:02 deux États.
26:04 La sécurité d'Israël devant être
26:06 assurée. Le droit
26:08 d'Israël de répondre. Nous avons
26:10 fait ce qu'il fallait en matière de couloir
26:12 humanitaire. Nous sommes
26:14 pour le cesser le feu.
26:16 Nous n'avons eu de cesse... - Aujourd'hui, l'humanitaire a
26:18 du mal à être acheminé jusqu'à... - Oui, mais c'est la
26:20 France qui est précurseur, accordez-le-moi.
26:22 Et la France
26:24 n'a eu de cesse
26:26 que de réclamer les otages
26:28 et en particulier, nos otages.
26:30 La position du président
26:32 de la République, elle est
26:34 d'une très grande clarté.
26:36 - Il faut reconnaître l'État palestinien comme
26:38 l'ont fait un certain nombre de pays voisins
26:40 de la France ? - Alors, qu'est-ce que ça a
26:42 changé ? Depuis notamment que
26:44 l'Espagne et d'autres pays
26:46 ont dit ce qu'ils ont dit. Rien.
26:48 Il faut laisser le temps au temps.
26:50 Si vous pensez qu'il est
26:52 sain de reconnaître tout de suite
26:54 l'État palestinien,
26:56 c'est-à-dire de donner au fond une victoire
26:58 au Hamas,
27:00 moi je ne suis pas de cet avis. Je pense que les choses
27:02 doivent se mettre en place.
27:04 Bien sûr que ça prend du temps
27:06 mais c'est l'objectif de la France
27:08 et c'est la politique étrangère de la France.
27:10 - Éric Dupond-Moretti, dans
27:12 quelques instants, après la pause,
27:14 on évoquera le drame qui a touché
27:16 directement votre administration, la mort
27:18 de deux agents pénitentiaires
27:20 et une question, y a-t-il eu des fautes
27:22 qui ont permis à Mohamed Amara
27:24 de s'évader ? A tout de suite.
27:26 [Musique]
27:35 - Suite du Grand Jury,
27:37 présenté par Olivier Bost.
27:39 - Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux et ministre de la Justice
27:41 est notre invité dans ce Grand Jury.
27:43 Alors avant de parler du drame
27:45 qui a touché l'administration pénitentiaire,
27:47 Éric Dupond-Moretti, un tout dernier mot
27:49 sur la campagne
27:51 des élections européennes, parce qu'on n'a pas parlé
27:53 de votre principal challenger,
27:55 à savoir Raphaël Glucksmann,
27:57 qui est candidat pour le Parti
27:59 Socialiste, est-ce que, comme d'autres,
28:01 ou comme par exemple Bernard Guetta,
28:03 qui est sur la liste des européennes,
28:05 vous dites "on aurait pu travailler avec lui" ?
28:07 - Moi ce que je dis,
28:09 c'est qu'on ne peut pas être à Strasbourg
28:11 avec Mélenchon,
28:13 ou contre Mélenchon, plutôt,
28:15 et être à Paris avec lui.
28:17 Je vais vous dire
28:19 quelque chose, je vais vous faire une confidence,
28:21 il y a quelque chose qui choque
28:23 l'ancien homme de gauche,
28:25 l'ancien avocat et l'actuel ministre que je suis.
28:27 Monsieur Glucksmann,
28:29 de plus en plus régulièrement, on appelle
28:31 à la mémoire de Robert Badinter.
28:33 Et je veux vous rappeler que
28:35 la famille de Robert Badinter, lorsqu'on lui a
28:37 rendu hommage à la chancellerie,
28:39 hommage mérité, c'était un très grand homme,
28:41 n'a pas souhaité que
28:43 elle et fils se rendent à cet hommage.
28:45 Ce que d'ailleurs ils n'ont pas respecté, car ils ne
28:47 respectent décidément rien.
28:49 Donc on ne peut pas dire "Badinter" le matin,
28:51 voyez-vous,
28:53 et être à Paris avec
28:55 elle et fils l'après-midi.
28:57 Il faut choisir.
28:59 Vous faites comme si la nupesse n'était pas morte.
29:01 Visiblement, la nupesse n'existe plus.
29:03 Vous voyez, vous évoquiez monsieur,
29:05 ce député qui a cru devoir
29:07 exhiber le drapeau palestinien,
29:09 toute la nupesse s'est levée.
29:11 Socialistes compris. Ils ont d'ailleurs
29:13 vendu le parti socialiste,
29:15 qui était un parti de gouvernement, pour un plat de lentilles
29:17 et pour quelques places.
29:19 Et moi, j'ai du ressentiment
29:21 à raison de cela.
29:23 Voilà. Monsieur Glucksmann,
29:25 c'est un caméléon.
29:27 Je dis les choses comme je les pense.
29:29 Et il serait peut-être
29:31 bien avisé de ne plus utiliser
29:33 le nom
29:35 de Robert Badinter,
29:37 s'il veut le respecter.
29:39 On va passer maintenant à ce qui s'est passé
29:41 il y a presque trois semaines. Deux agents
29:43 de la pénitentiaire étaient froidement abattus
29:45 dans l'évasion de Mohamed Amra, qui est
29:47 toujours recherché. À cette heure-ci,
29:49 une question de Loris Boischaud.
29:51 Éric Dupond-Moretti, vous avez confié cette semaine une enquête
29:53 à l'Inspection Générale de la Justice, au sujet de cette affaire.
29:55 Est-ce que les autorités n'ont pas
29:57 convenablement évalué la dangerosité
29:59 de ce détenu ?
30:01 C'est toute la question qui se pose.
30:03 C'est la raison pour laquelle j'ai demandé
30:05 une inspection.
30:07 L'Inspection Générale de la Justice,
30:09 qui aura pour mission de
30:11 nous dire s'il y a des failles,
30:13 notamment dans les changes
30:15 d'informations.
30:17 Qui était informé de quoi ?
30:19 Nous savons, je l'ai lu dans la presse
30:21 comme vous,
30:23 que M. Amra disposait
30:25 dans sa cellule de portable,
30:27 qu'il a organisé
30:29 de sa cellule ce qui ressemble
30:31 à une séquestration,
30:33 etc. Je ne veux pas rentrer...
30:35 Le simple fait qu'il dispose d'un portable, c'est
30:37 une première faille ? Pour qu'on comprenne bien ?
30:39 Écoutez, moi je pense qu'on
30:41 ne peut pas, quand on est en prison, disposer
30:43 de portable et je vous dirai
30:45 ce que déjà nous avons fait et ce que nous
30:47 comptons faire. Mais il y a
30:49 un certain nombre de questions qui se posent, quant à
30:51 l'échange d'informations. Ca n'est
30:53 pas du juridictionnel, je l'entends, moi je suis
30:55 infiniment respectueux de
30:57 l'indépendance des magistrats, bien sûr.
30:59 - Ca veut dire quoi "c'est pas du juridictionnel" ? Expliquez-nous.
31:01 - Vous savez,
31:03 les magistrats, quand ils décident
31:05 d'une peine, par exemple, le gardé-sauve
31:07 ne peut pas dire qu'elle est trop élevée
31:09 ou qu'elle est trop basse, etc.
31:11 De la même façon, le gardé-sauve n'a pas accès
31:13 au procès-verbaux.
31:15 Et quand je lis dans la presse qu'un certain nombre de choses
31:17 ont été
31:19 accomplies en prison
31:21 et que ces choses, évidemment, nous
31:23 révoltent, je veux
31:25 savoir si les informations
31:27 ont été changées et si, par
31:29 exemple, il n'était
31:31 pas possible de donner
31:33 à Amra un autre
31:35 statut, en particulier le statut
31:37 de DPS. Moi je ne veux pas aller plus loin.
31:39 - Détenu particulièrement surveillé.
31:41 - Mais qui établit le niveau de dangerosité d'un détenu ?
31:43 C'est l'administration pénitentiaire ?
31:45 - C'est un échange d'informations.
31:47 Si l'administration pénitentiaire a
31:49 intrinsèquement de quoi
31:51 classer un détenu DPS,
31:53 elle le fait. Si ce sont des
31:55 informations qui viennent d'ailleurs
31:57 d'écoute, par exemple, ou d'autres
31:59 sources encore, le renseignement
32:01 pénitentiaire, par exemple, qui existe
32:03 et dont je sais l'efficacité,
32:05 les mesures sont prises. Donc la question est de savoir
32:07 si les informations
32:09 ont été partagées,
32:11 s'il y a eu des failles, je n'en sais rien,
32:13 au moment où je vous parle,
32:15 moi je veux connaître
32:17 la vérité. - Parce que la règle, c'est quoi ?
32:19 C'est de partager des informations
32:21 entre l'autorité judiciaire,
32:23 les magistrats et
32:25 l'administration pénitentiaire. Aujourd'hui ça fonctionne
32:27 comme ça ou ça ne fonctionne pas comme ça ?
32:29 - Ben oui, ça fonctionne comme ça,
32:31 évidemment. La police
32:33 l'a en concurrence. - Donc on peut supposer,
32:35 enfin, vous répondez quasiment
32:37 à la question, il y a eu des fautes
32:39 qui n'ont pas permis de classer
32:41 Mohamed Amra comme un détenu dangereux.
32:43 - Mais vous allez bien plus vite que
32:45 la musique,
32:47 si vous me permettez cette expression.
32:49 Ce que l'on sait, c'est que
32:51 des choses ont été dites dans les écoutes,
32:53 comment ont-elles été transmises
32:55 à l'autorité judiciaire,
32:57 qu'est-ce que l'autorité judiciaire
32:59 a fait de cela auprès de l'administration
33:01 pénitentiaire ? Voilà, autant de questions qui se posent
33:03 que se posent
33:05 légitimement, vous l'imaginez, bien sûr,
33:07 les familles
33:09 de ces agents pénitentiaires qui ont trouvé
33:11 la mort. - Est-ce que vous avez des nouvelles questions ? - Ils ont été blessés d'ailleurs ?
33:13 - Oui, bien sûr, j'en ai
33:15 tout à fait régulièrement. - L'un d'entre eux est toujours hospitalisé ?
33:17 - L'un d'entre eux
33:19 est en passe de perdre son bras.
33:21 Il ne sera vraisemblablement
33:23 pas amputé,
33:25 mais il ne va pas recouvrer
33:27 l'usage de son bras. Oui, je suis en contact
33:29 évidemment avec eux,
33:31 parce qu'il y a évidemment
33:33 l'immense, l'immense chagrin
33:35 des familles,
33:37 de toute la communauté pénitentiaire, qui est aussi
33:39 une famille, et puis il y a la façon
33:41 pour moi d'essayer dans la mesure du possible,
33:43 et je sais que c'est dérisoire, de faire
33:45 en sorte que sur le plan administratif, il n'y ait pas
33:47 de complexification inutile, voyez-vous.
33:49 - Mohamed Amara avait été condamné
33:51 pour trafic de drogue. Est-ce qu'il y a un avant
33:53 et un après cette affaire dans votre façon de voir
33:55 le narcotrafic ? Est-ce que c'est un tournant
33:57 à vos yeux ?
33:59 - Monsieur, sur la question du narcotrafic,
34:01 j'ai annoncé, avant ce
34:03 drame atroce,
34:05 évidemment un certain nombre de modifications
34:07 qui à mes yeux sont essentielles.
34:09 Création d'un parquet
34:11 national
34:13 anticriminalité organisée.
34:15 Mise en place d'un statut
34:17 du repenti que l'on est allé, je l'ai
34:19 dit, et je n'ai pas peur de le dire,
34:21 copier en Italie, qui connaît évidemment
34:23 les questions de
34:25 mafia et de criminalité organisée.
34:27 - Vous avez annoncé ce parquet antistupe
34:29 avant ce qui s'est passé ?
34:31 - C'est ce que je vous dis. On me pose la question, un avant
34:33 et un après. Donc je rappelle deux ou trois
34:35 choses qui ont été faites avant, et je
34:37 rappellerai deux ou trois choses que je compte
34:39 mettre en place. Les brouilleurs, par exemple,
34:41 ce qui permet à des détenus
34:43 qui disposent d'un portable de ne pas
34:45 l'utiliser, nous en avions, savez-vous
34:47 combien nous en avions en 2017 ? Zéro.
34:49 Et aujourd'hui,
34:51 nous en avons une
34:53 vingtaine, et nous allons doubler
34:55 ce chiffre d'ici 2025.
34:57 Mais, parce que les choses sont toujours complexes.
34:59 - Sur 180 prisons à peu près.
35:01 - Mais les choses sont toujours complexes.
35:03 Il y a des brouilleurs qui ne peuvent
35:05 pas capter toutes les conversations.
35:07 Les arrêter, pardonnez-moi.
35:09 Et puis, dans certains établissements
35:11 pénitentiaires, cœur de ville, comme la santé,
35:13 par exemple, les bommettes,
35:15 eh bien, ça indispose les riverains.
35:17 C'est-à-dire que plus vous rendez le brouilleur
35:19 efficace, et plus
35:21 les riverains ont du mal
35:23 à vous téléphoner. Je me souviens,
35:25 aux bommettes, avoir rencontré les riverains,
35:27 en particulier une infirmière libérale
35:29 qui me disait "Mais moi, depuis qu'on a installé
35:31 le brouilleur aux bommettes, je ne peux plus téléphoner,
35:33 je ne peux plus recevoir d'appels des clients." - Pourquoi vous n'installez des brouilleurs ?
35:35 Pourquoi ne pas interdire toute détention
35:37 d'un portable en prison ?
35:39 - C'est interdit, c'est même une infraction.
35:41 Alors ensuite, il faut aller sur d'autres dispositifs.
35:43 - Pourquoi ne pas mieux faire respecter alors cet interdit ?
35:45 - Mais, mais, je vais vous dire,
35:47 il y a des brouilleurs qu'on ne peut pas détecter.
35:49 Par exemple, il faut que vous le sachiez.
35:51 On ne peut pas les détecter au portique.
35:53 Parce qu'ils sont d'abord infiniment petits,
35:55 et qu'ils sont composés...
35:57 - Vous parlez des portables, pas des brouilleurs.
35:59 - Oui. Pardon, vous me posiez la question
36:01 des brouilleurs ? On va les doubler. Je vais vous dire,
36:03 ça coûte 3 millions d'euros par brouilleur.
36:05 - Mais sur la présence des téléphones dans les cellules,
36:07 vous avez lancé l'opération "Cellule net".
36:09 Il s'agit de la fouille des cellules
36:11 de détenus condamnés pour trafic de stupéfiants.
36:13 Sur 120 cellules, 72 téléphones
36:15 portables ont été saisis, 16 cartes SIM.
36:17 Comment ça s'explique ?
36:19 - C'est ce que j'essaie de vous dire.
36:21 Il y a des téléphones qui sont indécelables
36:23 aujourd'hui, sous le portique.
36:25 C'est la première chose.
36:27 Il y a un autre outil qu'on utilise, qui est la poêle à frire.
36:29 Mais sachez que les murs des prisons
36:31 contiennent beaucoup de métal.
36:33 D'où la difficulté.
36:35 Ensuite, c'est les voies d'entrée.
36:37 La poêle à frire, vous savez, c'est ces
36:39 appareils que l'on utilise, on voit parfois ça
36:41 dans les aéroports, pour détecter.
36:43 Parfois, il y a tellement de plastique qu'on ne peut pas détecter.
36:45 Nous, nous avons mis, je vous l'ai dit,
36:47 des drones, il y en avait zéro en 2017.
36:49 Nous en aurons 40
36:51 et nous allons doubler ce chiffre.
36:53 40 en 2025. Ensuite, ça passe
36:55 parfois par les airs, c'est la question des drones.
36:57 Donc, nous mettons en place des systèmes
36:59 anti-drones, nous en avons mis beaucoup en place.
37:01 Ça n'existait pas et nous allons
37:03 doubler le nombre de
37:05 ces systèmes anti-drones.
37:07 Ensuite, il y a des tas de mesures
37:09 structurelles, dont j'ai
37:11 discuté avec l'intersyndical
37:13 dès le lendemain de ce drame.
37:15 30 mesures, je peux vous en citer
37:17 quelques-unes, et puis 30 mesures
37:19 qui sont des mesures structurelles
37:21 un peu plus délicates
37:23 à mettre en œuvre, mais j'y travaille
37:25 et je parviendrai à un résultat.
37:27 Notamment, il y a la question
37:29 des fouilles, parce que les fouilles, aujourd'hui,
37:31 sachez-le, elles ne sont pas
37:33 autorisées quand elles sont systématiques.
37:35 Donc, j'envisage
37:37 une modification possible à venir.
37:39 - Pour des fouilles automatiques ?
37:41 - Pour des fouilles qui soient plus systématiques.
37:43 Ensuite, il y a tout un travail
37:45 de transfert... - Là, vous parlez des gens qui viennent au parloir,
37:47 c'est ça ? Ou vous parlez des
37:49 fouilles systématiques dans les cellules, pour bien comprendre ?
37:51 - Quand un détenu
37:53 récupère d'un drone un téléphone portable,
37:55 il faut pouvoir
37:57 le fouiller pour trouver le téléphone portable.
37:59 La législation, aujourd'hui, ne le permet pas.
38:01 - Aujourd'hui, on ne peut pas fouiller
38:03 un prisonnier de manière systématique ?
38:05 - Non, et ce depuis 2009. Donc, c'est une des
38:07 questions qui se posent, mais la loi, vous le savez,
38:09 ce n'est pas un claquement de doigts.
38:11 Il faut réagir à tout ça.
38:13 - Ça veut dire qu'après
38:15 un Carville, vous préparez
38:17 une nouvelle loi ?
38:19 - Je veux mettre en place
38:21 beaucoup de mesures, oui, et j'ai
38:23 réuni d'abord les syndicats, bien sûr.
38:25 Nous avons acté une
38:27 trentaine de mesures, puis j'ai réuni les directeurs
38:29 inter-régionaux des services
38:31 pénitentiaires, nous avons acté
38:33 un certain nombre d'autres mesures.
38:35 Dans les mesures, par exemple, toutes simples,
38:37 qui sont d'application immédiate,
38:39 que demandent les syndicats, et j'ai naturellement
38:41 fait droit immédiatement à cela.
38:43 Ils me demandent parfois de pouvoir
38:45 transférer des détenus
38:47 sans avoir le logo de l'administration pénitentiaire.
38:49 Ben oui, évidemment, c'est du
38:51 bon sens. Un autre parc
38:53 automobile, oui, bien sûr, parce que
38:55 vous savez que nous saisissons de plus en plus
38:57 les avoirs criminels, et en particulier des véhicules
38:59 que l'on va pouvoir
39:01 donner à l'administration pénitentiaire.
39:03 - Les syndicats demandent aussi des visioconférences pour éviter
39:05 les transferts ? - Bien sûr, j'allais y
39:07 venir. Visioconférences, alors
39:09 déjà, nous avons fait,
39:11 et j'ai mis en place, l'économie
39:13 de beaucoup de transferts.
39:15 Et nous les avons remplacés
39:17 par les visioconférences. Donc, je vais recevoir lundi
39:19 les syndicats de magistrats.
39:21 - Les magistrats n'y sont pas favorables.
39:23 - Oui, mais il faut aussi
39:25 entendre la douleur des
39:27 familles.
39:29 Et on ne peut pas rester dans l'immobilisme.
39:31 Donc, oui, je
39:33 verrai avec eux, et je connais leur sens des
39:35 responsabilités. Et je pense
39:37 que, bien sûr, on va avancer.
39:39 Des choses toutes simples. Un holster
39:41 de poitrine m'ont demandé
39:43 les syndicalistes
39:45 de l'intersyndical. - C'est quoi un holster de poitrine ?
39:47 - C'est ce qui permet de détenir une arme.
39:49 Mais au niveau de la poitrine. - Parce qu'aujourd'hui ?
39:51 - Quand vous l'avez
39:53 et que vous êtes conducteur à un autre endroit du corps,
39:55 vous ne pouvez pas la sortir.
39:57 C'est tout simple. On m'a demandé
39:59 également le deuton sur
40:01 tous les véhicules, le gyrophare.
40:03 On m'a demandé, bien sûr,
40:05 que les agents pénitentiaires soient mieux
40:07 armés. J'ai dit oui à cela.
40:09 Et ça implique une formation des
40:11 agents pénitentiaires. Puis quand même, je veux vous dire
40:13 que nous avons embauché,
40:15 grâce au président de la République,
40:17 grâce au budget qui m'ont
40:19 été alloués, que certains
40:21 n'ont pas voté. Ceux qui réclament le plus de sécurité,
40:23 on leur a consacré
40:25 une bonne partie de l'émission tout à l'heure, je n'y reviens pas.
40:27 Mais aucun budget n'a été voté.
40:29 Mais nous avons embauché 6 000.
40:31 6 000 agents pénitentiaires de plus.
40:33 - Et quand est-ce que les mesures qui passent par la loi
40:35 seront soumises au Parlement ?
40:37 Vous parliez tout à l'heure, par exemple, de favoriser les fouilles.
40:39 - Eh bien, je vais vous dire, ce qui doit passer
40:41 par la loi, je vais essayer,
40:43 je vais...
40:45 pas essayer. Je vais
40:47 raccrocher cela au
40:49 projet de loi que je porte
40:51 sur le grand banditisme de narcotrafic.
40:53 - Ils ouvrent une toute petite...
40:55 - Donc c'est... Le texte,
40:57 on a déjà beaucoup avancé, on a déjà beaucoup travaillé,
40:59 puisque j'ai annoncé les principales mesures,
41:01 mais le texte sera présenté vraisemblablement
41:03 à l'automne. En tous les cas, il sera prêt.
41:05 - J'ouvre une toute petite parenthèse pour que vous évoquiez le...
41:07 - Pardonnez-moi, M. Bost, certaines mesures sont
41:09 immédiatement, immédiatement applicables.
41:11 - J'ouvre une petite parenthèse sur le budget,
41:13 puisque vous l'évoquiez. Est-ce que vous êtes sûr
41:15 que votre budget est pérennisé pour
41:17 l'année prochaine ? Vendredi, la France
41:19 a été dégradée, la note de la France
41:21 a été dégradée. Ça peut être
41:23 plus compliqué, et c'est plus compliqué sur le plan
41:25 budgétaire. 25 milliards d'euros d'économie
41:27 annoncés pour l'année prochaine.
41:29 Est-ce que vous, vous êtes sûr que les promesses
41:31 qui vous avaient été faites jusqu'en 2027
41:33 sur une augmentation régulière
41:35 de votre budget seront tenues ?
41:37 - D'abord, sur la dégradation
41:39 de la note, je veux dire un petit mot, parce que je suis
41:41 parfois surpris de la présentation qui en est faite.
41:43 Euh...
41:45 Il y a deux agences
41:47 sur trois qui n'ont pas dégradé la France.
41:49 Nous sommes d'accord ? Oui.
41:51 Nous sommes passés d'une note,
41:53 j'allais presque dire, pardonnez-moi, c'est impératif,
41:55 comprenez-vous bien, de 18 à 17
41:57 sur 20.
41:59 17 sur 20...
42:01 - C'est l'argumentaire du ministre de l'Economie.
42:03 - Non mais... - Le signal envoyé n'est pas bon.
42:05 - Mais, moi je vous pose la question sur votre propre
42:07 budget, parce que la négociation sur votre budget
42:09 va commencer d'ici peu de temps. - Deux petites secondes,
42:11 vous savez, je n'ai pas le rythme des réseaux sociaux,
42:13 je veux expliquer les choses aux compatriotes
42:15 qui nous regardent. Pourquoi d'abord
42:17 nous sommes dans cette situation, qui n'est pas une situation
42:19 de récession, contrairement à d'autres pays,
42:21 et notamment le pays modèle en matière économique.
42:23 - Donc vous dites que ce n'est pas grave. - Non.
42:25 - Vous dites que ce n'est pas grave, mais est-ce que pour vous, pour votre budget,
42:27 ça peut avoir des conséquences ? - Non.
42:29 Je dis, M. Bost, qu'on ne peut pas se
42:31 contenter de dire "la France
42:33 est dégradée par Sars-en-Pource".
42:35 Il faut expliquer un peu, c'est ce que
42:37 j'essaie de faire quelques instants. Voilà.
42:39 17 sur 20,
42:41 il y a des jeunes qui vont passer le bac
42:43 bientôt, là, ils ont 17 sur 20
42:45 à toutes leurs épreuves, pas si mal que ça,
42:47 et puis c'est la résultante de la
42:49 protection dont nous avons tous
42:51 bénéficié. Tous.
42:53 - Bon, les lycéens ne doivent pas faire 25 milliards
42:55 d'économies l'année prochaine,
42:57 est-ce que vous, vous êtes sûr et certain
42:59 d'avoir votre budget ? - Je réponds maintenant
43:01 à votre question, après avoir
43:03 dit un certain
43:05 nombre de choses de contexte.
43:07 Moi, j'ai promis
43:09 et je me suis engagé
43:11 derrière
43:13 le président de la République,
43:15 qui lui aussi a promis
43:17 1500 magistrats de
43:19 plus dans notre pays.
43:21 1800 greffiers,
43:23 des contractuels, des
43:25 personnels pénitentiaires,
43:27 il n'est évidemment pas question
43:29 que je renie cette parole,
43:31 qui est à la fois la parole présidentielle,
43:33 bien sûr, et celle que j'ai portée
43:35 avec beaucoup d'enthousiasme. - Donc, le budget
43:37 de la justice est préservé ?
43:39 - Non, sur cette question des embauches,
43:41 oui.
43:43 Sur le reste,
43:45 il faudra peut-être faire quelques économies,
43:47 et puis peut-être
43:49 différer un certain nombre. Je pense à
43:51 l'immobilier judiciaire, par exemple,
43:53 on peut, c'est ce qu'on fait
43:55 traditionnellement quand il y a un rebot,
43:57 ne pas y aller. - Donc, vous n'aurez pas la hausse de budget
43:59 qui était forcément
44:01 prévue d'ici 2027 ? - On verra,
44:03 vous savez, le budget,
44:05 ça n'est pas un combat,
44:07 on ne combat pas
44:09 le ministre des Comptes Publics,
44:11 mais c'est un débat, voilà.
44:13 Moi, je lui ai d'ores et déjà dit,
44:15 voilà,
44:17 tribunal judiciaire par tribunal judiciaire,
44:19 ce que j'ai promis
44:21 que nous en verrions comme personnel.
44:23 - Je reviens un instant sur le
44:25 cas de Mohamed Abra, il y a
44:27 au minimum 4 complices,
44:29 comment est-ce possible de n'avoir
44:31 aucune trace d'au moins 5 personnes
44:33 pendant aussi longtemps ? Avez-vous des
44:35 informations sur cette traque ?
44:37 - Monsieur, je n'ai pas d'informations,
44:39 c'est d'ailleurs curieux
44:43 qu'on me pose souvent cette question,
44:45 l'enquête
44:47 est confiée
44:49 à la procureure de Paris,
44:51 à des policiers, j'ai une totale
44:53 confiance en eux. - Les questions, c'est parce que
44:55 c'est l'homme le plus recherché aujourd'hui ? - Oui, j'entends bien,
44:57 mais ce n'est pas une raison suffisante
44:59 pour que le garde des Sceaux ait connaissance
45:01 de procédure, moi je n'ai pas
45:03 connaissance de procédure. - Mais est-ce que le commando aurait pu
45:05 fuir à l'étranger, par exemple ? - Madame,
45:07 je viens de vous dire que je n'avais pas d'autres
45:09 renseignements que ceux
45:11 qui me permettent de vous dire que nous sommes
45:13 totalement, totalement
45:15 engagés
45:17 pour interpeller et châtier
45:19 ces gens pour qui la vie
45:21 d'un homme n'a
45:23 strictement aucun
45:25 poids. - Combien d'enquêteurs
45:27 sont encore mobilisés à cette heure ?
45:29 - Beaucoup,
45:31 c'est près de 300 enquêtes. - Près de 320.
45:33 - Comprenez que ce pour les Français est un symbole de l'autorisé de l'État ?
45:35 - Et vous,
45:37 ne croyez pas que moi je n'ai qu'une envie, c'est qu'on l'interpelle
45:39 très vite,
45:41 mais je sais que tout est mis en... Pardon.
45:43 Tout est mis en oeuvre,
45:45 pardon, pour que
45:47 il en soit ainsi. Et
45:49 c'est comme ça que les choses
45:51 vont aller. - Ce détenu...
45:53 - Vous savez... Non mais regardez les dernières évasions,
45:55 vous savez, là, qui ont eu lieu, je ne vais pas citer de nom
45:57 ici, mais enfin, il faut un peu de temps.
45:59 Parce que une évasion
46:01 de cette nature, on peut avoir la faiblesse de pensée,
46:03 je n'ai pas d'élément là-dessus, mais qu'elle a été
46:05 préméditée.
46:07 Donc voilà, il faut le temps que les choses
46:09 se mettent en place. Je peux vous dire que
46:11 les policiers ne chompent pas, je peux vous dire que les magistrats
46:13 qui sont saisis de cette affaire
46:15 ne chompent pas davantage, et nous aurons
46:17 des résultats, et ces gens-là
46:19 seront punis à la hauteur
46:21 du crime ignoble
46:23 qu'ils ont commis. - Ce détenu
46:25 avait été condamné notamment pour trafic de
46:27 drogue. Cette affaire met en lumière
46:29 la question, on en parlait tout à l'heure, du narcotrafic
46:31 qui a fait l'objet d'un rapport du
46:33 Sénat. L'un des auteurs de ce rapport
46:35 écrit "On n'est pas encore un narco-État
46:37 mais on a un certain nombre de signes
46:39 montrant qu'on s'approche d'un affaiblissement
46:41 de l'institution publique". Est-ce que le trafic
46:43 de drogue gangrène l'État
46:45 à ce stade ?
46:47 - L'État, je
46:49 ne crois pas, mais l'avis de nos
46:51 concitoyens, oui, à l'évidence.
46:53 À l'évidence.
46:55 Et nous, pardon de le dire,
46:57 ce rapport est de qualité, mais
46:59 on n'a pas attendu ce rapport pour
47:01 bouger. Il y a les opérations
47:03 place nette. On les a critiquées,
47:05 les opérations place nette, en fait, quand même.
47:07 Elles ont permis d'interpeller des gens, il y a
47:09 un certain nombre d'informations judiciaires
47:11 qui sont en cours. Il y a des gens qui disent
47:13 "Moi je les ai rencontrés", mais ouf !
47:15 On peut circuler,
47:17 on n'a plus ces trafics de drogue. - La question c'est, est-ce que vous
47:19 arrivez aujourd'hui à taper
47:21 ce qu'on appelle le haut du spectre ? - Mais attendez !
47:23 J'y viens.
47:25 Vous allez beaucoup plus vite que moi. Il y a les opérations
47:27 place nette. Ça c'est dans les quartiers.
47:29 Il y a le reste, évidemment, que
47:31 l'on va mettre en place,
47:33 que l'on met déjà en place.
47:35 Moi, quand je dis que je porte un grand texte,
47:37 je pense que c'est un grand texte.
47:39 Faiblesse peut-être lie modestie de le dire.
47:41 Pour mieux lutter contre la criminalité
47:43 organisée, évidemment,
47:45 évidemment,
47:47 j'ai pris connaissance des préconisations
47:49 des sénateurs, de leur rapport.
47:51 On n'a pas attendu
47:53 ce rapport pour bouger les lignes. D'ailleurs,
47:55 les annonces que j'ai faites, je les ai faites avant
47:57 que le rapport ait été publié, mais
47:59 je m'en inspirerai, évidemment.
48:01 - On arrive de la fin de cette émission.
48:03 Une question qui est aussi dans l'actualité,
48:05 parce qu'elle est en discussion en ce moment
48:07 à l'Assemblée nationale, c'est la loi
48:09 sur la fin de vie. Vous aviez dit,
48:11 ici, dans le Grand Jury,
48:13 c'était en 2021, que le jour venu,
48:15 vous vous exprimeriez sur le sujet.
48:17 Ce jour est venu.
48:19 Quelle est votre position sur l'aide à mourir
48:21 et aujourd'hui sur le texte qui
48:23 semble cheminer à l'Assemblée nationale ?
48:25 - Je n'ai pas suivi ce texte, et il ne vous a pas
48:27 échappé que je ne le porte pas.
48:29 - Non, mais vous pouvez avoir un regard.
48:31 - Je pense, monsieur, et c'est d'ailleurs
48:33 toute la difficulté d'un texte comme celui-là,
48:35 que ce sont des choses
48:37 qui touchent à l'intime.
48:39 Comme d'ailleurs, vous le savez,
48:41 l'inscription dans notre
48:43 constitution de la liberté
48:45 garantie aux femmes
48:47 d'avorter. Je dois dire
48:49 d'ailleurs que, sur ce point,
48:51 on a vu aussi qu'elles étaient les progressistes
48:53 et qu'elles étaient ceux qui ne
48:55 l'étaient pas du tout.
48:57 On veut d'ailleurs, sur le plan européen,
48:59 inscrire cela dans la Charte.
49:01 Je ne souhaite pas
49:03 m'exprimer sur cette question,
49:05 monsieur, parce que
49:07 j'estime qu'on ne va pas
49:09 donner mandat pour le faire.
49:11 On est là sur quelque chose qui est
49:13 de l'ordre
49:15 de l'intime, et
49:17 les opinions
49:19 sont infiniment respectables.
49:21 Moi, je ne...
49:23 Je veux simplement vous dire,
49:25 mais pas par solidarité gouvernementale,
49:27 que le texte
49:29 tel qu'il sortait
49:31 du gouvernement est le texte qui me
49:33 convient le mieux.
49:35 - C'est dit. Début juillet, cela fera 4 ans
49:37 que vous êtes garde des Sceaux.
49:39 Vous serez à quelques mois du record
49:41 de longévité de Robert Bannater.
49:43 Après ce poste, Eric Dupond-Moretti,
49:45 on fait quoi ?
49:47 La robe d'avocat, plus jamais ?
49:51 - Vous ne savez pas du tout ?
49:53 - Non, je ne sais pas.
49:55 - Vous avez des envies, des projets ?
49:57 - Oui, forcément, j'ai des envies, comme tout le monde.
49:59 Mais je ne sais pas.
50:01 Et quand je dis ça, ce n'est pas de la langue de bois.
50:03 - Rester en politique, en tout cas ?
50:05 - Non, mais j'avais un métier avant.
50:07 J'ai été, je suis,
50:09 et je serai le temps que je resterai
50:11 à la chancellerie, passionné par la mission
50:13 qui m'a été confiée par le président
50:15 de la République.
50:17 Je me bats là pour les Européennes.
50:19 Je voudrais dire un dernier mot sur les Européennes.
50:21 Ça a bien plus d'intérêt que mon avenir.
50:23 80 ans, là, le débarquement,
50:25 il n'y a pas de hasard,
50:27 comme disait le poète Éluard,
50:29 il n'y a que des rendez-vous.
50:31 Je demande à tous les Français d'aller voter.
50:33 C'est le scrutin le plus important.
50:35 - Merci Eric Dupond-Moretti pour ce grand jury.
50:37 Bon dimanche à tous
50:39 et la semaine prochaine,
50:41 pas de grand jury, ça sera l'heure du vote.
50:43 C'est ça.