Lundi 26 février 2024, SMART BOURSE reçoit Mohammed Amor (Directeur Général, Thematics Asset Management)
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00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir, c'est celui justement de la gestion thématique et de ses enjeux.
00:19 Nous en parlons avec Mohamed Amor, directeur général de Thematics, Asset Management.
00:22 Bonsoir Mohamed.
00:23 Bonsoir.
00:24 Merci d'être là.
00:25 Je vais le dire simplement, mais c'est vrai que l'histoire de Thematics qui a fêté ses 5 ans en décembre 2023
00:32 coïncide assez bien avec l'histoire de la gestion thématique, en tout cas sur ces dernières années,
00:37 qui ont été des années quand même, peut-être qu'il faut remonter 10 ans en arrière,
00:40 mais des années d'essor, de prise d'envol, de cette nouvelle manière d'aborder l'investissement boursier.
00:49 Notamment 5 ans pour une société, c'est important, pour une société de gestion en l'occurrence.
00:55 Qu'est-ce que vous retenez de ces 5 ans d'historique pour Thematics Asset Management
01:00 et comment vous quantifiez un peu le bilan d'ailleurs Mohamed ?
01:03 On en retient beaucoup de choses.
01:06 En 5 ans, si on regarde les chiffres, il y a 5 ans on était 6, aujourd'hui on est 22 chez Thematics.
01:12 On a commencé avec une centaine de millions d'euros.
01:14 Aujourd'hui, les avoirs qui nous sont confiés, c'est à peu près 4 milliards d'euros.
01:20 On avait commencé avec 4 stratégies, aujourd'hui on en a 8.
01:23 Et surtout, c'est le regard que portent les investisseurs, les épargnants sur la gestion thématique
01:28 qui nous apporte le plus de satisfaction.
01:30 On a passé beaucoup de temps avec les conseillers en gestion de patrimoine, les banquiers,
01:33 les acteurs de fonds de fonds et les institutionnels.
01:37 Et on est ravis de ce qu'on a pu faire, de ce qu'on a vu,
01:39 de la manière dont le marché s'est approprié la gestion thématique.
01:43 C'était une gestion satellite, il y a une dizaine d'années.
01:45 Aujourd'hui, c'est une gestion qui est en cœur de portefeuille, sur les portefeuilles des épargnants,
01:50 donc de monsieur tout le monde qui pousse la porte d'un conseiller en gestion de patrimoine ou d'un banquier privé.
01:55 Et surtout, on voit que la manière dont on fait les choses aujourd'hui chez Thematics,
01:58 cette approche fondamentale, une approche de conviction, a porté ses fruits.
02:02 Et le marché en 5 ans n'a pas été un long fleuve tranquille, n'a pas été une ligne droite,
02:07 la trajectoire de ces 5 dernières années.
02:09 Mais il y a des années qui ont eu des valeurs de test pour notre gestion,
02:12 pour notre processus de gestion.
02:14 Et on est ravis de ce qu'on a pu faire, de ce qu'on a pu apporter comme résilience.
02:19 Et je pense que les 5 prochaines années vont être aussi de belles années.
02:23 On va parler de l'année TESC, qui a été effectivement l'année 2022,
02:26 mais j'aime bien effectivement l'idée que c'était une gestion à la périphérie, dans les portefeuilles,
02:31 qui se retrouve aujourd'hui au cœur des allocations et des portefeuilles des clients finaux.
02:38 Qu'est-ce que vous retenez de la manière dont vos partenaires se sont appropriés cette gestion ?
02:43 Est-ce que c'était conforme à l'idée que vous vous en faisiez ?
02:46 Parce que le client est roi, finalement, le partenaire également.
02:49 Et est-ce que ça a changé ? Qu'est-ce que ça a changé dans votre manière, j'allais dire,
02:53 presque de marketer cette gestion ? Vous êtes le directeur général de la société de gestion.
03:00 On a vu, nous, très rapidement, en se positionnant,
03:02 et ce qu'on voulait apporter au marché, c'était de capter, ce que je vous détaille à chaque fois,
03:05 ce que je vous décris comme une croissance séculaire, une croissance structurelle de long terme.
03:09 Et là, les conseillers en gestion de patrimoine ont vraiment approprié cette notion,
03:13 ont compris cette notion, et on l'a vu à chaque période.
03:16 Et l'année test 2022 a été le meilleur test pour nous.
03:19 Le marché, à partir de 2021, va plutôt vers des valeurs cycliques,
03:22 de l'énergie, des matières premières, des valeurs financières,
03:26 tout ce qu'on n'avait pas en portefeuille.
03:27 Qu'est-ce qu'on a continué de faire ? Nous, on est resté tout droit.
03:30 On a continué sur les fondamentaux, et ça a été une année très frustrante pour nous,
03:33 puisque 2022, on a des valeurs en portefeuille, des valeurs de qualité,
03:36 sur lesquelles on connaît le management, on connaît le business,
03:39 qui continuent d'avoir d'excellents fondamentaux,
03:41 qui, dans un contexte inflationniste qu'on connaît,
03:44 continuent d'avoir des marges bénéficiaires qui augmentent,
03:47 et pourtant, des valorisations qui baissent.
03:49 Qu'est-ce qu'on a continué de faire ? Exactement la même chose.
03:51 Et ce qu'on a continué de faire, on l'a expliqué.
03:54 Et en l'expliquant, et en continuant de labourer encore et encore,
03:58 ce message a été intégré par nos partenaires.
04:00 Ça a été des années où on a collecté plus de 900 millions à chaque fois.
04:05 Et l'effet PERF + la collecte nous a permis de continuer encore et encore
04:11 à prouver au marché que la manière dont on gérait les thématiques chez nous,
04:15 c'est-à-dire de manière diversifiée,
04:17 en venant transcender l'approche géographique, capitalistique ou sectorielle,
04:21 mais vraiment en ayant cette approche et ce processus de gestion,
04:24 ça venait apporter de la valeur pour le client final.
04:26 Et un point sur lequel on a beaucoup évolué,
04:28 parce que de passer d'une gestion satellite à une gestion cœur de portefeuille,
04:31 ça appelle à beaucoup de responsabilités, beaucoup d'humilité
04:35 dans le marché qu'on a connu sur ces cinq dernières années.
04:38 Et par exemple, d'un point de vue de la gestion responsable,
04:40 on est né dans un contexte de gestion responsable.
04:42 L'ESG était déjà dans notre processus d'investissement,
04:45 on a dû aller beaucoup plus loin.
04:47 On nous posait des questions sur le climat.
04:49 Il y a un niveau d'exigence supplémentaire à partir du moment
04:52 que vous êtes au cœur du portefeuille de mon client.
04:55 Il faut quand même que je sois sûr et certain du niveau d'intégration de l'ESG.
05:00 Exactement, au niveau d'intégration de l'ESG et surtout les différentes facettes de l'ESG.
05:05 Avant l'ESG, on pouvait avoir une approche avec un ou deux éclairages.
05:12 Aujourd'hui, non. On veut parler de biodiversité, on veut parler de climat,
05:16 on veut aller plus loin sur les aspects de gouvernance,
05:19 on veut aller plus loin sur la manière dont les entreprises dans les sociétés,
05:22 les employés dans les sociétés sont traités.
05:24 La question environnementale est bien plus lourde.
05:28 On doit apporter des réponses beaucoup plus fournies, beaucoup plus concrètes.
05:33 On voit le regard de la dernière personne avant l'épargnant,
05:35 celui qui nous confie les actifs de son client, être beaucoup plus exigeant avec nous.
05:40 Mais 2022 n'a pas été une année de remise en question,
05:44 de remise en cause de cette gestion thématique
05:47 et des thèmes séculaires qui sont associés à cette gestion thématique.
05:50 Ça a été au contraire, dans un marché saccadé,
05:54 dans un marché qui s'est comporté comme un élève de première année d'école de commerce,
05:57 ça a été une année de test. Le marché s'est dit "Tiens, l'inflation arrive, les taux augmentent,
06:01 on va aller regarder des cycles, on va avoir une approche tactique et on va oublier le fondamental".
06:05 Sauf que qu'est-ce qui s'est passé ? Le 2 janvier 2023, ils ont allumé les bloomers,
06:09 ils se sont rendu compte que des valeurs de qualité,
06:12 sur lesquelles on avait une vraie visibilité sur le management, sur le produit,
06:15 sur les marges bénéficiaires, valaient 30 à 40% moins cher
06:19 que des valeurs de moins bonne qualité. Donc quoi qu'il arrive, on se rend compte
06:22 que le marché, les valorisations reviennent aux fondamentaux.
06:25 Donc il peut y avoir des mouvements tactiques qui vont impacter les valorisations,
06:29 mais à la fin de la journée, le marché prend en compte cette approche fondamentale.
06:34 On va parler des cinq prochaines années, bien sûr, Mohamed,
06:36 mais déjà, au cours de ces cinq premières années,
06:39 qu'est-ce que vous avez observé de la montée de la concurrence
06:43 dans ce segment de la gestion thématique ?
06:47 L'évolution de la gestion thématique s'est faite de manière très hétérogène.
06:51 La gestion thématique, c'est une approche.
06:54 Derrière, elle doit être matérialisée par un processus de gestion, une manière de faire.
06:58 Et ce qu'on a vu, c'est qu'on a retrouvé souvent, et je le dis avec beaucoup d'humilité,
07:02 puisque je fais partie avec mes confrères de ceux qui sont censés apporter des solutions à l'épargnant,
07:06 des approches très hétérogènes. On pouvait se retrouver avec des gens
07:09 qui faisaient des small caps allemandes, qui appelaient leur fonds "thématique small cap allemande".
07:13 Mais ce n'est pas une thématique. Une thématique, si vous regardez des portefeuilles
07:17 comme celui de l'intelligence artificielle et de la robotique, c'est d'abord une approche
07:21 qui va permettre d'adresser l'industrie, les logiciels de conception, la santé,
07:26 à travers l'intelligence artificielle dans la santé, la vie à la maison, la vie au bureau,
07:30 les semi-conducteurs, et pas seulement un secteur.
07:33 - Ou un facteur, la taille, small cap. - Ou un facteur, voilà.
07:36 Ou, par exemple, des titres de croissance, ou cyclique.
07:39 Non, on ne va pas approcher les choses comme ça.
07:41 Et cette manière d'approcher les choses par un thème, pourquoi on le fait de cette manière-là ?
07:46 Cette croissance séculaire, pourquoi on lui court après ?
07:49 Vous avez cette croissance globale, une croissance séculaire qui est supérieure,
07:52 on définit un univers d'investissement où il y a en général 200 à 250 titres,
07:56 et après on va trifouiller cet univers. Et dans nos gestions, notre manière de nous différencier,
08:00 ça a été d'avoir une partie de ce qu'on appelle en anglais un "active share".
08:04 Mais grosso modo, qu'est-ce qu'on retrouve chez nous qui n'est pas dans l'indice de référence,
08:08 qui dépasse les 90% dans toutes nos stratégies ?
08:11 On regarde les 10 premières lignes de nos stratégies, de nos portefeuilles,
08:14 qui comportent entre 40 et 50 lignes, on peut reconnaître quelques noms.
08:17 Si on a bien fait notre travail, et c'est ce que font nos équipes de gestion,
08:20 normalement il y a des noms que le marché ne connaît pas.
08:23 Et l'évolution des thématiques, ça a été ça.
08:25 Donc beaucoup de personnes ont mis l'étiquette "thématique", beaucoup de gestion,
08:29 et finalement ce qui nous a permis de tirer notre épingle du jeu,
08:32 c'est de garder notre approche, qui vient transcender les approches classiques,
08:35 et surtout avoir plusieurs moteurs de performance,
08:38 plusieurs secteurs, plusieurs géographies, et c'est comme ça qu'on a tiré notre épingle.
08:42 Et c'est la rançon du succès. Je parle de la gestion thématique en général,
08:46 et de thématiques, ça, mais comme on a vu se développer de l'ESG-washing,
08:50 il y a eu également ce phénomène un peu "thématique-washing".
08:53 Je rends hommage à Ronny Michaly, le président de Galilée Asset Management,
08:57 qui m'a initié à cette terminologie, je crois que je lui rends hommage de ce point de vue-là.
09:02 Il y a eu un peu de... On a essayé de thématiser des stratégies
09:06 qui n'étaient pas des stratégies thématiques au départ.
09:08 - C'est comme toujours, on le voit aujourd'hui sur l'intelligence artificielle et la robotique,
09:11 vous me parlez des cinq prochaines années,
09:13 ce qui s'est passé pour la gestion thématique, c'est ce qui est en train de se passer aujourd'hui
09:16 pour l'intelligence artificielle et la robotique. Il va falloir rester très vigilant.
09:19 L'intelligence artificielle et la robotique, dans les cinq prochaines années,
09:22 c'est déjà dans nos vies, et dans les cinq prochaines années, ça va continuer de s'ancrer.
09:25 Mais il va y avoir plein d'idées, ça va être foisonnant.
09:28 Il va falloir séparer le bon grain de livres. - Bien sûr.
09:31 - Et c'est ce qu'a fait Ronny avec son livre sur la gestion thématique.
09:34 Nous, on l'a encouragé, on l'a accueilli chez nous, il a parlé aux différentes équipes de gestion.
09:38 Ça a été très bien, parce qu'à un moment, il a fallu apporter des éclairages aux investisseurs
09:42 qui voyaient des mots thématiques partout. - C'était la jungle.
09:45 - Exact, ça a été foisonnant. - Oui, oui, mais c'est normal.
09:48 C'est comme ça que se développe une industrie aussi.
09:50 - On voit une vague, on veut surfer dessus. - Bien sûr.
09:52 - Et c'est là où il a fallu différencier les professionnels là-dessus,
09:55 ceux qui avaient une approche plus fondamentale comme la nôtre,
09:59 qui avaient un processus de gestion adapté à ce qui pouvait être décrit comme de la thématique,
10:03 et le reste du marché qui pouvait aussi apporter des choses, mais qui n'étaient pas comparables.
10:08 - Et ça veut dire pour vous, vous disiez 8 stratégies aujourd'hui chez Thématiques.
10:11 - 8 stratégies. - Ça veut dire pour vous que le périmètre
10:13 des grandes thématiques séculaires est clos aujourd'hui ?
10:18 - Il n'est pas clos. Et c'est ça qui est beau dans ce marché,
10:20 c'est que des thématiques peuvent naître en fonction des cycles longs.
10:25 Parce que, regarde, quand on crée un produit thématique, ça nous prend 18 mois,
10:29 c'est un beau bébé à fabriquer. 18 mois, c'est identifier la tendance,
10:33 l'univers d'investissement, faire un portefeuille, le lancer chez nous,
10:36 avant de le mettre à disposition des épargnants et de ceux qui nous confient les actifs des épargnants.
10:40 Et ça, c'est un travail de prospectif qu'on fait semaine après semaine.
10:44 Aujourd'hui, on a ce périmètre de stratégie, l'eau, la sécurité,
10:49 la sécurité qui est partout, tout le temps, qui est un sujet quotidien,
10:53 qui va continuer d'avoir une empreinte importante dans notre vie de tous les jours,
10:58 que ce soit la sécurité numérique ou la sécurité physique,
11:00 l'économie de l'abonnement, le bien-être, l'eau, tous ces thèmes.
11:04 Quand on les lance, on les lance avec des perspectives de 15 à 20 ans.
11:08 On continue de chercher des thèmes qui peuvent s'inscrire dans cette approche.
11:12 - Oui, mais il n'y en a pas tous les 6 mois, quoi. Oui, c'est ça.
11:15 - Quand on le fait de la manière que je vous ai décrite,
11:17 et qu'on ne veut pas juste avoir une approche marketing, ça prend du temps.
11:21 - Un mot pour conclure rapidement, Mohamed.
11:24 Le développement commercial, désormais, de thématiques, se tourne vers l'Italie.
11:28 Pourquoi ce marché, spécifiquement, vous intéresse ?
11:30 - L'Italie et l'Asie, le Japon. Pourquoi ?
11:32 Aujourd'hui, on a commencé, on était principalement commercialisés en Europe.
11:36 On est dans plus de 20 pays aujourd'hui dans le monde.
11:38 Et aujourd'hui, en Italie, on voit que l'épargnant a beaucoup utilisé la gestion thématique
11:45 et cherche de nouvelles idées, de nouvelles équipes.
11:48 Et on se renforce là-bas. On continue de travailler, bien sûr,
11:52 de manière très, très proche avec notre partenaire,
11:55 notre ex-ICM, avec qui on a écrit cette belle histoire.
11:58 Et dans les prochaines semaines, on va continuer à se renforcer
12:01 avec l'embauche et la prise de poste d'une personne qui va être dédiée
12:07 à la distribution des fonds thématiques auprès des conseillers en gestion de patrimoine italiens.
12:13 - Merci beaucoup, Mohamed.
12:14 Merci d'être venu nous parler de la gestion thématique à travers l'histoire de Thematics Assets Management
12:19 que vous dirigez. Mohamed Amor, directeur général de Thematics AM,
12:22 était l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
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