Des agriculteurs bloquent l’autoroute entre l’Espagne et la France

  • il y a 7 mois
Avec Michel Des Rochettes, agriculteur céréalier Bio, gérant de chevaux en pension et membre de la Confédération paysanne

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-02-29##
Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, la vie en vrai.
00:03 - La vie en vrai, avec cette mobilisation d'agriculteurs du côté de l'autoroute P7, c'est ça, en Espagne,
00:12 face à la frontière franco-espagnole.
00:14 Michel Desrochettes est avec nous, bonjour !
00:17 - Oui bonjour, Patrick.
00:19 - Voilà, vous êtes agriculteur céréalier, je crois que vous faites du bio,
00:24 enfin vous allez tout nous dire dans un instant.
00:26 Et vous êtes mobilisé avec des agriculteurs français mais aussi espagnols, c'est ça ?
00:32 Du côté de la frontière. Expliquez-nous ce que vous faites, parce que ça fait déjà quelques jours.
00:37 - Oui, depuis deux jours, c'est l'union des paysans catalanes,
00:42 union des Pajeros, qui a bloqué la P7, c'est-à-dire le prolongement de la 9, au sud de Figueres.
00:50 Et donc la Confédération Paysanne était en contact depuis quelques semaines avec ce syndicat,
00:56 et nous avons accompagné le mouvement hier, et nous l'accompagnons également ce matin,
01:00 à Avier, là en fait, dans le sud de la Haute-Garonne.
01:05 - D'accord, et pourquoi alors ? Quel est le but de votre mouvement ?
01:10 - D'une part, le sujet concerne tous les peuples européens, ce n'est pas un débat franco-français,
01:18 et les revendications sont quasiment identiques,
01:22 on est confondé au même système commercial et administratif, et donc nos problèmes sont les mêmes.
01:28 - D'accord, c'est sur les litiges commerciaux et la lourdeur administrative, c'est ça Michel Lerochette ?
01:34 - Alors, la lourdeur administrative, on pourrait la gérer si on avait les moyens de la gérer,
01:39 à la limite c'est du technique, mais les questions commerciales, c'est rédhibitoire, c'est-à-dire que...
01:46 - Par exemple, qu'est-ce qui ne va pas ? Expliquez-nous, donnez-nous quelques exemples,
01:52 que l'on comprenne. - Un exemple sur du long terme.
01:54 Quand l'Angleterre est entrée dans l'Europe dans les années 80,
01:58 avec les accords commerciaux du Commonwealth, on a acheté de l'agneau à nouveau néo-zélandais à bas prix,
02:06 et donc la production aux vignes sur l'Europe et la France a été totalement détruite.
02:12 Aujourd'hui avec le Brexit, on a un renouveau, on a beaucoup d'éleveurs qui redémarrent des productions,
02:18 on a des jeunes qui s'installent en production aux vignes, mais on nous dit que les accords avec la Nouvelle-Zélande
02:25 avancent très bien et que bientôt on va les signer. Donc plutôt que de passer par l'Angleterre,
02:29 on va signer directement avec la Nouvelle-Zélande et le problème de l'agneau va revenir.
02:32 On va à nouveau avoir des prix bas sur l'agneau. - D'accord. Et donc là vous avez un combat commun
02:37 avec les agriculteurs européens et notamment vos voisins espagnols.
02:42 - Voilà, c'est totalement commun, c'est d'ailleurs pas seulement avec l'Espagne,
02:46 nous travaillons avec nos voisins espagnols, nous sommes à côté, mais tous les pays d'Europe sont mobilisés,
02:52 même si peut-être on n'en a pas trop conscience, mais tous les pays sont mobilisés,
02:57 notamment la Pologne qui est extrêmement mobilisée actuellement.
03:00 - Et alors c'est un peu étonnant par rapport à ce que l'on entend habituellement d'agriculteurs,
03:06 beaucoup, qui dénoncent une concurrence déloyale, mais souvent à l'intérieur de l'Europe.
03:11 Il y a quelques-uns de vos collègues qui par exemple ont déchargé, il n'y a pas si longtemps,
03:16 des camions de fruits et légumes qui venaient d'Espagne, du Portugal ou d'ailleurs par exemple, Michel Desrochettes.
03:23 - Oui, alors, et comme les Espagnols déchargent des camions marocains.
03:27 - Et oui, on n'en finit plus. - Donc on peut se demander où ça s'arrête.
03:31 - Oui, c'est vrai. - Donc le débat est bien entendu largement au-delà,
03:36 on n'est pas contre les peuples et les gens qui travaillent,
03:38 on demande à ce qu'il y ait des régulations, on peut parfaitement les mettre en oeuvre,
03:42 c'est une question de volonté politique.
03:44 Si on prend l'exemple du Japon, le riz consommé au Japon est produit au Japon,
03:49 il n'est pas importé, alors que c'est un pays très peuplé,
03:52 donc il n'y a pas de raison, on peut parfaitement produire,
03:54 l'agriculture doit sortir des règles de libre-échange,
03:58 sans quoi on prend des risques énormes, non seulement sur la qualité des aliments,
04:02 mais sur la souveraineté alimentaire, la possibilité de pouvoir se nourrir correctement.
04:07 - Il doit y avoir une exception, c'est ce que vous dites pour l'agriculture.
04:11 - C'est un peu trop de demandes en tout cas.
04:13 - C'est vrai, sauf que c'est quand même un peu complexe,
04:15 on ne va pas rentrer dans les détails, mais c'est vrai que
04:17 l'agriculture française, européenne aussi, a vendu à l'étranger,
04:21 et elle vend encore aussi à l'étranger des produits de qualité,
04:26 donc ça permet d'exporter, et puis qu'on va acheter des productions aussi à l'étranger
04:30 qu'on ne peut pas avoir sur notre continent.
04:33 Là par exemple, si on va sur les fruits et légumes,
04:37 la banane, etc., tout ça, ça vient d'en bas.
04:40 Comment fait-on dans ces conditions ?
04:42 - Oui, c'est vrai qu'on ne peut pas trop produire en Guadeloupe la banane,
04:46 puisqu'on a pollué les sols, donc effectivement, il faut de l'acheter ailleurs.
04:49 Donc la banane, on pourrait justement la produire en France,
04:53 en Guyane notamment,
04:55 mais bien entendu, on n'est pas contre les échanges commerciaux,
05:01 c'est pas la question, on n'est pas du tout contre ces échanges alimentaires,
05:04 sauf que oui, ça peut se faire autrement,
05:08 ça peut se faire avec des règles qui sont,
05:10 on appelle ça des règles équitables,
05:14 ça pourrait être plus correct dans les échanges d'une part,
05:17 et ensuite, les coûts de transport sont trop bas.
05:21 - Oui, il faudrait augmenter.
05:25 - Au niveau du marché mondial, c'est totalement volontaire d'avoir des coûts de transport très bas,
05:28 puisqu'on met les ports en concurrence sur les ports.
05:31 La contrepartie, c'est la pollution,
05:34 les dégagements de ces transports maritimes sont très polluants,
05:40 les transports routiers le sont également,
05:43 alors il faut des transporteurs bien sûr, on ne va pas non plus interdire aux transporteurs de travailler,
05:47 mais il faut travailler plus intelligemment, il faut être logique, il faut avoir des résultats,
05:52 et pour l'instant, en fait, on est en route libre.
05:54 - Alors, Michel Hérochette, donc vous bloquez,
05:58 parce que là, il y a des "stocks de camions" sur les autoroutes avant la frontière.
06:06 - Oui, ça c'est bien géré,
06:09 mais c'est vrai que c'est géré par la police française et la police espagnole,
06:13 donc il y a des itinéraires de déviation.
06:15 - Bon, vous continuez, en un mot, vous continuez.
06:18 - Bien entendu, pour l'instant, le blocage continue, tout à fait.
06:21 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous,
06:23 on voulait vous entendre, vous donner la parole,
06:25 pour comprendre pourquoi il y avait ces blocages.
06:27 Il est 7h moins le quart, dans un instant,
06:30 nous allons parler de steaks,
06:32 mais attention, on ne dit plus "steak" pour du végétal,
06:35 ou "saucisse" vegan,
06:38 mais je vais vous dire que c'est peut-être une vraie, fausse, bonne idée.
06:42 On voit ça ensemble, dans un instant.

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