• il y a 2 mois
Tous les jours les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans Les Informés, jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur France Info Télé,
00:13le canal 27 de la TNT avec Renaud Dely. Bonjour Renaud.
00:16Bonjour Célia.
00:17Ma voix est partie dans les aigus quand je dis Dely.
00:19C'est vrai. Je ne sais pas comment je dois prendre ça, mais revenez parmi nous.
00:23Donc je reviens. Bonjour à nos informés du jour.
00:25Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:28On vous retrouve pour l'interview politique à 7h45, surtout tous les matins sur France Info Télé.
00:32Etienne Girard.
00:34La voix est restée stable avec moi. Je ne sais pas non plus comment.
00:37Aucune émotion, je vois.
00:38Etienne Girard à vos côtés, rédacteur en chef à L'Express. Bienvenue Etienne.
00:42Merci Célia.
00:43Renaud Dely, on a beaucoup parlé du front républicain depuis les législatives.
00:47Ce matin, on se pose la question de l'arc républicain.
00:50Et oui Célia, parce qu'on le sait, le bonheur c'est simple comme un coup de fil.
00:53Le bonheur de Michel Barnier en l'occurrence, en tout cas la paix gouvernementale.
00:56Pourquoi ? Parce qu'hier, un ministre macroniste, le jeune ministre de l'économie Antoine Armand,
01:00a osé considérer que le RN ne faisait pas partie de l'arc républicain
01:05et qu'à ce titre, il n'avait pas à consulter les députés du RN sur la situation financière, budgétaire du pays.
01:12Michel Barnier l'a aussitôt rappelé à l'ordre en lui indiquant que ce n'était pas sa position,
01:17la position de Michel Barnier qui lui souhaite consulter tous les élus de tous les groupes de l'Assemblée nationale.
01:22Et puis surtout, dans la foulée, le Premier ministre a carrément appelé Marine Le Pen,
01:26qui évidemment avait fait monter la pression et s'était indignée des déclarations du ministre de l'économie.
01:31Michel Barnier, en quelque sorte, a rassuré la chef de file de l'extrême droite
01:35qui s'inquiétait d'être ostracisé.
01:38Que peut-on penser ? Comment analyser cette situation ?
01:43Voici ce qu'en disait, il y a quelques minutes, sur ce plateau, l'ancien président de la République, François Hollande.
01:47Ce qui est grave, c'est pas que M. Barnier ait recadré un ministre.
01:52Ce qui est grave, c'est qu'il ait appelé Mme Le Pen.
01:56Parce que ça révèle ce que l'on sait déjà, c'est que le gouvernement de M. Barnier dépend de Mme Le Pen.
02:03C'est Mme Le Pen qui a fait en sorte d'intervenir auprès du président de la République
02:08pour donner un quitus, un sauf conduit à M. Barnier pour qu'il soit nommé.
02:14Et c'est Mme Le Pen qui fixe finalement la règle.
02:17Alors, est-ce qu'effectivement, le gouvernement et Michel Barnier, au premier chef,
02:21sont dans la main de l'extrême droite, comme le révélerait cet épisode, selon François Hollande ?
02:26Alex Bouyagué.
02:27Effectivement, c'est pas tant le coup de fil, enfin si, c'est plus exactement le coup de fil qui est gênant.
02:32Parce que je pense qu'il aurait pu, et Michel Barnier, faire passer ses messages de manière différente
02:37et tout aussi efficace, peut-être par d'autres canaux, que de prendre lui-même son téléphone.
02:42Ça ne fait que révéler ce qu'on sait, que Michel Barnier et son gouvernement sont RN-dépendants.
02:49Et que c'est le bon vouloir de Marine Le Pen.
02:53Après, on peut aussi comprendre la logique de Michel Barnier, qui a voulu apaiser les choses.
02:57Je vous rappelle, dans une semaine, mardi prochain, discours de politique générale,
03:01la gauche a déjà déposé une motion de censure.
03:03Si le RN s'y associe, c'est la fin du gouvernement Barnier.
03:08Donc on peut comprendre qu'il ait voulu apaiser les choses.
03:10Après, pour la question qui est une autre question, savoir si le RN est dans l'arc républicain ou pas,
03:15c'est vrai qu'on a toujours eu du mal à suivre quand même la ligne d'Emmanuel Macron.
03:19Un coup, le RN y était, dans cet arc républicain.
03:24Donc les rencontres de Saint-Denis, par exemple, Jordan Bardella est convié, au même titre que les autres chefs de parti.
03:30Un coup, il n'y est plus.
03:31Du côté des premiers ministres, ça a été la même chose.
03:34Pour Elisabeth Borgne, il n'y était pas.
03:37Pour Édouard Philippe, il y était.
03:40Je me réfère à la dernière intervention du chef de l'État,
03:44c'était lundi devant le Conseil des ministres,
03:46où il a expliqué qu'il faut entendre les voix divergentes et les respecter.
03:50Donc en clair, je pense que ça, ça peut être la ligne maintenant du gouvernement et d'Emmanuel Macron,
03:56c'est qu'il y a des élections, le temps de l'élection.
03:59À ce moment-là, on est dans une forme de lutte et d'opposition.
04:04Une fois les élus siégeant à l'Assemblée Nationale,
04:11ils sont en droit d'être respectés, d'être écoutés.
04:16Pas forcément entendus au sens où on en tire des règles sonantes et trébuchantes,
04:21mais en tout cas, ils font partie, ils rentrent à nouveau dans le champ républicain.
04:24Il faut raconter ce qui s'est passé hier.
04:26Il y a eu en coulisses ces histoires d'appels téléphoniques,
04:29et le RN qui a jubilé devant les médias, Étienne,
04:33parce que ça montrait clairement la mainmise sur le gouvernement.
04:35Effectivement, mais cette situation est devenue inextricable.
04:38Elle a été écrite à l'instant où Emmanuel Macron a choisi de ne pas nommer Bernard Cazeneuve à Matignon
04:45et de se tourner vers les Républicains pour construire cette coalition alternative avec Michel Barnier.
04:51Pourquoi ? Il y a la question de l'arc républicain et surtout en ce moment la question de l'arc parlementaire.
04:56À l'instant où Emmanuel Macron choisit de se reposer sur les Républicains et non sur le Parti Socialiste,
05:06s'il y avait eu les deux, ça aurait été différent.
05:09À l'instant où il choisit ça, il se met effectivement dans une dépendance arithmétique à l'égard du RN.
05:16Marine Le Pen peut choisir, c'est juste les chiffres de la composition de l'Assemblée.
05:22Elle peut choisir à tout moment de participer à une motion de censure de gauche et le gouvernement tombera immédiatement.
05:31La question maintenant, là on le sait, ça existera toujours.
05:35La question qui va se poser c'est où va s'arrêter cette dépendance ?
05:40Est-ce qu'on est simplement dans la considération, dans la consultation,
05:44ce sera de toute façon indispensable, inextricable, et l'embrouillamini d'hier a la montré,
05:51ou est-ce qu'on va plus loin ?
05:53Est-ce qu'on va dans des formes d'accords, des amendements RN qui pourraient être acceptés ?
05:59C'est toute la difficulté et le vice un peu de la situation,
06:03c'est jusqu'où va aller Marine Le Pen, jusqu'où elle va faire bisquer,
06:06jusqu'où elle va presque faire chanter la majorité du moment à l'Assemblée Nationale.
06:10C'est bien ça le problème, semble-t-il, le cœur du problème, et c'est ce que révèle cet épisode d'hier.
06:14Le fait est que dès lors que le Front Républicain n'existe pas à l'Assemblée Nationale et au sein du gouvernement,
06:20arithmétiquement, tout le monde dépend de l'extrême droite.
06:23A commencer par le gouvernement, par Michel Barnier, mais aussi d'ailleurs la gauche,
06:27qui ne peut faire passer une motion de censure que si elle recueille les voix du Rassemblement National.
06:31Donc c'est vrai que les responsabilités, on va dire, sont partagées.
06:34Emmanuel Macron avait pas très envie, visiblement, de nommer Bernard Cazeneuve,
06:37et les socialistes, de toute façon, ont tout fait pour plomber l'hypothèse de Bernard Cazeneuve.
06:41Maintenant qu'on est dans cette situation, ce qui est frappant, ce qui est incompréhensible,
06:46sur le fond, je pense, pour une large partie des électeurs,
06:48c'est qu'on soit passé en deux mois et demi du Front Républicain à l'intégration du RN au sein de l'arc républicain.
06:53Parce qu'Antoine Armand, la position qu'il a défendue hier, le ministre de l'Économie,
06:57c'est exactement celle qui a prévalu au second tour des élections législatives.
07:00C'est bien pour ça que s'était bâti un Front Républicain.
07:02Et là, le problème se pose, me semble-t-il, sur cette évolution au bout de deux mois et demi,
07:05davantage pour les macronistes que pour LR. Pourquoi ?
07:08Parce que LR, à l'époque, d'ailleurs, n'avait pas explicitement appelé à la constitution du Front Républicain,
07:12même si la droite en a profité dans les urnes, elle aussi.
07:15Alors que les macronistes étaient très clairement favorables au Front Républicain.
07:20Dès lors, d'où tirent-ils aujourd'hui leur légitimité, les ministres macronistes ?
07:24Est-ce que c'est de la cohérence politique, en quelque sorte, et de la fidélité à leurs engagements ?
07:30Ou est-ce que c'est de la solidarité gouvernementale, et donc la solidarité avec Michel Barnier,
07:35quelles que soient les positions qu'il prend ?
07:37Juste un exemple, il y a quelques jours, Agnès Pannier-Runacher,
07:40ministre de la Transition écologique, a expliqué qu'elle s'opposerait à un éventuel nouveau texte
07:46sur l'immigration porté par Bruno Retailleau, si jamais c'était la position du groupe Ensemble,
07:51présidé par Gabriel Attal, à l'Assemblée Nationale.
07:54Donc elle fait passer la fidélité au groupe Ensemble avant la solidarité gouvernementale.
07:58Ça, c'est du jamais vu. Et c'est là qu'on voit que cette coalition est extrêmement fragile.
08:02Et juste un dernier point, tout le monde tombe, et au premier chef surtout, Michel Barnier,
08:06dans le piège grossier de Marine Le Pen.
08:08Est-ce que pourquoi consulter absolument les députés RN sur la situation budgétaire ?
08:12Est-ce que ça veut dire que le RN va éventuellement voter le budget ?
08:15Donc le RN lui-même ne se dit plus dans l'opposition, il est dans l'opposition.
08:19Il n'y a aucune contrainte pour le gouvernement en place de consulter tous les députés d'opposition
08:25sur tous les sujets, quels qu'ils soient.
08:27Elle, elle dit que c'est une manière de respecter les 11 millions d'électeurs qui ont voté pour elle.
08:30Deuxième piège grossier, est-ce que lorsque la gauche, par exemple, ou le RN,
08:34attaque, et parfois très durement, Emmanuel Macron,
08:37on accuse ses partis d'insulter les électeurs du chef de l'État ?
08:40Pas du tout. Marine Le Pen se victimise au point d'expliquer que l'attaquer,
08:45attaquer son programme, attaquer ses partis, les dirigeants de son parti,
08:49ce serait mépriser ses électeurs.
08:51Il y a une forme de totem d'immunité, un peu comme dans Koh-Lanta,
08:54que brandit à chaque fois Marine Le Pen.
08:56On peut très bien contester et combattre le RN, sans insulter bien sûr ses électeurs.
09:01Oui, après, elle ne boudait pas son plaisir, c'était inespéré quand même.
09:07Je pense qu'Antoine Armand, qui a un parcours brillant,
09:13qui a une tête très bien faite, qui vient tout juste de fêter ses 33 ans,
09:17je pense qu'il rentre aussi de plein pied dans la politique,
09:20et que ça aurait été assez simple de se débarrasser de ce sparadrap.
09:26Parce qu'en plus il a fait une démonstration...
09:28Pardon, mais lui, il est logique.
09:30Parce qu'il faut rappeler que lui, il a été élu député grâce au Fonds républicain.
09:33Donc sa déclaration d'hier matin, elle est logique.
09:35De son point de vue, il est logique.
09:37Sauf qu'il fait la démonstration, si on écoute bien l'interview,
09:40que finalement la porte reste grande ouverte, celle de Bercy, aux élus insoumis,
09:44qui sont, parce qu'élus, admis dans l'arc républicain.
09:48Et puis il fait la démonstration inverse pour les élus RN.
09:51C'est là où ce n'est pas très cohérent.
09:53Encore une fois, il n'avait qu'à écouter le chef de l'État lundi,
09:56au premier conseil des ministres et éventuellement son premier ministre,
09:59pour comprendre qu'il faut respecter toutes les sensibilités,
10:03que toutes les forces politiques ont le droit d'être consultées.
10:06Après, on ne suit pas leur avis ou pas, peu importe.
10:09Je pense que ce n'est pas cette stratégie-là qui est peut-être un peu choquante.
10:13C'est d'avoir formalisé ça par un coup de téléphone à Marine Le Pen
10:17et qui donne le sentiment que ce que beaucoup pensaient,
10:21c'est elle qui est en train de dicter la politique à Matignon.
10:25Et que c'est, en quelque sorte, le chef de la majorité,
10:28enfin le chef, en tout cas, du gouvernement.
10:30On va voir l'attitude des macronistes.
10:32Parce qu'on sait que cet épisode a créé des remous dans le camp présidentiel.
10:35Vous avez dit que le président a dit qu'il fallait écouter tout le monde.
10:37Ce n'est pas ce que disent les troupes, les députés.
10:40Donc on va suivre ça.
10:42En attendant, il est 9h16 sur France Info.
10:44Et c'est le Fil Info de Marine Souniard.
10:46Le Conseil de Sécurité de l'ONU se réunit en urgence aujourd'hui
10:50puisque les affrontements entre l'ESBOLA et Israël se poursuivent.
10:53Troisième jour consécutif de raids israéliens sur le Liban.
10:56Ils ont déjà fait plus de 500 morts ces derniers jours.
10:59L'ESBOLA a pour la première fois aussi visé ce matin Tel Aviv.
11:02Le QG du Mossad, les renseignements israéliens.
11:05Le missile a été intercepté, nous dit sur France Info,
11:08le porte-parole de l'armée israélienne
11:10qui n'exclut pas une intervention terrestre au Liban.
11:13Le Sénat soutient le gouvernement de Michel Barnier.
11:16C'est le président de l'institution, le républicain Gérard Larcher,
11:19qui l'affirme ce matin.
11:21Michel Barnier qui reçoit la chef de file de la CGT, Sophie Binet ce matin.
11:25Foodwatch ne veut rien lâcher.
11:27L'ONG va déposer deux nouvelles plaintes contre Nestlé et le groupe Alma.
11:31Elle les accuse d'avoir utilisé des traitements interdits sur leurs eaux en bouteilles.
11:35Affaire dévoilée par la cellule Investigation de Radio France.
11:38Il y a quelques jours, Nestlé a scellé un accord financier avec la justice
11:42pour éviter un procès.
11:44Le début de la campagne européenne pour l'OGC Nice.
11:46Les niçois reçoivent la Real Sociedad
11:48pour un match de Ligue Europa de football.
11:50Début de la rencontre à 21h ce soir.
12:04Les informer continue avec Alix Bouiaguet, éditorialiste politique à France Info TV
12:08avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express
12:11et Renaud au sein même du gouvernement.
12:13Donc les premières tensions aussi entre l'intérieur et la justice.
12:16Un duel semble se mettre en place entre d'un côté le ministre de l'Intérieur,
12:19Bruno Retailleau, chef de file de l'aile droitière du gouvernement
12:23et puis Didier Migaud, le ministre de la Justice,
12:26seul ministre issu de la gauche dans ce nouveau gouvernement
12:30et qui occupe le deuxième rang dans l'ordre de la hiérarchie gouvernementale.
12:35Le premier, Bruno Retailleau, a accusé dès sa nomination la justice
12:40de faire preuve de laxisme, déplorant l'inexécution des peines, dit-il,
12:44qui peuvent mener à l'ultra-violence.
12:46Il s'appelait d'ailleurs à des modifications législatives pour changer la politique pénale.
12:50Didier Migaud lui a rappelé que c'était lui, le ministre de la Justice.
12:54Il a écarté cette accusation de laxisme de la justice
12:57et il a ajouté qu'il transmettrait un certain nombre d'informations
13:01à son collègue de l'Intérieur pour qu'ils parviennent à travailler ensemble.
13:04Alors, qui a raison ? Y a-t-il effectivement une défaillance de la justice
13:08dans l'exécution des peines ? La réponse ce matin sur l'antenne de France Info
13:11d'Aurélien Martini, qui est vice-procureur du tribunal judiciaire de Melun
13:14et secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats.
13:18La mise à exécution des peines d'emprisonnement ferme, il est de 93% en France.
13:23Donc ce taux, il est important.
13:24La difficulté, elle est de deux ordres.
13:26D'abord, c'est sur le temps qu'on met à mettre à exécution ces peines
13:29puisque hors exécution immédiate, le délai, il est de 14 mois.
13:32C'est un délai qui peut être parfois trop long,
13:34mais ça, ça renvoie à la capacité de l'institution judiciaire à répondre rapidement.
13:38Vous avez des référentiels sur la charge de travail des magistrats
13:40qui ont été rendus par la chancellerie,
13:42qui, en projection, disent qu'il faudrait en France
13:4520 000 magistrats pour faire correctement le travail, contre 9 000.
13:48Je pense que ça peut être une priorité d'action nationale.
13:52Il faut donner les moyens à la justice de travailler.
13:54On sait qu'Éric Dupond-Moretti se targue à raison
13:56d'avoir obtenu une nette augmentation du budget lors de son passage place Vendôme.
14:00Est-ce que c'est toujours un problème de moyens
14:01qui peut parfois poser cette question des délais ?
14:04Est-ce qu'en revanche, l'exécution des peines,
14:06elle atteint un niveau tout à fait correct ?
14:10Et puis, au-delà de ça, est-ce que ce duel qui se met en place
14:12entre le ministre de l'Intérieur et celui de la Justice,
14:14ce n'est pas finalement une figure assez récurrente des gouvernements
14:17comme on peut la connaître depuis déjà plusieurs décennies ?
14:20Étienne Girard, d'abord sur l'exécution des peines, c'est un faux procès ?
14:23Alors, il y a un problème de moyens, en réalité, même dans l'exécution des peines.
14:28Les peines de prison ferme, elles sont prononcées, elles sont exécutées.
14:31Il y a ce phénomène des remises de peines qui est devenu habituel.
14:35Les magistrats appliquent la loi, en réalité,
14:38les remises de peines, elles se font aussi parce qu'il n'y a pas assez de places en prison.
14:41Les 15 000 nouvelles places en prison, on les attend toujours.
14:45C'était annoncé, c'était à la fin du quinquennat de François Hollande,
14:49me semble-t-il, et elles ne sont toujours pas arrivées.
14:52Tant que le législateur, et ensuite dans l'exécution des politiques publiques,
14:57les ministères ne mettent pas en œuvre les principes,
15:01parfois, qu'ils professent lors de discours,
15:03si on décide qu'il va falloir emprisonner davantage de gens,
15:07d'accord, c'est une décision politique,
15:09il faut faire en sorte que ce soit possible.
15:12Les magistrats, ils ne font pas de politique,
15:14ils appliquent la loi selon les moyens qui sont à leur disposition à l'instant T,
15:21d'où les remises de peines qui sont parfois critiquées.
15:24Donc là, 20 000 magistrats seraient nécessaires pour appliquer correctement la loi,
15:29on en a 9 000 aujourd'hui, on en est loin donc, Alex.
15:32Oui, on en est loin.
15:33Mais c'est vrai que ce qui se passe aujourd'hui, depuis 24 heures,
15:38avec cette espèce d'embrasement, ce duel police-justice,
15:40c'est vrai que c'est vieux comme la Ve République,
15:42c'est un grand classique.
15:44Rares, quand même, sont les duos qui ont bien fonctionné.
15:47Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti,
15:50ils ont fini par trouver leur marque,
15:52parce qu'ils s'entendaient bien,
15:53et puis aussi parce qu'Éric Dupond-Moretti,
15:55il est allé quand même vers un peu plus de fermeté à un moment,
15:58donc les deux hommes se sont trouvés,
16:00mais on se souvient de Badinter, de Fer, de Pasquois, Ménieri...
16:06Mais justement, c'est pas le jeu, en fait, de chaque ministre,
16:08que chacun défend son administration ?
16:10C'est le jeu, pour ce duel-là, ça c'est vraiment,
16:13on est dans le jeu classique, l'antagonisme pur.
16:16Là, c'est vrai que Bruno Retailleau, Didier Migaud,
16:19ils cumulent les handicaps.
16:21D'abord, ils ont une couleur politique différente,
16:24il y en a un qui vient de la droite,
16:26et de la droite dure, comme on dit,
16:28préparation, sécurité, l'ordre, l'ordre, l'ordre...
16:31De l'ordre, voilà, exactement.
16:33Et puis l'autre, qui vient des rangs socialistes,
16:36donc, d'ailleurs, on se demande,
16:38au moment de la conception du gouvernement,
16:40si c'était très malicieux ou très judicieux,
16:42plus exactement, de faire ce couple-là.
16:45On sait déjà que ça tiraille dans un couple,
16:47bon ben, là, on rajoute quand même de la difficulté.
16:49Et puis, la deuxième difficulté, me semble-t-il,
16:51c'est qu'ils sont chacun des symboles.
16:53Donc, Bruno Retailleau,
16:55c'est une forme de gage donné au Rassemblement national
16:58pour dire que la droite peut, elle aussi,
17:00mettre en place une politique forte sur ces sujets-là.
17:04Et puis, en revanche, Didier Migaud,
17:07qui vient de la gauche, c'est un symbole aussi,
17:09c'est la seule prise de guerre pour Michel Barnier.
17:13Et lui, il faut qu'il montre qu'il n'a pas vendu son âme au diable,
17:16qu'il reste quand même un homme de gauche.
17:18Donc, moi, je pense que là, chacun marque son territoire,
17:21parce qu'ils ont besoin de marquer les esprits,
17:24et que les deux sont quand même des hommes
17:27plutôt de dialogue et plutôt ouverts.
17:29Ils ont dit qu'ils se verraient bientôt.
17:31Je veux partir sur une petite honte optimiste
17:34en rappelant ce qu'a dit Didier Migaud.
17:36Nous arriverons à travailler ensemble.
17:38Nous avons des missions complémentaires.
17:40Donc, ce sera peut-être possible.
17:42– Vous êtes optimiste aussi, Roland ?
17:43– Le problème, c'est pas que chacun des ministres
17:45défende son administration.
17:46C'est normal que Bruno Retailleau défende les policiers
17:48et que Didier Migaud défende les magistrats.
17:50Le problème, c'est qu'un des deux ministres
17:52attaque l'administration de l'autre.
17:53C'est-à-dire que lorsque le ministre de l'Intérieur
17:55dénonce le laxisme de la justice,
17:56c'est une attaque envers les magistrats.
17:58Imaginez l'inverse.
17:59Imaginez que Didier Migaud se fende de main de déclaration
18:02pour dénoncer des brutalités excessives
18:04commises par certains policiers, par exemple.
18:06Le tollé serait considérable, à juste titre.
18:09Donc, que chacun défende son administration,
18:11encore une fois, c'est logique.
18:12Ensuite, il faut…
18:13C'est une figure, là, je rejoins ce que dit
18:15Alix Bouillaguet, récurrente.
18:16On se souvient, par exemple aussi, du duel
18:18entre Jean-Pierre Chevènement et Elisabeth Guigou,
18:21pendant un certain temps.
18:22Maintenant, il y a un vrai problème, me semble-t-il,
18:25d'orientation politique dans ce gouvernement.
18:27Et ça transparaît aussi à travers ce duel-là.
18:29Et on voit bien que Bruno Retailleau,
18:30il a un autre agenda.
18:31Il a un agenda politique derrière.
18:33Les multiplications des déclarations qu'il fait
18:35de façon extrêmement…
18:37sur un ton extrêmement belliqueux depuis sa nomination
18:39illustrent ce positionnement qu'elle tient
18:42et qu'on lui connaissait préalablement
18:43à sa nomination, bien sûr.
18:44Le problème, c'est que là, ça remet en cause aussi
18:47l'indépendance de la justice.
18:49C'est-à-dire que le garde des Sceaux
18:51ne commande pas directement
18:54telle ou telle décision judiciaire.
18:56Il y a un problème de moyens, c'est vrai,
18:59mais qui ne porte pas sur l'exécution des peines,
19:01mais plus, effectivement, sur le délai.
19:03Il faut rappeler quand même qu'il n'y a jamais eu
19:05autant de monde en prison aujourd'hui
19:06qu'on bat des records de surpopulation carcérale
19:08mois après mois,
19:10qu'il y a beaucoup plus aujourd'hui
19:11de peines de prison fermes décidées
19:13dans les tribunaux que c'était le cas
19:15il y a 20 ou 30 ans.
19:17Donc, pointer le laxisme judiciaire
19:20de façon caricaturale comme le fait Bruno Retailleau,
19:23je pense que c'est davantage des intentions politiques
19:24que réelles.
19:25Après, il faut juste distinguer cette polémique-là
19:27d'une autre polémique qui est en train de naître
19:29autour d'un tragique fait divers,
19:32c'est-à-dire le suspect du meurtre
19:35d'une jeune étudiante de l'université de Dauphine
19:37qui a été arrêtée et qui était lui-même,
19:39après avoir purgé sa peine, une peine,
19:41sous le coup d'une OQTF,
19:43obligation de quitter le territoire français.
19:44Et là, c'est vrai qu'il y a un problème
19:46d'exécution des OQTF,
19:48puisque je crois que c'est à peu près
19:49de l'ordre de 7 à 8% en France
19:51contre environ 40% en moyenne
19:52dans les pays des autres pays européens.
19:54Mais ça, c'est largement un problème administratif,
19:56ça dépend plus de la justice administrative
19:59et des préfets, l'exécution des OQTF,
20:01mais aussi bien sûr des accords
20:03avec les pays d'accueil.
20:04Donc là, on voit bien que la France
20:05ne peut pas décider toute seule.
20:06Il faut des laissés-passés consulaires
20:08pour que des pays acceptent de récupérer
20:10leurs ressortissants après qu'ils aient exécuté
20:12une peine en France, par exemple.
20:13Et là, il ne s'agit pas de pointer
20:15le sexisme judiciaire, pour reprendre le terme
20:17de Bruno Rotailleau, dans ce dysfonctionnement-là
20:19qu'il faut résoudre.
20:20Et là-dessus, sur les OQTF aussi,
20:22Bruno Rotailleau se montre très ferme,
20:24il dit « moi, je vais augmenter
20:26le taux d'exécution des OQTF,
20:28j'ai pas le choix, il faut que je le fasse,
20:30et pour ça, il faut que je parle
20:31aux pays du Maghreb, notamment. »
20:32Bon courage à lui, parce que ça...
20:34C'est un film, c'est-à-dire que
20:35Darmanin disait la même chose.
20:37Il a fait une tournée en plus.
20:38On a toujours entendu ça.
20:39En même temps, on ne peut pas se satisfaire
20:41d'une politique publique qui ne fonctionne pas.
20:43Donc évidemment qu'il faut remettre le sujet
20:45sur la table. Bon courage à lui, parce que ça dépend
20:47pas que lui, comme l'a expliqué Renaud,
20:49ça dépend vraiment
20:51de façon majoritaire
20:53d'accords diplomatiques.
20:54Et la question à laquelle on n'a toujours
20:56pas répondu, la vraie question en suspens,
20:58c'est comment faire plier
21:00l'Algérie et le Maroc, puisque
21:02il faut donner les pays
21:04avec qui les rapports sont compliqués
21:06sur cette question-là, pour qu'ils reprennent
21:08les ressortissants qui sont
21:10passibles et auxquels on a délivré
21:12une OQTF. Parce que si on ne le fait pas,
21:14il faut raconter aux gens comment ça se passe.
21:16L'avion décolle de France et
21:18il ne va pas atterrir parce qu'il n'a pas
21:20l'autorisation d'atterrir sur le territoire
21:22parce qu'il a à bord
21:24un ressortissant qui
21:26n'est pas reconnu et qui n'est pas désiré
21:28dans le pays d'accueil.
21:30Comment les faire plier ? Alors on a essayé
21:32d'arrêter les visas.
21:34Donc on dit aux Algériens, vous n'avez plus
21:36le droit de venir en France. On dit aux Marocains, vous n'avez plus
21:38le droit de venir en France. Ça a eu
21:40quelques effets, pas extrêmement
21:42spectaculaires. Ça ne marche pas forcément parce que ça ne touche pas la population
21:44en général. C'est forcément
21:46les personnes les plus haut placées.
21:48On n'a pas encore trouvé la recette
21:50miracle, peut-être dans la négociation
21:52en proposant aussi des choses à ces pays
21:54pour construire une autre
21:56relation. On va peut-être demander à ceux qui réussissent
21:58parce que visiblement on est quand même
22:00mal classés. Donc bon,
22:02il y a peut-être un moyen. On va voir comment Bruno
22:04Retailleau va essayer de s'y prendre aussi sur la question des
22:06OQTF. Merci beaucoup à tous les trois.
22:08Alex Bouillague, éditorialiste politique.
22:10L'interview politique, je le rappelle, c'est tous les matins
22:12à 7h45 sur France Info
22:14TV sur le Canal 27.
22:16Merci Etienne Girard, rédacteur en chef
22:18à L'Express, à lire cette semaine
22:20un dossier sur Kamala Harris
22:22et ses atouts face à Donald Trump.
22:24N'hésitez pas à lire L'Express
22:26puisqu'on le retrouve partout.
22:28Dans tous les bons kiosques de France, il faut
22:30vraiment pouvoir l'acheter parce que demain, on change.
22:32C'est le dernier jour.
22:34Il y a une petite braderie d'ailleurs.
22:37Merci beaucoup Renaud.
22:39Les informer du soir.
22:41C'est à 20h avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.

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