• il y a 8 mois
Plongée dans la tête de personnalités exceptionnelles avec Sylvie Chokron, neuropsychologue, chercheuse au CNRS, dont le nouveau livre sort après-demain en librairies : "Dans le cerveau de...", publié aux éditions des Presses de la Cité. 16 rencontres avec des personnalités extraordinaires, du pianiste André Manoukian au champion olympique de ski Edgard Grospiron, en passant par une reporter de guerre, un parfumeur, une aventurière... Elle a tenté de comprendre leur cerveau avec cette question : Sont-ils si différents de nous, les personnes beaucoup plus normales ?
Regardez L'invité de RTL Soir du 05 mars 2024 avec Julien Sellier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selier, Isabelle Choquet et Cyprien Sini. RTL bonsoir. RTL bonsoir à la deuxième heure avec votre troupe préférée
00:12 Cyprien, Isabelle, Alex Vizorek et notre grande invitée ce soir va nous permettre d'entrer dans la tête de personnalités exceptionnelles.
00:19 Bonsoir Sylvie Chocron. Bonsoir. Merci d'être avec nous. Vous êtes neuropsychologue
00:24 directrice de recherche au CNRS. Tout ça est très difficile à prononcer. Et votre nouveau livre sort cette semaine en librairie. Il est fascinant
00:31 "Dans le cerveau 2" publié aux éditions des presses de la cité.
00:35 16 rencontres avec des personnalités extraordinaires. Ça va du pianiste André Manoukian au champion olympique de ski Edgar Gropiron en passant par une
00:42 reporter de guerre, un parfumeur, une aventurière. Vous avez tenté de comprendre leur cerveau
00:46 avec cette question. Est-ce qu'ils sont si différents de nous, simple mortels, les personnes beaucoup plus normales ?
00:52 D'abord pourquoi cette idée des désentretiens ? Pour montrer qu'il y a des études très générales mais il n'y a quand même que des cerveaux
00:58 particuliers à la fin ? Vous avez tout compris, c'est exactement ça. Donc moi je suis chercheure et
01:02 clinicienne. Ce qui veut dire que je navigue en permanence
01:05 entre des études sur des groupes de sujets où on essaye de moyenner des cerveaux, de vous montrer comment le cerveau fonctionne, comment la mémoire
01:13 fonctionne. Et à côté de ça, moi j'ai des entretiens et je suis des patients individuels
01:18 et je sais à quel point chaque cerveau est différent. Et j'ai eu envie
01:22 vraiment de rentrer dans tous ces cerveaux qui me fascinaient et ça a été vraiment un plaisir.
01:27 Le cerveau, le grand public s'y intéresse, vous le dites d'ailleurs en
01:31 préambule du livre, depuis plusieurs années. C'est vrai que les neurosciences ont déboulé dans notre quotidien. On comprend comment fonctionne le cerveau des enfants
01:37 maintenant, ce n'était pas le cas il y a encore quelques décennies. C'est vrai que c'est fascinant.
01:39 Vous dites aussi qu'il y a beaucoup de fausses croyances. On entend souvent dire par exemple
01:43 l'humain n'utilise que 10% de son cerveau. Ça c'est vrai ou c'est une légende ? Alors c'est un
01:47 neuromythe. On peut traduire un mythe total sur le cerveau. Et d'ailleurs, si on utilisait que 10% de notre cerveau,
01:55 ce ne serait pas grave d'avoir un accident vasculaire ou une tumeur cérébrale ou quoi que ce soit. On aurait
01:59 90% qui reste pour prendre le relais. Ce n'est absolument pas le cas. Même quand on ne fait rien,
02:05 la majeure partie de notre cerveau est active. Ce qui veut dire que non, on utilise en permanence toutes les régions. 100% donc ?
02:13 Ah bah oui, beaucoup de régions de notre cerveau.
02:15 Pas vous ?
02:16 Non, je suis surpris. Moi, ça me semblait beaucoup.
02:18 On l'a dit, il y a des cas particuliers.
02:20 En revanche, c'est vrai qu'il y a encore énormément de choses qu'on ne sait pas, qu'on ne comprend pas sur le cerveau.
02:24 Bien sûr. Et c'est ça qui rend les choses fascinantes, que ce soit en tant que chercheur ou en tant que clinicien.
02:29 En fait, il faut savoir que la majeure partie de nos processus est inconsciente.
02:35 Ce qui veut dire que quand on essaye de modéliser le cerveau ou de faire fabriquer un cerveau artificiel,
02:42 c'est très difficile parce que 70 ou 80% de nos fonctions nous échappent.
02:49 Il y a quoi par exemple concrètement qu'on ne comprend pas ?
02:52 Que vous pouvez nous expliquer et qu'on comprenne du coup.
02:55 Ok. Alors, quand vous percevez, quand vous regardez autour de vous,
02:59 donc là vous avez l'impression que vous êtes conscient de tout ce que vous voyez.
03:02 Oui.
03:03 Voilà. Mais ce n'est pas du tout le cas.
03:05 Votre cerveau traite à votre insu des milliers d'informations en permanence.
03:10 Alors, je vous donne un exemple. Pendant qu'on se parle, vous sentez sans doute le sol sous vos pieds.
03:16 Mais si je ne vous en parle pas, si je n'oriente pas votre attention vers cette information, vous ne le sentez pas.
03:22 Ce qui veut dire qu'à votre insu, c'est traité dans votre cerveau.
03:25 Mais comme ce n'est pas pertinent au moment où on se parle, du coup cette information...
03:29 Voilà. On a des centaines de milliers d'auditeurs qui viennent de regarder leurs pieds.
03:32 C'est ça qui ne se fait pas mal !
03:34 Pour mieux comprendre nos cerveaux, vous entrez dans des têtes bien particulières.
03:38 Par exemple celle d'André Manoukian, le pianiste.
03:42 Pianiste très médiatique. Alors, vous posez en préambule cette question.
03:48 Est-ce que chez un virtuose, la musique modifie le cerveau ? Et la réponse ?
03:52 C'est oui.
03:53 C'est oui.
03:54 Exactement. Donc en fait, ce qu'on pense, c'est que le cerveau des grands musiciens a peut-être des prédispositions.
04:01 Il est peut-être un petit peu différent du cerveau du commun des mortels.
04:05 Mais ce qui est sûr, c'est que la pratique de la musique, et ça chez tout le monde, même si on n'est pas virtuose,
04:10 va modifier le cerveau, va améliorer des capacités cognitives.
04:15 Donc oui, la musique a un effet sur le cerveau très important.
04:18 Et pour nous...
04:19 Pas uniquement pour nous faire plaisir.
04:20 Et pour nous, mélomanes moyens, vous expliquez aussi que l'écoute de la musique...
04:23 Exactement.
04:24 Par exemple, celle qui groove comme celle-ci, André Manoukian avec Elena Nogueira.
04:32 Vous écrivez que ce type d'écoute active le circuit de la récompense.
04:36 Donc en clair, ça nous rend heureux, c'est ça ?
04:38 Exactement. Et pas uniquement.
04:39 Donc non seulement ça va libérer une hormone qu'on appelle la dopamine, qui est l'hormone du bonheur.
04:44 Donc ça va nous faire véritablement plaisir.
04:46 Ça active le circuit de la récompense.
04:48 Mais en plus de ça, il semblerait que le groove, justement, comme cet extrait que vous venez de passer, améliore nos capacités cognitives.
04:55 Donc vous allez me dire, comment est-ce qu'on sait ça ?
04:58 Il y a des chercheurs qui ont fait passer des expériences où ils ont mesuré les capacités attentionnelles du sujet
05:04 avant ou après avoir écouté ce type de musique.
05:07 Et ce type de musique booste les capacités attentionnelles.
05:10 Alex, quand on écoute Michel Sardou comme vous, est-ce que ça booste ou pas les capacités cognitives ?
05:15 Je pense, de la même manière.
05:16 Moi, je pense.
05:17 Moi, j'ai de la dopamine quand j'écoute Michel.
05:19 Alors c'est ce qu'il y a de plus important.
05:21 Il l'appelle Michel dans le bureau du début de l'après-midi.
05:24 C'est son pote.
05:25 Après le lien cerveau-oreille, on va parler du lien entre le cerveau et le nez.
05:29 Vous avez rencontré Francis Kirkudjan.
05:31 Il a créé des parfums pour Guerlain, pour Kenzo, pour Dior et pour très grands parfumeurs.
05:35 Vous nous expliquez que l'odeur est souvent associée aux souvenirs dans notre cerveau.
05:39 C'est la Madeleine de Proust, en fait.
05:41 Exactement.
05:42 En fait, la Madeleine de Proust, c'est exactement la preuve de l'effet des odeurs sur notre mémoire et nos émotions.
05:48 Alors, pourquoi est-ce que les odeurs sont tellement liées à notre mémoire et aux émotions ?
05:52 Parce que la région cérébrale qui gère les odeurs,
05:55 elle est exactement à côté du circuit de la mémoire et du circuit des émotions.
06:00 C'est pour ça que, par exemple, si vous retournez dans l'école de votre enfance
06:04 et que vous sentez l'odeur du tableau mouillé ou de la craie,
06:07 vous avez que les souvenirs d'enfance qui reviennent
06:10 parce que les odeurs, véritablement, sont ancrées dans notre mémoire.
06:14 Moi, je suis anosmique.
06:16 Je n'ai pas d'odorat, donc du coup, je ne vais avoir aucune sensibilité à la nostalgie de mon enfance.
06:21 Ah bah si, vous allez l'avoir avec d'autres modalités.
06:24 La vision...
06:25 Et qu'est-ce qu'il y a, là, dans l'espace dédié à ça, dans mon cerveau, à moi ?
06:28 Alors, moi, ce serait très intéressant de savoir...
06:30 Regardez !
06:32 C'est l'objet d'un prochain livre !
06:34 Voilà, voilà, un nouveau sujet.
06:36 Non, mais donc, ça peut être neuronal, vous pensez que c'est...
06:38 Entre le nez et le cerveau, il y a tout ce circuit.
06:41 Et donc, on peut perdre l'odorat du fait d'une atteinte du nez,
06:44 du fait d'une atteinte des voies qui vont entre le nez et les cerveaux,
06:47 ou du fait d'une atteinte cérébrale.
06:49 Vous avez toujours été anusmus ?
06:51 Je pense que c'est vraiment comme quelqu'un qui naît très aveugle, de la même manière,
06:54 parce que moi, je n'ai aucune sensation d'odeur,
06:57 donc j'en ai fait quelques tests, et je pense que ça doit être ça,
07:00 mais du coup, c'est assez rigolo, parce qu'il doit y avoir des compensations dans le cerveau.
07:03 Mais tu as le goût ! C'est ce que je voulais poser comme question.
07:06 Et le goût, il est sans doute altéré.
07:08 Le goût du kebab, sous ce goût.
07:10 Le goût doit être sans doute altéré, parce qu'effectivement...
07:13 Parce que le goût, c'est beaucoup d'olfaction.
07:15 Mais je n'arrive pas à vous le décrire autrement, parce que moi, mon goût...
07:17 Vous ne pouvez pas savoir. Je ne sais pas.
07:19 Donc vous, vous n'avez pas 100% du cerveau qui fonctionne.
07:21 Non !
07:23 On est arrivé !
07:25 Mais dans le cas précis de ce parfumeur star,
07:28 il est capable d'associer une odeur à un souvenir, un geste, une émotion,
07:31 de se souvenir où il était quand il a créé tel parfum,
07:34 alors qu'à l'inverse, vous racontez, dans la vie de tous les jours,
07:37 il a du mal à mémoriser les infos du quotidien.
07:39 Exactement.
07:40 Donc il a un cerveau très particulier.
07:42 Très particulier. Et donc, en fait, effectivement,
07:44 il a une plainte par rapport à sa mémoire,
07:46 qui est parfois d'avoir du mal à retenir des informations de base,
07:50 alors qu'il est capable, justement, d'évoquer de mémoire des odeurs,
07:54 ce que nous, on est...
07:56 Pour nous, c'est très difficile à faire.
07:58 On est incapable d'évoquer précisément l'odeur du canapé en cuir de tel endroit,
08:04 alors que lui, il a une représentation des odeurs qui est extrêmement riche.
08:08 Et à côté de ça, ça ne veut pas dire pour autant que sa mémoire,
08:11 que ce soit pour le langage ou pour des choses qu'il voit,
08:14 est aussi importante.
08:16 Et c'est exactement ça, ce que j'ai voulu montrer dans le livre.
08:18 C'est aussi l'exemple pour la peur.
08:20 Donc j'en parle avec le reportage.
08:22 On va en parler.
08:24 On va en discuter, effectivement.
08:25 On marche juste une petite pause, du coup, Sylvie Chocron,
08:27 vous restez avec nous, vous la neuropsychologue,
08:29 et on poursuit cette discussion fascinante dans un instant.
08:31 On va aussi entrer dans le cerveau d'Edgar Groupiron,
08:34 le champion de ski, juste après ça.
08:36 RTL, bonsoir.
08:40 Julia Selyé, Isabelle Choquet et Cyprien Signy, RTL, bonsoir.
08:44 Et la deuxième heure continue.
08:46 Notre grande invitée ce soir est la neuropsychologue Sylvie Chocron
08:49 pour ce livre "Dans le cerveau de 16 rencontres
08:52 avec des personnalités exceptionnelles pour mieux comprendre leur cerveau".
08:56 On évoquait Edgar Groupiron.
08:58 Pour ceux qui ne se souviennent pas de ce nom, petit rappel,
09:00 c'est notre instant vintage.
09:02 Mon idole.
09:07 Je suis rentré, je me suis retrouvé là,
09:09 j'ai entendu la marseillaise, le drapeau monter,
09:12 et j'ai refait tout le film de ma vie,
09:15 toutes les décisions que j'avais pu prendre,
09:18 tout le travail que j'avais pu faire,
09:21 et ces choix qui m'ont amené là, ce jour-là, sur ce podium,
09:26 c'était très bien.
09:28 Edgar Groupiron, champion olympique de ski de bosse à la maison,
09:33 effectivement, en 92, on était tout petits,
09:35 et on était baba devant la télé, nous Cyprien.
09:38 Il dit qu'il refait le film de sa vie en montant sur le podium,
09:41 et c'est intéressant, parce que dans vos entretiens,
09:43 on se rend compte que son cerveau est riche d'enseignement,
09:45 parce que dans le film de sa vie, il y a son enfance,
09:47 c'était un gamin qui n'avait aucune motivation,
09:49 alors vraiment pour la chose scolaire,
09:51 et qui à l'inverse, était capable de se dépasser totalement dans le sport.
09:54 Là aussi, la motivation, c'est dans le cerveau que ça se décide ?
09:57 Ah oui, bien sûr, il y a un circuit de la motivation,
09:59 qui est d'ailleurs intimement lié au circuit de l'attention,
10:02 au circuit de la mémoire, aux autres circuits,
10:05 parce qu'évidemment, on n'apprend jamais aussi bien
10:07 que si on est motivé, par exemple,
10:09 donc tout ça est très lié,
10:11 et ce qui est fascinant dans le cas d'Edgar Gros-Piron,
10:13 c'est qu'il raconte très bien qu'il n'a jamais réussi
10:16 à trouver la motivation pour des choses intellectuelles,
10:18 pour des choses éducatives à l'école,
10:20 qu'il s'est dépassé dès qu'il a commencé la compétition,
10:24 et maintenant, il est coach, et il est coach sur la motivation.
10:29 Et donc, du coup, il a accédé à toutes les connaissances intellectuelles
10:33 sur la motivation, par le biais du sport.
10:36 Et il y a eu effectivement une recherche...
10:37 C'est la porte d'entrée.
10:38 Exactement, il y a eu une recherche qui a été faite,
10:40 qui a montré que la motivation, ce n'est pas une entité,
10:42 et qu'on n'est pas motivé partout,
10:44 et que les grands sportifs peuvent être très motivés
10:47 pour le physique, mais pas du tout pour la chose intellectuelle,
10:50 et vice-versa. Et donc, voilà, tout n'est pas perdu.
10:53 Et visiblement, le sport, ça fait du bien au cerveau,
10:56 parce qu'il est passé de dysorthographique,
10:58 donc avec de gros problèmes en orthographe,
11:00 à un français parfait, à 22 ans,
11:02 sans vraiment comprendre ce qui s'était passé.
11:04 C'est mystérieux, ça, quand même.
11:05 Exactement, il n'a jamais vraiment su ce qui s'était passé.
11:08 Alors, il y a plein d'hypothèses possibles.
11:10 D'abord, il a continué à se cultiver après avoir pris confiance en lui,
11:14 justement, grâce au sport.
11:16 Et donc, peut-être qu'il a assimilé les choses différemment.
11:18 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il s'est métamorphosé,
11:21 sur le plan intellectuel et cognitif,
11:24 après s'être épanoui dans le sport,
11:27 et avoir raflé toutes ses médailles.
11:29 Dans un sport aussi dangereux, il y a la notion de peur.
11:31 La peur, vous l'explorez aussi avec la reporter de guerre Anne Poiret,
11:34 qui a vu pouvoir être terrifiée en dormant toute seule dans un appartement.
11:37 Parce que, contrairement à ce qu'on pense,
11:39 c'est ça qu'on découvre dans votre livre.
11:41 Ces reporters, ces sportifs, ces funambules, ces alpinistes,
11:43 ils connaissent la peur, eux aussi.
11:45 Mais c'est juste qu'ils se préparent minutieusement pour l'affronter,
11:48 pour la gérer, en quelque sorte.
11:50 Exactement.
11:51 Donc, en fait, on pense toujours, quand on voit un funambule,
11:53 ou quand on pense à un reporter de guerre,
11:55 on se dit "mais moi je pourrais jamais être à sa place,
11:57 mais comment est-ce qu'il fait pour ne pas avoir peur ?"
11:59 Et en réalité, ils apprivoisent la peur,
12:01 ils ne ressentent plus la peur,
12:03 parce qu'ils ont surpréparé ce qu'ils doivent faire.
12:06 Et donc, tout est tellement calibré, automatisé,
12:10 que finalement il n'y a plus de place pour la peur.
12:12 Ce qui fait qu'il y a des chercheurs qui se sont demandés,
12:15 est-ce que véritablement, le courage peut être...
12:19 On peut parler de courage chez quelqu'un qui n'a plus peur.
12:22 Quel est le lien finalement entre la peur et le courage ?
12:25 Peut-être que le courage, c'est quand on ressent encore la peur...
12:28 Et qu'on y va quand même.
12:29 Voilà.
12:30 J'ai peur, mais j'y vais quand même.
12:31 Exactement.
12:32 Est-ce que toute peur est maîtrisable ?
12:33 Si on a peur de l'avion, du vide, des araignées,
12:36 on peut...
12:37 Comment gérer son cerveau, justement, pour la franchir le pas ?
12:40 Alors, vous savez, maintenant, il y a plein de thérapies
12:42 qu'on appelle des thérapies cognitives.
12:44 Et on modifie son cerveau, en fait ?
12:46 Le but, c'est vraiment de travailler sur votre représentation de la peur,
12:49 sur ce que vous ressentez pendant la situation qui vous fait peur,
12:51 pour essayer de parvenir à la dépasser.
12:54 Donc, ça ne veut pas dire que tout le monde y arrivera,
12:57 mais on peut en tout cas essayer de...
12:59 Alors, je vous donne un exemple tout bête,
13:01 qui est mon exemple personnel, pendant que je suis là chez vous.
13:04 Donc, je pourrais me dire que j'ai très peur, et c'est vrai.
13:07 Mais je peux me dire aussi qu'être là avec vous ce soir,
13:10 c'est une occasion unique, qui ne se représentera pas.
13:12 Et je peux transformer la peur en du plaisir d'être là avec vous.
13:16 Et donc, je peux reconditionner mon cerveau
13:18 pour qu'il profite de ce moment-là, plutôt que d'avoir peur.
13:21 Alors justement, il y en a d'autres qui ont peur en ce moment,
13:23 c'est les joueurs du PSG, par exemple.
13:25 Non, parce que là, ils jouent en huitième de finale de Ligue des Champions
13:28 face à la Real Sociedad.
13:29 Et les joueurs du PSG, ils ont comme un blocage à chaque fois en Ligue des Champions,
13:33 quand les matchs à élimination directe arrivent.
13:35 Qu'est-ce qui se passe dans leur cerveau à chaque fois, pour que ça soit comme ça ?
13:38 Parce qu'on ne devrait même pas parler d'une possible défaite ce soir,
13:41 ils sont supérieurs à l'équipe d'en face.
13:42 Mais c'est psychologique ?
13:44 Alors, peut-être que ce qu'ils ont mémorisé,
13:46 c'est la situation dans laquelle ils sont après avoir échoué,
13:50 après avoir perdu un match.
13:52 Et que cette image-là, qui se présente devant eux
13:56 à chaque fois qu'ils vont jouer ce type de match,
13:58 suffit à les paralyser, à leur faire peur.
14:00 Parce que c'est cette sensation qu'ils ne veulent pas connaître à nouveau.
14:03 Ça devient obsédant, en fait.
14:04 Et c'est le cerveau qui s'en empare.
14:05 Exactement, c'est peut-être la seule chose,
14:07 la seule représentation que le cerveau a de ce type de match.
14:10 Ça rejoint un petit peu ce que vous écrivez sur l'optimisme.
14:13 Il y a tout un chapitre sur l'optimisme,
14:15 et un autre sur la résilience.
14:16 Il y a des cerveaux qui sont prédisposés à être heureux,
14:20 je dirais, quand on est optimiste, quand on sait être résilient.
14:23 Oui, parce que quand j'ai lu ça, je ne me suis pas reconnu.
14:25 Optimiste, là, je me suis dit, tiens, ça lui a pas parlé à moi, oui.
14:28 Alors, moi je pense que c'est un petit peu comme la musique.
14:31 C'est-à-dire qu'effectivement, il y a peut-être des prédispositions,
14:35 mais à vrai dire, je pense que le poids le plus important,
14:37 c'est le poids de l'éducation, le poids de la culture.
14:40 Donc le chapitre sur la résilience,
14:42 je l'ai fait avec un monsieur extraordinaire,
14:44 qui s'appelle Nathan Diamant, qui est vraiment extraordinaire,
14:46 et qui raconte très très bien que,
14:49 en 1942, il a dû quitter ses parents,
14:52 et qu'on l'a placé dans une famille pour survivre,
14:55 pendant la guerre, pour se cacher, parce qu'il était juif.
14:58 Sa mère lui a dit, ne t'inquiète pas, on se retrouvera,
15:01 je t'aime toujours, ces gens vont bien s'occuper de toi.
15:04 Et il décrit ces années-là comme des années extrêmement douces.
15:07 C'est-à-dire qu'on l'a aidé à développer cet optimisme.
15:11 François Saltiel, qui est le chapitre sur l'optimisme,
15:14 décrit très bien que c'est devenu une philosophie de vie,
15:17 qui provoque presque les situations.
15:19 - Qui s'entraîne à l'optimisme. - Le choix sûr d'être heureux.
15:22 - Parce qu'il est sûr qu'il va se garer devant le... - Exactement.
15:25 - Du coup il y arrive. - Et il y arrive à chaque fois.
15:27 - C'est fantastique. - Exactement.
15:29 - Dans quelques secondes, on va passer à la recette du jour,
15:31 dans cette émission, avec la guinguette de notre Angèle Nationale,
15:33 qui vient de s'asseoir. Je voudrais juste évoquer avec vous
15:35 les bienfaits de la cuisine sur notre cerveau.
15:37 Parce que vous dites qu'on se concentre, qu'on crée,
15:39 qu'on multiplie les tâches, en même temps on laisse son esprit vagabonder.
15:42 Ça veut dire que c'est bon de cuisiner pour nos têtes,
15:45 on est heureux comme Angèle après, c'est ça ?
15:47 - Mais tout à fait ! Alors en fait, voilà, moi je milite aussi
15:49 pour expliquer aux gens qu'on ne fait pas travailler son cerveau
15:52 uniquement en faisant des sous-docs, des mots croisés, des mots fléchés.
15:55 Toutes les tâches de la vie de tous les jours font travailler le cerveau,
15:58 et la cuisine est un excellent exemple.
16:01 Parce qu'on doit garder en tête les mesures, les ingrédients,
16:05 ce qu'on a mis au four, et pendant ce temps-là on fait autre chose.
16:08 Donc on est multitâche, ça demande beaucoup d'attention,
16:11 ça demande beaucoup de précision aussi en termes de gestes.
16:14 Et donc la cuisine c'est une activité très complète et très cognitive.
16:18 Donc oui, ça fait travailler le cerveau.
16:20 - Donc on va faire du bien à notre cerveau maintenant dans RTL.
16:23 Bonsoir Sylvie Chocron, vous restez avec nous, vous la neuropsychologue,
16:25 notre grande invitée de la deuxième heure.
16:28 Dans le cerveau 2, votre livre sort cette semaine.
16:30 Comme promis, la cuisine arrive.
16:32 C'est bon pour nos têtes, chère Angèle, fais remarque.
16:34 Bonsoir. - Bonsoir.
16:36 - Et ce soir, on va dans votre guinguette pour faire du bien à notre corps aussi.
16:39 - Ce soir, on mange des granolas. Parfait pour le petit déjeuner, pour un encadre.
16:43 - C'est ma passion, j'adore ça. - Sucré ou en sec.
16:45 - On va aussi écouter de la musique, puisque ça active visiblement le circuit de la récompense.
16:49 La playlist de Steven Bellery. Salut Steven !
16:51 - Bonsoir à tous, on adore la récompense. - On écoute qui ?
16:53 - On va rendre hommage à Jean-Pierre Bourtère,
16:55 qui nous a quitté, immense compositeur de mélodies populaires.
16:57 On va écouter une nouvelle création de Mathieu Chédide
16:59 et la nouvelle chanson de Pachi Garra.
17:01 - Allez à tous. - Salut Pachi !
17:03 RTL Bonsoir
17:05 [SILENCE]

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