• il y a 9 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous ! Bonsoir Philippe Devilliers !
00:05 Bonsoir Elliot.
00:06 La musique de la Ligue des champions, Geoffroy Brunet !
00:11 C'est génial, on devrait la mettre toutes les semaines.
00:13 Moi ça me met des frissons.
00:14 C'est Haendel non ?
00:15 Mais vous connaissez tout, c'est pas possible.
00:18 Je crois que c'est Tony Britton qui a pris Haendel et qui l'a adapté.
00:25 Extraordinaire.
00:26 Vous m'avez scotché.
00:28 J'allais vous parler du Paris Saint-Germain.
00:29 Vous voulez que je vous donne mon pronostic ?
00:31 Attendez, j'annonce aux téléspectateurs.
00:33 Le Paris Saint-Germain va affronter votre club de coeur, le FC Barcelone en Ligue des champions.
00:39 Ce sera à suivre sur les antennes de Canal+.
00:42 Match allé au Parc des Princes, match retour à Barcelone.
00:45 C'est la sixième fois en douze ans que les deux clubs s'affrontent.
00:48 La cinquième en phase d'élimination directe sur les douze dernières années.
00:51 Vous êtes un fan de foot.
00:53 Vous adorez ça le ballon rond, Philippe Devilliers.
00:56 Je peux même vous raconter une anecdote.
00:58 Allez-y.
00:59 Un jour, mon ami Jean Brouchard, qui était footballeur avec moi dans l'équipe de l'Etoile sportive de Boulogne,
01:06 dans les années 70, avec Bertrand, on est partis tous les trois pour voir un match au Camp Nou.
01:14 Et on s'est retrouvés là-bas et on est tombés sur le vice-président qui m'a reconnu.
01:20 Et il dit on va vous faire visiter la Masia.
01:22 Le lendemain matin, on a visité la Masia.
01:25 Et là, je suis tombé sur Lionel Messi.
01:28 Non.
01:29 Et alors, il s'est passé une scène tout à fait étrange.
01:33 Lionel Messi m'a dit mais je vous reconnais.
01:36 Et je lui dis ah oui, mais non.
01:39 Donc, il m'a connu comme ministre, etc.
01:43 Il dit pas du tout.
01:45 C'est bien vous l'ancien numéro cinq de l'Etoile sportive de Boulogne dans les années 70.
01:52 Il vous a dit ça en catalan ?
01:55 Il y a une histoire vraie par contre, c'est que vous avez un maillot du FC Barcelone dans votre bureau,
01:59 dédicacé par le président de l'époque.
02:01 C'est là qu'il m'a dédicacé le maillot.
02:02 C'est vrai, je l'ai vu de mes yeux, je peux témoigner.
02:04 Philippe de Villiers, certes, vous avez le maillot du Barça,
02:07 mais début avril, vous le Patriote, le Français, vous allez soutenir le Paris Saint-Germain.
02:12 On va voir si Mbappé joue une mi-temps.
02:16 Vous voyez, je pose une question, hop, il passe à côté.
02:20 Vous avez un pronostic ?
02:22 Non, mais bon, on ne va pas jouer à ça, c'est plus le même Barça.
02:26 Ah, vous avez peur, Philippe !
02:30 Lewandowski, c'est plus le Lewandowski de Bayern, etc.
02:36 C'est une nouvelle équipe, avec que des jeunes.
02:39 Il faut quand même que Paris se méfie, parce qu'il y a un savoir-faire, un savoir jouer.
02:45 Et souvent en Ligue des Champions, les clubs espagnols jouent avec l'arbitre, à 12 contre 11.
02:50 Et en plus, il y a une chose que vous ne voyez pas, mais comme je connais bien le Barça,
02:54 je sais qu'entre Luis Henrique et Xavi, il y a une vraie, vraie amitié solide.
03:01 Et à mon avis, ça va se traiter ailleurs que sur le terrain.
03:05 Vous imaginez les téléspectateurs, les 700, 800 000 téléspectateurs qui nous regardent ?
03:09 Qu'est-ce qui se passe face à Philippe de Villiers, face à la Ligue des Champions ?
03:13 Retour de 20h foot !
03:15 Je prépare ma reconversion, parce que quand l'ARCOM...
03:17 Ah bah oui ! Non mais là, Reporters sans frontières, ils sont en train de trembler !
03:20 Quand l'ARCOM voudra me liquider de l'émission, j'irai rejoindre le service d'Espaceport.
03:30 Avec Jacques Vandrouw, par exemple, sur le rempart ?
03:32 Avec Jacques Vandrouw, oui.
03:34 Jean-François Perez !
03:36 Mais attendez, parce que là, on est en train de gaspiller du temps.
03:38 Non, ça fait du bien !
03:40 En fait, je voulais vous dire quelque chose. Ce soir, je suis ému, tendu.
03:46 Oh !
03:47 Parce que j'ai conscience d'être avec deux personnalités.
03:52 Le directeur de la rédaction du journal du dimanche, et le rédacteur en chef de CNew.
04:01 Lundi !
04:02 Oui, mais promu !
04:04 Eh bien merci, Philippe de Villiers !
04:06 Promu !
04:07 On regarde le match de Ligue des Champions ensemble, début avril ?
04:10 Je suis partant. Peut-être qu'on va boire le champagne, non ?
04:13 On verra. Avec modération toujours, Philippe de Villiers, on en vient aux choses un peu plus sérieuses.
04:19 L'une des plus prestigieuses écoles de France est au cœur d'une polémique.
04:24 On parle de Sciences Po.
04:25 Une étudiante, membre de l'Union des étudiants juifs de France, explique s'être vu refuser l'entrée d'un amphithéâtre
04:30 alors qu'une manifestation pro-palestinienne s'y tenait.
04:33 Le UEJF dénonce des propos antisémites contre cette étudiante. Le comité palestine de Sciences Po réfute ces accusations.
04:39 Beaucoup de réactions politiques, notamment le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a réagi.
04:43 "Sciences Po ne peut devenir un bunker islamo-gauchiste".
04:47 Le Premier ministre s'est d'ailleurs rendu sur place. La justice s'est saisie du dossier.
04:52 Philippe de Villiers, première question. Est-ce une affaire d'État ?
04:56 Oui, c'est une affaire d'État, et pour plusieurs raisons qui se superposent.
05:03 La première raison, c'est que pour qui a connu Sciences Po, comme moi, il n'y a plus de drapeau français.
05:11 Il y a des drapeaux étrangers, et en l'occurrence le drapeau palestinien.
05:16 Et surtout, voici que l'antisémitisme violent, vénéneux, vient se loger au cœur d'un haut lieu du civisme français.
05:31 Mais il y a une autre raison, c'est que Sciences Po est devenu, en 20 ans,
05:37 le miroir grossissant du mal qui ronge l'université française, islamo-gauchisme.
05:47 En fait, dans de nombreuses facultés, sans qu'on le sache, sans qu'on en fasse grand cas, parce qu'on s'y habitue,
05:56 il y a des réunions genrées, interdites aux hommes. Il y a des réunions racisées, interdites aux blancs.
06:04 On en est là dans l'université française. Et Sciences Po est devenu, en quelques années, le temple de l'islamo-gauchisme.
06:14 Qu'est-ce qui s'est passé ? Eh bien, on a eu un directeur en 2001, Richard Descoings, un nouveau directeur,
06:23 qui a acclimaté, c'était à la mode à l'époque, c'était les années Sarko, la discrimination positive.
06:30 Tout le monde faisait de la discrimination positive. Qu'est-ce que c'est la discrimination positive ?
06:35 Il arrête l'épreuve de culture générale, il arrête le concours d'entrée, il le remplace par une étude sur dossier,
06:48 et il conclut des conventions avec les zones d'éducation prioritaires, donc la banlieue.
06:53 Et donc on entre à Sciences Po depuis cette époque, non pas en fonction des résultats, en fonction des résultats d'un concours,
07:03 en fonction de son mérite, mais en fonction de son origine ethnique.
07:07 Si vous êtes de Saint-Denis, vous avez plus de chances d'entrer à Sciences Po que si vous êtes de Vendée.
07:12 Voilà où on en est. Donc en fait, c'est devenu une école multinationale, multiculturelle, qui s'est effondrée sur elle-même.
07:21 Geoffroy Lejeune.
07:23 Vous l'avez dit, vous avez été étudiant à Sciences Po, mais la question que j'ai envie de vous poser, c'est est-ce que vous reconnaissez votre école ?
07:29 C'était quoi Sciences Po quand vous avez fait Sciences Po ? Qui étaient vos camarades étudiants ?
07:34 Qu'est-ce que vous veniez apprendre dans cette école ? Qu'est-ce que vous y avez appris ?
07:37 Qui étaient vos professeurs ? Et à quoi servait cette école pour ce qui ensuite a été les élites françaises ?
07:46 Alors, moi je suis un ancien Sciences Po diplômé en 1973. Donc j'ai passé trois ans à Sciences Po.
07:55 Pour vous répondre à votre question, l'amphithéâtre Émile Boutny qu'on vient d'apercevoir, je le connais bien.
08:07 J'y ai passé des heures et des heures. Et ça me rappelle le mot de Georges Bidot qui disait "le cours magistral ne se justifie que s'il est magistral".
08:17 Et là, moi j'ai appris ce que c'était que le cours magistral.
08:20 Et les profs, pour répondre à la question, c'était René Raymond, c'était Raymond Barre en économie,
08:27 c'était Patrick Vachemain dans "L'essent international", Max Gallo,
08:32 et je peux même raconter une anecdote très brève. Il y avait le fameux André Siegfried.
08:40 Il arrive avec son cartable, il est sur l'estrade, les élèves sont debout, il dit "asseyez-vous".
08:46 Il ouvre son cartable à double volet, il sort son polycopier et il dit "bon, aujourd'hui nous allons étudier l'histoire de l'Angleterre".
08:53 Mesdames et Mesdemoiselles, Messieurs, l'Angleterre est une île. Il reçoit son polycopier et il dit "j'ai terminé".
09:02 C'est fantastique. Et je vais plus loin, en fait, Sciences Po est né avec le roman national, en même temps, après la défaite de 1870.
09:13 Donc en 1871, Émile Boutmy s'est entouré des meilleurs. Alors il y avait François Guizot, il y avait Hippolyte Taine et Ernest Renan, excusez du peu.
09:24 Et l'idée c'était de fabriquer une élite rayonnante, une nouvelle élite pour la France, qui fasse rayonner la France.
09:32 Et à l'époque, de mon temps encore, parce que ça existe encore, je ne sais pas, il y avait un logotype qui représentait un lion et un renard.
09:43 Et en fait c'était tiré ce logotype du prince de Machiavel, qui disait, il faut que le prince ait auprès de lui un lion et un renard.
09:58 Parce que le lion ne peut pas se défendre des filets et le renard a peur du loup.
10:09 Il faut donc un renard pour connaître les filets et un lion pour faire peur au loup.
10:17 Si le prince manque l'un ou l'autre, il ne sera jamais vraiment le prince.
10:24 Voilà, c'était Sciences Po, c'était une école de l'excellence.
10:31 Il y avait une ambiance alors qu'elle était particulière, déjà à gauche, puisque nos profs en fait, ils étaient Saint-Simoniens.
10:40 Ils pensaient à la cité sans frontières déjà.
10:43 Et ils rêvaient d'accoupler le capitalisme qui commençait à s'émanciper, capitalisme financier, avec la planification soviétique.
10:58 Parce qu'ils nous disaient, le socialisme, on en a pour mille ans.
11:04 Et donc il faut s'adapter et ça donnait la social-démocratie.
11:07 Mais on pouvait parler.
11:09 On pouvait parler. Et moi j'avais des profs qui étaient anarchistes, qui étaient gauchistes, etc.
11:14 Et qui m'aimaient bien. Ils me préféraient parce qu'ils disaient, au moins, il a du répondant.
11:19 Et je me souviens d'un prof qui était baconiniste.
11:23 Et il me disait alors, le Vendée, etc.
11:26 Donc il y avait une espèce de jovialité dans la contradiction.
11:30 - Jovialité ? - C'était l'esprit français.
11:33 - Esprit qui s'est au fil et au gré des années, selon vous, perdu à Sciences Po.
11:39 Parlons d'un autre sujet, Philippe Devilliers, ô combien important, à savoir la fin de vie.
11:43 Dimanche dernier, Emmanuel Macron a dévoilé les contours du projet légalisant l'aide à mourir sous certaines conditions strictes.
11:50 Les mots euthanasie ou suicide assisté ne sont pas employés.
11:53 Mais au-delà de la sémantique, cette loi va permettre à certains patients de recevoir une substance létale qu'elles pourra s'administrer ou avec l'aide d'un tiers.
12:03 Il s'avère qu'il y a 7 ans, avant qu'il ne devienne président de la République, Emmanuel Macron a parlé de la fin de vie.
12:10 C'était lors d'un entretien avec Laurence Ferrari. Je vous propose de réécouter ce qu'il disait en 2017.
12:16 Sur la fin de vie, je pense qu'il faut d'abord faire pleinement appliquer la loi d'Iclas Léonetti.
12:23 Vous pouvez donner vos instructions, vos recommandations de votre vivant.
12:27 Trop peu de Françaises et de Français le font. Il y a une première campagne de communication qui commence.
12:31 Je pense qu'il faut généraliser cela.
12:33 Généraliser aussi le meilleur accompagnement dans les derniers instants de la vie et le traitement de la douleur.
12:38 Mais je pense qu'une campagne présidentielle n'est pas faite pour purger ces débats qui sont des débats philosophiques, très profonds,
12:44 qui relèvent de la conscience philosophique, religieuse, humaine.
12:48 Je suis pour qu'on en débatte, qu'on en parle dans un temps apaisé.
12:51 Mais je ne trancherai pas et je ne ferai pas de loi en arrivant sur ce sujet.
12:54 – Et vous, vous voulez choisir votre fin de vie ?
12:57 – Moi, je souhaite choisir ma fin de vie, oui.
12:59 – Geoffroy Lejeune.
13:01 En fait, cette archive, elle ne doit pas tellement vous surprendre, vous Philippe, ce changement d'avis.
13:04 Parce que vous avez connu bien Emmanuel Macron et vous en avez parlé avec lui.
13:07 Qu'est-ce qu'il vous disait sur ce sujet quand vous en parliez ?
13:10 Et quel est votre sentiment sur cette évolution ?
13:12 – Alors moi, j'ai eu l'occasion de parler avec lui, longuement, au moment de l'affaire Vincent Lambert.
13:21 Et il était très clair, très net sur le sujet, pas question de toucher à la loi Léonetti.
13:30 Et il m'a même écrit, parce qu'il sentait que je n'étais pas convaincu de sa bonne foi.
13:38 Il m'a écrit une lettre que j'ai retrouvée, le 4 juillet 2019.
13:44 Elle est sans ambiguïté.
13:48 Je respecte profondément ces débats, aussi parce qu'ils relèvent d'une part d'indécidables,
13:54 d'irréductibles délibérations de nos consciences.
13:58 Il ne m'appartient pas comme président de trancher.
14:02 Et il termine en disant, comme vous, comme pour vous, pour moi la vie intérieure a un sens.
14:10 Donc j'ai le sentiment d'avoir été joué, d'avoir été berné.
14:20 Ça me désole, ça m'a triste.
14:27 – Et quel regard, à présent, portez-vous sur ce projet de loi Philippe de Villiers ?
14:31 – C'est une manœuvre indécente.
14:34 L'indécence est partout dans ce projet.
14:37 Elle est dans le moment, 15 jours avant les élections européennes, à l'Assemblée, le débat.
14:45 Donc c'est un détournement de scrutin, un détournement d'attention.
14:48 C'est un coup de fakir, regarde ma main gauche pendant ce temps-là, je travaille avec la main droite.
14:53 Ça ne se fait pas sur un sujet aussi important.
14:58 Et puis l'indécence est dans le choix sémantique.
15:02 Il se trouve qu'un jour, il y a deux ans, j'étais au salon de Versailles à signer un livre.
15:09 Et j'étais à côté de quelqu'un que j'aime beaucoup, Eric Orsena.
15:14 C'était un grand marin et un grand écrivain.
15:17 Et il s'est vu confier une mission lexicale par Emmanuel Macron pour changer les mots.
15:24 Et il m'a dit que c'était pour apprivoiser le débat sur l'euthanasie, pour adoucir.
15:30 Donc il a trouvé l'aide active à mourir.
15:34 Mais derrière l'aide active à mourir, c'est quoi ?
15:37 On va donner une substance létale, qui va être administrée par le patient, ça s'appelle un suicide.
15:49 Ou par un proche, un tiers, ça s'appelle une euthanasie.
15:57 Quant au mot fraternité qu'il a osé utiliser Emmanuel Macron, fraternité,
16:03 la fraternité ça consiste à sauver, ça ne consiste pas à tuer.
16:06 Une société qui est complaisante pour le suicide, elle est suicidaire, elle se suicide elle-même.
16:11 Et la troisième indécence, c'est peut-être la pire.
16:17 On nous dit on est des garde-fous, on connaît, on a vu la loi Veil, on a vu.
16:22 On a vu comment on est parti d'un principe avec une exception et puis c'est devenu un dogme.
16:28 On a vu aussi, il suffit de regarder, partout où une loi a été votée sur l'euthanasie,
16:37 le Canada, la Belgique, les Pays-Bas, l'Oregon, etc.
16:45 À chaque fois on part sur une exception et puis ça s'étend.
16:48 Et on en arrive maintenant à euthanasier les enfants, à euthanasier les mineurs.
16:54 – Je me permets de vous dire, et c'est tombé il y a quelques instants,
16:58 Jean Leonetti, puisque vous parliez de lui, a dit "l'aide à mourir,
17:02 c'est le contraire d'un projet de fraternité".
17:05 Ça rejoint ce que vous étiez en train d'expliquer.
17:07 Ce que je vous propose c'est qu'on écoute Joseph Macescaron,
17:09 il est régulièrement invité et chroniqueur chez nous, dans "L'heure des pros" notamment.
17:13 Et il a parlé de son expérience avec sa mère qui était malade, gravement malade.
17:21 Et pour abréger les souffrances de sa mère, c'est lui qui a donné une dose supplémentaire.
17:26 C'est ce qu'il raconte, écoutez ce témoignage-là.
17:29 – Je me suis trouvé il y a plus de 30 ans dans une situation
17:32 où ma mère était dans un cancer face terminale.
17:36 Ma mère avait été mannequin, très belle femme,
17:40 et donc il y avait pour tout, il y a plus de 30 ans,
17:44 les soins palliatifs étaient encore plus dérisoires qu'aujourd'hui.
17:47 Donc c'était un peu de morphine.
17:50 Et en permanence il y avait une infirmière qui passait,
17:53 qui me montrait la dose de morphine et qui me disait
17:56 "Monsieur, si vous poussez un peu plus loin,
18:00 n'y touchez pas parce que son cœur s'arrêtera".
18:03 Et moi je ne comprenais pas, j'avais un ami médecin,
18:05 je me disais "mais pourquoi elle me dit ça à chaque fois ?"
18:07 Et cet ami médecin m'a dit "parce qu'ils attendent que tu le fasses".
18:12 Je l'ai fait.
18:14 Et je vais vous dire 30 ans après, je regrette de l'avoir fait.
18:17 Moi je dis je regrette de l'avoir fait.
18:20 C'est quelque chose qui me hante tout le temps.
18:22 Je regrette de l'avoir fait.
18:24 Je vais le dire très très brutalement,
18:26 cette loi ne doit pas être faite pour faire plaisir Aline Renaud,
18:30 on est bien d'accord, cette loi,
18:32 elle doit être faite en prenant tous les acteurs en permanence.
18:37 – D'abord je voudrais dire une chose,
18:39 c'est que le témoignage de Joseph Macescaron prouve que c'est loin d'être anodin
18:44 et que c'est un sujet qui soit concerne tout le monde,
18:46 soit nous concernera tous un jour.
18:48 Et que la manière dont il en parle, plusieurs décennies plus tard,
18:52 prouve qu'il faut un minimum de gravité sur ce sujet.
18:54 La question que je voulais vous poser Philippe,
18:56 c'est qu'est-ce qui dans l'état actuel de ce qui a été présenté
18:58 par le président de la République en début de semaine,
19:00 qu'est-ce qui vous inquiète ?
19:02 – D'abord je suis bouleversé par le témoignage de Joseph Macescaron,
19:08 que je connais bien, qui est un esprit brillant et plein d'humanité.
19:12 Et je trouve que c'est courageux ce qu'il a fait, très courageux.
19:16 Voilà, et en même temps il dit tout, il répond à la place.
19:22 Je vais compléter sa réponse.
19:27 En fait c'est une rupture anthropologique inouïe,
19:32 et je dirais même c'est une triple rupture de confiance.
19:36 Je vais poser chaque mot en vous répondant en fait.
19:42 D'abord c'est une rupture de confiance entre le patient et le soignant.
19:56 La relation de soin, c'est une alliance, mais c'est une alliance asymétrique.
20:06 Il y a d'un côté un patient qui guette le regard du soignant avec anxiété,
20:21 qui lui confie son corps et ses angoisses,
20:26 et puis en face il y a le soignant qui arrive et qui rend au regard d'anxiété
20:33 un regard d'apaisement, qui guérit, secoue, soulage, accompagne.
20:44 Cette relation de soin, elle est sondée sur un acte de confiance inouïe,
20:54 entre celui qui accorde sa confiance et celui qui en est le dépositaire.
21:00 Et donc cette relation de soin, elle ne peut supporter aucun soupçon.
21:11 Madame Fourcade, présidente de la société des soins palliatifs,
21:16 dit ça mieux que moi, avec plus de conviction et plus d'expérience.
21:20 Mais pour avoir écouté les soignants, je raconte ce qu'ils m'ont raconté.
21:25 Cette relation de soin, elle peut basculer.
21:28 Si celui qui entend le cri de souffrance dans la chambre a le droit de vie et de mort,
21:40 la relation de confiance s'abîme, elle se dégrade, elle n'existe plus.
21:47 En d'autres termes, si moi, à la dernière extrémité,
21:53 j'appelle et que je vois arriver une blouse blanche avec dans une main une seringue
21:59 où il y a un calmant, et dans l'autre main une substance létale,
22:05 s'introduit la suspicion, la suspicion entre le soignant et le patient.
22:14 Mais cette suspicion, elle ne s'arrête pas là.
22:18 Parce qu'Emmanuel Macron a annoncé une chose inédite,
22:23 c'est qu'il y aurait aussi les proches qui pourraient administrer la substance létale.
22:32 Ça veut dire que dans la famille, il va y avoir la suspicion.
22:37 On va tous soupçonner. C'est horrible.
22:42 Et puis enfin, il y a la rupture de confiance,
22:46 c'est la troisième rupture de confiance entre le patient et l'institution.
22:52 C'est l'État qui tue, c'est nouveau.
22:55 C'est-à-dire qu'en fait, dans les hôpitaux et dans les maisons de retraite,
22:59 va s'introduire la suspicion.
23:01 Quand on sait ce que pèsent les coûts des EHPAD, vous verrez,
23:07 il y aura des soupçons partout, partout, partout, parce qu'il faudra faire des économies.
23:12 On entre dans un monde complètement déshumanisé.
23:16 Philippe Devilliers, Geoffroy Lejeune, on se retrouve dans un instant.
23:20 Et pour la deuxième partie de Face à Philippe Devilliers,
23:23 on reviendra sur la question de l'euthanasie dans un instant.
23:25 À tout de suite.
23:29 Quasiment 19h30 sur CNews, la suite de Face à Philippe Devilliers,
23:32 avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy Lejeune.
23:34 Juste avant la publicité, vous évoquiez le projet de loi sur la fin de vie.
23:38 Et je voulais vous poser cette dernière question, Philippe Devilliers.
23:41 Pourquoi pensez-vous que c'est un basculement de civilisation ?
23:45 Parce que l'homme post-moderne cède à la double tentation promethéenne
23:55 de dérober la vie et faustienne, ou plutôt l'inverse, promethéenne de dérober le feu
24:04 et faustienne de dérober la vie.
24:06 C'est la première fois dans l'histoire.
24:08 Et ça peut conduire à la fin du monde et ça peut conduire à la fin de l'homme.
24:14 Il faut qu'on réfléchisse à ça.
24:16 Philippe Devilliers, parlons à présent de la guerre en Ukraine.
24:19 Emmanuel Macron a une nouvelle fois pris la parole pour définir l'implication de l'Europe,
24:24 notamment de la France, dans cette guerre.
24:26 Ce vendredi, il était à Berlin pour un sommet réunissant la Pologne, l'Allemagne et la France.
24:31 Contrairement à l'interview de jeudi soir, le chef de l'État n'a pas parlé de guerre existentielle pour l'Europe.
24:38 On écoute et on en parle juste après.
24:40 Nous partageons tous les trois une même volonté, claire, cohérente.
24:47 Et derrière cette volonté, il y a les actes que nous avons déjà décidés
24:53 et les décisions que nous avons prises aujourd'hui.
24:57 Nous ferons tout ce qui est nécessaire, aussi longtemps qu'il le faudra,
25:03 pour que la Russie ne puisse gagner cette guerre.
25:08 Nous continuerons de soutenir, aussi longtemps que nécessaire, l'Ukraine et son peuple.
25:14 Et nous continuerons, comme nous l'avons fait depuis le premier jour,
25:17 à ne jamais prendre l'initiative de quelque escalade.
25:20 – Jean-François Lejeune, est-ce que, après ce qu'on a entendu hier soir à la télévision,
25:24 vous êtes rassuré par ce qu'on vient d'entendre à l'instant ?
25:27 – Non, je ne suis pas rassuré parce qu'il y a une instabilité qui est vraiment inquiétante.
25:34 Alors, on est dans l'escalade, on est au seuil de la co-belligérance.
25:44 Et je reprends ce qu'il a dit hier soir.
25:48 Il est parti d'un axiome totalement irréaliste.
25:51 Il a dit "la Russie ne peut pas, ne doit pas gagner cette guerre".
25:56 Or, contrairement à tout ce que les experts ont dit depuis deux ans,
26:01 l'Ukraine ne peut pas gagner cette guerre.
26:05 Alors, et à cet axiome irréaliste, il apporte deux compléments qui m'inquiètent,
26:14 et qui inquiètent beaucoup de Français.
26:17 Qui sont des fautes stratégiques.
26:22 D'abord, il explique que si la Russie gagne cette guerre,
26:28 nos intérêts vitaux seront en jeu.
26:31 Non, c'est faux.
26:33 Les intérêts vitaux s'arrêtent aux frontières de la France, du territoire français.
26:43 Pas dans le Donbass.
26:47 Quoiqu'on pense par ailleurs.
26:49 On n'est pas dans une posture morale quand il s'agit de la guerre et de la paix.
26:53 Et deuxièmement, plus grave, il a parlé d'une dissuasion européenne.
26:57 Il a même, dans l'accord avec l'Ukraine du 16 février, parlé d'une dissuasion active.
27:02 La dissuasion, quand elle s'étend au-delà du sanctuaire national,
27:06 elle n'existe plus, elle n'est plus crédible.
27:09 Donc voilà, dans tout ça, un bellicisme désinvolte.
27:13 Il y a une question que peut-être vous êtes posée.
27:17 C'est, si on envoie des troupes au sol, qu'est-ce qui se passe ?
27:21 D'abord, on peut envoyer 20 000 hommes, pas plus,
27:24 donc sur une ligne de 50 km alors que la ligne de front fait 1200 km.
27:30 Et ensuite, on peut tenir trois jours avec nos munitions.
27:35 Et surtout, on se met en situation de co-belligérance dans ce cas-là.
27:39 Et il y avait un mot du général Schwitzschine, qu'il faut méditer,
27:43 que je vous invite à méditer,
27:45 "On ne pique pas l'ours russe avec des coups d'épingle."
27:50 Donc forcément, si on cherche la Russie, on va la trouver.
27:55 Et puis, la dernière chose que je voudrais dire, c'est qu'en fait, justement,
27:58 le seul coup stratégique que Emmanuel Macron devrait proposer,
28:02 qui serait dans la vocation française, vocation de son histoire,
28:05 puissance d'équilibre en la France, la France médiatrice,
28:09 c'est de réunir les conditions militaires pour que le jour venu,
28:16 le jour le plus proche, les deux protagonistes soient amenés
28:22 à négocier un plan de paix ou en tout cas de cesser le feu
28:26 qui soit acceptable par les deux parties.
28:29 Et si nous ne le faisons pas, vous savez qui va le faire ?
28:34 L'Amérique.
28:36 Et donc en fait, on va se trouver ridicule et doublé par les Américains.
28:42 Quel dommage que, à la manière de Mitterrand dans l'affaire du Koweït,
28:50 on ne cherche pas à renverser la logique de guerre au profit de la logique de paix.
28:56 Moi, quand je vois Emmanuel Macron, quand je vois le jeune homme à Tal,
29:00 quand je vois le jeune séjourner de cet âge, je me dis, ils ne sont pas au niveau.
29:04 Ça me fait peur.
29:06 Ça me fait peur parce qu'ils sont avec des legos, ils jouent à la guerre,
29:10 mais on ne joue pas à la guerre.
29:12 Comme dit très bien Henri Guaino, ils vont à la guerre comme des somnambules.
29:17 Mais comme des jeunes qui disent, qu'est-ce qui t'arrive ?
29:20 J'ai fait un cauchemar, papa.
29:22 Attends, tu gouvernes.
29:24 Et quand il dit aux Français, il va falloir aller à la guerre.
29:27 Est-ce que les Français ont compris ce que ça veut dire ?
29:30 Ça veut dire que, par exemple, quand il fait rentrer dans l'OTAN l'Ukraine,
29:36 ça veut dire qu'on a à touche-touche deux puissances nucléaires.
29:40 Donc le moindre incident de frontière devient une nouvelle dépêche d'Ems.
29:44 C'est de la folie.
29:46 Il faut une zone tampon.
29:48 Tout ça, tous les militaires le savent.
29:50 Moi, je ne comprends pas le chef d'état-major des armées
29:52 quand il entend parler de dissuasion européenne.
29:54 Normalement, il démissionne.
29:56 Je connais un exemple célèbre.
29:58 Pour moins que ça.
30:00 Voilà.
30:02 – Et lorsque vous parliez d'Henri Guaino,
30:04 vous parliez de cette tribune qu'il avait écrite et publiée dans le Figaro.
30:08 C'était quelques semaines après le début du conflit, donc il y a deux ans.
30:13 Philippe de Villiers, parlons de l'Europe à présent.
30:15 L'Europe des nations a été l'un des combats de votre vie politique.
30:18 Il s'avère qu'en 2003, et je l'avais déjà annoncé la semaine dernière,
30:21 en 2003, vous débattez avec Valéry Giscard d'Estaing,
30:23 qui à l'époque est la plume de la Constitution européenne.
30:27 Vous avez avec lui un vif échange sur le cœur de cette Constitution.
30:31 – La Constitution européenne qui sera mise au voie au référendum.
30:34 – Exactement.
30:35 Mais on est en 2003, donc c'est deux ans avant le référendum.
30:38 Deux ans avant.
30:40 Et c'est la plume, Valéry.
30:42 – Je n'ai jamais revu ce…
30:43 – Elle dure 2 minutes 40, je le dis aux auditeurs et aux téléspectateurs.
30:47 2 minutes 40.
30:48 Regardez, c'est absolument passionnant.
30:51 – Le filament de votre propos, c'est la convention de Philadelphie,
30:55 c'est Jefferson, et c'est la trace sans doute que vous voulez laisser.
31:00 Et moi ça m'inquiète parce que la France, l'Europe, ce ne sont pas les États-Unis.
31:05 Ce sont des vieux pays, ce sont des vieilles nations,
31:07 et on ne peut pas contraindre la géopolitique avec des procédures.
31:10 – Vous n'avez qu'un défaut, mais il est très grave.
31:13 Très grave.
31:14 Vous allez beaucoup trop loin.
31:15 Vous dites des choses qui ne sont pas exactes.
31:17 Et disant des choses qui ne sont pas exactes, vous trompez les gens.
31:20 Vous lirez l'article 1er de notre constitution.
31:23 – Vous êtes très gêné par ma question, mais c'est vous qui trompez les gens.
31:25 – Non, non, non, regardez-moi.
31:27 Vous allez un peu embarrassé.
31:29 – D'ailleurs, je n'ai pas posé ma question.
31:30 – Faites le taire, parce que nous pouvons répondre.
31:32 – La réponse de M. Giscard d'Estaing, s'il vous plaît.
31:35 – Est-ce que vous êtes d'accord pour mettre à l'article 1,
31:37 si vous me détruise, tout est réglé.
31:39 L'Union européenne est une association libre de nations souveraines.
31:44 Si vous êtes d'accord pour dire ça, alors vous pouvez appeler votre texte
31:48 « Constitution, ça n'a plus aucune importance ».
31:50 – Quel est notre article 1 ?
31:52 Inspiré par la volonté des peuples et des États d'Europe,
31:56 des peuples et des États, de bâtir leur avenir commun,
32:02 cette constitution est appelée une union,
32:06 au sein de laquelle les politiques des États membres sont coordonnées
32:11 et qui gèrent sur le mode fédéral certaines compétences communes.
32:16 L'Union respecte l'identité nationale de ses États membres.
32:21 – L'identité ? Les Kurdes ont une identité ?
32:24 – Vous me permettez de lire.
32:26 – Les Kurdes ont une identité, c'est pas la souveraineté.
32:28 – L'Union est ouverte à tous les États européens,
32:30 dont les peuples partagent les mêmes valeurs, qui les respectent
32:34 et qui s'engagent à les promouvoir en commun.
32:37 Et on revient sur le problème de l'identité nationale des États membres
32:40 dans un autre article plus loin.
32:42 – La souveraineté c'est pas l'identité.
32:43 Israël a eu une identité pendant des années et des années sans avoir un État.
32:46 L'État-nation, la souveraineté, c'est un concept juridique,
32:49 c'est la compétence de la compétence.
32:51 Vous le savez très bien M. le Président.
32:52 – La réponse du président J. Dessins, et puis on s'arrête
32:54 parce que malheureusement il est très tard.
32:56 – Oui mais moi je voudrais bien continuer, parce que la construction européenne
33:00 elle est voulue par les Européens, elle est voulue par les Français.
33:03 C'est pas la peine de les déployer.
33:05 – Alors attendez, faites un adjournement en ce moment.
33:07 Il fait un temps à ne pas mettre un eurofédéraliste dehors.
33:12 – Il fait un temps à ne pas mettre un eurofédéraliste dehors.
33:16 2003.
33:17 – Je le secoue et je vais faire sonne de l'eau, Ernie.
33:20 – 2003, il était sûr de son fait.
33:22 – Vous avez vu les Français sont pour, etc.
33:25 – Bah oui, 2003.
33:26 – Mais ce qui est dingue c'est que vous avez gagné dans les urnes
33:28 et vous avez perdu deux ans après le référendum dans les institutions
33:31 puisqu'ils ont finalement fait passer ce texte.
33:33 – Oui, incroyable, incroyable.
33:35 Merci d'avoir retrouvé cet archive.
33:38 – Écoutez.
33:39 – C'est quand même le débat d'aujourd'hui en réalité,
33:40 c'est ça qui est intéressant, souveraineté nationale, souveraineté européenne.
33:42 – On est en plein dedans, ça pourrait être la bande annonce
33:45 de tous les débats de l'élection européenne.
33:49 – C'est quasiment 21 ans.
33:51 – Auquel je tiens à dire que je ne participe pas.
33:54 – Rappelez-le plusieurs fois parce que certains ont l'esprit chagrin en ce moment.
33:58 Vous imaginez que c'était il y a 21 ans quasiment, jour pour jour.
34:01 Je crois que c'était le 23 mars 2003.
34:04 C'est beau quand même.
34:06 Dans l'actualité cette semaine, Philippe Devilliers,
34:08 vous avez très certainement suivi l'audition de l'ancien président
34:11 du Conseil de surveillance de Vive Indie et de Canal+ Vincent Bolloré.
34:14 Mercredi, il a été entendu par les parlementaires
34:17 dans le cadre de la commission d'enquête sur les fréquences TNT.
34:21 Je vous propose un passage, ça a été long, très long,
34:25 et ensuite on en parle juste après.
34:28 – J'ai eu la chance de naître dans une famille catholique bretonne,
34:33 riche et célèbre.
34:35 Riche, pas seulement d'argent.
34:38 Ils fabriquaient le cahier à cigarettes OCB, si vous les avez bien roulés,
34:42 ce qui à l'époque était évidemment extraordinairement connu et rentable.
34:47 Mais aussi riche de tendresse.
34:49 C'était une famille nombreuse et nous étions,
34:51 et nous sommes toujours d'ailleurs très heureux ensemble.
34:54 Et ils étaient aussi célèbres parce qu'ils avaient fait une guerre admirable.
34:59 Et le 6 juin 44, dont nous allons bientôt fêter
35:04 le 80e anniversaire du débarquement, sur les 177 Français,
35:09 puisque le général de Gaulle avait été prévenu que l'avant-veille
35:12 avait absolument exigé que ce soit des troupes françaises,
35:15 on n'avait trouvé que 177 Français qui étaient prévus dans ce débarquement
35:18 et deux étaient de ma famille.
35:19 Je suis démocrate chrétien.
35:21 Alors, démocrate, qu'est-ce que ça veut dire ?
35:23 D'abord, ça veut dire que je suis à respecter les élus de la nation
35:28 et l'avis de la nation.
35:30 Après, cet avis, je le trouve bon, je le trouve mauvais,
35:32 je le trouve moyen, je le trouve...
35:33 Voilà, je suis pour la démocratie.
35:36 On a toujours été pour la démocratie dans ma famille.
35:39 Je vous ai dit l'autre jour, enfin tout à l'heure,
35:42 que j'avais des tas de gens qui avaient fait des guerres extraordinaires.
35:45 Mais si vous remontez au Moyen-Âge, les Bolloré,
35:47 ils venaient se battre contre les envahisseurs de l'époque
35:49 qui étaient anglais, espagnols, etc.
35:51 Et on les appelait, ils protégeaient les rivières.
35:53 Enfin, je vous raconterai tout ça un jour si ça vous intéresse.
35:55 Mais donc coule dans mes veines un sujet de démocratie.
35:59 Et je ne supporte que les gens qui sont démocratiques.
36:03 Et je suis moi-même démocratique.
36:05 Et puis après, il y a le mot chrétien,
36:07 qui n'est pas un vilain mot.
36:10 La chrétienté, c'est la charité, c'est l'espérance.
36:16 Et là aussi, ça coule dans mes veines.
36:19 - Philippe Devilliers, un monde sépare le personnage caricatural
36:23 présenté par le médiatiquement correct
36:26 et la vérité d'un homme que les Français ont peut-être, peut-être
36:30 découvert mercredi.
36:32 - Je me souviens de la phrase de monsieur Deloire, Attila,
36:36 "Là où passe le Bolloré, le journalisme trépasse."
36:40 Je pensais à ça en le regardant.
36:43 En fait, les Français ont découvert un homme
36:49 qu'ils ne soupçonnaient pas.
36:51 Je les imagine devant leur ordinateur,
36:55 guettant la petite goutte de sang à la commission d'élèves.
36:59 Elle n'est pas venue.
37:01 En revanche, ils ont vu ce que c'était que le tribunal révolutionnaire
37:05 sous la terreur.
37:07 Alors il y avait un président, parfait, à la fois habile,
37:12 calme, serein, monsieur Quentin Bataillon,
37:16 qui tentait de contenir Fouquet-Tinville,
37:20 l'accusateur public, l'ami de Mélenchon.
37:26 Et en face, il y avait le présumé coupable, l'ennemi du peuple,
37:31 coupable de mener contre au révolutionnaire,
37:36 coupable du gain de l'argent, coupable de réussir.
37:40 Malheur aux entrepreneurs, malheur aux créateurs,
37:43 malheur aux inventeurs, malheur à Chénier.
37:46 La République n'a pas besoin de poètes, malheur à Lavoisier.
37:50 La République n'a pas besoin de savants.
37:52 Et moi, pendant que je regardais cet interrogatoire de garde à vue,
37:57 je pensais à tous les capitaines d'industrie
37:59 qui peut-être étaient devant leur ordinateur
38:02 et qui se posent aujourd'hui la question de savoir
38:04 s'ils restent en France ou s'ils partent à l'étranger,
38:07 notamment aux États-Unis.
38:08 Et je pensais à un article que j'avais sous les yeux,
38:10 que j'avais mis de côté, du FIARO Economy,
38:13 intitulé "Les États-Unis et le dorado des grands groupes français".
38:21 Entre les prélèvements obligatoires qui sont les plus élevés du monde développé
38:25 et qui asphyxient l'esprit d'entreprise,
38:27 et les commissions d'enquête avec ces nouveaux inquisiteurs,
38:30 il y a vraiment de quoi pour un capitaine d'industrie
38:33 favoriser en soi l'idée de la fuite, l'idée de fuir.
38:41 Et ces gens-là ne se rendent pas compte de la chance que nous avons
38:45 d'avoir en France des chevaliers de l'aventure économique
38:49 comme Vincent Bolloré, comme Bernard Arnault et leurs émules.
38:54 Mais à la fin, comme souvent dans les films
38:58 et comme parfois dans les procès, le jury populaire se retourne.
39:02 Et là, en fait, tout s'est retourné.
39:05 La fin n'était pas du tout prévue comme elle était.
39:07 Le Attila, il a changé de banc.
39:12 Il n'était plus au banc convenu.
39:15 Là où Mélenchon passe, la sympathie trépasse.
39:20 La sympathie, comme le lait sur le feu, elle a tourné vers l'accusé.
39:27 Et les Français ont découvert, pour ceux qui l'ont regardé,
39:30 un homme d'altitude, tristalin de vérité,
39:36 à la parole claire, sans circonlocution, parfaitement décontracté.
39:42 C'était le granit de Breton et les genets en fleurs
39:46 face à la bourbe, au remuegle, à la haine, à la fièvre.
39:52 Ce matin, avant de partir pour revenir à cette émission,
39:55 j'ai rencontré un de mes grands amis qui est paysan, qui a du bon sens.
39:59 Je voulais savoir, je lui ai dit "regarde le truc".
40:02 Il a regardé, il ne connaissait pas du tout Céniouz, il ne connaît pas tout ça.
40:06 Et je lui ai dit "alors ?" Il me dit "ah, j'ai regardé,
40:10 ça a frotté dur les garde-boues".
40:14 Je lui ai dit "mais Vincent Bolloré ?"
40:17 Et là, il s'est redressé, il m'a dit "un monsieur".
40:24 Chez nous, on vendait, quand on dit "un monsieur", ça veut dire quelque chose.
40:28 Oui, Vincent Bolloré, c'est un monsieur.
40:31 Et il a ajouté "un Français".
40:34 Oui, un grand Français.
40:37 Philippe Devilliers, il nous reste 2 minutes 35 très précisément.
40:41 Il va falloir être chirurgical puisqu'il y a 34 ans, le 16 mars 1990,
40:47 après 109 jours, 8 heures, 48 minutes et 50 secondes,
40:52 le navigateur Titouan Lamazou remportait la première édition du Vendée Globe.
40:57 Tour du monde en solitaire, sans escale, sans assistance.
41:00 Une compétition qui est devenue mythique.
41:02 Pensez, imaginez.
41:04 Et là, j'ai failli tomber de ma chaise.
41:06 Par Philippe Devilliers.
41:08 Alors, on va parler, nous, de cette idée folle qu'est le Vendée Globe.
41:12 Et en même temps, quand vous allez parler, on va voir ces images du 16 mars 1990.
41:17 Philippe Devilliers, qu'est-ce qui vous est passé par la tête pour créer, imaginer, penser le Vendée Globe ?
41:23 Alors, en fait, l'idée, elle est née à Rio.
41:26 À Rio, pourquoi ? Parce que le Crédit Agricole qui sponsorise Philippe Janteau,
41:30 qui était en train de gagner le Boc Challenge,
41:33 m'a demandé d'aller faire un film sur lui qui s'est appelé "Grand Sillon",
41:36 que vous pouvez voir encore, qui est probablement à Alina.
41:39 Et donc, j'ai passé 15 jours avec Philippe Janteau, et c'est lui qui m'a dit,
41:44 sur un coin de table devant un café brésilien à Copacabana,
41:47 "Moi, j'ai une idée, on va faire plus fort le Globe Challenge."
41:52 C'est-à-dire le Boc Challenge, mais sans escale, autour du monde, sans escale,
41:57 donc l'Everest des mers, sur le plus grand stade du monde, comme disait Alain Collat.
42:01 Je dis, "Ok, moi, je suis un marin d'eau douce, comme Geoffroy Lejeune."
42:05 [Rires]
42:07 Et donc, voilà, et je reviens et je lui dis, "Allez, tu t'installes en Vendée."
42:11 Il s'installe à gros bras, il crée Janteau Marine, et puis voilà.
42:15 Et puis, quand je suis président du Conseil Général, 5 ans après, je lui dis,
42:18 "Eh, Vendée Globe, parce que le département finance son idée,
42:24 sans Janteau, l'idée ne serait pas née, et sans les Vendéens,
42:29 la course ne serait jamais partie des Sables d'Olonne."
42:32 Et en fait, là, j'ai découvert des hommes qui sont hors normes,
42:37 c'est-à-dire que ce sont des skippers au long cours, des compétiteurs,
42:42 qui affrontent, escaladent des murs d'eau, les 40e Rougissons, les 50e Murelans,
42:48 et qui mettent au-dessus de leur vie quelque chose de poétique,
42:53 les enchantements de l'âme.
42:55 Ils vivent entre les Torpeurs et les Albatros.
42:58 C'est sans doute une des dernières aventures du monde moderne, le Vendée Globe.
43:05 – En 10 secondes, Philippe Devilliers, vous savez qu'en 1990,
43:09 il y avait 13 skippers, et que pour la 10e édition,
43:13 ça débutera le 10 novembre 2024, il y aura…
43:17 il devrait y avoir 40 skippers.
43:19 C'est devenu une légende, le Vendée Globe.
43:21 – Oui, c'est une légende.
43:23 – C'est extraordinaire.
43:24 – Mes successeurs au Conseil général ont su maintenir cette course,
43:30 mais je rends hommage une fois de plus à celui qui a été l'initiateur,
43:36 Philippe Janteau, et je voudrais dire que moi,
43:40 quand j'ai lancé cette course à ses côtés, j'étais loin de penser
43:46 qu'un jour, le double cœur de la Vendée flotterait sur les mers du monde.
43:51 – De cette émission, je retiens beaucoup de choses, Philippe Devilliers,
43:53 mais une particulièrement, vous avez dit qu'en Vendée,
43:55 quand on respecte un homme, on dit "Monsieur", c'est ça ?
43:58 On appelle "Monsieur", c'est un "Monsieur" ?
43:59 – Quand on dit de quelqu'un "C'est un Monsieur",
44:03 oui, ça veut dire quelque chose.
44:05 – Non, je vais vous dire autre chose, en Vendée, vous savez ce qu'on dit ?
44:09 À l'ouêt, à la radio à l'ouêt, quand on rencontre quelqu'un et on dit
44:15 "Monsieur le rédacteur en chef", c'est encore plus fort.
44:18 – "Messieurs, bonsoir, et messieurs, merci".
44:21 – "Monsieur le rédacteur en chef, bonsoir".
44:23 – On se retrouve dans un instant dans l'heure des produits.

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