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Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00Quasiment 19 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Philippe Devilliers, cher Philippe, bonsoir.
00:06Bonsoir Alain, bonsoir Geoffroy.
00:08Geoffroy Lejeune est avec nous comme chaque vendredi soir, cher Geoffroy, bonsoir.
00:11Bonsoir à tous les deux.
00:12Bon, nos informateurs bien informés ont frappé, une nouvelle fois, à Philippe Devilliers.
00:19Et là, il faut dire que c'est peut-être l'une des images des informateurs bien informés
00:25depuis que les informateurs bien informés nous abreuvent d'images et de séquences.
00:30En ce moment-là, toute la France l'a déjà vue quand même.
00:32Comment ?
00:33Toute la France l'a déjà vue cette image.
00:34Bah oui, mais on n'a pas eu le temps d'en discuter avec le principal intéressé.
00:37C'est pas faux, c'est pas faux.
00:38Puisque cette image, elle date de dimanche dernier, une image massivement relayée ces derniers jours,
00:45fruit de retrouvailles entre Bruno Rotaillot et vous.
00:49Alors, on va la découvrir ensemble.
00:50Dimanche dernier, c'était au départ du Vendée Globe, Philippe Devilliers.
00:55Alors, sans rentrer dans le secret de vos conversations, racontez-nous, Philippe Devilliers,
01:01parce que beaucoup ont été émus de vous voir tous les deux ensemble.
01:04Regardez, on vous voit échanger quelques mots.
01:10On a failli sous-titrer.
01:11Appeler des spécialistes pour savoir exactement ce qui s'était dit.
01:16Mais au-delà de l'échange.
01:18La bière, on dit.
01:19Non, la biale.
01:21La biale, exactement.
01:23Bon alors, racontez-nous.
01:25Bah écoutez, on s'est retrouvés sur les pontons du Vendée Globe,
01:30comme le 29 novembre 1989, quand on a lancé le premier Vendée Globe.
01:38Et là, on est en train d'évoquer, en fait, les accusations dans la presse, en 1989,
01:46notamment de la gauche socialiste qui disait « Criminels, c'est une course dangereuse ».
01:51Et nous, on était des marins d'eau douce, et donc on se disait peut-être qu'ils ont raison.
02:00C'était la 10e édition, donc on a évoqué nos bons souvenirs.
02:07J'ajouterais une phrase qui me revient, puisqu'on est sur l'eau,
02:14de Roland d'Orgelès, dans « Les Croix de bois ».
02:19Et il dit ceci, qui correspond à ce que je ressens.
02:25« Tout pareil aux étangs transparents dont l'eau limpide dort sur un lit de bourbe,
02:34le cœur de l'homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours.
02:41Tout le reste, les douleurs, les souffrances, les querelles, les haines,
02:47tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond. »
02:51Elle mérite d'être claire.
02:53Dans l'actualité cette semaine, Philippe Devilliers,
02:55on va revenir sur le procès des assistants parlementaires du Rassemblement national
02:58et des réquisitoires qui font l'effet d'une bombe politique.
03:01Les procureurs réclament une peine d'inéligibilité pour tous les prévenus.
03:05L'accusation demande 5 ans de prison dont de ferme
03:08et 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire pour Marine Le Pen,
03:13ainsi qu'une amende de 300 000 euros pour la présidente du groupe à l'Assemblée nationale.
03:20Écoutez Marine Le Pen juste après ses réquisitoires.
03:24« Ce n'est pas une surprise. Je me suis fait mon opinion au bout de quelques jours,
03:28il faut bien le dire, d'audience, auxquelles j'ai participé,
03:31comme vous l'avez vu, quasiment tous les jours.
03:36Je note que le parquet est extrêmement outrancier dans ses réclamations,
03:42notamment la réclamation de l'exécution provisoire
03:45dont il veut frapper l'ensemble de ceux qui sont poursuivis,
03:55y compris des assistants qui, par ailleurs, pour certains,
03:59n'ont jamais eu aucune responsabilité politique. »
04:02Geoffroy Lejeune.
04:03On peut dire que c'est du jamais vu et que c'est un séisme.
04:06Comment vous avez analysé, vous, les réquisitions de ce procès ?
04:11« Je pense que, dans mon livre, j'ai écrit un chapitre qui s'appelle « La République des juges ».
04:18Nous y sommes. La République des juges. Ils ont pris le pouvoir.
04:25Comment qualifier ce réquisitoire ? C'est un règlement de compte.
04:31Pourquoi ?
04:35Pourquoi je parle de la République des juges, d'abord ?
04:37Parce que la République des juges, c'est quand les juges prennent leur autonomie.
04:44Dans le droit français, dans le droit constitutionnel français,
04:46il y a deux pouvoirs, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif,
04:50et une autorité judiciaire.
04:54Or là, les juges ont violé la séparation des pouvoirs.
05:02Alors d'abord, c'est un réquisitoire qui est visiblement, spectaculairement inéquitable.
05:13Qu'est-ce que c'est l'inéquité ? C'est quand il y a deux poids, deux mesures.
05:16Deux poids, deux mesures.
05:18François Bayrou, qui était dans la même situation, a été relaxé.
05:25Pourquoi ? Parce qu'il fait partie du système.
05:30Ensuite, deux poids, deux mesures, à nos QTF, on n'arrive pas à le mettre en prison.
05:37Et là, on s'apprête à prononcer une peine de prison.
05:42Cinq ans.
05:46Donc deux poids, deux mesures.
05:47Le laxisme d'un côté et le délire de fermeté pour Marine Le Pen.
05:54Et ensuite, et surtout, c'est la fameuse mesure de l'exécution provisoire.
06:02Cette mesure de l'exécution provisoire, qui n'est prévue que pour les cas très rares de récidive,
06:08les dangers de récidive et qui touchent à l'ordre public,
06:14on applique cette mesure de l'exécution provisoire qui revient à annuler, à anéantir l'appel.
06:21Or, il faut savoir, il faut que les Français qui nous regardent sachent,
06:25qu'un jour, Saint-Louis a décidé d'aller rendre la justice sous son chêne,
06:29pas pour le plaisir de rendre la justice,
06:31mais parce qu'il voulait qu'il y ait une cour d'appel, incarnée par le roi de France,
06:36pour ces sujets, pour faire appel des jugements des cours seigneuriales.
06:42Ça s'appelait les plaies de la porte.
06:45Et donc là, on a l'anéantissement, pour une femme politique de premier plan,
06:51de toute forme d'appel.
06:54Ça ne sert plus à rien de faire appel.
06:57Ensuite, c'est un réquisitoire, pour répondre à votre question, qui est infamant.
07:04Pourquoi il est infamant ?
07:05Parce que sur tous les plateaux de télévision, on entend détournement de fonds,
07:12emplois fictifs, ils s'en sont mis plein les poches, c'est scandaleux.
07:17Quand on regarde le dossier de près, quand on a l'expérience de la vie politique,
07:23on sait ce qui s'est passé.
07:25Il n'y a pas un centime d'argent qui est allé dans la poche des assistants parlementaires
07:31ou de Marine Le Pen.
07:32Il n'y a aucun enrichissement personnel.
07:37Il y a simplement une question qui a été débattue au cœur du débat judiciaire,
07:44ce n'est même pas le travail des assistants parlementaires, ils ont travaillé.
07:49Ce n'est pas la question, c'est la nature de leur travail.
07:53C'est-à-dire que la question est la suivante,
07:56ou bien les assistants sont les employés du Parlement européen,
08:02ou bien les assistants sont les collaborateurs des députés.
08:06Voilà la question de fonds.
08:08On est loin de l'infamie.
08:09Et cette peine très lourde, complètement disproportionnée,
08:16signifie qu'on veut mettre au front de Marine Le Pen une tâche d'infamie.
08:22Enfin et surtout, c'est bien évidemment un réquisitoire politique, idéologique.
08:28Par ces temps d'utroscisme, d'atmosphère au syndicat de la magistrature,
08:32et l'homme qui vous parle a eu le privilège d'avoir son nom sur le mur.
08:38D'avoir son nom sur le mur des cons.
08:41Donc je sais ce que c'est que le syndicat de la magistrature.
08:46Il est évident que la justice aujourd'hui est politisée, en tout cas celle-là,
08:53et que cette république des juges, elle ne travaille pas pour elle-même.
08:58Elle travaille pour le système.
09:01C'est quoi le système ?
09:03C'est toute une société de connivence qui veut faire disparaître la France,
09:09qui installe en France l'insécurité, l'immigration invasive,
09:12et qui ne tolère pas qu'il y ait quelques personnes encore debout,
09:16les derniers des Mohicans, qui disent non, on ne veut pas.
09:23Et pour conclure, je vous dirais ceci.
09:27Les hommes politiques sont comme Zadig.
09:29Zadig de Voltaire qui entend parler du tremblement de terre de Lisbonne en 1755,
09:40et qui ne mesure pas du tout la portée du tremblement de terre,
09:43sauf quand il voit que Lisbonne est en ruine.
09:46Des hommes politiques qui croient qu'ils sont épargnés là.
09:49Mais tous ceux qui sont dans le système, ou à la périphérie du système,
09:55ils vont comprendre très vite quelle est la portée de ce tremblement de terre.
10:01C'est la réplique de 2005.
10:04C'est la réplique du référendum de 2005.
10:07En 2005, le peuple s'est prononcé, et la classe dirigeante a fait tout autre chose.
10:12Le peuple n'a pas voulu d'une constitution européenne fédérale,
10:16et avec le traité de Lisbonne, on a fait quand même.
10:21Et c'est symbolique, et beaucoup de politologues l'ont souligné.
10:26En l'occurrence, en 2005, on a violé l'esprit du référendum.
10:39On n'a pas tenu compte du résultat du référendum.
10:42Et là, aujourd'hui, on s'adresse à 11 millions de Français,
10:46et on leur dit, voilà, on va mettre en prison votre leader,
10:55au nom de l'État de droit.
10:58Non mais, combien de temps encore ils vont nous faire le coup de l'État de droit ?
11:01Moi, je propose l'exécution provisoire du gouvernement.
11:06– Dans l'attente de la décision de justice,
11:08qui sera rendue en février ou en mars prochain,
11:11c'était votre analyse sur ce réquisitoire, Philippe Devilliers.
11:15Autre sujet à présent, on va parler de la crise agricole.
11:19Philippe, moins d'un an après une mobilisation historique,
11:21le monde agricole entend relancer.
11:23La machine a contestation,
11:25les aides promises à nos agriculteurs ne sont toujours pas arrivées.
11:28Pire encore, la situation se dégrade.
11:32Écoutez Michel Barnier, cet après-midi.
11:35– Le projet de loi d'orientation sur la souveraineté a été suspendu.
11:38On reparle d'une plage blanche ?
11:39– Non, on ne parle pas d'une plage blanche.
11:40Heureusement, il y a des projets agricoles qui vont être remis à plat au niveau européen,
11:43et nous devons être très vigilants,
11:45y compris en nous opposant à des accords commerciaux,
11:47comme celui du Mercosur.
11:49Et puis, il y a une loi d'orientation agricole qui était déjà en discussion au Sénat,
11:52que nous allons reprendre conformément à nos engagements.
11:54C'est une promesse tenue.
11:56Toutes les promesses faites aux agriculteurs qui ont manifesté en début d'année
12:00seront respectées.
12:02– Geoffroy Lejeune.
12:03– Alors Philippe, on en a déjà parlé beaucoup sur ce plateau,
12:06vous en avez parlé d'ailleurs dans votre livre « Mémoricide ».
12:09Vous connaissez bien les agriculteurs, vous connaissez bien ces sujets-là,
12:12vous dites même qu'ils sont le cœur battant du pays,
12:14qui sont d'ailleurs victimes d'un mémoricide.
12:16Est-ce qu'aujourd'hui vous comprenez leur colère ?
12:19– Vous vous souvenez, un jour, on a dîné ensemble avec Michel Houellebecq,
12:23au moment où il allait faire paraître ses rotonines.
12:26Et il nous avait dit…
12:28– Vous en parlez aussi dans le livre « Vert ».
12:30– Voilà. En fait, on assiste à quoi ?
12:32Au plus grand plan social agricole jamais imaginé,
12:37pour liquider toute une profession, pour liquider toute une économie,
12:42et pour liquider un art de vivre.
12:47Et en fait, il parle de promesses Michel Barnier,
12:50les promesses n'ont pas été tenues, j'en citerai trois.
12:53Trois promesses qui ont été faites par M. Attal à l'époque.
12:57Première promesse, ça concerne l'Ukraine,
13:02les importations ukrainiennes continuent, à ma connaissance.
13:07Deuxième promesse, on va arrêter les traités de libre-échange,
13:11parce qu'il n'y a pas que le Mercosur,
13:13il y en a d'autres derrière, en préparation.
13:16Ça continue, la Commission, elle, n'entend rien
13:19de ce que les peuples voudraient faire entendre.
13:23Et puis troisièmement, le Pacte Vert,
13:26qui est un plan de décroissance avec 10% de jachères,
13:29ça continue, comme avant.
13:33L'exception agriculturelle demandée par les paysans français,
13:39pour une agriculture française, à la française.
13:42Aucun écho.
13:45Et je vous disais récemment,
13:48le nom du ministère de l'Agriculture est une imposture.
13:53Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
13:57Une imposture, ce n'est pas une succession de mensonges,
14:01c'est plus fin que ça.
14:03Une imposture, c'est un enchaînement de vérités
14:08asservis à un mensonge initial.
14:12Et donc c'est difficile à voir qu'il n'y a pas de Souveraineté Alimentaire,
14:15mais ceux qui ont un peu l'expérience et le sens du temps long
14:19savent ce que je veux dire.
14:23C'est Bruxelles qui tient tout.
14:25On a connu le marché commun, il y avait la Souveraineté Alimentaire.
14:28Dans le marché commun, les trois principes étaient
14:32produire, protéger, exporter.
14:37Aujourd'hui, les trois principes,
14:42c'est non plus produire mais consommer,
14:46non plus exporter mais importer,
14:50non plus protéger mais ouvrir.
14:54Et donc cette logique-là,
14:57elle correspond à la volonté des élites mondialisées
15:01qui veulent, je pèse mes mots,
15:05déléguer notre alimentation
15:09au marché mondial,
15:13pour avoir des prix plus bas,
15:16ce qui plaît à la métropolia, à l'anywhere,
15:19peu importe les somewhere,
15:22pour se débarrasser de tous les indépendants d'esprit, les derniers.
15:26Il y avait les artisans, les petits commerçants, les paysans,
15:29se débarrasser des indépendants d'esprit, c'est-à-dire
15:32ces gens qui savent, eux,
15:35qu'on ne peut respirer qu'en vivant entre l'humus et la lumière.
15:41La métropolia ignore l'humus et elle ignore la lumière.
15:46Elle n'est que dans l'hédonisme consumériste.
15:50Et en fait, je vais vous dire quelque chose.
15:54Il faut faire très attention à ce qu'est une crise agricole.
15:58Ça me rappelle ce que disait Peggy sur les crises de l'école.
16:02Peggy disait, c'est fabuleux, l'anticipation de Peggy,
16:06il disait une crise de l'école, ce n'est pas une crise de l'école,
16:09c'est une crise de la société, c'est une crise de civilisation.
16:12Je dirais la même chose d'une crise agricole.
16:15La crise agricole que nous vivons, c'est la crise d'un petit peuple
16:19de Paria qui ne veut pas mourir.
16:22C'est en fait une crise de civilisation, pourquoi ?
16:25Parce que c'est la pointe diamantée du peuple historique français
16:30qui tient la terre, qui tient le territoire.
16:34C'est tout ce qui nous reste et ils vont disparaître.
16:38C'est le plus grand de tous les mémoires, ici.
16:42Vous l'avez abordé rapidement, mais vous avez parlé de Bruxelles,
16:45alors que la Commission européenne met toute son énergie,
16:48Philippe de Villiers, pour accélérer la signature des accords
16:52de libre-échange, les fameux accords du Mercosur.
16:55Que signifie, selon vous, cet accord, Philippe de Villiers ?
17:00L'accord du Mercosur, à la lumière de ce que je viens de dire,
17:06sur le plan social, écarte parfaitement.
17:13D'abord, c'est un accord incohérent.
17:19Pourquoi il est incohérent ? Parce que, d'un côté, depuis des années,
17:23on demande à nos paysans des efforts, parfois surhumains,
17:28mais justifiés, au nom de la santé publique.
17:33Des efforts pour ne pas utiliser les substances actives phytosanitaires,
17:40le fipronil, l'humidaclopride, je sais de quoi je parle,
17:45parce que j'ai fait un livre sur les abeilles.
17:49Et les paysans français ont fait des efforts considérables
17:53depuis plusieurs années pour avoir des produits propres.
17:58Et en même temps, le mot est de circonstance,
18:03on va faire rentrer en Europe des produits qui ne respectent pas du tout
18:10les mêmes normes, c'est-à-dire la volaille brésilienne,
18:16dopée aux antibiotiques et aux activateurs de croissance,
18:19le bœuf argentin aux hormones et le maïs avec toutes sortes de produits
18:27qu'on ne peut pas contrôler parce qu'il n'y a pas la traçabilité
18:31exigée des paysans français, par ailleurs.
18:35Donc c'est l'incohérence totale.
18:38On fait d'une main ce qu'on défait de l'autre.
18:42Mais ça va plus loin, je dirais.
18:44C'est un accord qui est complètement déséquilibré.
18:47Et ceux qui nous écoutent, qui ne sont pas forcément des paysans,
18:50vont comprendre tout de suite, avec une image.
18:53Une ferme moyenne en France, d'après ce que j'ai compris, c'est 69 hectares.
18:58Une ferme au Matour-Grosseau, c'est 500 000 hectares parfois.
19:05Donc les coûts de production ne sont pas les mêmes.
19:08Les prix ne sont pas les mêmes.
19:12La dépense n'est pas du tout la même.
19:15Donc la souplesse pour le prix de vente n'est pas du tout la même.
19:21Et ensuite, les quantités déversées en France et en Europe sont considérables.
19:27Je crois que c'est 99 000 tonnes pour la vente de bœuf
19:35et 180 000 tonnes pour la volaille.
19:38Donc on va être complètement submergé.
19:42Mais surtout, ce que je voudrais dire,
19:46c'est que c'est un accord d'une portée symbolique remarquable.
19:53D'une part parce qu'il montre que, malgré la démarche de ce pauvre monsieur Barnier,
20:00comme les bourgeois de Calais, les clés à la main,
20:04voire les commissaires, pour leur dire,
20:09une seconde, monsieur le bourreau, il s'est fait envoyer baller.
20:15Parce que la commission de Bruxelles, elle fait ce qu'elle veut.
20:18Et je vais vous le prouver.
20:21Pourquoi je parle de portée symbolique ?
20:23Parce qu'en fait, qu'est-ce qui est en train de trafiquer la commission ?
20:28Elle décompose, elle fait comme pour le CETA,
20:30elle décompose l'accord en deux parties.
20:33La partie commerciale qui va être, comment dirais-je,
20:41qui va intervenir et s'appliquer sans l'intervention des États,
20:49sans la ratification des États.
20:52Et ensuite la deuxième partie sera l'accord cadre
20:55qui lui sera soumis à la majorité qualifiée.
20:59Tiens, tiens, à ceux qui nous regardent
21:03et qui ne savent pas ce que c'est que la souveraineté,
21:06j'offre ce petit apologue.
21:11En effet, la souveraineté, ça s'appelle le droit de veto.
21:17Le droit de veto, c'est quand monsieur Macron dit,
21:19ah non, non, non, on ne peut pas, non possumus, je suis souverain.
21:25C'est un intérêt vital pour moi, le droit de veto, intérêt vital.
21:31Mais quand vous n'avez plus le droit de veto,
21:33que vous êtes obligé de faire la salle pour aller chercher
21:35les Autrichiens par-ci, les Luxembourgeois par-là,
21:38vous n'êtes plus souverain.
21:41Vous n'avez plus la souveraineté alimentaire, CQFD.
21:45Et ce n'est pas la peine d'appeler votre ministère,
21:47le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
21:52Comme disait Solzhenitsyn, arrêtez de mentir.
21:56La publicité, on revient dans un instant.
21:58On a énormément de choses à traiter ensemble,
22:00juste après la publicité.
22:02Une courte pause et on se retrouve pour la deuxième partie
22:04de Face à Philippe de Villiers.
22:05A tout de suite.
22:10Ils sont dormés pour entrer dans la nuit.
22:16Charles Aznavour, Philippe de Villiers.
22:28Pourquoi vous avez souhaité qu'on écoute cette chanson,
22:31Philippe de Villiers ?
22:33Parce que Charles Aznavour était Arménien,
22:35qu'il a fait une chanson magnifique.
22:37Ils sont tombés sur les Arméniens,
22:40sur le génocide arménien.
22:43Et cette chanson, elle est de circonstance,
22:46au moment où se déroule la conférence de Bakou,
22:51qui est un scandale absolu.
22:55Parce que l'Azerbaïdjan, vous l'avez dit,
22:57accueille la conférence sur le climat, la fameuse COP 29.
22:59La ministre de la Transition écologique française,
23:02Agnès Pannier-Renacher, a décidé qu'elle ne se rendrait pas sur place.
23:05Idem pour le président de la République.
23:07Tout cela sur fond de crises diplomatiques
23:09entre la France et l'Azerbaïdjan.
23:11Vous avez dit que cette conférence,
23:13qui se tient en Azerbaïdjan, est un scandale absolu.
23:15Pourquoi, Philippe de Villiers ?
23:18Parce que, il y a quelqu'un qui l'a dit avant moi,
23:21c'est François-Xavier Bellamy,
23:23qui était un grand ami de l'Arménie,
23:24que je salue au passage.
23:26Il a dit que c'est un scandale absolu.
23:28Pourquoi ?
23:29Parce que la communauté internationale
23:33passe ainsi l'éponge
23:35sur une épuration ethnique
23:39concernant 120 000 Arméniens
23:43qui habitaient le Haut-Karabakh
23:46depuis 2500 ans
23:50et qui ont été chassés de leurs terres ancestrales
23:56et qui sont aujourd'hui des réfugiés de nulle part.
24:00Au moment même où on sait,
24:02et il ne s'en cache pas,
24:04que le président de l'Azerbaïdjan
24:07continue à menacer l'Arménie
24:09qui est un pays en sursis.
24:13L'Arménie,
24:15la petite sœur qui meurt,
24:17comme disait Anatole France,
24:18la petite sœur de l'Orient,
24:21l'Anatole France,
24:23la petite sœur de la France
24:25qui est là-bas, en Orient.
24:29L'Union Européenne
24:31s'est elle-même déshonorée pour la deuxième fois.
24:35Il faut que les Français le sachent
24:38puisque l'envoyé spécial Charles Michel,
24:40qui n'en rate pas une,
24:43a félicité, congratulé
24:45le président Aliyev,
24:47président de l'Azerbaïdjan,
24:49en saluant son courage
24:51d'avoir organisé cette conférence sur le climat.
24:55Petite parenthèse,
24:56conférence sur le climat
24:57organisée par un pays
24:59qui fait son beurre sur le gaz et le pétrole.
25:01Donc on est dans l'incohérence totale.
25:03C'était une clownerie.
25:07Donc Charles Michel dit
25:09vous êtes courageux, monsieur le président.
25:13Et ça rappelle
25:16la première occasion de se déshonorer
25:19qui avait été choisie par l'impératrice Anderleyen,
25:23qui est allée en personne signer le 18 juillet 2022,
25:26je le rappelle,
25:28un accord gazier
25:30pour avoir un gaz pas cher.
25:34Tout ça est d'ailleurs une épocrisie sans nom,
25:36puisque,
25:38écoutez bien ce que je vais vous dire,
25:40l'Union Européenne boycotte le gaz russe
25:44et conclut un accord
25:47pour obtenir
25:49du gaz azéri,
25:51qui est en fait du gaz russe
25:53acheté par l'Azerbaïdjan.
26:00Alors la France,
26:03la France elle a fait la politique de la chaise vide.
26:07Et une fois n'est pas coutume,
26:09je salue le président Macron.
26:12Et la ministre qui était en partance
26:14et qui a refait ses bagages.
26:18Parce que l'autre il nous insulte
26:20tout en envoyant
26:22des troupes là-bas
26:24en Nouvelle-Calédonie et des moyens
26:26pour nous déstabiliser sur notre territoire.
26:30Mais la France
26:32doit faire plus.
26:34Parce que la petite soeur de l'Orient
26:36sans la France elle n'est plus rien.
26:38En fait il n'y a plus personne qui la défend.
26:40La France elle doit
26:42exiger de Bruxelles
26:44la suspension de l'accord gazier.
26:48Elle doit ensuite exiger
26:50le rapatriement des 120 000
26:52arméniens chez eux
26:54dans le Haut-Karabakh.
26:56Et elle doit veiller
26:58à l'intégrité
27:00de l'Arménie.
27:04Vous sentez bien que
27:06il y a de la passion
27:10dans ma voix.
27:12Et je veux dire pourquoi il y a de la passion.
27:14D'abord parce que
27:16l'Arménie c'est la première
27:18petite chrétienté du monde, 4ème siècle.
27:22Et qu'ensuite
27:24ils vont mourir
27:26si on ne fait rien.
27:28Ils ont déjà été génocidés
27:30par les Turcs.
27:32Tout le monde les abandonne.
27:34Et moi j'aime les Arméniens.
27:36D'ailleurs j'ai été reçu par le président Sarkissian
27:38il y a plusieurs années.
27:40On avait scellé
27:42une relation avec l'Arménie.
27:44Et j'ai planté mon arbre.
27:46C'est un rare privilège.
27:48L'arbre il a 16 ans, j'espère qu'il pousse droit.
27:52Et
27:54planter son arbre en Arménie ça veut dire
27:56faire une partie de soi-même.
27:58Nous sommes frères de souffrance tous les Vendéens avec les Arméniens.
28:02Il faut être allé
28:04à Eliott, je crois.
28:06Une fois dans sa vie.
28:08En face du mont Ararat.
28:10Là où il y avait
28:12l'arche de Noé.
28:14Ainsi le dit la légende.
28:16Il faut aller à Corvirap.
28:18Descendre
28:20dans
28:22la fosse
28:24de Grégoire l'Illuminateur.
28:26Allumer un cierge
28:28et penser à l'histoire de toute l'humanité
28:30qui a commencé ici.
28:32L'humanité chrétienne.
28:34Pour comprendre que
28:38l'Arménie c'est le
28:40prolongement du génie
28:42latin en Orient.
28:44C'est un vase de cristal
28:46sorti d'un léseré d'or.
28:48Et on comprend mieux
28:50pourquoi vous avez voulu commencer
28:52avec la chanson
28:54de Charles Aznavour.
28:56Philippe Devilliers, parlons à présent d'une pétition.
28:58Pétition lancée il y a tout juste une semaine.
29:00Signée par 600.000
29:02Français. Plus de 600.000
29:04Français. En soutien à la chaîne
29:06C8, interdite d'émettre
29:08à partir du 28 février prochain.
29:10Décision prise par
29:12l'ARCOM. Geoffroy Lejeune.
29:14Alors vous avez signé vous aussi
29:16cette pétition. On sait que vous êtes attaché
29:18à la liberté d'expression. Vous en parlez aussi
29:20dans votre livre. Pourquoi est-ce
29:22que vous vous êtes manifesté cette fois-ci
29:24vous qui signez pas beaucoup de pétitions ?
29:26C'est la première pétition de ma vie.
29:28C'est la première pétition que vous signez ?
29:30Oui. Vous savez pourquoi ? Ah bah non, allez-y !
29:32Parce que je suis
29:34pas un sans-culotte. Enfin vous êtes très jeune.
29:36Non mais pour un pétitionnaire
29:38sans-culotte
29:42c'est trop facile quand on signe
29:44une pétition. Mais là c'est important. Pourquoi ? Parce que
29:46si tous les gens qui nous
29:48regardent et qui nous écoutent
29:50ces news européens
29:52signent
29:56c'est un signal que nous
29:58envoyons au nom de la liberté
30:00d'expression.
30:02Et si vous me permettez
30:04j'interviendrai à deux titres
30:08sur cette question de C8.
30:12Après avoir dit quand même que
30:14c'est une chose inouïe de voir une chaîne
30:16de télévision
30:18qui n'aura
30:20plus son autorisation d'émettre.
30:22C'est une chose inouïe.
30:24Inédite.
30:26Et je sais de quoi je parle.
30:28Parce que le premier titre
30:30c'est co-rédacteur
30:32de la loi
30:34du 30 décembre 1986
30:36avec François Léotard
30:38et sous la férule
30:40de Jacques Chirac et Edouard Balladur.
30:421986
30:44c'est la privatisation de la loi RTF
30:48et donc cette loi est capitale, elle est fondatrice
30:50et je me souviens
30:52de la rédaction de l'article 1
30:54et de l'article 13.
30:56L'article 1
30:58dit
31:00la liberté de la communication
31:04ne souffre pas de limites
31:06sauf les contraintes
31:08de la défense nationale.
31:10On n'est pas dans ce cas là.
31:14Et l'article 13
31:16est très explicite.
31:18La CNCL
31:20à l'époque c'était la CNCL
31:22la commission nationale, la communication
31:24et les libertés. La CNCL c'est l'ancêtre
31:26de l'ARCOM. La CNCL
31:28l'organisme régulateur
31:30a pensé comme ça
31:32veille, je cite
31:36à l'expression pluraliste
31:38des courants de pensée
31:40et d'opinion.
31:42On est très très très loin
31:44d'une magistrature parallèle
31:46qui prend des décisions
31:48de fermeture.
31:50Dans notre esprit,
31:52dans l'esprit du législateur
31:54qui a voté cette loi préparée par
31:56la rue de Valois
31:58les choses étaient
32:00claires, on ne touche
32:02à la liberté que d'une main tremblante.
32:04Il n'est pas
32:06question que l'organisme
32:08régulateur
32:10soit un organisme de censure.
32:14Et donc là comme ailleurs
32:16quand on laisse faire les juges
32:18et
32:20leur cousin Germain
32:22l'ARCOM,
32:24on finit par récolter la tempête
32:26et une quasi
32:28souveraineté de ceux qui s'intitulent
32:30magistrats parallèles.
32:36Le deuxième titre
32:40va peut-être vous paraître
32:42inattendu
32:46mais je ne peux pas
32:48m'empêcher de dire quelque chose de personnel
32:50ce soir.
32:54Je veux témoigner
32:58qu'il y a
33:00dans notre pays recrue des preuves
33:04dans notre vieux pays
33:06des
33:08capitaines d'industrie
33:12des
33:14hommes, des esprits
33:16supérieurs
33:18qui ont l'humeur
33:20solaire, la liberté
33:22solaire, qui ont l'amour
33:24du pays, qui sont
33:26dénués de tout sectarisme
33:28qui sont
33:30adeptes d'un capitalisme
33:32sacrificiel
33:34et qui mettent une partie
33:36des moyens, qui sont
33:38les leurs, au service
33:40de la liberté d'expression.
33:42Alors on les conspue
33:44on les traque parfois
33:46je pense à des gens comme Bernard Arnault
33:48et comme Vincent Bolloré.
33:52Je connais bien Vincent Bolloré
33:54et j'ai écrit
33:56un apologue sur lui
33:58c'est pas un hasard
34:00tout est sauf
34:02après, tout est perdu.
34:06La liberté
34:08d'expression est en perdition
34:10mais il y a
34:12Canal+, C8
34:14CNews, Europe 1
34:16etc.
34:18Ils ont parlé de la presse écrite.
34:20Qu'est-ce que ça veut dire ?
34:22Ça veut dire qu'il y a des petits espaces
34:24de respiration
34:26et si on connaît un tel succès
34:28c'est parce que les gens viennent respirer
34:30avec nous
34:32à l'altitude mentale où l'âme respire
34:34en pleuvant.
34:38Vincent Bolloré
34:40n'est pas du tout l'homme qu'on croit
34:42moi je le connais bien
34:44et j'en peux plus d'entendre
34:46que c'est une espèce
34:48de monstre fantomatique
34:50capitaliste prédateur etc.
34:52Non, c'est un homme
34:54il se réveille
34:56avec la France, il s'endort
34:58avec la France
35:00il se réveille avec la France
35:02souffrante, il s'endort avec la France
35:04souffrante.
35:06C'est rarissime de voir des gens
35:08qui sont des créateurs
35:10de valeurs ajoutées et qui sont d'abord en même temps
35:12des créateurs de valeurs.
35:14C'est un roc
35:16de l'harmonique, de l'armorique
35:18battu par les vents de galerne
35:20et qui est en même temps
35:22comme il le dit lui-même
35:24quelqu'un qui a l'air
35:26de semer
35:28ses poursuivants
35:30par le déhanché
35:32du lapin breton
35:34qui n'a d'égal et de rival
35:36que le déhanché du lapin
35:38puifolet.
35:42Et pourquoi il fait tout ça ?
35:44Et pourquoi il y a ces huit ?
35:46Et pourquoi il y a ces news ?
35:48Et pourquoi il y a tout ce qui nous réunit ?
35:50Parce que c'est une belle maison, c'est une grande maison
35:52et moi je suis fier d'être avec vous
35:54on s'entend bien, c'est une grande famille
35:56avec des tempéraments très différents
35:58des talents très différents
36:00mais qu'est-ce qui nous réunit ?
36:02C'est que
36:04les héros modernes
36:06les héros de notre temps
36:10ce sont
36:12les derniers chevaliers
36:14de la liberté
36:16et les derniers chevaliers de la liberté ce sont ceux qui
36:18aujourd'hui érigent et protègent
36:20des hauts lieux
36:22de la parole alternative.
36:28Le déhanché du lapin breton
36:30c'est l'un des chapitres de Mémoryside
36:32si je ne m'abuse
36:34c'est un des chapitres, oui
36:36et c'est le déhanché du lapin breton
36:38c'est pas simplement
36:40l'art
36:42de semer les poursuivants
36:44et donc d'échapper
36:46à leurs vindictes
36:48c'est aussi l'art
36:50de semer
36:52l'espérance.
36:54Tout est perdu, tout est sauf
36:56Mémoryside
36:58je précise votre ouvrage qui est sorti
37:00il y a une dizaine de jours
37:02et qui est numéro 1
37:04des ventes, qui est un carton
37:06absolu Philippe Devilliers
37:08Soyons humbles.
37:10Je ne dirais que ça.
37:12Jadis
37:14j'avais une circonscription électorale
37:16maintenant j'ai une
37:18circonscription électorale
37:20et en fait entre les électeurs et les électeurs
37:22il y a une grande différence.
37:24Les électeurs
37:26vous considèrent comme une serpillère
37:32alors que les électeurs
37:34vous êtes une partie de leur vie
37:36vous êtes entrés dans leur vie.
37:38J'ai hâte de voir une chose
37:40j'ai déjà vu Philippe signer des livres
37:42en séance de dédicaces
37:44il y avait du monde avant
37:46maintenant c'est la première fois
37:48que vous sortez un livre depuis l'émission
37:50et j'ai hâte de voir comment ça va se passer.
37:52Affaire à suivre
37:54peut-être qu'on pourrait voir ça
37:56c'est vrai je serais curieux de voir ce qu'il y a
37:58Quand on a écrit plusieurs livres
38:00beaucoup de gens qui viennent pour la signature
38:02vous disent
38:04à l'oreille
38:06en se penchant comme s'ils étaient seuls
38:08je me souviens
38:10dans la lettre
38:12ouverte aux coupeurs de tête
38:14vous aviez dit ceci cela
38:18c'est bouleversant en fait
38:20c'est toutes les affections françaises
38:22qui s'expriment
38:24et qui sont
38:26les meilleures réponses aux mémoricides
38:28tant qu'il y aura des français
38:30il n'y aura pas de mémoricides
38:32plus de 680 000 signataires
38:34vous imaginez en l'espace d'une semaine
38:36je disais que ça n'arrive pas souvent
38:38quasiment jamais vu
38:40ça va jusqu'à faire signer
38:42première pétition
38:44en 18 ans d'expérience
38:46pour Philippe Devigny
38:48je fais un parallèle
38:50et ensuite on avance
38:52je fais un parallèle et un lien
38:54entre le réquisitoire
38:56dont on a parlé
38:58en début d'émission
39:00et la suppression de C8
39:02c'est à dire qu'en fait
39:04c'est un mouvement d'ensemble
39:06il y a quelqu'un qui dit ça très bien c'est Mathieu Bocoté
39:08c'est à dire qu'en fait
39:10l'expression c'est quoi ?
39:12c'est la liberté de penser
39:16la liberté
39:18de s'exprimer
39:20la liberté de manifester
39:24et la liberté éditoriale
39:28la liberté de pouvoir faire une télévision libre
39:32autre sujet Philippe Devigny
39:34on va parler du match
39:36France-Israël
39:38on parlera rapidement
39:40qui s'est tenu jeudi soir
39:42au stade de France
39:44une semaine après les scènes d'une violence inouïe
39:46à Amsterdam
39:48une enceinte à Saint-Denis vide ou presque
39:5016 000 spectateurs
39:52un dispositif de sécurité
39:54inédit
39:56la France n'a pas fait le choix de la Belgique
39:58c'est à dire de délocaliser la rencontre
40:00refusant d'accueillir l'équipe d'Israël
40:02mais pour autant
40:04que signifie selon vous
40:06la précaution prise par les autorités françaises
40:08Philippe Devigny
40:10je vais tout de suite dire ce qui m'a frappé
40:12en regardant la télévision
40:14c'est
40:16le rapprochement de deux images
40:18le Bataclan
40:20il y a 9 ans
40:22c'est l'anniversaire
40:24et le stade de France aujourd'hui
40:26et je me disais
40:28voilà
40:30rien n'a changé en fait
40:32ils n'ont rien compris
40:34tout le monde se tête, tout le monde tourne autour
40:36mais personne ne veut rien dire
40:38or il y a un lien entre les deux
40:40il ne s'est rien passé
40:42on a fait des marches blanches
40:44on a mis des cierges mais surtout on ne dit rien
40:46et donc cette phrase
40:48de Camus est tellement connue que je
40:50scrupule à la citer mais quand même
40:52elle dit tout
40:54ne pas nommer
40:56les choses c'est ajouter au malheur du monde
40:58alors
41:00question
41:02comment
41:04doit-on nommer
41:06les agresseurs
41:10selon Eléphy
41:12on dit des justiciers
41:14qui répondent à des provocateurs
41:16pour Amsterdam vous voulez
41:18c'est ce qu'on a dit
41:20c'est ce qu'ils ont dit, ensuite
41:22les hooligans
41:24comme on dit en Angleterre, ensuite
41:26des
41:28des jeunes
41:30venus des quartiers populaires
41:32comme on dit à Sciences Po
41:34des spectateurs anglais comme disait
41:36Darmanin, c'est à dire qu'en fait on tourne autour
41:38alors qu'en fait il faudrait les appeler
41:40comme on doit les appeler
41:42des criminels racistes antisémites
41:44c'est aussi simple que ça
41:46ensuite
41:48le stade de France, quand je regardais le stade de France
41:50avec le double cordon
41:52je pensais à une
41:54douve en fait
41:56et je me disais le stade de France
41:58comment le nommer là
42:00c'est une citadelle assiégée à la Mérovingienne
42:04et donc on ne peut pas ne pas penser
42:06aux mots de l'ancien ministre de l'intérieur
42:08Gérard Collomb qui disait on va passer bientôt
42:10quand on y est, du côte à côte
42:12au face à face, parce que pour tenir
42:14un match, alors on avait un match
42:16c'était lunaire le match
42:18entre
42:20les mercenaires et
42:22les joueurs d'Israël
42:24bon
42:26beaucoup de gens ont coupé d'ailleurs
42:30et
42:32le stade de France
42:34est-il encore en France
42:36la Seine-Saint-Denis est-elle encore en France
42:38la France est-elle encore en France
42:40voilà les questions qu'on peut se poser
42:44et puis il y a une autre question
42:48j'ai lu des papiers sur l'antisémitisme
42:50et on dit
42:52il y a plusieurs variétés d'antisémitisme
42:54ah bon ? ah oui
42:56il y a plusieurs variétés d'antisémitisme
42:58à gauche, oui
43:00c'est-à-dire que le nouvel antisémitisme
43:04il faut le qualifier
43:06comme l'ont fait
43:08Tagueff, Bensoussan
43:10c'est-à-dire en fait c'est l'immigration invasive
43:12c'est les nouveaux quartiers souverains
43:14et c'est la contre société islamique
43:16et j'arrive
43:18à la question essentielle
43:20vous étiez
43:22non ?
43:24vous n'étiez pas au stade ?
43:26jeudi soir ? oui, bien sûr que si
43:28bon
43:30alors vous avez vu les personnalités
43:32ah j'étais loin de la tribune présidentielle
43:34c'est impressionnant, ils étaient tous là
43:36un homme du peuple Philippe de Villiers
43:38ils étaient tous là
43:40et moi
43:42je me suis dit la chose suivante
43:44ces gens là
43:48ces personnalités
43:50il n'y a pas longtemps
43:52au mois de juin
43:54ils échangeaient le poivre et le sel
43:56avec Alephi
43:58ils se sont alliés
44:00pour gagner les élections, pour faire barrage
44:02ils ont fait
44:04le Front Républicain
44:06et voilà que en fait
44:08ils ont
44:10accompagné dans les urnes
44:12ce qu'ils dénoncent
44:14aujourd'hui dans un stade
44:16alors il y a une expression
44:18à la buvette
44:20où vous êtes allé
44:22que vous n'utiliserez pas
44:24mais moi que j'ai entendu de loin
44:26faux cul
44:30une buvette toujours avec modération
44:32Philippe de Villiers cette semaine
44:34on a commémoré évidemment le 11 novembre
44:36dans un contexte où
44:38on l'a découvert
44:40ces dernières heures
44:42les noms des soldats morts pour la France ont été saccagés
44:44nous apprend le Figaro sur le monument mort
44:46de Gradignan
44:48il y a un mois
44:50vous avez le tweet également de Marion Maréchal
44:52profondément attristé par la dégradation
44:54du monument mort de Gradignan
44:56qui peut oser faire une chose
44:58pareille, se questionne-t-elle
45:00dans un contexte également
45:02où selon certains sondages
45:04un français sur deux ignore
45:06que c'est la commémoration
45:08de l'armistice du 11 novembre 1918
45:10et je me suis dit que j'allais vous poser cette question
45:12Philippe de Villiers après tout
45:14à quoi sert-il de ce souvenir ?
45:20à quoi sert-il de ce souvenir ?
45:28je vais vous répondre
45:32aujourd'hui en fait
45:34on a vraiment changé d'époque
45:38du temps de nos pères
45:42l'homme
45:44savait
45:46qu'il faisait l'histoire
45:48et il savait
45:50quelle histoire il faisait
45:52il avait le goût
45:54l'instinct
45:56du temps long
45:58avec l'ablation
46:00de la mémoire
46:02avec l'ablation de la mémoire
46:06depuis l'abolition du roman national
46:08l'homme
46:12sait
46:14qu'il fait l'histoire
46:16mais il ne sait pas
46:18quelle histoire il fait, c'est le mot de Raymond Aron
46:22et avec le mémoricide, le stade d'après
46:24où nous sommes, ou presque
46:26l'homme
46:28ne sait plus
46:30qu'il fait l'histoire
46:32et il ne sait plus quelle histoire il fait
46:34il vit dans l'instant
46:36comme une coquille de noix
46:38dans le Vendée Globe sur les moutons
46:42il ressemble
46:44à Fabrice Del Dongo
46:46le héros de la chartreuse
46:48de Parme
46:50qui raconte qu'il est plongé
46:52dans la bataille de Waterloo
46:54et qui confesse que
46:56il ne sait pas saisir
46:58ce qu'il a pourtant sous les yeux
47:00il sent, il sait que
47:02c'est un événement
47:04qui va faire l'histoire mais il ne sait pas lequel
47:06et il le confesse
47:08nous sommes
47:10les Fabrices
47:12les nouveaux Fabrices
47:14de notre temps
47:16et c'est à cela
47:18qu'il sert
47:20de ce souvenir
47:22ce souvenir c'est apprendre
47:24à se situer dans le temps
47:26déposer en soi des points précieux
47:30pour ne plus vivre dans l'instant
47:32et apprendre
47:34que dans toutes les civilisations
47:36ce ne sont pas les
47:38vivants qui gouvernent les morts
47:40mais les morts qui gouvernent les vivants
47:42et donc
47:44j'aspire comme beaucoup
47:46comme vous sans doute
47:48à ce que se lève
47:50une nouvelle génération
47:52de
47:54consciences dressées
47:56qui veilleront
47:58à ce que coulent dans leurs veines
48:00les pérennités françaises
48:02et pour ce souvenir
48:04justement je vous propose une séquence
48:06absolument bouleversante
48:08et vous souhaitez
48:10nous montrer comment on commémore le 11 novembre
48:12à l'appui du Fou Académie
48:14Académie fondée par votre fils
48:16Nicolas De Villiers en 2015
48:18regardez
48:22Le 11 novembre 2015
48:24Le 11 novembre 2015
48:26Le 11 novembre 2015
48:28Le 11 novembre 2015
48:30Le 11 novembre 2015
48:32Le 11 novembre 2015
48:34Le 11 novembre 2015
48:36Le 11 novembre 2015
48:38Le 11 novembre 2015
48:40Le 11 novembre 2015
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48:44Le 11 novembre 2015
48:46Le 11 novembre 2015
48:48Le 11 novembre 2015
48:50Le 11 novembre 2015
48:52Le 11 novembre 2015
48:59Philippe vous terminez toutes ces émissions par ce que vous appelez
49:01L'Apologue, aujourd'hui vous l'avez tiré
49:03d'une histoire authentique
49:05qui s'est déroulée le 11 novembre
49:07pardon 1918
49:09on vous écoute
49:11ben en fait je vais vous emmener avec moi
49:13si vous voulez bien un instant
49:15Le 1er août 1914, c'est l'inauguration d'une ligne de chemin de fer, dans le bocage vendéen.
49:26Elle est magnifique, elle est toute neuve, il y a des viaducs splendides.
49:32Mais en fait, ce dont je vais vous parler, c'est le lendemain.
49:36Parce que le lendemain, la gare est pleine.
49:39La gare regorge de monde, et notamment des jeunes enthousiastes, immobilisés, en garance de la classe 14, avec le drapeau quand la France voudra.
49:58Le train siffle et fume, c'est le signal du grand départ qui est imminent.
50:08Il y a de l'émotion, mais c'est festif et joyeux.
50:12On sera bientôt de retour.
50:17Sur le quai, les familles font un geste de la main, un geste discret, affectueux.
50:26À très vite, on vous attend pour les vendanges.
50:32Et à couder aux fenêtres du train à vapeur, des alignements de conscrits du pays alentour,
50:45des vareuses bleu horizon qui portent la marguerite à la bouche et la fleur au fusil.
50:53Et dans les escarbilles de la locomotive, on entend siffloter les airs de Apollinaire.
51:02Ah, que la guerre est jolie.
51:05Elle sera courte.
51:07C'est une promesse, un pronostic.
51:14Juste le temps d'aller moissonner les boches.
51:19Le train s'ébranle.
51:24Les derniers baisers.
51:27À très vite.
51:29Destination Verdun.
51:33Sur le quai demeure une jeune femme, Louise.
51:40Son mari lui a fait ses adieux ainsi qu'à son fils, qui s'appelle Jacques.
51:44Il s'appelle Jacques Maupillier, le soldat.
51:49Louise, c'est son épouse, et le petit Jacques, qui porte le même prénom que lui, c'est son fils, il a dix ans.
51:58Sa femme court après lui, avant qu'il ne monte dans le train.
52:03« Tu nous écriras ? Tu nous écriras ? Tu me promets ? »
52:08« Oui, je t'écrirai, bien sûr. »
52:13Et le petit garçon me rend chérir.
52:15« Papa, n'oublie pas ton béret. N'oublie pas ton béret. »
52:21Le béret, c'est le béret de conscrit. Conscrit de Chambretaud.
52:27Il vise son béret.
52:32Pour ne pas le perdre.
52:35Il a exécuté la demande de son fils.
52:38Et puis il s'éloigne.
52:40Bientôt le panache de fumée s'évapore sur le viaduc de Barbun.
52:48C'est fini. Il faut attendre.
52:51Il faut attendre le retour.
52:55Attendre les lettres.
52:58Attendre les nouvelles.
53:01Et bientôt, c'est le silence.
53:03Et le 11 novembre 1918, les cloches sonnent.
53:12Devant le monument aux morts, Louise, qui pleure,
53:17prend son petit gars dans ses bras.
53:20Le serre.
53:23Et lui murmure à l'oreille de sa mère.
53:26« Papa, il est où ? Il va revenir ? »
53:31Bien sûr qu'il va revenir.
53:34Elle sait. Elle a compris.
53:38Lui, pas encore.
53:40Et un an après, très exactement un an après, le 11 novembre 1919,
53:45devant le même monument aux morts,
53:47les gendarmes remettent sur un coussin rouge
53:53le dernier vestige retrouvé de son mari.
54:00Un béret.
54:02Le béret défréchi de conscrits récupérés dans la tranchée des baïonnettes.
54:09Alors, Louise serre le béret contre son cœur.
54:15Puis elle le donne à son fils, Jacques.
54:21Et là, la musique entonne la fanfare de Robert Brousse.
54:28Et qu'est-ce qui se passe ?
54:30Surprise.
54:32Le petit garçon, le petit Jacques,
54:36il prend le béret, il l'embrasse et il le coiffe.
54:41Et là, il fait le salut militaire.
54:44Il a dix ans.
54:45Il fait le salut militaire qu'il n'a jamais appris.
54:48Le salut devant le monument aux morts où manque le nom de son père,
54:51pas encore inscrit.
54:53Il fait le salut militaire, comme pour dire à son père,
54:56« Papa, tiens bon. L'arrière, tiens bon.
55:03Tout est perdu, tout est sauf. »
55:11Un grand merci, Philippe de Villiers.
55:13Tout est perdu, tout est sauf.
55:15Merci Geoffroy Lejeune.
55:17On se retrouve la semaine prochaine.
55:20Merci à tous les deux.

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