• il y a 8 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - Emmanuel Ducrox, on va parler automobile avec vous ce matin.
00:04 Jean-Dominique Senard, le président de Renault a été auditionné la semaine dernière
00:07 par la commission des affaires économiques du Sénat.
00:09 Il a déploré qu'aucune étude d'impact sérieuse n'ait été réalisée
00:14 avant qu'on interdise les voitures thermiques.
00:16 Vous connaissez la date, 2035.
00:17 - Il n'est pas le seul dirigeant du secteur automobile à s'inquiéter
00:20 de la faisabilité de la fin du moteur thermique.
00:22 Lucadiméo chez Renault avec lui,
00:24 avant le patron de Stellantis, Carlo Stavaras, s'en est inquiété aussi.
00:28 Volkswagen repousse la construction d'une usine de batterie en Allemagne.
00:32 Mercedes explique qu'elle gardera le thermique plus longtemps que prévu.
00:35 Les constructeurs sont échaudés par les errements politiques.
00:38 Comme rien n'a été évalué, c'est le brouillard.
00:41 - Mais pourquoi l'Union Européenne n'a-t-elle pas fait ces études d'impact
00:44 qui permettraient d'y voir plus clair et peut-être d'identifier certains problèmes ?
00:48 - La première raison, c'est qu'elle a la fâcheuse habitude
00:50 de penser qu'elle peut fixer un objectif sur un coin de table
00:53 et que ça suffit à faire une politique publique,
00:55 sans jamais se demander comment ni avec quels effets.
00:58 L'intendance suivra, elle a fait exactement la même chose avec l'agriculture,
01:01 on en a beaucoup parlé ici.
01:02 La seconde raison pour avoir soigneusement évité l'étude d'impact,
01:05 c'est qu'elle pressentait que les réponses obligeraient
01:07 à confronter la pensée magique à la réalité.
01:10 Une réalité qui supposait de tordre le cou à un certain nombre de dogmes écolos,
01:14 et ça, ça n'a pas bonne presse.
01:15 - Alors quel dogme en l'occurrence ?
01:17 - Il y a d'abord le dogme vert de la décroissance,
01:19 qui continue à façonner la pensée de toute une partie de la gauche européenne.
01:23 Pour transformer le parc automobile, il faut construire des usines,
01:26 de pièces, de batteries. Or, il est devenu quasiment impossible
01:29 d'en implanter en France, et dans toute une partie de l'Europe,
01:32 elles font toutes systématiquement l'objet d'opposition.
01:35 Regardez ce qui se passe à Maubeuge avec un projet d'implantation d'une usine de batterie.
01:39 Une étude d'impact, ça signifiait décrire noir sur blanc qu'il fallait de grandes usines,
01:44 ou alors renoncer à notre secteur automobile pour importer.
01:47 Et tout ça, c'est dur à assumer.
01:49 - C'est inadmissible même.
01:50 Est-ce qu'il faut aussi des métaux, il faut des terres rares pour faire la voiture électrique ?
01:54 - Là encore une étude d'impact, ça a obligé à dire la réalité aux citoyens.
01:58 Ces métaux, nous devons les importer, et donc signer des accords de libre-échange.
02:02 Ou alors il faut recommencer à ouvrir des mines ici, sur le sol européen.
02:05 Regardez ce qui se passe dans l'Allier, où un projet de mine de lithium est extrêmement contesté.
02:10 Comme la stratégie de la Commission européenne a plutôt consisté à exporter loin,
02:14 très loin les nuisances environnementales pour se donner bonne conscience,
02:17 et bien tout ça, ça ne colle pas avec le narratif.
02:19 Les conséquences de l'objectif tout électrique sont dures à assumer face à l'électorat.
02:24 - Et puis il y a la question de l'électricité pour faire tourner ces voitures électriques.
02:27 - C'est pas préféré. La transformation du parc automobile implique une croissance très importante des usages électriques.
02:33 Et ça, ça ne s'accorde ni avec le discours sur le tout renouvelable,
02:36 ni avec le discours sur la baisse de la consommation.
02:38 Cet antinomique, une étude d'impact sur la voiture électrique, ça a obligé à poser clairement la réalité.
02:43 Nous avons besoin de produire beaucoup plus de façon stable et de façon décarbonée.
02:47 Et ça, ça suppose une chose du nucléaire, ce nucléaire dont Ursula von der Leyen ne veut pas prononcer le nom.
02:52 Et donc, on a laissé pourrir le sujet par simple peur d'affronter les chiffres et les faits.
02:57 Et là maintenant, l'Europe est rattrapée par la réalité de ces hypocrisies.
03:02 - Signature Europe 1, Emmanuel Ducrox. Merci beaucoup Emmanuel.