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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00Merci Olivier Delagarde.
00:02Emmanuel Ducrot, bonjour à vous Emmanuel.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors sans transition, vous nous parlez aussi, alors c'est aussi dans l'actualité de ce matin, de frette SNCF.
00:09C'est moi un petit chat.
00:10Ah non, pour le coup, frette SNCF, c'est la filiale de transport de marchandises de la SNCF qui vit ces dernières semaines.
00:16La France est obligée, Emmanuel, de démanteler frette SNCF d'ici le 1er janvier.
00:22Oui, ça parait fou, mais la France doit fermer les activités de frette de la SNCF
00:26et elle doit les reconstruire sous une autre forme.
00:29Ça s'appelle une procédure de discontinuité.
00:32Alors concrètement, l'entreprise frette SNCF qui gère la moitié des trains de marchandises en France
00:37cessera d'exister le 31 décembre et elle sera aussitôt remplacée le 1er janvier 2025 par deux autres sociétés.
00:44L'une va s'appeler ExaFret et elle sera chargée du fret ferroviaire Stricto Sensu
00:49et l'autre fera la maintenance des locomotives, elle s'appellera Technis.
00:52Dans l'opération, la SNCF va abandonner 30% des lignes de frette qu'elle gère
00:57et 20% de son chiffre d'affaires.
01:00Alors derrière ce mécano, il y a un conflit entre la France et la Commission Européenne.
01:03Oui, vous vous doutez bien que tout ça n'est pas fait pour le plaisir.
01:06Début 2023, les autorités de la concurrence européenne se sont intéressées aux subventions
01:10que la France avait versées depuis le début des années 2000 aux frettes de la SNCF
01:14qui étaient mal en point et les autorités de la concurrence sont tombées sur un os.
01:19Elles estiment qu'après 2007, c'est-à-dire après l'arrivée de la concurrence dans le secteur du fret ferroviaire,
01:24la France a favorisé avec ses subventions son opérateur national au détriment des nouveaux arrivants.
01:31Ça s'appelle une distorsion de concurrence et c'est illégal.
01:34Alors la France a essayé de plaider sa cause, de dire que c'était pour des bonnes raisons
01:37qu'elle avait subventionné son frette, mais ça n'a pas marché.
01:40Et la Commission Européenne estime qu'elle doit maintenant rendre 5 milliards d'euros de subventions indues.
01:46La SNCF doit rendre 5 milliards de subventions.
01:48Oui, il faut que la SNCF les rende à l'État.
01:52Oui, évidemment c'est impossible. Un fret SNCF, ça représente 750 millions d'euros de chiffre d'affaires par chaque année.
01:58S'il avait fallu rendre les 5 milliards, l'entreprise aurait été en faillite immédiate.
02:03Voilà, et donc l'État a négocié une solution avec Bruxelles.
02:06Ah oui, alors avec un très bon argument.
02:07Si Bruxelles tue le fret ferroviaire français, elle favorise le transport routier
02:12qui en France émet 14 fois plus de CO2 que le train à service comparable.
02:16Alors c'est ridicule et puis c'est surtout en contradiction avec les objectifs écologiques européens.
02:20Et c'est donc là qu'est arrivée cette fameuse idée de la discontinuité juridique.
02:24La SNCF ferme fret SNCF, la dette de 5 milliards tombe aux oubliettes.
02:30Elle peut donc rouvrir des activités de fret, mais de taille réduite.
02:33Ben oui, ça c'est la réparation du préjudice.
02:35Il faut redonner aux concurrents la chance qu'ils ont perdue avec les distorsions.
02:40Et ça passe mal à la SNCF, bien sûr.
02:41Oui, les syndicats sont révoltés, ils sont inquiets pour le sort des 500 cheminots.
02:45C'est un dixième des effectifs de fret SNCF qui vont être reclassés dans l'entreprise
02:49puis ils ont le sentiment aussi qu'on casse le transport de marchandises publiques.
02:53Mais pour rude que ça paraisse, c'est la seule façon de redonner une chance de survie aux frets
02:58et peut-être, peut-être de le relancer.
03:00Oui, parce qu'il en a bien besoin.
03:01Et oui, la part des biens qui circulent sur des rails en France, c'est 9%.
03:05On est à 18% en moyenne de l'Europe, nous sommes de très mauvais élèves.
03:08Alors il y a deux raisons à ça.
03:09Les grèves qui pénalisent le transport de marchandises ferroviaires
03:12et puis le mauvais état de notre réseau ferré.
03:14Tout ça, ça pousse les clients à préférer la route.
03:17Bah oui, une concurrence peut en cacher une autre.