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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous. Cette enseigne est synonyme de vastes boutiques de mode à tout petit prix.
00:10 Primark, plus d'une décennie d'implantation en France.
00:13 Bonsoir Christine Noisy.
00:15 Bonsoir.
00:15 Vous êtes la directrice générale France de Primark.
00:18 27 magasins partout en France, 120 000 m², 7 000 salariés.
00:23 C'est pas terminé, c'est bien ça ?
00:25 C'est pas terminé, prochain magasin décembre 24 à Rouen.
00:31 Et vous avez donc 5 nouveaux magasins prévus sur 2 ans.
00:34 Sur 2 ans, oui.
00:35 Ça veut dire que la France, ça marche. C'est un modèle qui marche en France.
00:39 Exactement. Depuis 2013, les Français nous réservent un accueil incroyable partout où on s'implante. Donc on continue.
00:47 Et cette expansion, est-ce qu'elle est propre à la France ou est-ce que vous avez cette expansion un petit peu partout en Europe ?
00:52 Oui, on se développe. On est à maintenant 16 marchés.
00:55 On est aussi en Amérique du Nord depuis peu, depuis 5 ans.
00:59 Et on rencontre le même succès partout. Donc on continue.
01:01 Est-ce qu'il y a une spécificité française en termes d'achat ?
01:04 Non, pas vraiment. En fait, notre modèle qui est unique est le même partout dans le monde.
01:10 Et les clients achètent la même chose.
01:12 Que vous soyez américain, espagnol, français, italien, on a tous le même goût.
01:17 On a tous les mêmes goûts ? On achète la même chose ?
01:19 On achète la même chose.
01:20 D'accord. La France est le troisième marché, c'est ce que j'ai vu.
01:23 La France est le troisième marché monde pour Primark.
01:26 C'est énorme.
01:27 C'est une grande fierté, oui, tout à fait. Et ça témoigne du succès que nous avons depuis un peu plus de 10 ans.
01:32 Malgré une grosse concurrence.
01:33 Malgré une très grosse concurrence. Il y a un marché du textile qui se restreint année après année.
01:38 Alors des robes à 20 euros, des vestes à 30, des chemises à 18, un suit à 8 euros.
01:44 Comment faites-vous pour pratiquer des prix aussi bas ?
01:47 On a un modèle qui est unique et qui est le même depuis 1969, où notre enseigne a été créée en Irlande.
01:53 Où en fait, on a un certain nombre d'actions que nous menons.
01:56 La première, c'est qu'on a deux collections par an seulement, qu'on anticipe 9 mois à l'avance,
02:01 qu'on fait produire chez des sous-traitants sur les périodes creuses pour faire des économies.
02:05 En Asie ?
02:07 En Asie du Sud-Est, comme la majorité des marchands de textiles.
02:10 On transporte en bateau, nous n'avons pas de site internet.
02:13 Ça c'est une spécificité ?
02:14 C'est une spécificité pour Primark, oui, puisque tout est transporté par bateau.
02:18 C'est notre modèle économique, pour rendre du pouvoir d'achat aux clients, il faut que nous ayons des bas coûts.
02:24 Pas de site internet. Nos produits sont proposés aux clients sur un site internet,
02:29 mais vous devez venir dans notre magasin pour pouvoir les trouver.
02:32 Le magasin, c'est notre raison d'être.
02:34 Et pourquoi pas de site internet, Christine Noisy ?
02:36 Parce que notre modèle économique ne nous le permet pas aujourd'hui.
02:39 C'est-à-dire ?
02:40 C'est-à-dire que si je vous livre à la maison, j'ai une marge qui est tellement petite,
02:44 pour avoir un rapport qualité-prix et des produits durables, j'ai une petite marge.
02:48 Et cette petite marge ne me donne pas les moyens de vous livrer à la maison.
02:52 Alors j'ai vu également pas d'emballage, pas de publicité, pas de petite recette aussi.
02:56 Bien sûr, la même chose, pour des raisons économiques, pas de publicité, des stocks pratiquement pas d'invendus.
03:02 Chaque magasin appelle ses produits pour avoir exactement le stock qui lui convient.
03:07 Et donc des toutes petites marges et des très gros volumes ?
03:10 Des toutes petites marges et des implantations dans des zones très denses en termes de population,
03:15 pour effectivement avoir des volumes.
03:17 C'est-à-dire que si vous avez des marges réduites, il faut absolument vendre énormément de t-shirts,
03:22 énormément de robes, énormément de pantalons.
03:24 Il faut surtout être au milieu d'une zone accessible et très dense en termes de population.
03:30 Les clients achètent un t-shirt quand ils ont besoin d'un t-shirt.
03:33 Mais il faut que j'ai beaucoup de clients dans une zone à peu près entre 30 minutes et 1 heure autour de mon magasin.
03:37 Mais il ne faut pas qu'ils viennent pour acheter un t-shirt et puis ils achètent un pantalon, une robe, etc.
03:41 Ah bah évidemment, ils viennent pour s'équiper.
03:43 Mais ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas cette volonté de dire "je vais vendre 10 t-shirts, j'en vends un".
03:48 Il y a deux semaines, l'Assemblée nationale votait à l'unanimité des mesures visant à freiner la fast fashion,
03:54 qui prévoit notamment un malus environnemental. Est-ce que vous, Primark, vous vous sentez visée ?
04:00 Alors, toute l'industrie du textile va être concernée par ce texte de loi qui a été adopté par l'Assemblée nationale.
04:05 On n'en est qu'au début. Il y a deux volets. Le premier volet, c'est par rapport à un nombre de références.
04:10 Aujourd'hui, nous n'avons aucune visibilité sur ce qu'est une référence.
04:14 C'est une taille ? C'est une couleur ? C'est un style ? Ça c'est la première chose.
04:18 La deuxième, moi je vends des produits à toute la famille.
04:21 Les enfants, les adultes, hommes, femmes ?
04:24 De l'enfant jusqu'aux adultes, hommes, femmes.
04:26 Est-ce que je me compare avec une entreprise qui vend par exemple que des sous-vêtements pour adultes ?
04:30 Tout ça n'est pas défini. On va s'asseoir au ministère de l'écologie et on va travailler pour définir cela.
04:36 Sauf que les volumes, vous savez, sont visés. L'idée c'est aussi de regarder...
04:40 On est plus sur un nombre de références.
04:42 D'accord. Alors j'ai vu aussi un nombre de collections par an. Alors ça, pour le coup, vous n'êtes pas concernée par ce volet-là ?
04:47 Collections, références, tout ça n'est pas défini. C'est ça qu'il faut qu'on définisse ensemble.
04:51 Est-ce que vous vous sentez visée quand même ?
04:53 Comme tous les marchands de textiles.
04:55 Tous les marchands de textiles ? Moi je n'ai pas compris ça.
04:57 Moi j'ai compris que c'était quand même l'ultra fast fashion.
05:00 C'est vrai qu'il y a le chinois-chine qui est un peu en ligne de mien.
05:02 Oui, paraît-il. Ce texte de loi, vous savez, les plus grands vendeurs de textiles en France, c'est la grande distribution.
05:07 Donc l'ensemble des marchands de textiles...
05:09 Il est le Claire, Carrefour, etc.
05:11 ... vont être concernés par ce texte de loi.
05:13 Et le deuxième volet de ce texte de loi, c'est par rapport au score environnemental.
05:17 Là aussi, on va travailler tous ensemble.
05:19 100 milliards de vêtements sont vendus annuellement dans le monde,
05:21 et génèrent 4 milliards de tonnes de CO2 par an.
05:24 Vous qui vendez quand même.
05:25 Qui devez faire du volume.
05:26 Vous nous avez expliqué votre modèle économique.
05:29 Forcément, vous rentrez dans ces critères-là.
05:31 On rentre dans ces critères de score environnemental.
05:34 Mais le score environnemental, il faut le définir.
05:36 Est-ce qu'on parle de durabilité ? Est-ce qu'on parle de produits circulaires ?
05:40 Qu'est-ce que vous voulez dire par durabilité ?
05:41 La durabilité, c'est est-ce que vous utilisez des produits qui vont durer longtemps ?
05:46 Exemple, un blue jean.
05:49 Il y a un standard qui est à peu près 5 fois.
05:52 Vous le lavez 5 fois.
05:53 Nous, on a des standards qui sont à 45 fois.
05:55 Vous le lavez 45 fois, et votre jean est encore en bonne santé.
06:00 C'est ça un critère de durabilité.
06:03 Et c'est aussi la matière première que vous utilisez.
06:05 Est-ce que vous utilisez du coton durable, bio ?
06:09 C'est votre cas ?
06:10 C'est notre cas à 50%.
06:12 On est en marche pour avoir 100% de coton durable d'ici 2030.
06:16 On est complètement concerné.
06:18 On est dans la transparence.
06:20 On veut une transparence avec les clients.
06:22 Cette loi va toucher tout le textile.
06:24 Mais elle n'est pas mauvaise puisqu'elle va permettre aux consommateurs de savoir ce qu'ils achètent.
06:29 Vous êtes tranquille avec cette idée ?
06:31 Il y a du travail à faire.
06:32 Il y aura quand même un malus à fixer par décret qui pourrait atteindre jusqu'à 10 euros par produit en 2030.
06:37 Ça, ce serait catastrophique.
06:38 La définition, aujourd'hui, on ne la connaît pas.
06:40 Je ne peux même pas vous répondre si on sera touché ou pas par ce malus.
06:43 Mais ce que vous dites, et c'est intéressant, c'est que finalement, ce n'est peut-être pas si mauvais que ça.
06:48 Ce genre de...
06:51 Ce n'est pas mauvais parce que c'est transparent et qu'à un moment donné, il faut que chacun soit jugé sur des éléments et des critères qui sont justes, qui sont équitables et scientifiques.
06:59 Et ça ne remet pas en cause votre modèle qui est un modèle de croissance de 25 à 30% par an ?
07:04 Pas du tout.
07:05 Ça fait 15 ans qu'on travaille sur tous ces éléments et sur la durabilité et la transparence.
07:08 Donc on est complètement, nous, en accord avec ça.
07:11 On veut simplement travailler pour que ces critères soient justes, équitables et scientifiques.
07:15 Et donc ça ne vous décidera pas de quitter la France, par exemple ?
07:17 Absolument pas.
07:18 Merci beaucoup Christine Ouazi, directrice générale France de Primark.
07:22 Invité Echo de France Info ce soir.
07:24 Merci beaucoup.