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00:00 - La gravité éco, Isabelle Raymond.
00:03 - Nous, on n'a pas de pétrole, mais on a du lithium.
00:07 Une phrase qui a été prononcée il y a un peu plus d'un an par le président de la République, Emmanuel Macron.
00:13 Et ce lithium, c'est vous qui allez l'exploiter.
00:16 Alessandro Dassa, bonsoir.
00:18 - Bonsoir.
00:19 - Vous êtes le directeur général d'IMERIS.
00:22 Vous allez donc explorer, vous êtes en train d'explorer une mine de lithium dans l'Allier,
00:26 où vous exploitez déjà du kaolin avec de très grandes ambitions.
00:31 34 000 tonnes de lithium par an, c'est bien ça ?
00:34 - Tout à fait.
00:35 - Alors quel est le calendrier ?
00:37 - L'année prochaine, 2024, on va aboutir à les études techniques.
00:43 Je pense avoir une usine pilote, une pilote industrielle de grande taille, sous l'année 25.
00:50 Et si tout va bien, démarrer la construction de l'usine de production à partir de 2027.
00:56 - 2027 avec un début d'exploitation 2027-2028.
01:01 Est-ce qu'il y a des oppositions au niveau local ?
01:05 Je pense notamment au risque de pollution et à l'utilisation de l'eau.
01:09 - On n'est pas en direct, non ?
01:12 - On est en direct.
01:14 On a des oppositions, certainement, je dirais plutôt limitées.
01:20 On a un bon dialogue avec toutes les communautés, l'opinion publique autour de nous.
01:27 On a montré qu'on peut faire une mine durable et responsable.
01:33 C'était bien accepté.
01:35 Et je dirais le commentaire le plus commun, on va être attentif, on va monitorer.
01:41 Mais je pense que tout le monde reconnaît les efforts faits par Imerys pour rendre ce projet acceptable.
01:48 - Parce que ce n'est pas tous les jours qu'on exploite une mine de lithium en France.
01:52 - C'est depuis 40 ans que la France ne voit pas une mine.
01:57 - C'est ça.
01:58 - Sur le sol français.
01:59 - Donc il y a forcément des craintes.
02:01 - Il y a des challenges.
02:03 - Alors la compétition est lancée.
02:05 Il y a une autre entreprise, Eramet, qui annonce également l'extraction de lithium en Alsace.
02:10 Avec cette fois-ci, une filiale d'EDF, il y a de la place pour plusieurs acteurs dans ce domaine en France.
02:15 - Absolument oui.
02:16 On a besoin de lithium partout dans le monde, surtout en Europe.
02:20 Les estimes actuelles disent qu'on aura moins que la moitié de lithium nécessaire pour équiper toutes les voitures européennes d'ici à 2030.
02:30 Si tous les projets aboutiront, on n'aura quand même que la moitié.
02:35 - Si tous les projets aboutissent, parce qu'il y a toujours une incertitude dans ce domaine ?
02:40 - Tout à fait.
02:41 Comme dans le cas des milliers, on a un projet, on a une opportunité magnifique, mais c'est 3, 4, 5 ans pour ouvrir une mine, pour avoir tous les permis.
02:50 On a un comité de débat national à venir.
02:53 Alors si tous les projets aboutissent, on n'aura que la moitié.
02:57 - Que la moitié, puisque l'objectif du président de la République, je crois, c'est 2 millions de voitures électriques produites en France à horizon.
03:04 2030 et au niveau européen, interdiction de vendre des voitures d'origine thermique en 2035.
03:11 Donc ce lithium que vous allez exploiter, si tout se passe comme vous l'avez prévu, il est donc destiné en priorité aux voitures électriques, pas aux téléphones portables par exemple.
03:21 - Prenez-vous des quantités, la réponse est clairement oui.
03:24 Une voiture en batterie de 100, 100 kg, 800 kg, un téléphone, quelques centaines de grammes.
03:30 Alors téléphone, ordinateur, outils domestiques, très important, mais prenez-vous des quantités, l'utilisation de lithium va être surtout dans les voitures électriques.
03:41 - Donc le marché, il est là, il sera là demain.
03:44 Est-ce que vos prix, à vous, avec ce lithium exploité, exploré en France, est-ce qu'il sera compétitif par rapport au lithium qui vient notamment de Chine ?
03:53 - C'est une belle question.
03:56 Moi, je pense que la réponse est oui.
03:59 Je pense qu'on peut faire une mine responsable, un projet responsable et compétitif.
04:06 Oui, je le crois, mais certainement les choix qu'on a pris en Europe, dans l'allier en France, Immeris, sont certainement plus vertueux, mais coûteuses.
04:16 - Ça coûte plus cher ?
04:18 - Absolument.
04:19 Faire une mine entièrement souterrain, utiliser des canalisations pour transporter le train, une flotte minière entièrement électrique, a des coûts bien supérieurs qu'est la façon d'exploiter le lithium en Chine aujourd'hui.
04:35 - Donc ça veut dire que vous n'avez aucune certitude que le lithium que vous allez exploiter, les gigafactories qui sont en train d'être construites dans le nord de la France, elles vont l'acheter ?
04:45 - Je pense qu'on va acheter le lithium européen, le lithium propre, le lithium responsable, avec un imprent CO2 beaucoup plus bas que ce qu'on aurait eu à la Chine.
04:55 Je pense que c'est une contradiction de s'attendre à avoir des véhicules électriques pour lutter contre le changement climatique et après acheter du lithium pas propre.
05:05 Ça, je pense que ça ne va pas marcher à long temps.
05:08 - Mais il va falloir que vous réussissiez à les convaincre, Alessandro Dassa.
05:11 Vous savez bien que le prix de la batterie, c'est essentiel dans le prix de la voiture électrique et que si les constructeurs automobiles veulent fabriquer et vendre des voitures qui sont raisonnables, il faut que le prix du lithium le soit également.
05:24 Ce sera un arbitrage qui sera compliqué pour eux.
05:27 - C'est un arbitrage compliqué mais faisable sous la base des estimations qu'il y a aujourd'hui.
05:31 Je pense qu'on peut financer ce projet et produire à des coûts acceptables pour nous, qui vont financer le projet, et pour les constructeurs et les consommateurs final.
05:42 - Demain, la commission industrie du Parlement européen va voter un règlement sur les matériaux critiques pour renforcer justement la souveraineté de l'Union européenne en la matière.
05:52 Est-ce que ça peut permettre de vous aider justement face au lithium chinois ?
05:57 - Je pense que c'est très important ce que la communauté européenne a lancé, le Critical Raw Materials Act, sur les matériaux critiques.
06:05 Il n'y a pas d'argent dédié au projet même, mais ça démarre un cadre de règles qui peut aider le permis, tout ce qui est la phase des permis, la phase des financements, les contacts avec les clients.
06:18 Et j'espère aussi, demain, montrer aussi qu'une mine responsable est possible.
06:23 C'est mieux de le faire en Europe, réglée, moderne, vertueuse, plutôt qu'acheter ailleurs, sans contrôle, sous le produit qu'on importe en Europe.
06:32 Bienvenue à ce système de règles de la communauté européenne.
06:37 - Et donc, dernière question, cette mine que vous allez exploiter, si tout va bien, dans l'allier, c'est votre seul projet à court terme en France ?
06:46 - C'est le plus grand, le plus important et le plus avancé.
06:50 On a un deuxième projet en Angleterre, similaire, on a trouvé du lithium en dessous d'une carrière de kaolin, comme en France.
06:59 On extrait des magnifiques kaolins blanches dans l'allier pour faire des porcelains de limoges et on soude le lithium.
07:05 En Angleterre, la même chose, un peu plus arrière, mais je pense qu'on va ajouter encore des quantités de lithium pour l'Europe.
07:12 - Merci beaucoup Alessandre Dassat, directeur général d'IMERIS.
07:16 Invité ECHO de France Info ce soir.

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