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00:09 20h21, France Info, les informés, Victor Matel.
00:15 - Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue aux informés sur France Info, à la radio et à la télé, Canal 27 bien sûr, de la TNT.
00:22 Au programme ce soir, les annonces de la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet,
00:27 après le départ anticipé du proviseur d'Ulysses Ravel à Paris menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile des annonces,
00:35 également en réponse aux menaces qui visent de très nombreux établissements du second degré, menaces d'attentats.
00:41 Il sera aussi question de l'inflation qui ralentit légèrement.
00:45 Seule bonne nouvelle, nous nous poserons la question dans un horizon économique assombri.
00:50 Et puis de la lumière avec la Queen, Queen Bee Beyoncé qui sort son nouvel album, de la country, l'occasion de parler musique et politique outre-Atlantique.
00:59 Avant de se déhancher sur Beyoncé, il va falloir débattre, analyser la mission ce soir de nos trois informés, comme tous les vendredis.
01:06 - Amedame Mostafavi, bonsoir. - Bonsoir.
01:08 - Directrice adjointe de la rédaction de L'Express, Véronique Reissoult est avec nous, bonsoir. - Bonsoir.
01:13 - Présidente de Backbone Consulting, maître de conférences sur communication de crise à Sciences Po,
01:18 auteur de L'Ultime Pouvoir, la face cachée des réseaux sociaux, c'est aux éditions du CERF comme tout autre lit de semaine.
01:23 Vous serez notre vigie sur le web. Marie-Estelle Pech est également là, bonsoir.
01:28 Rédactrice en chef société à Marianne, c'est parti pour une heure de débat.
01:33 Trois jours après le départ en retraite anticipée du proviseur du lycée parisien Maurice Ravel, menacé de mort, on le disait,
01:41 après avoir demandé à une élève de retirer son voile, de nouvelles mesures annoncées aujourd'hui par la ministre de l'Éducation dans un contexte
01:48 marqué aussi bien sûr par ces menaces d'attentat qui visent de nombreux collèges et lycées via l'ENT, l'espace numérique de travail,
01:56 qui sert, vous le savez, de liaison entre les élèves et les enseignants. Dès hier soir, Nicole Belloubet avait annoncé suspendre les messageries
02:04 de ces ENT pour éviter toute nouvelle menace via ce canal ce vendredi. D'autres mesures ont donc été prises. On écoute la ministre.
02:12 Quant à la sécurité physique, je déploierai une force mobile scolaire qui sera nationale et qui pourra être projetée dans les établissements qui connaîtraient des difficultés.
02:26 Je veux aussi dire que désormais, l'État se portera systématiquement parti civil lorsqu'une plainte sera déposée. Nous voulons dire que ces choses-là ne sont pas acceptables.
02:37 Et lorsqu'il y a des actes de cybermalveillance, des actes d'attaque physique, comme cela a pu se produire dans le passé, l'État doit pouvoir demander réparation pour l'école.
02:50 La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, et une réaction sur France Info, celle d'Elisabeth-Alain Moreno, elle est secrétaire générale du syndicat SEUNSA.
03:00 Sa réaction à propos des forces mobiles scolaires.
03:03 Ce serait donc ce que l'on a déjà au niveau académique sur les équipes mobiles qui seraient installées au niveau national pour pouvoir aller en renfort des équipes locales déjà en place quand ce serait nécessaire.
03:16 Après, la difficulté, c'est quelle coordination, quelle réactivité et essentiellement aussi, comment est-ce qu'on peut répondre à des difficultés de menaces d'agression qui, des fois, n'ont même pas lieu sur l'établissement lui-même.
03:30 Je prends le dernier exemple par rapport aux menaces sur les réseaux sociaux. Il y a le danger sur une école ou un établissement, mais il y a des choses qui ne se passent pas forcément au niveau de la structure scolaire.
03:41 Ça, ça n'y répond pas.
03:43 Un premier commentaire sur ces mesures. Marie-Estelle Pech, vous êtes spécialiste des questions d'éducation à Marianne.
03:49 C'est vrai que ces fameuses équipes, cette fameuse équipe mobile de sécurité qui prendrait l'avion de Corse pour aller jusqu'à Montpellier et de Montpellier pour aller jusqu'à Paris.
03:58 Évidemment, ça ne va pas se passer comme ça.
04:00 Vous êtes un peu dans la caricature.
04:01 Les équipes mobiles de sécurité, ça existe depuis une quinzaine d'années.
04:05 Auprès de chaque rectorat, vous avez une petite équipe qui est composée d'un ancien chef d'établissement à la retraite, par exemple, d'un magistrat, d'un policier.
04:13 Ils vont se déplacer au sein de l'établissement pour seconder le proviseur ou le principal d'éducation qui peut être parfois un peu débordé par les événements ou parce qu'il y a beaucoup de choses à gérer.
04:23 Quand on entend équipe mobile de sécurité, on pense à des gros bras, des policiers.
04:26 Pas du tout. C'est des gens qui sont censés ramener le calme dans l'établissement, établir un espace de dialogue, voir quels dispositifs on peut mettre en place et éventuellement aussi coordonner des choses qui pourraient être faites avec la police, la justice, etc.
04:43 Il y a beaucoup de liens, en réalité, entre les chefs d'établissement, les magistrats, le tribunal de grande instance local, etc. et le commissariat local.
04:51 Ce sont des gens qui travaillent quand même beaucoup ensemble.
04:53 Ça veut dire que c'est une annonce qui n'en est pas une, finalement.
04:55 Oui, ce n'est pas vraiment une annonce. D'ailleurs, quand on écoute bien ce qu'elle dit, elle dit que c'est une équipe nationale qui viendrait en appui aux équipes mobiles de sécurité locale qui ne feraient pas l'affaire.
05:07 On est vraiment là dans une strate. On voit bien qu'il s'agit surtout pour le gouvernement de montrer qu'il se tienne auprès de ce fameux proviseur qui a été menacé de mort et qui n'a pas démissionné, mais qui a anticipé son départ en retraite parce qu'il se sentait en insécurité.
05:24 Quand même, il continue à recevoir des menaces de mort. Et il y a tout un aspect symbolique.
05:30 Quand Gabriel Attal dit "l'État va déposer plainte contre cette jeune fille parce qu'elle a menti", il y avait déjà deux dépôts de plainte, en réalité, qui avaient été faits par le chef d'établissement contre cette jeune fille.
05:43 Le parquet de Paris s'était aussi saisi. Il y a déjà trois plaintes contre elle. Donc, là aussi, on est plus dans le domaine du symbolique.
05:50 Mais le symbole, c'est très important dans ce domaine. Je voyais par exemple le représentant du syndicat des chefs d'établissement qui s'appelle Bruno Bobkiewicz ce matin.
06:00 Il disait "on est quand même satisfait parce qu'on a le sentiment que le pas de vague s'est terminé et que l'État quand même se tient beaucoup plus à nos côtés quand on fait face à ce type d'atteinte à la laïcité dans les établissements scolaires qu'il y a quelques années".
06:12 Donc, il y a vraiment une véritable prise de conscience. Et finalement, toute la polémique, elle vient aussi beaucoup d'une erreur de communication du rectorat de Paris qui n'a pas assumé le terme de menace de mort, de menace sur la sécurité,
06:28 disant que le proviseur y partait pour des raisons personnelles. Or, ces raisons personnelles sont liées à sa sécurité. Donc, on avait l'impression qu'on mettait la poussière sous le tapis avec cette forme de communication
06:39 qui est très administrative en réalité. Ce n'était pas volontaire de la part du rectorat. Ce n'était pas pour cacher les choses. Simplement, bon ben voilà, langage administratif, pas suffisamment de réflexion sur la communication.
06:51 Et on se prend pour le coup, ils se sont pris un peu les pieds dans le tapis dans cette affaire.
06:55 Et on va revenir sur ces annonces bien sûr dans un instant. Le temps de dérouler le Fil info puisqu'il est 20h10. Thomas Giraudeau.
07:01 Le Conseil d'État confirme l'expulsion vers la Tunisie de l'imam de Bagnoles-sur-Seize dans le Gard dans des vidéos. Majoub Majoubi a qualifié le drapeau tricolore de satanique.
07:11 La plus haute juridiction administrative note aussi des propos lors de certains de ses prêches assimilés à des provocations à la discrimination envers les femmes.
07:19 À Bordeaux, un lycéen de 16 ans a reconnu avoir envoyé un mail de menace de mort, cibant plusieurs de ses professeurs. Il en court jusqu'à deux ans de prison.
07:26 À Malakoff, près de Paris, c'est un adolescent de 17 ans qui a lui admis avoir envoyé des messages menaçants via les ENT, les espaces numériques d'échange entre élèves et enseignants.
07:35 Israël critique un rapport de l'ONU sur la situation humanitaire à Gaza. Il avertit d'une famine imminente. Tel Aviv dénonce un rapport contenant des lacunes et des inexactitudes.
07:45 Mais reconnaît, je cite, "les conséquences malheureuses de la guerre sur la population civile".
07:49 Et puis les fumeurs vont pouvoir ramener davantage de cigarettes de l'étranger. La limite d'une cartouche par personne dans sa valise ou sa voiture de retour d'un pays de l'UE vient d'être supprimée pour se conformer aux droits européens.
08:01 Mais acheter des cigarettes à l'étranger pour les revendre ensuite en France reste interdit.
08:05 *Générique*
08:15 Les annonces de la ministre de l'Education, on continue à en parler, annoncent après ces menaces contre des lycées, contre des collèges et puis bien sûr contre ce proviseur du lycée Maurice Ravel.
08:26 Amdame Mostafavi, ce que l'on comprend finalement c'est qu'il fallait agir, il fallait faire des annonces, c'est ce que l'on comprend un petit peu aussi.
08:33 Oui, il faut que l'Etat se montre évidemment présent de manière très ferme. Alors l'annonce est un petit peu anecdotique parce que le problème c'est que de toute façon qu'on développe des forces de sécurité et tout ça c'est très bien.
08:43 Mais on ne va pas mettre un flic devant chaque école, on ne va pas mettre quelqu'un qui protège chaque proviseur, chaque professeur qui se retrouve devant une classe qui ne comprend pas les principes de la République et de la laïcité.
08:53 On est dans cette impasse et c'est vrai que ça fait 20 ans cette année que la loi sur la laïcité de 2004 a été votée et on sait aujourd'hui qu'il faut la défendre de plus en plus fermement.
09:06 Et c'est vrai qu'on peut saluer le fait qu'on soit sortis du pas de vague mais il faut aller encore plus loin. On est dans un modèle de société qu'il faut défendre, on est dans un modèle de laïcité à l'école qu'il faut défendre et de manière collective partout tout le temps.
09:18 Ce qu'on observe quand même aujourd'hui de plus en plus et cette histoire en est encore un symptôme c'est que les élèves ne comprennent pas en fait, beaucoup d'élèves, pas tous les élèves évidemment, mais beaucoup d'élèves ne comprennent pas pourquoi il y a ces restrictions.
09:31 Il y a évidemment la partie idéologisée qui dit, qui ne veut pas que ce soit appliqué, instrumentalisé souvent de manière tragique.
09:39 L'histoire d'une jeune fille qui ment, ça nous fait forcément penser à l'affaire Samuel Paty et à toutes les conséquences.
09:45 Donc il y a ce côté idéologique mais il y a aussi ce côté un peu incompréhension chez certains jeunes qui est pourquoi on nous réglemente tout etc.
09:53 Il faut vraiment expliquer, il faut prendre le problème à bras à corps, comprendre que la laïcité c'est pas juste un folklore, c'est vraiment quelque chose qui est constitutif de ce qu'on est, c'est quelque chose qui protège la jeunesse,
10:05 qui fait aussi qu'on peut s'intégrer, qu'on n'est pas obligé de porter avec soi tout son héritage familial et religieux et c'est l'école, ça doit rester vraiment un bastion de la République.
10:15 Véronique Reissult, est-ce que ces annonces de Nicole Belloubet, tout cela fait réagir sur les réseaux sociaux ?
10:21 Déjà le sujet fait réagir et après il y a deux sujets en un. Le premier c'est effectivement comme Marie-Estelle Piaf l'a rappelé, un petit moment de communication un peu raté qui a enflammé les choses.
10:33 Ça veut pas dire qu'il n'y aurait pas eu une crise mais ça a un peu enflammé parce que l'impression qu'on ne prenait pas les choses à sa juste valeur et surtout les Français se sentent concernés et veulent qu'on leur tienne un discours de vérité et qu'on explique.
10:46 Après les symboles sont extrêmement importants donc ils sont appréciés mais ils sont appréciés à la hauteur de "ce sont des symboles" et on a deux sujets.
10:53 Il y a le sujet des cyberattaques et des actions qu'il fallait mener et la ministre a extrêmement bien réagi parce qu'effectivement quand il y a urgence la première des choses c'est de contenir l'incident et donc la suspension était la seule chose à faire.
11:08 Après il va falloir travailler sur comment on fait avec des doubles vérifications. Il y a pas mal d'éléments à mettre en place mais c'était la bonne réaction.
11:16 Et ça nous a renvoyés à quelque chose qui est au delà même du mensonge de cette jeune femme qui a été beaucoup commentée et bien sûr avec beaucoup de parallèles avec l'affaire Paty.
11:25 C'est cette espèce de décalage sur les réseaux sociaux qu'il peut y avoir entre la réalité des attaques et la réalité de ce qu'est la laïcité et de la vie à l'école.
11:34 De quelle manière ça se retranscrit ?
11:37 Déjà cette attaque par exemple ce sont des menaces qui ont été menées sur des lycées mais visiblement ce serait en partie venu d'un jeune homme qui a 21 ans et qui était sur des forums de jeux vidéo, un forum qui s'appelle jeuxvideo.com.
11:51 Il aurait eu quelques altercations avec quelqu'un et il s'est amusé, enfin il s'est pas amusé. Aujourd'hui il dit qu'il s'est amusé mais il a voulu nuire à cette personne en envoyant des attaques extrêmement graves en son nom.
12:04 Mais lui-même n'est pas particulièrement, il est même plutôt islamophobe d'ailleurs quand on écoute ses propos.
12:10 Donc on voit bien qu'il y a une espèce de décalage où la gravité de ce qui est fait n'est pas toujours perçue.
12:16 Sans doute parce que ce sont des sujets qui vous semblent loin, que quand vous êtes en train de discuter sur un forum de jeux vidéo vous n'avez pas l'impression que.
12:24 Les techniques qui ont été utilisées sont des techniques finalement assez simples. Donc voilà un décalage entre c'est extrêmement grave ce qui est fait et une perception un peu décalée par les uns et les autres.
12:36 Mais ce qu'on pouvait constater cette semaine c'est que les parents sont inquiets, soutiennent les enseignants.
12:42 Et puis il y avait beaucoup de jeunes qui disent "devenir enseignant aujourd'hui c'est déjà compliqué parce qu'on n'est pas très bien payé, on n'est pas considéré".
12:49 Et là maintenant ils ont peur. Ils disent "mais ok on voit bien quel état de mesure qu'ils sont proposés mais la vie d'un enseignant elle est assez effrayante, il y a des menaces, c'est compliqué".
12:59 Faire des cours et aborder ces sujets de laïcité sont complexes dans certaines écoles.
13:04 Et il y a énormément de témoignages de jeunes enseignants qui disent "c'est pas qu'ils regrettent d'avoir choisi cette voie mais ils expliquent que c'est compliqué et que si toute leur carrière va être comme ça, ça va être compliqué".
13:15 Marie-Estelle Pech ?
13:19 Oui sur le décalage, ce qui est intéressant c'est qu'on a plusieurs jeunes qui ont été interpellés aujourd'hui et on voit que ce sont des profils, ils ont 15 ans, 16 ans, 17 ans.
13:26 L'un d'entre eux dit "j'ai envoyé ces messages de menaces à quatre établissements scolaires parce que ce jour-là je n'avais pas envie d'aller en cours, j'avais envie de dormir".
13:38 Le second "parce que je voulais faire comme les autres, je trouvais ça marrant". Un garçon de 15 ans.
13:43 Donc c'est ça pour l'instant et beaucoup de copycat, c'est-à-dire "je voulais faire comme les autres".
13:47 C'est la gravité de ce qui se passe et les jeunes qui sont derrière est assez incroyable.
13:56 Et puis il y a tellement de questions pratiques qui se posent. Les chefs d'établissement disent "qu'est-ce qu'on fait, on ne peut pas évacuer à chaque fois".
14:02 Je crois qu'il y a eu 340 menaces d'attentats. Beaucoup d'établissements ont été fermés pendant deux jours.
14:08 Et les chefs d'établissement disaient "ce matin on ne va pas faire ça à chaque fois".
14:12 Ce qu'il faut aussi c'est être équipé face à ces attaques, c'est une forme de cyberattaque.
14:19 Et être capable de déceler très rapidement d'où ça vient. Il faut vraiment monter en gamme sur ces questions.
14:27 On est quand même dans un moment entre... Il se trouve que c'était des jeunes étudiants français,
14:33 mais on sait qu'on est aussi sujet aux ingérences russes, chinoises, aux cyberattaques à droite et à gauche.
14:39 Ça pourrait être bien pire.
14:40 Ça pourrait être bien pire. En fait ce n'est qu'un épiphénomène qu'on a finalement réussi à pas trop mal contrôler.
14:46 Mais si ça se reproduit régulièrement, on est à quelques mois des élections européennes, instiller la terreur en France.
14:52 On sait qu'il y a des menaces d'attentats très fortes, après l'attentat de Moscou notamment.
14:56 Ça peut aller très vite et il faut qu'on monte en gamme sur ces questions de cybersécurité.
15:00 Un tout petit mot Marie-Esthèle Pêche, peut-être de l'autre mesure de Nicole Belloubet aujourd'hui.
15:04 L'État qui veut se porter civile désormais à chaque plainte, ça vous paraît d'une part peut-être réalisable et une bonne idée ?
15:11 Symboliquement, je pense que c'est une bonne idée. Parce que très longtemps, les chefs d'établissement et les enseignants se sont sentis quand même très seuls.
15:21 Et d'ailleurs, on le voit dans toutes les enquêtes concernant les enseignants. Ils parlent beaucoup de leur solitude.
15:26 Là, vous parlez effectivement de ces attaques, de menaces de mort. Mais en réalité, ça se traduit comment sur le terrain ?
15:32 On a des enseignants qui ne parlent plus de certains sujets, qui s'autocensurent. C'est ça en fait leur quotidien.
15:37 Et c'est encore plus problématique peut-être parce que c'est beaucoup plus en sourdine que les menaces de mort dont on a pu parler ces derniers temps.
15:45 Savoir que l'État se portera partie civile, ça changera les choses ?
15:49 Je pense qu'aujourd'hui, la justice prend quand même ce type de menaces, surtout quand c'est des menaces de mort, au sérieux, surtout quand c'est le corps enseignant.
15:56 Alors cela dit, effectivement, que l'État en plus se porte partie civile, aux côtés du chef d'établissement, aux côtés du professeur, je pense que c'est une bonne chose.
16:04 D'ailleurs, les demandes de protection fonctionnelle ont doublé depuis 3-4 ans, depuis l'affaire Paty en fait.
16:11 C'est-à-dire qu'il y a énormément de demandes, énormément d'enseignants, deux fois plus d'enseignants, qui demandent l'aide de l'État, la protection de l'État,
16:18 quand ils se sentent agressés par un parent d'élève, par un élève, etc.
16:21 Donc il y a quelque chose quand même qui est en train de se passer dans le milieu enseignant.
16:24 Et oui, bien sûr que l'État se porte garant, je pense que c'est une bonne chose.
16:28 Un chiffre assez révélateur. Un autre chiffre, dans un instant, on parlera de l'inflation.
16:32 Ce sera après l'essentiel, puisqu'il est 20h20. Thomas Giraudeau.
16:35 CFTC, CFDT, CGTFO, tous les syndicats de chez Auchan appelaient à une grève.
16:41 Aujourd'hui, c'est inédit chez le géant de la grande distribution.
16:44 Grève pour des hausses de salaire particulièrement suivies dans les Hauts-de-France, région où se trouve le siège du groupe.
16:49 Deux policiers du Val d'Oise, près de Paris, viennent d'être suspendus de leur fonction sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
16:55 On les voit frapper un jeune homme, notamment dans le ventre.
16:58 Deux enquêtes sont ouvertes, dont l'une pour violences volontaires.
17:01 Une semaine après l'attentat dans une salle de concert près de Moscou, les services de sécurité russes affirment avoir déjoué une attaque dans le sud du pays.
17:08 Trois ressortissants d'un pays d'Asie centrale ont été arrêtés.
17:11 Et puis un des chouchous du public ne devrait pas être à Florence, fin juin, pour le grand départ du Tour de France.
17:16 Julien Laphilippe a déclaré aujourd'hui qu'il ne s'imaginait pas courir la prochaine grande boucle.
17:20 Le français veut bien figurer sur le Giro, le Tour d'Italie au mois de mai et sur la course des Jeux Olympiques en août prochain.
17:26 *Générique*
17:36 Et parlons à présent de ce chiffre, celui de l'inflation au mois de mars à plus de 2,3% sur un an.
17:43 C'était 3% en février, un ralentissement donc dont on va parler ensemble, également avec Alexandre Delègue.
17:50 Bonsoir.
17:51 - Bonsoir.
17:52 - Professeur d'économie à l'université de Lille, la décrue, elle avait commencé en début d'année, se poursuit donc.
17:58 Comment est-ce qu'on l'explique ? Uniquement par la baisse des prix de l'énergie ?
18:02 - C'est un mélange de plusieurs choses.
18:05 D'abord, ce qu'on peut constater, c'est que ce n'est pas seulement en France.
18:08 L'inflation, elle ralentit partout. Elle ralentit dans la zone euro. Elle ralentit aussi aux États-Unis.
18:13 Et il y a deux choses qui se passent.
18:15 Premièrement, effectivement, ceux qui avaient poussé l'inflation au départ ont arrêté de pousser.
18:20 Les prix ont monté. Les prix des cars ont monté. Mais maintenant, ils ont arrêté de monter. Ils se sont stabilisés.
18:25 Et deuxièmement, l'action des banques centrales a eu aussi un effet de ralentissement de l'activité économique,
18:32 qui, lui aussi, a contribué à réduire l'inflation.
18:35 - L'inflation qui avait bondi au moment, on s'en souvient, du déclenchement de la guerre en Ukraine, il y a deux ans.
18:40 La guerre est toujours là, mais plus l'inflation.
18:43 - L'inflation, c'est quand les prix augmentent et continuent tout le temps d'augmenter.
18:48 Là, ce qui se passe, c'est peut-être aussi quelque chose qui fait que le ressenti n'est pas tout à fait la même chose que ce qui est mesuré.
18:54 Là, les prix ont monté. Ils ont atteint un certain niveau, mais ils ont arrêté d'augmenter.
18:59 Ou du moins, leur augmentation ralentit.
19:02 Il y a toujours une hausse des prix, mais elle est à un rythme beaucoup moins élevé qu'auparavant.
19:07 Et donc, dans ce point de vue-là, les prix ont monté une fois.
19:10 Ce qui était à craindre, en fait, c'est qu'on rentre dans ce qu'on appelle une boucle.
19:13 C'est-à-dire, les prix du carburant et toute une série de choses augmentent.
19:17 Du coup, ça conduit à une augmentation des salaires.
19:20 Du coup, ça conduit à une augmentation des coûts des entreprises.
19:23 Ça fait augmenter les prix d'autres choses et ça crée un espèce de phénomène de boule de neige.
19:27 C'est un petit peu ce qui s'était produit dans les années 70.
19:29 C'est pour ça qu'on s'est retrouvé au début des années 80 avec 15% d'inflation.
19:34 Là, on a eu la hausse initiale et puis ça s'est arrêté d'augmenter.
19:39 On reste maintenant à un niveau de prix qui est plus élevé.
19:42 Alexandre Delègue, est-ce que l'on sait si cette baisse va se poursuivre ?
19:46 Alors, ça c'est toujours extrêmement difficile de le prévoir.
19:50 Vous savez que la prévision en matière économique, c'est difficile.
19:53 Néanmoins, il y a quand même une analyse.
19:56 Il y avait deux approches de cette question de l'inflation.
19:58 Une première, c'est que c'était quelque chose qui allait être temporaire,
20:00 parce que ça s'expliquait à cause d'un choc.
20:02 Une deuxième approche, c'est que c'était quelque chose qui allait être beaucoup plus profond
20:06 et qui risquait de durer longtemps.
20:08 Et ce qu'on peut dire, c'est que que ce soit aux États-Unis ou en Europe,
20:12 le scénario d'une inflation temporaire, d'un pic,
20:16 ce scénario semble être celui qui gagne.
20:20 Et donc, si on reste dans cette idée,
20:22 si on part du principe que c'est plutôt le scénario d'une inflation temporaire qui l'emporte,
20:26 dans ce cas-là, on devrait assez rapidement revenir à des niveaux d'inflation
20:31 de l'ordre des 2-3% qui correspondent à ce qui est l'objectif des banques centrales
20:36 et qui est ce à quoi on était à peu près habitués au cours des deux dernières décennies.
20:41 2% objectif affiché par le gouvernement.
20:44 Est-ce que ce ralentissement de l'inflation, c'est un peu une lueur d'espoir
20:48 par rapport au reste du panorama économique actuel,
20:51 le déficit en hausse, les milliards d'économies à réaliser, etc. ?
20:55 Alors oui, c'est clairement une bonne nouvelle.
20:57 C'est une bonne nouvelle dans le sens où ça va surtout permettre à la Banque centrale européenne
21:02 de cesser d'augmenter les taux d'intérêt, de cesser d'agir pour ralentir l'économie.
21:07 Et donc la Banque centrale européenne va donc avoir les coups d'épanche.
21:11 Il y a déjà maintenant un certain nombre, en particulier le gouverneur de la Banque de France,
21:15 qui a dit qu'il était possible peut-être même que dès la prochaine réunion le 11 avril,
21:19 la Banque centrale européenne commence à abaisser les taux d'intérêt
21:23 puisqu'elle n'a plus besoin d'avoir des taux d'intérêt aussi élevés
21:26 dans la mesure où l'inflation est plus faible et donc les taux d'intérêt réels
21:30 commencent à atteindre des niveaux beaucoup plus raisonnables.
21:33 C'est surtout dans ce sens-là que c'est une bonne nouvelle.
21:36 On n'a plus besoin de faire toutes ces choses, elles sont assez difficiles.
21:40 Les taux d'intérêt plus élevés, les politiques plus restrictives,
21:44 on a moins besoin de les faire et de ce fait, la baisse de l'inflation
21:49 donne un petit peu une sorte de bouffée d'air pour la situation économique.
21:54 Ça ne règle pas bien sûr toute une série des autres problèmes,
21:57 mais ça reste quand même bien évidemment un indicateur favorable.
22:00 Alexandre Delecque, vous restez avec nous dans les informés.
22:03 Je me tourne vers vous Véronique Reitzult.
22:06 Est-ce que ce thème de l'inflation intéresse les internautes aujourd'hui ?
22:09 En fait, c'est un sujet de tempo.
22:11 Quand je regardais les volumes, on a quatre fois plus de messages aujourd'hui
22:15 sur le déficit par rapport au sujet de l'inflation.
22:18 Je pense qu'il y a quelques temps, on aurait eu effectivement
22:21 énormément de messages autour de la baisse de l'inflation
22:24 et les gens s'en seraient forcément réjouis.
22:26 Là, on en a parlé, mais quatre fois moins que le sujet du déficit
22:30 et globalement, ça a été un peu éclipsé par un sujet
22:33 qui est beaucoup plus fort sur cette gestion et l'inquiétude que ça suscite.
22:38 Et on peut même imaginer, en tout cas, quand on regardait
22:41 les messages des militants et les reprises,
22:44 on peut même se dire que pendant la campagne européenne,
22:47 on va sans doute plus parler du déficit que du pouvoir d'achat
22:49 qui était a priori la vraie préoccupation des Français.
22:52 Qu'est-ce que disent justement les Français sur le déficit aujourd'hui ?
22:55 Alors sur le déficit, en revanche, ils sont extrêmement inquiets.
22:58 On a d'ailleurs sorti un sondage pour le Figaro hier
23:00 où on voyait que les Français considèrent qu'à 82%,
23:04 ils pensent que la notation qui va baisser sur l'économie française
23:08 va avoir des conséquences graves sur l'économie française.
23:11 Et même 48% disent "même pour ma situation personnelle, ça aura une incidence".
23:16 Ils sont extrêmement inquiets aussi parce qu'ils disent
23:20 "on ne voit pas de solution".
23:22 Ils n'ont pas forcément confiance dans le gouvernement,
23:25 mais globalement dans les politiques.
23:27 Et d'ailleurs, les rares messages qu'il y avait aujourd'hui sur l'inflation en soi,
23:31 ils disaient "mais de toute façon, ce n'est pas les politiques, c'est la réalité".
23:33 Comme l'a très bien expliqué notre expert,
23:37 c'est que ce ne sont pas forcément les actions du gouvernement,
23:40 c'est plus un mouvement global.
23:42 Donc pour eux, le vrai sujet où le gouvernement est,
23:47 où on peut faire quelque chose, c'est sur le déficit, sur la dette,
23:50 qui les inquiète beaucoup plus paradoxalement
23:52 que la notion de pouvoir d'achat comme ça l'était il y a quelque temps.
23:55 Il y a des mauvaises nouvelles avec le déficit qui font qu'on n'arrive même pas à se réjouir
23:59 quand il y a des bonnes nouvelles.
24:01 D'autant plus que ce ralentissement de la hausse des prix,
24:04 par exemple sur l'alimentation, ça se voit à peine.
24:07 On parle de recul des prix potentiels sur l'alimentation de -0,2%.
24:14 Et puis on a sur l'alimentaire des produits qui baissent,
24:21 mais des produits qui montent aussi.
24:23 De toute façon, pour le consommateur, pour le Français qui va dans son magasin
24:27 toutes les semaines, ça n'est pas palpable.
24:32 C'est peut-être pour ça qu'on n'en parle pas tant que cela.
24:34 C'est très important d'un point de vue économique à moyen et long terme,
24:38 mais pas dans le quotidien des gens aujourd'hui encore.
24:41 Un commentaire, Mme Mostafavi ?
24:43 Après, votre économiste expert sera sans doute plus expert que moi sur cette question,
24:47 mais néanmoins j'ai l'impression que justement,
24:49 ce ralentissement de l'inflation n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le déficit
24:52 parce que ça fait quand même moins de recettes fiscales après pour le gouvernement,
24:55 puisque mécaniquement, quand il y a de l'inflation, il y a plus de recettes de TVA,
24:59 il y a plus d'impôts sur les entreprises, et donc ça fait plus de recettes pour le pays.
25:03 Et on a vu, d'ailleurs c'est ce que note l'agence de notation Moody's,
25:06 dont on parlait tout à l'heure, qui risque de dégrader la France en fin du mois d'avril.
25:11 On a un problème sur justement les rentrées, les recettes.
25:14 C'est quelque chose qui pose problème et pour lequel on n'a pas du tout de solution.
25:18 Vous confirmez, Alexandre Delègue ?
25:20 Alors, je peux reprendre un petit peu sur un certain nombre de ces différents points.
25:24 Une chose d'abord qui est tout à fait vraie, que votre dernière intervenante vient de dire,
25:28 c'est qu'effectivement, une forte inflation a tendance à faire réduire le poids de la dette par rapport au PIB.
25:34 La raison est relativement simple.
25:37 Imaginez que tous les revenus de tout le monde soient multipliés par deux
25:41 et que tous les prix en même temps soient multipliés par deux.
25:43 Un peu comme une sorte de passage à l'euro à l'envers.
25:46 Tous les prix sont multipliés par deux.
25:47 Dans ce cas-là, vous avez toujours la même dette à rembourser.
25:51 Et donc, votre dette par rapport à votre revenu diminue.
25:54 Donc, ce phénomène-là, bien sûr, la réduction du poids de la dette en cas d'inflation ne va pas se produire.
26:01 Maintenant, ce qu'on peut quand même noter, c'est que le gouvernement a dû aussi mener énormément de politiques de dépense pour accompagner l'inflation.
26:08 On a beaucoup discuté au mois de janvier de cette question de l'indexation des retraites, par exemple,
26:12 qui a conduit à une forte augmentation d'environ 15 milliards du poids des dépenses de retraite.
26:18 Ça, c'est quelque chose dans lequel le gouvernement transmet dans ses dépenses l'inflation.
26:24 Et donc, le phénomène par lequel l'inflation améliore un peu la situation des finances publiques doit être nuancé.
26:30 Pour revenir aussi sur ce que disait Marie-Estelle Pech, c'est sûr que les gens ont vu que les prix ont monté,
26:37 mais on pourrait quand même se souvenir du moment où il y avait la guerre d'Ukraine, où les prix,
26:42 je me souviens du prix du carburant à la date, qui était passé de 1,20€ à 1,80€.
26:46 Et là, on le sent. Là, maintenant, ça reste à 1,80€ depuis longtemps.
26:50 Donc, c'est sûr qu'on y pense moins, mais si ça passait à 2,50€, je peux vous garantir que les gens seraient très inquiets de l'inflation.
26:57 Merci beaucoup, Alexandre Delègue. Vous restez avec nous pour la seconde partie des Informés.
27:01 On se retrouve dans un instant puisqu'il est 20h30 sur France Info.
27:05 (Générique)
27:11 La rue, s'en trouve à 20h30. L'Info, c'est avec Édouard Marguier.
27:14 Emmanuel Macron s'adresse ce soir au président élu du Sénégal. Le chef de l'État lui dit sa volonté d'intensifier le partenariat entre le Sénégal et la France.
27:24 Basirou Dioumaïfaye a été élu sur un programme antisystème avec la volonté notamment de revoir l'héritage des liens avec la France,
27:32 ancienne puissance coloniale, en mettant fin au franc CFA en vigueur dans 14 pays africains.
27:38 En Russie, le FSB annonce avoir déjoué un attentat une semaine tout juste après l'attaque de la salle de spectacle près de Moscou qui a fait 144 morts.
27:47 Les services de renseignement russes annoncent donc l'arrestation de trois ressortissants d'un pays d'Asie centrale qui prévoyait un attentat à la bombe dans le sud de la Russie.
27:57 Le Conseil d'État confirme l'expulsion de l'imam Majoub Majoubi. Il se trouve en Tunisie depuis un mois.
28:03 Depuis son interpellation et expulsion, les autorités et la justice lui reprochent notamment la diffusion d'une vidéo dans laquelle il qualifiait le drapeau tricolore de drapeau satanique.
28:14 Deux jeunes suspectés d'avoir proféré des menaces contre des lycées passent aux aveux.
28:19 L'adolescent interpellé à Malakoff dans les Hauts-de-Seine reconnaît pendant sa garde à vue avoir piraté des espaces numériques de travail, des ENT de plusieurs établissements.
28:28 Aveu également à Bordeaux en Gironde. Un lycéen de 16 ans dit avoir envoyé un mail de menace de mort à plusieurs professeurs ainsi qu'aux proviseurs de cet établissement où s'est justement rendue la ministre de l'Éducation aujourd'hui.
28:42 Nicole Belloubet qui annonce d'ailleurs la création d'une force mobile scolaire qui sera mise en place pour l'année prochaine à partir de la rentrée de septembre pour venir en aide aux établissements qui ont des difficultés avec les questions de sécurité.
28:57 Les années passent en prison et les records tombent. Plus de 76 700 personnes sont détenues en France au 1er mars. C'est 4 400 de plus sur un an.
29:06 Il s'agit du chiffre le plus élevé jamais enregistré selon les statistiques de l'administration pénitentiaire avec une très forte augmentation de personnes obligées de dormir sur un matelas au sol faute de place.
29:18 Plus que 2000 foyers sans électricité en Auvergne-Rhône-Alpes. Dernier bilan donné par Renedis il y a quelques minutes conséquence du passage de la tempête Nelson qui a soufflé à plus de 100 km/h. Plus aucun département n'est en alerte.
29:34 France Info.
29:36 20h21. France Info. Les informés. Victor Mathais.
29:42 La seconde partie des informés. Elles sont toujours dans le studio de France Info.
29:47 Mostafa Vili, directrice adjointe de la rédaction de l'Express. Véronique Reissult, présidente de Backbone Consulting. Et Marie-Estelle Pesche, rédactrice en chef société. Marianne avec nous également toujours.
29:59 Merci d'être là. Alexandre Deleigue, professeur d'économie à l'Université de Lille.
30:04 Tiens, on attend aussi, Alexandre Deleigue, les fameuses notes des agences de notation en avril qui pourraient dégrader la note de la France.
30:11 Si cette dégradation arrive, cela aura des conséquences concrètes ou pas sur notre économie ?
30:16 La dernière fois qu'il y a eu telle réduction de la note de la dette de la France, pour être clair, ça n'a eu absolument aucun effet.
30:24 La seule chose que ça a fait, c'est que ça a permis d'écrire des éditoriaux sur le fait que la France allait avoir beaucoup de problèmes.
30:29 Mais quand on regarde, ça n'a eu aucun impact sur les taux auxquels le gouvernement français empruntait.
30:34 Il faut noter que ce n'est pas spécifique d'ailleurs à la France. Il y a eu une réduction de la note, par exemple, des États-Unis à la période de Donald Trump.
30:41 Je ne sais pas si vous vous en souvenez. C'est un peu la même chose. Ce qu'on constate, c'est que ces notes, elles arrivent après la bataille.
30:48 Les marchés de la dette publique sont d'énormes marchés. Il y a énormément d'intervenants. Ils savent déjà. Les notes ne leur apprennent pas grand-chose.
30:57 Donc, il est assez peu probable que ces notes viennent changer quoi que ce soit.
31:02 On parlait du déficit. Est-ce que cela joue sur l'attractivité de la France, en revanche ?
31:08 Cela pose un certain nombre de questions. Mais là encore, il y a beaucoup de pays dont on ne se pose pas tellement la question de l'attractivité,
31:17 dans lesquels il y a eu une très forte augmentation de la dette publique et une très forte augmentation des déficits et des niveaux de déficit très élevés.
31:25 Le problème, en fait, c'est que le déficit, c'est le résultat d'une certaine situation, d'une économie qui, en ce moment, est assez déprimée.
31:32 Il y a un certain nombre de problèmes concrets qui expliquent la situation des déficits.
31:37 Si on regarde, cela fait cinq ans qu'il n'y a pas eu un budget équilibré en France. Les déficits et la dette ont tendance à augmenter.
31:46 Tout cela, c'est plus des symptômes de ce que les gouvernements ont du mal à faire un certain nombre de choix politiques.
31:54 Cela traduit plus, c'est plus des symptômes que réellement des causes d'un éventuel problème d'attractivité.
32:01 Après, c'est la façon dont on va essayer de réduire ces déficits qui peut, elle, poser un certain nombre de problèmes pour l'attractivité.
32:08 Il est clair que si, par exemple, on décide d'agir sur la fiscalité dans un certain nombre d'activités,
32:14 il est à craindre qu'il y ait des gens qui décident que ces activités vont devoir s'effectuer.
32:19 D'ailleurs, si cela réduit la protection sociale, cela va aussi jouer sur l'attractivité.
32:24 Donc, je répète, c'est plus un symptôme qu'autre chose.
32:26 Est-ce que vous disiez il y a quelques instants, rejoignant d'ailleurs un article de L'Express, je me tourne vers vous,
32:31 à Mme Mostafavi, un article sur les efforts que la France ne ferait pas, finalement.
32:35 Cet article dit en clair que l'État n'a pas mené jusqu'ici de vraies réflexions sur le rôle que doit mener son administration au XXIe siècle.
32:43 Qui c'est qui le disait en priorité ?
32:45 Non, mais c'est le fait, ce qu'on décrit dans cet article, c'est que c'est un phénomène qui n'est pas récent.
32:50 Alain de Sandoleg le disait, ça fait 50 ans que la France, ça fait un demi-siècle que la France n'est pas à l'équilibre.
32:56 Donc, c'est un phénomène structurel.
32:58 Et c'est vrai que les politiques, par définition, comme les gouvernants changent très régulièrement,
33:05 ils ont quand même tous en commun de ne pas trouver de solution à long terme et de ne pas aller s'attaquer aux problèmes structurels.
33:12 Ça peut être la bureaucratie, ça peut être tout un tas de choses qui sont très spécifiquement françaises.
33:16 Parce que, évidemment, ce problème de déficit, on n'est pas les seuls à l'avoir.
33:19 Mais c'est vrai qu'on a quand même une petite spécificité française qui est l'ampleur de ce déficit.
33:25 Et puis, de toute façon, pendant trois ans, on nous a dit "quoi qu'il en coûte".
33:30 Quoi qu'il en coûte, voilà ce qu'il en coûte.
33:33 Donc, de fait, il faut changer la façon dont on aborde le problème.
33:38 On n'a pas anticipé, Marie-Estelle Pêche, finalement, les conséquences de ce "quoi qu'il en coûte".
33:42 Sans doute fallait-il le faire à ce moment-là, ce "quoi qu'il en coûte".
33:47 Mais ça a permis quand même à l'économie française...
33:50 On a eu finalement assez peu de défauts de paiement, etc., des entreprises à ce moment-là.
33:55 Mais en revanche, moi, ce qui m'étonne, c'est la panique.
33:58 On a l'impression que c'est un peu panique à bord au gouvernement.
34:01 Et les solutions qui sont apportées pour l'instant me laissent un peu circonspectes.
34:05 Je souscris pas mal à ce que disait aujourd'hui François Amril, qu'on a interviewé,
34:11 qui est le patron, le syndicaliste président de la CFE CGC, pour les cadres, en gros.
34:16 Et qui disait... Il parlait de mesures populistes, quand Gabriel Attal parle de réduire la durée du chômage.
34:24 Parce que d'abord, il pointait le fait que le chômeur, évidemment, ça ne représente pas un corps constitué.
34:30 Il a toujours mauvaise presse.
34:32 Tant qu'on n'a pas soi-même été touché par le chômage, on a tendance à voir ça avec pas mal de distance.
34:36 Et ça va pas mobiliser les foules.
34:39 C'est sûr que c'est plus facile d'aller couper, d'aller taper sur les chômeurs,
34:42 de voir où on pourrait réduire éventuellement certaines dépenses publiques dans tel ou tel ministère.
34:47 Il y a quelque chose d'un peu... Une forme de solution de facilité.
34:51 D'autant plus qu'il le rappelle, le régime d'assurance chômage, il est excédentaire depuis...
34:56 Pour le coup, depuis 1997. L'excédent... Et à chaque fois, l'État va, pour financer diverses dépenses,
35:03 va puiser dans ce régime, dans cet excédent de... Comment dire ? De l'assurance chômage.
35:09 - Véronique Reissult, est-ce que sur les réseaux sociaux, on perçoit peut-être un décalage ?
35:14 C'est un sujet très technique, en même temps l'économie française, le déficit, etc.
35:18 Mais qui fait peur, tout de même, très concrètement, aux Français.
35:21 - Qui est très technique et qui fait peur, mais c'est toujours étonnant,
35:23 parce que sur les réseaux, globalement, vous avez toujours des spécialistes,
35:26 des gens où vous êtes toujours étonnés de voir à quel point ils sont pointus.
35:30 Alors ils reprennent les travaux des économistes plus savants.
35:34 Mais globalement, les gens comprennent mieux les mécaniques économiques qu'on imagine,
35:38 après les mesures populistes, disons qu'il y a des mesures qui ont une forme d'adhésion spontanée.
35:46 Je voyais que dans le sondage, on avait 54% des Français qui disaient "bah oui, réduire le nombre de fonctionnaires,
35:51 c'est sans doute une des solutions de réduire de façon..."
35:55 - Oui, sauf que quand on leur dit "on va fermer une classe", et que ça compte sur leur enfant...
35:59 - En fait, quand on regarde les commentaires des uns des autres,
36:02 on voit que c'est un sujet profond de réorganisation, de réallocation, et de mettre à plat les choses.
36:08 Et le sentiment qu'il y a une forme de décalage entre ce qu'ils vivent au quotidien
36:12 et la réalité de ce qui est dépensé, sachant que ce qui sort constamment,
36:16 et ça, ça ne baisse pas, c'est la dégradation des services publics,
36:20 qui est mis en parallèle de la dette qui grandit, en disant "mais en fait,
36:24 comment on fait pour avoir un service public qui se dégrade, et une réalité du déficit qui augmente ?"
36:30 Donc ça veut dire qu'il faudrait peut-être poser des choses, mais c'est effectivement impopulaire,
36:34 donc voilà, ça doit expliquer cela. Pour autant, les Français le réclament en grande partie.
36:39 - Un dernier mot, peut-être, Alexandre Delègue, sur les perspectives économiques,
36:43 un mot, si l'on pouvait, pour rassurer les Français ?
36:47 - Déjà, le sujet du jour, c'est que cette réduction de l'inflation,
36:53 c'est quand même quelque chose qui devrait donner un minimum d'optimisme.
37:00 Je pense que fondamentalement aussi, dès lors que le problème de la dette publique
37:05 se pose depuis si longtemps, peut-être que là maintenant, on en parle,
37:09 et d'un seul coup, on a un petit peu une espèce de panique, mais il ne faut pas paniquer non plus.
37:14 Un pays comme le Japon, par exemple, qui est extraordinairement prospère,
37:17 et dans lequel les gens vivent particulièrement bien, a eu une dette publique
37:21 quasiment le double de la nôtre depuis les 25 dernières années,
37:25 ils s'en sont sortis. Donc oui, bien sûr, il va y avoir un certain nombre de choses
37:29 qui vont devoir se passer. Il est probable que le problème de fond,
37:32 c'est qu'on a globalement un État qui coûte un peu plus cher que la richesse qu'on a.
37:40 Donc soit il faut qu'on arrive à devenir beaucoup plus riche pour pouvoir se payer cet État,
37:44 soit il faudra qu'on ait un ajustement dans l'autre sens.
37:46 On peut espérer plutôt de le faire par le haut que par le bas.
37:50 Mais dans l'ensemble, il faut aussi un petit peu nuancer cette inquiétude,
37:54 là d'un seul coup, on parle la dette, la dette.
37:57 Mais on peut se souvenir comme ça des espèces de moments où d'un seul coup,
38:01 on parle de la dette, ce n'est pas la première fois qu'on les a.
38:04 Et puis, il y a dix ans, on avait un peu les mêmes discussions
38:07 avec un niveau de dette publique qui était beaucoup plus bas.
38:09 Et donc, sans tomber un peu dans une espèce d'optimisme excessif,
38:13 je pense qu'il faut prendre la mesure des choses.
38:16 Et cette espèce de panique qu'on peut avoir vis-à-vis de la dette,
38:19 un peu comme le lapin qui voit la voiture qui arrive dessus et qui ne peut plus bouger,
38:25 ce n'est pas forcément la meilleure réaction à avoir.
38:27 Donc, je pense que oui, il y a de quoi en discuter.
38:30 C'est un vrai sujet, mais ce n'est pas non plus, il n'y a pas de quoi se couvrir de cendres
38:34 et se battre la tête en disant que ça va être la catastrophe.
38:38 Merci pour votre optimisme raisonnable, dirons-nous.
38:41 Merci Alexandre Delegue d'avoir été ce soir dans les informer,
38:44 professeur d'économie à l'université de Lille.
38:47 Dans un instant, notre troisième et dernier sujet ce soir, sans transition.
38:52 Vous verrez, ce sera après le Fil info, puisqu'il est 20h42.
38:56 Thomas Girodo.
38:57 Des investissements et des emplois en scène maritime.
39:00 Le directeur général de Renault, Luca De Meo, a annoncé aujourd'hui
39:04 la fabrication d'un nouveau véhicule utilitaire 100% électrique
39:07 dans l'usine de Sandouville, près du Havre.
39:09 550 embauches à la clé promet la direction de Renault.
39:12 Le parquet de Grenoble ouvre une information judiciaire pour viol,
39:15 tentative de viol et agression sexuelle.
39:17 Les enquêteurs recherchent un homme de 20 ans, de type européen, hautain pâle,
39:21 surnommé le violeur à la trottinette.
39:23 Il suit ses victimes à trottinette dans la rue avant de s'en prendre à elle.
39:26 Neuf victimes ont été recensées par les enquêteurs depuis le début de l'année.
39:30 Le premier ministre polonais annonce sur X lancer son plan B,
39:33 après le veto du président ultraconservateur,
39:36 à une loi visant à libéraliser l'accès à la pilule du lendemain.
39:39 Les femmes n'auront plus besoin d'une ordonnance d'un médecin.
39:42 Les pharmaciens pourront directement leur délivrer cette ordonnance
39:45 et la pilule contraceptive.
39:47 Et puis, Dieudonné joue en ce moment son spectacle dans un lieu secret,
39:50 près de Saint-Nazaire. Seuls les spectateurs connaissent l'adresse exacte.
39:53 Le tribunal administratif de Nantes a suspendu l'arrêté interdisant ce spectacle,
39:57 invoquant l'absence d'éléments justifiant un potentiel trouble à l'ordre public.
40:01 Dieudonné a été condamné pour propos antisémites.
40:05 France Info
40:07 20h, 21h, Les Informés, Victor Mathey
40:13 Allez, troisième et dernier sujet ce soir dans Les Informés, avec de la musique.
40:18 Non, vous ne rêvez pas de la country dans Les Informés.
40:32 C'est sans doute une première, je vois que ça réjouit nos informés,
40:35 une première que l'on doit, vous l'avez peut-être reconnue,
40:38 à Beyoncé et son nouvel album Inove, sur la forme, la reine Beyoncé,
40:43 qui peut tout se permettre, même si chaque morceau est regardé et analysé de près,
40:47 comme l'explique Loric Henton, maître de conférences,
40:50 et auteur du livre Rock and Road Trip aux éditions hors collection.
40:54 Le fait que ce soit Beyoncé, comme le fait que ce soit par exemple Taylor Swift
40:59 dans d'autres domaines, fait qu'il y a une magnitude tellement considérable
41:04 que chaque fait et geste, y compris musical, est passé au crible
41:09 et probablement doublé d'une intention politique.
41:13 Voilà, Beyoncé qui s'était déjà attaqué aux artistes noirs,
41:16 pionniers de la house et du disco, qui passe donc à la country
41:20 après déjà une première incursion il y a quelques années.
41:22 Les puristes de la country la rejettent, tandis qu'elle veut, elle, mettre en avant
41:26 les différentes racines de cette musique qui ne vient pas que des paysans blancs
41:30 du sud des Etats-Unis.
41:32 Marie-Estelle Pêche, on l'entendait avec Beyoncé, comme avec Taylor Swift.
41:35 D'ailleurs, on y reviendra aussi. Tout est politique, finalement.
41:38 La country, c'est une musique particulièrement politique.
41:41 C'est la musique, alors à tort ou à raison, mais elle a une image conservatrice.
41:46 D'ailleurs, Beyoncé vient du Texas et c'est vraiment une musique du sud,
41:53 du petit blanc. Alors si on veut caricaturer, c'est le petit blanc un peu déclassé
41:58 qui, à travers ses chansons de country, va parler de l'alcool, sa solitude,
42:04 le chômage, son travail qui ne va pas, etc.
42:07 Et Beyoncé, elle vient dans... Elle est assez habile parce qu'en réalité,
42:13 son album, je crois que ce n'est pas que de la country, ça mélange plusieurs types de musique.
42:17 Mais c'est assez réfléchi quand même parce qu'elle avait été victime de racisme en 2016.
42:21 Donc c'est effectivement assez politique à l'occasion d'une chanson country
42:24 qu'elle avait déjà chantée et elle avait lors des récompenses à l'occasion de cette chanson,
42:35 elle avait dit "les critiques qui m'ont visé quand j'ai mis le pied dans la country
42:38 m'ont forcé à dépasser mes propres limites". C'est ce qu'elle disait sur Instagram
42:42 il y a quelques jours. Donc elle se positionne politiquement en tant qu'artiste noire
42:48 qui se saisit d'une musique qui est quand même plutôt blanche,
42:51 même s'il y a quand même des précédents. On se souvient de Tracy Chapman en 1988
42:56 qui chantait aussi de la country. Ce n'est pas la première artiste noire quand même
43:00 à se saisir de la country. Mais par contre, là, c'est une chanteuse
43:04 avec un succès tellement incroyable que tout ce qu'elle fait est forcément scruté
43:11 d'un point de vue politique, d'autant plus qu'on est en pleine campagne américaine,
43:15 en pleine campagne électorale et qu'on sait que Trump cite souvent des artistes,
43:23 des chanteurs country en montrant que c'est sa culture, que c'est la culture du petit blanc,
43:28 encore une fois, de cet homme désœuvré, enfin pas désœuvré, mais qui travaille dur,
43:32 mais qui n'arrive pas à joindre les deux bouts, etc. Donc oui, c'est ce choix,
43:38 ce choix de musique et politique.
43:41 - Madame Mostafa Abiy, est-ce que pour reprendre un ustensile cher à la country,
43:46 vous dites chapeau, oui on sait.
43:48 - Oui, non, c'est vrai que ça pourrait, vu de chez nous, ça paraît très lointain
43:54 dans le sens où la country, ce n'est pas forcément une musique,
43:56 on ne peut pas forcément se rendre compte, mais c'est très important,
43:59 surtout dans une Amérique, on l'a dit en novembre, c'est les élections américaines,
44:03 on est dans une Amérique qui se barricade de plus en plus dans ses identités.
44:07 Alors évidemment, c'est beaucoup plus fort que chez nous,
44:10 mais ça rejoint un petit peu quand même des questions qui commencent à émerger en Europe.
44:14 Ceux qui ont le droit de faire ça, j'ai le droit de parler de ça parce que c'est ma communauté,
44:19 j'ai le droit de parler de ça parce que c'est mon appartenance, parce que c'est mon origine.
44:22 Ce qu'elle dit Beyoncé, c'est que c'est une histoire collective,
44:26 surtout l'histoire de l'Amérique est très métissée, chacun y a sa part,
44:30 et elle a été vraiment très très rejetée la première fois qu'elle a essayé de faire une incursion
44:34 dans la musique country, au point que ses chansons n'étaient pas considérées comme countrysables.
44:39 - C'est ça, pas diffusées par les radios country, etc.
44:42 - Alors que là, avec sa chanson "Texas Old Damn", elle est dans les charts de country,
44:47 elle a cassé les codes, et justement elle a cassé les codes en disant que la musique country
44:51 n'appartient pas qu'à une jeune chanteuse blanche, par exemple, comme Taylor Swift,
44:56 elle appartient à la culture qu'on a, et ce n'est pas anodin dans l'Amérique de 2024.
45:02 - Est-ce que ça fait débat sur les réseaux, Véronique Reissult, ou pas du tout ?
45:05 - 319 millions de messages.
45:07 - C'est pas mal !
45:09 - Tu les as tous lus ?
45:11 - Je les ai tous lus, évidemment.
45:13 Avec les outils de massification, c'est quand même plus simple.
45:17 Oui, c'est un sujet, d'ailleurs la couverture elle-même est un objet politique en soi,
45:22 parce que c'est une très belle image avec les sourires en cheval, mais elle porte un drapeau américain.
45:29 La country, c'est un sujet avec lequel on ne plaisante pas aux Etats-Unis,
45:32 c'est un sujet qui est plutôt une chasse gardée des conservateurs,
45:36 et puis effectivement, on a une Amérique qui est de plus en plus polarisée,
45:41 avec des prises de position des uns et des autres qui sont de plus en plus clivées.
45:45 Alors en France, c'est loin de notre quotidien, non pas le clivage, mais la country.
45:50 La réalité, c'est que oui, ça fait beaucoup parler,
45:54 qu'il y a quand même des études qui viennent de sortir aux Etats-Unis,
45:57 qui disent qu'un Américain sur cinq sera influencé par le choix,
46:01 soit de Madame Swift, soit de Madame Beyoncé.
46:05 Et donc, ça n'est pas anodin dans la situation actuelle.
46:09 D'ailleurs, je vous rappelle que Taylor Swift avait fait une campagne pour inciter les gens à laisser inscrire,
46:14 et il y a quand même 35 000 jeunes qui sont inscrits dans la semaine juste après.
46:17 Donc oui, ils ont une influence.
46:19 Et puis là, Beyoncé, elle a aussi réussi à faire bouger les choses,
46:23 parce que sur TikTok, elle est devenue un trend avec cette chanson.
46:26 Donc ça a fait bouger les radios.
46:28 Donc on voit bien que c'est un énorme débat là-bas.
46:31 C'est une personnalité hors normes, comme on le disait, qui est appréciée de tous
46:36 et qui fait parler toutes les couleurs, toutes les tendances.
46:39 Donc oui, c'est un sujet de fond aux Etats-Unis, beaucoup plus important que chez nous.
46:44 On évoquait Taylor Swift, Marie-Estelle Pech,
46:47 on sait que c'est l'un des cauchemars de Donald Trump, justement,
46:50 qu'elle appelle officiellement à voter pour Joe Biden.
46:53 Ce n'est pas encore le cas, mais voilà, il le craint énormément.
46:55 Oui, d'ailleurs, elle n'avait pas voulu se positionner,
46:58 comme on l'a expliqué ultérieurement auprès d'Hillary Clinton, je crois,
47:01 parce qu'elle avait peur d'être un boulet.
47:04 Donc ça montre bien que ces artistes réfléchissent beaucoup, bien sûr,
47:08 à leur positionnement politique.
47:09 Elles savent qu'elles ont énormément d'influence.
47:12 Est-ce qu'elle va sortir du bois davantage ?
47:14 Elle a tendance, ces dernières années, c'est nouveau chez elle,
47:17 à se positionner sur tout ce qui est LGBTQI,
47:22 sur le féminisme, sur les droits sexuels, les droits à l'avortement, etc.
47:28 Elle est beaucoup plus politisée qu'elle ne l'était il y a encore 3, 4, 5 ans.
47:31 Donc peut-être parce qu'elle a mûri.
47:33 Finalement, elle est toute jeune, je crois qu'elle a à peine 30 ans.
47:36 Donc on peut imaginer, effectivement, qu'elle se positionne davantage
47:43 avec un des candidats, c'est bien possible.
47:45 Et on va continuer à en parler dans un instant.
47:47 Le Fil info d'abord, 20h50, avec vous, Thomas Girodo.
47:51 Jamais la France n'a compté autant de détenus.
47:53 76 766, précisément, selon le ministère de la Justice.
47:57 La surpopulation carcérale pour laquelle la France a déjà été condamnée
48:01 par la Cour européenne des droits de l'homme, c'est grave.
48:04 Plus de 3000 détenus dorment sur un matelas, à même le seul faute de place.
48:08 Après des jours de menaces visant des centaines d'établissements scolaires,
48:11 deux jeunes passent aux aveux, le premier à Malakoff, près de Paris.
48:14 En garde à vue, il a avoué avoir envoyé ses messages via les ENT,
48:17 les espaces numériques d'échange entre élèves et enseignants.
48:20 Le deuxième à Bordeaux, il a envoyé un mail de menace citant
48:23 certains de ses professeurs et le proviseur de son lycée.
48:26 Un peu moins de 2000 foyers privés d'électricité ce soir en région Renalp
48:30 après le passage de la dépression Nelson.
48:32 Le vent a fait tomber des arbres et des branches sur les câbles électriques.
48:35 La SNCF avertit que le trafic des trains pourrait être perturbé
48:39 dans la région jusqu'à la fin du week-end.
48:41 Et puis le derby du Nord, ce soir pour ouvrir la 27e journée de Ligue 1.
48:45 Le LOSC reçoit les 100 et Orlanssois à 21h.
48:48 Avant le classique du championnat OMPSG dimanche soir, sans les supporters parisiens.
48:52 Interdit de déplacement par crainte d'affrontement avec des ultras marseillais.
48:56 Avec donc ce nouvel album de Beyoncé, un album aux accents country.
49:10 Cette question peut-être, Amda Mostafavi, cela dit quoi des Etats-Unis, de la France aussi,
49:14 où on se plaint régulièrement que les artistes ne s'engagent plus, ou en tout cas pas assez ?
49:18 Oui, non, on voit que c'est très important.
49:20 On parlait des Etats-Unis, c'est vrai qu'aux Etats-Unis,
49:23 on arrive dans une élection qui va être extrêmement serrée.
49:26 Et surtout, il n'y a pas tant de voix féminines aussi qui se distinguent autant que ces artistes-là.
49:31 Donc elles s'engagent, c'est vrai que Taylor Swift s'est beaucoup plus engagée ces dernières années
49:35 qu'elle ne l'avait fait avant, notamment parce que les droits des femmes, par exemple,
49:38 sont beaucoup plus menacées aux Etats-Unis.
49:40 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, en France, on n'a pas ce phénomène,
49:44 ou alors ce n'est pas toujours très heureux quand c'est fait, d'engagement.
49:50 Après, on n'a peut-être pas le même degré de menace.
49:52 C'est vrai que là, on peut légitimement se demander, est-ce que Taylor Swift va sauver l'Ukraine ?
49:56 Parce qu'on en est quand même au point où on se dit que c'est une élection serrée,
49:59 que si Taylor Swift a appel à voter contre Donald Trump et que Donald Trump retient son aide à l'Ukraine,
50:04 on est dans des enjeux qui nous dépassent un petit peu ici en France.
50:09 Marie-Estelle Pech, ça pose presque la question aussi de la place des artistes dans notre société aujourd'hui,
50:14 quand on voit ça.
50:15 Oui, je lui disais quelque chose sur...
50:17 Je crois que Beyoncé doit donner des concerts en Suède.
50:20 J'ai des articles dans les journaux suédois qui disaient, on va à l'inflation,
50:24 ça va être très bénéfique pour l'économie du pays, etc.
50:26 Ce sont des artistes hors normes. Nous, on ne peut pas se comparer.
50:30 Mais cela dit, on peut quand même noter, nous, à L'Express,
50:32 on a quand même sorti cette information sur le fait que Ayana Kamoura
50:35 pourrait chanter pour les JO Édith Piaf, pour les JO en France.
50:39 Et on a vu quand même le retentissement mondial de cette information.
50:42 On a vu aussi les clivages qui se sont créés sur cette question.
50:45 Elle n'a pas le droit de chanter du Édith Piaf,
50:47 on n'est pas loin de Beyoncé n'a pas le droit de chanter de la country.
50:50 Ça représente quelque chose et ça dit quelque chose des sociétés à un instant T.
50:54 On est sur l'appropriation culturelle.
50:56 Je sais que dans Marianne, il y avait aussi un article là-dessus, il y a quelque temps,
50:58 Marie-Estelle Pech, du côté du service culture.
51:00 Oui, c'est-à-dire que le ce qui est amusant aussi sur Taylor Swift,
51:04 c'est qu'au débat, au départ, c'est un peu le chemin inverse de Beyoncé.
51:09 Au départ, c'est un prodige de la country.
51:11 En fait, elle s'en est distinguée, elle s'en est éloignée.
51:14 Elle avait l'image de cette petite fille de l'Amérique blanche, conservatrice.
51:19 Et elle a commencé à mettre de l'électro dans ses chansons,
51:22 à vraiment s'éloigner, à se moderniser.
51:25 C'est un peu l'un.
51:26 Alors que l'autre, Beyoncé, elle veut fédérer toutes les musiques.
51:29 Enfin, elles ne sont pas dans la même trajectoire.
51:32 Et si on parle du poids économique, la dernière tournée de Taylor Swift,
51:38 ça a généré un milliard de dollars quand même.
51:41 Donc, on parle de volume conséquent.
51:44 Beyoncé, c'était 500, à peu près 600 millions.
51:48 C'est pas mal aussi.
51:50 Donc oui, elles ont un poids incroyable et elles ont une réalité qui est,
51:54 alors c'est encore plus fort pour Taylor Swift,
51:56 c'est qu'elles parlent sur les réseaux, c'est sans filtre, c'est en direct.
52:01 Alors après, la place des artistes aux États-Unis,
52:04 c'est pas tout à fait la même chose qu'en France dans la politique.
52:07 Mais oui, ce sont des gens en qui les uns et les autres ont confiance.
52:11 On parle souvent de la défiance des publics envers les politiques.
52:15 On parle de la défiance des publics envers même les dirigeants d'entreprises
52:19 ou les experts.
52:20 Mais les artistes, en fait, il leur faut encore confiance,
52:24 partant du principe que, comme ils sont très riches par ailleurs,
52:27 ils ne sont pas achetés, que leurs engagements sociétaux sont sincères et forts.
52:32 Et puis, ils ont des communautés de femmes, c'est pas des militants,
52:35 c'est des femmes.
52:36 Quand vous avez 280 millions de personnes qui voient sur Instagram
52:40 pour Taylor Swift, donc oui, une force incroyable.
52:43 Alors, il n'y a pas d'artiste français qui a ce volume-là,
52:46 mais les États-Unis ne sont pas non plus la France
52:48 et on n'a pas autant l'habitude d'être dans cette petite place.
52:52 Après, tous les présidents américains ont toujours eu un peu leur artiste favori.
52:56 Ça a commencé déjà à l'époque avec Sinatra.
52:58 On avait vu l'amitié incroyable entre Bruce Springsteen et Obama.
53:01 On voit l'amitié aussi un peu improbable entre Kanye West et Donald Trump.
53:06 Donc, ça a une importance.
53:07 Après, en France aussi, à chaque fois, quand il s'agit de savoir
53:11 quel artiste va chanter dans les meetings au moment des présidentielles,
53:15 ça a aussi de l'importance parce qu'aller séduire un artiste,
53:18 c'est aller séduire toute une communauté de gens qui adhèrent à ses valeurs
53:22 et qui n'adhèreraient pas forcément à la politique.
53:24 Mais plus compliqué, en France, c'est plus compliqué quand même.
53:26 Un artiste qui s'engage politiquement, qui s'engage sociétalement, oui, bien sûr.
53:29 Ça l'est aujourd'hui.
53:30 Ça l'était moins avant.
53:32 Marie-Estelle Pêche.
53:33 Non, je voulais juste revenir sur la country,
53:36 parce que c'est vrai qu'aux États-Unis, c'est tellement central.
53:38 Et je pensais à cette chanson du chant,
53:40 il y a un chanteur qui s'appelle Oliver Anthony,
53:42 cette année, qui a publié une chanson qui a eu énormément de succès.
53:47 Et qui s'appelle "Les riches du Nord de Richemond".
53:50 Et donc, c'est le petit blanc qui regarde les riches
53:53 et qui se dit vraiment, ils m'ont tout pris, etc.
53:56 Et ça, c'est devenu, c'était une chanson encensée par les Républicains
54:00 pendant des mois, entre 2023 et même encore 2024.
54:04 Qui se sont approprié les paroles, qui les ont citées.
54:07 Tout l'entourage de Trump a beaucoup utilisé cette chanson.
54:11 Donc, ce n'est pas que des artistes, c'est aussi des chansons en particulier
54:13 qui deviennent un peu comme des slogans,
54:15 peut-être qu'ils vont aussi bien se faire utiliser
54:17 pendant les campagnes électorales à venir.
54:20 Et je pensais aussi à Bush Pair, qui disait que l'Amérique aime la country.
54:26 Parce que certains artistes de country étaient aussi derrière Trump.
54:31 Enfin, c'est vraiment, il y a une très longue histoire avec la country.
54:35 Et chez nous, c'est populaire aussi la country.
54:37 J'ai retrouvé d'ailleurs l'article de votre confrère Emmanuel Tellier
54:39 qui disait "Et si en plus, le succès et le talent de Beyoncé
54:42 peuvent finir d'énerver quelques rennecs qui ne se sont jamais remis
54:45 de la défaite du Sud en 1865 et qui voient en Trump l'ultime sauveur d'une Amérique
54:50 qui n'existe déjà plus que dans leurs rêves fétides,
54:53 cela nous réjouira plus encore."
54:55 Voilà, je ne sais pas si vous souscrivez ou pas à ce que dit Emmanuel Tellier de la rubrique culture.
55:01 On va s'arrêter là pour ce soir.
55:03 Merci à toutes les trois d'être venues sur le plateau des informées.
55:07 Elle a eu une tire de l'Express cette semaine, Madame Mostafavi ?
55:10 On parle économie justement et on parle surtout de la réindustrialisation,
55:16 j'arriverai pas à le dire, qui fait pchit.
55:18 Voilà, ce sera à lire, ce sera plus facile.
55:20 Merci beaucoup Marie-Estelle Pêche.
55:22 Qu'est-ce que l'on trouve à la une de Marianne ?
55:24 Et nous on a une grosse enquête sur les vattes en guerre, les politiques, les médias, les experts
55:28 dans ce contexte de tension entre la Russie, l'Ukraine et l'Europe.
55:33 Et un autre aussi sur les menaces qui pèsent sur la laïcité à l'hôpital.
55:37 Je rappelle le titre de votre livre, "L'ultime pouvoir, la face cachée des réseaux sociaux".
55:42 Véronique Reissult, merci à tous les trois. Vous voulez y rajouter un mot ?
55:45 Et nous à partir de mardi, on sort tous les mois sur LinkedIn,
55:49 une newsletter sur les crises et les communications en crise sur les réseaux sociaux.
55:54 Eh bien on lira ça très attentivement. Merci à toutes les trois.
55:58 Très bonne soirée, les informés reviennent demain.
56:01 de la France.
56:02 France Info, Météo.