• il y a 2 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans les Informer jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur France Info Télé, le canal 27 de la TNT.
00:14Bonjour Renaud Delis.
00:16Bonjour Salia.
00:16Et bonjour à nos informés du jour, Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:20On vous retrouve aussi tous les matins pour l'Invité politique à 7h45. Bonjour Alex.
00:24Bonjour Salia.
00:24A vos côtés Louis Osalter, journaliste politique au Figaro.
00:26Bonjour.
00:27Et François Bonneau, rédacteur en chef Europe à France Télévisions. Bienvenue.
00:31Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:32Renaud Delis, avis à ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
00:35Sachez que désormais vous pourrez vous faire contrôler si vous passez la frontière avec l'Allemagne.
00:40Et oui, la décision est entrée en vigueur hier.
00:42L'Allemagne depuis hier a rétabli des contrôles à toutes ses frontières, y compris d'ailleurs entre la France et l'Allemagne.
00:48Alors des contrôles aléatoires instaurés pour une durée de 6 mois.
00:53Le but du chancelier Olaf Scholz est de lutter contre l'immigration illégale avec ces contrôles.
00:59Je propose d'écouter d'ailleurs le chancelier Olaf Scholz lorsqu'il avait annoncé cette décision
01:02qui est un véritable tournant dans la politique migratoire allemande et au-delà d'ailleurs européenne.
01:08C'était il y a quelques jours devant le Bundestag, le parlement allemand.
01:13Le nombre de personnes qui viennent chez nous a diminué parce que nous avons introduit par exemple des contrôles aux frontières.
01:18Et nous avons également décidé au début de cette semaine de continuer de le faire à toutes les frontières de l'Allemagne aussi longtemps que possible.
01:25Nous avons obtenu de bons résultats et nous poursuivrons dans cette voie.
01:32Nous le faisons même si cela devient difficile avec nos voisins.
01:35Je pense que nous devons en passer par là, il est maintenant nécessaire pour nous de faire face à ces différends.
01:41Alors est-ce que cette décision qui marque une vraie rupture avec la politique migratoire allemande précédente
01:45peut être suivie des faits dans d'autres pays d'ailleurs, des faits à récolte en quelque sorte ?
01:50Évidemment on se souvient à l'inverse d'Angela Merkel en 2015 accueillant de nombreux migrants.
01:56Et puis cette décision elle survient aussi au moment où les naufrages meurtriers se multiplient dans la manche des migrants
02:01qui se noient en voulant rejoindre le Royaume-Uni.
02:05Encore huit morts le week-end dernier, un total, un nombre de victimes record depuis le début de l'année,
02:1046 victimes depuis le début de l'année.
02:13Et là aussi deux pays, la France et le Royaume-Uni qui se renvoient la balle en quelque sorte sur ce dossier de l'immigration.
02:18Alors est-ce que l'Europe est de plus en plus tentée par le chacun pour soi, chacun des pays agissant de son côté ?
02:24Et pourquoi une telle impuissance européenne a géré de façon commune cet enjeu migratoire ?
02:30Alix sur la symbolique de la décision allemande ?
02:32Alors ce qui est amusant entre guillemets c'est qu'il y a quand même un paradoxe,
02:35c'est que depuis janvier le nombre d'entrées irrégulières en l'Union Européenne comptée par l'agence Frontex en fait a chuté de moins 36%.
02:46Donc finalement il y a moins d'entrées irrégulières.
02:49Et cet été, en juin, il y a eu ce pacte Asile et Migration qui a été acté.
02:53Donc on pourrait se dire bah tiens finalement il se passe des choses,
02:56mais ça n'a pas d'impact effectivement sur les partis politiques.
03:00Alors je ne veux pas banaliser ce que vient de faire l'Allemagne,
03:03mais le rétablissement des contrôles en frontières en fait il est prévu dans un des deux traités de Schengen,
03:09qui est donc dès les années 90.
03:12Chaque état donc c'est stipulé peut rétablir temporellement le contrôle de ses frontières en cas de trouble à l'ordre public.
03:18Et depuis 1990 personne ne s'en est privé et personne notamment pas la France,
03:24on en a fait un usage massif dans les années 90.
03:26Et puis ensuite il y a eu en 2010 une première crise avec l'Italie,
03:30en 2015 il y a eu après les attentats, en 2020 au moment du Covid.
03:35Et c'est vrai que ces crises récurrentes,
03:37elles n'ont jamais mis à mort cette fameuse libre circulation Schengen.
03:44Donc ce n'est pas parce qu'à un moment un pays referme ses frontières qu'on se dit la libre circulation c'est fini.
03:50C'est surtout, et en l'occurrence me semble-t-il c'est ce qui se passe en Allemagne,
03:54un signal politique, un signal auprès de son opinion publique.
03:58C'est de la politique intérieure.
03:59C'est de la politique intérieure.
04:00Il y a des élections européennes et puis ils ont eu des régionales en Allemagne
04:03où on a vu que l'extrême droite a monté.
04:06Donc en fait c'est un signal fort pour sa population.
04:09Mais c'est quelque chose qui ne va pas durer parce que c'est très coûteux finalement d'entretenir ses frontières.
04:14Donc ça veut dire qu'à terme la situation se normalisera à nouveau
04:18sous couvert qu'effectivement le pacte asile-immigration rentre en application en 2026.
04:23François ?
04:24Moi je crois que si la décision allemande fait autant parler
04:27c'est effectivement parce que tout le monde comprend en Allemagne
04:31mais à l'extérieur de l'Allemagne également que c'est une décision éminemment politique.
04:36Et qu'en fait de toute façon en termes d'efficacité
04:39on ne peut pas fermer hermétiquement les frontières.
04:44Donc on remet les contrôles mais les contrôles ne peuvent pas être absolument systématiques
04:48sinon la frontière est fermée, vous avez une file latente absolument gigantesque.
04:52Donc en termes d'efficacité ce n'est pas du tout prouvé.
04:55Et en termes d'efficacité politique aussi je crois que ce n'est pas prouvé non plus.
05:00On voit effectivement une progression de l'extrême droite allemande, l'AFD
05:04dans les deux Länder dont Alex parlait.
05:08Il y a le Brandenburg qui vote dans quelques jours.
05:12C'est une région qui se trouve à côté de Berlin.
05:15Et là aussi on pense que l'extrême droite va monter.
05:18Mais j'ai envie de dire que c'est trop tard.
05:19En fait les Allemands voient qu'il y a des problèmes,
05:22en tout cas ils estiment qu'il y a des problèmes sur l'immigration.
05:25Et comme le pacte asile-migration dont on vient de parler n'entrera en vigueur qu'en 2026
05:30même pas en 2025, en 2026.
05:32Donc les effets de ce pacte ne se voient pas si tentés qu'il y aura un jour des effets.
05:38Et donc c'est pour ça qu'il y a cette réaction allemande qui serre véritablement la vis.
05:44Il faut savoir par exemple qu'ils ont expulsé vers l'Afghanistan 30 Afghans.
05:48Ils ont renvoyé en Afghanistan alors que c'était des demandeurs d'asile.
05:52Et ils ont fait ça il y a une dizaine de jours.
05:54Le pacte asile-immigration que François vient de citer, Louis, il va entrer en vigueur en 2026.
06:00Et lui, il a pour mission d'encadrer justement l'immigration en Europe,
06:05durcir les conditions d'entrée.
06:07Oui et aussi de relocaliser, c'est le grand mot de ce pacte.
06:10C'est-à-dire que les pays sont tenus à une solidarité pour soulager les pays d'accueil
06:14que sont d'abord la Grèce et l'Italie évidemment.
06:16Donc soit en reprenant des personnes migrantes,
06:19soit en versant une aide financière aux pays qui vont les accueillir.
06:23Mais en fait, tout le problème est là, il est dans la solidarité.
06:26Et ce qui est paradoxal, c'est qu'on voit côté pile des États,
06:29y compris des États fondateurs de l'Union Européenne,
06:31tenter de bonne foi de se mettre d'accord sur un dispositif européen
06:34pour que ce ne soit pas un bazar complet dans la gestion de la migration en Europe.
06:38Et côté face, les mêmes pays prennent des mesures nationales,
06:41parce que plus immédiates, pour rassurer leurs opinions publiques.
06:44La liste est très longue.
06:45Les Pays-Bas, les pays fondateurs,
06:47avec le gouvernement influencé par la droite nationale populiste,
06:50sont en train de mettre en place des grandes restrictions à l'immigration.
06:54En Suède, une aide de retour aux migrants portée à 30 000 euros.
06:57Au Danemark, depuis plus de 20 ans, les gouvernements de droite comme de gauche
07:00font tout pour obtenir un objectif de zéro demandeur d'asile.
07:03Mais alors à quoi ça sert d'avoir une législation commune ?
07:05C'est justement pour ça que l'Allemagne, c'est un tournant.
07:07C'est un pays fondateur de l'Union Européenne.
07:08C'est évidemment l'un des deux grands fondateurs avec la France.
07:12Donc le fait que l'Allemagne donne aussi un signal en ayant recours à des mesures nationales,
07:16c'est quand même un désaveu assez massif pour le pacte asile-immigration et son efficacité.
07:20Si j'ose dire, effectivement, l'Allemagne, ce n'est pas les Pays-Bas ou ce n'est pas l'Andrie.
07:23C'est-à-dire que même si c'est une décision symbolique, politique,
07:25dont on peut effectivement douter de l'efficacité, bien entendu,
07:28je pense que l'impact politique est très fort, très important,
07:31que ça aura des conséquences politiques extrêmement lourdes.
07:34Et on voit la mécanique, j'allais dire presque habituelle,
07:36c'est-à-dire une poussée de l'extrême droite, des attentats aussi,
07:39des attaques meurtrières, notamment on pense à celle de Sonningen
07:43qui a fait trois morts à la fin du mois d'août.
07:45Et immédiatement, ces mesures, cet affichage, la destination de la population,
07:48de l'opinion allemande, ça a des conséquences encore une fois très fortes
07:52parce que c'est l'Allemagne, parce qu'il y a une poussée de l'extrême droite
07:54pas seulement en Allemagne, partout en Europe.
07:56Et l'absence de solidarité européenne, ça ne date pas d'hier et ça ne date pas de maintenant.
08:00Là c'est spectaculaire.
08:01Mais c'était la même chose quand Angela Merkel a ouvert les frontières allemandes.
08:05Elle a décidé seule, de façon solitaire.
08:09Et là aussi, là c'était pour accueillir à l'inverse,
08:12mais là aussi il n'y avait pas de coordination européenne.
08:14Lorsqu'elle avait dit en 2015, wir schaffen das,
08:16nous pouvons accueillir un million de migrants à l'époque.
08:19Et donc c'est aussi pour ça que cette décision allemande me semble très lourde et très importante
08:22et qu'elle va avoir des conséquences politiques très fortes.
08:24C'est parce qu'évidemment elle renvoie, neuf ans après, au bilan de la politique d'Angela Merkel.
08:31Juste, je voulais revenir sur les Pays-Bas,
08:33pays fondateurs, pays qui a signé ce pacte Asile-Immigration,
08:38qui a signé tous les textes, ce sont des dizaines de textes.
08:41Entre temps, le gouvernement change.
08:43Et le nouveau gouvernement, issu de l'extrême droite,
08:48dit on veut être exempté, on ne va pas le signer.
08:51Et d'ailleurs, ils ont réagi à la décision allemande en disant,
08:55on doit faire la même chose, on devrait faire exactement la même chose.
08:58Ils veulent suivre le mouvement.
08:59On devrait, nous aussi, remettre des contrôles aux frontières.
09:01Alix ?
09:02Et c'est vrai que l'Allemagne, c'est un petit peu un symbole.
09:05Et c'est vrai que ça remet en cause effectivement le principe de solidarité.
09:08Ça crée une exception et donc une peur sur l'effet domino.
09:13Quels sont les autres pays qui vont s'y engrouffer ?
09:15Quand on voit que la Hongrie a applaudi largement la décision de l'Allemagne,
09:18on comprend tout de suite ce que ça peut engendrer.
09:21Et puis peut-être en France, sur le terrain intérieur,
09:23on peut aussi se dire, est-ce que ça va avoir une influence sur la politique migratoire ?
09:27Est-ce que Michel Barnier, qui est en train de faire son gouvernement,
09:30à un moment on a pensé qu'il pouvait aller faire un ministère de l'immigration,
09:34alors Matignon s'en défend à l'heure actuelle,
09:37mais est-ce que ça pourrait être le retour d'un ministère de l'immigration ?
09:40Est-ce qu'il pourrait y avoir une nouvelle loi immigration ?
09:42C'est vrai qu'en ce sens, l'Allemagne est vraiment un symbole.
09:45Bon, et bien on va suivre ce qui va se passer si la France va suivre le mouvement avec Michel Barnier.
09:519h15 sur France Info, c'est l'heure du Fil Info de Maureen Suynard.
09:55Dominique Pellicot est bien présent à l'audience ce matin,
09:59déclarée apte à comparaître par des experts médicaux.
10:02Malade, il a été absent pendant plusieurs jours de ce procès des viols de Mazan.
10:06Des temps de repos et des séquençages des auditions sont mis en place pour qu'il puisse témoigner.
10:10Dominique Pellicot est accusé d'avoir drogué sa femme
10:13pour que des inconnus puissent abuser d'elle pendant plus de dix ans.
10:16« J'ai toujours condamné la violence politique et je la condamnerai toujours »,
10:20répète le président américain Joe Biden,
10:22alors que son prédécesseur et candidat républicain à la prochaine présidentielle américaine l'accusent.
10:27Donald Trump, cible d'une tentative d'assassinat présumée,
10:31estime que le suspect adhérait au discours de Biden et Harris et a agi en conséquence.
10:36Le suspect a été inculpé, il n'a pas tiré sur Donald Trump.
10:39Le bilan très lourd du passage de la tempête.
10:42Boris en Allemagne centrale et orientale, 18 morts au total,
10:46en Roumanie, en Autriche, en République tchèque et en Pologne.
10:48La Pologne où une digue menace de céder dans une commune du sud-ouest du pays.
10:53Le LOSC au Portugal pour affronter le Sporting,
10:56un match de ligue des champions de football à vivre sur France Info dès 21h.
10:59Quatre clubs français sont engagés cette année dans la plus prestigieuse compétition européenne.
11:05France Info
11:09Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
11:14Les informés continuent avec Renaud Dely,
11:17avec Alix Bouyagué, aussi éditorialiste politique à France Info TV,
11:21Louise Osalter, journaliste politique au Figaro,
11:24et François Baudonnet, rédacteur en chef Europe à France Télévisions.
11:27On profite de votre présence pour parler de l'autre sujet européen,
11:30la démission du commissaire Thierry Breton, hier, de la Commission européenne,
11:35remplacée aussitôt, en termes de candidature, par Stéphane Séjourné,
11:39le ministre démissionnaire des Affaires étrangères,
11:42choisi par Emmanuel Macron.
11:44Comment on en est arrivé là ?
11:46C'est une série télé, en fait.
11:48Ça pourrait être une série sur une plateforme,
11:51et c'est trahison et claquement de porte.
11:54Il y a encore quelques jours, Thierry Breton était absolument persuadé
11:57qu'il serait le prochain commissaire européen,
11:59qu'il allait se succéder d'une certaine façon à lui-même,
12:01parce qu'Emmanuel Macron, à plusieurs reprises, lui avait promis que ce serait le cas.
12:05Il avait même promis, publiquement, devant les chefs d'État et de gouvernement,
12:08fin juin, à Bruxelles.
12:10Et puis, entre-temps, il y a eu des discussions entre Ursula von der Leyen,
12:13la patronne de la Commission européenne, et Emmanuel Macron, cet été.
12:17Et elle a posé une condition.
12:19Ok, Emmanuel... Alors, il se tutoie.
12:21Je ne sais pas si ça s'est passé exactement comme ça, mais c'était un peu...
12:23Il est en train de faire le dialogue, là.
12:25Vous pouvez nous le faire malheureusement.
12:28Alors, je te donne ce que tu veux, Emmanuel,
12:31mais je ne veux pas que ce soit pour Thierry Breton.
12:34Mais est-ce que c'est normal que ce soit Ursula von der Leyen qui choisisse le candidat français ?
12:38Mais non, parce qu'en général, ça ne se passe pas comme ça.
12:40C'est le chef d'État qui dit à la Commission européenne,
12:44voilà, mon commissaire, mon candidat, c'est lui.
12:47Et ensuite, il passe devant le Parlement européen.
12:49Il est adoubé ou il ne l'est pas,
12:51mais ce n'est pas à la présidente de la Commission de choisir.
12:55Donc, ça ne s'est pas passé comme ça devrait se passer.
12:58Clairement, ça montre un affaiblissement de la France
13:02et de l'influence personnelle, j'ai envie de dire, du président de la République à Bruxelles.
13:07Et c'est Thierry Breton qui en fait les frais.
13:12La gauche qui dit aujourd'hui qu'Emmanuel Macron en a profité pour recaser un de ses amis
13:17qui s'appelle Stéphane Séjourné.
13:19La gauche aussi qui veut destituer Emmanuel Macron.
13:22Macron, Renaud, une motion de destitution va être examinée aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
13:26C'est dans quelques minutes, à partir de 9h30.
13:28Le Bureau de l'Assemblée nationale va effectivement juger de la recevabilité de cette motion
13:31déposée par les insoumis, par 81 députés, dont une écrasante majorité d'insoumis.
13:37Une motion de destitution qui repose sur le fait que le chef de l'État
13:40n'a pas choisi un Premier ministre issu du bloc du Nouveau Front Populaire.
13:44Il y avait un suspens sur la recevabilité de cette motion
13:47puisque ce sont trois députés socialistes au Bureau de l'Assemblée
13:50qui feront la différence, qui feront la majorité.
13:54Visiblement, les socialistes ont décidé d'approuver la recevabilité de ce texte.
13:58Ils l'ont décidé hier soir à l'issue de long débat.
14:00Ils se sont divisés comme ils en ont le secret.
14:02Une très courte majorité a donc décidé de juger cette motion recevable.
14:07Mais attention, ça l'y a, le diable est dans les détails.
14:11Ça, ce n'est pas un détail.
14:12Ils vont voter pour une résolution à laquelle ils sont foncièrement hostiles.
14:15Car ils seront hostiles, annoncent-ils les socialistes,
14:18à la destitution du chef de l'État
14:20lorsque ce sujet viendra en commission des lois d'abord, puis dans l'hémicycle.
14:24Le fait qu'ils approuvent aujourd'hui la recevabilité de la motion,
14:28ça ouvre quand même un espoir à Manuel Bompard,
14:30le coordinateur de la France Insoumise,
14:32qui espère bien les convaincre de changer d'avis sur le fond.
14:35Ils sont pour mais contre.
14:36S'ils votent pour la recevabilité, c'est pour permettre le débat.
14:38Donc s'il y a un débat, moi je forme le vœu de réussir à les convaincre
14:42qu'il faut faire en sorte que cette motion de destitution puisse être votée.
14:46Et il appartient aux parlementaires de juger,
14:49si oui ou non, ça doit permettre de franchir une deuxième étape
14:53dans cette motion de destitution.
14:55Alors, est-ce que la position socialiste, là, elle est compréhensible ?
14:59Il ne faut pas que Manuel Bompard se réjouisse trop vite
15:01concernant la procédure de cette motion de destitution
15:04parce qu'elle va quand même faire long feu.
15:06C'est-à-dire que oui, elle va être jugée recevable
15:09à 9h30 au bureau de l'Assemblée Nationale tout simplement
15:13parce qu'il y a 22 membres.
15:1512 membres appartiennent au Nouveau Front Populaire.
15:17Il y avait ces fameux trois socialistes
15:19qui pouvaient éventuellement faire basculer dans un sens ou dans un autre.
15:23Ils ont décidé de voter pour, donc elle va être jugée recevable.
15:26Mais dès la prochaine étape, c'est-à-dire la commission des lois,
15:28elle risque d'être toquée parce que deux tiers des députés
15:32doivent valider cette motion de destitution.
15:37Or, c'est impossible.
15:39Le Nouveau Front Populaire n'est absolument pas majoritaire à l'Assemblée Nationale.
15:43Ensuite, ça va passer au Sénat.
15:44Là aussi, c'est deux tiers des sénateurs et LFI n'a même pas un élu.
15:47Donc, on va dire assez rapidement adieu à cette motion de destitution.
15:51Mais là-dessus, l'argument de Manuel Bompard, c'est de dire
15:53on est dans l'opposition ou on ne l'est pas.
15:55Là-dessus, ça montre très clairement que les socialistes, c'est le bazar.
15:59C'est-à-dire qu'il y en a, sur les 66 députés,
16:02il y en a 32 qui ont voté pour la procédure et 28 contre.
16:09Donc, on sent que c'est extrêmement serré.
16:11Ils ont écouté, à l'évidence, Jean-Luc Mélenchon qui leur disait
16:14écoutez les gars, on sait que vous n'êtes pas d'accord pour cette motion de destitution,
16:18mais laissez la procédure.
16:20Jean-Luc Mélenchon, il se dit ça met un peu le bazar, c'est très bien.
16:23Et ils n'ont pas écouté François Hollande qui, depuis le départ,
16:26dit mais ça n'a aucun sens, ça n'appuie sur aucun point juridique
16:32Qu'on comprenne bien les arguments, Louis, des socialistes.
16:35Ils disent oui au début, mais ils vont dire non après.
16:38C'est pénible.
16:40J'essaie de les traduire aussi.
16:42Ils disent en fait que ça va donner une nouvelle légitimité
16:45au président de la République de cette procédure parce qu'elle ne va pas aboutir.
16:48Oui, mais ça a quand même pour traduction concrète
16:51qu'il devrait y avoir un débat dans l'enceinte de l'Assemblée nationale
16:54sur le fait de destituer ou non Emmanuel Macron.
16:56Et c'est tout à fait la stratégie, l'objectif des Insoumis.
16:59Ils savent très bien évidemment que cette procédure n'ira pas à son terme
17:02ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas les deux tiers de l'Assemblée pour la voter.
17:05Ça ne sera pas transmis au Sénat.
17:06Mais le but de Jean-Luc Mélenchon dans sa stratégie conflictuelle,
17:09c'est juste que ce débat existe.
17:10Et d'ailleurs, il existe depuis cet été.
17:12Même Édouard Philippe, en déclarant sa candidature à la présidentielle,
17:14a sous-entendu qu'en cas de démission de Macron, il était prêt.
17:17Donc les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon ont tout en effet à faire prospérer ce débat
17:21parce qu'ils espèrent une démission d'Emmanuel Macron.
17:23Jean-Luc Mélenchon, y compris au vu de son âge, mais ce n'est pas la seule raison,
17:27espère une élection à la présidentielle avant 2027.
17:30Donc ils veulent que ce débat ait lieu.
17:32Et en actant le fait de laisser passer la procédure
17:35et donc le fait qu'il y ait un débat dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
17:38les socialistes continuent à se mettre dans sa roue.
17:40Ils continuent en fait à être au service de la stratégie mélenchonienne
17:44sans cultiver une identité propre.
17:46Mais le sujet va quand même se poser tôt ou tard
17:47parce que le vote d'hier soir au Parti Socialiste, c'est quasiment du 50-50.
17:51Le groupe, les députés socialistes, sont très divisés
17:53sur le fait de permettre à ce débat d'avoir lieu.
17:56Donc Olivier Faure, le premier secrétaire,
17:59qui lui est totalement dans la route de Jean-Luc Mélenchon,
18:01né notamment depuis qu'ils ont constitué le nouveau Front Populaire cet été,
18:05va continuer à avoir de sérieux problèmes avec ses opposants internes
18:09qu'il accuse de servir uniquement de béquilles, de points d'appui à Jean-Luc Mélenchon
18:13pour poursuivre une stratégie qui n'est pas du tout celle de la gauche du gouvernement
18:16qu'incarnait le Parti Socialiste.
18:17Jean-Luc Mélenchon et ses amis sont fidèles à leur stratégie.
18:20C'est logique. Ils veulent effectivement tout conflictualiser.
18:23Ils veulent donc enclencher cette procédure, même si, effectivement,
18:25il n'y a aucune chance d'aboutir.
18:26Mais le paysage, on le voit bien à gauche,
18:29il y a les Insoumis d'un côté, puis il y a les Soumis de l'autre.
18:31C'est-à-dire les socialistes, emmenés effectivement par le chef des Soumis,
18:34qui est Olivier Faure, et qui, à chaque fois, finit par se ranger dans la route
18:37de Jean-Luc Mélenchon, dès lors que Jean-Luc Mélenchon hausse un peu le ton.
18:40On l'a vu, une fois de plus, ces socialistes se sont considérablement divisés.
18:42Il y a une très courte majorité qui a choisi cette position,
18:45qui est non seulement assez stupéfiante,
18:48mais qui est, à mon avis, suicidaire,
18:51et qui, de surcroît, est inexplicable à l'opinion.
18:53Pourquoi ? Parce qu'ils valident donc cette procédure.
18:56Mais, le moment venu, ils expliquent bien que, sur le fond,
18:59tous, unanimement, ils se rencontrent.
19:00Donc, ils devront assumer un désaccord de fond,
19:02en commission des lois d'abord, puis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
19:05lorsque viendra le débat.
19:07Donc, il va falloir, là, que les divergences de fond
19:11entre les parties de gauche s'expriment de façon spectaculaire.
19:15Enfin, explicite, en tout cas,
19:17ce qui, évidemment, peut avoir des conséquences politiques.
19:18Et puis, cette position, elle est inexplicable à l'électorat.
19:21C'est-à-dire de dire qu'on vote pour quelque chose,
19:24pour une motion à laquelle on est hostile.
19:27Bon courage pour essayer d'expliquer ça aux électeurs socialistes.
19:31Après, c'est vrai que le PS continue dans cette dérive, en fait, protestataire.
19:35Peu à peu, il s'éloigne de sa culture de gouvernement.
19:37On sent qu'on est, quand même, dans une phase que j'appellerais de décantation.
19:40C'est-à-dire qu'on sent que, chaque fois qu'il y a un vote au sein
19:44du groupe, du bureau,
19:47il y a une majorité qui est de plus en plus légère,
19:50majorité qui suit Olivier Faure.
19:52Or, il va se passer quelque chose en 2025,
19:54c'est qu'il va y avoir un congrès.
19:56Ce congrès, ça va être l'occasion de changer ou pas
19:59la ligne de premier secrétaire.
20:03Il va y avoir un congrès, il y a un deuxième élément.
20:05Ou de tripatouiller, comme ça s'est vu déjà lors du dernier, etc.
20:07Oui, on a le droit d'être optimiste.
20:09Allez-y, allez-y, soyez optimiste.
20:12Donc, ce congrès qui peut changer la donne,
20:14il y a aussi la proportionnelle.
20:16Est-ce que Michel Barnier va l'instaurer ou pas ?
20:19S'il l'instaure, ça pourra libérer certains socialistes
20:22qui se sentent tenus de l'accord électoral parce qu'ils ont peur...
20:24Mais c'est là où c'est étrange.
20:25C'est pas le combat des socialistes actuellement,
20:27c'est le combat du Rassemblement National, la proportionnelle.
20:29Oui, mais qui sera votée par la gauche, a priori.
20:31Qui sera votée par la gauche parce que c'est une position de fond.
20:34Mais effectivement, s'il y a proportionnelle, ça change tout
20:36parce que le Parti Socialiste pourra concourir sous ses propres couleurs.
20:39Et Olivier Faure, pour ne prendre qu'un seul exemple,
20:41ne sera pas tenu en respect par les Insoumis dans sa circonception de Seine-et-Marne.
20:44Parce qu'il faut bien comprendre ça, les Insoumis,
20:46ils ne peuvent pas gagner une élection législative tout seuls.
20:48En revanche, ils peuvent faire perdre tous leurs partenaires de la gauche
20:51en leur mettant des candidats dans les pattes.
20:52C'est pour ça que le Parti Socialiste et les écologistes sont tenus,
20:54par Jean-Luc Mélenchon, ils sont tenus électoralement.
20:57Il faut bien comprendre que, sur le fond, cette décision
20:59pour le Parti Socialiste, elle est, me semble-t-il,
21:01très lourde d'un point de vue institutionnel.
21:02C'est-à-dire que les Insoumis, encore une fois, sont fidèles
21:04à leur stratégie, bien sûr, mais du point de vue institutionnel,
21:08au-delà de la personne d'Emmanuel Macron.
21:10On peut tout à fait contester Emmanuel Macron, s'y opposer,
21:13souhaiter qu'il n'achève pas son mandat.
21:15Mais il y a la fonction du Président de la République
21:17qui est mise en cause dans cette procédure de destitution.
21:20Rappelons que jusque-là, elle n'est entrée en vigueur
21:22explicitement que pour haute trahison.
21:24Et il y a quelqu'un qui a très bien compris ça, c'est François Hollande,
21:26puisqu'il a occupé le poste d'ailleurs.
21:28Et lui-même, François Hollande, il y a 48 heures,
21:30exhortait les socialistes à ne pas valider l'enclenchement
21:33de cette procédure en disant, François Hollande,
21:35ancien Président de la République, que cette procédure,
21:37elle est infondée en droits, vouée à l'échec,
21:39et elle est contraire à l'esprit de nos institutions.
21:41Donc, en validant cette procédure, les socialistes
21:44contribuent aussi à affaiblir nos institutions.
21:47Et encore une fois, d'abord la fonction du chef de l'État,
21:50au-delà de celui qui l'occupe temporairement,
21:52je pense que c'est un vrai problème politique.
21:54Mais ça, ils en sont conscients, puisque c'est dans le communiqué
21:56des députés qu'ils ont envoyé hier soir.
21:58C'est vrai que François Hollande, il joue un petit double jeu,
22:00c'est-à-dire que son objectif, bon, il a toujours 2027 en tête,
22:03il se dit, j'essaye de peser de plus en plus sur le parti socialiste,
22:07tout en étant assez malin, parce qu'il n'attaque jamais frontalement Olivier Faure,
22:11il dénonce pas non plus le programme du Nouveau Front Populaire,
22:14qui est quand même très à gauche.
22:15Donc, pour l'instant, il fait du Hollande.
22:17Mais là, c'est une mise en garde claire sur le fond
22:19et sur la question institutionnelle.
22:20Bien évidemment, mais...
22:22Oui.
22:24Non, mais là, en l'occurrence, il ménage Poitiers.
22:26Ils ont décidé de bien débattre, ce matin.
22:28Merci beaucoup.
22:29Merci à tous les quatre d'avoir échangé vos points de vue.
22:31Ils m'interrompent tout le temps.
22:32Alex Bouillaguet, vous allez revenir.
22:34Vous revenez, Alex Bouillaguet, quand vous voulez,
22:35éditorialiste politique à France Info Télé.
22:37Je rappelle, l'invité politique, c'est tous les matins,
22:39sur le canal 27 à 7h45.
22:41Merci, Salia, vous vous êtes gentille et actuelle.
22:44Louis Osalter, journaliste politique au Figaro.
22:46Le Figaro qui fait sa une du jour.
22:48On la regarde tout de suite sur Donald Trump,
22:50cible d'une nouvelle tentative d'assassinat.
22:52Et juste au-dessus, vous voyez, la pression de Bruxelles.
22:55Macron qui lâche Breton.
22:57On l'a évoqué.
22:58Merci, François Baudonnet.
22:59On dit que la politique européenne est compliquée.
23:01On l'a, ce que j'ai entendu.
23:02La politique française.
23:03Compliquée.
23:04Rédacteur en chef Europe à France Télévision.
23:06Merci d'être passé.
23:07Merci, Renaud.
23:08Merci, Salia.
23:09Je peux revenir demain, quand même ?
23:10Avec grand plaisir.
23:11Heureusement que vous êtes là.
23:12Les informés reviennent ce soir.

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