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Les cadres représentent environ 20% des salariés selon l'INSEE. L'APEC, l'Association pour l'emploi des cadres publie aujourd'hui son bilan pour 2023 et ses prévisions pour 2024. Gilles Gateau est le directeur général de l'APEC vient nous faire part de son analyse, mardi 2 avril 2024.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous.
00:06 Il représente environ 20% des salariés selon l'INSEE.
00:10 Les cadres.
00:12 L'APEC, l'association pour l'emploi des cadres, publie aujourd'hui son bilan pour 2023 et ses prévisions pour 2024.
00:18 Bonsoir Gilles Gâteau.
00:20 Vous êtes le directeur général de l'APEC.
00:22 L'an dernier, plus de 330 000 cadres ont été recrutés en France.
00:27 Dans le secteur privé, c'est 7% de plus qu'en 2022.
00:30 Mais le rythme des embauches a tout de même nettement ralenti.
00:33 C'est bien ça ?
00:34 Oui, ça fait quand même une année 2023 qui est un record.
00:38 Et qui finalement a été encore très dynamique.
00:42 On ne s'attendait pas forcément à l'APEC à un résultat aussi positif sur l'année 2023.
00:50 Parce qu'on avait senti des signes de ralentissement à l'automne.
00:53 Et finalement, on a un résultat historiquement élevé.
00:58 Vous l'avez dit, plus de 330 000 embauches de cadres.
01:01 Avec un peu des différences entre les secteurs et quelques explications qu'on a sur ce bon chiffre.
01:08 Et notamment, beaucoup d'embauches dans l'industrie.
01:12 15% de plus dans l'automobile et l'aéronautique.
01:15 Ça montre que ces deux secteurs repartent bien.
01:18 Oui, tout à fait.
01:19 Et ça reflète aussi le fait que la dynamique dans l'industrie était peut-être un peu moins forte en 2021, en 2022.
01:27 En sortie de Covid.
01:28 C'est peut-être un peu plus lent finalement à repartir quand il faut construire des usines, acquérir des machines.
01:36 L'industrie, c'est évidemment un peu plus compliqué que les services.
01:42 Mais on voit clairement en 2023 cet effet à la fois de rattrapage de l'industrie.
01:47 Et puis, on en parle beaucoup de cette réindustrialisation, cette réindustrialisation verte.
01:53 Pour ça, il faut des ingénieurs, il faut des cadres, il faut de l'investissement.
01:59 Et l'investissement est très corrélé à l'emploi cadre.
02:03 Or, l'année dernière, autant la croissance a été ralentie, un peu moins de 1%, autant l'investissement a cru de 2,7%.
02:11 Donc, ça a alimenté finalement cette croissance très forte des emplois d'ingénieurs et de cadres.
02:16 Avec des recrutements qui se sont essoufflés, au contraire, dans les services avec certains secteurs en particulier.
02:22 Oui, alors pas de surprise que dans la construction, on a là aussi une diminution nette des volumes de création de postes et d'embauches l'année dernière.
02:34 On le retrouve aussi dans certains secteurs de services ou de commerce.
02:38 Le commerce aussi, c'est plus faible. Et puis, l'immobilier, là, c'est carrément un effondrement, -30% sur les intentions d'embauche pour 2024.
02:48 Donc, on voit que la crise, elle est encore devant d'une certaine façon pour l'immobilier.
02:52 Alors justement, vous avez commencé à l'aborder, la croissance attendue est à -1% cette année.
02:56 Comment ça va se traduire pour les cadres ? Est-ce qu'il y a lieu de s'inquiéter, Gilles Gateau ?
03:01 On part d'un niveau, je l'ai dit, qui est très haut sur 2023. Et donc, quand on dit qu'on va être à peu près stable en 2024, qu'on va garder cette même dynamique,
03:11 mais il n'y a plus d'accélération, c'est clair, on reste quand même à un niveau élevé dans ce que les entreprises nous disent aujourd'hui de leurs intentions pour 2024.
03:23 Donc, clairement, la dynamique se ralentit, c'est vrai, tout en restant à ce très haut niveau.
03:28 Donc, ça veut dire beaucoup d'opportunités d'embauche pour les cadres, les ingénieurs encore l'année prochaine, 337 000.
03:35 Donc, ça reste en progression.
03:37 Voilà, ça reste légèrement en progression. On va dire qu'on arrive sur un plateau ou sur le début d'une inversion.
03:43 Ça, ça va beaucoup dépendre de la trajectoire économique et en particulier de celle de l'investissement.
03:49 On parle beaucoup ces jours-ci de la consommation et du moteur de la consommation.
03:53 L'emploi cadre est beaucoup lié à l'indicateur de l'investissement.
03:57 Or, la Banque de France nous prédit plutôt une légère baisse, -0,4% de l'investissement l'année prochaine.
04:05 Donc, si ça se confirmait, ça devrait avoir un effet de ralentissement.
04:09 Si par contre l'investissement se maintient, notamment l'investissement industriel, ça peut être encore très positif pour l'emploi cadre.
04:16 Alors, vous l'avez entendu comme moi, le Premier ministre Gabriel Attal a dit la semaine dernière qu'il y allait avoir une nouvelle négociation sur l'assurance chômage d'ici l'été.
04:26 L'idée est de durcir les règles existantes et parmi les pistes explorées, il y a la réduction de la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi.
04:35 Gilles Gâteau, est-ce que ça marche à votre avis ? Est-ce que ça favorise effectivement le retour à l'emploi ?
04:41 Alors, je ne vous donnerai pas forcément mon avis sur ce sujet, disons que...
04:45 Est-ce que vous voyez que ça se traduit dans les chiffres ?
04:47 Voilà, d'abord c'est un sujet que les partenaires sociaux vont discuter avec l'État, qui visiblement a très envie de s'inviter dans cette discussion.
04:56 Et d'aller vite !
04:57 Ça c'est un sujet de méthode. Moi, ce dont je peux témoigner du côté de l'APEC, c'est que alors même que pour ce qui concerne les cadres, on est quasiment au plein emploi.
05:07 Taux de chômage des cadres en France, 3,5%. On est quasiment au plein emploi. Et pourtant, il y a des cadres au chômage.
05:14 Le plein emploi, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de chômeurs, ou qu'il n'y a de chômeurs que des gens qui ne veulent pas travailler en réalité.
05:21 Ça, c'est une idée fausse. Et elle est encore plus fausse quand on est à 7,5% de taux de chômage au global.
05:27 Donc nous, les cadres que nous recevons tous les jours, qui sont inscrits à France Travail et qui viennent à l'APEC, ou que France Travail nous adresse,
05:35 ce sont des gens qui cherchent effectivement un travail, dont la difficulté ne vient pas du fait qu'ils sont indemnisés,
05:42 que ça les rendrait, on va dire, moins actifs dans leur recherche. Ce n'est pas du tout ce que nous observons.
05:48 Ce que nous observons, c'est qu'une majorité d'entre eux, je parle de ceux qui sont aujourd'hui demandeurs d'emploi,
05:55 il y en a plus de 100 000, 120 000 qui ont 55 ans ou plus. Pour ceux-là, c'est plus difficile.
06:01 C'est plus difficile parce que les portes de l'embauche sont fermées, clairement, par les entreprises.
06:07 Donc ça devient beaucoup plus difficile après 50 ou 55 ans. Et là, ce n'est pas une question, pardonnez-moi, d'indemnisation du chômage.
06:14 C'est vraiment une question de fonctionnement du marché du travail qui doit changer pour ce qui concerne les seniors.
06:20 Le problème est là, il n'est pas dans la durée d'indemnisation.
06:24 Merci beaucoup pour cet avis éclairé. Gilles Gâteau, directeur général de l'APEC, Association pour l'emploi des cadres.
06:31 Vous étiez l'invité écho de France Info ce soir.

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