Mercredi 3 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Bassel Choughari (Gérant actions internationales, Montpensier finance)
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00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourses chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir, c'est celui de la transition énergétique et des ressorts boursiers devant nous pour travailler ce thème de la transition énergétique.
00:24 Bassel Jougaré, à mes côtés en plateau, gérant Action Internationale chez Mon Pensier Finance.
00:28 Bonsoir Bassel. Merci beaucoup d'être avec nous avec un thème qui fait partie de la gamme de fonds et des fonds thématiques, des stratégies thématiques de Mon Pensier Finance, M-Climate Solutions, je le rappelle.
00:39 Mais je voulais profiter de votre expertise sur les actions mondiales, justement, Bassel. On l'a vu, on sort du premier trimestre. Le MSCI World est au plus haut historique.
00:48 On a gagné 8% pour les actions mondiales sur l'ensemble du premier trimestre. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:53 Effectivement, quand vous regardez un peu la décomposition de cette performance, quels sont les enseignements à retirer ?
00:59 Et puis ensuite, quand on se focalise sur le thème transition énergétique, qu'est-ce qui ressort de la performance du premier trimestre ?
01:06 Oui, alors plein de choses. La première, c'est que oui, les actions mondiales sont au plus haut. On a eu une année passée qui était très bonne pour les actions mondiales aussi.
01:16 Mais en fait, quand on regarde les indices, ça peut nous donner certaines informations. Ça ne nous donne pas toutes les informations.
01:22 On a la bande-annonce et puis on a le prix. On revient de l'intrigue. Et en fait, ça ne vous a pas échappé.
01:28 Les 7 magnifiques l'année passée, ça a été le gorot de la performance des indices boursiers.
01:34 Si on regarde cette année, les 7 magnifiques, il y en a 5 qui sont magnifiques et 2 qui ont un peu plus de difficultés pour des raisons qui leur sont propres.
01:42 Mais ces entreprises-là tirent cette moyenne vers le haut. Donc ça nous donne une indication plutôt générale sur le fait qu'il y avait des inquiétudes sur l'économie de manière générale.
01:52 Il y avait ce scénario de hard landing qui semble ne pas se matérialiser. Et donc clairement, aujourd'hui, le marché est plutôt rassuré.
01:59 Donc il y a cette propension à vouloir prendre du risque. Mais c'est tiré par certains éléments et pas par l'ensemble de la cote.
02:05 Ce qui est inquiétant, si on regarde juste la performance absolue, mais ce qui est rassurant puisque c'est une moyenne.
02:12 Et une moyenne ne va pas tenir compte des écarts. Et donc il y a des opportunités à aller saisir.
02:16 Effectivement, derrière cette logique indicielle, comme vous dites, c'est la bande-annonce. J'aime bien cette idée.
02:21 Quand on regarde le film un peu plus en détail, justement, le thème de la transition énergétique, comment il se positionne dans cette performance des actions mondiales qu'on a pu observer l'an dernier,
02:32 mais surtout à l'issue de ce premier trimestre 2024 ?
02:36 De manière assez intéressante, parce qu'on parle tout le temps de transition énergétique et de transition climatique.
02:41 Le segment a un peu de mal en bourse depuis le début de l'année.
02:45 Si on prend les grands ETF de la thématique, ils sont en retrait, en retrait assez significatif pour certains sous-segments, comme le solaire par exemple.
02:52 Mais ce qui est extrêmement intéressant, c'est les valorisations.
02:55 Et aujourd'hui, si on regarde la valorisation de la thématique climat, elle va être en ligne avec celle des actions mondiales.
03:01 On va ensuite aller regarder ce qui fait le moteur d'un cours de bourse à long terme, c'est la croissance des bénéfices.
03:07 Et aujourd'hui, si on regarde la croissance des bid'as pour la thématique par rapport au marché, il y a un seul autre secteur qui croit un peu plus vite sur les trois prochaines années, c'est la technologie.
03:18 En termes de valo, un peu plus au-dessus que l'indice ?
03:22 De croissance. On a des valos qui sont en ligne avec les actions pour une croissance qui est quasiment équivalente au segment de la technologie.
03:28 Donc à long terme, c'est intéressant. Et c'est intéressant pourquoi ?
03:32 Parce qu'aujourd'hui, on est dans le sixième cycle de la révolution industrielle, et il va y avoir trois moteurs qui vont être la robotique, l'intelligence artificielle, et ce qui nous intéresse à ça, c'est la transition climatique.
03:42 Et vous le savez aussi bien que moi, l'intelligence artificielle, il faudra de l'électricité. Donc il faudra plus d'énergie et plus d'énergie verte.
03:50 On n'a pas encore... Petite parenthèse sur ce sujet, je me souviens des cris d'orfraie que beaucoup poussaient au moment de l'avènement des cryptoactifs, etc.
03:59 Il y a eu tout ce débat sur le coût énergétique du mining, etc.
04:04 Depuis chaque GPT, ça fait un peu plus d'un an maintenant, un an et demi, j'ai l'impression que ce débat n'a pas encore été complètement ouvert.
04:13 L'idée de l'informatique accélérée, de la puissance de calcul démultipliée, etc. On m'a dit que le data center pour faire fonctionner chaque GPT, c'était peut-être 30 000 GPU.
04:25 Je n'ai pas en tête la consommation, mais j'imagine que c'est beaucoup d'énergie. Et quand tout le monde est sur chaque GPT au même moment, le soir, sur la planète, c'est sûr que ça doit quand même générer une intensité énergétique très, très forte.
04:36 Pour l'instant, le thème IA du point de vue des marchés et le thème énergie liée à l'IA est complètement indépendant ou les deux commencent à se rejoindre ?
04:48 Les deux commencent de plus en plus à se rejoindre. Ça a été vrai pour les cryptos parce qu'il y avait eu tout ce débat sur leur consommation énergétique.
04:55 Il y a eu certaines cryptos qui se voulaient moins énergiques.
04:58 Plus neutres que d'autres.
04:59 Mais on a aussi ce débat avec l'intelligence artificielle. Mais une des choses que Nvidia va faire de manière assez systématique, c'est en augmentant leur puissance de calcul, ils vont réduire la consommation d'énergie.
05:12 Et nous, la manière dont on aborde la transition climatique chez mon pensier, c'est de toujours rappeler que l'efficience est aussi importante que la source.
05:20 À production équivalente, si j'arrive à couper ma consommation de moitié, je règle énormément de solutions.
05:26 Et ça, ça peut être l'efficience des puces, ça peut être l'efficience des data centers, ça va être du pooling, c'est-à-dire on regroupe plusieurs data centers et les gens s'en servent au besoin plutôt que d'avoir cinq entreprises qui, à chacun, sont data centers.
05:39 Ça va être l'énergie qui allumente ce data center, mais ça va être tout ce à quoi ça va servir puisqu'on ne fait pas de l'intelligence artificielle pour l'intelligence artificielle.
05:47 Il va y avoir des applications industrielles et ces applications industrielles peuvent se retrouver sur les robots et ces robots, il faut les construire différemment, de manière plus durable et de manière plus efficiente d'un point de vue consommation énergétique.
05:59 Mais il n'y a pas de doute pour vous que l'intelligence artificielle, ce qu'on appelle aujourd'hui l'intelligence artificielle, va être de moins en moins énergivore par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui ou ce qu'elle a été il y a ?
06:10 Alors, elle va l'être moins, mais surtout elle est essentielle à la transition climatique.
06:15 Aujourd'hui, quand vous avez un champ éolien, vous avez besoin d'intelligence artificielle pour aider les éoliennes à se coordonner entre elles.
06:22 Quand vous avez du solaire, vous avez des systèmes qui s'appellent les trackers qui vont aider les panneaux à se diriger pour capter le soleil et améliorer les rendements.
06:29 Ça fonctionne avec de l'intelligence artificielle.
06:32 Ça fera partie des solutions.
06:33 Exactement.
06:35 Parmi les autres ressorts boursiers qui permettent aussi peut-être d'exprimer ou de matérialiser de la valeur dans ce thème de la transition énergétique et environnementale, il y a ce qu'on appelle les opérations de MNL, les opérations sur capital.
06:50 Visiblement, il y a quelques opérations un peu emblématiques, au moins autour d'un acteur allemand qui a été signalé il y a deux semaines maintenant, avec à la manœuvre un des plus gros fonds d'investissement du monde, KKR.
07:03 Bachel, qu'est-ce qu'on peut dire de cette opération ? L'opération n'est pas bouclée, je crois, mais il y a une proposition de KKR pour racheter cet acteur allemand qui s'appelle Ancavis.
07:12 Exactement. Il y a une proposition. Ça a été accepté par le management.
07:16 C'est un point qui est assez intéressant pour la thématique. Si vous prenez les énergéticiens dans le monde, vous avez à peu près un acteur historique dans le monde.
07:24 Aujourd'hui, vous avez énormément de producteurs d'énergie renouvelable et qui sont indépendants.
07:28 Donc, il est logique de voir au bout d'un moment une certaine consolidation.
07:31 Maintenant, on a parlé de ce qui se passait boursièrement et de dire que la thématique n'avait pas forcément toute l'affection des investisseurs qu'elle devrait avoir.
07:40 Elle a souffert.
07:41 En tout cas, pour des problématiques de court terme. Si on prend les acteurs du private equity, là, on fait face à des acteurs qui se disent que le coût de l'énergie baisse peut-être à court terme.
07:52 Oui, les taux d'intérêt sont volatiles. Mais quand je me projette sur un horizon plus long, il y a du potentiel dans la thématique.
07:59 L'investissement est attractif. C'est pourquoi ils sont allés investir dans cet actif-là en se disant que je le sors de la cote et le potentiel est séduisant pour les années à venir.
08:09 C'est 2,8 milliards d'euros, je crois. Quasiment 3 milliards pour Ancavis. Est-ce que c'est une opération qui a rejailli sur l'ensemble du secteur ?
08:17 Est-ce que ça fait parler ? Est-ce que ça anime aussi peut-être l'idée d'autres opérations capitalistiques de cet acabit ?
08:26 Ça commence. C'est la première et qui est d'une ampleur qui est assez significative. Mais clairement, si l'opportunité est là, on a d'autres entreprises qui vont être aussi attractives.
08:35 On voit certains acteurs aujourd'hui tenter de faire des opérations comme Neon. Il n'y a rien d'officiel aujourd'hui, mais dans la presse, on aurait filtré qu'ils chercheraient à vendre une partie de leurs actifs en Australie.
08:47 Ce qui est intéressant, c'est que le montant qui a circulé est très significatif. On parle d'environ 1 milliard d'euros pour un tiers de leur activité en Australie, ce qui représente à peu près la moitié de l'activité de l'entreprise.
09:02 On parle d'environ 1 milliard pour une valorisation aujourd'hui qui n'est pas beaucoup plus élevée. Ce qui est élatré de ça, c'est que beaucoup de ces acteurs dans le renouvelable ont besoin de lever de l'argent pour financer leur croissance.
09:15 Si Neon réussit cette opération, ils sont financés jusqu'en 2028. Ils n'ont plus besoin de faire appel au marché, ce qui est rassurant.
09:22 Ce qui enlève une pression énorme sur le cours de bourse et sur l'action Néon. Des acteurs comme Néon considèrent que c'est peut-être aujourd'hui le bon moment. Il y a de la demande en face pour ces actifs.
09:35 Et il y a des personnes en face qui sont prêtes à se positionner.
09:38 C'est ça. C'est ce qu'on a vu avec...
09:40 Ça marche dans les deux sens et c'est du tour, généralement, un cercle vertueux.
09:42 Il y a des acheteurs en face pour ces actifs. Un autre risque qu'il faut évoquer, même si le 5 novembre peut paraître encore loin, il faut sans doute se préparer au risque Trump.
09:53 Le risque Trump pour le sujet, le domaine de la transition énergétique. Comment est-ce que...
09:59 Aux États-Unis, à commencer par la transition énergétique qu'essaient de mettre en place les États-Unis aujourd'hui, comment vous évaluez ce risque Trump sur la base de ce qu'il dit, de ce que son équipe peut dire aujourd'hui ?
10:13 Alors, il y a le bruit. Et on avait vu ces discussions et toutes ces sorties qu'il avait faites, notamment sur le véhicule électrique.
10:20 Et il y a la campagne. Et puis, il y a le temps présidentiel après, s'il est élu. Et là, l'histoire devient un peu plus compliquée.
10:28 C'est beaucoup plus simple de dire « je ferai un rétropétalage sur le plan Biden, qui est l'Inflation Reduction Act », que de le faire de manière effective.
10:36 Et il y a plusieurs raisons à ça. La première, c'est que pour pouvoir complètement refondre l'Inflation Reduction Act, il doit être élu et avoir une majorité assez significative aux deux chambres.
10:48 Si on part du principe qu'il réussit à avoir tout ça... — Admettons. — Voilà. Une fois qu'il a les deux chambres, qui bénéficie de l'IRA ?
10:55 Aujourd'hui, il y a à peu près 50% des bénéficiaires qui sont des États républicains. Il y a 20% de swing states et 30% de démocrates.
11:06 Donc il y a quand même une majorité de personnes qui vont potentiellement voter pour lui. Mais bon, on va faire l'hypothèse. Il a été élu. Il a les deux chambres.
11:14 Il va devoir faire admettre aux États républicains qu'en fait, vous allez détruire de l'emploi chez vous, parce qu'en fait, on a toujours une dent contre Joe Biden.
11:25 — Ouais. Ouais. Pas sûr que ça passe. — Pas sûr que ça passe. — Pas sûr que ça passe.
11:28 — Et l'autre point, c'est que quand vous regardez la philosophie de l'IRA, l'IRA, c'est quoi ? C'est tout ce que Trump aime.
11:34 C'est protectionniste, c'est nationaliste. Vous donnez la prime à la production locale et potentiellement aux acteurs locaux.
11:41 Donc c'est exactement tout ce qu'il fait dans les autres industries.
11:45 — Au-delà du discours, il aura du mal à revenir sur ce genre de stratégie, on peut le dire, mise en place par son prédécesseur.
11:52 — D'autant que leur philosophie est complètement en ligne avec ce qu'il a fait. Et si on regarde l'histoire, c'est un peu le sens de l'histoire, certes,
11:57 mais il y a eu plus de renouvelables installés sous Trump que sous Obama. Et sous l'ère de Donald Trump, il y a eu quand même un renouvellement.
12:04 Et on a prolongé toutes les subventions renouvelables. — De manière très symbolique, je me souviens, parce qu'on en avait parlé,
12:11 c'est sous Trump que ExxonMobil a quitté, je crois, l'indice Dow Jones. Et c'était quand même une des valeurs historiques et emblématiques du Dow Jones.
12:19 Merci beaucoup, Bacel. Merci d'être venu nous éclairer sur ces ressorts boursiers pour le thème de la transition énergétique.
12:25 Bacel Chougari, gérant action internationale chez Mon Pensier Finance, était l'invité de ce quart d'heure thématique de SmartBourse ce soir.
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