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Mercredi 14 février 2024, SMART BOURSE reçoit Bruno Vanier (Président, Gemway Assets)

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00:00 [Musique]
00:10 Nous enchaînons à présent avec Marché Atem. Nous allons sortir de l'analyse des banques centrales aux Etats-Unis ou en Europe
00:17 et des croissances sur ces deux continents pour aller regarder ce qui se passe dans le reste du monde et notamment sur les marchés émergents
00:23 avec Bruno Vannier, président de Gemwea Assets. Bonjour Bruno Vannier.
00:27 Bonjour.
00:28 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse. Alors quand on parle d'émergent, on peut commencer par la Chine.
00:33 Il y a un débat pour savoir si c'est toujours une économie émergente ou non mais rangeons-la dans cette catégorie aujourd'hui.
00:39 Quel est votre scénario ? Quelle est votre analyse sur le cas d'investissement en Chine ?
00:44 On entend des investisseurs nous dire qu'ils cherchent plutôt à en sortir, d'autres qui nous disent que c'est potentiellement le moment d'y aller justement.
00:50 Comment est-ce que vous analysez la situation aujourd'hui Bruno Vannier ?
00:53 Quand on n'est pas d'accord, c'est la définition d'un marché.
00:55 Bien sûr.
00:56 Alors la Chine c'était vraiment le pire des marchés depuis presque trois ans maintenant encore, au moins deux ans.
01:06 On baisse de 60, 65% sur cette période-là.
01:10 Donc de loin le pire des marchés. Quand on regarde le monde, il y a les Etats-Unis qui font un carton.
01:15 A contrario, il y a la Chine qui baisse beaucoup et puis les autres marchés sont relativement dans un mouchoir de poche.
01:22 C'est le pire des marchés sur lequel il y a eu beaucoup d'attentes quand même vis-à-vis de sa réouverture.
01:26 Bien sûr, bien sûr. Surtout post-Covid. L'année dernière, beaucoup d'attentes et beaucoup de déceptions finalement sur une économie qui n'était pas au rendez-vous.
01:34 Avec surtout une croissance très mauvaise de la consommation, une crise de confiance quelque part des consommateurs, des entrepreneurs en Chine,
01:43 une crise immobilière qui ne cesse de défrayer la chronique et globalement un environnement de déflation.
01:51 Une inflation qui est négative, dont on ne voit pas comment on peut en sortir.
01:55 Pour en sortir justement, on a besoin d'un gouvernement plus actif, plus proactif en termes de mesures.
02:04 Beaucoup de mesures ont été déjà annoncées, ce qui devrait pousser le marché à très court terme plutôt à la hausse.
02:09 Donc on va dire qu'à un point de vue tactique, le marché chinois et notamment les marchés domestiques qu'on appelle les actions A,
02:15 Shanghai et Shenzhen, nous paraissent intéressants de ce point de vue-là.
02:19 Bien sûr, c'est peu cher. Maintenant, à moyen terme, long terme, il y a une idée structurelle de croissance en Chine.
02:26 Malheureusement, rien n'est moins sûr clairement. D'une part parce qu'on a cette crise immobilière qui reste latente.
02:36 Donc le gouvernement ne prend pas des mesures très fortes en faveur de certains promoteurs immobiliers privés ou publics.
02:47 Ce qui ne semble pas tellement avoir envie de faire aujourd'hui le gouvernement chinois.
02:50 Pas tout à fait. En fait, ils prennent un certain nombre de mesures pour terminer les projets qui ont été commencés.
02:58 Parce qu'effectivement, pour certains qui ont déjà payé quasiment 100 %, qui remboursent un prêt hypothécaire, ils attendent toujours leur appartement.
03:08 Donc là, il y a clairement cette année, je dirais presque une même augmentation, une croissance du nombre d'appartements terminés.
03:18 Ce qui peut être assez positif pour l'activité, mais d'une manière très, très, très court terme.
03:25 Après, qu'est-ce qui va se passer ? Clairement, on a une situation d'offre-demande qui n'est pas forcément très favorable.
03:30 Une démographie chinoise qui est en berne et dont on va voir la population qui baisse déjà.
03:37 Donc une demande à terme qui ne va pas être très forte.
03:40 Il faut peut-être arriver avec des projets très, très différents, notamment de transformation de beaucoup de ces projets qui ont déjà été lancés en logements sociaux.
03:49 Si on change aussi la règle de ce qu'on appelle le hukou en Chine, c'est une sorte de permis de résidence qui n'est pas simple aujourd'hui.
04:02 En d'autres termes, ce n'est pas simple pour quelqu'un du Sichuan qui travaille depuis même 15 ans, 20 ans à Shanghai,
04:08 de pouvoir avoir accès aussi facilement à un prêt, aussi facilement à des services sociaux pour ensuite s'établir et peut-être acheter un appartement.
04:17 Il y a tout ça peut-être à changer avec des réformes qui peuvent être intéressantes.
04:21 Pour le moment, je n'ai pas le cas.
04:24 Donc à court terme, on sent quand même qu'il y a un rebond sur le marché chinois.
04:32 Le patron de la CSRC, l'AMF local a été changé. En général, c'est un bon signe.
04:38 À chaque fois, le marché a monté après ces nominations. Donc on peut se dire pourquoi pas.
04:47 Il y a une volonté clairement de ce qu'on appelle la National Team, c'est-à-dire des entités institutionnelles étatiques d'acheter le marché pour au moins limiter la baisse.
04:58 On se dit qu'il y a ça qui est présent avec une volonté de relancer la machine.
05:06 Mais pour nous, les mesures ne sont pas suffisantes.
05:08 À court terme, le marché pourrait remonter et peut-être se calmer au bout de quelques mois.
05:14 Si on sort de Chine, mais qu'on reste géographiquement proche, il y a le sujet Inde, le sujet Corée, il y a le Japon aussi.
05:22 Le marché semble avoir processé déjà que c'était un vivier de performance il y a quelques mois.
05:29 Aujourd'hui, comment est-ce que vous regardez les pays environnements ?
05:32 On va mettre l'Inde de côté, qui est le véritable pays émergeant de notre univers, qui a une performance très bonne au cours des dernières années et qui a un potentiel énorme.
05:43 La valorisation est élevée, mais elle reflète bien sûr le potentiel. Il faut, en ce qui nous concerne, y être surpondéré, surinvesti, surcré, à long terme.
05:54 C'est vraiment le pendant de la Chine.
05:56 À court terme, si la Chine remonte un peu, l'Inde va se calmer un peu parce qu'il y a un effet de vase communiquant.
06:02 Mais tout ça, c'est du court terme. À long terme, c'est la meilleure histoire. Il faut y être présent.
06:07 Dans le reste de l'Asie, l'Asean, l'Indonésie qui vote aujourd'hui et qui, visiblement, va faire simplement un premier tour pour le candidat Prabowo,
06:20 est une histoire intéressante également de croissance. Ailleurs, c'est plus compliqué, dans ce qu'on appelle l'Asean.
06:26 Si on monte vers le nord de l'Asie, vers Corée, Taïwan, la thématique principale, c'est la technologie.
06:34 C'est l'avènement de l'intelligence artificielle qui va demander beaucoup plus de mémoire.
06:41 Les fabricants de mémoire, ce sont les Coréens essentiellement.
06:45 On a tendance à en parler beaucoup avec notre prisme occidental, regarder nos semi-conducteurs français, européens ou américains.
06:56 Mais oui, en Corée, il y a là tout aussi un potentiel de performance marché.
07:01 C'est le cas, mais ce n'est pas aussi spectaculaire que Nvidia qui gagne 600 et quelques milliards de dollars depuis le début de l'année.
07:11 600 milliards de dollars, c'est la capitalisation boursière de TSMC, qui est la plus grande société asiatique en termes de taille de capi-boursière.
07:19 Qui a un potentiel pour moi énorme pour l'intelligence artificielle qui devrait représenter au moins 25% du chiffre d'affaires de TSMC d'ici deux ans et demi, trois ans.
07:29 Même chose pour SKNX, c'est le deuxième fabricant de mémoire en Corée, après Samsung.
07:36 Très spécialisé dans ce qu'on appelle le HBM3, c'est-à-dire une mémoire à haute densité, qui est plutôt utilisée pour les serveurs d'intelligence artificielle.
07:47 Ce sont les seuls à fournir Nvidia pour le moment, et cette année, ça va être les seuls.
07:51 Samsung va arriver un peu plus tôt en 2025. Les deux vont profiter de manière assez importante, j'allais dire même les trois avec TSMC à Taïwan.
08:00 Ce sont des jeux vraiment qui sont intéressants. En plus, le cycle des TSMC est plutôt en phase de reprise.
08:06 On a vraiment une décroissance assez élevée du fait de la baisse du nombre de smartphones vendus, du fait de la baisse du nombre de PC vendus, et notamment au niveau des serveurs.
08:18 Tout ça devrait s'inverser cette année avec une légère reprise, sur le smartphone, sur les PC, également sur les serveurs.
08:27 Tout ça est plutôt très bien orienté pour les valeurs techno taïwanaise et coréenne.
08:33 S'ajoute à ça une histoire intéressante en Corée, qui n'a rien à voir avec la techno, et qui est le pendant de ce qui s'est passé au Japon depuis maintenant quasiment 18 mois.
08:42 C'est-à-dire une volonté des autorités boursières et même des autorités tout court de dépasser un peu la décote qu'il peut y avoir sur certains titres.
08:53 C'est un sujet de gouvernance, clairement. Historiquement, les "shéboles" coréens, les grands groupes coréens, traitent avec des décotes importantes.
09:03 Les banques également. Beaucoup de sociétés "holding" en Corée traitent avec des décotes très importantes.
09:08 En général, la Corée cote peu cher, du fait historiquement d'une gouvernance qui n'a pas été forcément au rendez-vous.
09:15 Là, on sent qu'il y a une volonté de changer un peu tout ça, à l'image de ce qui s'est passé au Japon.
09:22 Est-ce qu'on ira aussi loin qu'au Japon ? Ça reste ouvert aujourd'hui.
09:26 Mais j'ai envie de dire que les Coréens regardent souvent ce qui se passe à Tokyo pour soit faire la même chose, soit faire en général mieux.
09:34 - D'accord. Donc il faut s'attendre à avoir...
09:37 - Je trouve que c'est intéressant de jouer ça. Et là, on a un certain nombre de sociétés, notamment dans l'automobile, Hyundai Group, Kia Motors.
09:45 Ces deux sociétés sont très peu chères en termes de valorisation et ont un potentiel extrêmement fort.
09:53 - Grâce à une action gouvernementale, ou en tout cas...
09:56 - Grâce à une volonté jumelée de l'État et des autorités boursières.
10:03 Sachant qu'il y a une dimension électorale dans ce pays, il y a eu des élections parlementaires en Corée en avril.
10:12 - C'était un peu ma question, que ce soit en Corée ou ailleurs.
10:16 Beaucoup d'élections, beaucoup de rendez-vous politiques. Est-ce que ça peut avoir un impact sur des stratégies économiques ou des stratégies d'investissement ?
10:24 - Disons qu'on voit peu de changements. Je ne parlais pas des États-Unis parce que c'est pas mon sujet.
10:29 - Oui, bien sûr. Là, c'est pour parler des émergents et plutôt de la partie asiatique.
10:32 - L'élection qui nous paraît la plus importante, c'est l'Inde, de par la taille du pays.
10:38 Il y a de fortes chances que Narendra Modi, qui est l'actuel Premier ministre, soit reconduit pour le troisième mandat.
10:44 Le marché attend ça. Donc il ne sera pas forcément, je dirais, positivement étonné si ça arrive.
10:51 En revanche, il risque d'être, si ça n'arrivait pas bien sûr, ce qui serait quand même une grosse surprise.
10:57 Il pourrait réagir négativement dans ce cas-là, mais ce n'est pas du tout le scénario actuel.
11:03 On a eu des élections, effectivement, parlementaires en Corée. On a une élection présidentielle en Indonésie qui se passe en ce moment
11:10 et qui est à peu près certaine. Je crois que Prabowo va avoir remporté dès le premier tour.
11:17 En général, il ne peut pas faire un deuxième tour, ce qui serait arrivé au mois de juin. Mais là, ça va se faire très vite.
11:24 Globalement, il n'y a pas de changement révolutionnaire de politique.
11:30 On est vraiment dans la continuation, y compris au Mexique. On va avoir des élections.
11:35 Et là, on sera complètement dans la continuation de ce qu'on a eu jusqu'à maintenant.
11:41 L'élection un peu révolutionnaire, c'était Javier Milet en Argentine, mais c'est passé en novembre dernier.
11:47 Et là, on peut dire que c'est assez spécial.
11:51 Effectivement, potentiellement un petit peu de changement ou d'évolution.
11:56 On va finir là-dessus, Bruno Vannier. Merci beaucoup de nous avoir accompagné dans Smart Bourse.
12:00 Je rappelle que vous êtes président de GMOI Assets. Merci beaucoup.
12:04 Merci à vous également de nous avoir suivi. Smart Bourse, tous les jours en direct sur Bsmart, de 17h à 18h.
12:11 Mais également en replay sur bsmart.fr, en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
12:16 Et je vous donne rendez-vous demain à 17h en direct sur Bsmart. A demain.
12:21 [Musique]

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