Mardi 3 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Charlotte Aubin (Présidente-directrice Générale, Greenwish)
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00:00 Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui des transitions avec un S et des infrastructures.
00:18 Nous en parlons avec Charlotte Aubin, à mes côtés en plateau, présidente et fondatrice
00:21 de Greenwish Partners.
00:22 Bonsoir Charlotte.
00:23 Bonsoir Grégoire.
00:24 Merci beaucoup d'être là.
00:25 Oui, transition au pluriel, infrastructures au pluriel et comment notamment le marché
00:31 de la dette privée peut permettre de construire ces nouvelles infrastructures pour piloter
00:35 ces transitions énergétiques et digitales.
00:38 C'est le sujet qu'on évoque avec vous.
00:40 Un mot de Greenwish, quel est l'objet de Greenwish dans le monde de l'investissement
00:44 Charlotte ?
00:45 Greenwish, c'est une société que j'ai fondée en 2010 et qui a pris différentes
00:49 formes.
00:50 Après 13 ans d'asset management et de banque d'affaires, en 2008, j'ai trouvé que ce
00:56 serait intéressant de se concentrer sur l'économie réelle avec de l'impact environnemental
01:01 et social.
01:02 Et depuis sa création, nous faisons des activités de conseil financier stratégique, donc sur
01:09 des transactions d'infrastructures, éolien, onshore, offshore, mais aussi conseiller des
01:15 fonds.
01:16 Récemment, j'ai créé avec le groupe Crédit Mutuel Arkea, la filiale Shelcher Prince,
01:21 une plateforme sur la dette infrastructure.
01:24 On gère près de 700 millions sur plusieurs fonds et mandats.
01:27 Et puis l'autre partie de Greenwish est beaucoup plus entrepreneuriale et elle est toujours
01:33 dédiée à la transition énergétique et digitale avec de plus en plus de digitales
01:39 liées à l'efficacité énergétique.
01:42 Les deux convergent.
01:43 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur les deux méga tendances, transition énergétique,
01:50 décarboner l'économie telle qu'elle s'est créée pendant des dizaines d'années,
01:56 transition digitale, numériser l'économie, ces deux transitions trouvant des points d'intersection
02:01 et de convergence.
02:02 Évidemment, Charlotte, ce qui m'intéresse, c'est votre analyse, notamment du point de
02:07 vue européen, avant et après le déclenchement du conflit en Ukraine, une crise géopolitique
02:14 majeure, une guerre de haute intensité menée par un pays premier producteur, exportateur
02:20 de matières premières.
02:21 Donc évidemment, ça compte.
02:23 On a ce concept de souveraineté, d'indépendance qui est venu se rattacher à ces transitions,
02:30 ces objectifs climatiques, ces objectifs de numérisation qui étaient déjà bien présents
02:35 dans l'économie, dans la volonté politique.
02:38 L'objectif de souveraineté, visiblement, a un levier assez important pour donner une
02:45 nouvelle dimension à ces transitions.
02:47 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Et est-ce qu'on peut le mesurer d'ailleurs
02:50 aujourd'hui ?
02:51 Très clairement, Grégoire.
02:53 Nous, on a été précurseur.
02:55 Depuis 2009-2010, on s'est concentré sur des activités, sur l'énergie.
03:01 Il y a trois grandes tendances qu'on a voulu capturer.
03:05 L'électrification de l'économie et à travers l'énergie, on parle de la décarbonisation
03:12 ou décarbonation, de la décentralisation ou distribution, par exemple dans la mobilité,
03:22 les voitures électriques, mais aussi de la digitalisation.
03:26 Ça, c'est les trois grandes tendances sur la transition énergétique.
03:30 Il y a eu un premier accélérateur qui a été la crise du Covid, sur les deux segments,
03:37 digital et énergie renouvelable, transition énergétique.
03:42 Et puis, le fait du prince a été cette crise du gaz, parce que très clairement, le conflit
03:48 ukraine-russe a déclenché une crise du gaz.
03:52 Le gaz étant l'énergie d'appoint dans le mix énergétique.
03:56 Il se trouve qu'aujourd'hui, les sources d'énergie propre, je pense au solaire, je
04:01 pense à l'éolien, l'hydroélectrique qui existe depuis toujours, sont aujourd'hui les
04:07 sources d'énergie les moins chères.
04:09 Quand on regarde sur le cycle complet de l'énergie, c'est la source la moins chère.
04:16 Il y a toujours différentes façons d'interpréter le nucléaire, selon l'intégration ou non
04:22 du coût de démantèlement, des risques non assurés, etc.
04:26 Et donc, dans cette crise du gaz russe, très clairement, le pivot a été "renforçons
04:36 les énergies propres".
04:37 Et on a vu un mouvement à travers l'Europe de libération de la réglementation et nous,
04:42 sur l'investissement de développement massif de portefeuille renouvelable, avec une vraie
04:47 accélération sur le permitting, sur la réglementation, sur le soutien, etc.
04:53 Même en Suisse, qui est très protectionniste de l'environnement, on a vu une accélération
05:00 du solaire.
05:01 Et donc, l'enjeu, il est à la fois de décarbonation, mais comme vous l'évoquiez Grégoire, d'indépendance
05:08 énergétique.
05:09 Et ça, c'est un sujet qu'on aura au pire.
05:10 Une énergie au meilleur prix et dont on est sûr qu'on pourra la piloter et qu'on aura
05:15 la capacité de la fournir, quoi qu'il arrive ailleurs dans le monde.
05:19 Exactement.
05:20 Et surtout en local, et d'où les sujets aussi de décentralisation.
05:24 Et puis ça amène à un dernier sujet, on pourra en toucher un mot ensuite, c'est l'énergie
05:30 qu'on ne consomme pas.
05:31 L'efficacité énergétique qui devient un enjeu majeur dans les nouvelles infrastructures.
05:36 Est-ce qu'on a eu cette même "révélation" sur la transition digitale, numérique, derrière
05:43 le conflit ?
05:44 Il y a la question de la cybersécurité, bien sûr, il y a la question de la sécurité
05:49 des données.
05:50 Alors c'est peut-être pas juste le conflit russo-ukrainien, mais ce phénomène de clobbification
05:55 du monde avec des zones plus ou moins amies qui est en train de se dessiner, de prendre
06:00 corps aujourd'hui.
06:01 Là aussi, ça a joué un côté accélérateur, révélateur de la transition numérique.
06:06 Ça a repositionné cette transition ?
06:09 Sur cet enjeu, on est dans un enjeu autre que les infrastructures, mais l'enjeu du
06:15 digital, il y a très clairement avec le Web 3.0 une grande accélération, avec un besoin
06:22 d'infrastructures, avec un besoin également d'accès à des matières premières, les
06:27 métaux rares.
06:28 J'ai assisté hier à un échange sur l'Afrique et les enjeux dans le nouvel ordre mondial.
06:36 Il y a très clairement des gros enjeux d'accès aux matières premières tirés par la problématique
06:43 digitale.
06:44 Pour moi, il y a un autre élément derrière le digital, c'est la frugalité en énergie.
06:49 Parce que là, on a besoin de digital pour optimiser l'énergie et la transition énergétique,
06:55 mais on a aussi besoin d'énergie propre pour alimenter les data centers.
06:58 Et c'est d'ailleurs ce qu'on a fait avec la plateforme ShellShare.
07:02 On vient de financer la construction du plus gros data center en Allemagne avec un des
07:10 gros acteurs entre Google et Amazon qui s'est engagé sur 10 ans sur l'utilisation du data
07:16 center et avec une rémunération très intéressante.
07:20 Et étant donné le niveau de croissance sur les data centers, on a une croissance d'à
07:25 peu près 25% par an.
07:26 On est très loin de satisfaire les besoins de notre boulimie digitale et donc il y a
07:33 des belles opportunités d'investissement.
07:34 Quand on parle d'infrastructure, on parle de dette, évidemment.
07:39 C'est le marché clé pour financer ces transitions et ces transformations structurelles de nos
07:46 économies, de nos appareils productifs, Charlotte.
07:48 Qu'est-ce qu'on peut dire de la taille de ce marché aujourd'hui ? Et aussi, comment
07:53 est-ce que ces acteurs de la dette que vous conseillez, avec qui vous travaillez, comment
07:58 est-ce qu'ils s'adaptent au nouvel environnement de taux d'intérêt ?
08:03 Je dois avouer que ça a été une aubaine pour les investisseurs ou financeurs en dette
08:10 infrastructure.
08:11 Pourquoi ? Si on reprend les caractéristiques de l'infrastructure, premièrement, on parle
08:16 de services essentiels.
08:17 Service essentiel, on en a besoin quelle que soit la situation de l'économie.
08:22 Précession ou pas, on a besoin d'eau, d'électricité et de mobilité.
08:27 Deuxièmement, on parle d'actifs réels avec des cash flows contractés et indexés sur
08:33 l'inflation.
08:34 Ça tombe bien, on est dans une période inflationniste et donc la nature structurelle des infrastructures
08:42 donne une protection naturelle contre les cycles économiques.
08:47 Maintenant, si on se concentre sur la dette.
08:50 La dette c'est un marché en infrastructure asset management qui s'est créé au milieu
08:55 des années 2010 suite aux difficultés bancaires et un besoin de trouver des financements alternatifs
09:03 donc dits institutionnels en substitution des banques, sachant que les actifs infrastructure
09:10 sont financés à 80% en dette.
09:12 Donc on a eu assez rapidement l'émergence des fonds d'infrastructure equity qui sont
09:18 substitués aux états et puis la dette est venue plus tard.
09:22 Mais on parle de 80% de la taille du marché.
09:24 J'ai un ou deux chiffres en tête.
09:26 Sur l'Europe, depuis 2014, on est entre 160 et 200 milliards par an sur l'Europe en infrastructure.
09:35 C'est le flux d'investissement annuel en infrastructure en Europe.
09:39 J'ai un autre chiffre en tête qui est intéressant, c'est à l'échelle globale sur le clean
09:46 energy qui est quand même un des secteurs qui nous intéresse.
09:49 En 2014, on avait moins de 100 milliards par an alors qu'on était déjà dans une
09:57 phase de transition énergétique.
09:59 En 2021, on était à 1,4 trillion.
10:03 En 2022, 1,2 trillion par an en clean energy, ce qui représente les trois quarts des investissements
10:11 en infrastructure énergie à l'échelle mondiale.
10:14 Maintenant, les points intéressants sur la dette, quand on finance des infrastructures,
10:21 on finance des actifs réels et quand on met en place un financement bancaire, on le met
10:26 avec des sûretés sur des actifs tangibles.
10:29 Ce qui veut dire, je donne un exemple, l'assort en 2013 a été dans une situation de défaut,
10:35 on n'a pas coupé les robinets.
10:36 Service de l'électivité, l'assort, c'est ça ?
10:37 Exactement.
10:38 Gestion de l'eau, etc.
10:39 Gestion de l'eau.
10:40 On n'a pas coupé les robinets, évidemment.
10:41 On a restructuré et on est reparti.
10:45 Ce qui veut dire que l'infrastructure financée en dette, le financement en dette, a très
10:51 peu de cas de défaut.
10:53 Sur de l'investment grade, on est inférieur à 3% sur 10 ans et sur du double B, on est
11:00 inférieur à 4%.
11:02 Et en parallèle de ce taux de défaut très faible, on a un recouvrement très élevé,
11:08 c'est le cas de l'assort, où quand on a des actifs qui délivrent des services essentiels,
11:13 on ne va pas s'en priver.
11:14 Donc on restructure.
11:15 Et j'en viens à la notion des taux.
11:21 Alors nous, on finance en taux variable.
11:23 Sur nos investissements avec Shell Shell, on finance en taux variable, donc spread au-delà
11:29 de l'horizontal.
11:30 Ça tombe bien.
11:31 On avait sur du investment grade un spread de 2,5%, mais on partait de 0 quasiment en
11:41 2021.
11:42 Maintenant, on y ajoute 3,5%, 4%.
11:46 Et puis sur du double B, on cherche des spreads de 5 à 6%, auxquels on rajoute 3,5% à 4%.
11:53 Donc ce qui veut dire qu'on se retrouve avec des financements en dette avec des ratings
11:59 double B ou triple B, avec peu de risques de défaut, un bon recouvrement sur des niveaux
12:06 de TRI d'environ 10 à 11% selon les transactions.
12:10 Donc, résilience, décorrelation.
12:14 Et dans cet environnement d'inflation, d'incertitude, de récession, on n'est pas très clair sur
12:23 le scénario économique de l'Europe.
12:25 Ça explique le succès ?
12:26 Voilà.
12:27 Ça explique le succès de ces marchés, effectivement, tel que vous les avez décrits.
12:32 30 secondes pour nous parler de la nouvelle frontière pour vous, justement.
12:36 Oui.
12:37 Alors la nouvelle frontière, qui est mon nouveau dada, c'est l'énergie qu'on ne consomme
12:41 pas, l'efficacité énergétique.
12:43 Alors ça, c'est quelque chose que j'avais en tête depuis longtemps.
12:47 Et il se trouve qu'il y a une opportunité très intéressante aujourd'hui, c'est la
12:51 situation immobilière.
12:52 Donc en France, on a une problématique à la fois réglementaire sur l'efficacité
12:57 énergétique, la performance énergétique de l'immobilier, avec, entre parenthèses,
13:03 un risque de gilet jaune sur cette réglementation qui est beaucoup trop dure.
13:07 Mais il faut en Europe.
13:08 Exactement.
13:09 On a en plus une augmentation du prix de l'énergie et une augmentation des taux, ce qui met un
13:14 gros stress sur l'immobilier.
13:17 Et donc on s'est embarqués dans une plateforme afin de… je serais ravie de venir en parler
13:24 une ou deux fois.
13:25 Oui, c'est le teaser Charlotte.
13:26 Mais on s'est embarqués sur un projet d'efficacité énergétique au service des citoyens et de
13:33 la préservation de leur patrimoine et de leur pouvoir d'achat.
13:35 Et on en reparlera.
13:36 Oui, efficacité énergétique appliquée à l'immobilier, ça permet de préserver la
13:42 valeur de son bien immobilier.
13:43 C'est ça l'idée.
13:44 C'est le message qu'il faut faire passer.
13:45 Merci beaucoup Charlotte.
13:46 Merci à vous.
13:47 Charlotte Aubin qui était avec nous sur ce thème des transitions et des infrastructures
13:50 présidente et fondatrice de Greenwish Partners, invitée de ce quart d'heure thématique
13:54 de Smartboard ce soir.
13:55 Merci à vous.
13:55 [Musique]