Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
x1943 au Texas. Depuis quelque temps, la presse relaie un fait divers survenu dans un quartier de Dallas. Ryder, un vieil homme modeste, vendeur de cravate, reçoit des lettres d’un certain Julius, un jeune homme de 20 ans issu d’une famille riche et récemment incarcéré pour le meurtre de son père. Étonnement, ces deux hommes que tout oppose, sont amis. Une information qui intrigue les journalistes et fait même l’objet d’un certain engouement dans les médias. Pour Ryder, Julius est innocent et si “le vieux est mort, c'est qu'il devait mourir”. Pourtant, lors du procès, les témoignages sont formels. Julius, sujet aux crises d’épilepsie, rentre un soir chez lui ivre et fou de rage selon les témoins de la maison. Lorsqu’elle rapporte les faits lors du procès, la belle-mère déclare avoir vu Julius pousser son père du balcon, juste après leur altercation. Puis le jeune homme se serait évanoui. Or, Julius se souvient avoir perdu connaissance juste après être entré en altercation avec sa belle-mère. Pour lui, il n’a donc pas tué son père. Entre les pages de cette énigme relatée au grand public dans de nombreux papiers, il y a quelques lignes intrigantes. À première vue, ce “filet” journalistique passe inaperçu. Mais cet article de cinq toutes petites lignes pourrait peut-être bien changer toute la donne… Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
x1943 au Texas. Depuis quelque temps, la presse relaie un fait divers survenu dans un quartier de Dallas. Ryder, un vieil homme modeste, vendeur de cravate, reçoit des lettres d’un certain Julius, un jeune homme de 20 ans issu d’une famille riche et récemment incarcéré pour le meurtre de son père. Étonnement, ces deux hommes que tout oppose, sont amis. Une information qui intrigue les journalistes et fait même l’objet d’un certain engouement dans les médias. Pour Ryder, Julius est innocent et si “le vieux est mort, c'est qu'il devait mourir”. Pourtant, lors du procès, les témoignages sont formels. Julius, sujet aux crises d’épilepsie, rentre un soir chez lui ivre et fou de rage selon les témoins de la maison. Lorsqu’elle rapporte les faits lors du procès, la belle-mère déclare avoir vu Julius pousser son père du balcon, juste après leur altercation. Puis le jeune homme se serait évanoui. Or, Julius se souvient avoir perdu connaissance juste après être entré en altercation avec sa belle-mère. Pour lui, il n’a donc pas tué son père. Entre les pages de cette énigme relatée au grand public dans de nombreux papiers, il y a quelques lignes intrigantes. À première vue, ce “filet” journalistique passe inaperçu. Mais cet article de cinq toutes petites lignes pourrait peut-être bien changer toute la donne… Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:05 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10 Je suis entre quatre murs.
00:12 Je ne vois que les murs.
00:15 Je ne savais pas qu'une prison c'était aussi simple que ça.
00:22 Quatre murs.
00:23 D'ailleurs c'est faux.
00:26 Il y a cinq murs et même six.
00:29 Un en haut et un en bas.
00:32 Au fond une prison c'est comme une boîte d'allumettes.
00:37 Quand j'étais petit, je mettais les mouches dans les boîtes d'allumettes.
00:45 Je me demande à quoi pensent les mouches quand on les enferme.
00:50 Si le psychiatre de la prison lit cette lettre, Dieu sait ce qu'il va encore raconter sur
01:00 moi.
01:01 Les psychiatres sont capables de trouver autant d'explications que l'on veut à propos de
01:07 la moindre mouche dans une boîte d'allumettes.
01:10 L'autre jour il est venu me voir.
01:13 On m'a mis dans l'infirmerie sur un fauteuil et il s'est mis à tourner autour de moi comme
01:19 un chien après un os.
01:21 "Olé, on me dit que vous allez bien, que vous dormez bien."
01:28 "C'est parfait."
01:30 C'est tout ce qu'il sait dire.
01:33 "C'est parfait."
01:35 Je me demande combien lui paie l'administration pour aller dire ça aux prisonniers une fois
01:41 par mois.
01:42 "C'est parfait."
01:43 D'ailleurs il a raison, je dors bien.
01:47 Je ne fais pas de cauchemars.
01:50 On dirait que ça l'embête.
01:53 Ce type voudrait bien que je lui raconte mes cauchemars, seulement je dors bien.
01:58 Je ne suis pas malade.
02:01 Je n'ai rien à dire et je n'ai pas tué mon père.
02:07 "Olé, avez-vous conscience du fait que vous cherchez à vous détruire uniquement
02:16 parce que votre image ne vous plaît pas?"
02:19 Ça aussi c'est le psychiatre.
02:22 J'ai bien envie de lui demander si son image à lui, lui plaît tellement.
02:30 Seulement j'ai la flemme d'engager la conversation et puis surtout j'ai peur que ça dégénère.
02:36 Si je dis un mot un seul, il va se mettre à le décortiquer pour m'expliquer Dieu
02:42 sait quoi qu'il a lu dans les livres.
02:44 Comme quoi il faut que je mange car si je ne mange pas, je me suicide.
02:48 Or il prétend que je n'ai pas envie de me suicider mais de lutter et que je ne sais
02:53 pas avec qui lutter, etc.
02:55 Impossible de lui dire que je n'ai pas faim ou que la nourriture est épouvantable.
03:00 C'est pourtant la vérité.
03:03 Je ne sais pas comment font les autres pour avaler ça.
03:07 J'ai décidé que je mangerai seulement le pain.
03:12 Après tout dans le monde, il y a des milliers d'individus qui n'ont même pas ça tous
03:16 les jours et qui vivent quand même comme toi.
03:18 Ça m'amuse de voir jusqu'où et comment on peut résister.
03:24 J'ai déjà beaucoup maigri mais je me sens très bien, très léger.
03:30 Je dors presque tout le temps.
03:35 Le sixième mur m'embête un peu.
03:38 Si seulement on pouvait voir le ciel.
03:41 Ils devraient faire des prisons à ciel ouvert ou tout en haut des montagnes.
03:48 Qu'est-ce que ça change à la justice qu'un prisonnier regarde les étoiles ?
03:56 Julius Flanagan Collet n'a pas écrit le centpéternel livre du prisonnier libéré
04:19 repenti ou non.
04:20 Cette lettre dont je viens de vous lire un extrait pourtant est bien de lui.
04:25 Il a écrite pour son camarade Reader, un clochard qui vendait lacets et des cravates
04:32 à l'angle d'une rue de son quartier à Dallas, Texas, en 1943.
04:38 Collet même en prison est un homme riche.
04:42 Reader, malgré l'amitié qui lui botte, n'a pas craint d'aller vendre la lettre
04:48 à un journaliste, par les temps qui courent où le hot-dog se fait rare.
04:52 Comment lui en vouloir ? D'ailleurs, Collet ne lui en voudra pas et il n'est plus là
04:58 pour arrondir d'un dollar ou deux la poche de son vieux copain.
05:00 Le journaliste, lui, veut être sûr.
05:04 Prouvez-moi que vous connaissez Collet.
05:07 Il m'écrit une fois par mois depuis qu'il est en prison.
05:10 Il me raconte tout.
05:11 Pourquoi vous ? Il n'est pas à sa famille.
05:14 Vous êtes fauché.
05:15 Il produit tout de son milieu.
05:17 Oh, sa famille, parlons-en de sa famille.
05:19 C'est eux qui l'ont accusé, oui.
05:21 Et si ça se trouve, il n'a rien fait.
05:23 Comment l'avez-vous connu ? Dans la rue.
05:27 C'est un drôle de gars.
05:30 Il s'ennuyait tout le temps.
05:32 Malgré son argent et tout, il préférait rester avec moi, discuter, boire un verre
05:37 ou deux, des fois plus.
05:38 Un soir, il m'a dit « Reader, j'ai une idée.
05:42 Tu vas prendre mon costume et ma voiture et tu vas rentrer chez moi à ma place.
05:46 » Et il l'a fait.
05:47 Bah, on l'a fait.
05:48 Il a pris mes cravates ou mon petit fourbi.
05:52 Il s'est mis au coin de la rue.
05:54 Moi, je suis rentré chez lui.
05:56 J'ai eu le temps de prendre un bain, de manger et de fumer un cigare avant que sa femme
05:59 me fiche à la porte.
06:00 La maison est tellement grande que les gens doivent se rencontrer une fois par semaine.
06:04 J'ai pas eu de chance.
06:06 Quand je lui ai raconté, c'est mis à rire tellement qu'il s'en étouffait.
06:10 Mais comment je peux vérifier ça ? À un demandeur domestique.
06:14 Ils peuvent pas me voir, mais ils me connaissent bien.
06:17 Et puis, quel intérêt j'aurais à raconter des histoires pareilles ?
06:19 L'intérêt, c'est l'argent, bien entendu.
06:24 Mais l'histoire est vraie.
06:25 Julius Flanagan Collet, vingt ans, fils de famille riche, à une époque où il est
06:32 difficile de l'être, même aux États-Unis, semble n'avoir qu'un seul ami, ce marchand
06:37 de cravates minable, de près de soixante-dix ans, chômeur et un peu ivrogne, Reader.
06:42 Reader loge dans une pension pour économiquement faible et la lettre qu'il possède lui a
06:48 bien été adressée chez lui, sa logeuse le confirme en précisant.
06:52 C'est un vieux fou.
06:54 Il n'en a pas l'air.
06:57 On dirait plutôt un grand-père malin prêt à faire des blagues à la moindre occasion
07:01 et à profiter de tout ce qui se présente pour une pièce de dissense.
07:04 Le journaliste a flairé le petit écho à Scandale.
07:09 Quelques jours plus tard, on peut admirer dans un magazine la photo du grand-père posant
07:15 avec ses cravates sur l'épaule devant le portail de la somptueuse maison des Collet.
07:19 La photo est accompagnée de l'article suivant.
07:22 Le richissime héritier des Collet fréquentait les clochards de la ville.
07:27 Julius Flanagan, assassin de son père et actuellement incarcéré dans la tente de
07:31 son procès, continue à écrire à son ami Reader notre photo.
07:34 Le vieux Reader profitait largement des faiblesses du jeune homme et notamment de son portefeuille
07:40 bien garni.
07:41 Le jeune Collet dit lapider ainsi l'argent familial.
07:43 Interrogé, sa famille n'a pas voulu répondre à nos questions à ce sujet mais on suppose
07:49 qu'elle n'appréciait nullement les fréquentations de l'héritier d'une des plus grosses fortunes
07:54 du Texas.
07:55 Rappelons que Julius Collet est accusé d'avoir assassiné son père dans un moment de folie
07:59 en le précipitant du premier étage de leur somptueuse villa.
08:04 Photo Sitsu.
08:06 La photo Sitsu montre un visage très jeune et très laid, le genre de laideur irrémédiable.
08:11 Oreilles décollées, nez trop long, menton en pointe.
08:15 On voit mal le regard car les yeux sont enfoncés profondément dans les orbites.
08:19 Le haut du visage paraît presque noir et inquiétant.
08:22 Et l'article continue ainsi.
08:25 Plus doué pour la paresse que pour les raffineries que possède sa famille, Julius Collet se
08:30 révèle en prison presque poète.
08:32 Il n'écrit qu'à une seule personne, son vieux copain Reader.
08:35 Une fois par mois, comme le veut le règlement, il raconte ses pensées et ses réflexions
08:38 dans sa cellule.
08:39 Il ne fait cependant aucune allusion au meurtre.
08:42 Nous avons pu obtenir pour nos lecteurs le texte de l'une de ses lettres.
08:46 Celle que je vous lisais au début.
08:48 Au sujet du meurtre, le vieux Reader semble avoir une opinion personnelle que nous reproduisons
08:53 sous son entière responsabilité.
08:55 Julius n'était pas coléreux.
08:57 C'est un bon garçon.
08:59 Je ne crois pas qu'il ait voulu étrangler son père comme on l'a dit.
09:03 Si le vieux est mort, c'est qu'il devait mourir.
09:07 Cette phrase sibylline, le vieux Reader n'a pas voulu l'expliquer plus complètement,
09:12 mais il a ajouté « quand il sortira de prison, on ira boire un coup et on oubliera tout ça
09:18 ».
09:19 Si j'ai choisi de vous raconter le dossier Julius Flanagan-Colet, en commençant par
09:25 une lettre et l'article de presse de l'époque qui l'a publié, c'est par souci de chronologie.
09:29 Cet article et la lettre qu'il reproduit sont en effet les premiers documents qui ont
09:35 attiré notre attention sur l'affaire.
09:36 Les premiers et pratiquement les seuls d'ailleurs, mis à part le compte-rendu du procès et
09:42 un minuscule entrefilé paru entre-temps dans le même journal.
09:46 Un entrefilé de cinq lignes.
09:48 Et c'est lui qui est extraordinaire.
09:51 Nous ne l'avons trouvé qu'après de patientes recherches.
09:54 Toujours chronologiquement, c'est le dernier document sur l'affaire, donc je vous le
10:00 révélerai en dernier.
10:01 Avant cela, je dois vous parler des faits, du peu que nous en connaissons en tout cas,
10:06 au travers d'un procès qui ne fit pas grand bruit, vous verrez.
10:10 Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
10:20 Je vous disais tout à l'heure qu'à propos de ce dossier, nous ne possédons qu'un
10:24 article de presse, le compte-rendu du procès toujours dans la presse et un entrefilé de
10:29 cinq lignes que je garde pour la fin.
10:30 Voyons d'abord le procès.
10:34 En février 1943 donc, Julius, vingt ans, fils de famille, est accusé d'avoir tué
10:39 son père.
10:40 Comment l'aurait-il tué?
10:43 Voici les témoignages qui ont servi de base à cette accusation.
10:47 Le valet de chambre.
10:49 J'ai entendu un grand bruit dans la chambre de M.
10:53 Colépère.
10:54 Quelque chose a dû tomber.
10:55 J'ai pensé que M.
10:56 se disputait avec son fils, cela arrivait souvent.
10:58 M.
10:59 Julius ne faisait jamais ce que son père lui disait de faire.
11:03 Il s'arrangeait pour faire le contraire.
11:05 Ces derniers temps, il avait refusé de travailler avec lui dans ses bureaux.
11:08 Il disait qu'il voulait faire la guère.
11:10 Alors la bagarre a duré un moment, puis Mme Collet est montée avec le jeune frère
11:14 de M.
11:15 Julius qui a dix ans.
11:16 Ensuite, nous avons entendu un cri, c'était M.
11:19 Il est tombé du balcon du premier étage.
11:21 Quand nous avons compris ce qui se passait, les domestiques et moi, il était trop tard,
11:27 M.
11:28 Collet était mort.
11:29 Il s'est brisé la colonne vertébrale sur la véranda.
11:31 Quant à M.
11:33 Julius, il était évanoui dans le bureau de son père.
11:36 Le jardinier, maintenant.
11:38 J'ai vu M.
11:41 et son fils sur le balcon.
11:43 Je n'entendais pas ce qu'ils disaient, j'étais trop loin.
11:46 Comme il avait l'air de se bagarrer et que cela arrivait souvent, je suis parti travailler
11:50 dans la remise.
11:51 M.
11:52 Collet n'aimait pas qu'on insiste dans leur histoire de famille.
11:54 Je ne suis ressorti qu'en entendant le cri qu'il a poussé en tombant.
11:58 Alors là, j'ai vu M.
11:59 Julius au balcon, il se tenait la tête à deux mains et il a secoué dans tous les
12:04 sens comme s'il était devenu fou.
12:06 La cuisinière.
12:07 Je n'ai rien vu.
12:08 C'était 7 heures du soir, je préparais le dîner.
12:14 Un peu avant, M.
12:15 Julius était venu dans la cuisine pour manger du sucre.
12:18 Il faisait cela très souvent, il n'avait pas d'appétit.
12:20 Quand sa mère est morte et que son père s'est remarié, il a beaucoup changé.
12:25 Il a souvent été malade.
12:26 Ce soir-là, il était comme d'habitude.
12:29 Peut-être un peu nerveux, mais je ne sais pas pourquoi.
12:33 Il a bu un verre d'alcool avant de monter dans sa chambre.
12:36 Je n'ai rien d'autre.
12:40 Mme Collet a enfin fait sa déposition.
12:43 Elle déclare avoir 32 ans, être la seconde épouse de M.
12:48 Collet.
12:49 Nous n'avons malheureusement aucune photographie d'elle.
12:52 Mon beau-fils était malade depuis longtemps.
12:55 Il faisait des crises d'épilepsie.
12:58 À plusieurs reprises, nous avons dû, son père et moi, le retirer du collège.
13:01 Il lui arrivait d'être violent.
13:03 Plusieurs fois, il a menacé de nous tuer tous.
13:07 Il n'aimait pas non plus son demi-frère.
13:10 Un jour, il l'a fait tomber de cheval en l'obligeant à faire une course d'obstacles
13:13 au manège.
13:14 Je suis sûr qu'il l'a fait exprès, sachant que mon fils avait peur de sauter.
13:17 Mon mari a fait tout ce qu'il a pu pour lui.
13:21 Il désirait le faire travailler dans ses affaires, lui passer la plupart de ses caprices.
13:25 Julio se dépensait tout l'argent qu'il lui donnait en bêtises.
13:29 Il s'était mis en tête d'aider les pauvres.
13:32 En réalité, il passait le plus clair de son temps à boire avec eux.
13:35 Le médecin lui avait interdit de boire.
13:39 Cela le rendait nerveux.
13:40 Ce soir-là, il est rentré ivre.
13:44 Je lui en ai fait la remarque.
13:47 Il m'a insulté, comme d'habitude.
13:50 Quel genre d'insulte !
13:53 Je ne désire pas les rapporter ici.
13:56 La cour vous le demande.
13:59 Eh bien, il prétendait, enfin !
14:04 Me traiter !
14:06 Il me disait que j'étais une pute.
14:10 Continuer.
14:11 Qu'a-t-il fait ensuite ?
14:16 Eh bien, je lui ai conseillé d'aller se coucher et de ne pas paraître au dîner dans
14:22 cet état-là pour ne pas que son père se fâche.
14:24 Bien sûr, au lieu de m'écouter, il est monté au premier étage.
14:28 Il s'est précipité dans le bureau de mon mari et a cassé un vase.
14:31 Alors j'ai couru derrière lui pour le calmer, éviter que son père se mette en colère.
14:36 Mais quand je suis arrivé, mon mari venait le gifler.
14:38 Ça l'a rendu fou furieux.
14:41 Il a voulu me faire sortir de force.
14:43 Mon mari s'est mis entre nous pour l'en empêcher.
14:45 Julius m'a giflé à son tour.
14:47 Et puis, il a retourné sa colère contre mon mari.
14:50 Il l'a pris à la gorge.
14:52 Mon mari avait du mal à se dégager.
14:54 Il l'étranglait presque.
14:55 Vous n'êtes pas intervenu ? Je ne pouvais même pas m'approcher d'eux.
14:59 Ils luttaient.
15:00 Mon fils était dans la pièce.
15:02 J'ai voulu le faire sortir pour éviter qu'il ne voit cette scène.
15:05 Quand je suis revenu, ils luttaient sur le balcon.
15:08 J'ai vu Julius pousser son père par-dessus la robe.
15:13 J'ai couru, mais trop tard.
15:16 Si l'on en croit le commentaire du journaliste, Julius ne contredit aucune des déclarations
15:21 ci-dessus.
15:22 Il prétend ne se souvenir de rien sauf d'avoir giflé sa belle-mère.
15:25 Il reconnaît qu'il la déteste.
15:28 Et la raison qu'il donne de cette haine est assez étonnante.
15:31 Écoutez bien.
15:33 Écoutez bien car rien dans le procès ne reprend ce détail.
15:37 Seul, Julius affirme que sa belle-mère profitait de la moindre occasion pour le pousser à
15:42 la colère.
15:43 Or, il avait peur de se mettre en colère.
15:45 D'après lui, à chaque fois, il avait l'impression de s'évanouir.
15:48 Il ne voyait plus clair.
15:50 Les gens autour de lui disparaissaient, devenaient des ombres et il ne savait plus du tout ce
15:54 qu'il faisait.
15:55 Le seul souvenir qu'il gardait de ces crises de colère, c'était une douleur immense
16:01 dans tout le corps.
16:02 Ensuite, il s'évanouissait complètement.
16:03 Et ce n'est pas tout.
16:06 Julius prétend que ce soir-là, la colère l'a pris après avoir giflé sa belle-mère.
16:12 Ensuite, il croit qu'il s'est évanoui.
16:14 Or, sa belle-mère affirme qu'il ne s'est évanoui qu'après avoir poussé son père
16:19 dans le vide, bien entendu.
16:20 D'autre part, le jardinier l'a vu sur le balcon se tenant la tête à deux mains.
16:25 À ce moment-là, le corps de son père gisait sur la véranda, mort.
16:28 « Maintenant, je vais vous dire ce qui me tracasse dans tout cela.
16:33 La gifle.
16:34 La deuxième, celle que Julius envoie à sa belle-mère.
16:39 » Où Julius s'est évanoui après l'avoir donné à sa belle-mère et, dans ce cas,
16:45 M.
16:46 Collet est tombé tout seul du balcon.
16:47 Enfin, par exemple.
16:48 Je n'irai pas jusqu'à supposer que quelqu'un d'autre l'a poussé, non.
16:54 Où il a d'abord tué son père et ensuite giflé sa belle-mère pour s'évanouir après.
16:58 En ce cas, la vision du jardinier peut s'interpeller entre ces deux actes.
17:02 Mais la belle-mère dit, et ce n'est pas une supposition, c'est elle qui le dit.
17:08 « Julius m'a giflé à son tour, puis il a retourné sa colère contre mon mari.
17:13 » Si Julius dit vrai, c'est à ce moment-là qu'il s'est évanoui.
17:17 En ce cas-là, tout le reste s'est passé sans lui.
17:23 Cette question n'a pas été soulevée au procès.
17:27 Le médecin de famille confirme que le jeune homme avait des crises épileptiques et qu'il
17:34 le soignait en conséquence depuis une bonne dizaine d'années.
17:37 Il pense que Julius était capable de tuer à condition que les circonstances provoquent
17:41 chez lui l'état extrême.
17:43 Jusqu'à ce jour, cela ne s'était pas produit.
17:45 Quant au médecin légiste, son rapport est très court.
17:48 La victime, un homme de 70 ans, portait au coup des traces évidentes de strangulation.
17:52 Cependant, ces traces trop faibles ne pouvaient en aucun cas provoquer la mort due à la chute
17:57 et à la rupture de la colonne vertébrale.
17:58 M.
17:59 Collet était un homme âgé, sans grande force physique, petit et mince comme son fils d'ailleurs.
18:04 Il a dû être relativement facile de le déséquilibrer.
18:08 « Il nous reste l'avis du psychiatre nommé pour examiner Julius.
18:14 »
18:15 Epilepsie confirmée.
18:16 Pas de crise depuis son incarcération.
18:18 Le malade semble calme.
18:19 Il refuse de se nourrir convenablement et refuse de parler.
18:22 C'est à n'en pas douter la punition inconsciente qu'il a adoptée pour un crime dont il ne
18:27 veut pas se souvenir.
18:28 Car Julius dit qu'il n'a pas tué son père.
18:32 Il l'adorait, mais je cite « le trouvait stupide, trop riche et entièrement soumis
18:36 à sa nouvelle famille, une putain et son fils qui ne pensent qu'à l'argent ».
18:40 Voilà.
18:41 Rien d'extraordinaire à cela dites-vous.
18:47 Et nous manquons d'éléments pour apprécier si tant est qu'il y ait quelque chose à
18:51 apprécier.
18:52 C'est que vous oubliez le petit entrefilé de cinq lignes paru quinze jours après l'article
18:58 et la lettre de Julius à son copain Rieder, le marchand de cravate.
19:01 Je vais vous le lire.
19:03 « Sachez avant cela que Julius Flanagan Collet a été déclaré coupable, mais irresponsable,
19:10 et remis à la tutelle de sa famille laquelle a demandé son internement.
19:13 Etant donné qu'il était le seul héritier légal de son père, cela veut dire que l'héritage
19:20 aussi a été mis en tutelle.
19:21 Mme Collet, deuxième du nom, s'en est chargée.
19:25 » Voici l'entrefilé des cinq petites lignes.
19:30 À la suite de notre écho sur la mort de M.
19:34 Collet senior paru le 24 avril 1943, on nous prie de faire paraître le rectificatif suivant.
19:42 M.
19:43 Collet junior ne connaît pas le dénommé Rieder.
19:48 Il ne lui a jamais écrit.
19:51 Sa famille regrette que des individus sans scrupule profitent de son état de santé
19:57 pour répandre des propos diffamatoires qui trouveraient leur conclusion en justice en
20:03 cas de renouvellement.
20:05 Dont acte.
20:08 « Si le vieux est mort, c'est qu'il devait mourir, avait dit Rieder.
20:17 Dont acte.
20:21 »
20:22 Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives
20:44 d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
20:47 Réalisation et composition musicale, Julien Taro.
20:51 Production, Sébastien Guyot.
20:54 Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
20:59 Remerciements à Roselyne Belmar.
21:01 Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
21:07 Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme
21:11 d'écoute préférée.