• il y a 10 mois
Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.

[ARCHIVE EUROPE 1 - Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare] Le 8 février 1949, une tempête se lève sur la plage des Sables d’Olonne. L’eau bouillonne au milieu des deux failles rocheuses qui forment “le Puits d’Enfer”. Dans cet immense entonnoir naturel, les vagues se jettent violemment contre la pierre, puis se retirent. C’est exactement à cet instant que les enfants d’une colonie de vacances qui passaient par là, aperçoivent une malle en osier puis, avec stupeur, un corps sans vie, au fond de l’ardent précipice. La victime est Robert Thelier, un Parisien d’une soixantaine d’années. Ses pieds et ses mains sont liés et sa bouche est bâillonnée : à l’évidence, c’est un crime. Les enquêteurs relèvent alors des traces de pneus d’une voiture au bout du chemin ainsi que les traces d’une malle. Le corps a sans doute été traîné à l’intérieur de la malle, avant d’être jeté dans ce “Puits d’Enfer”. Quelques jours plus tard, un chauffeur se rend au commissariat. C’est lui, qui a transporté la malle jusqu’au Sables d’Olonne et qui l’a abandonnée dans l’eau. Pourtant, il n’a commis aucun crime. Transporter des cargaisons, c’est son métier ! Il se trouve que sa cliente n’est autre que la gouvernante de la victime… Elle se prénomme Simone. Au service de Monsieur Thelier depuis quelques mois, elle arrive d’Espagne. Récemment, elle a publié une annonce mystérieuse dans un journal, afin d’embaucher quelqu'un pour effectuer des “missions dangereuses”... De quelles missions s’agit-il ? Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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Transcription
00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:07 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10 Le soir du mardi 8 février 1949, une tempête s'élève sur l'océan Atlantique.
00:17 D'énormes rouleaux de vagues déferlent sur la plage des Sables d'Olonne et plus loin, se brisent sur les rochers.
00:23 Une tempête est un beau spectacle, surtout si on le contemple à partir du rivage, les pieds au sec en toute tranquillité.
00:30 Le mercredi 9 février, après le déjeuner à la cantine, un moniteur de la colonie de Saint-Jean-d'Orbestier dit aux enfants
00:40 « Ah, aujourd'hui la promenade ça va être du ténèbre. »
00:43 « Chouette ! Vous nous emmenez loin ? »
00:46 « Ah, pas si loin que ça, mais tu verras. »
00:48 « Ça vaut la peine de marcher un peu. »
00:50 « Oh, dites monsieur où on va ? »
00:52 « Au puits d'enfer. »
00:54 « Mais qu'est-ce que c'est ? »
00:55 « Tu verras, je te dis. Avec le temps qu'il fait, c'est le jour où jamais. »
00:59 La colonie se met en route en chantant, les gosses intrigués, ravis.
01:04 Voilà la mer à l'horizon grise et déchaînée.
01:07 Sur le rivage, un plateau rocheux avec en fond de décor des pins.
01:12 Le moniteur est heureux de faire partager aux enfants son goût de la nature.
01:16 « C'est beau, hein ? Et le puits d'enfer où il est ? »
01:20 « Une minute, suivez-moi. »
01:22 Le groupe s'avance sur le plateau.
01:24 En plein milieu, un trou.
01:26 Une sorte d'entonnoir qui s'emplit à marée haute se vide à marée basse
01:31 par de multiples canaux souterrains.
01:33 L'eau bouillonne là-dedans par vagues qui avancent et reculent,
01:37 éclatant sur les cailloux en gerbe d'écume blanche.
01:41 Ah, le moniteur n'a pas menti.
01:43 Le puits d'enfer, par mauvais temps, vaut la peine d'être admiré.
01:45 La mer gronde en arrivant, gémit en se retirant.
01:48 Et juste comme l'eau se retire, aspirée par le gouffre,
01:51 plusieurs enfants poussent d'un cri.
01:53 Ils viennent d'obtenir le corps d'un noyé balotté au gré des flots.
01:57 Le moniteur aussitôt ordonne de faire demi-tour et de rentrer à la colonie.
02:01 Il confie à un assistant la direction du groupe
02:04 et se précipite, lui, au sable de l'aune afin d'alerter la gendarmerie.
02:09 Quelle est la victime du puits d'enfer ?
02:13 [Musique]
02:31 Les gendarmes et les pompiers des sables de l'aune arrivent au puits d'enfer.
02:36 Repêcher le cadavre qui se trouve au fond du gouffre
02:40 n'est pas une petite affaire.
02:42 Un pompier descend, suspendu à une corde.
02:44 Il agrippe le corps pour empêcher que le reflux l'emporte.
02:48 Il crie, « Il y a une malle aussi ! »
02:50 « Quoi ? Une malle ? Une malle en osier, là, coincée derrière le rocher ? »
02:56 La mer continue de se retirer.
02:58 En attendant un moment, on va pouvoir prendre pied au fond.
03:00 Ce sera plus facile.
03:02 Une heure plus tard, la malle et le cadavre sont remontés.
03:07 La victime est un homme d'une soixantaine d'années.
03:10 Les mains et les pieds liés avec de la ficelle.
03:13 Un mouchoir noué autour du cou qui a dû servir de baillon.
03:19 « Ce n'est pas un accident, c'est un crime », constate le capitaine de gendarmerie.
03:23 Il faut prévenir le commissaire principal.
03:26 Celui-ci ne tente pas à se présenter sur place, suivi de cinq inspecteurs.
03:31 Leurs déductions sont simples.
03:33 Une fois la malle jetée dans le gouffre, son couvercle s'est ouvert.
03:37 Le corps qui se trouvait à l'intérieur a été éjecté.
03:41 « Il reste des choses dedans, commissaire, vous avez vu ? »
03:44 « Quoi donc ? »
03:45 « Des draps, un peignoir de bain, une veste, une cordelette et un rouleau à pâtisserie. »
03:52 Il a dû servir à la sommet.
03:54 « Et sur lui, vous avez trouvé quelque chose ? »
03:56 « Rien. »
03:57 « Sauf que sur les boutons de son pantalon, il y a gravé l'adresse d'un tailleur. »
04:02 « Vous l'avez noté ? »
04:03 « Oui, oui. Marius Tailleur, 80 rue Jouffroy, Paris 17e. »
04:09 L'inspecteur Penne de l'identité judiciaire a relevé, lui, les traces de pneus d'une voiture,
04:14 puis celles des barres de bois qui soutiennent le fond de la malle en osier.
04:19 « La voiture s'est arrêtée là-bas, au bout du chemin. »
04:22 « On a traîné la malle jusqu'ici. »
04:24 « Vous dites qu'on l'a traînée ? »
04:26 « Ah, c'est absolument sûr, commissaire, voyez-vous-même. »
04:29 Le commissaire va voir, fait les 100 pas, puis, dit en souriant, « Merci, inspecteur. »
04:37 « C'est bon, c'est bon. »
04:40 Quand le commissaire souriait, c'est qu'il venait de découvrir quelque chose.
04:45 « Vous avez une idée ? »
04:47 « Oui, mon vieux. »
04:49 « L'assassin est une femme. »
04:52 Il n'explique pas pourquoi à ses collaborateurs.
04:55 Il m'en gardait avec eux un peu de distance et surtout de mystère, pour son standing.
05:01 Il avait réfléchi de deux choses l'une.
05:04 Ou bien l'assassin était seul, et c'était un homme,
05:09 un homme capable de tirer 80 kilos de dessous levé par endroit.
05:14 Ou bien deux personnes se sont chargées de la besogne, mais pas deux hommes,
05:19 car à deux, ils auraient pu porter la malle.
05:22 Puisque celle-ci a été traînée, l'une des deux personnes, au moins, était une femme.
05:29 Le commissaire n'a pas dit son dernier mot.
05:32 Il veut réexaminer lui-même les vêtements du mort.
05:35 Oui, cette histoire de bouton gravé avec l'adresse du tailleur indique qu'il ne s'agit pas de vêtements de confection.
05:42 La victime devait s'habiller sur mesure, et dans ce cas,
05:46 les tailleurs inscrivent souvent le nom de leur client sur une patte de toile à l'intérieur d'une poche.
05:53 Le commissaire retourne une poche et lit
05:56 E. R. Tellier, 64 rue Jouffroy, Paris.
06:02 Bravo, commissaire.
06:03 Avoir trouvé si vite le nom de la victime et découvert que son assassin est une femme,
06:07 cela n'arrive d'habitude qu'aux vedettes des romans policiers.
06:11 La police judiciaire parisienne est alertée.
06:14 Le jeudi 10 février, deux inspecteurs vont voir la concierge à l'adresse indiquée.
06:19 M. Tellier, bien sûr qu'il habite ici.
06:21 Justement, je me disais, c'est drôle, je ne l'ai pas vu depuis dimanche.
06:24 Il a dû partir en voyage sans me le dire.
06:26 Et au début de la semaine, vous n'avez rien remarqué, madame ?
06:31 Dites-moi, il ne lui serait pas arrivé malheur ?
06:36 Je vous demande s'il s'est passé quelque chose lundi ou mardi, par exemple.
06:41 Ah, mardi, oui, la bonne est partie.
06:43 Elle est venue me dire au revoir.
06:44 Ça m'a étonné qu'elle s'en aille.
06:45 M. Tellier me disait, c'est une perle.
06:47 Je la soigne parce que je n'en trouverai jamais une autre comme elle.
06:50 Ah, ça, en effet.
06:52 Vous dites ?
06:53 Rien.
06:54 Comment s'appelait-elle ?
06:55 Simone.
06:56 Simone Ayer.
06:58 Vous me permettrez de respecter l'anonymat de cette personne et de ses complices.
07:03 Pardon, madame la concierge, elle avait des bagages.
07:06 Ah oui, ça, ça, elle en avait.
07:09 Il a fallu deux hommes pour les transporter.
07:11 Des valises et une grosse malle en osier.
07:16 Le lendemain matin, vendredi, Henri C. se présente au commissariat de la rue Laborde.
07:21 C'est un chauffeur qui travaille pour SVP.
07:24 En lisant le journal, il a appris la nouvelle de l'assassinat de M. Tellier.
07:28 Ah, c'est moi, M. le commissaire.
07:30 C'est moi qui ai transporté la malle au sable aux dolonnes.
07:32 C'est même moi qui ai aidé à la jeter dans le puits d'enfer.
07:35 Je vous jure bien que je ne savais pas ce qu'il y avait dedans.
07:38 Ça ne vous a pas paru bizarre ?
07:40 Un peu lourd tout de même ?
07:41 Oh ben si, bien sûr.
07:43 Sur le moment, je n'ai pas réfléchi.
07:45 La cliente m'a dit que c'était des explosifs,
07:47 qu'il fallait qu'elle s'en débarrasse pour ne pas avoir d'ennuis.
07:50 Elle a devait les vendre.
07:52 Elle avait été prise dans un mauvais coup, elle risquait gros.
07:55 Elle était bien brave.
07:56 Alors, j'ai voulu l'aider.
07:58 Alors, je ne dis pas que j'ai eu raison, remarquez.
08:00 Et ensuite ?
08:01 Comment ça ?
08:02 Qu'est-ce que vous avez fait ensuite avec votre cliente ?
08:04 Je l'ai ramenée à Paris.
08:06 On a dîné sur la route.
08:08 Ah ça alors, vraiment !
08:10 Je n'aurais jamais cru à la voir.
08:12 Elle me paraissait un peu folle, mais...
08:14 Mais tout de même !
08:16 Vous l'avez déposée où ?
08:18 Au métro.
08:20 À l'opéra.
08:21 Mais je dois la revoir, si c'est ça qui vous intéresse.
08:24 Elle a téléphoné au bureau.
08:26 "Faut que j'aille ce soir à 8h chez un avocat, Maître Herman.
08:29 7 rue de..."
08:31 Attendez, j'ai noté.
08:32 "7 rue de Villers-Excels."
08:34 La police, bien entendu, est au rendez-vous.
08:38 Simone Heer est arrêtée dans la rue au moment où elle s'apprête à entrer dans l'immeuble.
08:43 Qui donc est cette femme ?
08:45 Voilà une femme, Simone Heer, qui tue son patron,
08:57 le met dans une malle,
08:59 organise une expédition jusqu'au puits d'enfer,
09:01 et cela, en voiture de location avec chauffeur.
09:04 Qui donne rendez-vous à ce chauffeur chez un avocat ?
09:07 Autant se jeter elle-même dans le gouffre.
09:10 Dans la gueule du loup.
09:12 Interrogée par le juge d'instruction, elle nie l'évidence.
09:16 Incapable par ailleurs de donner le moindre liby, la moindre explication.
09:19 Elle s'enferme dans le silence et ne fait que répéter...
09:22 "Je suis innocente."
09:25 Les médecins l'examinent.
09:27 Non, elle n'est pas folle.
09:29 Hystérique, peut-être.
09:31 Exaltée, mégalomane par moments.
09:34 Malheureuse.
09:36 Désespérée, certainement.
09:39 Le juge parle d'elle avec sa mère, Mme C,
09:42 qui habite en Vendée un château,
09:44 enfin, en fait, une maison cossue,
09:46 entourée de vignobles.
09:48 "Je ne reconnais plus ma fille, monsieur le juge.
09:50 Elle est si bien élevée.
09:52 Mais enfin, depuis quand est-elle au service de M. Tellier ?
09:55 Quelques mois.
09:57 Depuis son retour d'Espagne, je ne la voyais presque plus.
10:00 Elle ne prenait même pas de nouvelles de sa fille, Françoise,
10:03 qui vit avec moi.
10:05 Elle était gouvernante chez ce monsieur, un homme âgé,
10:07 qui avait besoin de quelqu'un pour lui tenir sa maison."
10:10 "Vous dites qu'avant, elle habitait en Espagne."
10:14 "Oui, la Catalogne.
10:16 Elle s'est mariée en 1932 là-bas,
10:18 avec un propriétaire terrien plus âgé qu'elle,
10:21 mais qui l'a rendue heureuse, très heureuse.
10:24 Jusqu'à la guerre civile.
10:26 À cette guerre.
10:28 Son mari a dû la faire avec les Républicains, malheureusement.
10:32 Vous comprenez, en vivant près de Barcelone,
10:35 on n'avait pas le choix.
10:37 Bref, à la victoire de Franco, le pauvre homme a dû s'exiler.
10:40 Il est parti au Chili.
10:42 Ma fille devait l'y rejoindre.
10:45 Un jour, elle a reçu un avion officiel.
10:48 Son mari venait de mourir d'un canseil.
10:51 Elle était restée en Espagne ?
10:53 Oh, vous n'y pensez pas.
10:55 C'était impossible.
10:57 Elle est venue se réfugier chez moi, avec notre petite Françoise.
11:00 Elle est retournée en Espagne après, après l'amnistie accordée par Franco,
11:04 pour vendre ce qu'elle pouvait, récupérer un peu d'argent.
11:07 Car, vous savez, là-bas, avant la guerre, elle était très riche.
11:10 C'est ça, monsieur le juge, qu'elle n'a pas pu supporter.
11:14 La mort de son mari et la pauvreté.
11:18 La mère de Simon Herr se met à pleurer.
11:22 Elle n'avoue pas tout.
11:25 La déchéance de sa fille, qui pour oublier ses malheurs, s'installe à Paris,
11:29 commence par se droguer, et fit des aventures sordides.
11:34 Le juge a fait relever les emplois occupés par la meurtrière depuis son retour en France.
11:38 Des emplois où elle ne fait que passer, car les employeurs ne peuvent la supporter longtemps.
11:44 Professeure d'espagnol dans une école libre du sixième arrondissement,
11:48 secrétaire dans différents bureaux,
11:51 collaboratrice d'un auteur en banlieue, puis d'un avocat,
11:54 celui qui est allé relancer après le drame.
11:57 « Est-ce que vous savez, madame, comment votre fille a connu M. Tellier ? »
12:01 « Non, non, je ne sais pas. »
12:04 « Probablement alors seulement par la petite annonce que M. Tellier avait publiée dans la presse. »
12:09 « Et Philippe B. ? »
12:11 « Je n'ai jamais entendu parler de ce nom-là. »
12:15 Le juge a pitié.
12:17 Il ne dit pas à sa mère que Simone utilise aussi autrement les petites annonces.
12:23 Elle en a mis une dans un journal du soir.
12:26 « Cherche quelqu'un capable d'exécuter missions dangereuses, France ou étranger. »
12:32 Philippe B. s'est présenté un aventurier jeune, beau garçon.
12:35 Simone et Philippe ne se sont plus tout de suite.
12:39 Se sont-ils aimés ?
12:41 Oui, dans le sens où une femme de 40 ans ne résiste pas au charme d'un homme séduisant plus jeune qu'elle.
12:46 Non, si l'on considère l'attitude des amants pendant et après le drame.
12:51 Simone R. a décidé de s'emparer de la fortune de M. Tellier.
12:56 Elle s'est fait signer une procuration pour la banque, plusieurs chèques pour faire face aux premiers frais.
13:02 Elle s'organise seule d'abord.
13:05 Par l'intermédiaire du frère d'une amie d'enfance, elle achète une auto, une grosse voiture, où l'on puisse mettre le mâle.
13:12 Il faudra aller jusqu'au Puy d'Enfer, cet endroit où Simone, enfant à l'époque où elle était élève des bonnes sœurs du Collège des Sables d'Olonne, allait en excursion.
13:22 Qui conduira la voiture ?
13:24 Philippe.
13:25 Qui aidera à transporter le mâle ?
13:27 Philippe.
13:28 Et une fois le coup réussi, les meubles, les titres, les actions de M. Tellier vendues, avec qui émigrer au Mexique, retrouver dans ce pays le rêve espagnol perdu ?
13:39 Avec Philippe.
13:41 Seulement, Philippe B, s'il se laisse tenter au début, se sauve, dès qu'il est mis en face de ses responsabilités.
13:50 Il n'y a plus de transporteur pour le mâle, plus de chauffeur pour la voiture, plus personne.
13:58 Alors, ah, à l'OSVP ?
14:02 La célèbre firme rend toujours à ses clients les services qu'ils attendent, mais il ne peut évidemment être en aucun cas complice d'un crime.
14:08 Le coup de téléphone de Simone R l'a perdu.
14:13 Aux assises de la Seine, M. Raymond Hubert défend Simone R.
14:18 Il plaide qu'il faut être galant et gentil avec elle, parce qu'elle est malheureuse et irresponsable.
14:25 René Floriot, lui, défend Philippe B.
14:28 Je ne peux résister au plaisir de le citer.
14:32 Les policiers se disent, voilà un salaud qui a tué un homme.
14:36 Sa complice même l'a avoué.
14:39 Notez qu'on a trouvé dans la malle du Puy d'Enfer, outre un cadavre, une cordelette et un rouleau à pâtisserie.
14:44 L'autopsie n'est pas encore faite.
14:46 Les policiers sont donc fondés à croire Philippe B a assommé le vieillard avec le rouleau et l'a ficelé avec la cordelette.
14:52 Le malheur, c'est que l'autopsie prouvera que ni la cordelette ni le rouleau n'ont servi.
14:58 Il y a mieux. Il y a le coup d'échec.
15:02 Au moment de l'interrogatoire de Philippe B, les policiers savent que quatre chèques ont été encaissés, un par Philippe B, les trois autres par Simone R.
15:10 Philippe B dit, « Tellier, la victime, n'a signé qu'un chèque et je suis parti avec. »
15:16 Ah bon? Il n'a signé qu'un chèque? Et les autres?
15:20 L'expertise prouve qu'ils ont été établis et signés par Simone R.
15:25 Eh bien, vous me permettrez, messieurs les jurés, de vous dire que je voilà la preuve de l'innocence de Philippe B.
15:31 Seulement, il n'a pas été le complice d'un crime. Mais il n'était pas là quand M. Tellier est mort.
15:37 Il était là pour lui faire peur, pour l'extorsion des fonds.
15:41 On me dit, une pareille femme n'a pas pu assommer seul un homme même âgé.
15:46 Elle n'a pas pu seule porter le cadavre dans ses bras et le jeter dans un panier d'osier.
15:51 Mais qui vous dit que M. Tellier a été assommé?
15:56 Je ne me suis dit pas de trace de coup. Par contre, trace d'éther.
16:01 Et si M. Tellier était mort par suffocation?
16:04 Reste l'argument de soulever le corps et de le porter jusqu'à la malle.
16:08 Qui vous dit qu'au lieu de porter le corps dans la malle, Simone R. n'a pas porté la malle auprès du lit, auprès du corps?
16:15 De ce moment, il suffit d'un mouvement que pourrait faire un enfant pour laisser tomber le corps dans le panier,
16:21 et le filer ensuite est bien plus une question d'adresse que de force musculaire.
16:27 Maître Floriot, une fois de plus, vient de sauver la tête d'un de ses clients.
16:33 Philippe B. n'est condamné qu'à 20 ans de travaux forcés.
16:37 Simone R. est condamnée à mort.
16:41 [Musique]
17:00 Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar,
17:04 un podcast issu des archives d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
17:09 Réalisation et composition musicale, Julien Taro.
17:13 Production, Sébastien Guyot.
17:16 Direction artistique, Xavier Joli.
17:19 Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
17:24 Remerciements à Roselyne Belmar.
17:27 Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
17:31 Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.