Sonia Mabrouk reçoit Manon Aubry, eurodéputée et tête de liste LFI aux élections européennes, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.
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00:00 Bonjour et bienvenue à vous tous au Grand Rendez-vous Europe 1 C News, les Echos.
00:06 Bonjour Manon Aubry.
00:07 Bonjour.
00:08 Et merci de votre présence, vous êtes la tête de liste La France Insoumise aux élections
00:11 européennes, c'est votre Grand Rendez-vous.
00:13 Ce dimanche, Manon Aubry, dans un contexte de grande violence à l'école, quel sursaut
00:17 alors qu'un adolescent a été lynché à Vierry-Châtillon en sortant des cours, sa
00:22 mort a provoqué un véritable électrochoc.
00:24 A Montpellier, la petite Samara, violentée a échappé au pire, l'école française
00:28 sanctuaire perdue, on va en parler.
00:30 Nous évoquerons également Manon Aubry dans un autre domaine, la recherche d'économie
00:34 à tout prix du gouvernement avec la nouvelle réforme de l'assurance chômage et puis
00:38 la France des bas de laine qui s'inquiète d'une éventuelle taxation des rentes.
00:42 Et puis largement bien sûr au programme de la campagne des européennes qui s'accélère,
00:46 la bataille âpre à gauche et puis autre sujet, 6 mois après les attaques sanglantes
00:51 du 7 octobre, Israël, Hamas, nous reviendrons sur la situation, sur tous ces grands sujets
00:56 pour vous interroger, je suis entourée de mes camarades Stéphane Dupont du Zéco,
01:00 bonjour à vous, cher Stéphane, et Mathieu Bockcôté, bonjour cher Mathieu.
01:04 Bonjour.
01:05 Il y a eu donc Manon Aubry, une avalanche de réactions politiques après la mort de
01:09 l'adolescent Shem Sedin de 15 ans à Vierry-Châtillon qui a été passé à tabac et qui a fini
01:14 par succomber à ce déchaînement de violence.
01:16 5 personnes sont gardées à vue, soupçonnées d'avoir battu à mort l'adolescent.
01:20 Est-ce que vous partagez et dénoncez ce contexte, ce constat d'une hyper-violence notamment
01:26 à l'école ?
01:27 C'est d'abord un drame terrible et mes premières pensées vont pour la famille du jeune Shem
01:33 Sedin, ses camarades de classe, la communauté éducative qui est meurtrie au sens propre,
01:39 mais aussi pour tous les camarades de classe, la famille et l'entourage de la jeune Samara
01:44 à Montpellier.
01:45 Vous savez, chaque acte de violence est un acte de violence de trop.
01:49 Et la question qui nous est posée aujourd'hui collectivement et singulièrement aux responsables
01:52 politiques, c'est comment les prévenir et les éviter ?
01:54 Comment éviter de nouveaux drames à l'avenir ?
01:56 Comment remettre de l'humain, de l'encadrement dans des écoles qui parfois sont sans repères ?
02:04 Et vous savez, quand le gouvernement a supprimé par exemple dans le dernier budget 1000 postes
02:09 d'assistants d'éducation, il porte une lourde responsabilité le gouvernement.
02:13 Il porte une lourde responsabilité dans ces drames-là et dans celui de vérification ?
02:17 Oui, parce qu'il abandonne les élèves, il les livre à eux-mêmes quand on perd des
02:24 repères, de l'entourage d'adultes, des référents.
02:27 Les assistants d'éducation par exemple, ces 1000 postes, ce n'est pas rien.
02:31 Ce sont des adultes qui sont souvent les premiers liens avec les élèves à la sortie de l'école, etc.
02:36 Maintenant, au bruit, à vous écouter, c'est la faute du gouvernement, ces drames.
02:38 J'ai dit qu'il portait une responsabilité, je n'ai pas dit que c'était la faute du gouvernement,
02:42 j'ai dit qu'il y a une responsabilité.
02:43 La question qui nous est posée, c'est comment on évite ces drames ?
02:45 On peut, si vous le voulez, mettre tous les jeunes turbulents en prison, mais je ne suis
02:49 pas sûre qu'on va arriver à prévenir ces drames.
02:51 Pour prévenir ces drames, je pense qu'il faut remettre de l'humain, qu'il faut éviter
02:56 de supprimer des postes dans des personnels qui jouent un rôle très spécifique.
03:01 Je pense aux assistants d'éducation, mais je pense aussi aux psychologues.
03:03 En France, on a un psychologue scolaire pour 1500 élèves.
03:07 De l'humain, des moyens.
03:08 Comment vous pensez qu'on peut…
03:09 Et est-ce que vous diriez aussi, Madame Ombry, de l'autorité ? C'est ce qu'a dit le maire
03:11 de Viry-Châtillon.
03:12 Il est centriste, ce n'est pas une question du tout politique.
03:15 Il faut remettre de l'autorité.
03:16 C'est une demande aussi pour la majorité des Français.
03:19 L'autorité, c'est l'autorité de l'État.
03:21 Et oui, peut-être qu'aujourd'hui, il y a une autorité de l'État qui est en train
03:26 de s'amenuir.
03:27 Ce n'est pas aussi l'autorité, par exemple, le respect pour les parents, le respect pour
03:32 les professeurs, le respect pour les policiers.
03:34 Vous n'avez pas l'impression qu'il y a une forme de décomposition de cette autorité ?
03:37 Mais de nouveau, pour que vous donniez des repères à un encadrement aux jeunes et aux
03:42 élèves, il faut de la présence humaine.
03:44 Si les jeunes sont livrés à eux-mêmes, si vous avez des jeunes dont les parents sont
03:49 absents pour plein de raisons.
03:51 Je ne sais pas, je prends plein d'exemples.
03:53 Une femme, mère isolée, qui est femme de ménage et qui se lève à 5h du matin pour
04:00 aller faire du ménage, oui, elle est moins présente.
04:02 Et oui, l'autorité de l'État doit pouvoir pallier, doit pouvoir offrir une présence
04:07 humaine avec des psychologues scolaires, avec des assistants d'éducation, avec des enseignants.
04:12 On a parlé tout à l'heure de la cure d'austérité du gouvernement.
04:14 Mais quand ils suppriment près de 700 millions d'euros, là, pas dans le dernier budget,
04:19 c'est ce que vient d'annoncer Bruno Le Maire.
04:21 En plus des suppressions de postes d'assistants d'éducation, évidemment qu'en bout de
04:24 course, ça a une conséquence pour nos élèves.
04:26 Mais la massification des violences est antérieure à tout cela.
04:28 Cette violence qui s'étend un peu partout, ça n'a pas d'il y a quelques mois ni quelques
04:32 semaines.
04:33 Pour remettre un peu de rationnel, je vous l'ai dit, chaque acte de violence est un
04:36 acte de violence de trop.
04:37 Mais il n'y a pas une augmentation du nombre d'actes de violence en milieu scolaire.
04:42 C'est relativement stable ces 15 dernières années.
04:44 Par contre, il y a des nouvelles questions qui sont posées.
04:45 Je pense au harcèlement scolaire sur les réseaux sociaux.
04:48 Moi, quand j'étais adolescente, c'était au tout début, on avait les téléphones,
04:52 on n'avait pas encore les réseaux sociaux.
04:53 Évidemment, je n'étais pas exposée aux mêmes risques, moi, quand j'avais 15 ans,
04:56 que les jeunes de 15 ans à l'heure actuelle.
04:58 Mais est-ce qu'il y a une autre forme de violence ? Est-ce que vous reprenez d'ailleurs
05:00 le diagnostic du ministre de l'Intérieur, pas spécifique à l'école, mais qui englobe
05:04 aussi quand même l'école, qui a parlé d'ensauvagement lui-même, Gérald Darmanin ?
05:07 Mais l'ensauvagement, ça veut tout et rien dire.
05:11 Vous jetez en pâture l'ensemble de la jeunesse.
05:14 C'est quoi la référence d'être des sauvages ? C'est quoi des sauvageons ?
05:19 C'est ceux qui tuent un adolescent à coup de poing et de pied.
05:23 Et ils seront punis pour ça.
05:25 Est-ce que vous en êtes sûre ? Certains affirment que l'impunité nourrit en fait cette violence barbare.
05:29 Vous savez, plus un système est répressif, ça ne veut pas dire moins il y a de violence.
05:34 Vous pouvez prendre le cas des États-Unis où le système judiciaire est beaucoup plus
05:38 répressif pour les jeunes.
05:39 Vous pouvez enfermer des mineurs, etc.
05:41 Et pourtant, c'est un des pays au monde où il y a le plus de violence parmi les jeunes.
05:44 Parce qu'on a insisté ces dernières dizaines d'années en France sur le volet répressif
05:49 et non sur le volet éducatif et préventif.
05:52 Et oui, c'est vrai, ça nécessite des moyens.
05:54 Mais pardon, si c'est pour éviter que des jeunes se fassent tuer et pour protéger nos
05:59 jeunes et particulièrement à l'école, moi personnellement, je suis prête à mettre
06:03 des moyens.
06:04 - Et vous, vous réfutez qu'il y a plus de violence aujourd'hui chez les jeunes et dans
06:07 les écoles ?
06:08 - Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les chiffres.
06:09 Si vous prenez sur les 15 dernières années, le taux de violence scolaire est relativement
06:13 stable, varie légèrement d'année en année, mais c'est relativement stable.
06:17 Mais je vous l'ai dit, est-ce que c'est une situation satisfaisante ? Évidemment que
06:20 non.
06:21 Chaque acte de violence, il faut le prendre et essayer de le prévenir.
06:24 - Cette impression, par plusieurs partagés, que l'école devient un territoire pour les
06:27 professeurs par exemple.
06:28 Les professeurs qui...
06:29 C'est de plus en plus difficile d'enseigner à cause de climats de contestation, de
06:33 violence.
06:34 - Parce qu'on est aussi parmi les classes les plus surchargées d'Europe.
06:36 Quand un professeur fait face à une classe de 30 élèves, pardon, mais ce n'est pas
06:40 la même chose que de faire face à une classe de 20 élèves.
06:42 Quand un professeur peut faire appel à un système périscolaire, à des assistants
06:47 d'éducation, des psychologues qui vont suivre les élèves, notamment ceux qui sont en difficulté,
06:52 en difficulté familiale, ce n'est pas la même chose.
06:54 Donc oui, il y a une situation de difficulté pour la communauté éducative.
06:57 Je veux leur dire, ma solidarité, c'est la raison pour laquelle je me bats pour redonner
07:01 des moyens dans l'éducation.
07:02 C'est ça qu'on est en train de payer en ce moment.
07:04 - Il y a les moyens et je suis sûre que nombreux de nos auditeurs et télésplicateurs vous
07:08 entendent sur ce point.
07:09 Et puis il y a une question peut-être plus profonde, parce que là j'élargis par rapport
07:12 à ce qui s'est passé.
07:13 Il y a encore quelques jours, le directeur ou le proviseur du lycée Maurice Raval est
07:17 parti pour d'autres raisons.
07:19 Est-ce que vous reconnaissez aujourd'hui qu'il y a une difficulté à enseigner certains cours,
07:23 je pense à la Shoah et d'autres, qu'il y a des coups de canif de plus en plus nombreux
07:27 sur la laïcité ? Là, on élargit un problème et que l'école finalement est devenue un
07:31 miroir de la société selon certains.
07:34 Quel est votre avis ?
07:35 - Là aussi, il faut redonner un peu de rationalisation, un peu de recul.
07:39 Je sais que c'est difficile quand on est en train d'analyser des événements à chaud.
07:42 Sur la laïcité par exemple, j'ai les chiffres sous les yeux.
07:45 Il y a eu 1034 atteintes à la laïcité au mois de septembre.
07:48 Au mois de février, il y en a eu 336.
07:50 Vous allez me dire c'est 336 de trop, mais ce n'est pas vrai de dire que ce chiffre est
07:55 en augmentation.
07:56 Maintenant, je vous le redis.
07:57 Pour que les enseignants puissent enseigner dans de bonnes conditions, il faut qu'il y
08:01 ait moins d'élèves et il faut qu'il y ait plus de personnel d'encadrement.
08:04 C'est tout l'inverse de ce que le gouvernement est en train de faire en supprimant l'ensemble
08:08 de ses postes et en mettant en difficulté nos enseignants.
08:10 On a une autre difficulté, c'est celle du recrutement où le métier est de moins en
08:14 moins attractif parce qu'il n'est pas suffisamment payé.
08:16 - Mais il y a une culture de la intimidation aussi qui s'est installée.
08:18 Depuis Samuel Paty, on sait que les professeurs ont peur.
08:21 C'est-à-dire que si une situation se dégénère d'une manière ou de l'autre, ils ont peur
08:25 d'aller enseigner.
08:26 Dominique Bermar.
08:27 - Pourquoi ils vont avoir peur ? Parce que quand il y a des signalements qui sont faits,
08:30 rien n'est fait.
08:31 Il n'y a pas de suite.
08:32 Donc, sans non plus généraliser à l'ensemble des enseignants de notre pays, mais si un
08:37 enseignant va signaler une situation et qu'il y a une mauvaise coordination entre les différentes
08:41 parties prenantes, alors oui, il y a un problème, une défaillance qu'il faut remédier.
08:45 - Mais prenez que la nouveauté dans le fait qu'un enseignant ne peut pas tout enseigner
08:47 sans risquer peut-être de perdre la vie.
08:49 A l'échelle de l'histoire récente, c'est plutôt nouveau.
08:51 - Ce n'est pas vrai dans l'ensemble des établissements scolaires.
08:54 Il ne faut pas faire de généralisation.
08:55 Maintenant, les difficultés que vous posez, qui existent, qui sont réelles, qui ne sont
08:59 pas une généralité, pour moi, elles font la conséquence de deux choses.
09:04 Un, un défaut de moyens et deux, un défaut de coordination.
09:07 C'est ça que j'essaie de faire.
09:08 - Et peut-être une offrance tiviste islamiste aussi à l'école ?
09:09 - Mais arrêtez de faire un truc généralisation.
09:12 Pareil, on a une loi sur la laïcité qui existe sur l'interdiction du port ostensible de signes
09:19 religieux depuis 2004 qui fonctionne.
09:22 - Donc, il n'y a pas d'offrance tiviste islamiste à l'école aujourd'hui ?
09:25 - Non, ce n'est pas ce que moi je soutiens.
09:26 Franchement, je réfute qu'on fasse une instrumentalisation.
09:30 - Je pose une question, si une offensive islamiste est instrumentalisée ou non, factuellement,
09:33 est-ce qu'il y en a une ?
09:34 - Je vous dis non, puisque si on prend par exemple le nombre d'atteintes à la laïcité,
09:37 elles sont en baisse.
09:38 Je viens de vous donner des chiffres.
09:39 - Vous nous donnez deux chiffres sur deux mois.
09:42 - Non, sur le début d'année et maintenant.
09:44 - Si on prend en annuel, les atteintes à la laïcité ont beaucoup augmenté ces dernières
09:48 années.
09:49 Comment vous pouvez dire ça ?
09:50 - Vous savez, plusieurs choses sur la laïcité.
09:51 Le premier qui porte atteinte à la laïcité ces dernières années, je pense que c'est
09:54 le président de la République lui-même, en assistant à une messe du pape, en assistant
09:59 à Anoukaï, etc.
10:00 La réalité, c'est que la laïcité a été dévoyée, y compris au plus haut sommet de
10:06 l'État.
10:07 Et puis la deuxième chose, c'est que l'importance de cette loi, c'est de montrer que c'est une
10:12 loi pour faire de la pédagogie et du dialogue avec les élèves.
10:16 Et qu'elle ne doit pas être perçue comme une loi de répression.
10:18 Parce que qu'est-ce qu'elle dit cette loi ? C'est une loi sur la liberté de croire
10:22 ou de ne pas croire.
10:23 - Par qui est-elle perçue comme un outil de répression ?
10:28 - Elle est perçue par un certain nombre d'élèves.
10:31 Et c'est bien ça, là aussi, que j'essaie de remédier.
10:33 - Donc il faut s'adapter à leur point de vue ?
10:35 - Non, je pars de cette réalité pour essayer d'y remédier.
10:38 Et pour y remédier, il faut faire de la pédagogie, expliquer que c'est une loi qui garantit la
10:44 liberté.
10:45 C'est pour ça que moi je la défends, que j'y suis favorable.
10:46 Et c'est cette liberté-là qu'on doit pouvoir défendre dans l'ensemble des établissements.
10:49 - Nous allons passer aussi dans quelques instants à la guerre qui est réactivée.
10:54 Point d'interrogation entre le privé et le public.
10:57 Encore une question sur ce sujet.
10:59 Vous n'avez pas répondu précisément sur la responsabilité des parents.
11:02 Est-ce que vous estimez, quand il y a des drames qui conduisent à la mort, qu'il y
11:06 a une responsabilité parentale ? Je mets de côté les fanimes monoparentales,
11:10 on peut comprendre, mais là on parle d'une responsabilité qui pourrait être lourde.
11:13 Est-ce que vous estimez quand même qu'il peut y avoir un lien de cause à effet ?
11:17 - Sur la responsabilité judiciaire, c'est à la justice d'en décider.
11:20 La responsabilité dans un procès peut être déterminée par un juge.
11:26 Mais la question qui est posée de manière plus générale, c'est comment on implique
11:30 les parents pour aider les enfants.
11:32 Mais de ce point de vue-là, vous l'avez dit, on n'est pas tous à égalité.
11:35 Des mères seules qui élèvent plusieurs enfants et qui se lèvent à 4h du mat sont pas dans
11:39 les mêmes conditions qu'un ministre.
11:40 - Ça nous sommes d'accord.
11:41 Mais sur le côté, il peut y avoir une démission de certains.
11:43 - Du temps passant, certains ministres pour autant n'ont pas eu des mêlées avec la justice,
11:48 avec leurs enfants.
11:49 Donc la preuve que ça n'immunise pas.
11:52 Mais vous savez, on a déjà essayé la méthode de culpabilisation des parents.
11:56 Je pense à Nicolas Sarkozy qui avait supprimé les allocations familiales quand il y avait
12:00 un taux d'absentéisme trop élevé pour les enfants.
12:03 De prime abord, certains en peuvent se dire "bon ça peut être une incitation".
12:06 - Une expérience, oui.
12:07 - Mais on a un retour d'expérience.
12:08 La réalité c'est que non seulement le taux d'absentéisme a progressé pour ces enfants-là,
12:13 mais que ça a en plus mis dans des difficultés sociales ces familles-là.
12:16 Et vous tombez dans un cercle vicieux.
12:17 Donc la question qui est posée c'est plutôt comment on va aider ces parents plutôt que
12:21 les culpabiliser.
12:22 Et moi je suis pour les aider là aussi avec un soutien qu'on peut leur apporter.
12:27 On a tous gagné la société.
12:28 - Les aider, dites-vous.
12:29 - Les aider, dites-vous.
12:30 - On va marquer la pause.
12:31 - Mais bien sûr que des parents sont en difficulté et qu'ils n'y arrivent plus.
12:34 Donc la question c'est soit là aussi vous allez mettre tous les parents en prison.
12:37 Bon, je pense que personne ne propose ça sur ce plateau.
12:39 - Moi non, et personne ne l'a dit.
12:40 - C'est pour ça que j'ai terminé ma question.
12:41 - C'est l'action de la responsabilité.
12:42 - J'ai terminé ma phrase en disant je pense que personne ne propose ça sur ce plateau.
12:45 - Ni ailleurs.
12:46 - Donc la question c'est comment on va les aider.
12:47 Et moi ce que je propose là aussi c'est de pouvoir remettre de l'humain, vous l'avez
12:52 compris.
12:53 - Remettre de l'humain et leur laisser la liberté.
12:54 Nous allons parler de l'école privée et publique dans quelques instants.
12:57 Une courte pause et on se retrouve pour Le Grand Rendez-Vous.
13:00 Merci d'être avec nous.
13:04 Le Grand Rendez-Vous, Europe 1, CNews, Les Échos et surtout avec notre invité Manon
13:07 Ombry, tête de liste, la France insoumise aux européennes.
13:10 On va largement parler évidemment de la campagne qui s'accélère.
13:13 Restons encore sur l'école Manon Ombry puisque deux députés, dont un député de la France
13:17 insoumise, ont présenté un rapport sur le financement public de l'enseignement privé.
13:21 Alors ce travail pourrait dépoucher sur une proposition de la France insoumise.
13:25 Et certains se demandent pourquoi s'attaquer à ce qui marche.
13:28 - Justement ce qui est intéressant, vous l'avez dit, c'est une commission d'enquête
13:33 un peu transpartisane et donc mon collègue Paul Vannier de la France insoumise y a participé.
13:37 Et leurs conclusions sont assez stupéfiantes parce qu'ils ont déjà cherché à se poser
13:42 une question assez simple, c'est combien l'État français dépensait pour l'école
13:47 privée ? Le sous-entendu n'est pas "il faut y mettre un terme", juste savoir et avoir
13:51 de la transparence.
13:52 Eh bien, ils n'ont pas su obtenir cette réponse.
13:54 10 milliards, 11 milliards, 12 milliards, personne n'a le chiffre.
13:57 Et ce dont ils se sont aperçus aussi en faisant leur enquête, c'est qu'en réalité c'était
14:01 un système qui était hors de contrôle, où il y avait très peu de contrôle sur
14:05 l'utilisation des fonds publics.
14:06 Je vous le redis, l'objectif n'est pas de mettre un terme à l'école privée, mais
14:09 de pouvoir le contrôler, puisqu'il y a de l'argent public.
14:11 L'école privée est financée à 75% par des fonds publics et ils ont calculé qu'au
14:17 rythme où ça va, il faudrait 1500 ans pour auditer l'ensemble des écoles privées,
14:22 qui parfois n'avaient même pas leur contrat avec l'État.
14:25 On voit en fait que c'est un sujet auquel personne ne s'est attaqué ces dernières
14:29 années.
14:30 Vous dites que l'objectif n'est pas de mettre un terme à fermer les écoles privées,
14:32 mais certains chez vous, à la France Insoumise, sont pour la nationalisation, le retour au
14:37 grand service public de l'éducation qui avait été poussé par la gauche du temps
14:41 de François Mitterrand ?
14:42 Personne n'a demandé la fermeture des écoles privées, on demande juste qu'il y ait des
14:45 règles qui s'appliquent.
14:46 C'est intéressant de savoir, moi personnellement je ne le savais pas avant leur étude, qu'on
14:51 ne sait même pas combien d'argent il y a, on ne sait même pas combien de contrôles
14:54 ont été faits, alors que c'est de l'argent public.
14:56 Donc je pense que n'importe qui un peu soucieux, et je fais sûr qu'aux Écoles, vous êtes
14:59 très soucieux de l'argent public, on devrait se poser la question de comment cet argent
15:03 est utilisé pour qu'il y ait suffisamment de contrôles.
15:05 On a l'impression que la cible c'est l'école catholique.
15:08 Non, non, c'est l'ensemble des écoles privées, quelle que soit leur confession, et d'ailleurs
15:11 ils ont examiné des écoles privées d'horizons extrêmement différents.
15:14 Non, absolument pas.
15:15 Mais en tant que tel, il n'y a pas la querelle entre une partie de la gauche et l'école
15:19 libre, l'école privée, ne date pas d'hier ? Pour vous c'est une querelle qui est terminée,
15:23 en tant que tel, il y a une légitimité de l'école privée, elle doit se poursuivre,
15:26 elle ne cause pas problème ?
15:27 Non, personne n'a remis en cause l'existence des écoles privées, ce qu'on remet en cause
15:31 c'est l'absence de règles et l'opacité totale qui entoure ces écoles privées.
15:35 Donc on veut qu'il y ait du contrôle, après chacun, chaque famille choisira de mettre
15:39 ses enfants dans l'école privée et l'école publique.
15:41 C'est mieux de l'entendre, c'est mieux de le dire.
15:43 Je comprends aussi le rapport, et c'est assez intéressant, c'est une forme de ségrégation
15:47 sociale quand même, qu'il faut avoir à l'esprit, et qui est beaucoup plus forte
15:49 que ça ne l'était dans le passé, ou même quand moi j'étais à l'école, puisqu'il
15:53 y a par exemple dans l'école privée, trois fois moins de boursiers que dans l'école
15:57 publique.
15:58 Donc ça pose une question aussi, quand on veut faire société, quand on veut faire
16:01 de la mixité sociale, c'est vrai qu'il y a une question qui est posée.
16:04 Est-ce qu'il faudrait mettre des quotas dans les écoles privées pour les boursiers
16:06 et pour les gens des milieux populaires ?
16:08 Mes collègues vont faire une proposition de loi à l'Assemblée nationale, ils vont
16:12 essayer d'y remédier, mais je pense que la question de la mixité sociale aujourd'hui
16:14 est un vrai enjeu dans l'école privée, mais aussi dans l'école publique.
16:17 Quand le gouvernement par exemple, avec leur choc des savoirs, veut faire des groupes de
16:21 niveau, c'est une forme de ségrégation sociale qui est je pense aussi extrêmement dangereuse
16:26 pour faire société, mais aussi pour le niveau moyen des élèves, parce que le but c'est
16:30 de tirer vers le haut l'ensemble des élèves.
16:31 Mais vous êtes conscient que plusieurs envoient leurs enfants à l'école privée parce qu'ils
16:34 ont un doute désormais sur l'école publique.
16:36 Ils espèrent retrouver là des vertus qui ne sont peut-être plus présentes, l'autorité,
16:40 la transmission des savoirs.
16:41 Ok, et donc votre solution c'est de tuer l'école publique et développer l'école
16:46 privée ?
16:47 J'ai aucune solution, je vous retourne la question.
16:48 Vous comprenez le comportement des parents, pourquoi tant de parents envoient leurs enfants
16:51 privés ?
16:52 C'est pour ça que moi je me bats, pour protéger l'école publique et pour avoir des moyens
16:56 dans l'école publique.
16:57 Quand le gouvernement annonce là dans les 10 milliards de coupes budgétaires de Bruno
17:00 Le Maire, près de 700 millions d'euros de coupes budgétaires dans l'éducation de
17:04 manière spécifique, soit l'équivalent de plus de 2000 postes.
17:06 Quand il n'y a pas eu un collège ou un lycée à la rentrée où il n'y avait pas au moins
17:11 un enseignant qui n'était pas présent, quand les enseignants ne sont pas remplacés.
17:15 Oui, il y a un problème aujourd'hui, puisque le président de la République disait que
17:20 l'école est le sanctuaire.
17:21 Pour le coup, je suis assez d'accord avec cela, mais un sanctuaire ça se protège.
17:25 Et ils l'ont détruit, ils l'ont détruit.
17:27 Qui ?
17:28 Ces gouvernements, ces gouvernements ces dernières années.
17:31 Là où vous avez raison, c'est que la destruction progressive de notre école publique, elle
17:38 ne date pas d'aujourd'hui et elle s'est faite progressivement et on en paye le prix
17:41 aujourd'hui.
17:42 Quand vous avez le salaire moyen des professeurs aujourd'hui en France, qui est d'en dessous
17:46 de la moyenne de l'OCDE et de la moyenne de l'Union Européenne, on voit comment on dévalorise
17:51 le métier de professeur, comment on n'arrive pas à en attirer.
17:54 Vous avez plus de 3000 postes qui étaient non pourvus.
17:56 Parce qu'en fait, aujourd'hui quand on fait nos études, on se dit que ce n'est pas un
18:00 métier attractif.
18:01 Ce qu'on craint, c'est qu'en fait, les difficultés du public, vous les mettiez aussi sur le privé.
18:04 Le privé qui est un peu efficace et sans superviser, vous allez niveler vers le bas.
18:09 Au contraire, j'ai un raisonnement inverse, c'est de protéger, de développer le public
18:12 pour que l'offre et la qualité de l'éducation dans le public fassent qu'aujourd'hui, les
18:18 seules raisons peuvent être d'envoyer son enfant dans le privé.
18:20 Mais je me refuse de vivre dans un pays où, en fonction de l'argent que vous avez dans
18:25 votre porte-monnaie, vous n'aurez pas la même éducation pour vos enfants.
18:28 Je me refuse de ça.
18:29 L'argent, justement, on va en parler.
18:30 Ce sont les économies que cherche partout le gouvernement.
18:33 Mais le gouvernement ne présente pas la nouvelle réforme de l'assurance chômage dans cette
18:37 optique.
18:38 En tous les cas, il dit que ce n'est pas uniquement pour un objectif financier, mais
18:41 il utilise aussi d'efficacité pour faciliter le retour à l'emploi.
18:44 Pourquoi vous le contestez, cela ?
18:46 Cette réforme de l'assurance chômage, je vais vous dire, c'est une folie à plusieurs
18:50 égards.
18:51 D'abord, elle est inefficace.
18:52 Il y a eu plusieurs réformes de l'assurance chômage ces dernières années.
18:56 Il n'y a eu aucun impact sur l'emploi qui a été constaté.
19:00 Le chômage a beaucoup baissé, quand même.
19:03 Non, et là, il réaugmente un petit peu.
19:06 Cette réforme, elle n'est basée sur aucune étude.
19:10 Vous avez peut-être vu la question qui a été posée en conférence de presse à la
19:13 porte-parole du gouvernement Prisca Tevenault.
19:14 Un journaliste lui demande, ce qui je pense est normal, sur quelle étude se base ?
19:19 Elle dit « Non, tout le monde le sait ».
19:21 Oui, non, tout le monde le sait.
19:22 C'est important.
19:23 Vous vous dites, Manon Bry, pour consacrer qu'il n'y a aucun lien entre le niveau
19:28 ou la durée d'indemnisation du chômage et le chômage lui-même ?
19:31 Oui, il suffit de voir ce qu'il s'est passé.
19:33 Vous avez une preuve empirique ces dernières années.
19:35 Vous avez eu trois réformes de l'assurance chômage sans impact concret sur le taux
19:39 de chômage.
19:40 Et puis d'ailleurs, je me souviens du gouvernement lors de la précédente réforme de l'assurance
19:43 chômage.
19:44 Est-ce que vous, vous avez des études qui le prouvent, qu'il n'y a pas d'impact ?
19:46 Mais aujourd'hui, vous comprenez bien que c'est juste une trappe à pauvreté, la réalité.
19:52 Vous allez créer des gens qui sont pauvres.
19:55 Et je me souviens du gouvernement qui a dit qu'on durcirait les conditions d'accès
20:04 à l'assurance chômage quand le marché de l'emploi évoluerait et quand les conditions
20:09 seront meilleures, on pourra faire évoluer et réduire la durée.
20:14 Mais la réalité, c'est qu'ils n'ont pas fait ça.
20:16 Donc vous voyez, cette réforme, elle est inefficace, elle est injustifiée.
20:19 Les comptes de l'Unédic, par ailleurs, sont en positif.
20:22 Et elle est surtout injuste, injuste.
20:24 Parce que la réalité, c'est que vous allez créer des pauvres et à la fin, tout le monde
20:30 est perdant.
20:31 Ce que je veux bien qu'on comprenne ça et après, promis, je prends votre question.
20:33 Si vous baissez la durée et le montant de cotisation de l'assurance chômage, vous
20:37 allez pousser les gens à accepter n'importe quel petit boulot sous-payé.
20:43 Vous allez créer des jobs à 1 euro et à la fin, tout le monde va être perdant.
20:47 L'ensemble des gens qui nous écoutent, que vous soyez au chômage ou pas, vous allez
20:51 perdre.
20:52 Comment expliquez-vous qu'une majorité de Français, tous les sondages le montrent,
20:56 soutiennent ces réformes, les approuvent, parfois très majoritairement ?
21:00 Monsieur Dupont, vous savez, je lis régulièrement Les Echos, qui est un très bon journal économique.
21:08 C'est mon tropisme.
21:09 Avant d'être élu, je travaillais pour l'ONG Oxfam sur les questions de lutte contre l'évasion
21:12 fiscale.
21:13 Donc j'ai gardé cette habitude de lire Les Echos.
21:15 Et vous posez la question de comment finalement rembourser le déficit.
21:20 Et vous avez, ça je ne sais pas si on va le voir.
21:23 Vous ne répondez pas à ma question sur les sondages.
21:24 Si, justement, c'est un sondage qui a été publié dans votre excellent journal Les Echos,
21:28 qui demande les mesures plébiscitées par les Français pour réduire le déficit.
21:33 Et la première ligne, c'est taxer les superprofits des entreprises à 84%.
21:37 Et la deuxième ligne, à 76%, c'est augmenter les impôts pour les Français et les plus
21:43 riches uniquement.
21:44 Donc les Français les plus riches uniquement, donc les très très riches.
21:47 Donc vous le voyez, quand on pose la question aux Français sur comment payer le déficit,
21:51 on y reviendra après au passage que Bruno Le Maire a lui-même creusé, eh bien les
21:55 Français répondent, il faut taxer les superprofits, il faut taxer les très riches, en gros vers
21:59 la poche des profiteurs plutôt que des chômeurs.
22:00 Le gouvernement, Manon Aubry, veut le faire avec les énergéticiens, on va y revenir.
22:03 Ce n'est pas vrai, Madame Mabrouk.
22:04 Ce n'est pas vrai.
22:05 Là, vous touchez à un sujet que je connais extrêmement bien.
22:08 En l'occurrence, on va marquer la pause et on va en parler.
22:10 C'est important.
22:11 Mais je note quand même, parce que ça, il n'y a pas d'étude empirique prouvant aussi
22:15 qu'une réforme de l'assurance chômage n'a pas donné de résultats sur le chômage.
22:20 À l'inverse.
22:21 Toutes les réformes de l'assurance chômage qui ont été faites, qui consistent à baisser
22:24 le niveau d'indemnité et à baisser la durée d'indemnité, n'ont pas produit de baisse
22:29 du niveau du chômage.
22:30 Ça, c'est ce qui s'est passé ces dernières années.
22:32 Donc, on a la preuve par les faits.
22:33 Une courte pause et on se retrouve en direct, bien sûr.
22:35 A tout de suite.
22:36 Merci de nous suivre en direct sur CNews et Europe 1.
22:42 Avant de parler de la campagne, évidemment, des européennes qui s'accélèrent.
22:45 Encore une question sur la recherche à tout prix des économies, Manon Aubry.
22:49 Le gouvernement a parlé de taxation des rentes.
22:52 La France, des bas de laine, s'est inquiétée.
22:54 On apprend maintenant que ce seraient les rentes des énergéticiens.
22:57 En particulier, vous devez être satisfaite.
22:59 En réalité, cette taxe, elle existe déjà.
23:02 C'est une taxe pour laquelle on s'est battu.
23:04 Je me suis battue au niveau européen sur les super profits des entreprises énergéticiennes.
23:09 Mais la réalité, c'est qu'elles devaient rapporter quelques 3 milliards d'euros et
23:13 qu'il n'en a été que quelques centaines de millions d'euros.
23:17 Entre 300 et un peu plus de 300 millions d'euros, nous indique le gouvernement.
23:21 Bref, c'est rien.
23:22 Les super profits des entreprises énergéticiennes, pour qu'on le comprenne bien, c'est 30 milliards d'euros.
23:26 Et la réalité, c'est que des super profits ont été faits dans tous les secteurs.
23:30 Dans le secteur énergétique, mais aussi, je pense, dans le secteur agroalimentaire.
23:33 Quand on fait nos courses, on a bien vu que les prix des denrées alimentaires ont augmenté
23:37 de plus de 20%.
23:38 À l'autre bout de la chaîne, les agriculteurs, ils n'ont pas vu la couleur de cet argent,
23:41 leur revenu baisse parce qu'au milieu, les marges des entreprises agroalimentaires ont
23:45 augmenté de 70%.
23:46 Pourquoi elle n'a pas marché cette taxe ? C'était une mauvaise idée ?
23:48 Non, parce que l'asset fiscal était trop petit, le taux était trop faible.
23:52 Et la réalité, c'est que ce gouvernement ne veut pas s'en prendre ni aux super profits,
23:58 ni à la richesse, à la fortune des super milliardaires.
24:01 Alors, quand on sait qu'il y a des millionnaires, le gouvernement est composé à moitié de millionnaires.
24:05 On comprend mieux pourquoi ils freinent des cas de fer.
24:08 Ça fait un peu de la démagogie.
24:10 C'est la réalité.
24:11 Vous pensez qu'ils protègent pour se protéger eux-mêmes ?
24:14 La moitié du gouvernement est composé de millionnaires et la réalité, c'est qu'ils
24:16 ne le veulent pas taxer.
24:17 Je ne veux pas vous renvoyer au patrimoine de Jean-Luc Mélenchon à chaque fois, mais
24:20 vous le pouvez bien le faire.
24:21 Mais vous savez, Jean-Luc Mélenchon l'a dit à de très nombreuses reprises, il est d'accord
24:23 pour payer plus d'impôts.
24:24 Et moi, je le dis avec la réforme fiscale que nous proposons, plutôt que d'appauvrir
24:29 nos services publics, on parlait de l'éducation tout à l'heure, plutôt que d'appauvrir
24:34 nos chômeurs et de créer de la pauvreté dans notre pays, on ira chercher l'argent
24:38 là où il est, dans la poche des millionnaires et des milliardaires qui se portent très
24:42 bien, les 42 milliardaires français ont fait plus de 240 milliards d'euros depuis 2020.
24:48 Vous n'irez pas plus loin, Manon Brice.
24:49 Juste terminé là-dessus, c'est l'équivalent d'un chèque de 3400 euros.
24:52 Mais qu'est-ce qui garantit que vous n'irez pas plus loin ? On parle de la France des
24:54 Badelaines qui s'inquiète pour son livret A.
24:56 Mais vous savez que la France des Badelaines a la raison de s'inquiéter quand on voit
24:59 que le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, n'exclut pas d'augmenter
25:03 la TVA.
25:04 Et je me souviens, pendant la campagne présidentielle avec Jean-Luc Mélenchon, on avait dit qu'à
25:08 cause des nouvelles règles budgétaires européennes que je combatte, que mon groupe a été bien
25:12 seul à combattre, qu'il y aurait 20 milliards d'euros d'économies par an à faire et que
25:16 un des plans du gouvernement pourrait être d'augmenter la TVA.
25:19 Eh bien, nous y voilà, nous avions raison.
25:22 Et moi, je refuse parce que la TVA, c'est l'impôt le plus injuste.
25:25 C'est celui qu'on paye quand on fait nos courses.
25:27 C'est celui que les pauvres payent en plus grande proportion.
25:29 Mais vous noteriez qu'on promet souvent des taxes pour des super profits, des super richesses
25:32 et au final, c'est la classe moyenne qui finit souvent par casquer.
25:34 Mais je suis d'accord avec vous et je le regrette.
25:36 Le commun des mortels a raison de s'inquiéter des nouvelles taxes et des nouveaux impôts.
25:39 Le commun des mortels a raison de s'inquiéter en effet de ce que fait le gouvernement.
25:42 Et je veux lancer l'alerte solennellement à votre antenne que le gouvernement nous
25:47 dise oui ou non s'ils ont prévu d'augmenter la TVA pour aller chercher de l'argent dans
25:52 les caisses de l'État.
25:53 Et j'observe au passage que Bruno Le Maire quand même nous demande de rembourser un
25:58 trou financier qu'il a lui-même creusé.
26:00 Il se présente en Mozart de la finance, pardon, mais ce sont des toccards de l'économie.
26:04 Parce que ce trou, il a été créé par ce gouvernement.
26:07 Votre mot toccard est quand même...
26:08 Ce sont des toccards de l'économie.
26:10 Ils sont incapables.
26:11 Ils montent sur le déficit prévu de tous les économistes, un peu sérieux, y compris
26:16 ceux qui ne sont pas de mon bord politique, avaient prédit que le taux de déficit serait
26:20 plus élevé et que le taux de croissance serait plus faible.
26:22 Vous voulez nous faire croire qu'en faisant payer quelques entreprises énergéticiennes
26:25 qui font beaucoup de profit et les milliardaires, on va combler le déficit de la France qui
26:30 s'est élevé l'année dernière à plus de 150 milliards.
26:32 Je vous donne un exemple.
26:33 Le gouvernement veut faire 20 milliards d'euros d'économie par an.
26:35 Une taxation des super profits, c'est entre 15 et 20 milliards d'euros.
26:38 Rien qu'avec cette mesure-là, on peut combler ce déficit.
26:41 Les Français auront le choix.
26:43 Est-ce qu'ils préfèrent faire la poche des super profiteurs de la crise des grandes
26:48 entreprises multinationales, on ne parle pas des petites entreprises, ou est-ce qu'ils
26:51 veulent sacrifier nos services publics, payer plus cher leurs médicaments, avoir moins
26:55 de profs dans nos écoles ? C'est ça le choix aujourd'hui qui a fait augmenter la TVA.
26:59 C'est finalement la question qui nous sera posée le 9 juin prochain.
27:02 Est-ce que vous voulez davantage d'austérité, davantage de sacrifice de notre protection
27:06 sociale et des services publics, ou est-ce que vous voulez taxer les super profiteurs
27:10 et les milliardaires ?
27:11 Et vous demandez clarification au gouvernement, on l'a compris sur la TVA.
27:14 Autre sujet, Manon Bry, nous sommes six mois après les attaques sanglantes du 7 octobre.
27:19 Israël et Benyamin Netanyahou ne comptent pas, en tout cas, Benyamin Netanyahou ne compte
27:23 pas du tout stopper la riposte pour, dit-il, anéantir le Hamas.
27:27 Le bilan est très lourd pour les otages, encore un otage a été retrouvé mort avant-hier.
27:31 Quel bilan vous faites de ces six mois ?
27:33 C'est un bilan qui est terrible et qui est macabre.
27:37 On a vu l'incapacité d'abord du gouvernement de Benyamin Netanyahou à ramener les otages
27:44 dont nous demandons la libération depuis le premier jour.
27:47 Et puis c'est aussi un carnage sans précédent dans la bande de Gaza.
27:52 Il est mort à Gaza 33 000 personnes depuis le mois d'octobre, dont 40 % d'enfants.
28:00 Il est mort à Gaza en quatre mois davantage d'enfants que dans l'ensemble des conflits
28:04 internationaux depuis quatre ans.
28:06 Vous avez 60 % dans la bande de Gaza, 60 % des bâtiments scolaires et médicaux qui
28:11 ont été détruits.
28:12 Est-ce que le Hamas porte la responsabilité de ce bilan ?
28:15 La seule responsabilité de ce bilan dans la bande de Gaza, c'est le gouvernement de
28:19 Benyamin Netanyahou.
28:20 C'est lui qui tue, c'est lui qui affame.
28:24 Mais vous savez, un droit à la défense n'est pas un droit à la vengeance indiscriminée.
28:28 Vous avez vu les alertes à tous les niveaux, à la fois du Conseil de sécurité des Nations
28:35 unies qui a appelé un cessez-feu pendant des mois.
28:37 On a été bien seul à demander un cessez-feu.
28:39 Est-ce que vous diriez que les Palestiniens de la bande de Gaza sont aussi, ou peut-être
28:43 d'abord, les victimes du Hamas ?
28:44 Les Palestiniens de la bande de Gaza sont victimes de bombes qui viennent du gouvernement
28:49 de Benyamin Netanyahou.
28:50 Ils meurent de faim aussi.
28:51 Je veux bien qu'on comprenne ça.
28:54 C'est qu'aujourd'hui, dans la bande de Gaza, on meurt de faim.
28:59 On meurt parce qu'ils sont affamés par le blocus du gouvernement israélien qui empêche
29:06 ne serait-ce que de la nourriture d'entrer dans la bande de Gaza.
29:08 Pardon, mais ce massacre…
29:09 Le Hamas n'a pas vraiment…
29:10 Non, mais c'est trop facile de dire cela.
29:12 C'est trop facile de dire cela.
29:13 Madame Omri, je pose une question.
29:15 On a compris votre condamnation claire et sans ambiguïté de Benyamin Netanyahou.
29:19 Je vous pose la question.
29:20 Est-ce que le Hamas a une responsabilité ?
29:21 Vous savez, j'ai tout autant condamné les actes du Hamas qui sont des actes terroristes
29:26 le 7 octobre.
29:27 Le fait que le Hamas est en responsabilité depuis un temps à Gaza, est-ce que le Hamas
29:31 a condamné son propre peuple ?
29:32 Ma douce sol, c'est le droit international.
29:35 Et en droit international, le gouvernement de Benjamin Netanyahou n'a pas le droit
29:39 de tuer et d'essimer un peuple.
29:41 La Cour internationale de justice a lancé l'alerte il y a déjà de cela plusieurs
29:45 semaines en disant que le risque de génocide était imminent.
29:47 Maintenant, le risque de génocide est en train de se matérialiser concrètement puisque
29:52 les mesures conservatoires demandées au gouvernement israélien n'ont pas été mises en œuvre.
29:57 Et je veux le dire très solennellement, tous ceux qui ferment les yeux, tous ceux qui ont
30:00 des pudeurs de gazelle à qualifier ce qu'il se passe dans la bande de Gaza aujourd'hui
30:04 portent une lourde responsabilité.
30:06 Madame Omri, vraiment, je vous pose une question.
30:08 Elle est simple.
30:09 On a entendu et c'est important ce que vous dites.
30:11 Je vous pose simplement la question.
30:12 Si le Hamas est co-responsable d'une telle situation, c'est grave.
30:15 Je ne défends pas le Hamas.
30:16 Je sais bien.
30:17 Pour te respondre à la question, est-ce que vous en avez aussi ?
30:19 C'est trop facile de dire que le Hamas est responsable.
30:22 Attendez, qui largue les bombes ? C'est le Hamas ?
30:25 Qui affame le peuple palestinien ? C'est le Hamas.
30:29 Le Hamas ne joue en rien en empêchant la délégation des armées.
30:34 Bien sûr que le Hamas a joué un rôle en menant ses actes terroristes.
30:38 Mais vous savez, la colonisation et la destruction du peuple palestinien
30:42 n'a pas démarré au mois d'octobre.
30:44 Elle a démarré bien avant.
30:45 La colonisation qui se déroule en Cisjordanie n'a pas démarré au mois d'octobre.
30:49 Elle a démarré bien avant.
30:50 Les violations des droits humains, les violations du droit international
30:53 ont démarré bien avant.
30:55 Donc la question qui est posée maintenant, et c'est le droit international qui le dit,
30:58 la question qui est posée, c'est comment on arrête ce massacre.
31:01 Vous êtes une responsable de politique, figure majeure de la classe politique française.
31:03 Est-ce que le Hamas est un mouvement totalitaire ?
31:05 Mais c'est un mouvement qui est classé comme une organisation terroriste par l'Union européenne.
31:09 Est-ce que c'est un mouvement totalitaire responsable du malheur de son peuple en partie ?
31:12 La question qui m'importe, c'est comment on fait en sorte
31:14 qu'il n'y ait pas plus de drame dans la bande de Gaza.
31:16 Et quand je vois que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies
31:20 a voté un embargo sur l'envoi d'armes d'Israël à Israël,
31:24 et que la France et Emmanuel Macron nous couvrent de honte
31:27 en s'abstenant sur cette résolution,
31:29 qu'ils ont envoyé plus de 100 000 pièces de fusil
31:32 qui sont utilisées pour massacrer le peuple palestinien,
31:34 je vois la responsabilité et la complicité majeure de la France dans ce massacre.
31:38 Et j'ai honte.
31:39 - Vous dites "complicité majeure" ?
31:41 - Oui, quand ils envoient des armes.
31:43 Attendez, quand la France envoie des armes
31:46 qui servent à massacrer le peuple palestinien.
31:49 Vous ne pensez pas qu'il y a une responsabilité de la France ?
31:51 - Vous avez parlé de génocide ?
31:53 Est-ce que la France, pour vous, est complice d'un génocide ?
31:55 - Si la France ne fait rien pour arrêter les massacres en cours,
31:59 et si ce massacre en cours est qualifié par le droit international comme un génocide,
32:02 oui, il porte une part de responsabilité.
32:04 - Complice de génocide, alors.
32:06 - Pourquoi la France continue à envoyer des armes ?
32:09 Pourquoi la France refuse de suspendre l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Israël,
32:13 comme nous le demandons ?
32:15 Pourquoi la France refuse ?
32:17 - Quels autres pays ont suspendu ?
32:19 - Il y a des États comme le Canada qui ont suspendu l'envoi.
32:22 - Il y a un peu, il faut dire, des infinitésimales.
32:24 - Oui, mais qui ont quand même montré la voie.
32:26 Des États européens comme la Belgique ont voté en faveur de la résolution au Conseil des droits de l'homme,
32:30 comme je vous le disais.
32:32 Je rappelle qu'il y a plus de 130 États dans le monde qui reconnaissent l'État de Palestine,
32:35 139 pour être très exact.
32:37 L'Espagne a proposé que l'Union européenne reconnaisse l'État de Palestine,
32:41 et je suis surprise que la France se refuse toujours.
32:45 Donc moi je vous propose des choses très simples.
32:47 Que la France décide un embargo sur l'envoi d'armes à Israël,
32:49 demande la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël,
32:53 et reconnaisse l'État de Palestine.
32:55 Voilà comment la France pourrait retrouver son rôle diplomatique en faveur de la paix face à un massacre qui est en cours.
33:00 La réaction de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, dont vous connaissez les positions sur ce sujet,
33:05 il dit ceci, bien sûr, derrière il y a cet antisémitisme,
33:10 parlons de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise,
33:13 cette haine des Juifs et d'Israël qui se rejoignent,
33:15 parlons aussi, faisons la comparaison avec la liste antisioniste de Dieudonné et de Sorales,
33:19 je crois en 2009, il dit "on ne peut pas développer cette haine d'Israël compulsive
33:23 que certains députés de LFI portent à leur paroxysme,
33:26 et dire que de l'autre côté on lutte contre cet antisémitisme".
33:29 Comment vous répondez à ça ?
33:30 Déjà je ne sais pas bien qui écoute encore Manuel Valls pour commencer,
33:34 mais surtout, sur le fond, il faut arrêter.
33:36 Moi si j'ai la haine de quelque chose, c'est la haine de la violation des droits internationaux,
33:40 c'est la haine des violences qu'on inflige au peuple palestinien,
33:43 c'est la haine de la complicité des États qui ferment les yeux,
33:46 c'est la haine finalement des violences qui sont en cours.
33:52 Peut-être ajouter la haine des organisations terroristes comme le Hamas.
33:55 Mais aujourd'hui, je vous l'ai dit, ce qui bombarde le territoire palestinien,
33:59 c'est le gouvernement israélien.
34:01 Bien sûr que je ne partage pas les méthodes du Hamas, mais c'est quoi la solution ?
34:05 Aujourd'hui on a 33 000 morts, il va y en avoir demain 50 000, 100 000, 200 000.
34:10 On va déraciner un peuple tout entier,
34:12 et ça après déjà plus de 50 ans de colonisation ?
34:15 C'est ça qu'on veut ? Rayer un peuple de la carte ?
34:18 C'est ça l'intention du gouvernement israélien ?
34:21 Ils l'ont dit d'ailleurs très clairement, qu'ils ne veulent pas s'arrêter là.
34:24 Donc franchement, aujourd'hui on devrait déployer toute notre énergie,
34:27 toute notre force pour ramener la paix dans la bande de Gaza,
34:30 et cela passe par des sanctions.
34:32 Je m'étonne d'ailleurs du deux poids deux mesures.
34:34 On a voté plus de 11 paquets de sanctions à raison à l'égard de la Russie
34:38 quand il a fallu agir pour arrêter la guerre en Ukraine.
34:42 Pourquoi quand Israël viole le droit international...
34:45 Faut-il Benyamin Netanyahou même combat ?
34:47 Non, j'observe que quand il y a des violations du droit international,
34:49 notre main ne tremble pas pour décider de sanctions à l'égard du régime russe,
34:53 mais que nos gouvernements protègent les intérêts du gouvernement israélien
34:57 et refusent des sanctions.
34:59 Une courte pause, et on va aussi, même si cela a trait à la campagne des européennes,
35:02 entrer dans cette campagne qui s'accélère sur le plan européen,
35:05 les accords de libre-échange, mais aussi une bataille à gauche qui est en cours.
35:09 A tout de suite.
35:11 La suite du Grand Rendez-vous européen, c'est News Les Echos.
35:17 Notre invité, Manon Aubry, tête de liste La France Insoumise pour les Européennes,
35:20 est au cœur de cette campagne.
35:22 On a plusieurs sujets, on va y venir, l'agriculture, les accords de libre-échange,
35:25 l'immigration aussi, Manon Aubry, avec les partis politiques qui sont divisés
35:29 sur le pacte asile et immigration européen.
35:31 Est-ce que pour vous, il faut encore plus contraindre les États à accepter
35:34 et à répartir les migrants ou est-ce qu'il faut totalement changer de paradigme ?
35:38 Oui, il faut davantage de solidarité parce que la réalité aujourd'hui,
35:41 c'est que les États du sud de l'Union européenne, la Grèce, l'Italie,
35:45 au premier chef, font face à une arrivée de migrants qu'ils doivent gérer seuls,
35:51 alors qu'en réalité, s'il y a une clé de répartition au sein des États européens,
35:55 alors ça devient beaucoup plus gérable.
35:57 Ce qu'on a été capable de faire, d'ailleurs, au moment de la guerre en Ukraine,
36:00 où on a accueilli plusieurs millions d'Ukrainiens dans l'Union européenne,
36:04 la France en a accueilli d'ailleurs plutôt moins que les autres États européens,
36:07 un peu plus de 100 000.
36:09 Un pays en guerre, je ne sais pas si tout ce qui arrive vient de pays en guerre, malheureusement.
36:14 J'étais à Calais ce vendredi, j'ai rencontré des Syriens, par exemple.
36:20 Vous m'accorderez qu'aujourd'hui, être en Syrie, vous ne vivez pas forcément dans de bonnes conditions.
36:26 Je pense à des femmes qui fuient l'Afghanistan, bref, à des gens qui demandent le droit d'asile
36:31 et qui, aujourd'hui, vont voir leur droit d'asile en réalité remis en cause
36:35 par ce nouveau pacte asile-immigration, qui prévoit un refoulement plus systématique à la frontière.
36:41 Mais une répartition aussi ?
36:42 Un renvoi vers ce qu'ils appellent des pays sûrs, et l'Union européenne considère comme pays sûrs
36:47 des pays, des États comme la Libye, où on torture et on maltraite les gens.
36:51 Il n'y a rien de bon dans ce pacte asile-immigration ?
36:54 On nous avait annoncé un principe de solidarité qu'on évoquait,
36:57 qui était un principe sur lequel on était plutôt favorable.
37:00 Et non seulement ce principe a été jeté à la poubelle,
37:02 mais les États qui refusent d'accueillir leur part de migrants
37:08 vont pouvoir payer et financer des murs à la frontière de l'Union européenne.
37:12 Voilà ce que prévoit ce pacte asile-immigration.
37:14 Plutôt que de faire deux choses, à mon sens sur les questions migratoires,
37:17 il faut un accueil digne quand les gens arrivent,
37:20 et puis il faut lutter contre les causes profondes de la migration,
37:23 parce que personne ne choisit de monter sur un radeau de survie au péril de sa vie
37:27 comme sur un bateau de croisière, quand vous fuyez la guerre,
37:29 quand vous fuyez des inondations, etc.
37:31 Est-ce que l'État est en droit, par exemple, de dire "nous refusons" ?
37:34 Vous dites "certains États vont financer des fameux murs".
37:36 Est-ce qu'ils sont en droit de dire "selon notre souveraineté,
37:38 nous ne voulons pas accueillir davantage de migrants parce que nous ne pouvons pas" ?
37:41 Les États sont bien en droit de faire ce qu'ils veulent.
37:44 Vous leur reconnaissez cette souveraineté ?
37:45 Mais moi, je me bats pour une vision beaucoup plus humaine.
37:49 Vous savez, j'étais à Calais vendredi,
37:51 et je voyais des jeunes hommes, notamment,
37:54 qui ont fui l'enrôlement obligatoire dans l'armée de Bachar el-Assad en Syrie,
37:58 et qui nous racontaient leur parcours abominable qu'ils ont réalisé.
38:04 Pendant deux ans, ces deux endérances, d'un État à l'autre,
38:07 ils ont été torturés et emprisonnés en Libye,
38:09 ils ont risqué leur vie à travers la mer Méditerranée.
38:12 J'avais honte. Ils vivaient avec rien, sans nourriture, dans la boue, maltraités.
38:17 J'avais honte de notre degré d'humanité.
38:19 Qu'est-ce que vous appelez un accueil digne et humain ?
38:21 Est-ce qu'un accueil digne et humain pour la gauche,
38:23 c'est les retrouver sous un pont par Delà-Chapelle ?
38:25 Est-ce qu'un accueil digne et humain, c'est les entasser sous les tentes ?
38:28 Est-ce qu'on a les moyens, aujourd'hui, cet accueil digne et humain,
38:31 quand l'immigration est en contrôle ?
38:32 Mais bien sûr que nous avons les moyens, Sonia Mabrouk.
38:34 On a su le faire pour les réfugiés ukrainiens, sans aucune difficulté.
38:37 Pourquoi on le fait moins pour cela ? Quelle différence y voyez-vous ?
38:39 Mais je pose la question.
38:40 Est-ce que c'est à cause de leur couleur de peau, de leur religion ?
38:43 Aujourd'hui, je reprends l'exemple de ces Syriens que j'ai rencontrés.
38:46 Pourquoi eux n'ont-ils pas droit au même dispositif que les réfugiés ukrainiens ?
38:50 Et puis, je pense qu'il y a une hypocrisie totale à considérer, aujourd'hui,
38:55 que ce pacte asile-immigration va régler le problème.
38:59 Et en réalité, il va créer encore plus de drame aux frontières, encore plus de morts.
39:03 Et ce pacte asile-immigration, qui est, il faut le dire au niveau européen,
39:07 co-écrit par les socialistes européens et par la droite européenne,
39:11 et dont Gérald Darmanin s'est targuée d'être l'équivalent de la loi immigration française,
39:15 mais qui va encore plus loin au niveau européen,
39:17 voilà la domination des idées d'extrême droite qui sont extrêmement dangereuses
39:22 et pour moi, qui interroge notre humanité la plus élémentaire.
39:25 Monsieur Bellamy et les socialistes d'extrême droite ?
39:27 Oui.
39:28 Non, le parti, le groupe de monsieur Bellamy et le groupe de monsieur Glucksmann
39:32 ont ensemble co-écrit ce nouveau pacte asile-immigration
39:36 qui reprend, oui, des idées d'extrême droite,
39:39 comme un refoulement plus systématique, l'enfermement des enfants.
39:42 Monsieur Glucksmann va être surpris de se battre en vous écoutant.
39:44 En l'occurrence, ça a été co-écrit par son groupe et il ne peut pas le reproduire.
39:48 Si monsieur Gouin est d'extrême droite, pour lui...
39:50 Non, je n'ai pas dit qu'il n'était d'extrême droite.
39:51 Mais il est complice de l'extrême droite.
39:53 Il est contaminé par les idées d'extrême droite.
39:55 Je dis que ce pacte asile-immigration reprend les idées de l'extrême droite
39:58 et qu'il est co-écrit, c'est un fait, par les socialistes européens et par la droite européenne.
40:02 Et que moi, je le combats avec extrêmement de fermeté
40:05 parce que je veux remettre un peu d'humanité.
40:07 Vous combattez aussi les accords de libre-échange.
40:09 J'ai noté cette phrase de la tête de liste Renaissance Valérie Ayé
40:13 qui affirme que le traité de libre-échange entre l'UE et le Canada,
40:16 le fameux CETA, continuerait à fonctionner,
40:18 même si l'Assemblée nationale le rejetait à la suite du Sénat.
40:21 Qu'est-ce que vous pensez d'une telle déclaration ?
40:23 C'est une folie démocratique.
40:25 Vous imaginez qu'ils sont en train de nous imposer un traité de libre-échange
40:29 contre la volonté des Français et contre le vote du Sénat.
40:32 Et que ce traité de libre-échange avec le Canada,
40:35 qui devait être voté à l'Assemblée nationale,
40:37 ils refusent de le mettre à l'agenda en disant
40:39 "ça risque de parasiter le débat des élections européennes".
40:42 Mais pardon, les élections européennes, oui, sont un débat
40:45 sur les accords de libre-échange que je combats fermement.
40:48 Parce que c'est quoi le problème de ces accords de libre-échange ?
40:50 C'est d'abord une aberration démocratique, vous l'avez compris.
40:52 On l'applique depuis 7 ans, le CETA, l'accord de libre-échange avec le Canada,
40:56 alors qu'on ne l'a pas voté en France.
40:58 Mais c'est aussi une aberration écologique.
41:00 On fait venir des quatre coins du monde du lait, de la viande, des fruits, des légumes
41:04 qu'on peut produire ici.
41:06 Et c'est une aberration, je termine juste là-dessus pour qu'on comprenne bien mon propos,
41:08 c'est une aberration aussi sanitaire, puisqu'on fait venir des produits,
41:11 des marchandises qui sont faits avec des pesticides ou des ogèmes
41:15 qui sont interdits dans l'Union européenne.
41:18 Donc c'est une folie à tous les niveaux.
41:20 Économiquement cet accord a été très favorable à l'économie française,
41:23 y compris à l'agriculture, il n'y a que les éleveurs.
41:26 Il a permis une nette augmentation des exportations françaises de vin,
41:29 mais aussi de fromage et de céréales.
41:31 Ce n'est pas vrai parce que les importations ont davantage augmenté.
41:34 Donc en réalité on est plutôt perdant si vous regardez le solde.
41:37 Vous faites bien de parler des agriculteurs et des éleveurs notamment
41:41 qui sont les plus perdants, sachant qu'ils sont déjà ceux qui ont le niveau de revenu le plus bas.
41:45 Mais si vous prenez par exemple l'exportation de fromage,
41:48 il y a moins d'un pour cent de fromage qui est exporté vers le Canada.
41:53 Et ça pose une question économique et philosophique plus fondamentale.
41:57 Est-ce qu'on veut une économie qui se spécialise ?
41:59 On va se spécialiser dans un produit qu'on va envoyer aux quatre coins du monde.
42:02 Ou est-ce qu'on veut produire ici ce dont nous avons besoin ?
42:05 Moi je plaide pour produire ici ce dont nous avons besoin.
42:08 On a une formidable agriculture en France.
42:11 Du lait, de la viande, des fruits, des légumes,
42:15 on en produit en France. Pourquoi on va aller le chercher aux quatre coins du monde
42:18 alors qu'on le produit ici et que nos agriculteurs n'arrivent pas à en vivre ?
42:21 La politique a ses droits aussi.
42:23 Vous voyez pour les tendances pour les élections européennes,
42:25 il y a un phénomène Raphaël Glucksmann en ce moment.
42:27 Comment expliquez-vous l'ascendant qu'a pris Raphaël Glucksmann sur la gauche
42:31 alors que tout récemment c'est LFI qui était en position leader ?
42:35 D'abord si on prend un peu de recul, en réalité il remplace un peu Yannick Jadot en 2019.
42:40 Il est donné dans les mêmes étiages de sondage.
42:42 On se souvient tous ensuite de combien a fait Yannick Jadot aux élections présidentielles.
42:46 Moins de 5%.
42:48 Mais la question fondamentale qui nous est posée et que je n'esquive pas,
42:51 c'est quelle va être la stratégie de la gauche dans les mois et années qui viennent.
42:56 Et vous savez, moi j'ai été une fervente défenseuse,
43:00 je ne sais plus comment on dit au féminin, de la nuppes,
43:03 pour avoir un projet commun de rupture avec le macronisme
43:08 pour offrir une alternative au duo qui nous est présenté
43:11 et qui est le macronisme à l'extrême droite.
43:13 Moi j'aurais souhaité faire front commun avec tous ceux qui se reconnaissent
43:17 dans le programme de la nuppes que j'ai défendu,
43:20 qui nous a permis de faire élire collectivement 151 députés.
43:23 Mais j'observe que Raphaël Glucksmann s'éloigne de la nuppes.
43:27 Mais les électeurs s'en rapprochent.
43:30 On verra le soir des élections et vous me réinviterez promis le week-end d'après le 9 juin.
43:36 Ils sont passés où les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, les 22% ?
43:39 Là vous avez raison, la plus grande partie d'entre eux,
43:44 ce que disent toutes les enquêtes d'opinion, c'est qu'ils ont prévu de s'abstenir.
43:48 C'est moins de 30% aujourd'hui des électeurs et des sympathisants de la France insoumise
43:53 qui ont prévu de se mobiliser.
43:54 Et donc ça c'est le travail que nous on a à faire,
43:56 de mobilisation pour ces élections européennes.
43:58 Et je veux dire deux choses à ceux qui nous écoutent,
44:00 et je suis sûre qu'il y a aussi des électeurs de Jean-Luc Mélenchon
44:03 qui nous écoutent et qui nous regardent aujourd'hui.
44:05 Je veux leur dire la première chose, ne vous laissez pas voler cette élection.
44:08 Il est évident que les partisans d'Emmanuel Macron et du Rassemblement National vont aller se mobiliser.
44:12 Et que l'enjeu qui est pour nous, c'est est-ce qu'on veut laisser les clés du pays
44:16 à l'extrême droite ou au macronisme, ou est-ce qu'on veut poser une alternative
44:19 qui veut une meilleure redistribution des richesses,
44:22 la protection de notre agriculture, on le parlait à l'instant,
44:26 qui veut aussi la protection de nos services publics comme on parlait de l'éducation.
44:31 Ça c'est la première chose.
44:33 Et la deuxième chose, il nous faut au Parlement européen des députés de combat.
44:36 On parlait des accords de libre-échange.
44:38 Moi je préside au Parlement européen le seul groupe,
44:41 entendez bien, le seul groupe qui n'a jamais donné aucune voix aux accords de libre-échange.
44:45 A la fois le groupe socialiste, mais le groupe de Jordan Bardet là aussi,
44:48 ils votent massivement des accords de libre-échange au Parlement européen.
44:51 On a besoin aussi d'avoir des députés de combat pour gagner des victoires.
44:54 Nous au Parlement européen, on a réussi à obtenir un statut pour les travailleurs Uberisés.
44:59 Je suis sûre qu'il y a plein de gens qui nous écoutent, qui travaillent pour Uber,
45:02 pour Deliveroo, qui sont ultra précaires, qui n'ont pas de protection sociale,
45:05 qui n'ont pas de protection maladie s'il leur arrive un accident du travail.
45:08 Eh bien ça c'est une victoire qu'on a obtenue.
45:10 Ils auront enfin une protection sociale s'ils ont un accident.
45:12 Ils cotiseront pour la retraite, ils cotiseront pour la protection sociale.
45:15 Voilà à quoi sert des députés insoumis.
45:18 J'espère qu'on en aura le plus possible le 9 juin prochain, si les gens se mobilisent.
45:21 Merci Manon Bré, c'était votre grand rendez-vous ce dimanche.
45:24 Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation.
45:26 Je remercie évidemment mes camarades Stéphane et Mathieu.
45:29 Et puis merci à nos téléspectateurs, toujours aussi nombreux.
45:31 Très bon dimanche et à bientôt bien sûr.
45:33 Merci.
45:34 Merci à tous !