Le gouvernement veut pousser les moins pauvres à quitter leurs logements HLM ! Le ministre du logement Guillaume Kasbarian sonne la charge ce matin dans les colonnes du journal les Echos. Il assure que 8 % des locataires n'ont en résumé plus rien à y faire. Pour en parler avec nous Marie-Noëlle Lienemann, Présidente de la Fédération nationale des sociétés coopératives d'HLM, et ancienne sénatrice de gauche.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Vincent Parizot et Céline Landreau du 12 avril 2024
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00:00 RTL midi avec Vincent Parizeau et Céline Landreau.
00:04 Le gouvernement veut donc pousser les moins pauvres à quitter leur logement HLM.
00:10 Le ministre du logement, Guillaume Casbarian, a donc sonné la charge.
00:13 Ce matin, dans les colonnes du journal Les Echos, il assure que 8% des locataires n'ont en résumé plus rien à y faire.
00:22 Pour en parler avec nous, Marie-Noëlle Lindemann, présidente de la Fédération Nationale des Sociétés Coopératives d'HLM,
00:28 ancienne sénatrice de gauche, bonjour.
00:30 Bonjour, madame.
00:32 Et Pierre Herbulot, du service économie et social d'RTL.
00:34 D'abord, Pierre, on rappelle qu'il y a plus de 5 millions de logements sociaux en France.
00:38 Évidemment, on ne va pas mettre tout le monde dehors.
00:41 Qui est dans le viseur du ministre ?
00:43 Les locataires qui, à un moment donné, étaient dans les clous pour avoir un logement social et qui en sont sortis.
00:48 Il y a des plafonds de ressources à respecter, ça dépend du nombre d'enfants,
00:51 mais en gros, le cas général, hors région parisienne, c'est 2200 euros bruts max pour une personne seule,
00:57 3000 euros à deux et 4400 euros pour un couple avec deux enfants.
01:02 Guillaume Casbarian demande aux bailleurs sociaux des contrôles réguliers, je cite,
01:06 "de la situation personnelle, financière et patrimoniale de leurs locataires".
01:10 Ce qu'ils visent, ce sont ceux qui sortent des critères parce qu'ils gagnent mieux leur vie qu'avant
01:14 et qui profitent finalement du loyer plus abordable d'un HLM,
01:18 ceux qui ont hérité et qui sont donc locataires d'un logement social,
01:21 en plus d'être propriétaires d'une résidence secondaire,
01:24 ou enfin les couples encore éligibles mais qui occupent toujours un appartement très grand
01:29 parce qu'ils avaient des enfants mais qui sont partis depuis longtemps.
01:31 L'objectif, c'est de libérer de la place pour désengorger la file d'attente, dit-il.
01:36 1 800 000 personnes demandent, légitimement précise le gouvernement,
01:40 l'un de ces logements à loyer modéré.
01:42 Il s'agit de libérer de la place parce que lorsqu'on sort des clous,
01:45 après on peut rester dans ce logement en payant...
01:48 Parce qu'il n'y a pas de contrôle aujourd'hui.
01:50 - Marie-Noëlle Leynemann, vous voulez intervenir ?
01:54 - Non mais il y a des contrôles.
01:56 L'article L441-9 du Code de la construction, et c'est appliqué,
02:01 oblige les bailleurs à faire une enquête annuelle sur les revenus de leurs locataires,
02:05 de signaler à ceux qui dépassent le plafond qu'ils sont redevables d'un surloyer
02:12 et pour ceux qui sont au-dessus de 150% du plafond qu'ils doivent quitter les lieux.
02:18 - Donc ça existe déjà ?
02:20 - Oui, ça fait 30 ans qu'ils nous répètent les mêmes indrées.
02:24 Je vous donne un exemple, ils nous donnent 400 000,
02:27 il n'y a aucune étude d'impact que nous connaissons qui donne ce chiffre.
02:30 - Ça veut dire que ces 8% c'est fantaisiste selon vous ?
02:34 - Oui, parce qu'il prend le dépassement à l'instant T.
02:37 Je vous prends un exemple, vous avez une famille, le monsieur a un contrat,
02:41 l'année d'après il a un contrat, qui n'est pas un CDI à un haut niveau.
02:45 L'année d'après, il est juste en dessous, il a un contrat qui est moins bon,
02:50 parce que son CDD est moins bon.
02:52 Or on nous dit qu'il faut que les gens prennent le boulot, etc.
02:56 Bilan des courses, il repasse en dessous.
02:58 C'est pourquoi d'ailleurs, tout le monde avait convenu
03:01 que le dépassement devait être au-dessus d'un certain niveau,
03:05 parce qu'il y a les yo-yo de la vie.
03:07 Un autre exemple, vous avez une famille,
03:09 un des enfants va être en études pendant un an ou deux,
03:15 il va être logé là où il est étudiant.
03:18 On leur diminue le calcul du nombre d'enfants dans la part de leur revenu.
03:24 Et à partir de ce moment-là, il passe en dessous.
03:26 Le gamin sort des études, il revient chez lui,
03:30 parce qu'il était dans une résidence étudiante,
03:33 il repasse au-dessus des niveaux de loyer.
03:35 Donc ça, c'est vraiment fantasmagorique.
03:38 Oui, au-dessus d'un certain niveau, c'est appliqué.
03:41 Les gens doivent partir.
03:43 - Donc vous dites aujourd'hui, Marine-Noëlle Linan...
03:45 - Au-delà, il y a un surloyer.
03:47 - Aujourd'hui, il y a quand même...
03:49 Est-ce que vous partagez le constat qu'il y a un problème
03:51 et qu'il y a dans les HLM des gens, des familles,
03:54 qui n'ont rien à y faire ?
03:55 - Non. C'est epsilonique.
03:57 Non mais je ne partage pas parce que c'est epsilonesque.
04:01 Ça ne représente rien du tout.
04:03 Et on le traite. Et on le traite.
04:06 Par ailleurs, aujourd'hui, il y a seulement 80 000 ménages
04:10 qui payent un surloyer.
04:11 Donc ils sont au-dessus des plafonds de ressources, plus de 20 %.
04:15 Ces 80 000 ménages, une bonne partie d'entre eux sont des retraités
04:19 qui ont plus de 65 ans.
04:21 Et je vous rappelle que la législation fait qu'on ne vire pas les retraités.
04:27 Pour une raison simple, c'est que la plupart du temps,
04:30 comme d'ailleurs les autres,
04:31 ils ne trouvent pas dans le privé du logement.
04:34 J'observe d'ailleurs que le gouvernement passe sans arrêt
04:38 à parler des classes moyennes.
04:39 Et pile-poil, c'est eux qui les septent en commun.
04:41 - Alors justement, vous attaquez le gouvernement.
04:44 Est-ce que pour vous, cette proposition, c'est aussi une manière de se défausser ?
04:48 Pierre Herbillot nous le rappelait.
04:50 1,8 million de personnes sont en attente légitime de logement.
04:53 Ça évite d'augmenter le parc, d'essayer d'en mettre dehors ?
04:56 - Je vous rappelle que quand il est arrivé, le ministre,
04:58 il avait qu'à la bouche le choc de l'offre.
05:01 Et quand on regarde le choc de l'offre,
05:04 il nous propose 30 000 logements intermédiaires en 3 ans,
05:10 c'est-à-dire 10 000 par an.
05:12 Et là, il nous dit qu'il y aurait, selon ses comptes,
05:15 400 000 logements des gens en HLM
05:19 qui devraient être en logement intermédiaire.
05:21 Cherchez l'erreur !
05:22 On le sait parfaitement, il y a un problème d'offre,
05:27 d'offre de logements sociaux.
05:29 Parce que de la même manière, il va vous dire
05:32 qu'il faut vendre les logements HLM davantage.
05:35 On vous annonce chaque année 100 000 nouveaux logements construits
05:38 ou réalisés.
05:39 Mais comme il y en a 50 000 vendus ou démolis,
05:43 il n'y a que 50 000 logements HLM par an en plus.
05:46 - On a compris la démonstration, Marie-Agnoline Mann.
05:51 On est désolé de devoir vous couper parce que le temps nous manque.
05:54 Mais effectivement, vous ne partagez pas du tout
05:57 le constat qui a été dressé par le ministre.
06:00 Et vous dites que le problème, c'est qu'il manque
06:03 des centaines de milliers de logements sociaux
06:06 aujourd'hui en France.
06:07 Et que ceux qui n'ont rien à y faire parce qu'ils gagnent trop,
06:10 c'est vraiment minime par rapport à cette masse.
06:14 Merci beaucoup, Président de la Fédération Nationale
06:17 des Sociétés Coopératives d'HLM, Marie-Noëlle Lindemann
06:20 et ancienne sénatrice, ancienne ministre, on le rappelle bien sûr.
06:23 Courte pause et dans un instant...
06:24 - Comment dormir et surtout bien dormir.
06:27 Attendez la fin de l'émission quand même.
06:28 A tout de suite.
06:29 Votre avis compte.
06:30 Venez l'exprimer sur RTL au 3210.