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Le siège de La Ligue de football professionnel (LFP) et le domicile de son président Vincent Labrune ont été perquisitionnés ce matin. La semaine dernière, le Sénat a rendu un rapport sévère sur la financiarisation du football français et la gouvernance de la Ligue.
Laurent Lafon, sénateur centriste du Val-de-Marne, président de la commission de la culture au Sénat est l'invité pour tout comprendre de RTL soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 05 novembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:02Bienvenue à vous qui nous rejoignez, il est 18h44.
00:05Ce matin, le Parc National Financier a mené une perquisition au siège de la Ligue de Football Professionnel.
00:10Le domicile de son président Vincent Labrune est également visé.
00:13L'enquête porte sur les conditions du colossal accord financier trouvé entre le Fonds d'Investissement CVC et la Ligue à l'été 2022.
00:22Bonsoir Philippe Sanfourche.
00:23Bonsoir.
00:23Vous êtes notre spécialiste football.
00:25Qu'en reproche exactement la justice à notre Ligue de Football ?
00:28Les faits sont potentiellement assez graves puisque les perquisitions s'effectuent dans le cadre d'une enquête
00:33ouverte sur des soupçons de détournement de fonds publics,
00:36corruption active et passive d'agents publics et prise illégale d'intérêt.
00:40Tout cela au moment de la création d'une société commerciale en 2022
00:44qui a permis, comme vous le disiez, à la Ligue de faire entrer 1,5 milliard d'euros de cash
00:48dans les caisses du football professionnel français contre 13% de ses revenus à vie qui reviennent au Fonds d'Investissement.
00:55Ce n'est pas cet accord qui est pointé du doigt aujourd'hui mais les multiples primes, honoraires,
01:00frais de conseil, bonus qui l'ont accompagné.
01:02En tout, ce sont 37,5 millions d'euros qui ont été reversés aux avocats, aux banques
01:08et ce qui est peut-être plus grave, à plusieurs dirigeants de la Ligue.
01:11Et qu'est-il reproché précisément justement au président Vincent Labrune ?
01:15Alors justement, une forme de conflit d'intérêt puisque c'est lui qui a initié
01:19puis par la suite proposé cet accord avec le Fonds d'Investissement en qualité de président de la Ligue
01:24mais également de responsable de la fameuse société commerciale qui a été créée.
01:28Ce qui induit quelque part une forme de conflit d'intérêt.
01:31Oui, il avait le chapeau !
01:32Exactement et ça lui a permis quand même de toucher la prime de 3 millions d'euros
01:37uniquement pour avoir conclu un accord qu'il a lui-même initié.
01:40Donc, ce n'était pas très compliqué en soi.
01:42Et accessoirement, il a triplé à ce moment-là son salaire passant à 1,2 millions d'euros par an.
01:49Pour dire les choses simplement, en fait, on reproche à Vincent Labrune d'être jugé parti
01:53dans un dossier à plus d'un milliard d'euros, c'est ça ?
01:55C'est à peu près ça.
01:56En fait, un collaborateur des sénateurs qui ont fait la commission d'enquête ces derniers mois
02:05sur les mêmes faits que sont en train d'éplucher aujourd'hui le PNF.
02:10Oui.
02:11Il y avait un exemple qui était pris, c'était d'imaginer par exemple le maire d'une grande agglomération
02:15qui décide de faire construire une nouvelle piscine dans sa commune
02:19et puis qui lance l'appel d'offres, c'est lui qui gère l'appel d'offres,
02:21c'est lui qui choisit l'entreprise qui va construire la piscine
02:24et puis il va prendre un bonus d'un million d'euros ou de 2 ou de 3 millions d'euros.
02:27Ça ne passerait pas, ça serait immédiatement retoqué.
02:30C'est un petit peu dans cet esprit-là qu'aujourd'hui on fait des reproches à Vincent Labrune.
02:33Alors, il y a quelques jours, nos sénateurs ont publié un rapport.
02:36Qu'est-ce qu'il nous raconte là-dedans ?
02:38Qu'est-ce qu'il y a dans ce rapport sénatorial ?
02:40Est-ce qu'il désigne quand même des choses très précises ?
02:44C'est une forme de gabegie globale, c'est-à-dire qu'au-delà de ces primes, de ces bonus,
02:50la Ligue, via sa société commerciale, a gonflé avec une masse salariale qui a explosé.
02:56On est passé de 90 à 180 salariés.
03:00Elle a totalement explosé cette masse salariale.
03:02Et puis il y a quelques exemples qui sont assez marquants, voire choquants.
03:05Ce sont même les termes des sénateurs.
03:07C'est par exemple l'acquisition d'un nouveau siège de la Ligue dans les très beaux quartiers de Paris
03:12pour, écoutez bien, 131 millions d'euros, c'est-à-dire 120 millions.
03:16L'achat du bâtiment, 11 millions de réfections.
03:19Pour y avoir été, je peux vous dire qu'on a l'impression d'être dans un musée tellement c'est formidable.
03:24Un bâtiment qui avait été acheté par l'ancien propriétaire quelques années plus tôt, 70 millions d'euros.
03:30C'est-à-dire qu'on est passé de 70 millions à 130 millions d'euros.
03:33Ça veut dire qu'il n'y a pas de contrôle des dépenses, que tout cela se fait dans un cadre tout à fait légal,
03:38puisque Vincent Labrune est appuyé dans ses décisions par les votes du conseil d'administration.
03:43Mais les dirigeants du football français sont assez peu regardants, c'est le moins qu'on puisse dire.
03:48Et avec tous ces chiffres, Philippe, dont vous parliez, vous pensez que le président de la Ligue de foot peut conserver ses fonctions ?
03:55Alors aujourd'hui, il est trop tôt pour en parler.
03:58Il faudrait qu'il y ait des chefs d'accusation et qu'ils soient directement attaqués.
04:02On n'en est qu'au stade des perquisitions.
04:04Ce qui est certain, c'est qu'il y a un lien entre la Ligue et la Fédération.
04:07Il y a une délégation de services publics auprès du ministère.
04:10Donc, ça signifie qu'il y a pour partie des fonds publics qui sont engagés.
04:14Ça veut dire qu'ils sont garants d'une certaine éthique et que ce n'est pas simplement le bon vouloir des dirigeants du foot français
04:21qui décident de redistribuer l'argent qui serait uniquement le leur.
04:25Est-ce qu'il y a d'une certaine façon, en ce moment, une pression pour lui demander, au minimum, de se mettre entre parenthèses ?
04:30Je vous parle de M. Labrune, bien entendu.
04:32Non, pas franchement. Il faudrait qu'il y soit contraint.
04:35Il a été réélu, vous le savez, il y a quelques semaines de cela, avec des scores de dirigeants africains.
04:42On est à plus de 90% de votes.
04:44Mais le concernant, lui, en gros, quel est le problème ?
04:47On lui reproche son train de vie ? Ou en tout cas celui de la Ligue ?
04:50Ce qu'on lui reproche, c'est surtout d'avoir entretenu et, quelque part, amplifié les dérives d'un système autocratique
04:58où, finalement, toutes les décisions sont prises et validées quasiment par un seul homme.
05:02Puisque, dans le conseil d'administration, sont là tous les proches de Vincent Labrune.
05:06Il y a eu des exemples assez frappants au moment de sa réélection.
05:09Par exemple, le conseil de Ligue 2.
05:11Les présidents de Ligue 2, dans leur globalité, ne voulaient pas apporter leur vote à Vincent Labrune.
05:17Mais le représentant des clubs de Ligue 2 a décidé de voter pour Vincent Labrune.
05:21Parce qu'il y avait, quelques mois plus tard, le vote d'argent qui devait revenir aux clubs de Ligue 2.
05:27Donc, quelque part, c'est uniquement par intérêt et non pas pour l'intérêt du football français.
05:31Par intérêt financier pour ces clubs-là.
05:33Juste en un mot, Philippe, c'est assez surprenant de ne pas entendre au moins l'avocat de la Ligue prendre la parole.
05:38Les avocats ne se sont pas exprimés directement.
05:41Mais la Ligue vient de publier un communiqué dans lequel elle annonce qu'elle va coopérer avec la justice
05:48pour apporter tous les éléments nécessaires à l'enquête en cours.
05:51Et que toutes les actions qui ont été menées par la Ligue ont toujours été guidées par un engagement profond
05:56envers le football français dans le plein respect des règles en vigueur.
05:59Merci infiniment Philippe Sanfourche pour toutes ces précisions.
06:01Dans un instant, alors lui c'est un vrai escroc.
06:03Marc-Antoine Lebret, c'est le Breaking News.

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