• il y a 7 mois

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Amusant
Transcription
00:00 Il était une fois une femme qui désirait ardemment avoir un joli petit enfant, mais qui ne savait comment faire pour réaliser son souhait.
00:11 Finalement, elle alla voir une sorcière et lui dit "J'aimerais tant avoir un petit enfant. Savez-vous où je peux en trouver un?"
00:23 "Oh, je vais vous arranger cela", dit la sorcière. "Voici un grain d'orge. Il n'est pas de l'espèce qui pousse dans les champs des fermiers et que l'on donne aux poules.
00:35 "Plantez-le dans un pot de fleurs et vous verrez."
00:39 "Merci", dit la femme et elle donna 12 skillings à la sorcière, ce qui était le prix de l'orge. Puis elle rentra chez elle, planta le grain et aussitôt elle y vit pousser une grande fleur superbe qui ressemblait à une tulipe, mais dont les pétales étaient fermés sur eux-mêmes, comme si la fleur était encore en bouton.
00:59 La femme trouva cette fleur si magnifique qu'elle embrassa les pétales rouges et mordorés et à cet instant la fleur s'ouvrit. C'était bien une tulipe.
01:11 Dans le cœur vert de la fleur, sur les étamines soyeuses, était assise une petite fille, toute délicate et toute gracieuse. Elle était à peine plus haute que le pouce, aussi l'appela-t-on poussette ou petite, car elle était vraiment minuscule.
01:30 Une coque de noix bien cirée lui servit de berceau. On lui fit un lit avec les feuilles bleutées d'une violette et elle eut un pétale de rose pour Edredon. C'est là qu'elle dormait la nuit, mais pendant le jour elle s'amusait sur une table où la femme avait posé une assiette pleine d'eau.
01:48 Il y avait sur le bord de l'assiette des guirlandes de fleurs dont les tiges trempaient dans l'eau et au milieu de l'eau flottait un grand pétale de tulipe qui faisait un bateau pour poussette.
01:58 La petite fille s'y embarquait et ramait d'un bord à l'autre en utilisant comme aviron deux crins de cheval tout blanc. C'était charmant à voir. Poussette savait aussi chanter de façon si aimable et gracieuse que l'on n'avait jamais rien entendu de pareil.
02:13 Une nuit, tandis qu'elle dormait dans son petit lit, une mère crapaud grosse et laide entra par la fenêtre qui avait un carreau cassé et bondit jusqu'à la table où poussette dormait sous sa courte pointe en pétale de rose.
02:26 « Et l'adorable petite épouse se la ferait pour mon fils ! » dit la mère crapaud. Ainsi elle s'empara de la coque de noix contenant poussette endormie et, repassant par la fenêtre, sauta dans le jardin.
02:41 La mère crapaud habitait avec son fils sur les rives bourbeuses d'un large ruisseau. Le fils était encore plus affreux que la mère. C'est tout ce qu'il trouva à dire lorsqu'il vit la jolie petite fille dans son charmant lit.
03:01 « Ne parle pas si fort, tu vas la réveiller ! » dit la mère. « Et elle pourrait s'enfuir, car elle est légère comme duvet de cygne. Nous allons la mettre sur une des feuilles de nénuphars qui flottent dans le ruisseau. »
03:21 « Pour elle, si petite et fluette, se la fera comme une île et elle ne pourra pas s'échapper. Et pendant qu'elle sera sur sa feuille de noix, tronde, préparez la chambre d'apparat sous la vase. C'est là que vous vivrez tous les deux quand vous serez mariés. »
03:34 Dans le courant du ruisseau poussait de nombreux nénuphars aux larges feuilles vertes qui semblaient flotter sur l'eau. La plus grande de ces feuilles paraissait plus éloignée que les autres et la vieille mère crapaud y porta à la nage la coque de noix où poussette dormait encore.
03:50 Lorsque la petite créature se réveilla tôt le lendemain matin et comprit où elle se trouvait, elle se mit à pleurer à chaudes larmes, car partout où elle posait les yeux, elle ne voyait rien que de l'eau et il n'y avait pas moyen de rejoindre le rivage.
04:07 Pendant ce temps, la mère crapaud s'affairait sous la vase, tapissant la chambre de roseaux et de fleurs jaunes. Elle voulait que tout soit beau pour sa jeune brue. Puis elle nagea avec son affreux fils jusqu'à la feuille sur laquelle elle avait déposé la pauvre petite poussette.
04:23 Elle voulait prendre le petit lit afin de le faire préparer dans la chambre nuptiale. La vieille mère crapaud s'inclina profondément devant poussette dans l'eau et dit "Voici mon fils, il sera ton mari et vous vivrez heureux dans la vase près du ruisseau".
04:39 Quant au fils, il ne trouvait à dire que "Croa, croa, croa". Alors la mère crapaud prit l'élégant petit lit et nagea en le portant sur son dos, laissant poussette toute seule sur la feuille verte où elle resta assise à pleurer.
04:52 Elle se désespérait à l'idée de vivre avec la vieille mère crapaud et d'avoir son vilain fils pour mari.
05:01 Les petits poissons qui frétillaient sous l'eau avaient vu la mère crapaud et entendu ses paroles. Alors ils sortirent la tête pour regarder la petite fille.
05:11 Dès qu'ils l'aperçurent, ils virent combien elle était jolie et furent navrés de penser qu'elle devait s'en aller vivre avec les hideux crapauds.
05:19 "Non, cela ne sera pas". Alors ils se rassemblèrent au fond du ruisseau, autour du pied qui tenait la feuille de nénuphar où l'on avait mis la petite fille et ils le mordirent jusqu'à ce que la tige cède.
05:33 Ainsi, la feuille s'en alla dans le courant, emportant poussette loin, très loin, hors d'atteinte de tous les crapauds.
05:41 Poussette naviguait, dépassant de nombreuses villes et les petits oiseaux perchés sur les haies en la voyant chantaient "couicou quelle charmante petite demoiselle couicoui".
05:51 La feuille emporta au fil de l'eau de plus en plus loin jusqu'en des terres étrangères.
05:56 Un joli petit papillon blanc voltigeait sans cesse autour d'elle et il finit par se poser sur la feuille.
06:04 Poussette lui plaisait et elle était bien contente car maintenant le crapaud n'avait plus moyen de la rattraper. La campagne qu'elle traversait était splendide, le soleil brillait et se reflétait sur l'eau.
06:15 On aurait dit qu'un ruisseau d'or coulait. Elle enleva le ruban qui lui servait de ceinture, en attacha une extrémité autour du papillon et l'autre à la feuille de nénuphar qui vogua à une allure encore plus rapide et sa passagère avec elle.
06:33 Soudain un gros hanneton s'approcha en battant des ailes. Dès qu'il aperçut la petite, il la saisit entre ses pinces par sa taille menue et l'emporta dans un arbre.
06:43 La feuille verte continua de descendre le courant et le papillon de voler car il était attaché à la feuille et ne pouvait s'en défaire.
06:51 Mon dieu ! Comme Poucette fut effrayée lorsque le hanneton s'envola dans l'arbre avec elle, mais surtout elle eut du chagrin pour le beau papillon blanc qu'elle avait lié au nénuphar car s'il ne parvenait pas à se libérer, il mourrait de faim.
07:08 Mais le hanneton se souciait fort peu du papillon et du nénuphar. Il s'assit à côté de Poucette sur une grande feuille d'arbre, lui offrit à manger du bon pollen de fleurs et lui dit qu'elle était charmante même si elle ne ressemblait pas du tout à hanneton.
07:22 Au bout d'un moment, tous les hannetons rassemblés pointerent leurs antennes sur elle et dirent « Elle n'a que deux pattes, c'est bien laid ! Elle n'a pas d'antenne ! » dit un autre, « Sa taille est ridiculement maigre ! »
07:36 « Pouh ! On dirait un être humain ! Oh qu'elle est vilaine ! » dirent toutes les dames hannetons. Et pourtant Poucette était ravissante. Alors le hanneton qui l'avait enlevée se ranja à l'avis de tous ceux qui la trouvaient laide et ne sut plus quoi faire d'elle. Il lui dit qu'elle pouvait bien aller où bon lui semblerait.
07:56 Il la redescendit de l'arbre et la déposa sur une marguerite. Et elle pleura en pensant qu'elle était si laide que même les hannetons ne voulaient pas entendre parler d'elle. Et cependant, c'était la plus exquise créature que l'on puisse se figurer. Elle était fraîche et délicate comme un beau pétale de rose.
08:20 Pendant tout l'été, la pauvre petite Poucette vécut toute seule dans la vaste forêt. Elle se fabriqua un lit de brin d'herbe tressé et le suspendit sous une large feuille, pour se protéger de la pluie. Elle suçait le pollen des fleurs pour se nourrir et buvait les gouttes de rosée qui tombaient des feuilles le matin.
08:43 Ainsi passèrent l'été et l'automne, puis l'hiver survint, le long, le froid hiver. Tous les oiseaux qui avaient chanté si joliment pour elle étaient partis, et les arbres, et toutes les fleurs étaient entièrement fanées.
08:59 La grande feuille de trèfle qui lui avait servi de toit était maintenant toute recroquevillée et raccornie. Il n'en restait plus qu'un pied jauni. Poucette avait froid, car ses vêtements s'étaient déchirés, et elle était si frêle et délicate qu'elle aurait tôt fait de gelée.
09:17 La neige se mit à tomber, et chaque flocon qui tombait sur la pauvre Poucette était comme un paquet de neige qui tomberait sur nous, car nous sommes grands, mais elle, elle avait un pouce de haut.
09:30 Alors elle s'enveloppa dans une feuille sèche, mais celle-ci craqua au milieu et ne put la réchauffer, et Poucette grelottait. Près du bois où elle avait passé l'été, il y avait un champ de blé, mais il y avait longtemps qu'on l'avait fauchée.
09:44 Il n'en restait rien, et la terre gelée était hérissée de chaumes nus et secs. Pour la petite, c'était comme d'affronter une forêt touffue. Oh, comme elle tremblait de froid ! Elle finit par arriver à la porte d'une souris des champs, qui avait fait son trou sous le chaume.
10:01 La souris vivait là, au chaud et à l'abri, avec son cellier plein de grains, sa cuisine et sa confortable salle à manger. La pauvre petite Poucette frappa à la porte, comme une mendiante, et la supplia de lui donner un petit morceau d'orge, car cela faisait deux jours qu'elle n'avait rien eu à se mettre sous la dent.
10:21 — Pauvre petite, dit la souris, car c'était vraiment une bonne vieille souris des champs, entre ici au chaud et viens dîner avec moi. Puis, comme Poucette lui plut, elle dit, tu peux rester avec moi tout l'hiver, si tu veux, mais tu devras tenir ma maison propre et bien rangée, et me conter des histoires, car je les aime beaucoup.
10:43 Poucette fit tout ce que demandait la souris des champs et s'en trouva fort aise.
10:48 — Ah ! nous aurons bientôt un visiteur, dit un jour la souris des champs. Mon voisin me rend visite une fois par semaine. Il est plus fortuné que moi. Il a de grands appartements et une magnifique pelisse de velours noir. Si tu pouvais l'avoir pour mari, tu serais bien pourvu, crois-moi. Mais il ne voit pas clair, alors prépare tes plus belles histoires.
11:12 Cependant, Poucette se souciait fort peu de plaire au voisin, car c'était une taupe.
11:19 Enfin, le voisin arriva en visite, habillé de sa pelisse de velours noir.
11:25 — Il est très riche et très instruit, et sa maison est vingt fois plus grande que la mienne, dit la souris des champs. Il était riche et instruit, certes, mais il ne cessait de dire du mal du soleil et des jolies fleurs, parce qu'il ne les avait jamais vues.
11:39 Poucette fut obligée de lui chanter « Alouette, gentille Alouette » et beaucoup d'autres chansons, et le voisin taupe tomba amoureux d'elle à cause de sa voix mélodieuse. Mais il ne dit rien, car il était d'un naturel circonspect.
11:55 Peu de temps auparavant, la taupe avait creusé sous la terre un long corridor qui conduisait de la demeure de la souris des champs à la sienne, et elle permit à la souris de s'y promener avec Poucette autant qu'elle le voudrait. Mais la taupe les avertit de ne pas avoir peur lorsqu'elle verrait un oiseau mort dans la galerie.
12:12 C'était un oiseau entier, avec son bec et ses plumes, qui sûrement était mort depuis peu. Il gisait juste à l'endroit où la taupe avait creusé sa galerie. La taupe prit entre ses dents une brindille de bois détrempée qui reluit comme une torche dans l'obscurité.
12:27 Puis elle guida Poucette et la souris le long du sombre passage. Quand elles arrivèrent à l'endroit où était l'oiseau mort, la taupe fourra son museau dans la terre qui formait le plafond, perça une large ouverture et la lumière du jour entra dans la galerie.
12:41 Gisant par terre, en plein milieu du chemin, il y avait une hirondelle morte, les ailes repliées sur son corps, les pattes et la tête cachées sous ses plumes. Le pauvre oiseau était certainement mort de froid.
12:53 Poucette fut très peinée en le voyant, car elle aimait beaucoup les petits oiseaux, et tout l'été, ils avaient chanté et gazouillé pour elle si agréablement. Mais la taupe le repoussa sur le côté d'un coup de ses pattes recourbées et dit « En voilà un qui ne chantera plus ! »
13:08 « Cela doit être si désolant d'être né oiseau. Je remercie le ciel qu'aucun de mes enfants ne puisse en être un, car tout ce qu'ils savent faire c'est piailler, tuite, tuite, et mourir de faim pendant l'hiver. »
13:22 « Oui, vous pouvez le dire, vous qui êtes si sages ! » s'exclama la souris déchant. « À quoi sert de faire tuite, tuite, si quand l'hiver arrive, vous devez crier famine ou mourir gelé, et pourtant les oiseaux se croient de très haute noblesse ? »
13:35 Poucette ne dit rien. Mais quand les deux autres se furent un peu éloignés, elle s'arrêta, écarta les plumes qui recouvraient la tête et embrassa les paupières closes.
13:45 « Peut-être est-ce celui qui a chanté si gracieusement pour moi pendant l'été ? » dit-elle. « Quel bonheur tu m'as donné, joli, gentil oiseau ! »
13:54 Ensuite, la taupe reboucha le trou par où passait la lumière et raccompagna ses dames chez elle. Cette nuia, Poucette ne parvint pas à dormir. Elle sortit du lit et tressa une grande et belle couverture avec de la paille.
14:07 Puis elle la porta près de l'oiseau mort et étendit sur lui la couverture avec un peu de coton qu'elle avait trouvé dans la chambre de la souris déchant.
14:14 C'était douillé comme de la laine et elle en disposa un peu de chaque côté de l'oiseau afin qu'il repose au chaud même sur la terre glacée.
14:22 « Adieu, toi, cher oiseau ! » dit-elle. « Adieu ! Merci pour ton chant qui m'a charmé tout l'été quand les arbres verdoyaient et que le soleil nous dispensait sa chaleur. »
14:32 Puis elle posa la tête sur la poitrine de l'oiseau et sursauta de frayeur, car on aurait dit que quelque chose dans le corps de l'oiseau faisait « toum, toum ».
14:41 C'était son cœur, car l'oiseau n'était pas vraiment mort, mais seulement engourdi par le froid et la chaleur l'avait ramené à la vie.
14:49 En automne, toutes les hirondelles s'envolent vers les pays chauds, mais si l'une d'elles tarde à partir, elle est saisie par le froid, transie par le gel et elle tombe comme morte.
14:59 Elle reste là où elle est tombée et la neige la recouvre bientôt.
15:03 Poucette tremblait de tout son corps. Elle avait très peur, car l'oiseau était grand, bien plus grand qu'elle, qui ne mesurait qu'un pouce.
15:11 Mais elle rassembla son courage, ajouta encore du coton autour de la pauvre hirondelle, puis alla chercher son propre étredon de paille et en enveloppa la tête du pauvre oiseau.
15:24 Le lendemain matin, elle se glissa de nouveau dehors pour voir l'oiseau. Il était vivant, mais très faible.
15:30 Il put juste ouvrir les yeux un instant pour voir Poucette, qui était à côté de lui et tenait un morceau de bois pourri dans sa main, car elle n'avait pas d'autre lanterne.
15:40 « Merci, jolie petite fille, dit l'hirondelle malade, tu m'as si gentiment réchauffée que je prendrai vite des forces et je pourrai de nouveau voler sous les rayons chauds du soleil.
15:51 « Oh ! dit Poucette, mais il fait froid dehors maintenant, il neige et il gèle. Reste dans ton lit tiède, je prendrai soin de toi. »
16:00 Alors elle lui apporta de l'eau dans une feuille et, après avoir bu, l'hirondelle lui dit qu'elle s'était blessée une aile dans un buisson de ronces.
16:08 Elle ne pouvait plus voler aussi vite que les autres, qui avaient commencé leur voyage vers les pays lointains où l'été dure encore.
16:15 À la fin, elle était tombée de fatigue, elle ne se souvenait plus du reste et ne savait pas comment elle se trouvait là.
16:22 L'hirondelle passa tout l'hiver sous la terre et Poucette la soigna avec sollicitude et affection.
16:30 Ni le voisin taupe, ni la souris des champs n'en surent rien et, de toute façon, ils détestaient les hirondelles.
16:39 Un jour, ce fut le printemps et le soleil réchauffa la terre. Alors l'hirondelle dit au revoir à Poucette, qui rouvrit le trou que la taupe avait fait dans le plafond.
16:49 La clarté du soleil les éblouit et l'hirondelle demanda à Poucette si elle ne voulait pas venir avec elle.
16:55 « Tu pourrais monter sur mon dos, disait-elle, et nous volerions ensemble au-dessus des vertes forêts. »
17:02 Mais Poucette savait qu'elle causerait un grand chagrin à la souris des champs si elle la quittait de cette façon. Alors elle répondit « Non, je ne peux pas. »
17:10 « Alors adieu, adieu, chère jolie enfant, dit l'hirondelle, et elle s'envola dans la lumière du grand jour. »
17:16 Poucette la suivit du regard et ses yeux se remplirent de larmes, car elle aimait beaucoup la pauvre hirondelle.
17:22 « Tuit, tuit, chantait l'oiseau en volant au-dessus des vertes forêts. »
17:27 Et Poucette se sentit très triste. Elle n'avait pas la permission de sortir au soleil.
17:32 Le blé qu'on avait semé dans le champ au-dessus de la maison était haut maintenant et faisait comme un bois épais pour la fillette qui n'était haute que d'un pouce.
17:42 « Tu vas te marier, Poucette, dit la souris des champs. Notre voisin a demandé ta main.
17:52 Quelle aubaine pour une pauvre enfant comme toi ! Nous devons nous occuper de ton trousseau.
17:57 Tu vas te mettre à coudre et à tricoter. Il ne faut manquer de rien quand on est une Madame Taupe. »
18:03 Poucette dut tourner le rouet et la souris embaucha quatre araignées pour filer et tisser jour et nuit.
18:11 Tous les soirs, le voisin Taupe venait en visite et ne cessait de parler de la fin de l'été.
18:16 Alors il célébrerait son mariage avec Poucette car pour l'instant la brûlure du soleil était si forte qu'elle desséchait la terre, la rendant dure comme pierre.
18:25 Dès que l'été prendrait fin, les noces pourraient avoir lieu. Mais Poucette n'en éprouvait aucune joie car elle n'aimait pas l'ennuyeux voisin Taupe.
18:34 Tous les matins, quand le soleil se levait, et tous les soirs, quand il se couchait, elle se faufilait dehors, devant la porte.
18:42 Et si le vent écartait les épis de blé, laissant voir le ciel bleu, elle songeait combien c'était clair et beau, là dehors.
18:49 Et elle avait grande envie de revoir sa chère Hirondelle. Mais celle-ci ne revenait pas. Elle était déjà loin sans doute, qui volait dans les vertes clairières.
18:58 Quand l'automne arriva, le trousseau de Poucette était fin prêt et la souris des champs lui dit « La noce aura lieu dans quatre semaines. »
19:12 Alors Poucette fondit en larmes et dit qu'elle ne voulait pas épouser cette Taupe acariâtre.
19:18 « Ne dis pas de sottises, répliqua la souris des champs, et si tu fais l'entêté, je te mordrai.
19:24 Monsieur Taupe est un très bon parti. La reine elle-même n'a pas d'aussi beau manteau de fourrure.
19:29 Sa cuisine et son garde-manger sont remplis à rabords. Tu devrais remercier le ciel de ta bonne fortune. »
19:38 Alors la date du mariage fut arrêtée. Ce jour-là, le voisin Taupe viendrait chercher Poucette pour l'emmener chez lui au plus profond de la terre,
19:44 et elle ne verrait plus jamais le soleil parce que les Taupes ne le supportent pas.
19:48 La pauvre enfant était très malheureuse à l'idée de dire adieu au beau soleil, et comme la souris des champs lui avait donné la permission de sortir sur le seuil, elle alla le regarder une dernière fois.
20:00 « Adieu ! » soleil lumineux s'écria-t-elle en tendant les bras vers lui. Alors elle s'éloigna de quelques pas de la maison.
20:07 Le blé était coupé, et il ne restait plus dans les champs que le chaume sec.
20:11 « Adieu ! adieu ! » répéta-t-elle entourant de ses bras une petite fleur rouge qui avait poussé près de là.
20:16 « Salut de ma part la petite hirondelle, si tu la revois. »
20:20 « Tuit ! Tuit ! » entendit-elle à cet instant au-dessus de sa tête.
20:25 Elle regarda en l'air, et là-haut, elle vit l'hirondelle qui passait par là.
20:29 Elle fut enchantée de voir Poussette. La petite lui dit qu'elle n'avait aucune envie de se marier avec la freuse taupe, ni de vivre sous la terre sans jamais revoir le soleil, et elle pleurait en lui racontant tout ça.
20:41 « Voici venir l'hiver glacé, » dit la petite hirondelle, « je vais m'envoler vers les pays chauds. Veux-tu venir avec moi ?
20:50 Tu n'auras qu'à te mettre sur mon dos en t'accrochant bien fort avec ta ceinture, et nous volerons loin de l'horrible taupe et de ses appartements lugubres, là-bas, au-delà des montagnes, vers des pays plus chauds qu'ici, où le soleil brille plus fort, où l'été dure toute l'année et les fleurs éclosent encore plus ravissantes que chez nous.
21:09 Envole-toi avec moi, chère petite Poussette, qui m'a sauvé la vie lorsque je gisais transi dans la galerie obscure.
21:18 « Oui, je partirai avec toi, » dit Poussette, et elle monta sur le dos de l'oiseau, posa les pieds sur ses ailes déployées et noua sa ceinture à une des plus grosses plumes.
21:33 Alors l'hirondelle s'éleva dans les airs, survola la forêt et la mer, plana au-dessus des plus hautes montagnes couvertes de neige éternelle. Poussette aurait pu geler dans l'air glacial, mais elle se blottit sous le plumage douillet de l'oiseau, en laissant juste sa tête dehors pour admirer les beaux pays qui s'étalaient tout en bas.
21:58 A la fin, elles atteignirent ces contrées, où le soleil semble beaucoup plus ardent et chaud, et le ciel plus haut sur la terre, sur les haies, et au bord des chemins, mûrissaient des raisins pourpres.
22:12 Dans les bois, les arbres étaient chargés de citron et d'orange, et l'air était embaumé d'émyrtes et de l'oranger. De ravissants enfants couraient sur les sentiers, jouant avec des papillons colorés.
22:27 À mesure que l'hirondelle volait de plus en plus loin, tout devenait de plus en plus beau. Elles arrivèrent enfin près d'un lac tout bleu. Sur ses bords, à l'ombre de feuillage d'un verre profond, il y avait un palais de marbre éblouissant bâti dans l'ancien temps.
22:44 Une treille grimpait autour de ces majestueux piliers, au sommet desquels on pouvait voir de très nombreux nids, et l'un d'eux était la demeure de l'hirondelle qui avait amené Poucette.
22:56 « Nous voici chez moi, » dit l'hirondelle, « mais tu ne serais pas à ton aise ici. Il faut que tu choisisses une de ces jolies fleurs pour ton logis. Je t'accompagnerai en bas et t'y porterai. Là, tu trouveras tout ce que tu peux souhaiter pour être heureuse. »
23:13 « Ce sera merveilleux, » dit Poucette, et elle battit des mains.
23:18 Par terre, il y avait un gros pilier de marbre abattu. En tombant, il s'était brisé en trois morceaux. Entre les trois morceaux poussait des fleurs extraordinairement blanches.
23:32 Et l'hirondelle descendit avec Poucette et la posa sur un pétale. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'elles découvrirent, au milieu de la fleur, un tout petit homme presque aussi clair et diaphane que s'il avait été de vert.
23:49 Il portait une couronne d'or sur son front, de délicates petites ailes sur les épaules, et n'était pas beaucoup plus grand que notre Poucette. C'était lui l'ange des fleurs.
24:03 Car un petit homme ou une petite dame habitait dans chacune des fleurs, mais lui était leur souverain à tous.
24:13 « Oh, comme il est beau ! » chuchota Poucette à l'hirondelle. Le petit prince fut d'abord saisi de frayeur en voyant l'oiseau, qui était un véritable géant comparé à la délicate et minuscule créature qu'il était.
24:27 Mais quand il vit Poucette, il fut enchanté, et il pensa « C'est la plus adorable demoiselle que j'ai jamais vue de ma vie ! »
24:37 Il enleva sa belle couronne d'or de sa tête et la posa sur celle de Poucette, puis il lui demanda son nom et si elle voulait devenir sa reine.
24:47 Si elle disait oui, elle régnerait sur tout le royaume des fleurs. Certes, c'était autre chose comme Marie que le fils d'un crapaud, ou que la taupe et toutes ses épaisses polices de velours noires.
25:01 C'est pourquoi elle dit oui au beau prince. Alors de chaque fleur sortit une petite marquise ou un petit seigneur, tous aussi mignons l'un que l'autre.
25:10 Chacun apporta à Poucette un présent, mais le plus beau cadeau fut une paire de magnifiques ailes qu'on avait prises à une grande mouche blanche.
25:18 On les attacha sur le dos de Poucette, si bien que celle-ci put voler très librement de fleur en fleur.
25:27 Or il y eut de grandes réjouissances et on demanda à la petite hirondelle qui était remontée dans son nid de chanter une chanson de noces, ce qu'elle fit de tout son coeur.
25:36 Mais au fond elle était triste, car elle aimait beaucoup Poucette et aurait voulu ne plus jamais être séparée d'elle.
25:44 "Il ne faut plus qu'on t'appelle Poucette", lui dit alors l'ange des fleurs. "C'est un nom trop vilain et tu es si ravissante. Nous t'appellerons Maya."
25:58 "Adieu, adieu", dit la toute petite hirondelle avec le coeur bien gros, en quittant de nouveau les pays chauds pour retourner en volant jusqu'au Danemark.
26:10 Là, elle avait un nid juste au-dessus de la fenêtre d'une maison où habite l'homme qui sait conter des contes.
26:17 Et elle lui a chanté son "Tuit, tuit, tuit, tuit" et c'est de là que nous tenons toute l'histoire.
26:25 "Tuit, tuit", que de souvenirs ses notes évoquent.
26:37 "Tuit, tuit, tuit, tuit, tuit"
26:47 Oh, c'est si charmant, si merveilleux, si délectable.
26:56 La, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la.
27:18 Une voix douce comme du velours, semblable au rossignol, des mots, des notes qui voyagent sur les ailes de l'amour
27:30 et comme des flèches sifflent dans les salons, dans les chambres, transperçant les esprits vagabonds et les cœurs purs.
27:42 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
27:45 *Bruit de la voiture qui tombe*