SMART PATRIMOINE - L'ESG attaqué aux États-Unis ?

  • il y a 5 mois
Le Texas Permanent School Fund a récemment retiré à BlackRock la gestion de 8,5 milliards de dollars. Cette décision fait suite à des accusations de boycott des énergies fossiles de la part du géant de la gestion d'actifs. Vincent Auriac, président d'Axylia, revient dans SMART PATRIMOINE sur les différentes attaques subies par l'ESG.

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00:00 [Générique]
00:04 Et c'est parti pour Investir Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement durable aux responsables de Smart Patrimoine.
00:10 Et aujourd'hui, nous avons le plaisir d'être accompagné par Vincent Horiac. Bonjour Vincent Horiac.
00:14 Bonjour.
00:15 Vous êtes le président d'Axilia et nous souhaitions revenir ensemble sur les différentes attaques contre l'ESG aux États-Unis,
00:22 comme exemple principal aujourd'hui, ce Texas Permanent School Fund qui a pris la décision de retirer à BlackRock 8,5 milliards de dollars de gestion
00:33 au prétexte que BlackRock boycotte le pétrole, le charbon et le gaz.
00:37 Une situation un peu ubuesque d'un point de vue français mais qui est réelle aux États-Unis, au Texas. Expliquez-nous ce qui s'est passé.
00:44 Effectivement, c'est au Texas. Ce fonds de dotation qui pèse quand même 53 milliards de dollars reçoit de l'argent de différentes entités,
00:52 beaucoup dans le pétrole, puisque le Texas est quand même au lieu de tout ça, et finance avec ça les écoles et donc cherche à maximiser sa dotation.
01:04 Et effectivement, ils critiquent BlackRock sur le fait qu'il n'y a pas assez de pétrole dans le fonds de dotation, pas assez.
01:10 Et donc, ils ont retiré 8,5 milliards à BlackRock il y a quelques semaines. Ce n'est pas nouveau. C'est un contexte très texan où il y a beaucoup de crispations autour de ce sujet-là.
01:21 Les texans veulent absolument du pétrole dans les portefeuilles.
01:24 Oui, quel que soit l'acteur financier, quelque part, ils veulent du pétrole. Et là, il n'y en avait pas suffisamment dans les investissements effectués par BlackRock.
01:31 C'est-à-dire qu'indépendamment de la performance, globalement, on regardait juste s'il y avait suffisamment ou non de pétrole dans les investissements.
01:36 C'est ce qu'il faut comprendre.
01:37 Oui, alors ce fonds de dotation touche beaucoup d'argent de l'industrie pétrolière. Il faut savoir que le pétrole ne pèse plus que 4% dans l'indice S&P 500.
01:47 C'était 30% il y a une dizaine d'années. Bon, ça n'en dit pas rien. C'est le marché qui a fait ses arbitrages.
01:53 Il y a plein de fonds de pension ou de fonds de dotation qui ne sont pas ceux en question, qui sont partis ailleurs sur la tech.
01:58 Et ça a fait baisser mécaniquement le poids du pétrole. BlackRock n'est pour rien. C'est simplement le reflet du marché.
02:04 Ce fonds de pension, lui, il pense qu'il n'en a pas assez. Il enlève son argent. Il veut aller ailleurs.
02:10 Je ne suis pas certain que ça se termine forcément aussi mal que ça pour BlackRock.
02:14 Alors, vous avez quand même creusé un petit peu le sujet. Vous vous êtes exprimé d'ailleurs sur différents réseaux sociaux, au moins un en tout cas, sur le sujet.
02:22 Si on regarde les performances financières, les performances boursières, qui a raison quelque part ?
02:26 Le gestionnaire ou celui qui a une vision sur la manière dont son argent est géré ?
02:30 Le fonds de dotation devrait quand même avoir l'idée de maximiser la valeur de son portefeuille.
02:35 Bien sûr.
02:36 Et le plus d'argent pour les étudiants et pour les écoles. Il est quand même là pour ça.
02:39 Et si on regarde les perfs, je ne vois pas, oui, effectivement, la légitimité de son attaque, puisque quand vous avez mis 10 000 dollars dans le pétrole il y a 10 ans,
02:48 ça vaut 14 000 dollars 10 ans après, 30 000 dans le S&P 500 et 33 000 dans le S&P 500 dont on retirait le pétrole.
02:55 D'accord.
02:56 Ça gagne encore plus que le S&P tout seul.
02:59 C'est quoi le message qu'envoie ce fonds-là ? Il veut tout mettre sur le pétrole ?
03:04 Donc les 8,5 milliards qu'il a aujourd'hui n'en valraient que 6.
03:08 Je ne pense pas que ça soit un calcul. Personne ne fait ce genre de calcul-là.
03:12 Donc c'est assez étonnant.
03:13 BlackRock a tout de suite effectivement contré en disant "mais attendez, on est extrêmement attentifs à la maximisation de votre portefeuille.
03:21 Loin de nous, notre idée de poursuivre un calendrier qui ne serait pas le calendrier de la performance.
03:27 En tout cas, quand on suit également des buts ESG, c'est toujours avec une contrainte de performance.
03:33 Et ça, il faut reconnaître aux Américains l'exigence de faire de la perf même avec l'ESG.
03:38 Là-bas, ça passe beaucoup par des ETF, donc des choses très cadrées, très indicielles.
03:44 On a encore très peu de genre de choses en France.
03:47 C'est très indiciel, c'est quasiment les mêmes poids pour les secteurs que dans l'indice.
03:51 Donc c'est très cadré. Ce qu'on appelle la "tracking error" est très faible.
03:57 Donc les gens font quasiment la même perf que l'indice, à 1 ou 2% près.
04:01 Il n'y a pas du tout les dérives, les écarts qu'on peut constater en France.
04:04 On a plutôt une gestion active.
04:06 Là, on peut avoir des écarts de performance qui peuvent être significatifs.
04:10 Donc BlackRock dit "moi je défends la veuve et l'orphelin, l'étudiant et les écoles.
04:16 Je suis là pour augmenter la performance et rassurez-vous là-dessus, on a tout fait".
04:20 Et la performance est là ?
04:21 Et la performance est là !
04:22 S'il y avait eu du pétrole, il y aurait eu moins de performance ?
04:23 Il y en aurait eu moins. Je pense qu'il serait parti il y a longtemps.
04:26 Donc il n'y a pas de souci de ce côté-là. BlackRock est droit dans ses bottes.
04:31 La performance est là. Les actifs ont redépassé les 10 000 milliards.
04:35 La mort de l'ESG américain qu'on nous annonçait trois fois ce matin dans les échos.
04:40 Il y avait un papier comme quoi BlackRock allait être réintégré dans la liste des gérants.
04:47 Je dirais la béliser quelque part.
04:50 Au Texas vous voulez dire ?
04:52 Oui, c'est ça. Le Texas est quand même un sujet particulier, même aux Etats-Unis.
04:56 C'est là-bas que ça cristallise un peu toutes les animosités sur ce sujet-là.
05:01 Je pense que ça va rentrer dans le rang. Il n'y aura plus de problème.
05:05 Qu'est-ce que ça nous dit quand même cette demande, cette accusation vis-à-vis de BlackRock de boycotter le pétrole au Texas ?
05:11 On rappelle que c'est au Texas. C'est quoi ? C'est une ingérence politique dans des sujets financiers ?
05:16 Un lobbying d'activités pétrolières au Texas ?
05:20 Il y a effectivement un sujet politique.
05:24 Il y a ensuite un sujet de poids que la gestion indicielle est en train de prendre.
05:30 Il n'y a pas que BlackRock. Il y a Vanguard, il y a State Street.
05:35 Ils pèsent souvent 25% en moyenne de la bourse américaine.
05:40 Les chiffres nous disent qu'ils pèseraient 40% dans une dizaine d'années.
05:44 Ces gens-là font de l'ombre à tout un tas d'acteurs.
05:48 Il y a aussi ça. Qui contrôle les boîtes ?
05:51 Est-ce que c'est l'actionnariat historique ou est-ce que c'est le Big Three ?
05:57 C'est effectivement un vrai sujet.
06:00 Il y a tout le sujet qui est extrêmement fort aux États-Unis.
06:03 Des cartels. On n'hésite pas à casser les entreprises aux États-Unis quand elles prennent trop d'ampleur.
06:08 Est-ce que ça va se passer comme ça pour les trois gros ?
06:12 BlackRock, State Street et Vanguard, on ne sait pas.
06:16 Ce sont des attentions historiques aux États-Unis.
06:19 La liberté, l'efficience du marché, la respiration, le fait qu'il n'y ait pas de concentration au sein de trois.
06:25 Il y a un trop petit nombre d'acteurs.
06:28 Il y a tout ça derrière. C'est la gouvernance, le contrôle des entreprises.
06:32 Et puis il y a aussi ce sujet ESG, climat.
06:36 Bien sûr.
06:38 Sur ce sujet ESG, climat, on a donné l'exemple de ce qui se passe au Texas.
06:43 C'est un peu l'arbre qui cache la forêt.
06:45 De manière globale, aux États-Unis, le sujet ESG a presque été industrialisé.
06:50 Il a été industrialisé. De toute façon, le climat ne va pas s'arrêter comme ça.
06:55 Malheureusement. Je pense qu'on pourra raconter ce qu'on veut comme quoi l'ESG est fini.
06:59 En tout cas, le climat, la CPE du climat, c'est parti pour rester.
07:04 Et donc, il faudra que les boîtes, d'ailleurs elles le veulent, s'alignent sur les objectifs qui sont donnés.
07:10 Elles seraient même demandeuses de plus de contraintes.
07:14 Aux États-Unis ?
07:15 Oui, et partout. Mais les mêmes contraintes pour tout le monde.
07:18 Parce qu'aujourd'hui, il n'y a pas de contraintes. Donc, on laisse un peu les choses se faire.
07:21 Et les boîtes sentent bien qu'elles vont payer un peu les poux cassées.
07:25 Alors qu'il pourrait y avoir quelque chose de plus construit au niveau étatique.
07:28 Mais enfin, ça n'en prend pas le chemin.
07:30 Mais le climat, c'est parti pour rester.
07:33 Les boîtes ne vont pas s'arrêter comme ça de voir des gérants les interpeller en Assemblée Générale et autres.
07:39 Merci beaucoup, Vincent Aurillac, de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine.
07:41 Je rappelle que vous êtes le président d'Axilia. Merci beaucoup.
07:44 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.

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