Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la violence chez les jeunes.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Toulouse, c'est intéressant d'avoir votre avis aussi là-dessus, madame Toraval,
00:04 où un professeur de technologie a été violemment agressé en plein cours par l'un de ses élèves hier matin.
00:08 L'élève a été placé en garde à vue. On a sur place le correspondant d'Europe 1, Charles Lully.
00:12 Bonsoir Charles. Qu'est-ce qui s'est passé exactement entre ce jeune, je crois qu'il a 14 ans, et son professeur ? Expliquez-nous.
00:19 Alors en fait, c'était hier aux alentours de 11h30 en réalité, en plein cours de techno, cet élève de 3e.
00:28 Bon, gigote sur sa chaise, le professeur commence à lui faire une remarque, cela dégénère,
00:34 et en réalité le professeur commence à le prendre par le col, sans pour autant être violent.
00:39 Et puis à ce moment-là, l'élève se révolte un peu et lui donne quatre gifles.
00:45 Quatre gifles. Il y a également eu des menaces de mort. "Je vais te fumer", c'est ce qu'il a dit, cet élève, à ce professeur.
00:52 Alors les autres camarades de classe sont intervenus pour essayer de calmer le jeu, et puis ensuite ces élèves ont essayé, en tout cas,
01:00 d'éloigner l'élément perturbateur de la classe et l'ont conduit à la sortie.
01:06 Alors cet élève justement, il a 14 ans, on l'a dit, c'est un élève décrit comme turbulent, pas forcément voyou, il était inconnu de la justice,
01:15 et d'ailleurs il sera déféré demain pour violences et menaces de mort.
01:18 Charles, encore un mot, vous avez pu vous entretenir avec les camarades de ce jeune qui a été interpellé,
01:23 et des parents d'élèves qui sont surpris ou pas du tout de l'incident ?
01:27 Oui, alors, surtout que ce collège de Bellevue à Toulouse est décrit comme un établissement plutôt tranquille,
01:33 dans un quartier qui l'est aussi tranquille. Et c'est vrai que les élèves, les parents d'élèves aussi, sont littéralement consternés.
01:41 Parce que d'abord, ce professeur est apprécié d'abord par les élèves, puis aussi par les parents,
01:47 et puis voilà, c'est vrai que sur place on ne comprend pas, véritablement, c'est l'incompréhension.
01:53 Alors ce professeur, il s'est vu accordé deux jours d'ITT, il y a également un arrêt de travail bien sûr,
01:59 et puis surtout une protection fonctionnelle de la part de l'Académie de Toulouse.
02:03 Merci Charles Lully, correspondant d'Europe 1 dans la région, Mme Marie-Hélène de Ravalmer de Romain-sur-Isère.
02:10 On voit que la violence est exponentielle en réalité.
02:13 C'est-à-dire qu'on ne supporte plus rien et on s'en prend à son professeur, aux policiers, aux gendarmes.
02:18 Je ne vais pas commenter, je crois que vous voulez... Enfin, je peux le commenter après.
02:22 Il y a quand même quelque chose qu'il faut retenir. On parle d'un élève qui est perturbateur.
02:26 Et je m'étais permise aussi de dire, à un moment donné, qu'on a quand même une problématique sur certains jeunes,
02:32 une problématique de santé mentale, qui se traduit aussi dans le comportement et dans la capacité à pouvoir tenir en place dans un cours.
02:39 Donc là, en l'occurrence, effectivement, je trouve ça grave.
02:44 Je trouve que lorsque des élèves, eh bien, on arrive à mettre...
02:48 À s'en prendre à leur professeur, c'est extrêmement grave.
02:50 Louis de Raguenel, peut-être des précisions sur cet incident grave à Toulouse ?
02:56 Ce qui est très gênant, c'est que ce sont les élèves qui ont expulsé...
03:03 Qui ont perturbé le cours et qui insultaient et qui menaçaient son professeur.
03:07 Et ça pose une question, celle de l'autorité, parce que, heureusement, il ne s'est "rien passé".
03:13 C'est-à-dire que, heureusement, les élèves qui ont sorti le perturbateur, eux-mêmes n'ont pas molesté l'élève perturbateur.
03:21 Parce que sinon, ça aurait été eux qui, aujourd'hui, seraient sur le banc des accusés ou qui recevraient des plaintes.
03:26 Parce qu'on leur reprocherait d'avoir agressé leur camarade violent.
03:30 Sabrina, qu'est-ce que ça vous inspire, cette montée de la violence ?
03:33 Ça m'inspire un diagnostic qui correspond à tout l'effondrement de la jeunesse, encore une fois, depuis les années 50, où on assiste à une inversion de valeur.
03:46 Je ne sais pas si c'est l'effondrement de la jeunesse ou de l'effondrement de la parentalité, moi.
03:49 Les deux. C'est-à-dire qu'on est passé de l'enfant roi à l'enfant tirant à, aujourd'hui, l'enfant criminel.
03:57 On est passé des parents qui incarnaient l'autorité parentale à des parents qui sont devenus des responsables parentaux.
04:05 Parce qu'il y a aussi des glissements sémantiques dans le code pénal.
04:08 L'accompagnement, notamment à l'école, où la parentalité positive a été mise en exergue davantage que l'autorité du professeur, qui est là pour instruire et non pas éduquer les enfants.
04:19 En fait, c'est malheureusement une forme de conglomérat où toutes les valeurs de notre anthropologie moderne se sont inversées, où les adultes sont infantilisés et les enfants adultifiés.
04:34 Là, on prenait par exemple les couvre-feu.
04:39 Alors, moi, je veux bien les couvre-feu. Je veux bien qu'on interpelle des mineurs.
04:42 Mais encore faudrait-il que les parents ne soient pas défaillants, ne soient pas eux-mêmes des délinquants.
04:47 Il y a une étude du professeur Bronsard qui montre l'échec patent d'un CEF dans les Bouches-du-Rhône.
04:53 - Sondes d'éducation fermées. - Absolument, les sondes d'éducation fermées, où ils disent que 56 % d'entre eux ont déjà un membre de leur famille en prison.
05:01 Vous avez des parents ou des adultes, bien sûr, qui viennent au commissariat et qui disent "s'il vous plaît, mettez-le en prison, je n'arrive plus à contenir ses émotions".
05:09 Mais tout ça, malheureusement, c'est encore une fois l'aboutissement d'un éprouvant de la société.
05:15 Les parents qui vous demandent "Rodimana, mettez mon enfant en prison", non, c'est quand même pas...
05:19 - Ça peut arriver. - Ça peut arriver, oui.
05:21 Ils nous disent à nous, les policiers, "mettez-le en garde à vue au moins cette nuit, je suis tranquille cette nuit".
05:25 Ça, ça peut arriver.
05:27 Oui, vous posez la question à Sabrina, ça vous inspire quoi aujourd'hui ? Moi, ça ne m'inspire pas, ça me déprime de voir ce genre de choses.
05:34 Et c'est pour ça qu'il faut taper fort, ce gamin, il faut qu'il soit jugé vite et qu'il ait une sanction.
05:39 Alors, peu importe, on ne va pas dire qu'il va aller 10 ans en prison.
05:41 Ce n'est pas des problèmes psychologiques graves.
05:43 - Pour ça, il dit que c'est toujours le même sujet. - Exactement.
05:45 - Il faut aller plus loin. - Le sens de la sanction, la rapidité...
05:49 - Pas tous en même temps, parce que là, sinon, on ne va pas... - Non, non.
05:51 - Alexandre de Vecchio... - On peut imaginer qu'il va être envoyé dans un autre lycée un peu plus loin,
05:55 ce qui est quand même un incroyable problème.
05:59 Et encore une fois, sanctionner, mais les parents aussi ont une part de responsabilité, on y revient toujours.
06:05 D'ailleurs, sur la délinquance des jeunes, on a beaucoup dit pendant des années,
06:09 mais il y a le problème des femmes seules.
06:11 C'est un problème que je n'y pars, il faut les aider.
06:13 Par ailleurs, il y a beaucoup de femmes seules qui font bien leur travail de parents.
06:17 Il y en a aussi beaucoup qui bossent la nuit, en horaire des années.
06:21 Mais il n'y a pas que ça. En réalité, c'est un peu dire...
06:25 Les femmes seules, il faut les aider. Ce n'est pas prendre tout le spectre de la réalité.
06:29 Quand vous parlez aux pédopsychiates, comme M. Rabinovitch ou M. Berger,
06:35 ils vous disent parfois qu'il vaut mieux qu'il n'y ait pas de père,
06:37 parce que le père est lui-même un délinquant et incite...
06:39 La fin des pères.
06:41 Non, mais je ne suis pas pour la fin des pères.
06:43 Mais c'est ce que vous venez de dire, Alexandre.
06:45 Il y a des pères qui sont très bien.
06:47 Mais je vous dis qu'il y a des parents, mère ou père, d'ailleurs, souvent des pères,
06:51 qui sont eux-mêmes des délinquants et qui font du désapprentissage, si vous voulez.
06:55 Donc ne se moyons pas dans la démagogie en disant
06:59 "oui, mais c'est un problème de mères célibataires,
07:01 et en plus, il y a des mères célibataires qui font très bien leur travail de père."
07:03 et qui tiennent leurs enfants avec beaucoup d'autorité.