Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la colère des Français, après le meurtre de Philippine, 19 ans, commis par un individu sous OQTF.
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00:00Il est 18h02 sur CNews et Europe 1, nous sommes avec Ludo Ragnel, bonsoir Louis, Rachel Kahn, merci d'être là,
00:06Joseph Macé-Scarron, le commissaire Frédéric Clause, merci, Françoise Laborde et Éric Clapet.
00:12On va commencer, si vous le voulez bien, par, évidemment, le drame du meurtre de Philippines qui n'en fait ni pas de bouleverser les Français.
00:19On va écouter Nicolas Sarkozy, qui était l'invité exceptionnel de nos deux antennes ce matin, avec Sonia Mabrouk.
00:24Il s'est indigné des procès en récupération, des procès en fascisme qui sont aujourd'hui les légions courantes, et il dénonce une hypocrisie. Écoutez-le.
00:37Ce qui me choque, peut-être pas le plus, mais beaucoup, c'est l'hypocrisie.
00:45Celle de ceux qui hurlent à la récupération, comme si on n'avait pas le droit de commenter quelque chose d'aussi abominable,
00:54et qui sont les premiers, je pense, à l'extrême gauche, à récupérer.
00:59Quand il y a eu les incidents avec la famille Traoré, il y a eu la polémique sur ce petit jeune de 17 ans.
01:09Et là, ces cris d'orfraie contre un prétendu fascisme, parce qu'on parle de la douleur de cette famille, ou du drame de cette jeune femme, c'est insupportable.
01:22Une hypocrisie, Françoise Labordy, le président Sarkozy.
01:26Oui, une hypocrisie, parce que les questions que l'opinion publique se pose, que le français moyen se pose, c'est des questions bien naturelles.
01:35Et il y a une demande de justice, tout simplement.
01:39Il n'y a pas une demande de mise à l'écart d'une partie de la population, il n'y a pas de revendication raciste ou xénophobe.
01:44Il y a l'idée que tout viol est insupportable, tout viol avec récidive est encore plus insupportable.
01:49Et là, c'est un viol qui se termine par un assassinat.
01:53Donc, évidemment qu'on se dit comment est-ce possible et pourquoi, et d'où venait cet agresseur.
01:59Mais on n'aurait pas le droit de se poser certaines questions, en réalité.
02:02On ne pourrait pas le dire, parce qu'en gros, cet agresseur, il est sous au QTF, et que c'est un gros mot de poser la question de savoir pourquoi il était encore sur le territoire français.
02:10Alors que c'est bien naturel, et c'est une question qu'on doit poser pour tout.
02:14Et encore une fois, je le redis, dans tous les procès, on pose la même...
02:17Dans les procès qu'il y a en cours, par exemple, à Mazan, l'époux de Gisèle...
02:22À Avignon.
02:23À Avignon, pardon.
02:24On pose la question des agresseurs, bien sûr, on pose la question des agresseurs, et qu'on dit que c'est insupportable.
02:31Pourquoi on ne pourrait pas la poser dans le cas de Philippines ?
02:33C'est bien naturel et c'est normal.
02:35Et c'est vrai que la France a besoin de justice, et ce besoin de justice, il doit être entendu.
02:39Sinon, on est dans un pays où, en effet, ça ne va pas du tout.
02:42Et cette hypocrisie autorise certains à interrompre, par exemple, la minute de silence qui a été rendue à Vienne en Autriche...
02:47À la Vienne, évidemment, en France, pour Philippines.
02:51Écoutez au slangant de, carrément, antifascistes.
02:55Écoutez.
03:01Antifascistes !
03:04C'est un mot tout petit, antifascistes !
03:09C'est un mot tout petit, antifascistes !
03:11Rachel Caine, c'est indigne, en fait.
03:13C'est indigne.
03:14C'est une minute de silence pour Philippines.
03:16Non, mais c'est indigne.
03:17Après, sur la forme, on dirait une secte, en réalité.
03:21Par ailleurs, c'est ce rapport à la mort, c'est-à-dire que là, une petite minute de silence, une petite...
03:27Est-ce que vous avez la possibilité de respecter les morts ?
03:30A priori, non, puisque ce sont les mêmes personnes qui, là, profanent cette minute de silence,
03:35et puis cette même ambiance qui déchirait les affiches des otages après le 7 octobre.
03:44Et puis, on voit à quel point, finalement, ils crachent sur notre justice.
03:48Ils ne veulent pas de l'égalité devant la loi.
03:50C'est-à-dire que quelqu'un qui fait quelque chose de mauvais, la loi le prévoit.
03:56Nous sommes égaux devant la loi, et égaux en droit et en devoir.
04:00Et après, le dernier point, c'est qu'on voit bien que le tribunal, maintenant, il n'est plus devant les tribunaux,
04:05mais ici, dans la rue, ou bien sur les réseaux sociaux, ou dans les médias.
04:10Oui, là, on touche en fait quelque chose.
04:13C'est-à-dire qu'un certain nombre de juges et de magistrats ont pensé qu'ils pouvaient aller dans l'air du temps.
04:19Qu'ils pouvaient aller se laisser porter, et même parfois devancer le courant de l'air du temps.
04:24Ce dont ils ne se sont absolument pas aperçus.
04:27Vous savez, c'est la phrase fameuse, la révolution dévore ses propres enfants.
04:29Ce dont ils ne se sont absolument pas aperçus, c'est que, comme vient de le dire Rachel,
04:34c'est-à-dire qu'il y a une justice qui, dans le même mouvement,
04:39et à cause d'eux, a commencé, maintenant, aujourd'hui, à se mettre en place.
04:43Il n'est plus nécessaire, maintenant, d'entendre le résultat d'un procès.
04:47C'est fait.
04:48Et pour peu que vous ayez été attaqué, vous ayez été dénoncé,
04:52ou que vous ayez eu un saut d'infamie, vous avez l'épaule fleur de lysée,
04:55il n'y a rien à faire. Vous vouliez être ad vitam aeternam.
04:58Donc, ils ne se sont du coup pas compte de ça, et ils ont été totalement débordés.
05:02Ce qu'on voit ici est, au sens propre et étymologique du terme, obscène.
05:07Véritablement obscène.
05:09Mais cet obscène et paroxystique, pardon,
05:13parce que je crois, fondamentalement, qu'ils voient que, quelque part,
05:17ils ont perdu, ils sont en train de perdre la partie.
05:20Ils sont en train de perdre la partie parce que les victimes ne se taisent.
05:24Elles se taisent, et on va les entendre dans un instant.
05:27Donc, ça les rend encore plus paroxystes.
05:29Éric, un mot, avant qu'on passe la parole au commissaire.
05:32Moi, je... Ce sont des salopards.
05:35On peut employer le terme, ça vous va.
05:37Vous avez quand même des profits de ces gens.
05:40Mais ce n'est pas un bon salopard.
05:42Ce sont des gens de peu d'importance.
05:44Mais vous avez dedans une prof de français,
05:46vous avez une ancienne candidate, elle est fille à je ne sais plus quel mandat.
05:50Vous avez un psychologue.
05:51Mais attendez, qu'est-ce qu'on reproche à cette gamine qui a été assassinée ?
05:55Qu'elle a été assassinée par un OQTF et qu'elle était catholique ?
05:58C'est pour ça que la minute de silence est foulée.
06:03Elle a été profanée.
06:04Non, mais attendez. Donc, ce sont des salopards.
06:06Frédéric Loos, vous êtes commissaire de police.
06:08J'aimerais qu'on écoute le témoignage de la première victime de cet individu,
06:12le meurtrier présumé de Philippine.
06:14Pourquoi ? Parce que vous avez eu affaire à lui.
06:17Vous étiez dans le Val-d'Oise à l'époque.
06:20Je suis directeur départemental de la Sécurité publique.
06:22C'est-à-dire que c'était quand il avait 17 ans,
06:25qu'il venait d'arriver en France, qu'il a commis le premier vol.
06:27Écoutez le récit d'Adrien Spiteri qui a été fait par cette première victime.
06:31C'est sur un sentier forestier de Taverny que la jeune femme a été attrapée,
06:40puis violée en 2019 par Tahoe, principal suspect de la mort de Philippine.
06:45Dans un courrier adressé à nos confrères de l'AFP, elle exprime sa douleur.
06:49Je pense à Philippine et à sa famille et je suis immensément triste.
06:53J'aimerais les réconforter, la réconforter,
06:56mais je ne fais face au vide insupportable laissé par sa mort.
07:00Condamnée en 2021, Tahoe a été libérée en juin 2024,
07:04soit quelques mois avant la mort de Philippine.
07:21Éviter la récidive avait pourtant été l'un de ses combats à l'époque.
07:25J'ai porté plainte tenue bon au cours des deux ans d'enquête,
07:28d'instruction, puis de procès,
07:30en me disant que ma démarche protégerait d'autres femmes.
07:33Depuis la mort de Philippine, Tahoe, marocain âgé de 22 ans,
07:36a été arrêtée en Suisse.
07:38Une information judiciaire a été ouverte pour viol et homicide par le parquet de Paris.
07:43Commissaire Lowes, vous étiez en charge de la police à cette époque-là dans le Val-d'Oise.
07:48Qu'est-ce qu'elle vous avait raconté, cette jeune fille ?
07:50Elle avait face à elle quelqu'un qui aurait pu la tuer ?
07:53C'est ce qu'elle vous a dit à l'époque ?
07:55À l'époque, effectivement, elle a été prise soudainement par surprise dans un bois
08:02par un individu qui psychologiquement, physiquement avait une emprise,
08:05et puis elle a subi ce viol.
08:09Ce qu'elle m'a dit, effectivement, c'est ce qu'elle avait dit aux enquêteurs.
08:13Moi, j'étais descendu comme directeur pour regarder la procédure,
08:16et puis les enquêteurs m'avaient dit qu'elle suscite l'admiration chez nous tous
08:21de par son courage, son sang-froid.
08:23Évidemment qu'elle a eu peur, elle a su désarmer psychologiquement son agresseur
08:28alors que n'importe quelle victime est en état de choc, de situation.
08:31En lui parlant, c'est ça ?
08:32Elle lui a parlé.
08:33Elle lui a parlé.
08:34Elle a très vite compris que les secondes d'après, d'après le viol,
08:38dans ces secondes-là, c'est là qu'elle devait sauver sa peau.
08:41Et elle a su psychologiquement engager un contact avec son agresseur.
08:48Voilà, le désarmer, je vais utiliser cette expression, psychologiquement,
08:52parce que je ne veux pas rentrer dans les détails.
08:54Et elle nous a aidés.
08:56C'est grâce à elle, effectivement, qu'on a pu résoudre cette affaire très vite,
08:59puisqu'au même moment, on avait lancé un dispositif de recherche
09:02avec les brigades d'anticriminalité, parce qu'on avait un prédateur sexuel
09:05dans la nature, et en même temps, on avait une enquête judiciaire
09:08qui a pu aboutir, et on avait affaire à une victime extrêmement,
09:12d'un très grand courage.
09:14Ça, ça nous avait impressionné.
09:16Une victime debout.
09:17Bien sûr, une victime debout.
09:18Elle avait, je crois, donné quelque chose sur le numéro de portable,
09:21si ma mémoire est bonne.
09:23Je suis d'accord avec ça, mais évidemment,
09:26elle a réussi à sauver sa peau en lui parlant,
09:29mais elle comprend la dangerosité de l'individu.
09:31Et quand elle dit là, je suis immensément triste pour Philippine,
09:34c'est qu'elle s'est dit que c'était, évidemment,
09:37la récidive était envisageable.
09:39Ça a ravivé un trauma, c'est terrible.
09:42Parce que forcément, vous imaginez, des années après,
09:47cette jeune femme s'est construite, elle a évolué.
09:50On a tous des mécanismes psychiques pour vider un peu sa poubelle psychique,
09:54des horreurs qu'on a connues, alors dans son cas.
09:57Et là, d'un coup, ça ravive un trauma.
09:59C'est très compliqué.
10:01Et puis, elle voit cette jeune fille, Philippine, 19 ans,
10:05qui a été tuée.
10:07Et quand bien même elle aurait eu, ce qui a été son cas,
10:10des positions plus nuancées, même si elle a l'audience,
10:13il ne faut pas oublier que, moi, je me souviens très bien
10:15qu'au départ, il niait absolument.
10:17On n'a pas eu affaire à quelqu'un qui a eu une pulsion,
10:19qui a avoué, puis l'affaire est faite.
10:21Non, non, c'est au cours de l'instruction
10:23qu'il a reconnu l'effet.
10:25Donc, évidemment, ça a ravivé un trauma très fort.
10:30Et puis après, c'est sa douleur, c'est sa perception,
10:34que je respecte avec sa pudeur.
10:36Ce que je peux dire, c'est qu'à l'époque,
10:38elle avait été, je le redis, d'un courage exemplaire, bluffant.
10:42J'ai encore une question.
10:43Elle dit, et moi, ça me frappe, parce que je parlais tout à l'heure
10:45des droits des délinquants et des droits des victimes.
10:47Elle dit, j'ai tenu bon pendant deux ans,
10:49j'ai tenu bon pendant la procédure,
10:50parce que c'est difficile d'être victime,
10:52c'est difficile d'être creux,
10:54c'est difficile d'affronter un procès.
10:56Et toutes les questions qu'on vous pose,
10:58parce qu'on a un sentiment que ce sont les victimes
11:00qui sont mises en accusation, finalement.
11:02Et elle s'est accrochée malgré tout.
11:04Il ne faut pas oublier qu'en plus, en matière de délinquance,
11:07vous avez un chiffre noir très important.
11:09Beaucoup d'infractions, de délits, voire de crimes
11:12ne sont pas portés à la connaissance de la police,
11:14de la gendarmerie ou de la justice.
11:16Et certainement, ce chiffre-là est encore plus important
11:19en matière d'agressions sexuelles et de viols.
11:21Parce que beaucoup de femmes ne veulent pas,
11:23ont honte, ont peur, les deux à la fois,
11:25ou sont sous des pressions culturelles et autres.
11:30Mais elle, dans son cas, en plus,
11:32elle avait un agresseur qui a nié.
11:34Je veux dire, ce n'est pas facile.
11:36Et puis, elle a tenu bon.
11:38Et puis, elle a essayé de ne pas avoir une attitude radicale,
11:42déshumanisante.
11:43Et puis, aujourd'hui, elle voit ce qui s'est passé.
11:45Je me mets à sa place.
11:47C'est horrible.
11:48Elle se dit que ça aurait pu être elle.
11:49Elle se dit que ça aurait pu être moi.
11:51Une dernière question avant la pause.
11:52Oui, parce que je trouve qu'il y a un élément
11:55qu'elle aborde.
11:57Et elle dit, en substance,
11:59l'OQTF a oblitéré la récidive.
12:03Et je trouve que ça, c'est juste.
12:05C'est-à-dire que, je ne sais pas votre point de vue,
12:07mais l'OQTF a pris telle place aujourd'hui,
12:10c'est-à-dire avec des gens qui défendent un OQTF,
12:13des gens qui disent, mais où est-ce qu'on va l'envoyer ?
12:16Du coup, la notion même de récidive est passée à l'arrière-plan.
12:19Est-ce que c'est aussi votre sentiment ?
12:20Moi, je pense qu'on ne sait pas tout.
12:22On est au départ de cette affaire.
12:24Pendant cinq ans, on ne sait pas quel traitement médical
12:28l'administration pénitentiaire a mis en place.
12:33On ne le sait pas.
12:34On va le savoir progressivement.
12:36C'est compliqué, on a affaire à un individu qu'on ne connaît pas,
12:38qui vient du Maroc à l'âge de 17 ans,
12:40qui s'est maintenu de façon irrégulière en France.
12:43Après, je pense que Nicolas Sarkozy l'a très bien dit,
12:47mais tout le monde devrait être d'accord,
12:49il faut arrêter d'instrumentaliser ces affaires.
12:51On a une concentration de dysfonctionnement grave,
12:55de dysfonctionnement lourd, ancien depuis 30 ans,
12:58qui illustre notre impuissance publique.
13:01C'est des questions de sécurité.
13:03Tout le monde devrait être d'accord pour dire
13:05qu'on va lutter contre ces dysfonctionnements,
13:07que ce soit l'OQTF, la récidive ou autre chose.
13:09Les problèmes sont aussi importants.
13:11Dernier mot, Rachel McCann.
13:12C'est juste la question de la réparation,
13:14c'est-à-dire qu'une victime comme elle,
13:17elle se répare aussi parce que cette personne-là,
13:21ce criminel, fait sa peine et ne recommence plus.
13:25Le fait de recommencer, finalement,
13:27elle doit se dire tout ça pour ça.
13:30On est entièrement d'accord.
13:32On se retrouve dans un instant dans Punchline
13:34sur CNews et sur Europe 1.
13:35On évoquera les questions d'immigration,
13:37on entendra ce que dit Nicolas Sarkozy
13:40qui évoque le slogan du gouvernement
13:42« Fermeté et humanité ».
13:43On entendra ce qu'il en pense.
13:44À tout de suite.