Punchline - « Des leçons devront être tirées » affirme Bruno Retailleau

  • il y a 2 heures

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des conséquences judiciaires et politiques du meurtre de Philippine.
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Transcription
00:00Il est 18h01 et 30 secondes, nous sommes en plateau avec Catherine Ney, bonsoir Catherine, merci d'être avec nous,
00:05avec Louis de Ragnel, bonsoir à vous, Eugénie Bastier, un plaisir de vous accueillir,
00:09Denis Jacob, ancien policier, directeur de sécurité consulting,
00:13et Françoise Laborde, très heureuse de vous accueillir, vous êtes journaliste.
00:17On va commencer par ce drame, la mort de Philippine, on déroulera les conséquences politiques évidemment de ce qui s'est passé,
00:23mais j'ai envie qu'on parte tout de suite à Versailles où se déroulera demain la cérémonie religieuse, les obsèques de Philippine.
00:29On va rejoindre Audrey Bertheau et Olivier Ganglave, bonsoir à tous les deux.
00:33Il y a déjà beaucoup de monde, en tout cas on attend beaucoup de monde pour demain, pour les obsèques de Philippine, c'est bien cela Audrey ?
00:43Oui, bonsoir Laurence, en effet demain beaucoup beaucoup de monde attendu ici, un dernier adieu à Philippine aura lieu à 13h,
00:54ses funérailles se tiendront donc en la cathédrale Saint-Louis de Versailles qui se situe juste derrière moi.
00:59Alors dès 11h du matin, soit 2h avant les obsèques, les Versaillais nous disent que déjà ils attendent beaucoup de monde,
01:08sa famille évidemment, ses proches mais aussi ses camarades de l'université Paris-Dauphine.
01:14Alors je rappelle que Philippine a été élevée dans une famille catholique avec ses cinq frères et soeurs,
01:20que Philippine était membre des guides et scouts de France et c'est ici dans cette cathédrale, Laurence, qu'elle avait fait sa confirmation.
01:27Donc cette cathédrale n'a pas été choisie au hasard et puis vous le voyez aussi, elle est très très grande,
01:322000 personnes pourront assister à ses funérailles, funérailles d'ailleurs ouvertes au public.
01:38Donc voilà Laurence, beaucoup de monde attendu et puis évidemment une émotion à très très vivre sur place la veille de ces funérailles.
01:46Merci beaucoup Audrey Berthoud et Olivier Gangloff sur place, on va écouter quelques réactions de Versaillais que vous avez recueillis il y a quelques instants.
01:55C'est horrible, c'est horrible.
01:58Alors la justice n'a peut-être pas très bien fait son devoir.
02:02Ça nous choque.
02:03Ça nous choque et je veux dire, on revient toujours au même truc, ça n'aurait pas dû arriver.
02:09Je suis tout simplement bouleversée, je trouve que ça ne devrait plus jamais exister.
02:15Voilà, il faut tout faire pour que ça n'arrive plus.
02:19Je suis très émue.
02:20J'y vais aussi pour soutenir les parents, la famille, parce que c'est une histoire affreuse.
02:27Je tiens à y être aussi parce qu'on nous a demandé de venir.
02:32Voilà pour ces réactions recueillies dans les rues de Versailles, on est Françoise Laborde dans un cas où il y a une grande émotion qui s'est saisie du pays
02:39parce que les gens ne considèrent pas que c'est un fait divers comme les autres, mais que c'est un fait de société.
02:44Et puis, il y a d'un côté les réactions politiques, ceux à qui je faisais référence dans mon sommaire, ceux qui disent que c'est un fait divers comme les autres,
02:51et qu'il ne faut pas récupérer politiquement tout ça.
02:54Je crois que l'indignation et le choc sont d'autant plus grands que justement il y a cette récupération politique, ou cette contre-récupération, je ne sais pas comment il faut dire.
03:06Mais c'est vrai que quand on est ému, j'allais dire normalement, par le destin tragique de cette jeune fille qui a été violée par un violeur récidiviste
03:16qui n'aurait pas dû être sur le territoire français, qui a été frappé, si je puis dire, par une obligation de quitter le territoire,
03:21qui avait été en détention, en rétention administrative pendant un certain temps,
03:25et qu'on est légitimement ému par ce concours de circonstances épouvantable,
03:30et qu'on voit une partie de la classe politique qui hurle à la récupération politique,
03:35et qui a même accusé la famille d'être, j'allais dire, catholique traditionnelle, en disant, mon Dieu, je ne peux pas avoir de la compassion pour des familles catholiques.
03:43Insupportable.
03:44Parce que, franchement, voilà.
03:46Et il y a là quelque chose qui est terrible, parce qu'on se dit que là où il devrait y avoir de la compassion et de la commisération,
03:53et une sorte de communion et de respect pour la douleur de la famille, il y a un pays complètement fracturé avec une classe politique.
04:00Ils s'autorisent à dire n'importe quoi.
04:01Et il y a des bonnes et des mauvaises victimes, et ça on le sait absolument tous, et c'est quelque chose qui est intégré.
04:06Je vous propose d'écouter tout de suite le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui s'est exprimé il y a quelques instants dans les événements.
04:13Cette barbarie qui fait tant de victimes parmi les Français, comme l'illustre malheureusement le meurtre abject de la jeune Philippine,
04:23et j'ai pour elle, dans cet instant, pour sa famille, une pensée émue face à ce drame qui révolte chaque Français.
04:31Toutes les leçons, naturellement, devront être tirées.
04:36Et toute la nation aussi est fière de vous, car je veux le dire ici, c'est le travail d'investigation incroyable de notre police,
04:45mené en un temps record qui a permis, avec nos voisins suisses, d'interpeller le suspect.
04:51Voilà pour Bruno Retailleau, qui s'adressait évidemment aux policiers qui étaient en face de lui, Louis de Ragnel,
04:56lors d'une cérémonie d'adieu du patron de la police, Frédéric Lameau.
05:00Voilà, très bien. Il martèle les mots « barbarie », « meurtre », « abject », il n'a renoncé à rien, Bruno Retailleau ?
05:05Il n'a renoncé à rien, absolument. Bon, il y a un sujet politique, c'est qu'aujourd'hui on a du mal à voir comment,
05:10sur le volet législatif, Bruno Retailleau peut faire évoluer les choses.
05:14Il y a Laurent Wauquiez qui vient à l'instant de déposer une proposition de loi pour agir sur trois leviers,
05:19notamment sur la rétention administrative, pour permettre aux préfets de garder sous la main, pendant une durée beaucoup plus longue,
05:27des personnes comme le meurtrier de Philippine.
05:31Et donc, pour Bruno Retailleau, ce qui n'est pas simple maintenant, c'est qu'il a eu des mots extrêmement forts.
05:38Il a même dit, souvenez-vous, c'était hier ou avant-hier, « ce qui doit être changé sera changé ».
05:44Et en face de lui, à côté de lui, il y a Didier Mignot, le ministre de la Justice, qui lui, n'est pas tout à fait...
05:52Ils se sont vus ce matin dans le bureau de Michel Barnier, Louis Dragnel.
05:54Exactement, ils se sont vus tout à l'heure.
05:55Ils ont accordé les violons ?
05:56Alors, c'est ce qu'on nous dit.
05:59Ce qui va être compliqué, c'est que pour que plus jamais ça puisse se reproduire, ou au moins, peut-être pas plus jamais, mais le moins possible,
06:05il faut des changements législatifs.
06:08On ne peut pas travailler que sur le volet réglementaire.
06:11Et pour le législatif, concrètement, ça veut dire qu'il faut le vote des députés.
06:15Et on sait, on en a déjà beaucoup parlé, l'Assemblée nationale est complètement éclatée.
06:20Tous ceux qui appellent à un durcissement des mesures aujourd'hui, quelle que soit leur couleur politique,
06:25après-demain, vous verrez, en disant « ah non, ça va peut-être un tout petit peu trop loin »,
06:29« ah bah non, les droits de la défense », « ah bah non, le droit des délinquants, des étrangers ».
06:34Surtout que les droits des victimes.
06:35Et donc, c'est ça qui est compliqué.
06:37Et les dernières choses, et après, j'ai vraiment terminé.
06:39Je ne suis pas certain que Jean-Noël Barraud, qui est le ministre des Affaires étrangères,
06:43entende durcir la relation de la France avec les pays étrangers,
06:46parce que ça, c'est un levier extrêmement important.
06:48On voit bien qu'il y a eu un sujet autour de la délivrance du laissé-passer consulaire.
06:52On va y revenir dans un instant, parce que ça, c'est un sujet important et qu'il faut qu'on traite dans le fond.
06:56Et donc, il faut durcir le ton avec ces pays-là.
06:59Le cœur du sujet, effectivement, ce sont ces OQTF.
07:01Et ces OQTF, elles arrivent, finalement, bien tard.
07:04Parce qu'en fait, le problème, c'est qu'on sait qu'une fois qu'une personne est sur le territoire français,
07:07il est très difficile ou impossible de l'expulser à cause des recours juridiques,
07:11parce qu'elle s'évanouit dans la nature, parce qu'on ne peut pas la retrouver.
07:14Donc, le problème, quand même, en amont, c'est pourquoi autant de personnes pénètrent illégalement sur notre territoire.
07:19C'est quand même ça, la question. Pourquoi les frontières sont des passoires ?
07:21Et quand on voit ce qu'a fait Mélanie en Italie, c'est-à-dire baisser 66 % d'immigration en moins sur un an
07:27parce qu'elle est allée négocier justement avec les pays d'Afrique pour faire baisser ce taux,
07:31c'est quand même là le nerf de la guerre.
07:33Il est arrivé, l'individu en question, le meurtrier présumé, avec un visa touristique,
07:36tout à fait légalement, quand il avait 17 ans, en 2019.
07:39Oui, mais il y a un problème de fouine.
07:41Oui, mais au bout d'un mois, il était périmé.
07:42Une fois qu'il était périmé, qu'il avait 18 ans, que son titre était périmé, personne n'a rien fait.
07:47Il a été condamné, il a purgé sa peine de prison.
07:49À aucun moment, on s'est posé la question de son expulsion.
07:52On se l'est posé au moment où il est sorti de détention, ce qui est déjà beaucoup trop tard.
07:56On aurait dû lancer, si vous voulez, la procédure d'expulsion en amont.
08:00C'est là qu'il y a un problème dans le dispositif.
08:03Je pense qu'il n'y a pas de responsabilité individuelle des acteurs.
08:07On voit bien maintenant, on sait à peu près tout,
08:10mais on voit bien que le système ne fonctionne pas.
08:12Et si des gens comme ça, qui sont considérés comme des gens du haut du spectre,
08:16on ne met pas n'importe qui en centre de rétention administrative aujourd'hui.
08:18On met qui ? On met des délinquants sexuels,
08:20on met des meurtriers et on met des gens qui sont radicalisés.
08:25Tout le reste, on ne les met pas dans les centres de rétention administrative,
08:27donc globalement, ils ne sont jamais expulsés.
08:28Donc, si même pour des gens qui sont dans le haut du spectre,
08:31qui mobilisent particulièrement les services administratifs des préfectures
08:35et services de police, d'enquête et de justice,
08:38même si même pour eux, on n'y arrive pas,
08:39c'est-à-dire qu'on n'y arrive pour personne.
08:41Catherine Nel.
08:41Je crois qu'il va falloir mettre un peu de méthode,
08:44parce que moi, j'ai demandé au ministère de l'Intérieur,
08:47est-ce que vous pouvez avoir, sur tous ces OQTF,
08:49est-ce que par pays, on sait combien il y a de délinquants qui sont algériens, marocains, sahariens ?
08:56Comme ça, ce serait quand même plus facile pour déjà commencer des négociations.
09:00Il fallait laisser entrer la diplomatie.
09:02Bon, ce qui est...
09:04Alors, je ne l'ai pas encore.
09:05Ils sont en train de...
09:06Monsieur Retailleau a demandé au service de lui faire un récapitulatif,
09:10il devait l'avoir dans la soirée, je ne l'ai pas encore.
09:12Bon, si on l'a...
09:13Mais en tous les cas, ce qui est déjà sûr,
09:16c'est qu'il y a un problème particulier des OQTF algériens et marocains.
09:22Les Marocains, depuis qu'Emmanuel Macron a envoyé une lettre début juillet
09:30au président, au roi, pour lui dire qu'il reconnaissait la marocanité du Sahara occidental,
09:37je pense que les choses devraient s'arranger.
09:40Mais il s'arrangeait à la marocaine, c'est-à-dire qu'on n'est pas pressé.
09:44Et dans cette histoire de Philippines, ce qui est terrible,
09:47c'est qu'après que la juge ait dit, des libertés aient dit,
09:51il est capable de réitérer ses exploits,
09:54mais je le sors quand même, et que tout de suite,
09:57et qu'on se dit à trois jours près,
09:59voilà, cette jeune fille serait aujourd'hui vivante.
10:04Et ce qui est dramatique, c'est qu'il y a huit jours exactement,
10:06on se disait, tiens, il y a une jeune fille qui a disparu,
10:07on la cherche et puis là, voilà, on l'enterre demain.
10:09Donc c'est quelque chose qui est absolument effrayant,
10:13surtout de se dire qu'avant de la tuer, il lui a escroqué son numéro de carte bleue.
10:20Tout ça, enfin, c'est l'horreur absolue.
10:22Donc on se dit, très bien, ça ne doit pas recommencer.
10:25Mais encore faut-il que les pays veuillent bien récupérer leurs délinquants.
10:29Je parlais de la lettre de M. Macron au roi du Maroc,
10:38ça a tellement plu aux Algériens qu'au mois d'août,
10:40le ministère de l'Intérieur, dans deux charters,
10:43envoyé à Alger, entouré de policiers,
10:49je ne sais pas combien il y en avait, mais des gens, des occupés TF.
10:52Et les Algériens, ils avaient prévenu les Algériens qui avaient dit,
10:56d'accord, et quand ils sont arrivés sur Alger,
10:59ils n'ont pas pu sortir de l'avion et il a fallu revenir.
11:02Ils sont revenus en France.
11:03Ils sont revenus en France, vous voyez.
11:04Donc les Algériens jouent avec nous, il faudrait quand même arrêter,
11:08parce que Emmanuel Macron leur a donné,
11:12alors qu'il avait d'abord réduit le nombre des visas,
11:17il les a augmentés.
11:19Et il faut le savoir aussi que le problème,
11:21il y a tous les corps diplomatiques, tous les passeports diplomatiques
11:25fait que les Algériens peuvent venir sans visa
11:27et emmener avec eux toute une famille qui s'installe et qui ne part plus.
11:31Parce qu'il y a beaucoup de...
11:33L'accord de 68.
11:34Il y a l'accord de 68, plus l'accord qui a été passé par Bernard Kouchner
11:39d'agrément avec son homologue en disant,
11:43oui, on ne va pas vous obliger à avoir des visas.
11:46Donc il y a énormément de choses qu'il faut changer.
11:50On continue, on se retrouve dans un instant tous ensemble
11:52pour essayer de trouver des solutions.
11:54Comment éviter qu'un tel drame ne se reproduise ?
11:55Il y a des solutions.
11:57On va en parler dans un instant sur CNews et sur Europe 1 tout de suite.

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