Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent de justification de l'enseignante qui a frappée une fillette de 3 ans.
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00:00Dans Punchline, ce soir, je voudrais que l'on revienne sur cette affaire de cette fillette de 3 ans
00:05qui a été frappée dans une école matérielle du 15ème arrondissement à Paris.
00:08On en a beaucoup parlé, frappée par une institutrice.
00:11La vidéo publiée sur les réseaux sociaux a été visionnée plus d'un million de fois.
00:16Plus d'un million de fois. C'est énorme, il y a eu beaucoup de réactions.
00:18La ministre de l'Éducation et des Missionnaires, je vous le rappelle, Nicole Belloubet,
00:22a demandé mardi l'ouverture d'une procédure disciplinaire et la suspension de l'enseignante.
00:27Je vous propose d'écouter les réactions de Sophie Audugé, qui était mon invitée dans Midi News ce midi.
00:33Elle est directrice de SOS Éducation. Écoutez-la.
00:36C'est insupportable pour n'importe quelle personne dans le monde constitué
00:41de voir un enfant maltraité et violenté. C'est insupportable.
00:45Et il n'y a aucune excuse aux actes, évidemment.
00:50Et encore plus dans un espace qui est celui de l'institution scolaire
00:54et encore plus d'un geste fait par une enseignante sur un enfant qui est son élève.
00:58Encore plus parce qu'il est encore plus petit.
01:02Puisque, s'il vous plaît, il y a tout un ensemble de circonstances aggravantes
01:05qui vient, évidemment, accentuer le côté à la fois indicible et insupportable des images.
01:12Ça, évidemment qu'il faut le reconnaître et il faut le condamner sans aucun élément de doute.
01:20Pour ouvrir le débat, je vais vous faire écouter la réaction de l'avocat de l'enseignante.
01:27Comme ça, nous serons complets et ensuite, on pourra débattre.
01:31Je ne supporte pas qu'on jette l'eau propre sur ces enseignants au motif que,
01:36effectivement, même parmi ceux les plus irréprochables,
01:40il peut y avoir des gestes malheureux, terribles, fautifs.
01:45Ça reste un cas isolé.
01:47C'est la raison pour laquelle j'ai parlé d'anecdotes
01:50et que ça ne mérite pas d'en faire une affaire d'État.
01:54On est tous émus, on est tous touchés lorsque un enfant est violenté.
01:59C'est normal qu'on soit simples citoyens et parents,
02:03mais ce lynchage médiatique, la faire passer pour un monstre,
02:07ça, c'est insupportable.
02:09Allez, on ouvre le débat avec vous, Louis de Raguenel.
02:11J'ai deux positions, celle de Sophie Audugé qu'on a écoutée
02:14et celle de l'avocat de cette enseignante.
02:16Moi, l'image que j'ai vue, ce serait un de mes enfants
02:20qui serait à la place de cette petite fille.
02:22Je serais allé voir la maîtresse, peut-être la directrice,
02:24et j'aurais demandé des explications.
02:26Ensuite, il y a une certitude, c'est que moi,
02:29je n'en aurais pas fait une cause médiatique.
02:31Et c'est là où je trouve que c'est un peu les limites de notre société.
02:34Ça va beaucoup trop loin.
02:37Ça va beaucoup trop loin.
02:38Ça s'est passé, je crois, il y a quatre jours.
02:40Et on est encore en train de parler de cette histoire
02:44où on entend parfois des choses complètement hallucinantes
02:47d'un côté comme de l'autre.
02:49Et je trouve que tout a été dépassé,
02:55toutes les lignes ont été franchies.
02:56Quand j'entends même, je ne connais pas le dossier,
02:58mais quand j'entends que la petite fille a eu huit jours d'ITT
03:01pour une fessée, alors peut-être qu'elle a eu mal.
03:03Huit jours d'ITT, ça me paraît quand même énorme.
03:06Je trouve que c'est totalement disproportionné.
03:08Je ne suis pas là pour autant en train de défendre la maîtresse,
03:13mais je trouve qu'il faut circonscrire l'affaire à ce qu'elle est réellement
03:16et pas à des interprétations complètement farfelues.
03:19Ça aurait été beaucoup plus simple, franchement,
03:22que ce soit réglé entre la mère, la maîtresse,
03:25éventuellement la directrice de l'école.
03:27On a l'impression que maintenant,
03:29il y a plein de parents qui sont inquiets,
03:31qui se disent, est-ce que mon enfant va se faire battre à l'école ?
03:33Et encore une fois, c'est certes une fessée
03:36qui n'aurait jamais dû être donnée,
03:38mais l'enfant n'a pas non plus été battu.
03:41Véronique et Nathan.
03:43Ça en dit longtemps, parce que la vidéo a été vue un million de fois.
03:48C'est énorme, c'est colossal.
03:49Un million de fois, c'est énorme.
03:51Et si il n'y avait pas eu cette vidéo,
03:53cette affaire n'aurait pas existé.
03:55Et on ne serait pas en train d'en débattre sur C12 et sur Rempart.
03:58Elle aurait peut-être été truquée par ailleurs.
04:00Mais c'est ce qui est effrayant quand même,
04:02et c'est ça, peut-être, qui nourrit un peu
04:04la dimension très émotionnelle et aussi médiatique,
04:07et on en parle beaucoup,
04:08parce que ça nourrit une peur chez les parents,
04:10qui est de dire, moi, en fait, je ne sais pas,
04:12parce que ça se trouve, ma classe n'est pas filmée.
04:14Donc, en fait, ce genre de choses,
04:16et je pense que c'est pour ça aussi qu'il y a un écho médiatique,
04:18et c'est pour ça qu'on en parle.
04:19Mais la petite fille, c'est une double peine.
04:21La victime, c'est la mère de la petite fille,
04:23parce qu'elle a eu ça,
04:25et ensuite, la petite fille est au cœur d'une action médiatique.
04:28Je ne suis pas d'accord du tout avec une pression inouïe sur cet enfant.
04:32Quand je disais que ça, en disant sur notre époque,
04:34c'est que, certes, la maîtresse se défend en disant
04:38qu'elle était irréprochable,
04:39qu'elle n'a jamais eu de malaise
04:42en 30 ans d'exercice de sa profession,
04:44qu'elle avait une classe surchargée,
04:46qu'il y avait des problèmes avec la rentrée, etc.
04:48J'ai envie de dire, pourquoi pas ?
04:50C'est absolument inadmissible de frapper un enfant,
04:52mais tout d'un coup, elle a pété un poing.
04:55Moi, je ne la juge pas là-dessus,
04:57et j'aurais fait comme Louis,
04:58c'est-à-dire, si on s'en était pris à mon enfant,
05:00je me serais dit, ça va beaucoup trop loin,
05:01mais je n'aurais pas ni judiciarisé l'affaire,
05:03ni médiatisé l'affaire.
05:05J'aurais parlé avec la professeure des écoles
05:10et avec la directrice.
05:11Mais où je veux en venir, c'est que,
05:13à mon avis, dans les années 50, pardonnez-moi,
05:15mais il y avait quand même des instituteurs,
05:16et à l'époque, je ne dis pas que c'était toléré,
05:18mais qu'il y avait la malaise,
05:20qui vous tapait sur le bout des doigts avec la règle,
05:23et on n'en faisait pas, à l'époque, des affaires d'État.
05:27Les parents, parfois, n'étaient même pas au courant,
05:29les enfants n'osaient même pas en parler,
05:32et il y avait, pour autant, je pense,
05:33de vraies souffrances et de vraies phobies scolaires
05:36liées au comportement de certains enseignants.
05:38Oui, mais vous voyez, à l'époque,
05:39on avait tendance même à minimiser, j'imagine,
05:41mais pour autant, ce n'était absolument pas tolérable,
05:43et maintenant, on est effectivement
05:45dans un comportement émotionnellement totalement...
05:47Oui, mais Louis a dit quelque chose de clé,
05:49pardon, juste quelques secondes,
05:51il a dit qu'elle n'a pas été battue,
05:52mais je crois que pour beaucoup de gens,
05:54quand ils voient les images,
05:55ils se disent, c'est une enfant battue.
05:57Elle a pris une grosse fessée,
05:59et ensuite un verre d'eau,
06:00ça n'est pas acceptable.
06:01C'est quand même une violence.
06:03Moi, quand j'ai découvert l'affaire,
06:05j'avais l'impression que c'était une enfant
06:07qui avait été torturée, qui était boue.
06:09Je ne minimise pas.
06:10Oui, bien sûr.
06:11Je trouve qu'il faut rester
06:12à strictement ce qu'est cette histoire.
06:14Alors, vous savez,
06:15parce qu'on va en reparler,
06:17et dans cette émission, il y a une pause pub,
06:19donc je dois la respecter,
06:20et sur Raphaël et sur CNews.
06:22Donc on marque une petite pause
06:24et on se retrouve dans quelques instants, évidemment,
06:26je vois que le sujet vous passionne.
06:29On marque une pause.
06:37C'est Punchline Weekend,
06:38jusqu'à 19h, et sur Europe 1,
06:40et sur CNews,
06:41et nous parlons évidemment
06:43de cette fillette de 3 ans frappée
06:45dans une école maternelle du 15ème arrondissement
06:47à Paris par son institutrice.
06:49On va reprendre le débat avec mes invités,
06:52mais je voulais vous faire écouter
06:55tout d'abord la maman de la fillette
06:57qui était invitée chez notre ami Cyril Hanouna
07:00et qui parle de véritables traumatismes
07:02pour sa fille,
07:03et c'est important de penser à cette petite fille aussi.
07:07Votre fille, aujourd'hui,
07:08votre petite fille,
07:09vous l'avez remise à l'école ou pas ?
07:11Non, elle ne veut pas.
07:12Elle ne veut plus ?
07:13Elle ne veut pas même pas sortir.
07:15Donc elle est traumatisée ?
07:16Vraiment, elle ne veut pas.
07:17C'est le deuxième jour d'école ?
07:18C'est le deuxième jour, c'est ça.
07:20Après le troisième jour, oui.
07:22Ce que veulent savoir aussi les spectateurs,
07:24qu'est-ce que vous a dit l'établissement ?
07:26En fait, l'établissement, il m'a dit
07:29tu peux changer ta fille de l'école.
07:31Non, mais c'est n'importe quoi, ça.
07:33Oui.
07:34C'est toujours comme ça.
07:35À chaque fois, c'est le gamin qui doit changer d'école.
07:38Quand on dit qu'on marche sur la tête dans ce pays,
07:40ils se sont excusés, ils vous ont dit ?
07:42Oui.
07:43Ils vous ont dit quoi ?
07:44À mon avis, il devrait être très très mal
07:46qu'il ait pris une telle ampleur.
07:47C'est ça, en fait ?
07:48Oui, c'est ça.
07:49Parce que pour eux, c'est catastrophique.
07:51Réaction, Nathan Devers.
07:53J'étais en désaccord avec ce que vous disiez, Louis.
07:56Enfin, pas que Louis.
07:57Ce que vous disiez généralement,
07:59même si je comprends très bien.
08:00Je suis d'accord avec vous pour dire
08:02qu'il ne faut pas instrumentaliser des faits divers,
08:04qu'il ne faut pas instrumentaliser des vidéos,
08:06tomber dans une sorte de psychose,
08:07faire du populisme pénal en disant
08:09que quelqu'un est un monstre.
08:11J'aime pas faire ça.
08:12Mais en revanche, je pense que ça pose une question
08:14qui est même une question politique.
08:15On parle beaucoup aujourd'hui de libérer la parole
08:17de gens qui sont victimes de violences.
08:19S'il y a bien un groupe social
08:21qui, quand il est victime de violences,
08:23ne peut pas libérer sa parole,
08:24c'est précisément les enfants.
08:26Moi, j'ai pu voir ça,
08:28non pas du tout dans mon cas,
08:29mais dans le cas de quelqu'un que je connais,
08:31des enfants qui sont battus aujourd'hui.
08:33Il y a des numéros verts,
08:35ils peuvent aller au commissariat, etc.
08:37Mais globalement, ils sont battus
08:39et jusqu'à la fin de leur enfance,
08:41ils le seront.
08:42Et ils pourront le dénoncer plus tard.
08:44Quand ils seront adultes, ils pourront dire
08:45j'ai été battu quand j'étais jeune.
08:47Et globalement, c'est pas seulement
08:49parce qu'il y a une forme d'inaction de l'État.
08:52L'État, d'ailleurs, agit.
08:53Mais c'est que, si vous voulez,
08:54c'est extrêmement difficile
08:55quand vous êtes mineur,
08:56que vous êtes parole contre parole
08:58face à un adulte qui est rusé,
08:59qui est intelligent,
09:00vous appelez la police,
09:01le temps que la police arrive,
09:02les parents, évidemment, arrivent,
09:03ils sont très sympathiques,
09:04ils ont l'air rationnels.
09:06Il y a une forme de solitude profonde,
09:08indépassable, ou en tout cas,
09:10pour l'instant indépassée,
09:11des enfants qui sont battus.
09:12J'ajouterais même une chose.
09:13Moi, très souvent, quand je marche dans la rue,
09:15je peux voir des parents avec leurs enfants
09:17et j'ai, comment dire,
09:19l'intime conviction
09:21que, quand les parents avec les enfants
09:23se retrouvent dans leur appartement,
09:25il se passe des choses
09:26qu'on n'a pas envie de voir ou de savoir.
09:28Très souvent, on voit des comportements
09:30et je fais bien la distinction
09:32entre des parents qui seraient autoritaires,
09:34des parents qui pourraient avoir
09:35des méthodes d'éducation
09:37qui seraient, comme ça, très sévères,
09:39et ceux qui se déchaîneraient sur leurs enfants.
09:41Moi, je suis frappé de voir,
09:42rien que dans la ville de Paris,
09:44le nombre de parents qu'on voit dans la rue
09:46avoir des comportements hallucinants
09:48vis-à-vis de leurs enfants
09:49où on sent bien que ce sont des gens
09:50qui déchaînent, comme ça,
09:51leurs pulsions de colère, de hurlement,
09:53de violence physique, de violence symbolique,
09:55complètement gratuites, complètement arbitraires,
09:57un peu monstrueuses.
09:58Et face à cela,
09:59il y a une solitude irrémédiable des enfants
10:01et je pense que ça pose une question politique.
10:03Si la scène n'était pas filmée,
10:04que l'enfant entre en disant
10:05« La maîtresse m'a tapé »,
10:07on dirait...
10:08C'est parce que la scène a été filmée
10:10qu'il y a un million de vues.
10:11L'enfant est rentré en disant
10:12qu'il a été frappé par la maîtresse
10:13et la maman ne l'a pas cru au départ.
10:15Elle dit « Regarde mon dos,
10:16j'ai une grosse tâche rouge ».
10:17Rapidement,
10:18je voudrais vous faire écouter
10:19Jean-Michel Blanquer
10:20qui s'est exprimé chez Laurence Ferry,
10:21d'ailleurs, par rapport
10:22à l'ancien ministre de l'Éducation,
10:23vous le savez,
10:24évidemment, qui s'est exprimé sur le sujet
10:26et ensuite on parle politique.
10:27Je dis ça pour Louis Ragnel
10:28qui va me dire
10:29« J'ai fait punchline week-end
10:30avec Thierry Cabane
10:31et on n'a pas parlé politique ».
10:32Je suis content de pouvoir être
10:33dans votre émission.
10:34C'est un plaisir de vous avoir
10:35mais on va terminer par la politique.
10:36Mais d'abord,
10:37on écoute Jean-Michel Blanquer.
10:39À l'éducation nationale,
10:40personne ne tape personne.
10:41Voilà, ça résume les choses.
10:44Les adultes ne tapent pas les enfants
10:46et évidemment,
10:47les enfants ne tapent pas les adultes
10:48et les enfants non plus
10:49ne se tapent pas entre eux.
10:50C'est les règles à respecter.
10:51Ce genre d'événement
10:52ne doit pas nous faire oublier
10:53que nous devons le respect aux professeurs
10:55et que c'est un principe cardinal
10:57et que les parents doivent
10:59toujours être dans ce respect.
11:01C'est une espèce de contagion positive
11:03du respect qu'on doit rechercher.
11:06Qui veut réagir en deux secondes
11:07par rapport au propos de Jean-Pierre ?
11:09Je trouve que c'est très simple
11:10et il a tellement raison.
11:11Personne ne tape personne.
11:13Je crois que c'est assez basique
11:15et tout est dit.