Le Pacte Mondial de l’ONU réseau France met en avant dix bonnes pratiques du secteur privé en faveur de la durabilité. Parmi elles : celle prise par Armor Group qui parvient à réduire ses déchets en s’alliant avec un collectif d’entreprises voisines. La directrice RSE du groupe nous en parle dans SMART IMPACT avec Nils Pedersen, délégué général du Pacte mondial de l’ONU réseau France.
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00:00Générique
00:06Quand l'ONU et les entreprises privées passent un pacte, c'est le thème de notre débat avec Niels Pedersen. Bonjour.
00:13Bonjour.
00:13Bienvenue. Heureux de vous retrouver. Vous êtes délégué général du pacte mondial de l'ONU Réseau France. À vos côtés, Annabelle Guillet. Bonjour et bienvenue.
00:20Vous êtes directrice de l'innovation sociétale chez Armor Group. Présentez-nous en quelques mots ce pacte mondial des Nations Unies.
00:28Déjà, peut-être, c'est combien d'entreprises en France et dans le monde parce que c'est...
00:31Oui. Alors, commençons effectivement par du concret. C'est 2 200 entreprises de toute taille, de tout secteur d'activité sur tous les territoires en France,
00:3724 000 dans le monde qui sont réparties au travers de 62 réseaux comme le nôtre. Ça vous montre aussi la force de cette initiative qui est en fait factuellement
00:45la première initiative en faveur du développement durable lancée par Kofi Annan en 1999. L'intuition de Kofi Annan, alors secrétaire général, c'est d'embarquer
00:53le secteur privé dans les grands enjeux qui sont les nôtres, la protection évidemment des droits de l'homme, la protection de l'environnement,
00:59les normes internationales du travail et les enjeux de lutte contre la corruption pour amener ces entreprises à travailler sur ces sujets, pour donner un visage humain
01:07à la mondialisation en 1999. Et c'est comme ça qu'est né cette initiative, le pacte mondial ou le Global Compact en anglais, pour amener les entreprises à structurer
01:15des démarches de RSE partout dans le monde. Mais comment vous les choisissez parce que ce sont des très grands principes ? Donc vous avez quoi, des grilles de critères ?
01:22Alors nous on ne choisit pas les entreprises, on choisit évidemment les principes qui sont fixes. Ce sont les dix principes du pacte mondial. Les entreprises s'engagent volontairement.
01:30C'est un engagement volontaire. Ce n'est pas un label, ce n'est pas une norme, ce n'est pas une signature, c'est une participation. C'est le choix d'un chef d'entreprise de s'engager
01:38auprès des Nations Unies à respecter ces dix principes. Bien compris. On va jeter un coup d'œil à ce que représente la taille des entreprises qui ont rejoint ce pacte mondial
01:4960% de PME, 28% d'entreprises de taille intermédiaire et 12% de grandes entreprises. Annaïbelle Guillet, Armorgroupe a rejoint le pacte en 2008, je crois. Qu'est-ce que ça représente ? Pourquoi cet engagement ?
02:02Alors déjà Armorgroupe, c'est une industrie qui a 100 ans, positionnée sur la région nantaise. On est devenu mondial maintenant mais il y a une histoire derrière tout ça.
02:15Et en 2000, avec l'arrivée d'un nouveau PDG qui est toujours actuellement en poste, Hubert de Boisredon, nous avons pris un virage sur la RSE alors qu'à l'époque on n'en parlait même pas de RSE.
02:29C'était un mot qu'on prononçait quasiment pour jamais ?
02:31Ça n'existait pas d'ailleurs. On parlait plutôt de développement durable. Et donc il nous fallait quelque chose pour démontrer notre engagement parce que dès 2008 on était engagés.
02:42Mais du coup ça s'est fait naturellement. C'était un des seuls engagements notables à ce concret.
02:50Et donc vous avez présenté, je crois que c'était au mois de juillet, des initiatives exemplaires de 10 entreprises françaises.
02:58On a voulu rendre tangibles 2200 entreprises en France. Il y a aussi un enjeu du narratif dans le développement durable.
03:04On n'est pas simplement dans de la réglementation, comment on arrive à transformer les modèles d'affaires des entreprises.
03:09Et donc on a choisi volontairement 10 projets, à la fois de grands groupes mais aussi de pays meubles et de tailles intermédiaires sur le territoire.
03:15Effectivement l'engagement d'Armor Group est intéressant. On rejoint à partir de 2008. Le réseau a été créé en 2003.
03:21Et la courbe d'apprentissage, ils ont aussi participé à nos instances de décision.
03:25La courbe d'apprentissage réciproque a permis à Armor de structurer sa démarche mais d'aller beaucoup plus loin dans un projet que Annabelle nous présentait.
03:33Alors je veux bien que vous nous le présentiez. Effectivement je crois que je vais essayer de le prononcer mais ça s'appelle l'iPad, c'est ça ?
03:39Alors l'i-e-pad.
03:40L'i-e-pad. J'étais sûr que j'allais me planter. C'est quoi ?
03:43C'est une coopération territoriale autour d'un parc d'activités. On est situé au sud de Nantes dans une ville qui s'appelle La Chevrolière.
03:53Et au sein du parc d'activités, il y a une vingtaine d'entreprises et on s'est réunis à 12 entreprises qui étaient volontaires pour justement porter une démarche RSE collective.
04:05Voir comment on pouvait trouver des sujets qui faisaient sens autour de nos entreprises.
04:11Mais attendez, ce parc d'activités, il est particulier. Il est juste à côté d'une réserve naturelle, c'est ça ?
04:16Alors il est à côté d'une réserve Natura 2000. Vous avez raison. Donc justement, ça fait encore plus sens de respecter l'environnement, de le protéger,
04:24de faire que nos entreprises dans ce parc d'activités n'aient pas un impact négatif sur l'environnement.
04:31Et au moment où on a lancé la création de cette IEPAD en 2009, on s'est d'abord dit faisons du concret. Il fallait qu'il y ait des choses vraiment concrètes
04:49qui permettent d'avancer ensemble. Donc on a fait un brainstorming tout simplement.
04:55Donc les premiers leviers sur lesquels vous avez agi, c'était quoi ?
04:59On est partis sur une enquête qu'on avait faite sur le voisinage, sur quelle était leur opinion sur le parc d'activités.
05:07Et on s'est vite rendu compte que les flux de camions qui venaient sur ce parc d'activités pouvaient être problématiques.
05:15Et donc le sujet de travail en premier, ça a été de travailler sur les déchets.
05:21Parce qu'on avait chacun dans nos entreprises différents prestataires de déchets qui venaient à différents moments de la journée.
05:28Et en travaillant ensemble, en trouvant un prestataire qui pouvait, en passant dans une entreprise, collecter les déchets des autres,
05:36ça faisait un seul passage comparé à 12 passages par exemple.
05:39Donc ça c'est l'un des leviers. Il y en a eu plein d'autres, Niels Pedersen.
05:43Peut-être, il y a l'exemple d'Armor Group, il y en a plein d'autres dans ces bonnes pratiques que vous avez choisis de mettre en avant.
05:49Mais j'ai peut-être une question un peu plus générale. Vous y avez en partie répondu en citant Kofi Annan.
05:55Pourquoi le secteur privé ? Parce que vous vous dites que c'est un levier qui peut être parfois plus efficace que le levier étatique ou le levier réglementaire.
06:02Pourquoi exclure le secteur privé des solutions ? C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le secteur privé, surtout en France, c'est la moitié du PIB.
06:08Dans certains pays, c'est même 80% du PIB.
06:10Si vous n'avez pas des entreprises qui sont engagées dans la mesure de leurs impacts négatifs, on ne peut pas y arriver.
06:15On ne peut pas tout demander à la puissance publique. On peut demander beaucoup en termes de régulation.
06:18On peut demander beaucoup aux ONG, aux associations. Mais l'entreprise a un rôle.
06:22L'exemple d'Armor est intéressant. Il décide volontairement de fédérer un collectif d'entreprises.
06:27Spontanément, on n'a pas forcément demandé quoi que ce soit.
06:30On se retrouve avec un garagiste, un traiteur.
06:34Oui, des problématiques qui sont très différentes.
06:36Des problématiques réelles de voisinage qui subit des nuisances de transport.
06:40L'entreprise se dit que elle veut réduire ces nuisances. Donc, elle prend des engagements.
06:43C'est ça qui est intéressant dans le secteur privé.
06:45Il peut s'engager volontairement. Je crois à la force de l'engagement volontaire qui va au-delà de la réglementation.
06:50La réglementation, tout le monde l'applique. Et tant mieux. Il est censé l'appliquer.
06:53Si on va aller plus loin dans les sujets qui sont les nôtres, sur la réduction des déchets, des gaz à effet de serre,
07:00la réduction de la pauvreté, mais aussi les conditions de travail, l'entreprise a des solutions.
07:04Il faut le mettre en avant. L'enjeu pour nous, c'est la réplicabilité.
07:07C'est-à-dire que c'est possible. Ce qu'a fait Armor, on peut le faire ailleurs.
07:10Vous pouvez le faire volontairement. Ça ne coûte pas forcément plus cher.
07:13Ça prend un peu de temps. C'est parfois une démarche d'humilité.
07:15Parce que vous avez pris du temps. Vous avez pris de la concertation.
07:17Mais les résultats sont là. Et il y a aussi une performance économique.
07:20Parce que derrière, il y a une gestion beaucoup plus efficace des déchets pour l'ensemble des entreprises.
07:24Donc, c'est une réduction des coûts. Et ces dépenses peuvent permettre de générer des recettes ailleurs.
07:29– Donc là, on est vraiment, et c'est un mot que je prends souvent dans cette émission,
07:33dans les bonnes pratiques et dans le fait de les mettre en avant et évidemment de les partager.
07:38Est-ce que ça a supposé, vous avez un petit peu évoqué ça,
07:41des investissements et donc peut-être des difficultés à convaincre certaines des entreprises qui étaient là
07:46de l'opportunité de faire ces investissements ?
07:50– Je dirais plutôt qu'on a rebondi sur ce collectif pour innover autrement.
07:57Et chacun de nos entreprises pensait les produits différemment.
08:01Et ça a été notre cas. On a investi plus de 50 millions d'euros
08:06dans le fait de répondre à un enjeu de société, typiquement les énergies.
08:15Et on fabrique maintenant, en utilisant notre savoir-faire, un collecteur de courant
08:20qui est un composant des batteries électriques lithium-ion. Donc on est très fiers de ça.
08:25– Donc vous êtes inventé une nouvelle façon de consommer l'énergie, voire de la produire.
08:32C'est ce que je comprends ?
08:33– Alors non, on a réduit nos consommations d'énergie, ça c'est clair.
08:37Mais on a aussi innové dans nos produits en s'appuyant sur nos savoir-faire
08:41pour fabriquer de nouveaux produits.
08:43– Et justement, les collecteurs de courant.
08:45– Ok, collecteurs de courant. On peut peut-être citer rapidement,
08:48il nous reste un peu plus d'une minute, Niels Pedersen,
08:50une autre des initiatives que vous avez choisi de mettre en avance.
08:54C'est difficile de choisir.
08:55– Alors il y en a beaucoup, je pense à Pernod Ricard,
08:57marque Vins et Spiritueux sur la production de café.
08:59Mais je pense aussi à ENAF, tout le monde connaît les pâtés ENAF,
09:02PME qui a voulu transformer sa filière de production de poivre à Sao Tomé.
09:06Je pense à Damartex aussi, qui produit des vêtements pour les personnes âgées.
09:09Aussi dans ses rapports humains,
09:11comment on travaille sur les rapports humains avec les personnes âgées.
09:13Donc on voit qu'il y a l'innovation sociale,
09:15il y a l'innovation technologique, environnementale, et que c'est possible.
09:18En fait, on a voulu dire, c'est possible, on peut le faire.
09:20Il y a des investissements conséquents,
09:22mais qui génèrent des impacts positifs aussi pour l'entreprise et pour la société.
09:26Puisque la réserve Natura 2000 est toujours là,
09:28et les impacts positifs sont positifs.
09:30Et surtout, ce que tu n'as pas dit, c'est que vous avez généré des coopérations
09:34avec à la fois les collectivités locales, mais aussi les associations.
09:37La LPO, la Ligue de protection des oiseaux, a été très impliquée.
09:40Les collectivités ont aussi financé des dispositifs d'accompagnement
09:43pour l'ensemble du parc d'activités, des financements de pistes cyclables.
09:46Et en fait, on voit ce cercle virtueux,
09:48c'est qu'à partir du moment où on prend le temps de se poser
09:50et de définir les constats,
09:52on peut apporter des solutions qui sont partagées
09:54et qui donc fonctionnent pour le plus grand nombre.
09:56Merci beaucoup à tous les deux d'être venus nous présenter ce pacte mondial
10:01au NU Réseau France.
10:03A bientôt sur Be Smart for Change.
10:05On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.