Pays baltes - le point sensible de l'UE _ Tracks East _ ARTE

  • il y a 4 mois
Partageant une frontière commune avec la Russie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie font désormais figure de poudrière de l’Otan. Là-bas, personne ne se fait d’illusions. Si l’Ukraine tombe, les pays baltes feront à leur tour les frais des velléités d’annexion de Poutine. Comment vivre face à cette menace ?

Les milieux artistiques n’ont pas attendu pour prendre au sérieux la menace russe qui pèse sur les pays baltes. À Vilnius, Ed travaille dans une boutique bien connue pour son positionnement politique. De plus en plus de clients de ce magasin spécialisé dans le graffiti viennent y acheter des aérosols pour taguer les murs de slogans anti-Poutine. Toujours en Lituanie, Jonas, un restaurateur, entend pouvoir se protéger activement en cas d’attaque. Depuis qu’il a adhéré à une association d’auto-défense, il a déjà effectué plusieurs exercices militaires avec sa petite amie.

À Tallinn, les photomontages du projet artistique HETK secouent les habitants. Placées devant les quartiers résidentiels dont elles s’inspirent, ces images choc montrent une ville en ruines, funeste anticipation de ce à quoi ressembleraient les lieux en cas de guerre.

En compagnie du duo folk Puuluup, "Tracks East" découvre comment la génération qui a connu la fin de l’époque soviétique envisage un conflit avec la Russie. Formé de deux musiciens nés dans les années 1970, Puuluup représentera cette année l’Estonie au concours Eurovision de la chanson.

Quand la guerre a éclaté en Ukraine, Bozhena Rynska s’est installée avec sa fille dans la station balnéaire lettone de Jurmala. Star de la press people, la journaliste russe ne couvre pas seulement les intrigues qui agitent sa ville d’adoption – elle évoque aussi l’agression perpétrée contre Leonid Volkov, l’ancien bras droit d’Alexeï Navalny.

Magazine (Allemagne, 2024, 30mn)

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Transcript
00:00 Si la Russie gagne la guerre en Ukraine, on risque d'être les prochains.
00:25 Ça fait exactement 20 ans que la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie sont entrées dans
00:49 l'Union Européenne. Et pourtant, on est loin d'être à l'abri de la menace russe.
00:55 Depuis le secteur militaire ouest, des troupes pénètrent en Estonie, en Lettonie et Lituanie.
01:11 C'est où l'Estonie, ce pays qui entend nous vaincre ? La Lituanie, c'est un pays avec
01:20 un gouvernement débile qui n'a actuellement aucun pouvoir. Les revanchistes et les néo-nazis
01:27 ont repris l'idéologie et les méthodes d'Hitler. Dans les États baltes, des dizaines de milliers
01:33 d'habitants sont désignés comme sous-hommes, privés de leurs droits les plus fondamentaux
01:38 et harcelés. Pour résoudre le problème, il faut le traiter dans tous les pays baltes.
01:43 Il n'y a pas d'autre solution. Il faut les anéantir, ces foutus pays baltes. Je m'appelle
01:50 Jonas, je suis chanteur et je tiens aussi un petit restaurant. Je fais partie d'un
01:54 groupe paramilitaire, l'Union des tireurs lituaniens. Et je vous souhaite la bienvenue
01:59 dans Traks Ist. Depuis l'indépendance, on a toujours considéré notre grand voisin
02:05 comme une menace. C'est pour ça qu'on a adhéré à l'OTAN et que j'ai rejoint
02:09 ce groupe paramilitaire, pour apprendre à me défendre. Pourtant, je suis pacifiste.
02:18 Je déteste la violence et les armes, mais je dois protéger mon pays. Personne ne le
02:25 fera à notre place. J'ai des amis qui se préparent au conflit. Ils s'entraînent
02:37 dans un club de tir, ils achètent des armes, des gilets pare-balles, tout ça. Je m'appelle
02:45 Edgaras, aide pour les étrangers. Et avec plusieurs autres personnes, on tient une boutique
02:50 de graffiti à Vilnius, en Lituanie.
02:57 On a peint un mur en soutien à l'Ukraine. Il représente Zelensky et des soldats. Et
03:25 quelqu'un l'a recouvert d'un immense Z. On n'a pas de problème avec les Russes.
03:35 Il y a beaucoup de nationalités en Lituanie. Le problème, c'est ce tout petit pourcentage
03:42 de gens qui sympathisent avec le régime russe, qui les considèrent comme leurs futurs libérateurs.
03:48 Voici une œuvre de l'artiste lituanien Dima Bessel. Elle représente le leader nord-coréen
04:02 Kim Jong-un avec un masque de Poutine sur le visage. Et l'un des micros est un pénis.
04:09 Cette peinture a été réalisée quand les médias ont commencé à parler des liens
04:14 entre la Corée du Nord et la Russie, par rapport à la guerre en Ukraine. On voit aussi
04:23 le logo d'une chaîne de propagande pro-russe. C'est une allusion au rôle des médias dans
04:31 ce contexte. Un jour, j'avais 11 ans, je suis sorti acheter
04:57 du lait et j'ai vu un gars avec une bombe de peinture dans un passage souterrain. Et
05:02 il s'est enfui quand il m'a vu. En m'approchant, j'ai vu qu'il avait fait un tag. À partir
05:09 de là, j'ai commencé à être plus attentif au graffiti et j'ai fini par m'acheter une
05:13 bombe. Je me suis fait arrêter pour la première fois à 13 ans. Aujourd'hui, j'en ai 27
05:21 et j'ai jamais cessé depuis. Ça occupe une grande place dans ma vie.
05:27 Pour moi, le graff, c'est un moyen d'échapper à la réalité, d'être quelqu'un d'autre.
05:37 En ce moment, on parle beaucoup de ce qui se passe en Ukraine. Les gens ont peur. Il
05:45 y en a qui se préparent pour la fin du monde. Quand je graffe, ça m'aide à débrancher.
05:58 Il ne reste que moi, mes couleurs et les murs. C'est aussi quelque chose que j'ai remarqué
06:09 chez des potes à Kiev. Je les suis sur les réseaux et je vois qu'ils font leurs trucs
06:16 sans être impliqués dans la guerre. On a la même mentalité. C'est un moyen d'échapper
06:25 à la réalité. Je me souviens, quand le conflit a commencé,
06:36 un pote m'a dit qu'il fallait faire quelque chose, une fresque pour interpeller sur la
06:43 situation. Je suis à moitié ukrainien, j'ai de la famille là-bas.
06:53 Depuis la guerre, je vois les choses différemment. Je sens qu'on est une vraie communauté.
07:02 Avant, dans le monde du graphe en Lituanie, les gens se prenaient la tête pour des histoires
07:09 d'égo. La grande question en ce moment, c'est est-ce
07:23 que l'OTAN va nous aider ? Dernièrement, on a beaucoup parlé du corridor de Suvalki,
07:32 une zone frontière d'une soixantaine de kilomètres par laquelle on pourrait fuir
07:35 le pays en cas d'attaque. Et s'ils le ferment, on est mal. C'est la seule voie d'accès
07:43 à l'Union Européenne, par la Pologne. Sinon, c'est par l'Estonie ou la Lettonie, ou par
07:49 la mer. En Lituanie, les gens se préparent au pire.
07:57 Ils construisent des bunkers, ils font des provisions. Mon frère s'est engagé dans
08:02 l'armée, dans une unité de démineurs. Les gens sont devenus très patriotes. Moi,
08:13 j'aimerais que les Lituaniens soient plus unis, se respectent mutuellement, c'est ça
08:17 qui nous manque. Ça me gêne un peu de le dire, mais j'aime mon pays et je vais pouvoir
08:28 le défendre.
08:29 Après l'attaque russe en Ukraine, il était clair pour nous qu'il fallait qu'on puisse
08:49 se protéger. Dans toutes les maisons, les gens ont préparé leur sac en cas d'urgence.
08:54 Le gouvernement informe les habitants sur l'emplacement des abris antiaériens et on
08:59 s'informe des lieux où on peut être en sécurité si la guerre éclate. Ici, on n'a pas été
09:06 surpris de ce qui s'est passé. On en parlait depuis un moment déjà. Mais ce qui est triste,
09:11 c'est que nos partenaires occidentaux et l'Union Européenne ne nous ont pas écoutés.
09:15 Et maintenant, c'est un peu tard.
09:16 Je m'appelle Rebecca et je suis photographe. Je suis esthokine, artiste visuel. Et avec
09:34 Rebecca, on a monté l'exposition ETK, qui veut dire « moment ». On a créé un univers
09:43 parallèle en affichant des images de bâtiments détruits sur de grands panneaux. Et derrière,
09:49 en contraste, ces mêmes immeubles encore intactes.
09:52 Je me promenais à travers la ville et à un moment, je me suis demandé ce que ça ferait
10:01 si la guerre arrivait. Et j'ai pris conscience de tout ce qui me semblait acquis.
10:06 Rebecca est venue me voir. On se connaissait de l'Académie des Arts d'Estonie. Elle a
10:21 choisi différents lieux qu'elle a photographiés. Puis j'ai récupéré ces images et je les
10:29 ai retravaillées. Je me suis inspirée de clichés de bâtiments détruits, dont certains
10:36 sont situés en Ukraine. Je les ai aussi traités avec l'IA.
10:45 On a choisi des lieux qui soient le plus visibles possible. Ici, par exemple, on est sur une
10:56 artère très passante. Il fallait aussi qu'on ait une vue sur les bâtiments réels, pour
11:03 faire apparaître le contraste. Nos images montrent un paysage urbain détruit.
11:08 On a soumis un questionnaire à un millier de personnes. On leur a demandé si elles
11:17 étaient favorables au fait d'exposer ces œuvres d'art dans l'espace public. Et la
11:21 moitié a répondu que ça ne leur plaisait pas, ce qui est tout à fait compréhensible.
11:25 Je trouve ça plutôt dérangeant. Ça ne rime à rien de mettre des panneaux
11:37 comme ça. C'est ce qui restera si une guerre nucléaire
11:43 déclate. En 2018, j'ai monté l'exposition « Cyber
11:59 Creation » sur le rétrofuturisme. J'avais utilisé des éléments de la culture estonienne
12:07 et occidentale, et des références au passé. Par exemple, la conquête spatiale, avec les
12:16 chiennes Belka et Strelka, et aussi d'autres références russes. C'était un travail
12:24 très marqué par mon expérience personnelle. J'avais beaucoup d'amis russes, et ma compagne
12:30 de l'époque aussi était russe. Ma famille est estonienne, mais notre architecture,
12:48 par exemple, c'est du pur style soviétique des années Khrouchtchev. C'est dans ce
12:53 décor que j'ai grandi. J'en suis imprégnée. Quand j'étais petite, l'Estonie était
13:01 déjà indépendante. Je n'ai pas connu la vie d'avant. Mais il y a une atmosphère
13:08 ici qui est à la fois estonienne et russe. Quand on est gamin, on n'y fait pas attention.
13:23 On joue au pied de son immeuble, on vit sa vie, c'est tout. Je ne pense pas avoir jamais
13:28 considéré l'Estonie comme un pays post-soviétique. C'est important que l'Estonie fasse partie
13:41 de l'Union européenne. Je ne sais pas si ça nous protégera. La vie est tellement
13:54 imprévisible. C'est très difficile de savoir quel scénario l'emportera. J'espère sincèrement
14:04 qu'on sera protégés. Et j'ai envie d'y croire. Si les Russes gagnent la guerre en
14:19 Ukraine et s'en sortent impunément, alors on sera sûrement les prochains. Bonjour,
14:29 je m'appelle Ramo. Et moi, Marco. On est le groupe Poulou d'Estonie. On est tous les
14:40 deux fans de cet instrument, le talarba. Il a un lien très important avec nos racines.
14:47 Il était joué principalement par la minorité suédoise d'Estonie. Jusque dans les années
14:54 1870, tout le monde savait en jouer. Mais cette tradition s'est perdue. Mais il est
15:09 réapparu très lentement. Et aujourd'hui, c'est nous qui le remettons au goût du jour.
15:14 On peut dire qu'on est les missionnaires du talarba. On a été finalistes du prix
15:27 de la musique estonienne dans la même catégorie que le groupe estonien de hip-hop, Fiv Minust.
15:32 C'est comme ça qu'on a eu envie d'écrire des morceaux avec eux. Et le premier qu'on
15:39 a co-écrit, on l'a envoyé au concours de l'Eurovision.
15:44 C'est intéressant de voir comment fonctionne vraiment le show business et quelle est son
16:12 importance. On continue à mener une vie normale où, hélas, il y a de l'inquiétude. On a
16:40 peur quand on voit que certains pays occidentaux se demandent encore s'il faut envoyer des
16:45 armes en Ukraine pour assurer sa protection. Ou s'ils ne voudraient pas mieux attendre
16:52 un peu. Ou si c'est peut-être exagéré.
16:56 Certaines de nos chansons sont en russe. Pourquoi ? Parce qu'on le parle et qu'on a écouté
17:15 beaucoup de musiques russes. Ce n'est pas un geste politique de chanter dans cette langue.
17:22 C'est quelque chose de normal. On parle estonien, anglais, finnois et russe comme beaucoup d'Estoniens.
17:31 Quand Poutine a déclaré la guerre à l'Ukraine, c'est devenu compliqué. On nous demandait
17:39 pourquoi on chantait en russe. Oui. Et en même temps, on porte le drapeau ukrainien
17:47 pour prendre clairement position. Je suis né en 1970 dans une petite ville 100% soviétique.
18:02 Et notre seule fenêtre sur le monde occidental, c'était la télévision finlandaise. Chaque
18:17 fois que j'allais à Tallinn pour regarder la télé, j'apportais un magnétoscope pour
18:22 enregistrer tout ce qui se passait. A la maternelle, on nous disait, et j'y croyais dur comme
18:29 fer, qu'on vivait dans le pays du bonheur. En l'occurrence, un pays où il n'y avait
18:39 qu'une seule façon de penser. Et dès qu'on commençait à penser différemment, dès qu'on
18:44 posait des questions, ça se gâtait. Aujourd'hui, je suis content de ne plus vivre dans ce pays.
18:50 Pour les Estoniens, l'indépendance a été quelque chose de très fort. Imaginez, vous
19:01 vivez dans un pays dont vous ne pouvez pas sortir et où il n'y a qu'une seule vérité
19:06 autorisée. Et puis tout d'un coup, vous pouvez lire des livres d'histoire et vous comprenez
19:11 que l'Estonie était déjà indépendante avant la guerre. Les Estoniens ont conquis
19:16 leur indépendance avec des chansons. On a fait la révolution en chantant, tous ensemble,
19:21 des centaines de milliers de personnes.
19:23 Je vois beaucoup de gens qui dansent, mais il y en a au moins autant qui restent assis.
19:43 Et je les comprends, parce que moi-même, je me demande si c'est bien normal de sauter
19:48 comme ça quand on est un adulte raisonnable.
19:53 À cause de notre histoire, on nous a dit que dans les Pays-Baltes, on souffrait d'un
20:04 syndrome post-traumatique et qu'on se faisait trop de soucis par rapport à la Russie. Certains
20:17 sont allés jusqu'à parler de russophobie, mais je ne comprends pas. Il n'y a pas de
20:21 russophobie chez nous. On aime beaucoup les Russes.
20:25 On a des amis russes.
20:27 Des amis russes, une culture russe. Le problème est politique. C'est l'idée d'empire qui
20:33 nous inquiète. Et aussi l'idée qu'on peut envahir un pays et tuer des gens.
20:42 Aujourd'hui, ce n'est pas tant une question de langue maternelle, c'est une question politique.
20:50 Est-ce qu'on est nostalgique de l'Union soviétique ou pas ? Est-ce qu'on soutient
20:58 Poutine et sa guerre ou plutôt la démocratie à l'européenne ?
21:17 Le russe est la première langue étrangère que j'ai dû apprendre à l'école. Ce qui
21:22 est amusant parce qu'à l'époque, il n'y avait pas un seul russophone dans notre petite
21:26 ville. Aujourd'hui, quand j'ai des clients russes au restaurant, ils préfèrent essayer
21:32 de parler dans un mauvais anglais. Et ça me fait rire parce qu'on dirait qu'ils ont peur
21:36 de se faire agresser. Mais ils n'ont rien à craindre avec moi.
21:44 En revanche, je trouve dommage que les Russes plus âgés n'aient jamais appris le lituanien.
21:49 Ce qui est même bizarre. Mais ça va changer.
21:55 Toutes mes amies ont réussi le test de langue niveau A2. Quand on fait nos courses, on
22:17 essaie toutes de parler laiton. Quand des laitons voient nos efforts, ils nous aident
22:21 et nous parlent en russe en souriant. Je ne ressens aucun rejet à mon égard, ni à l'égard
22:25 d'aucun de mes amis.
22:26 Tenez, vous voyez la voiture qui vient de passer à toute vitesse ? C'est encore un
22:33 russe. Les laitons ne conduisent pas comme ça. Ici, c'est limité à 30 à l'heure.
22:38 Et là, ils roulaient à 70, deux fois plus que la limite. Ce ne sont pas les laitons
22:42 qui feraient ça.
22:49 Bonjour, je m'appelle Bojena Malashenko. Je suis journaliste et une farouche opposante
22:56 à Poutine.
22:57 Si vous vous demandez qui est cette femme forte et téméraire, je suis là pour vous
23:03 la présenter. Il s'agit de Bojena, naguère journaliste dans la presse à scandale, symbole
23:09 des années 2000 en Russie, lorsque l'argent et le champagne coulaient à flots dans le
23:12 pays et que les politiques et les hommes d'affaires n'étaient encore que ce qu'on appelait
23:16 des nouveaux russes ou suppôts d'un régime sanguinaire. Avec Bojena, on s'est rencontré
23:21 à Yurmala, une respectable station balnéaire laitonne de la Baltique, à une vingtaine
23:25 de kilomètres à peine de Riga.
23:26 Je suis plutôt quelqu'un de mondain, qui aime le confort, la belle vie. C'est ce
23:36 que j'apprécie le plus dans l'existence.
23:37 Bojena Hrinska grandit à Saint-Pétersbourg, où elle étudie le théâtre et la mise en
23:42 scène. Elle arrive par hasard à Moscou, commence à travailler de façon fortuite pour le journaliste
23:46 Vestia et est aujourd'hui la chroniqueuse la plus célèbre des soirées branchées.
23:50 Connue du tout Moscou, elle a déjà été assignée en justice.
23:53 Bonjour Bojena.
23:57 Bonjour Mitya.
24:01 Sa ténacité et sa langue à serbe avaient quasiment fait de Bojena la figure emblématique
24:10 de cette vie glamour d'une certaine Russie moderne. Elle a quitté la Russie au lendemain
24:16 de l'invasion de l'Ukraine. Et son départ a signifié la fin de cette période d'opulence
24:21 et de luxe dans son pays.
24:23 Le mépris et le cannibalisme de la loi avaient atteint un tel niveau que c'était devenu
24:30 insupportable.
24:31 Yurmala était très tendance quand s'y tenait le festival New Wave qui voyait accourir
24:46 toute l'oligarchie.
24:47 Bonsoir à toutes et à tous. En direct ce soir vous allez assister au concert de clôture
24:53 du premier concours international de jeunes interprètes de musique populaire de la New
24:58 Wave, Yurmala.
25:05 Il y a eu un boom en 2007-2008. Ils se sont tous achetés des maisons ici. Puis à partir
25:21 de 2014, beaucoup de gens ont commencé à acheter des appartements pour obtenir un statut
25:25 de résident. Ils sentaient bien que les choses étaient en train de se gâter et voulaient
25:29 se ménager une sortie. Mais personne ne pensait que le statut de résident des russes ne serait
25:33 pas prolongé et qu'on allait les expulser.
25:35 Beaucoup de maisons sont apparues sur le marché à des prix très intéressants. Elles appartiennent
25:44 toutes à des russes qui sont interdits de séjour, qui ne peuvent pas venir ici car
25:47 leur statut de résident n'a pas été renouvelé.
25:49 Ils ne peuvent donc pas disposer des biens qu'ils possèdent ici. Mon Dieu, le vent
25:56 est glacé. C'est l'horreur.
25:59 Bojena s'est intégrée dans cette Lettonie douce et paisible, où elle réussit pourtant
26:05 à continuer d'égratigner l'élite russe riche et planquée. Nous nous sommes promenés
26:09 dans Yurmala et elle m'a tout raconté sur ses voisins russes, y compris certains dont
26:13 il convient de taire le nom.
26:19 Cet immeuble s'appelle la vague de Yurmala. C'est l'une des premières, si ce n'est
26:27 la première résidence de luxe construite ici il y a une vingtaine d'années.
26:30 Toute l'élite de l'époque s'est précipitée pour y acheter un appartement.
26:34 Alia Tsiagacheva a un appartement dans cette résidence. C'est la fille de Leonid Tsiagachev,
26:45 ancien champion de ski, ancien ministre des sports, très amie avec Poutine.
26:48 Dans l'une de ces villas habite un certain Peregoud, qui avait des intérêts dans le
26:59 secteur militaro-industriel. Sa société russe était très liée à l'industrie
27:20 de la défense. Des individus louches de ce genre, qui vivent ici tout en magouillant
27:28 en douce avec l'armée ennemie, il y en a plein. La Lituanie et la Lettonie servent
27:34 par exemple de tête de pont à l'exportation de spiritueux de luxe vers la Russie.
27:38 On a également intercepté un type qui fabriquait des boutons et des fermetures éclairs pour
27:46 l'armée russe. Il a été arrêté ici. Son procès est en cours.
27:49 Et vous avez l'usine Alpha de Riga, qui fabriquait des puces électroniques aisément
27:59 utilisables dans les systèmes de missiles Iskander. En face, vous avez le très chic
28:23 restaurant Giardino. L'établissement appartient aux enfants de Yuri Kovalchuk. C'est l'un
28:30 des plus proches soutiens de Poutine. Il fait partie des initiateurs de la guerre.
28:34 Ce serait lui qui aurait mis dans le crâne de Poutine toutes ces salades de riz ourique
28:38 et de dynasties riz ouriquides. C'est lui qui lui a soufflé toutes ces bêtises obscurantistes.
28:44 D'où vient l'Ukraine ? L'état russe a commencé à se former. Riz Ourik de Scandinavie.
28:54 Le successeur de Riz Ourik, le prince Oleg. En raison du jeune âge du fils de Riz Ourik,
29:04 Riz Ourik étant mort à peu près à cette époque.
29:06 Vous parlez comme si l'Ukraine ou une partie de l'Ukraine était russe. Et ça depuis
29:12 des siècles. Là c'était chez eux, leur restaurant. Il est aujourd'hui fermé. Ils
29:24 ne viennent plus. Ni ici, ni là où ils habitaient. L'endroit est désert. Comme
29:30 ils font l'objet de sanctions, il me semble que ni eux, ni les sociétés qui leur sont
29:33 affiliées ne peuvent le vendre.
29:34 Tous ces partisans de Poutine, tous ces affairistes ont fichu le camp.
29:43 J'ai commencé mon déménagement en 2022, dès le début de la guerre. J'ai fait des
29:54 travaux et je me suis installée en 2023. Il y a beaucoup de Russes très bien ici qui
29:59 ont fui le régime de Poutine. S'il y avait des élections à Yurmala, le résultat serait
30:04 une écrasante majorité anti-Poutine.
30:07 Bozena a acheté une maison à Yurmala et s'est bien intégrée. Elle y élève sa fille,
30:13 s'entend bien avec ses voisins et jardine. Tout en continuant à dénoncer le pouvoir
30:17 poutinien dans les médias russophones indépendants.
30:19 J'avais besoin de trouver des gens sympas, pour me sentir bien ici tout simplement.
30:26 C'est un pays très agréable. Les létons sont des gens très sympathiques. Ce sont
30:33 des gens avec qui je me sens bien.
30:35 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
30:37 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
30:40 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
30:43 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
30:46 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
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30:52 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
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31:01 Les relations avec la Russie ne sont pas au bon point.
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