Jeudi 2 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) , Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) et Malik Haddouk (Directeur de la Gestion Diversifiée, CPR Asset Management)
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00:00 (Générique)
00:10 - Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements
00:13 de la planète marché. Ce soir, je reçois Malik Haddouk,
00:17 directeur de la gestion diversifiée de CPRAM.
00:21 Bonsoir, Malik. - Bonsoir.
00:23 - Merci à Pierre-Olivier Béfy,
00:26 gérant et chef économiste chez Boussard et Gaboudan.
00:29 Bonsoir, Pierre-Olivier. - Bonsoir.
00:31 - Et merci à Alexandre Baradès, chef analyste chez IG.
00:34 - Bonsoir. - Au programme,
00:35 on va parler de l'éléphant dans la pièce,
00:38 la Fed moins au quiche que prévu.
00:40 L'inflation demeure élevée,
00:41 mais la croissance économique n'est pas aussi forte qu'anticipée.
00:45 Face à ce constat, la Fed écarte une hausse des taux.
00:48 Jérôme Poel affirme, "Nous sommes prêts à maintenir
00:51 "le taux cible des taux fédéraux aussi longtemps que nécessaire."
00:55 Ça veut dire quoi ? Malik, peut-être ?
00:58 - Aussi longtemps que nécessaire,
01:00 ça veut dire tant que nous n'avons pas de certitude
01:03 que l'inflation se baisse, qu'on se rapproche...
01:06 - La date à dépendance. - La date à dépendance,
01:08 plus que jamais ici importante.
01:11 Et en tout cas, l'élément important hier soir,
01:14 c'est qu'il a de facto indiqué qu'il n'y aurait pas de hausse de taux.
01:19 C'est quelque chose de très important.
01:22 On reste dans un contexte de baisse de taux à venir.
01:25 Il s'agit de déterminer le timing.
01:27 Un autre élément important,
01:29 c'était la réduction du quantitatif tightening.
01:32 - Tout à fait. - Ça va alléger aussi
01:34 un peu la pression sur le marché obligataire,
01:37 qui frôle encore les 5 % sur le 2 ans.
01:40 Mais ce que le marché action regarde,
01:42 c'est le 10 ans, très précisément.
01:45 C'est là que les choses vont se jouer.
01:48 Sur l'inflation, on doit se positionner aujourd'hui
01:51 en disant clairement, est-ce qu'on pense
01:53 que la déflation subit un arrêt ?
01:55 - Où est-ce que ça va repartir ? - Où est-ce que ça va repartir ?
01:59 Quand on regarde la hausse des taux récentes
02:02 depuis le début de l'année aux Etats-Unis et en Europe,
02:05 on remarque que c'est dû principalement
02:07 à la composante croissance plus qu'à la composante taux.
02:10 Si on regarde les taux 5 ans
02:12 et on les décompose entre inflation et croissance,
02:16 on est plutôt 40 % du côté croissance,
02:20 un peu moins de 10-12 % sur le côté inflation.
02:23 C'est la même chose en Europe.
02:25 Donc ce qui a animé les marchés à action,
02:27 en tout cas, et le marché obligataire,
02:30 c'est ce repricing de la croissance qui n'était pas attendu.
02:33 Je vous rappelle qu'en début d'année,
02:36 on pressait une éventuelle récession à venir,
02:38 qui est aujourd'hui, a priori, totalement...
02:41 - Écartée. - ...écartée.
02:43 Même si les dernières statistiques US récentes
02:47 montrent un fléchissement un peu
02:49 de la croissance économique qui a un peu surpris.
02:52 On en connaît les raisons.
02:53 On a des importations qui ont beaucoup joué,
02:56 qui indiquent que la demande reste quand même soutenue,
02:59 mais on a des indices manufacturiers
03:02 et de services qui ont aussi...
03:04 rebaissé assez sensiblement.
03:08 C'est plutôt un facteur positif pour l'inflation aux Etats-Unis,
03:11 puisque la composante inflation avait monté
03:14 dû à des facteurs de services aux Etats-Unis.
03:17 Si elle ralentit, ça devrait avoir un impact sur l'inflation.
03:20 Donc on est plutôt dans le camp de dire
03:22 que la situation des inflations a subi un coup d'arrêt,
03:25 mais elle ne s'est pas arrêtée pour le moment.
03:28 On tape toujours sur une baisse des taux
03:30 de la Banque centrale américaine en 2024.
03:33 - Pierre-Olivier, votre position ?
03:35 L'inflation, c'est une pause avant que de nouveau ça diminue
03:38 ou c'est plus inquiétant que ça ?
03:40 - Alors moi, sur l'analyse,
03:42 je suis un peu du même avis que Malik,
03:44 mais la grande question, c'est combien de temps va durer la pause.
03:48 - C'est ça. C'est la certitude majeure.
03:51 - En fait, on voit bien qu'il y a deux composantes.
03:53 Il y a la composante d'inflation qui vient des biens,
03:56 et celle-là, elle était plutôt négative, voire très modérée.
04:00 Là, elle est en train de repartir,
04:02 parce que la Chine a refait un peu de stimulus.
04:05 L'Europe aussi, on a une amélioration cyclique,
04:07 on le voit à travers les statistiques de crédit.
04:10 L'inflation des biens va rester modérée,
04:13 mais elle va réaugmenter un peu.
04:14 Ce qui a le plus gêné les banques centrales,
04:17 c'est l'inflation des services.
04:19 Il y a une dichotomie entre les pays
04:21 où on a des énormes déficits publics
04:23 et ceux où il y a eu de la consolidation budgétaire.
04:26 Dans les pays où il y a eu de la consolidation budgétaire,
04:29 l'inflation des services baisse,
04:31 alors que dans les pays où on a des déficits budgétaires
04:35 très importants, elle a tendance à être résiliente.
04:38 Je pense que c'est le cas des Etats-Unis.
04:40 Je pense qu'il y a plein de pays
04:42 qui sont un peu la fête foraine des déficits en ce moment.
04:45 Les Etats-Unis, le CBO tablait sur 5,5 % de croissance.
04:51 Le FMI vient de sortir un rapport
04:53 où il attend 5,5 % des déficits publics.
04:56 Là, on attend 8,8 % des déficits publics sur le FMI,
05:01 qui a pris les prises du CBO,
05:03 mais qui a ajouté d'autres hypothèses,
05:05 notamment sur les charges d'intérêt.
05:07 On est à la fin de l'argent gratuit.
05:09 Ca commence à coûter plus cher aux Etats d'être endettés.
05:12 Ces charges d'intérêt pèsent sur les déficits publics.
05:16 Ca a un côté très stimulant des déficits publics,
05:18 mais en plus de ça, on a encore l'IRA,
05:21 on a encore beaucoup de programmes budgétaires
05:24 qui sont expansionnistes.
05:26 Aux Etats-Unis, j'ai l'impression que cette année,
05:29 on a encore beaucoup de stimulus embarqué.
05:32 Je pense que l'inflation va rester assez résiliente
05:35 une bonne partie de l'année.
05:36 Je suis beaucoup plus inquiet pour 2025,
05:39 parce qu'au-delà des Etats-Unis,
05:41 l'inflation reste un phénomène "un peu mondial",
05:44 même si l'économie américaine,
05:46 c'est celle qui dirige un peu l'économie mondiale.
05:48 Mais on est quand même dans une année d'élections.
05:51 Il y a 88 élections cette année.
05:53 On savait que, généralement,
05:55 c'est pas le moment où on réduit les déficits.
05:58 Mais l'année prochaine, on aura énormément de pays
06:00 qui seront dans leur première année après les élections.
06:03 Il va falloir prendre quelques mesures,
06:06 car les déficits sont trop élevés.
06:08 C'est là, les vrais risques.
06:09 Pour rebondir sur ce qu'a dit Malik,
06:11 un des gros risques sortis du spectre,
06:13 c'est un ralentissement marqué
06:15 vers une récession de l'économie mondiale.
06:18 C'est sans doute pas le cas à court terme.
06:20 On n'a aucun indicateur.
06:22 Mais pour 2025, ce scénario doit être occulté.
06:25 Dans un marché où il faut regarder
06:27 la distribution des risques sur les marchés obligataires,
06:30 c'est assez clair qu'aujourd'hui,
06:32 vous avez à peu près, disons, dans les proportions,
06:34 40 % qui pensent qu'on a une légère pause
06:37 dans la désinflation.
06:38 Après, vous avez un peu plus de...
06:41 Plutôt vers 50 % qui pensent que l'inflation
06:43 va rester très forte, voire peut un peu augmenter.
06:46 La probabilité d'une récession,
06:48 elle est précisée à moins de 5-6 % dans les marchés.
06:51 C'est un peu ça, le danger.
06:52 -C'est écarté.
06:54 -Pour une fois, peut-être qu'il y aura un point d'entrée
06:57 vers l'été pour commencer à se poser des questions
07:00 sur la duration, ou réévaluer les...
07:03 comment dire ?
07:05 Les perspectives de baisse de taux, notamment pour 2025.
07:08 Aujourd'hui, aux US, on a une baisse de taux
07:10 pour l'année et deux pour l'année prochaine.
07:13 Si on a un ralentissement prononcé,
07:15 le taux de chômage monte, il peut être plus agressif
07:17 pour baisser les taux.
07:19 J'aurais pensé qu'aujourd'hui, il ne faut pas trop se pressiviter
07:22 vers les baisses de taux.
07:24 Ca risque d'être résilient au niveau de l'inflation.
07:27 Par contre, 2025, c'est un vrai sujet d'interrogation.
07:30 C'est un peu trop tôt pour jouer à ce stade.
07:32 -Votre avis sur 2024-2025 ?
07:34 -Déjà, 2024, effectivement.
07:36 Ce qui fait que les marchés ont connu ce détail depuis octobre,
07:39 c'est que la croissance a tenu bon et l'inflation,
07:42 surtout en 2003, avait une cadence de ralentissement
07:45 très marquée. Jérôme Powell a récemment dit,
07:47 pas hier, mais il y a un mois, même 15 jours,
07:50 qu'il aimerait revoir les progressions
07:52 carrélées par l'inflation en 2023.
07:54 On voit effectivement, si on prend l'inflation PCE-Coeur,
07:57 la partie sous-jacente la plus ralliée par la Fed,
08:00 en quatre mois de temps, on a ralenti de seulement 1 %,
08:03 c'est pas 1 %, 0,1 %, donc c'est anémique.
08:06 Et donc, ça, c'est un des problèmes
08:09 qui fait que la Fed doit garder ses taux élevés.
08:12 Et le risque qu'on peut avoir, c'est que, jusqu'à présent,
08:16 l'économie tenait bon par rapport au stimuli budgétaire
08:19 qui est toujours en place, et que l'effet de ces stimulis
08:22 va commencer à ralentir, alors que la politique monétaire
08:25 est bien restrictive. C'est ça que le marché pense.
08:28 C'est bien une politique qui est restrictive,
08:31 mais on a un impuls budgétaire en face,
08:33 que l'effet restrictif, on le ressent pas.
08:35 Quand ça va diminuer, ça amorde plus fortement dans l'économie.
08:39 Le scénario boucle d'or, c'est que la croissance tienne
08:42 et l'inflation ralentit, mais ça fait un trimestre et demi
08:45 qu'il y a plus de progrès sur l'inflation.
08:48 Et les data avancées, effectivement, ISM-Services,
08:51 on est plus proche des 50 que des 55 désormais.
08:53 ISM-Manufacturier, la partie PMA a été contractée
08:56 aux Etats-Unis depuis quelques temps.
08:59 Il faille plus de temps pour ramener l'inflation à l'objectif
09:02 et les taux restent élevés plus longtemps,
09:04 mais les indicateurs avancés peuvent commencer à ralentir.
09:08 Il y a une question qui n'est pas anodine.
09:10 A Jérôme Powell, est-ce qu'il pense qu'on va faire
09:13 une stagflation ? -Le mot est lâché.
09:15 -C'est lâché ? Je ne m'en gouffrerai pas là-dedans.
09:18 Mais les observateurs notent cet aspect indicateur avancé
09:22 par rapport à une inflation qui fait peu de progrès.
09:25 Jérôme Powell, c'est son job. Il ne va pas dire
09:28 qu'il va faire une stagflation, mais il écarte.
09:30 Il dit "pour l'instant". -On ne voit pas pourquoi...
09:33 -En projection, il a peut-être volontairement
09:36 botté un peu en touche en parlant des datas court terme.
09:39 Ensuite, il y a un autre élément
09:41 qui, dans sa conférence de presse,
09:43 je l'ai trouvé très... Et en même temps.
09:45 On ne sait pas trop quel côté il bascule.
09:48 En décembre, c'est très clair, c'est un pivot.
09:51 -C'est là, vraiment. -Il y a un pivot.
09:53 Ensuite, la résilience est donnée.
09:55 Tous les speakers de la fête, même les Colombes,
09:58 les Goolsby ou autres, avaient commencé,
10:00 bien avant lui, à dire "attention,
10:02 "les baisses de taux ne sont pas garanties."
10:05 C'était le seul qu'on attendait. Il l'avait, il y a 15 jours,
10:08 été dans cette rubrique-là, en disant "on ne va pas baisser
10:11 "les taux dans ce contexte-là". On s'attendait à la même nature
10:15 hier, ce ton qu'il y avait il y a 15 jours.
10:17 -Qu'on n'a pas eu. -Il a réussi à alterner
10:20 systématiquement des phrases un peu faux-cons
10:22 avec des éléments Colombes. C'est très centriste, ce qu'on a eu hier.
10:26 En même temps, il y a une phrase, il a vraiment dit,
10:29 "je ne sais pas", le fameux "je ne sais pas".
10:31 Je ne sais pas si l'inflation va ralentir ou pas plus que ça,
10:35 et si cela mérite une baisse de taux.
10:37 Ce "je ne sais pas", ça met un focus,
10:39 une pression incroyable sur les datas économiques.
10:42 Ca veut dire que les prochaines données,
10:44 donc, demain, rapport sur l'emploi,
10:46 et prochains composants de prix, ISM, services,
10:49 auront un poids énorme et vont être disputés par les marchés.
10:53 Ca va exacerber l'imposité des marchés.
10:55 -Bien sûr. -Ca va la baisse.
10:56 Je ne sais pas si c'est un cadeau,
10:58 mais les algos et les observateurs l'ont compris,
11:01 les prochaines datas vont être cruciales.
11:04 Si elles ne tombent pas du bon côté, le VIX le retrouvera.
11:07 Si ça va du bon côté, les plus historiques, on va les revoir.
11:10 Voilà un peu le sentiment qu'il y a eu hier sur cette intervention-là.
11:14 Qu'est-ce que je voulais vous dire d'autre ?
11:17 -Ce que je me retiens, c'est que les marchés,
11:19 ils sont en train d'une séquence depuis quelques jours,
11:22 quelques semaines, qui est un peu plus méfiante.
11:25 -C'est l'incertitude et l'attentat.
11:27 -C'est pas de la grosse nervosité,
11:29 mais je pense qu'il y a de quoi continuer dans ce schéma-là.
11:32 Vous avez dépassé le sommet du S&P en 2022,
11:35 on est pas venu chercher ce sommet, il est pas très bas,
11:38 mais 5-6 % plus bas que les niveaux actuels.
11:41 On a les cartes en main pour que les marchés digèrent
11:44 cette grosse séquence rallye octobre,
11:46 et qu'on vienne se poser pull back, un truc assez classique,
11:49 on vient chercher les anciens sommets,
11:51 on travaille un peu, et on repart après.
11:54 -Ca, c'était pour les US.
11:55 Alors évidemment, en zone euro, c'est pas du tout la même chose.
11:59 Est-ce qu'on aurait un calendrier plus visible ?
12:01 On a eu des très bons chiffres de l'inflation européenne,
12:05 2,4 %, stabilisation conforme aux prévisions.
12:07 Le processus de désinflation est confirmé,
12:10 donc ça ouvre quand même assez grand la porte
12:13 à une première baisse des taux en juin.
12:15 Est-ce qu'elle aura vraiment lieu en juin ?
12:17 Et quelle va être la baisse ?
12:19 Combien de baisses ? Et quelle sera l'ampleur de la baisse ?
12:22 La BCE a laissé entendre qu'elle pourrait baisser
12:25 ses taux plus que prévus par le consensus.
12:27 Quel sera le niveau de baisse ? Malik, vous voulez commencer ?
12:31 -En juin, il y a une certitude qu'il y aura une baisse.
12:34 La communication est très mal faite.
12:36 -L'inverse serait très mal perçu,
12:38 donc là, ils sont obligés d'y aller.
12:40 -Parce que l'inflation a continué à baisser
12:44 en zone euro, ce qui est un bon domainement.
12:47 Contrairement à ce qui est dit,
12:49 la BCE est dépendante de la politique de la Fed,
12:51 parce qu'il y a un facteur qui est très important,
12:54 c'est l'évolution à venir de l'euro.
12:56 Une dépréciation trop marquée de l'euro
12:59 pourrait avoir des relents de retour de l'inflation
13:02 par les prix importés.
13:03 Je pense que les 25 BP sont une certitude.
13:06 Ensuite, il y a quand même un frémissement
13:08 de retour de l'activité en zone euro.
13:10 -Bien sûr. -Les choses sont...
13:12 Même sur les résultats d'entreprise,
13:14 on en parlera plus tard,
13:16 ils sont de bonnes factures,
13:18 peut-être un peu meilleurs que ceux
13:20 qui ont prévalu aux Etats-Unis
13:22 sur le trimestre de l'année 2024.
13:25 Sur les baisses de taux,
13:26 il y en a une qui est actée, c'est celle de juin.
13:29 Ensuite, ça dépendra honnêtement de la politique de la Fed.
13:32 Je pense que malgré tout ce qui se dit,
13:35 ils sont prisonniers de ce que la Fed pourrait faire
13:38 dans les mois à venir.
13:39 Si la Fed ne baisse pas ses taux,
13:41 je pense que la BCE n'ira pas forcément plus rapidement
13:44 dans la baisse des taux,
13:46 à moins qu'on ait une dégradation
13:48 des situations économiques.
13:49 D'ailleurs, la situation,
13:51 pour revenir un peu sur les US,
13:53 je pense qu'il y a un marché
13:54 que la Fed regarde avec attention,
13:56 c'est le marché du travail,
13:58 c'est l'évolution à venir.
14:00 Hier, il a mentionné plusieurs fois
14:02 le fait que si le marché du travail venait à se dégrader,
14:05 il baisserait les taux.
14:07 Est-ce qu'ils ont des indications ou pas ?
14:10 Sur le marché du travail aux Etats-Unis,
14:12 on voit que le taux de démission a plongé,
14:14 les gens sont plus enclin à rester dans leur job.
14:17 Il y a des indications sur le marché du travail
14:20 qui commencent à montrer qu'il y a aussi un ralentissement
14:23 qui pourrait s'opérer dans les semaines à venir.
14:26 On pourrait avoir un taux de chômage
14:28 qui remonte progressivement.
14:30 Sur les salaires, il n'y a pas de sujet.
14:32 Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis,
14:35 je ne vois pas de pression salariale
14:37 qui viendrait réalimenter la thèse inflationniste.
14:40 En Europe, c'est la situation économique.
14:42 Oui, une baisse des taux en juin,
14:44 et on pourrait en avoir une 2e
14:46 s'il y avait des éléments qui permettaient à la BCE
14:48 de penser que la Fed pourrait agir.
14:51 -Elle aussi. D'accord.
14:52 Votre avis, Pierre-Olivier ?
14:54 -Si j'avais un scénario, je dirais qu'ils vont le faire en juin
14:57 et qu'ils vont essayer un meeting sur deux,
15:00 en essayant de voir à chaque fois le taux de change.
15:03 Je pense que toutes les banques centrales,
15:05 même dans les pays émergents,
15:07 notamment du Mexique et de l'Amérique latine,
15:09 c'est pareil. Ils voulaient tous baisser les taux,
15:12 mais maintenant, ils se disent que si on le fait trop,
15:15 on va envoyer une devise à la CAF.
15:17 On voit qu'il y a beaucoup de pays
15:19 qui ont des problèmes avec ça.
15:21 Le Japon, on commence à avoir des interventions.
15:24 Si le dollar s'apprécie trop, ça va être trop gênant.
15:27 C'est dans la tête de tous les investisseurs
15:29 qu'il y a une divergence au niveau des politiques monétaires.
15:33 Le France-Suisse s'est beaucoup déprécié
15:35 et est sensible à ça.
15:36 Je partage l'avis de Malik.
15:38 Je n'ai pas grand-chose à rajouter.
15:40 Je dirais juste que pour la Fed,
15:42 peut-être parce que, finalement,
15:44 le CNO de la BCE dépend aussi un peu de celui de la Fed,
15:47 ce qui va beaucoup compter,
15:49 c'est si on est à 4 ou à 3 % en tendance vers l'inflation.
15:52 Ça va être compliqué sur la dernière jambe
15:55 de baisser fortement aux Etats-Unis,
15:57 compte tenu du stimulus budgétaire.
15:59 Après, il y a une grosse différence.
16:01 Si on est à 3 %, la Fed, 2 ou 3 %,
16:03 pour elle, c'est quoi ?
16:04 De toute façon, ils ont envie de baisser les taux,
16:07 de se soft-lending.
16:09 Ils ne vont pas jouer le risque
16:11 de garder une politique monétaire trop resserrée trop longtemps.
16:14 Et puis, des taux réels sur la partie longue
16:17 à 2,2, 2,5 %, ça fait très mal aux finances publiques,
16:20 à plein d'agents.
16:21 À la fin, ils savent qu'il y a des effets
16:24 qui vont coûter, in fine.
16:25 Donc, je pense que...
16:27 C'est ça qu'il faut regarder.
16:29 Le prochain chiffre d'inflation aux USA, c'est important.
16:32 J'avais une vue que l'inflation pouvait être résistante
16:35 à partir du mois de février et être au-dessus des attentes.
16:38 Je pense que sur le prochain chiffre d'inflation
16:41 qu'on va avoir, je crois que c'est le 13 mai,
16:44 le prochain chiffre d'inflation aux USA,
16:46 c'est un peu 50-50, je ne suis pas sûr que ce soit.
16:49 Mais à partir de juin, on va commencer à voir
16:52 l'inflation légèrement recluer ou être un peu plus
16:55 "vers le 0,3 que le 0,4" en variation mensuelle.
16:58 Et ça, ça peut faire une grosse différence
17:01 aussi pour les marchés.
17:02 Aujourd'hui, on a pressé quand même
17:04 un scénario assez négatif sur l'inflation.
17:07 Si on a une moindre petite bonne nouvelle,
17:10 je pense que les marchés peuvent repartir un peu à la hausse
17:13 en attendant la grande séquence des élections américaines
17:16 qui va commencer cet été.
17:18 -Pour en parler là-dessus,
17:20 il y a une dépendance de la BCE.
17:22 On a clamé au effort qu'on a indépendance,
17:24 c'est le message de Christian Lagarde.
17:27 Oui, la première baisse est justifiée
17:29 parce que les indices d'activité rebondissent en zone euro,
17:32 mais on a comme lieu un creux assez sensible
17:35 aussi sur les services.
17:36 Aux Etats-Unis, les services sont restés résilients,
17:39 mais les services sont restés au top.
17:42 L'Europe a une structure économique
17:44 qui était pas mal différente,
17:46 donc qui peut justifier ce 25 points de base.
17:48 Mais on voit que les marchés ne croient pas
17:51 à la séquence où on serait libéré de la dépendance américaine.
17:54 Sinon, on aurait un euro/dollar qui serait revenu à la parité,
17:58 qui serait plus bas.
17:59 Or, on voit que sur la dernière séquence d'avril,
18:02 on a une grosse corrélation avec les marchés américains.
18:05 Quand les marchés européens ont assumé le CAC,
18:08 c'est parce que les marchés américains ont corrigé
18:11 et parce qu'effectivement, dans cette séquence,
18:14 CPI résiliente, PCE résiliente,
18:16 on a eu la semaine dernière des indications sur le T1,
18:19 sur des indices de prix du PIB supérieurs aux attentes,
18:22 vous avez l'inflation PCE-CORP T1,
18:24 qui était supérieure aux attentes.
18:27 On a eu des indications sur le coût unitaire du travail
18:30 aux Etats-Unis, supérieure à ce qu'on attendait,
18:33 et avec une croissance de productivité moins bonne.
18:36 Donc, ça...
18:37 Je partage totalement ça sur le côté.
18:39 Le risque qu'on peut avoir aux Etats-Unis,
18:42 c'est qu'on voit que l'inflation de la service,
18:45 je ne crois pas qu'elle reparte.
18:47 C'est pour ça que j'étais là-dedans,
18:49 que Powell crée une surprise en disant qu'on ne remontera pas les taux.
18:53 Le débat, c'était combien de temps on restait longueur.
18:57 On avait une réaction assez exacerbée du marché à ce moment-là.
19:00 Mais l'inflation de la service a ralenti.
19:03 Elle ne forme qu'un plateau depuis quelques temps.
19:06 Le problème, c'est que ce qui a contribué à des inflations,
19:09 c'est l'énergie et l'inflation des biens.
19:12 On remarque dans la partie CORP de l'inflation
19:14 qu'on a eue l'autre fois,
19:16 ou PCE, je ne sais pas,
19:18 que la contribution négative des biens durables à l'inflation
19:21 était moins négative.
19:23 Ca se redresse un peu, alors que les services ne baissent plus.
19:27 C'est le plateau.
19:28 Ca peut venir de tout ce qui est...
19:30 Les prix à la production sont plus dynamiques aux Etats-Unis.
19:34 La hausse des matières premières, 8-9 % en moyenne,
19:37 entre l'énergie, les métaux et les produits agricoles.
19:40 Ca commence à se voir dans cette partie manufacturière,
19:43 bien durable ou autre.
19:45 Le risque est là. Ca n'accélère pas à toute blinde.
19:48 La Chine exporte une déflation en ce moment.
19:50 Il n'y a pas de raison d'imaginer que ça reparte.
19:54 Ca puisse faire un plateau, ce fameux socle,
19:56 qu'on a du mal à casser.
19:58 Ca fera peut-être 2 ou 3 mois de plus
20:00 pour arriver à le percer et aller vers les 2,5.
20:02 Le risque est là.
20:04 Je ne vois pas l'Europe se dégager de ça
20:06 d'un point de vue monétaire.
20:08 On a vraiment un calque de l'Europe
20:10 qui va se faire sur la partie américaine.
20:12 Même si on a des PMI qui se redressent en euro,
20:15 la Chine semble se stabiliser,
20:17 des PMI composites qui accélèrent en euro.
20:20 C'est très bon pour les indices à moyen terme.
20:23 Il y a une séquence de quelques mois
20:25 où on va être très tributaires au niveau européen
20:28 de ce qu'on va voir des marchés US
20:30 sur les taux et sur les actions.
20:32 -On n'aura pas une divergence entre les marchés US et européens
20:35 même si la BCE va baisser ses taux avant la Fed ?
20:38 -On va faire la séquence des 4 dernières semaines.
20:41 On a eu ce qu'on fait aux Etats-Unis sur les taux et les actions.
20:45 Ca peut varier un peu en tant que pourcentage.
20:48 -Votre avis, Pierre-Olivier ?
20:50 -Il y a deux choses.
20:51 Il y a l'aspect sectoriel.
20:53 On ne parle pas de la même chose quand on parle des marchés américains.
20:57 On voit que la tech a un peu plus souffert.
21:00 On le voit aussi sur le Nikkei.
21:02 Tous les gros agrégats d'action qui sont un peu plus sensibles à tech
21:06 ont eu un peu plus de mal avec la hausse des taux.
21:09 L'Europe, depuis le début de l'année, a fait plutôt pas mal.
21:13 Il y a parfois des explications sectorielles.
21:15 Là-dessus, je n'ai pas d'avis hyper tranché.
21:18 Si on pense quand même que les taux,
21:20 en tout cas la partie longue, commence à se stabiliser,
21:24 je ne suis pas sûr que ce soit très négatif,
21:26 notamment pour la tech.
21:28 Au contraire, il sera vu comme quelque chose
21:31 qui leur permettra de respirer un peu.
21:33 Il n'y a pas de raison que l'Europe surperforme beaucoup là-dessus.
21:37 Après, je pense que malgré tout, l'Europe a, entre guillemets,
21:40 un cadre macroéconomique plus simple qu'aux Etats-Unis.
21:44 On a de l'inflation qui a bien baissé,
21:46 une banque centrale qui va quand même baisser les taux.
21:49 -Les perspectives sont plutôt bonnes pour 2024 au niveau européen.
21:53 On ne peut pas faire mentir que ce soit tout à fait le cas
21:56 encore aux US.
21:58 Est-ce que ça pourrait donner un souffle d'air
22:00 aux marchés européens, qui est aussi moins valorisé qu'aux US ?
22:03 -Il y a cet aspect-là.
22:05 La banque centrale européenne, peut-être qu'elle baissera plus
22:08 ou moins, ça dépendra de la Fed, mais elle est engagée
22:12 pour commencer à baisser.
22:13 Je dirais que l'euro se déprécie un tout petit peu,
22:16 ce ne sera pas non plus mauvais pour l'indice.
22:19 Ce serait peut-être un peu plus négatif pour les Américains
22:22 qui voudraient investir chez nous, parce qu'ils sont en dollar,
22:26 mais on a un peu de sensibilité dans tous nos indices
22:28 aux sociétés exportatrices.
22:30 Je trouve que le setup est plutôt pas mal.
22:33 En plus, ça a été un cycle de reprise en Europe.
22:35 Je pense que le gros risque maintenant en Europe,
22:38 c'est de savoir si ce cycle de reprise ne va pas justement
22:42 donner un moment à ce que l'inflation reparte un peu.
22:44 Mais le sujet est trop précoce.
22:46 D'un point de vue macro, l'Europe est plutôt...
22:49 Le cadre me paraît meilleur qu'aux Etats-Unis
22:52 au niveau des marchés actions.
22:54 Mais avec le bémol qu'on ne parle pas exactement
22:56 des mêmes secteurs.
22:58 Je ne suis pas sûr qu'à la fin, en net,
23:00 ça soit si clair qu'on ait une surperformance massive
23:03 des marchés européens.
23:05 -D'accord.
23:06 -Malik, qu'est-ce que vous en pensez ?
23:08 -Ils ont invoqué tous les côtés positifs
23:11 en disant qu'on a du mal à voir la surperformance de l'Europe.
23:14 Je suis plutôt du côté de...
23:16 On devrait avoir cette année une surperformance de l'Europe
23:19 sous-valorisée, parce que baissent les taux,
23:22 et parce qu'on a un pays, l'Allemagne, qui redémarre,
23:25 et la Chine qui redémarrera.
23:27 Donc on est beaucoup plus connectés
23:29 à ces aspects extérieurs que sont les entreprises américaines.
23:32 Donc moi, oui, je serais plutôt d'avis à dire
23:35 que l'Europe est bien partie pour se performer cette année.
23:39 Ça fait longtemps que ça n'a pas eu lieu,
23:41 mais les conditions sont favorables aujourd'hui
23:44 pour une surperformance du marché européen
23:46 face au marché américain,
23:48 où les valorisations dans certains secteurs
23:50 sont très tendues.
23:51 Ça s'explique par la progression des bénéfices
23:54 qu'on a connus au cours des dernières années.
23:56 La surperformance du marché américain
23:59 s'explique très simplement par la surperformance
24:01 de certains secteurs, notamment les secteurs technologiques,
24:05 qui ne sont pas présentés sur la côte européenne.
24:08 Si on a une reprise qui s'amorce en zone euro,
24:11 ça devrait permettre aussi aux valeurs cycliques
24:15 de rebondir et de permettre à l'Europe
24:18 de continuer sa surperformance.
24:20 -C'est ça. -L'élément important,
24:22 c'est l'effet de VICE qui a été mentionné,
24:24 qui devrait jouer en faveur jusqu'à un certain point.
24:27 À partir d'un certain moment,
24:29 ça va jouer en défaveur de la zone euro.
24:32 Donc si on s'apprécie autour de 1,05,
24:36 c'est pas dangereux à ce niveau-là.
24:38 Si on repart vers la parité, ça devrait être plus compliqué.
24:41 On révisera aussi l'impact de la hausse des coûts
24:44 pour les entreprises européennes.
24:46 -Bien sûr. -Mais le moment temps
24:48 semble favorable pour les indices boursiers européens.
24:52 -D'accord.
24:53 Olivier, vous voyez des secteurs
24:55 qui pourraient tirer parti d'une baisse des taux ?
25:00 Il y a des prises de bénéfices sur la tech.
25:02 -Oui, bien sûr. La tech, je sais pas.
25:05 Les secteurs que j'aime beaucoup en Europe,
25:07 c'est les bancaires.
25:09 La performance est très bonne,
25:11 mais là, on est aussi à des valorisations.
25:13 C'est comme ce qui s'est passé au Japon.
25:15 Sur le marché japonais, sur les bancaires,
25:18 on part d'une zone où, structurellement,
25:20 on parlait de déflation.
25:22 La déflation, il faut oublier.
25:23 On va plus retourner à des niveaux d'inflation faibles
25:26 ou voire négatifs.
25:28 C'est pas possible.
25:29 Rien que ce spectre-là donne en plus
25:31 une dimension structurelle assez favorable aux bancaires.
25:35 Et en plus, on parle de valorisation très faible,
25:38 et en plus de ça, le crédit est en train de repartir.
25:42 Le crédit domestique est en train de repartir.
25:45 C'est très bon pour les bénéfices des banques.
25:47 Généralement, les gens se disent
25:49 qu'en plus, ça aide contre la hausse des taux.
25:52 -En plus, oui. -Si on a une baisse
25:53 sur la partie courte, on sera contents
25:55 que les volumes de crédit vont augmenter.
25:58 Je trouve que c'est un secteur que j'apprécie énormément.
26:01 Après, il y a d'autres thématiques.
26:03 La défense, c'est pas nouveau.
26:05 Chaque fois qu'on regarde ça, on se dit
26:07 que ça a déjà bien monté.
26:09 Faites un continu de montée.
26:10 Je pense que...
26:12 Pour moi, c'est toujours un peu pareil.
26:14 Si je fais un peu le contrepoids à Malik,
26:17 ce qui me gêne juste sur l'aspect surperformance de l'Europe,
26:21 c'est qu'il y a toujours ces biais sectoriels
26:23 qui troublent l'analyse.
26:25 Parfois, c'est un peu gênant.
26:27 Et la deuxième chose, c'est que...
26:29 Je pense que c'est un thème
26:30 où les gens étaient très sceptiques
26:33 et on a vu que la marge de l'inverse
26:34 a commencé à s'installer de manière plus forte
26:37 depuis un trimestre.
26:38 On a vu que l'Europe a superformé.
26:40 On a vu des flux arriver aussi.
26:42 Du coup, on s'est dit que c'était le début de quelque chose.
26:45 La narrative s'est un peu aussi mise dans le marché.
26:48 C'est toujours ça qui me gêne d'un point de vue tactique,
26:52 de me dire qu'il y a peut-être déjà un peu de consensus là-dessus.
26:55 Mais bon, ça reste...
26:57 -Il y a la dynamique des résultats d'entreprise,
27:00 qui sont de meilleures factures qu'attendues.
27:02 -Oui, et le deuxième élément, c'est le rachat d'actions,
27:05 qui est en train d'accélérer en Europe.
27:08 C'est un facteur qui a soutenu longtemps aux Etats-Unis.
27:11 Cette année, il accélère en Europe.
27:13 Les entreprises se mettent à racheter leurs actions,
27:16 ce qui va soutenir le cours.
27:18 Mais le point le plus important, pour moi,
27:20 c'est la dynamique des bénéfices d'entreprise.
27:23 On a accéléré au cours du trimestre,
27:25 avec des marges qui, malgré tout, se sont maintenues,
27:28 alors qu'on avait moins de craintes sur les Etats-Unis.
27:31 Mais en Europe, on a eu des résultats de bonne facture.
27:34 Il y a certains, bien sûr,
27:36 certaines entreprises qui ont été lésées par d'autres éléments,
27:39 mais au global, il y a eu une révision à la hausse
27:42 des perspectives bénéficiaires sur l'Europe.
27:45 -Mais aux US, d'ailleurs, les résultats
27:47 ne sont pas trop mauvais.
27:49 C'est plutôt le marché qui a quand même tendance
27:52 à sanctionner très sévèrement
27:54 ceux qui n'ont pas atteint le consensus
27:56 et puis qui ne valorisent pas, à outre mesure,
27:59 ceux qui ont dépassé les attentes des journalistes.
28:02 -On était sur certains secteurs,
28:04 des niveaux de valorisation très élevés.
28:07 Déjà, il fallait vraiment se surprendre
28:09 très agréablement positif.
28:11 Si vous regardez les résultats,
28:13 si vous analysez les résultats aux Etats-Unis,
28:16 ce qui est marquant dans ce que disent les entreprises,
28:19 c'est qu'ils ont réussi un très bon 1er trimestre,
28:22 mais le 2e trimestre est plus challenging
28:24 parce qu'il y a des hausses de coûts,
28:26 notamment au niveau de l'intelligence artificielle
28:29 qui dit investissement, résultat pour plus tard.
28:32 Mais les investisseurs considèrent
28:34 que ce n'est pas assez, compte tenu de la progression
28:37 atteinte par la plupart de ces entreprises,
28:39 avec des records en termes de performance boursière
28:43 sur un trimestre assez impressionnant.
28:45 On ne pouvait pas se maintenir ce trend
28:47 sans avoir des résultats explosifs.
28:49 -Alexandre, s'ils ont des résultats...
28:52 -C'est plus sur les questions de location,
28:54 plus géographiques, voir s'il y a des zones
28:57 qui ne sont pas attractives.
28:58 -La partie émergente, c'est un fourre-tout,
29:01 mais comme dans l'indice emerging, la Chine, c'est plus de 2/3,
29:04 elle a marqué des signaux en termes de balance commerciale.
29:07 Il y a deux mois, elle a battu un excédent commercial
29:10 absolument massif, 125 milliards d'excédent.
29:13 Ca tombait le mois d'après à 58 milliards,
29:16 mais il y a une dimension intéressante.
29:18 C'est surtout le rebond des importations
29:20 qui a plu et qu'il faut que les marchés actionnaires
29:23 se reprennent. C'était la grosse faiblesse
29:25 de ce stress immobilier.
29:27 -La prise immobilière a tout pondé.
29:29 -Le marché à île de Chinois,
29:31 bien pondéré en dettes immobilières,
29:33 on remarque que ça a fini de se dégrader
29:35 depuis deux bons trimestres.
29:37 Ca ne repart pas à toute blinde, mais il y a un plateau bas
29:40 qui tend à se redresser sur le segment à île chinois
29:43 et le Hang Seng, qui se suit à Hong Kong.
29:45 -Ca a remonté les 18 points.
29:47 -On a l'impression que très progressivement,
29:50 ça commence... L'industrie est toujours bonne,
29:53 parce que certains segments, comme l'automobile,
29:56 inquiètent l'Europe et les Etats-Unis
29:58 car ils exportent de voitures peu chères.
30:00 Mais ce segment trompe l'oeil.
30:02 Mais le reste, qui était plus structurel,
30:04 demande intérieure, a beaucoup de mal à envoyer des signaux positifs.
30:08 On commence par des petits signaux,
30:10 les indices d'activité dans les services,
30:13 qui tendent à être plus liés
30:14 au comportement des consommateurs.
30:16 Si on joue la thématique émergente,
30:18 la reprise des valeurs chinoises,
30:20 la tech qui vaut deux fois moins en termes de valo
30:23 que les valeurs chinoises,
30:25 c'est un diplôme à 15 fois les bénéfices,
30:27 alors qu'aux Etats-Unis, c'est historique.
30:30 Les valeurs chinoises sont peu chères
30:32 et la tech est performante, très peu chère.
30:35 Ce segment me paraît intéressant.
30:37 Si on devait faire des secteurs plus spéculatifs en Europe,
30:40 on aura plus de baisse de taux qu'aux Etats-Unis.
30:43 Tout ce qui est immobilier coté, les frontières cotées,
30:46 ça a lâché 50 % en un an, en an et demi.
30:48 On voit une plate-au-bas qui tente de se former.
30:51 C'est impatient, mais j'ai l'impression
30:53 qu'il y a un besoin de construire,
30:55 on ne peut pas laisser ces boîtes faire pétite.
30:58 Les baisses de taux arriveront, les besoins de construction
31:02 sont toujours là. Les fonds de serre cotés
31:04 sont peu chers. C'est un pari spéculatif,
31:06 mais entre guillemets, qui peut être à tenter.
31:09 Si on pense à la Chine, on pense au tourisme loisir.
31:12 Cette poche-là n'est pas non plus...
31:14 Elle n'est ni très chère ni pas chère,
31:16 mais je ne vois pas pourquoi on vendrait le tourisme loisir,
31:20 sauf si la récession américaine, qui venait pour un bout du nez,
31:23 mais si on prend que la thématique Europe-Chine,
31:26 les valeurs européennes, je trouve qu'elle serait à trahir la hausse.
31:30 -D'accord.
31:31 On va parler de l'or, peut-être, maintenant ?
31:34 Alors, toujours au sommet...
31:36 -Si je peux parler sur la Chine, je suis totalement d'accord,
31:39 puisque moi, c'était mon dada, la Chine, depuis l'an.
31:42 Je suis content de ce qui se passe.
31:44 C'est peut-être le moment de switcher,
31:46 d'aller sur les valeurs locales
31:49 et du rallye qu'on a assisté sur les valeurs technologiques.
31:52 L'HCCI a progressé de plus de 25 % par rapport à ces plus bas.
31:55 C'est un des meilleurs performants en Asie avec Taïwan.
31:58 Mais les valeurs locales chinoises, si on peut investir dessus,
32:02 sont attractives.
32:03 Il y a tout un pan, notamment sur l'immobilier,
32:06 qui s'est stabilisé.
32:07 Le gouvernement a tout fait.
32:09 Ce qui est bien dans l'histoire, c'est que personne ne croyait
32:12 au fait que le gouvernement avait la volonté d'arrêter
32:15 la baisse de ce marché.
32:17 Tout le monde disait qu'étant en gouvernement communiste,
32:20 il ne s'occupait pas de la richesse des Chinois.
32:23 Mais là, il s'est rendu compte qu'il y avait un incident
32:26 important sur la consommation des Chinois.
32:28 Il a stabilisé le marché.
32:30 Il a réussi à le stabiliser.
32:32 Il y a eu des flux énormes.
32:33 Ce n'est pas les étrangers, c'est les acteurs locaux
32:36 qui ont investi pour soutenir le marché.
32:39 Il y avait des niveaux de valorisation
32:41 qui étaient au tapis, notamment sur valeurs technologiques,
32:44 qui étaient très élevés.
32:46 Le seul risque sur la Chine, c'est les sanctions américaines.
32:49 -Oui, bien sûr. -L'évolution de la géopolitique.
32:52 -Pas d'Israël le 11 novembre. -Voilà.
32:54 Mais même les sanctions prises par l'administration Biden
32:58 et qui continuent. -Ca peut se dégrader encore.
33:00 -Voilà, c'est ce à quoi je pensais.
33:03 Et puis, sur les émergences, là aussi,
33:06 le seul élément, on en parlait tout à l'heure,
33:08 c'est l'évolution du dollar.
33:10 Si vous avez un dollar qui continue à s'apprécier,
33:13 c'est un peu négatif
33:15 pour les économies émergentes,
33:18 même si on est assez surpris de voir qu'au mois d'avril,
33:21 la seule classe d'actifs
33:23 qui ressort positivement en termes de performance,
33:26 c'est la classe d'actifs émergentes.
33:28 C'est dû en partie à la Chine.
33:30 Si vous prenez un indice hors Chine,
33:32 vous êtes à zéro,
33:33 alors que les indices américains baissent de 4 % en avril
33:36 et les indices européens de 3 %.
33:38 Donc, on a eu une surperformance des émergents dans un contexte.
33:42 C'est une hausse des taux,
33:43 une appréciation du dollar qui s'était arrêtée,
33:46 mais quand même une appréciation du dollar.
33:49 C'est aussi dû au dynamisme qu'on a en revue sur la zone asiatique
33:52 avec des PMI pour la plupart des zones asiatiques
33:55 qui se maintiennent à des niveaux élevés.
33:58 Si on prend le cas de l'Inde,
33:59 qui a un PMI qui se maintient autour de 60
34:02 avec une économie qui croît à plus de 8 %,
34:04 on a un questionnement sur la valorisation du marché indien,
34:07 qui se traite à plus de 25,
34:09 donc vous avez une croissance qui est là pour se maintenir.
34:12 Donc les actions chinoises, les actions indiennes,
34:15 restent intéressantes,
34:16 même si moi, je préfère les actions chinoises
34:19 compte tenu de la valorisation.
34:21 Mais vous avez la Corée et la Taïwan qui sont aussi attractifs.
34:25 -Alors, on va clôturer.
34:27 Alors, je vous avais demandé de faire un dédoi.
34:30 Alors, Salingmen, Go Away,
34:32 c'est pas très adapté comme dicton boursier ces derniers,
34:35 parce qu'on a une performance mensuelle négative
34:38 sur le marché boursier européen, à Paris, -2,7 %,
34:41 donc là, évidemment, tout le monde surveille,
34:44 mais avec attention.
34:45 Quels seront les principaux défis
34:47 auxquels les marchés vont devoir faire face ce mois-ci
34:50 et quels indicateurs avez-vous surveillé ?
34:52 Alexandre, vous commencez.
34:54 -Pour moi, c'est les dates américaines.
34:56 Je pense que l'Europe ne pourra pas se défaire,
34:59 pas en quelques temps,
35:00 mais je pense qu'il y aura une dépendance aux données américaines.
35:04 C'est le rapport sur l'emploi.
35:06 On va regarder les créations, le taux de chômage,
35:09 parce qu'on sait que la première alerte sur le taux de chômage,
35:12 c'est la baisse de taux qui suivra.
35:14 Et les salaires, car même si ils ne contribuent pas
35:17 à accélérer l'inflation,
35:19 c'est un frein à un retour à l'inflation à 2 %,
35:21 et ils progressent à plus de 4 % aux Etats-Unis.
35:24 On essaie de regarder ça.
35:26 Toutes ces données-là, ça va être important.
35:28 Je vois pas de raison, effectivement,
35:31 que le Salingmen va commencer plus tôt.
35:33 Je suis pas fan de ces déments calendaires.
35:36 C'est pas une dément moyenne sur des périodes de 20 ou 30 ans,
35:39 mais c'est le court terme qui fait les marchés.
35:42 Et je vois pas que ce qu'on a vu, toute la séquence d'avril,
35:45 je la vois pas changer fondamentalement en mai.
35:48 Pour moi, on est dans un contexte qui justifie toujours...
35:51 J'appelle ça de la consolidation.
35:53 Je crois pas du tout à un retour de -20, -30
35:55 sur le marché américain.
35:57 Par exemple, de l'Europe par rapport aux Etats-Unis,
36:00 un cas qui peut retomber à 7700,
36:02 il y a des niveaux techniques,
36:04 on va s'appuyer un peu dessus.
36:06 C'est des retracements de l'ordre par rapport au sommet,
36:09 entre 5 et 10 %.
36:10 C'est ce genre de choses que je vois.
36:12 Le risque, je le vois encore, peut-être sur quelques pourcents,
36:16 peut-être 4, 5 % pour aller plus bas.
36:18 Mais je vois plutôt une hypothèse
36:20 un peu consolidante sur la partie européenne.
36:22 Le MIB, je le trouve toujours très attractif sur les mois à venir.
36:26 Il a beaucoup progressé, il respire un peu.
36:29 Il va repartir chercher les niveaux d'il y a deux décennies.
36:32 La respiration en cours peut continuer encore
36:35 pendant au moins le mois de mai, peut-être encore juin,
36:38 avant de voir les éléments plus bullish arriver.
36:40 Toujours un peu de consolidation, de prudence en mai.
36:43 Le dicton, au mois de mai, va s'appliquer.
36:46 -D'accord. Olivier, que pensez-vous ?
36:48 -Moi, je pense que le chiffre le plus important,
36:51 c'est l'inflation américaine.
36:52 Le reste, je suis pas très sûr.
36:54 On regardera les NFP, mais ils seront bons, tout sera bon.
36:58 Il y a pas de problème.
37:00 J'ai du mal à avoir un gros problème sur ces données.
37:02 Peut-être qu'en effet, on regardera peut-être l'aspect salaire.
37:06 Je suis d'accord, passer en dessous de 4 % en glissement annuel
37:09 aux Etats-Unis sur les salaires, ça peut être rassurant.
37:12 Pour moi, c'est ça qui fera la différence.
37:15 Si les taux américains, la partie longue notamment,
37:17 va aller toucher les 5 %,
37:19 parce que les gens s'inquiètent que l'inflation accélère,
37:22 là, on fera les -10 %, mais sinon, je pense que...
37:25 Peut-être que le gros effet...
37:27 Je comprends ce scénario à -10 %,
37:29 mais après, je pense que c'est cette donnée qui sera cruciale.
37:32 J'ai l'impression que les marchés risquent,
37:34 si je donnais un scénario, de pas faire grand-chose
37:37 jusqu'à la semaine prochaine,
37:39 et puis après, commencer à essayer de choisir un camp,
37:42 voire, au moment de la donnée américaine,
37:44 se dire qu'on a peut-être eu un peu trop peur.
37:47 -Une tendance pourrait se dessiner en mai ?
37:49 -Oui, je pense, et c'est pas forcément négatif.
37:52 Il y a aussi déjà eu un mois d'avril...
37:54 D'ailleurs, on voit que l'histoire de saisonnalité
37:57 est très bonne, donc bon,
37:59 le mois de mai, il est pas forcément bon,
38:01 ça se trouve, ça sera peut-être pas si mal.
38:04 -Vous en pensez quoi ?
38:05 -Ce dicton, il est pas concentré sur le mois de mai.
38:08 -Oui, des fois, c'est...
38:09 -On part en vacances.
38:11 -Mais ça veut pas dire que la performance sera négative.
38:14 La meilleure performance pour les marchés boursiers,
38:17 c'est entre octobre et avril.
38:19 Entre avril et septembre, c'est là où...
38:21 -Oui, mais là, avec Jérôme Poel, au 1er mai,
38:24 qui nous lâche, je ne sais pas...
38:26 -Vous avez une élection américaine.
38:28 Quand il y a une élection américaine,
38:30 même si c'est Trump qui gagne, les performances sont positives.
38:34 Là, ce que ça veut dire, c'est que les performances
38:37 qu'on a connues ne continueront pas sur ce même train.
38:40 Je suis d'accord qu'il y a une consolidation
38:43 qui se met en place, mais je regarde le chiffre de l'inflation
38:46 car c'est lui qui va dicter si, sur le taux d'Isan,
38:49 on va aller vers les 5 %, qui est un niveau d'alerte
38:52 pour les actions, parce que ça remet en cause
38:54 les niveaux de valorisation,
38:56 ça remet en cause beaucoup de choses.
38:58 Donc, ça, c'est vraiment...
39:00 On est data dépendante sur l'inflation américaine
39:03 et sur le fait qu'on n'ait pas des chiffres
39:05 qui se détériorent très rapidement aux Etats-Unis,
39:08 mais ça contrebasse l'effet négatif
39:10 puisqu'on aura une baisse d'étoiles,
39:12 et là, on anticipera une baisse d'étoiles à venir.
39:15 Donc, le chiffre le plus important,
39:17 puisque le marché est centré là-dessus,
39:19 c'est l'inflation américaine. -D'accord. OK.
39:22 Merci, messieurs.
39:23 Merci d'avoir été invitées de Planète Marché ce soir.
39:26 Merci, Manik Haddouk.
39:28 Vous êtes directeur de la gestion diversifiée de CPRAM,
39:31 Pierre-Olivier Béfy,
39:32 gérant et chef économiste chez Boussard et Gavodan,
39:35 Alexandre Baradez, chef analyste chez IG.
39:37 Merci beaucoup. -Merci.
39:39 -Merci.