Jeudi 12 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) , Michel Martinez (Chef économiste Europe, Société Générale CIB) et Malik Haddouk (Directeur de la Gestion Diversifiée, CPR Asset Management)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Malik Haddouk est avec nous, le directeur de la gestion diversifiée de CPR, Asset Management.
00:17Bonsoir Malik.
00:18Bonsoir Olivier.
00:19Ravi de vous retrouver.
00:20Ravi de retrouver Pierre-Olivier Béfié également.
00:21Bonsoir Pierre-Olivier.
00:22Bonsoir Gawad.
00:23Chef économiste et gérant chez Boussard et Gavodan et Michel Martinez qui nous accompagne
00:26également.
00:27Bonsoir Michel.
00:28Merci d'être là.
00:29Vous êtes directeur d'Europe de Société Générale, CIB, qu'est-ce que vous retenez
00:32Michel de la journée BCE ? Qu'est-ce que vous comprenez à ce stade de la fonction
00:37de réaction de la Banque Centrale Européenne ? Un point que je retiens un peu dans le
00:41discours de Christine Lagarde, c'est qu'elle répète, je crois que ce n'est pas la première
00:46fois qu'elle le dit, que les risques sur la croissance sont plutôt orientés à la
00:49baisse aujourd'hui en zone euro.
00:51En revanche, quand on lui demande un peu la balance des risques sur l'inflation, ce n'est
00:55pas très clair.
00:56Oui, je crois que le message principal, c'est qu'il n'y a pas de pré-engagement, il y a
01:03de moins de décisions dans les prochaines réunions.
01:05Donc la façon de l'interpréter, c'est que le risque de baisser les taux en octobre
01:10est plutôt limité.
01:11C'est plutôt des baisses de taux qui vont continuer de façon graduelle tous les trimestres
01:16à chaque fois qu'il y aura une nouvelle prévision d'inflation.
01:20A part ça, on n'en sait pas plus.
01:23Il n'y a aucune réponse en particulier sur ce que doit être le taux neutre, est-ce
01:29que la BCE a en tête quel est le point d'atterrissage, à quel niveau on va baisser les taux, deux,
01:35deux et demi.
01:36C'est ce que price le marché autour de deux, mais elle décide de ne pas répondre à ce
01:41type de questions.
01:42Et sur les risques inflationnistes, on voit bien, elle continue de rappeler que l'une
01:51des raisons qui justifient l'approche graduelle, c'est que l'inflation domestique, l'inflation
01:59sous-jacente, les prix des services restent élevés, les services d'inflation domestique
02:04autour de 4% et que sur les salaires, il y a eu une modération au deuxième trimestre,
02:10mais ça peut réaccélérer.
02:12Et donc, il n'y a pas un degré de confiance suffisant pour procéder à des coupes claires
02:17dans les taux immédiatement.
02:20C'est les seuls messages, mais c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'informations
02:24aujourd'hui par rapport aux dernières semaines.
02:26Ça, j'allais dire, c'est la position de la BCE avec, effectivement, une banque centrale
02:32européenne qui refuse d'aller un peu trop loin dans sa vision des choses.
02:37Qu'est-ce que vous en dites, vous, chez Société Générale CIB ? Est-ce que d'avoir une BCE
02:41qui continuerait pour un temps au moins à baisser ses taux de 25 points de base chaque
02:45trimestre, est-ce que c'est compatible avec l'état économique de la zone euro aujourd'hui
02:52et la vitesse à laquelle baisse l'inflation aujourd'hui ? Même si je conçois que dans
02:56la partie services, ça reste peut-être un sujet.
02:58Ou est-ce que vous estimez qu'à un moment, il faudra que la BCE passe à une vitesse supérieure ?
03:02Non, on est plutôt dans cette optique de baisse graduelle.
03:07Nous, on a une idée, mais avec un degré de confiance qui n'est pas extraordinaire
03:11sur les taux terminaux.
03:13Autour de 2,5, là, on est à 3,5, donc il y a encore 4 baisses des taux.
03:18Aujourd'hui, quand on regarde les fondamentaux de l'économie européenne, il n'y a pas
03:23matière à s'alarmer.
03:24C'est vrai que ce n'est pas fort, la croissance va être faible, mais quand on regarde l'état
03:31du marché du travail, quand on regarde en moyenne les marges des entreprises, il n'y
03:36a pas de signaux alarmistes aujourd'hui.
03:38Donc, pour nous, ça peut être pour y aller graduellement.
03:42On ne peut pas faire un scénario central sur l'idée que les marges d'entreprise,
03:46elle le note aussi, la BCE, commence aussi à se réduire un petit peu, que je ne sais
03:52pas, on voit beaucoup de surcapacité dans un secteur comme l'automobile, par exemple.
03:56Je sais que les négociations salariales en Allemagne vont commencer, mais elles ne seront
04:00peut-être pas de la même nature que les négociations salariales, par exemple, des
04:03deux prochaines années.
04:04Tout ça, pour les économistes, c'est quand même des indicateurs avancés qui permettent
04:07peut-être de…
04:08beaucoup de retard dans les négociations salariales par rapport à l'état du secteur
04:13industriel.
04:14Et puis, c'est vrai que quand on regarde l'ensemble de l'industrie, ça ne va pas
04:20bien.
04:21Ça décroît.
04:22On va voir demain la production industrielle pour juillet, mais on sait probablement que
04:27les prochains mois vont être plutôt faibles.
04:29Mais ce n'est pas le cas de tous les secteurs d'activité, en particulier dans les secteurs
04:33d'activité des services, ça tient encore.
04:36Alors, ce n'est pas extraordinaire, mais ça tient encore.
04:40Donc, il n'y a pas aujourd'hui, même si vous voyez le consensus des économistes,
04:47il est plutôt sur des taux de croissance dans la zone euro autour de 20% l'an prochain,
04:53ce qui n'est probablement pas très loin du potentiel de croissance.
04:56Donc, il y a une sorte de consensus que c'est moyen, mais pas au point d'y aller très
05:03fort dans les baisses des taux.
05:05Et si on veut faire écho au débat sur les taux neutres, on ne sait pas où ils sont.
05:10Les marchés de price sont autour de 2, nous on dit 2,5.
05:14Il y a certaines estimations qui montent même jusqu'à 3.
05:17On voit bien…
05:18– D'autres qui sont en dessous, Michel.
05:20– D'autres qui sont en dessous, à zéro, voilà, à zéro, mais on peut aller de zéro
05:28à 3, donc on ne sait pas où on est, mais peut-être qu'il y a pas mal de gouverneurs
05:34qui pensent qu'il faut y aller de façon graduelle, parce que si on passe en dessous
05:39de ce taux neutre qu'on ne connaît pas, du coup, la politique monétaire ne sera plus
05:44restrictive, elle supportera l'économie, et il y a quelques secteurs d'activité,
05:50dont l'immobilier par exemple, qui ont beaucoup souffert, qui sont vraiment à un point bas
05:54maintenant, qui vont cesser de baisser, en tout cas en ce qui concerne les mesures d'activité,
06:01et donc il pourrait y avoir un rebond, et puis avec ça, un rebond du côté de la consommation.
06:04Donc on voit ici que cette interrogation sur jusqu'où on peut aller, elle est fondamentale
06:12dans l'approche graduelle, si on était convaincu que c'était zéro…
06:16– J'entends, oui, on pourrait y aller assez vite, je suis d'accord, je comprends.
06:19– Et si on pense que c'est 2, voire 3, il faut y aller doucement.
06:23– Comment vous regardez effectivement, Pierre-Olivier, alors l'ABCE spécifiquement,
06:29et plus généralement un peu ce cycle de baisse de taux, puisque après l'ABCE,
06:34la Fed va quand même entrer en jeu aussi la semaine prochaine,
06:37qu'est-ce que ça change d'avoir la Banque Centrale Américaine qui va rentrer dans le jeu,
06:40comment est-ce que la Fed va rentrer dans le jeu d'ailleurs la semaine prochaine,
06:43et qu'est-ce que ça change au cycle global de baisse de taux,
06:47qui a déjà commencé ici et là pour certaines banques centrales,
06:50que je ne qualifierais pas de mineures non plus, la Suisse, le Canada, l'Angleterre, l'ABCE ?
06:56– Moi je dirais que la première chose, en ce qui concerne la Fed,
06:59c'est assez bien télégraphié normalement qu'elle va faire 25 points de base la semaine prochaine,
07:04moi je ne vois pas trop, vu les dernières données qu'on a eues,
07:06vu l'état du marché, du crédit, des actions,
07:10je pense qu'il n'y a pas de raison qu'aujourd'hui elle accélère vraiment,
07:13ça c'est mon point de vue, je pense qu'il y a…
07:18– Ce serait perturbant pour vous que la Fed entre en jeu avec un 50 points de baisse de baisse ?
07:22– Alors non, je pense que ça serait très bien.
07:23– Ah bon, alors allons-y directement là-dessus !
07:26– En fait, moi je pensais même déjà qu'elle aurait dû baisser de 25 points de base en juillet.
07:31– En juillet, elle est en retard !
07:33– Alors allez, pour moi, cette question, ça dépend,
07:37en fait je pense qu'on est dans un environnement très réflexif avec les marchés,
07:41c'est-à-dire que si les marchés reviennent au top,
07:45par exemple le S&P remonte à 5 650 etc,
07:49ça veut dire que le marché va presser vraiment le soft lending,
07:53c'est que c'est vraiment le scénario de base du marché.
07:55– Le marché action, oui, et plutôt dans cette idée-là, oui.
07:56– Voilà, dans ce cas-là, la Fed, si elle a des marchés actions au plus haut,
08:01des spread de crédit très resserrés,
08:03c'est-à-dire qu'elle a des conditions financières qui sont très très bonnes,
08:06voilà, elle peut se permettre simplement d'y aller de 25 BP en disant
08:09« bon de toute façon le marché a déjà fait un peu le travail pour moi ».
08:11Alors si d'ici la semaine prochaine les marchés reprennent une petite…
08:16en fait tout ça peut aller très vite,
08:17mais moi par exemple j'avais calculé que si les marchés perdaient à peu près 15%,
08:22par rapport au plus haut, ça veut dire un peu plus de 10%,
08:25peut-être un peu plus mais en 12% par rapport à là où on est actuellement,
08:29eh bien en fait ça équivaudrait,
08:31pour garder les mêmes conditions financières stables,
08:33il faudrait baisser de 100 BP de plus que ce qu'il y a dans le marché.
08:36Donc l'idée c'est que voilà, si on a des marchés qui se commencent à être
08:41très inquiets etc, que les conditions financières se dégradent,
08:43ça peut pousser la Fed à accélérer,
08:45et puis a contrario, si les marchés sont au plus haut,
08:48que les spread de crédit sont très contraints,
08:49bon ben finalement c'est très très bien pour…
08:52Mais pour vous ça vient du marché ?
08:53La différence entre 25 ou 50 BP, ça vient du marché,
08:58des marchés actions, des marchés de crédit,
09:00et donc des conditions financières ?
09:01Tout à fait.
09:01Ça ne vient pas de la macro quoi ?
09:03Ben du coup les marchés réagissent aussi parfois à la macro,
09:06on va dire ça comme ça, pas toujours.
09:08Mais on l'a vu hier, d'ailleurs la price action d'hier était très intéressante,
09:11puisque sur la macro les marchés ont baissé,
09:13et puis après une fois que le patron d'Envisia a parlé,
09:16ça a tout arraché et finalement la tech a tout emporté,
09:20alors que tous les secteurs finissent dans le rouge,
09:21sauf la tech d'ailleurs.
09:23D'ailleurs, en petit aparté,
09:26il y a toujours des statistiques de baseball qui sortent sur ces joueurs de journée,
09:29quand est-ce qu'on les observe ?
09:30Ben paradoxalement, disons 9 fois sur 10,
09:33c'est plutôt dans des marchés baissiers en fait,
09:35donc ça ne veut pas dire…
09:37Les statistiques du baseball, ça monte aujourd'hui,
09:39et dans une semaine on ne sera plus bas,
09:41on verra si la statistique du baseball marche encore.
09:44Mais ce que je veux dire c'est que du coup,
09:46à mon avis, dans un environnement très tactique,
09:48je pense que si la Fed baisse que de 25,
09:51ça diminue quand même le poudre de la Fed pour les mois qui viennent,
09:54notamment en amont des élections US.
09:56Je pense qu'en amont des élections US,
09:57c'est quand même une période un peu compliquée.
09:59Bon, si vous êtes par exemple dans le Shiloh aux Etats-Unis,
10:02vous allez peut-être attendre le résultat des élections
10:03avant de mettre du billet pour investir.
10:06Je pense que pour les investisseurs, c'est un peu pareil.
10:08Il y a des CRE qui sont quand même très différents
10:10sur les secteurs entre la tech, l'énergie, etc.
10:13Donc suivant le résultat, on ne va pas investir de la même manière.
10:16Est-ce qu'on a envie de jeter une pièce en l'air,
10:18même si Kamala Harris, quand on regarde en moyenne le consensus,
10:23c'est-à-dire qu'elle a plutôt fait un bon débat contre Trump.
10:24Oui, ce n'est pas parce qu'on a gagné un débat qu'on a gagné l'élection.
10:29Je pense qu'en amont des élections, c'est ça qui va jouer.
10:31Et par exemple, il se peut très bien que la Fed réaccélère,
10:34si par exemple le marché est plus rapide.
10:35Et ça pour vous, ce serait le pire en fait.
10:36Ça, ce ne serait pas bon.
10:37Vous préférez voir la Fed commencer à 50
10:40plutôt que d'être obligé d'accélérer ensuite ces baisses d'autos.
10:43Moi, la manière dont je le vois, c'est que je trouve que la Fed,
10:46alors Michel le disait très bien,
10:48d'abord, elle commence de beaucoup plus haut que la banque centrale européenne.
10:51Après, moi, je pense qu'il faut être honnête,
10:53si on veut avoir un impact sur l'économie aujourd'hui,
10:55baisser de 25 points de base, ça ne sert à rien.
10:57On voit bien qu'est-ce qui fait ralentir l'économie américaine.
11:00Par exemple, d'abord, le secteur immobilier.
11:01Bon, le secteur immobilier, il faut baisser de 200 à 300 points de base
11:05pour avoir vraiment un impact.
11:06Si vous baissez de 25 points de base,
11:08je dirais que l'Américain moyen, ça ne va pas lui faire ni chaud ni froid.
11:11On va dire ça comme ça.
11:12Donc, je pense qu'en fait, il y a une histoire d'un peu de non-linéarité
11:14et que, vu où la Fed part, elle peut y aller plus agressivement.
11:18Après, évidemment, si quelqu'un est dans le marché actions,
11:21il sera content.
11:21Puis, il se dit que la Fed est agressive, puis il sera content.
11:23Intéressant.
11:24Bon, il y avait des rumeurs aussi autour de la BNS.
11:27On verra, le franc suisse est au plus haut.
11:29Ils ont une réunion le 26 septembre.
11:31Alors, ils sont peut-être un peu plus petits, effectivement,
11:33et beaucoup plus petits que la Fed.
11:34Mais on verra si des banques centrales de pays développés
11:37passent à la vitesse supérieure.
11:39Malik, ben allons-y, 25, 50.
11:43Est-ce que 50, c'est forcément négatif marché
11:45pour si la Fed délivre ça la semaine prochaine ?
11:49Ou est-ce que ça peut être argumenté ?
11:51Personnellement, je pense que si c'était 50,
11:53ça serait mal interprété par le marché.
11:54Ça veut dire qu'il y a un ralentissement,
11:56où il y a des choses dont on n'est pas au courant
12:00et que la Fed a des éléments en sa possession qu'on n'a pas.
12:04Parce que, compte tenu des conditions,
12:05comme ça a été expliqué, des conditions financières
12:08qui sont vraiment, aujourd'hui, bonnes aux États-Unis,
12:11il n'y a pas de raison.
12:12Le marché de l'emploi se tient plutôt bien,
12:14la consommation se tient plutôt bien,
12:16le marché financier se tient plutôt bien,
12:19la richesse réelle des Américains a augmenté
12:21au cours de l'année dernière.
12:22Il n'y a pas de raison, aujourd'hui, d'accélérer,
12:24sauf s'il y a une situation qu'on ne connaît pas aujourd'hui.
12:27Et parmi les banques centrales, vous en avez oublié une
12:30qui pourrait déjouer tout ça, c'est la Banque du Japon.
12:32Ah ben oui, bien sûr.
12:34Oui, allons-y.
12:36Je l'espère qu'elle ne va pas le faire.
12:37C'est la semaine prochaine à la Boge aussi, je crois.
12:39Ça, c'est aussi la semaine prochaine.
12:41Eux, ils ont été assez agressifs dans leur communication,
12:43mais ça ne veut pas dire qu'ils vont entrer en action,
12:45parce que le Yen s'est beaucoup apprécié
12:48au cours des dernières semaines.
12:51Et augmenter les taux, c'est jeter un peu de l'huile sur le feu
12:54sur la situation actuelle.
12:55Oui, j'entends.
12:56On pense que nous, ce serait plutôt pour décembre.
12:59Pour revenir aux États-Unis,
13:01oui, 25 BP pour le mois prochain,
13:03et puis je pense que le chiffre de la semaine prochaine
13:05sera aussi très déterminant,
13:07c'est le chiffre de vente de détail qui va sortir
13:09pour voir où en est la consommation américaine.
13:11Parce qu'on a des inquiétudes sur le consommateur américain,
13:13mais pour l'instant, ça n'a été étayé par aucun chiffre réel.
13:17Je reprends l'argument de Pierre-Olivier,
13:19parce que ça fait des années que j'entends
13:20« si la Fed nous surprend, c'est qu'il voit quelque chose qu'on ne voit pas ».
13:24Bon, je ne sais pas, vous êtes économiste,
13:26vous voyez quand même beaucoup de choses,
13:27vous avez beaucoup d'outils, d'instruments
13:29pour voir aussi quand même beaucoup de choses.
13:31Est-ce que la Fed, fondamentalement, voit plus de choses ?
13:33Sans doute qu'elle a peut-être une finesse de données plus importante,
13:35mais juste au-delà de ça,
13:37un discours qui dirait « bon, on a une dose des restrictions monétaires très élevée,
13:42l'économie est à un bon niveau,
13:44mais on voit quand même que la trajectoire a envie de s'affaiblir,
13:47on n'a pas envie de prendre de risques avec ça,
13:49donc on est capable de tout de suite éliminer
13:5150 points de base de restrictions monétaires,
13:54et ensuite on verra ».
13:55Et le marché n'est pas capable d'entendre ça,
13:56et de se dire « ce serait légitime ».
13:58Non, ce n'est pas du tout.
13:59C'est que la communication de la Fed a été très claire,
14:02notamment de Gérald Powell, c'est de dire
14:03« le sujet aujourd'hui, ce n'est pas l'inflation,
14:05aujourd'hui, c'est le marché du travail.
14:07Si je baisse de 50 BP,
14:09c'est que je m'attends à ce que le marché du travail s'effondre,
14:12dans les semaines à venir ».
14:13Et qu'il y ait un…
14:15D'accord.
14:15Non, mais j'entends, je comprends tout à fait cette logique.
14:18Donc c'est ça, c'est ça la logique.
14:20Derrière, on ne voit pas cette logique,
14:21le taux de chômage a baissé à 4,2,
14:24les salaires continuent à être bien orientés,
14:27on ne voit pas d'où pourrait venir l'accident
14:30sur le marché du travail à l'heure actuelle.
14:32Mais si on veut préserver cet état,
14:34peut-être qu'il faut faire…
14:35Oui, mais 25 BP, pourquoi faire 50 BP ?
14:37Qu'est-ce que ça changerait de faire 25 puis 25 ?
14:40Parce que 50 BP, je pense que le marché ne s'y attend pas du tout aujourd'hui.
14:44Là, vous avez raison, c'est que la FED pourrait agir
14:47parce que c'est vrai que les taux d'intérêt réels
14:49aux États-Unis restent très élevés.
14:51Ça, c'est…
14:52C'est un argument.
14:53C'est un argument.
14:54C'est un argument aussi qui peut se faire progressivement.
14:57Pas à pas.
14:58Pas à pas.
14:58Parce que lorsqu'on pense que la FED va baisser les taux,
15:03on s'attend aussi qu'à la suite de la baisse des taux,
15:06l'inflation remonte peut-être légèrement,
15:08ce qui ferait baisser les taux réels.
15:10Mais ce n'est pas ce à quoi on assistait depuis le début de l'année,
15:14depuis qu'il y a eu l'annonce d'un précommittement d'une baisse des taux.
15:17Les taux d'intérêt restent très élevés aux États-Unis,
15:19au-dessus d'un moyen qui est autour de 1,70.
15:21Donc ça, oui, ça pourrait peser sur l'économie à terme.
15:26J'ai juste une vision un peu différente de Malik,
15:28alors comme ça, ça fait un peu de débat.
15:29Moi, je pense qu'en effet, si elle le fait très agressivement,
15:34on peut penser qu'elle le fait pour de mauvaises raisons.
15:36Moi, je pense qu'à ce stade, en septembre,
15:37on sait à peu près où est l'économie américaine.
15:39On sait que le taux de chômage a monté d'à peu près d'un point de pourcentage,
15:43essentiellement parce que le taux de participation a bougé.
15:46Donc pour l'instant, ce n'est pas non plus une détermination du marché.
15:48Le travail est très, très marqué.
15:50On en a vu aujourd'hui, les jobless claims étaient encore assez basses.
15:56Moi, je pense que le point quand même, à mon avis,
15:58et c'est un des choix que devront faire les banques centrales,
16:02c'est si elles baissent plus agressivement,
16:05même dans le cycle, elle en verra, et plus vite en fait, c'est dès le début.
16:10C'est-à-dire qu'elle enverra un message en disant,
16:11écoutez, moi, j'ai choisi, le risque d'inflation,
16:15même si j'en ai un peu plus, ça ne m'intéresse pas.
16:17Moi, ce qui m'intéresse, c'est le marché de l'emploi, la croissance.
16:20Et je trouve que ça, c'est un message très, très beau pour le marché.
16:22Parce que finalement, le marché,
16:23est-ce qu'aujourd'hui, on a peur d'une inflation à 5, 6 %, 10 %,
16:28comme on a connu à un moment,
16:29bon, on n'a pas de choc du Covid devant nous.
16:31Ce risque-là, il est définitivement,
16:33enfin, au moins temporairement mis de côté.
16:35D'accord, mais pas à 5, 6.
16:38Et puis en plus, il y a le resserrement budgétaire qui arrive.
16:40Sachant que si les économies mondiales ont si bien tenu,
16:43c'est parce qu'on avait fait beaucoup de dépenses budgétaires.
16:45Il y a du resserrement budgétaire dans le pipe aux Etats-Unis, là ?
16:47En fait, c'est avec la hausse des charges d'intérêt qui arrive,
16:51soit les déficits budgétaires vont complètement exploser,
16:53soit il y aura quand même un tout petit peu de resserrement.
16:55Ça sera peut-être à la marge, mais en tout cas, on n'est plus dans les...
16:57Oui, ce n'est plus les vingt grandes ouvertures.
16:59Il n'y a plus de contribution positive.
17:00Ok, l'impulsion, ok, oui, d'accord.
17:02Après, peut-être qu'on se trompe et qu'on va aller à des déficits à 10 % aux Etats-Unis,
17:06parce qu'ils sont à 6 %, à peu près, donc voilà.
17:09Donc moi, j'ai cette interprétation-là en me disant que plus la fête des Deuviches,
17:13plus elle dit, écoutez, moi, finalement, je suis assez content de l'économie,
17:17mais je ne veux quand même prendre aucun risque.
17:19En fait, je trouve que ça serait assez boulot, voilà.
17:20Je ne sais pas s'il y a un consensus pour ça, quand même,
17:22parce que lui n'a pas prononcé le mot « graduel » dans son discours de Jackson Hole,
17:25j'ai mon problème, mais d'autres se sont chargés de le rappeler.
17:27Non, et après, si par contre on veut les données se détériorer
17:30et que là, qu'ils baissent de 50, oui, ça sera mauvais.
17:32Mais là, c'est parce que...
17:33Mais je pense que les données sont paradoxalement plus importantes
17:35que la fonction de réaction de la fête qui, plus elle est Deuviche et plus elle est moins élevée.
17:38Et le cas où il baisserait de 25 avec, je ne sais pas, un très mauvais rapport sur l'emploi,
17:41par exemple début octobre pour le mois de septembre...
17:43Moi, je pense que le marché va...
17:44Là, ça stresse, quoi.
17:45Oui, ça va stresser.
17:46Oui, c'est ça.
17:46Bon, Michel, sur la Fed et le cycle un peu global de baisse de taux,
17:50est-ce que tout ça peut rester un peu synchronisé, coordonné, en parallèle ?
17:54Ou est-ce qu'il y a un moment où certaines banques centrales
17:56devront s'affranchir du rythme qui peut être imposé par d'autres ?
18:00Je ne sais pas si on peut parler de synchronisation de l'un des cycles économiques,
18:04ça me paraît pas vrai.
18:07On mentionnait le Japon qui va remonter ses taux,
18:12en Asie, c'est quand même aussi des logiques différentes.
18:15Et puis, en zone euro, quand on compare États-Unis en zone euro,
18:19on n'a pas non plus la même photo budgétaire,
18:22la même situation du marché de l'emploi en termes de niveau,
18:27pas du tout les mêmes moteurs de croissance.
18:29Donc, moi, je ne ferais pas vraiment de comparaisons, je dirais...
18:32Pour moi, si on compare les banques centrales européennes et américaines,
18:36pour moi, il y a un point commun, c'est que...
18:40Le point commun, c'est qu'on pense que l'inflation va être plus proche de la cible,
18:46donc on ne craint pas, effectivement, des taux de force d'inflation,
18:49mais on a peu de crainte de retomber dans des craintes d'inflation très faibles.
18:56Et, deuxième point, qui est lié à ça aussi,
19:00on ne sait pas du tout quel est le taux neutre.
19:03Nulle part, en tout cas, quand vous regardez les estimations, ça allait partout.
19:09Alors, si le taux neutre, en zone euro, c'est 2,5,
19:13je ne sais pas où est-ce qu'il est aux États-Unis, il est peut-être à 3,5 ou 4.
19:17– Il est peut-être aussi à 5,5, s'il le sait.
19:20– Non, mais voilà, effectivement, si la faillite baisse de 25 points de base,
19:26le marché immobilier ne va pas rebondir fortement,
19:30mais si elle baisse de 100 points de base, c'est une autre question, je pense.
19:33Et 100 points de base, tant que l'économie tient,
19:37on peut le faire de façon graduelle, 25 points de base tous les trimestres.
19:43– Si l'objectif, c'est de neutraliser la politique monétaire,
19:47vous dites qu'il n'y a pas besoin d'y aller si vite que ça.
19:50– Mais tant que l'économie résiste, et pour l'instant, quand on regarde la macro,
19:56en tout cas du côté de l'activité, aux États-Unis, ça résiste.
20:00Alors, ça ralentit, mais ça résiste.
20:04Là, on parlait du marché du travail, des jobs de la classe,
20:06mais quand vous regardez les licenciements, il n'y en a pas aux États-Unis.
20:09En général, c'est plutôt les signaux avancés.
20:13– Est-ce qu'il y aurait des raisons que les entreprises
20:14se mettent à licencier dans un avenir proche ?
20:17– En même temps, vous voyez, il y a peut-être la hausse des charges d'intérêt
20:20qui, un jour, va jouer, mais le fait qu'il y ait une décélération de l'inflation,
20:25décélération aussi de la croissance salariale, et puis même création d'emplois,
20:32ça aide, ça va aider les entreprises à préserver des marges,
20:37des marges qui restent aujourd'hui stratosphériques.
20:40– Évées, stratosphériques, nous dit l'économiste, d'accord, oui, oui.
20:44– Donc, historiquement, si on revient au risque macroéconomique
20:52qui pousserait les banques centrales à être très lobbyistes,
20:55le risque de récession forte, s'il n'y a pas de crise immobilière,
21:00s'il n'y a pas de crise financière, si c'est juste la fin, la sigle, la belle mort,
21:05en général, c'est parce que les entreprises ont leurs marges qui baissent.
21:10– Qui baissent, je licencie pour protéger mes marges.
21:13– Et je limite mon CAPEX, je fais ça, aujourd'hui, États-Unis comme Europe,
21:19bon, je suis désolé, mais il n'y a pas de signaux qu'on est dans cette zone-là.
21:25Donc, ça ne veut pas dire que la croissance va être forte,
21:28mais ça veut dire que le risque de coupe claire, aujourd'hui, il me semble…
21:33– On n'a pas la surchauffe ou les déséquilibres d'une fin de cycle habituelle.
21:37– Non, on ne voit pas, on ne voit pas ça aujourd'hui, on est…
21:40– Vas-y, finis, monsieur.
21:41– Non, mais il y a encore quelques semaines, on parlait de risque de récession forte,
21:46de ça, avant, c'était la courbe des taux inversés, mais ça ne veut rien dire,
21:50il faut avoir une vision plus fondamentale de l'économie,
21:55et je reviens toujours, c'est quelle est la santé des agents privés,
21:59alors, si on met de côté le secteur public, on suppose qu'il n'y a pas de changement notable,
22:03mais c'est quelle est la santé du secteur privé, États-Unis comme Europe,
22:07les entreprises, en moyenne, vont bien, aux États-Unis, en moyenne, elles vont très bien,
22:12du côté des ménages, en Europe, ça va très très bien, si on regarde la situation financière,
22:21et aux États-Unis, un peu moins bien, la tonnelle d'épargne a beaucoup baissé,
22:25donc, il y a un moment, la consolidation devrait ralentir, mais on ne le voit pas encore.
22:29– Oui, parce que le patrimoine des Américains aussi a bien augmenté pour des dernières années,
22:34non, mais la question essentielle, c'est quel cycle de baisse d'été, pour quelle raison,
22:38parce que là, on rentre dans un cycle où on aura une baisse d'été aux États-Unis,
22:42alors qu'on est en expansion, en expansion économique,
22:45donc, on se pose la question de savoir quelle répercussion ça aura sur le marché des actions,
22:50parce que le mouvement d'étau qu'on a subi, là, il est, pour moi, déjà fait.
22:55– Sur les marchés, les marchés obligataires ont déjà intégré…
22:58– On a un marché obligataire, comme vous disiez tout à l'heure,
23:01qui, lui, depuis le début du mois de juillet-août,
23:04lui, a pour scénario un ralentissement marqué, voire une récession,
23:07ce qui n'est pas le cas du marché actuel,
23:09et d'ailleurs, le marché du crédit, non plus, ne voit pas une récession,
23:13comme vous voyez, les spreads de crédit, ils ont un peu bougé,
23:15mais dans la correction, ils n'ont rien fait,
23:17et il y a un appétit, encore, pour le crédit, qui reste très important,
23:20même sur le Yaël, qui reste la meilleure classe d'actifs.
23:22Donc, la baisse des taux, est-ce que c'est parce qu'on normalise la politique monétaire,
23:26parce que l'inflation ne nous inquiète plus,
23:28et on a une politique qui reste quand même restrictive avec des taux réels élevés,
23:32c'est pour ça qu'on veut les faire baisser,
23:33ou alors, on a une politique monétaire qui se met en place
23:37parce qu'on craint un effet récessif ?
23:39Et là, ce n'est pas le scénario qu'on voit, nous,
23:41c'est le premier scénario, c'est un ralentissement,
23:44donc, il y a un ralentissement qui se met en place,
23:46mais pour autant, les bénéfices d'entreprise ne sont pas impactés
23:50de manière radicale par ce ralentissement.
23:53Et ce qui était mentionné est vrai,
23:55c'est que les marges des entreprises aux Etats-Unis ont continué à progresser,
23:58ce n'est plus le cas en Europe, elles stagnent, voire légèrement baissent,
24:01mais pourquoi ? Parce que les entreprises bénéficient toujours
24:04du différentiel positif entre l'inflation et le PPI.
24:07Il a baissé...
24:08Les prix de la production.
24:09Pardon.
24:09Oui, oui, non, mais si, si.
24:11Les prix de la production, donc l'inflation et les prix de la production,
24:13et ce différentiel reste positif,
24:14donc elle garde, malgré tout, un pricing power qui reste...
24:20C'est aussi qu'il y a de la productivité, enfin, de ce que je comprends, quand même.
24:24Vu le niveau de progression des salaires,
24:26s'il n'y avait pas eu cette productivité,
24:28peut-être que les marges des entreprises américaines
24:30ne seraient pas aussi stratosphériques.
24:32Tout à fait, tout à fait, vous avez tout à fait raison,
24:33c'est le deuxième élection européenne aussi qui concourt à cela.
24:37Donc, quelle est la situation pour la fin de l'année ?
24:40Nous, on considère que le marché américain reste bien orienté,
24:43la dynamique n'est pas, pour l'instant, arrêtée.
24:46Il y a un effet saisonnier qui joue de plein fou en ce moment.
24:50Donc, c'est la mauvaise saison, c'est septembre, c'est l'effet septembre.
24:54Psychologiquement, ça influe sur les gens.
24:55Quand vous voyez la séance d'hier, honnêtement, on ne comprend pas ce qui s'est passé.
25:00Ah oui, ça partait dans tous les sens.
25:01Ça partait dans tous les sens, donc c'est vraiment psychologique.
25:04Il y a Goldman Sachs qui dit que Nvidia, c'est un strong buy,
25:08sur les déclarations du PDG, tout est retourné.
25:10Donc ça, c'est la petite vie quotidienne du marché, vous dites.
25:13Mais dans les grands changements de tendance de marché,
25:15si on prend l'épisode estival également, vous dites qu'il n'y a rien fondamentalement qui a changé.
25:20Ce qui est important aussi, c'est la profondeur du marché américain.
25:22Aujourd'hui, ce ne sont pas les valeurs technologiques qui ont porté le marché depuis deux mois,
25:26ce sont des valeurs défensives.
25:28Donc, il y a eu une propagation aux autres secteurs.
25:31Et quand vous voyez la contribution aux bénéfices à venir des entreprises américaines,
25:35ce sont ces secteurs-là qui vont contribuer, qui vont progresser.
25:39Donc, c'est légitime de voir cette partie-là du marché revenir sur le devant de la scène ?
25:43Ce n'est pas un signal négatif ?
25:44Parce que moi, quand je vois des défensives de la santé, des telcos, des utilities
25:48qui reviennent sur le devant de la scène,
25:49je me dis où les investisseurs ne savent plus quoi faire après Nvidia,
25:52où le marché action lui-même se prépare à traverser une phase macro un peu compliquée.
25:57C'est ça, il y a l'effet taux qui a joué, mais il y a aussi les progressions de bénéfices.
26:01Il y a deux secteurs qui sont en peine.
26:02Il y a une dynamique bénéficiaire derrière ces secteurs qui justifient qu'ils reviennent sur le devant de la scène.
26:05Le seul secteur qui restera en peine, c'est les ressources, l'énergie et les matières premières.
26:11Mais pour le reste, il y a une dynamique positive,
26:13c'est-à-dire que ces secteurs défensifs, en termes de progression de bénéfices,
26:17vont rattraper le rat qu'ils avaient accumulé par rapport aux valeurs technologiques.
26:21Et ça, c'est une tendance ?
26:22Oui, deux fois moins.
26:24Il y a une classe d'actifs dont on n'a pas parlé, c'est les matières premières et le pétrole notamment.
26:27Je veux bien qu'on en dise un mot, je ne sais pas en tant qu'économiste comment vous regardez ça Michel,
26:31mais déjà, la corrélation entre les taux longs et le pétrole, ça marche encore pas trop mal.
26:35C'est-à-dire qu'on a vu des taux longs baisser tout au long de l'été, le pétrole aussi a beaucoup baissé par exemple.
26:41C'est quoi l'histoire du pétrole par rapport aux autres marchés ?
26:45Alors moi, je vais vous dire la vision de...
26:49De vos équipes ? Oui, bien sûr.
26:51De vos équipes qui suivent.
26:53Et puis, en tant qu'économiste, on suit de ça après,
26:56parce que c'est une variable importante dans nos prévisions d'inflation.
27:02Je pense qu'il y a deux choses.
27:05Il y a le fait que l'offre est constamment réévaluée à la hausse,
27:12et en particulier, c'est l'histoire de la production non OPEP.
27:15Voilà, le gaz de schiste, le pétrole de schiste, il y a des productions qui continuent de monter,
27:21et visiblement, en plus, avec un break-even, donc un prix...
27:26Un point d'équilibre.
27:27Un point d'équilibre qui continue de baisser aux Etats-Unis.
27:31Ça, c'est le premier point.
27:32Donc, il y a une offre qui est toujours révisée à la hausse,
27:35au point même que visiblement, on craint que l'OPEP...
27:38L'OPEP a dit qu'elle allait arrêter avec les...
27:42Les quotas.
27:43Voilà, les baisses, les baisses de production.
27:45Et même, peut-être qu'un jour, elle voudra...
27:47Elle dira, je suis le seul perdant de l'affaire, donc allons-y.
27:52Et puis, alors, du côté de la demande, aussi, ce qu'observent nos analyses,
27:56c'est que leur modèle prévoit, finalement...
28:00On a des modèles qui sont région par région, pays par pays,
28:04qui sont bâtis sur le PIB, et même d'autres indicateurs plus fins que le PIB.
28:11Et ces modèles sont toujours en décalage, en fait, près à...
28:16Autrement dit, la demande est toujours plus faible que ce qui est prévu.
28:19D'accord.
28:19Même si on est bon sur les chiffres de croissance anticipés, un trimestre, un trimestre...
28:25La demande pour le V30 surprend toujours à la baisse.
28:27Toujours à la baisse.
28:28Et là, on a...
28:30Ils ont commis des travaux récemment qui expliquent, en fait, que ce qui...
28:33En particulier, la demande d'essence, des ailes,
28:38est toujours plus faible que ce que les modèles donnaient.
28:43Et là, on voit le développement des véhicules électriques,
28:48des hybrides, et pour les modèles thermiques, le fait que finalement, les nouveaux modèles thermiques...
28:54Consomment moins ?
28:54Consomment moins.
28:55D'accord.
28:55Juste pour donner un chiffre, aujourd'hui, dans les ventes de voitures,
28:59la part du marché du véhicule électrique en Chine, c'est plus de 50%.
29:03Vous voyez bien qu'après un an, deux ans, trois ans, quatre ans,
29:07il y a une part conséquente qui commence à être significative
29:11de la consommation habituelle d'essence...
29:14Et qui vient perturber même les équilibres d'un marché comme le pétrole.
29:18Et voilà, donc c'est ce que nos analystes matières programmées...
29:24Alors ils disent que ça va continuer ?
29:25Voilà, oui.
29:26On s'inquiète de la demande pour l'électrique dans une certaine partie du monde aujourd'hui, quand même.
29:31Peut-être pas en Chine, mais...
29:32Oui, mais pas en Chine.
29:33Mais il n'y a pas que l'électrique, vraiment, il y a tout.
29:37Il y a aussi les nouveaux modèles qui...
29:39Oui, les nouveaux modes de consommation électrifiés, etc., qui prennent de plus en plus de place.
29:45Il n'y a pas que les voitures, il y a aussi...
29:46Mais c'est bon, le macro...
29:47Il y a aussi tous les transports en commun, les bus...
29:49Oui, oui, toute la mobilité en général.
29:50Par exemple, les bus, ils sont complètement électrifiés de plus en plus partout.
29:56Ou l'hydrogène, le gaz, etc.
29:59Et là, ils nous disent que ça se voit vraiment dans les chiffres de demandes...
30:03Mais ça veut dire que le pétrole est un peu moins qu'avant un baromètre macroéconomique,
30:08au sens où on l'entendait, Michel ?
30:10Oui, oui.
30:11D'accord, ok.
30:12Oui, alors ça nous a mis à réviser constamment à la baisse nos prévisions de prix du pétrole.
30:16Et donc, nos anticipations d'inflation totale.
30:19Oui, on est d'accord.
30:22Non mais je disais qu'il y a quand même toujours un lien entre le pétrole et les tolons.
30:24Enfin, ça fonctionne encore un peu.
30:26Oui, je ne sais pas, de voir ces marchés de matières premières qu'on...
30:29Enfin, je ne sais pas, il y a eu des séances à moins 4, moins 5, là, sur les cours du pétrole.
30:32Quand ça se coûte sur ces marchés, ça se coûte toujours un peu fort.
30:34Mais je ne sais pas s'il y a une lecture particulière de votre côté, Pierre-Olivier ?
30:38Moi, à part...
30:39La Chine... Je ne sais pas, on n'a pas parlé de la Chine, mais...
30:43J'ai l'impression que la Chine pose quand même toujours beaucoup de problèmes aux marchés et aux investisseurs, quand même.
30:47Je pense qu'il y a quand même un peu de réaction.
30:48Après, c'est vrai que ce que dit Michel, c'est que...
30:52Bon, d'abord, tout le monde est bien riche sur le pétrole, aujourd'hui, quand on va les positionner.
30:55Il n'y a plus grand monde qui est très très boulot sur le pétrole.
30:58Je pense qu'il y a un peu réagi quand même sur...
31:01On l'a vu, par exemple, quand le marché a eu peur...
31:03Je ne sais pas si c'est, par exemple, peur de récession,
31:05mais en tout cas peur que le soft lending soit plus soft que prévu.
31:07Voilà, il s'est dit, bon...
31:09Moins soft ?
31:10Moins soft ?
31:11Oui, c'est ça, plus hard, quoi.
31:12Oui, d'accord, ok.
31:13Je ne sais pas comment dire, c'est mon anglais qui est défaillant.
31:15Mais, voilà.
31:17Après, on voit aussi, le cuivre a quand même pas mal corrigé.
31:19En fait, il y a l'or qui surperforme beaucoup.
31:21Oui, ben, record encore, au moment où on se parle, oui.
31:23Mais ça, c'est un peu normal, parce que...
31:25Moi, je pense que l'or, c'est toujours un actif quand il y aura...
31:27S'il y a vraiment un problème à un moment, c'est pas ça qui nous protégera.
31:30Mais en amont, il a tendance à bien anticiper les thématiques.
31:32Et je pense qu'il est en train d'anticiper que, en nominal, ça a l'air fantastique.
31:36Mais en réel, c'est peut-être moins bien.
31:38À un moment, il va falloir tout monétiser.
31:40Enfin, bref, avec les déficits, etc.
31:42Donc, je pense que, plus la thématique des banques centrales, la géopolitique, etc.
31:44Mais enfin, bon.
31:46Si on revient sur le pétrole, moi, je pense que...
31:48Alors, c'est intéressant, parce que toutes les matières premières, à mon avis,
31:50elles pricent...
31:52En fait, je pense que le marché est un peu au milieu du guet.
31:54C'est-à-dire que, si les matières premières...
31:56Moi, je pense que le pétrole, s'il y a vraiment une récession,
31:58on ira à 40 dollars.
32:00Il n'y a aucun problème pour qu'on y aille.
32:02On peut imaginer aussi qu'on remonte.
32:0485, 90.
32:06Comme les gens, en effet, ont tendance à bien réviser à la baisse
32:08chaque fois le haut du range.
32:10Donc, on...
32:12Le cuivre, c'est un peu pareil.
32:14Si on va en récession, sur le futur, on ira...
32:16Là, aujourd'hui, on est plutôt vers 420.
32:18On peut aller à 350.
32:20Mais, en fait, on peut très bien remonter à 500.
32:22Ce n'est pas tranché, vous dites.
32:24Non, mais les taux, je trouve aussi, c'est pareil.
32:26Le message des taux...
32:28Enfin, si on va vraiment en récession...
32:30Ce n'est pas cher. Si on est en récession demain...
32:32Si il n'y a pas de récession, que l'inflation repart un peu,
32:34on peut repartir à 4, 2, 4, 5.
32:36Donc, moi, je trouve que le marché,
32:38il est au milieu du gay.
32:40Il ne sait pas trop encore où aller.
32:42Et je pense qu'en effet, après les élections américaines,
32:44après avoir perdu un peu plus de données,
32:46si, par exemple, on est confronté dans le fait
32:48qu'il n'y a pas de récession,
32:50les marchés repartiront très bien là-haut.
32:52Comment ça se traduit concrètement dans le positionnement
32:54d'une stratégie que vous pouvez gérer aujourd'hui,
32:56Pierre-Olivier ?
32:58Je raisonne un peu en probabilité
33:00parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses...
33:02Malgré tout, on commente quand même beaucoup de choses,
33:04beaucoup de données qui sont là aujourd'hui,
33:06mais ce n'est pas forcément celle de demain.
33:08Donc, après, il faut avoir un peu des scénarios en probabilité.
33:10Moi, je pense que le scénario
33:12quand même d'une récession,
33:14pas forcément très marquée, mais en tout cas,
33:16où on a un ralentissement beaucoup plus fort que ce qu'on pense,
33:18je pense que c'est autour d'aujourd'hui.
33:20Moi, je l'estime au cours de 30-35 %.
33:22Le scénario...
33:24Sur quoi ? Sur un horizon de 3, 6, 9 mois ?
33:266 à 12 mois.
33:28J'irais même plutôt 6 mois.
33:30Et puis, après,
33:32un scénario de soft landing immaculé,
33:34je pense qu'aussi, c'est à peu près 30-35 %.
33:36Et puis, un peu un scénario intermédiaire
33:38où, en fait,
33:40le marché, en fait,
33:42là, comme l'a bien dit Malik, pour des raisons
33:44de psychologie, je pense de saisonnalité,
33:46enfin bon, il y a des raisons, parfois,
33:48pour quelqu'un qui a des saisonnalités,
33:50s'inquiète un peu à court terme, et puis finalement,
33:52on s'aperçoit que ce n'est pas si méchant,
33:54on finit à 6 000 sur l'S&P comme certains voient.
33:56Et donc, du coup, nous, notre positionnement,
33:58c'est comme on a 2 tiers à court terme
34:00de notre probabilité, qui est plutôt
34:02sur une probabilité que ça ne se passe pas forcément très bien,
34:04on peut avoir des peurs,
34:06on attend, c'est très prudent aujourd'hui,
34:08jusqu'à mi-octobre, et puis, mi-octobre,
34:10on réfléchira...
34:12Si le marché a baissé de 15 %,
34:14si...
34:16C'est intéressant de comprendre comment on construit,
34:18effectivement, un horizon tactique de ce point de vue-là.
34:20Si ça n'a pas bougé, on verra aussi.
34:22Malik, c'est quoi l'idée, pour vous,
34:24sur une gestion diversifiée,
34:26chez S&P?
34:28Aujourd'hui, sur la gestion diversifiée,
34:30c'est vraiment le retour du 60-40.
34:32On l'a vu cet été, ça a bien marché.
34:34Ça a très bien marché, ça va continuer à bien marcher,
34:36donc s'exposer aux actions,
34:38mais avoir une sensibilité assez longue sur les portefeuilles,
34:40notamment sur les taux d'Etat,
34:42et garder aussi du cari sur le crédit.
34:44Sur la partie actions, c'est vraiment...
34:46majoritairement USA.
34:48Parce que la dynamique
34:50des bénéfices, encore une fois, elle plaide
34:52pour les États-Unis.
34:54Et plutôt dans la partie du marché
34:56US, hors cette magnifique?
34:58Non, pas forcément.
35:00Stratégie Barbell, c'est-à-dire que vous investissez
35:02sur la technologie et les défensives
35:04en même temps.
35:06Parce que, comme je disais,
35:08la progression des bénéfices à venir va...
35:10Pas besoin de lâcher les techs pour aller...
35:12Non, on n'a pas besoin de lâcher les techs
35:14dans certains domaines particuliers,
35:16comme l'intelligence artificielle, par exemple.
35:18C'est une thématique qui va
35:20continuer à
35:22intéresser les investisseurs, quand on voit
35:24les chiffres de TCNC, etc.
35:26Donc il y a une demande qui est là.
35:28Je pense que les chiffres de Nvidia, à l'époque,
35:30ont été mal interprétés. En tout cas,
35:32sur la demande du marché,
35:34mais c'est...
35:36Chen Xiang, il a dit, vous savez, on fait ce qu'on peut.
35:38On ne peut faire que ce qu'on peut.
35:40Ce qui est déjà pas mal.
35:42Et donc, la value de l'Europe,
35:44ça ne vous intéresse pas tellement?
35:46Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas du tout.
35:48C'est qu'en Europe, il y a
35:50un ralentissement, quand même.
35:52En tout cas, il y a une économie
35:54qui a été indiquée qui croit
35:56autour de 0,5, 0,6, 0,8.
35:58Voilà.
36:00Il y a...
36:02Oui, je comprends.
36:04Ce n'est pas enthousiasmant.
36:06Même la croissance des bénéfices a commencé à être...
36:08C'est révisé un peu à la baisse.
36:10C'est révisé à la baisse en Europe.
36:12Quand vous voyez les courbes aux Etats-Unis, ça remonte.
36:14En Europe, ça stague,
36:16voire ça baissote un peu.
36:18Qu'est-ce qui pourrait revenir dynamiser
36:20l'économie européenne,
36:22sachant que les situations sont différentes?
36:24On a une Allemagne qui,
36:26aujourd'hui, est en très mauvaise pose.
36:28Les pays du Sud
36:30qui s'en sortent mieux et une France au milieu.
36:32Moi, j'ai la réponse. Mario Draghi.
36:34Quelques minutes, quand même, Michel.
36:36Il y a eu 2012,
36:3826 juillet 2012,
36:403 mois pour sauver l'euro.
36:42Cette semaine, le 9 septembre 2024,
36:44400 pages pour relever l'Europe.
36:46C'est la légacie de Mario Draghi.
36:48Oui.
36:50Une personne très intelligente
36:52qui produit un rapport
36:54très intéressant.
36:56Je crois qu'il y a deux messages clés.
36:58Déjà, il y a un constat.
37:00C'est que l'Europe est à risque.
37:02Elle croit faiblement.
37:04Elle fait face à un risque
37:06quasi existentiel
37:08de perdre sa place.
37:10Sortir de l'histoire, comme on dit.
37:12Sortir de l'histoire par rapport
37:14aux grandes zones États-Unis et Chine.
37:16On pense aux technologies,
37:18mais les gains de productivité,
37:20pouvoir d'achat, c'est tout lié.
37:22Ce qui est intéressant, c'est qu'il en tire
37:24deux conclusions.
37:26Deux conclusions qui vont
37:28un peu à l'encontre
37:30de la vision de l'Europe
37:32qu'on s'est bâtie depuis la grande crise financière.
37:34Première vision, c'est
37:36qu'on ne dépense pas assez
37:38et avec beaucoup plus d'argent public.
37:40Il chiffre ça à 5 points de pipe
37:42qui est quand même
37:44d'un certain ordre de grandeur.
37:46Deuxième vision, on ne prend pas assez de risques.
37:48Quand on regarde tout ce qu'on a fait
37:50depuis la grande crise financière sur tous les marchés,
37:52on a régulé partout
37:54dans le secteur financier, prendre moins de risques.
37:56Lui, il dit qu'il faut tourner la page
37:58et prendre plus de risques.
38:02Moi, je partage
38:04ce point de vue.
38:06Après, la question, c'est
38:08quelle est la capacité d'implémenter tout ça.
38:10On a déjà eu le nom allemand
38:12immédiatement sur l'aspect
38:14finances publiques. Là, je crois que
38:16dans l'aspect finances publiques, ça paraît compliqué
38:18de dégager des ressources nouvelles.
38:20Là, ça paraît quand même très mal barré.
38:22Sur l'aspect prendre plus de risques,
38:24à priori, c'est moins coûteux
38:26pour le contribuable sur le papier.
38:28Donc, prendre plus de risques,
38:30ça veut dire changer la régulation.
38:32C'est possible.
38:34On verra s'il y a des majorités
38:36au Parlement européen, auprès
38:38des chefs d'État pour aller dans ce sens.
38:40Mais ça, ça me paraît plus facile
38:42à implémenter.
38:44Maintenant, on sait qu'il y a plusieurs
38:46chantiers, comme l'union bancaire
38:48et le marché des capitaux.
38:50On en parle depuis 10 ans et il n'y a rien
38:52qui a été fait.
38:54Même si je me souviens bien...
38:56Le constat, l'Europe ne prend pas
38:58assez de risques.
39:00C'est nouveau.
39:02Sur les technologies, sur l'intelligence
39:04artificielle, les technologies
39:06de la santé, dans le secteur financier,
39:08ça revient partout.
39:10Dans le rapport de Draghi,
39:12il est présent une fois ou deux
39:14dans chaque page.
39:16C'est un u-turn qu'il faut faire
39:18de ce point de vue-là.
39:20C'est un logiciel, un mindset, comme disent
39:22les Américains.
39:24Il y a les 800 milliards.
39:26C'est une manière de mettre l'Europe
39:28face à ses enjeux et les moyens
39:30financiers qu'il faut développer.
39:32Mais il y a des choses à faire sans avoir besoin
39:34de 800 milliards de budget national.
39:36A priori, c'est non coûteux
39:38pour le contribuable européen.
39:40Mais en termes de logiciel,
39:42je trouve que c'est
39:44une idée clé,
39:46intéressante.
39:48Après, je ne retiens pas
39:50trop mon souffle pour savoir
39:52si ça va être
39:54implémenté rapidement.
39:56Comme me l'a dit une économiste allemande
39:58sur le ton de la plaisanterie,
40:00le 9 allemand est arrivé plus vite
40:02que le temps qu'il fallait pour lire
40:04les 400 pages du rapport de Mario Draghi.
40:06Merci beaucoup, messieurs.
40:08Merci d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
40:10Michel Martinage, chef économiste d'Europe
40:12de Société Générale CIB.
40:14Pierre-Olivier Beffy, chef économiste et gérant
40:16chez Boussard et Guevaudan.
40:18Et Malika Douk, directeur de la gestion diversifiée
40:20de CPR, Asset Management.