• il y a 6 mois
Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

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Transcription
00:00 On se retrouve face à Michel Onfray pour notre rendez-vous du week-end sur CNews.
00:04 Bonjour Michel.
00:05 Bonjour.
00:05 Ravie de vous retrouver pour une heure d'échange sur l'actualité, avec une forte activité cette semaine,
00:10 je suis sûre que vous l'avez noté, du côté de la gauche de la gauche, c'est-à-dire de la France insoumise.
00:15 Hystérisation du débat, agitation des étudiants pro-palestiniens, insultes,
00:20 slogans haineux qui ont fleuri partout, notamment à l'occasion du 1er mai.
00:23 On va revenir sur cette stratégie du chaos qui est la marque de fabrique de ce mouvement politique,
00:28 et on va voir ce que vous en pensez.
00:29 Il y a aussi au registre des faits de société qui malheureusement illustre une nouvelle fois la violence chez les jeunes,
00:35 la mort du jeune Matisse, 15 ans, poignardé à mort à Châteauroux par un jeune afghan du même âge.
00:39 La mère de ce dernier a porté des gifles au jeune homme qui agonisait.
00:43 La violence, son héritage, en partage.
00:46 On a envie de vous entendre aussi sur ces questions et les réponses qu'on peut y apporter.
00:50 Enfin, on va parler de ce qui vous tient à cœur, l'Europe, en tout cas les élections européennes,
00:55 avec les premiers grands meetings des candidats.
00:57 À part le président Macron, on n'entend pas beaucoup parler d'Europe.
01:00 En réalité, on voit que ce sont les enjeux nationaux qui prennent le dessus dans cette campagne européenne.
01:05 Là aussi, je pense que vous allez mettre quelques regrets, je me trompe ou pas ?
01:08 Vous ne vous trompez pas.
01:10 Bon, on parlera de souveraineté aussi, évidemment, parce que c'est la clé de voûte de votre engagement.
01:14 On commence, si vous le voulez bien, Michel Onfray, par ce qui se passe dans les facultés Sciences Po à Paris,
01:20 mais aussi en région, la Sorbonne, qui a été également occupée par des militants pro-palestiniens.
01:25 La police, à chaque fois, est intervenue pour débloquer les manifestants qui étaient là
01:30 et qui empêchaient les autres d'aller en cours.
01:33 Il y a des slogans qu'on a entendus, comme "Israël assassin", "La Palestine de la mer aux Jourdains".
01:38 Qu'est-ce que défendent exactement ces manifestants, selon vous, Michel Onfray ?
01:42 Je ne sais pas. Je ne sais même pas s'ils le savent eux-mêmes.
01:45 Je pense qu'ils défendent une position contre, et qu'ils sont pour ce qui est contre et contre ce qui est pour.
01:51 Contre quoi ? Ils savent ?
01:53 Là, pour le coup, c'est probablement tous les éléments d'engage qu'on leur donne.
01:56 C'est-à-dire Israël, le capital, le capitalisme, les États-Unis, le grand méchant, etc.
02:00 Et donc, il y aurait le bien, il y aurait le mal, etc.
02:02 Mais à l'université, ça fonctionne comme ça depuis très longtemps.
02:04 Il y a eu comme ça, en mai 68, des moments d'hystérie,
02:08 mais on pourrait remonter aussi aux périodes des années 30,
02:12 où, à l'époque, il y a l'action française et puis les communistes, et d'une grande violence aussi.
02:16 Et Mélenchon, qui connaît bien cette période-là, sait bien que le Républicain qu'il n'est pas,
02:20 c'est-à-dire moi, ce qu'il raconte, je suis républicain, je suis le dernier à être républicain,
02:24 je suis moi-même la République, je suis le dernier rempart de la République,
02:27 il sait bien qu'il vaut mieux jouer la stratégie de l'action française
02:29 ou l'action du parti communiste de cette époque-là, c'est-à-dire une action violente, brutale.
02:34 Et tout ce qu'il reproche à Marine Le Pen, finalement, elle n'est pas démocrate,
02:37 elle n'est pas républicaine, il y a des fascistes dans ses rangs, etc.
02:41 Ça marche pour lui, on a envie de dire, c'est celui qui le dit qui est.
02:44 - Alors, on va revenir à la stratégie de Mélenchon dans un instant,
02:47 mais moi j'aimerais qu'on revienne à ce qui se passe à Sciences Po.
02:49 Il y a eu une journée de débat qui a été organisée avec la direction provisoire de l'établissement.
02:55 On va écouter le directeur de cette administration provisoire
02:58 sur le débat qui a eu lieu entre les étudiants sur la guerre à Gaza.
03:02 Écoutez.
03:03 - Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotions.
03:11 Et donc, j'aspire maintenant à ce que chacun retrouve le calme,
03:16 qu'on soit tous toujours dans le dialogue.
03:19 On peut dire que le débat a montré un très large consensus
03:22 pour que chaque intervenant souligne à quel point il était opposé,
03:26 naturellement, en antisémitisme et au racisme.
03:30 Maintenant, c'est vrai qu'on a eu des tensions, cette année,
03:32 liées au conflit israélo-palestinien,
03:35 et qu'on constate notamment que le nombre de signalements
03:38 sur des enquêtes à faire sur des propos pouvant être antisémites
03:43 a légèrement augmenté par rapport à l'année dernière.
03:45 - Vous comprenez ce qu'il dit, ce monsieur, en fait ?
03:49 Il dit qu'il n'y a pas d'antisémitisme,
03:51 mais il y a des propos qui relèvent de l'antisémitisme.
03:53 - C'est une fabrique de moutons.
03:54 Donc, on fabrique des gens qui vont faire fonctionner le système.
03:57 Dans quelque temps, ils auront les bons diplômes,
03:59 ils seront aux bons endroits, ils diront ce qu'il faut dire.
04:01 Donc, ils lisent là, pour l'instant, ce qu'il faut dire.
04:03 Ils auraient dit...
04:04 Enfin, on voit ce qu'ils auraient dit dans une irandémola,
04:07 dans une Allemagne nazie, dans une Union soviétique bolchevique.
04:11 Il n'y a pas beaucoup de pensée, il n'y a pas beaucoup de réflexion.
04:13 On n'analyse pas beaucoup. On est là pour...
04:15 - Il y a de l'émotion, a-t-il dit ?
04:16 - Ah ben oui, il n'y a d'ailleurs que ça.
04:18 - Et de la raison ? Non, peut-être pas.
04:20 - Pas beaucoup, il me semble.
04:21 C'est-à-dire que quand on commence à interdire des débats
04:23 ou de l'entrée d'école à des gens juste parce qu'ils sont juifs,
04:26 qu'on commence à dire que ce serait bien
04:27 s'il y avait une petite étoile jaune, ça nous permettrait de savoir,
04:29 et ceux-là, au moins, on pourrait les mettre dans un coin, etc.
04:32 Je ne sais pas comment on fait pour tolérer ça plus longtemps.
04:34 C'est bien beau, l'espèce de maladie mentale
04:37 qui consiste à faire des débats, à faire des dialogues,
04:39 à faire des rencontres, à faire des séminaires,
04:41 à donner des numéros verts, en gros,
04:44 pour qu'on puisse dire le pour, le contre, etc.
04:46 Non, il y a un moment donné où il y a de la sélection raciale
04:49 fabriquée par les pro-palestiniens,
04:51 qui désigne nommément les juifs en disant qu'ils sont interdits.
04:54 Je regrette, mais pour beaucoup moins que ça,
04:56 certains qui ont émis des réserves sur le fait que le Coran soit un joli livre
05:00 et qui se retrouvent au tribunal pour ça,
05:01 eux, ils ne se retrouvent pas au tribunal
05:03 pour avoir fait de la sélection raciale.
05:05 C'est ce qu'ils font.
05:06 Ce n'est pas le schéma qu'on voit plus aux États-Unis,
05:08 ce que vous nous décrivez là, Michel Onfray.
05:10 Les facs américaines, les grands campus,
05:12 notamment Columbia à New York, UCLA à Los Angeles, ont été évacués.
05:16 On va avoir quelques images par les forces de l'ordre.
05:18 Ce n'est pas plutôt le schéma américain que vous nous décrivez.
05:20 Non, mais je vous parle de Sciences Po.
05:21 Vous parlez de Sciences Po.
05:21 Quand il y a eu effectivement des discriminations raciales,
05:24 des discriminations au nom de la religion,
05:26 enfin, ça relève du droit, ça.
05:28 Je pense qu'on devrait pouvoir aller au tribunal.
05:30 Personne ne va au tribunal, jamais.
05:32 C'est toujours Éric Zemmour qui va au tribunal.
05:34 C'est toujours Marion Maréchal-Le Pen.
05:35 Toujours ces gens-là qui vont au tribunal
05:37 parce qu'on a vu une virgule mal placée
05:39 qui pourrait laisser croire que la chose dite
05:42 fait référence aux heures les plus sombres de l'histoire, etc.
05:44 Là, clairement, vous pouvez dire non aux Juifs.
05:46 C'est ça qui est dit.
05:47 Vous pouvez dire clairement non aux Juifs.
05:48 Vous ne vous retrouvez pas au tribunal.
05:49 Vous ne vous retrouvez pas mis à la porte de l'établissement.
05:52 Vous ne vous retrouvez pas avec un casier judiciaire.
05:54 Vous pouvez continuer.
05:55 Et il y a même des gens qui vous disent
05:57 "C'est bien ce que vous faites, Mélenchon dit continuer, c'est formidable".
06:00 Mais ils appellent au soulèvement.
06:01 Une petite fade, si vous voulez traduire le mot.
06:04 Vous parliez des tribunaux.
06:05 En l'occurrence, cette semaine, c'est Mathilde Bano et Rémy Brassane
06:07 qui ont été entendus par la police
06:09 dans le cadre d'une enquête pour apologie du terrorisme
06:11 parce que sont en cause certains de leurs propos
06:14 après le 7 octobre.
06:15 Là, pour le coup, il s'agit de la justice
06:19 mais concernant des plaintes instruites
06:21 pour des gens de la France Insoumise.
06:23 On va voir.
06:24 On va voir où ça aboutit, c'est ça ?
06:26 Je pense, parce que si on dit à un moment donné
06:27 "Non, ça n'est pas un éloge du terrorisme",
06:30 ça va donner quoi ?
06:31 Vous allez voir dans les rues les manifestations de bonheur
06:33 de gens qui diront "Vous avez vu ? Vous ?" etc.
06:36 Je veux bien convoquer à la police, c'est bien.
06:38 Ce que fait la police, c'est bien, simplement.
06:39 Après, il y a la justice.
06:40 Que va dire la justice ?
06:41 Si vous avez des gens des syndicats de la magistrature,
06:43 ils vont vous expliquer, puisqu'ils défendent aussi
06:45 la cause palestinienne, ils vont vous expliquer
06:47 que c'est bien sûr que ça n'est pas du terrorisme.
06:49 Ce qui s'est passé avec Hamas, c'est une guerre légitime.
06:51 On connaît les éléments de langage.
06:53 Et quand ils auront gagné devant la loi,
06:54 qu'est-ce que ça donnera, tout ça ?
06:55 Moi, je voudrais qu'on puisse envoyer au tribunal des gens
06:57 en leur disant "Vous, monsieur machin,
06:59 vous avez dit, ou madame Benhuit, vous avez dit ceci,
07:02 c'est de la discrimination raciale et personnellement,
07:04 vous allez rendre compte de ce genre de comportement ?"
07:07 Et là, pour le coup, oui.
07:08 Mais là, on fait faire de la politique à des gens
07:10 dont on sait très bien...
07:11 Je ne parle pas de la police, là, pour le coup.
07:13 La police fait bien son travail.
07:14 Mais on va demander à des gens de donner leur avis.
07:16 On le connaît déjà, les avis des magistrats.
07:18 Moi, je ne veux pas mettre ma main à couper...
07:20 - Pas tous, pas tous.
07:21 - Non, de nombreux magistrats.
07:23 Non, mais vous savez, la justice...
07:24 Vous savez, je ne vais pas reprendre La Fontaine,
07:27 selon que vous serez puissant ou misérable,
07:28 les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
07:29 Mais on sait très bien que la justice n'est pas si juste que ça.
07:31 - Très jolie situation.
07:33 - Oui, et quand vous choisissez vos magistrats,
07:35 on sait que les politiciens savent faire ça.
07:37 Et quand ils sont au pouvoir,
07:38 ils ont les moyens de choisir les leurs.
07:39 Ce n'est pas aussi beau que ça, la justice.
07:41 Ce n'est pas beau comme une belle phrase de Montesquieu.
07:43 C'est fait avec des hommes qui sont corruptibles,
07:45 avec des individus qui sont faillibles,
07:47 avec une nature humaine.
07:48 Quand Pascal disait des choses terribles,
07:50 il disait que le cœur de l'homme est creux et plein d'ordures.
07:53 Et quand on parle de principe,
07:54 moi je n'oublie jamais cette phrase de Pascal.
07:56 Les principes c'est bien,
07:57 mais il y a des hommes qui sont censés les activer.
07:59 Je vous assure que ce n'est pas souvent terrible.
08:01 Les grands hommes sont rares.
08:02 - Alors, en tout cas, à la faveur de cette convocation
08:04 devant la justice pour apologie du terrorisme,
08:06 la France Insoumise a bien sûr dénoncé une justice
08:09 qui serait une justice politique.
08:11 On va écouter, ça va vous intéresser,
08:12 un petit extrait d'une passe d'armes verbale,
08:15 évidemment, à l'Assemblée nationale
08:16 entre Manuel Bombard de la France Insoumise
08:17 et Eric Dupond-Moretti,
08:19 qui lui dit que la justice est indépendante.
08:21 Écoutez cet échange, on en débat ensuite.
08:23 - Désormais, votre autoritarisme se déplace sur le terrain des idées.
08:29 Il y a les opinions autorisées,
08:31 les vôtres et celles de vos nouveaux amis d'extrême droite.
08:34 Et il y a les autres,
08:35 celles qui conduisent devant les tribunaux
08:37 ou dans les commissariats de police.
08:39 Amnesty International alerte sur la situation préoccupante
08:43 des droits humains en France.
08:45 La Commission nationale des droits de l'homme
08:47 dénonce une circulaire du garde des Sceaux
08:50 qui dévoile antiterrorisme pour museler les voix de l'opposition.
08:53 - La justice, vous l'aimez collée contre le mur
08:58 par la violence de Mélenchon.
09:00 C'est comme ça que vous l'envisagez.
09:01 Il y a des jours, on préférait être sourd
09:04 que d'entendre ce que l'on entend.
09:06 Vous parlez d'instrumentalisation de la justice.
09:09 C'est votre groupe qui a déposé contre moi
09:13 une plainte scandaleuse pour un acte administratif.
09:17 C'est vous qui avez demandé au procureur général
09:20 de former un pourvoi en cassation.
09:22 C'est vous qui, tous les soirs,
09:24 avez tweeté pour que je sois condamné.
09:27 Vos amis à vous, ce sont les molas, M. Bompard.
09:31 Vous devriez avoir honte.
09:33 Personne n'est au-dessus des lois.
09:36 Pas plus, Mme Pannot, qu'une autre.
09:38 - La réponse d'Eric Dupond-Moretti,
09:40 il fait référence aux molas iraniens
09:42 puisque le guide l'Ayatollah Khamenei
09:45 de la République Islamique d'Iran
09:46 a soutenu les étudiants qui manifestent,
09:49 notamment en France,
09:50 pour la cause palestinienne, selon eux.
09:52 Michel Onfray, alors ?
09:53 - Oui, et puis la France insoumise,
09:56 Jean-Luc Mélenchon, les molas, l'Iran,
09:59 tout ça se tient, c'est le même monde.
10:01 Gaza, enfin tout ça est formidable.
10:03 - C'est le même monde ?
10:04 - Évidemment, qui envoie des bombes,
10:06 qui envoie des armes sur Israël ?
10:08 - Ah non, mais ça, bien sûr.
10:09 - Oui, mais c'est le même monde.
10:10 - Si vous défendez quelqu'un dans ce dispositif,
10:13 vous défendez tout le monde.
10:14 C'est un dispositif,
10:15 vous ne pouvez pas innocemment
10:17 avoir un drapeau palestinien au bout d'un bras,
10:20 vous ne pouvez pas vous habiller
10:21 avec un drapeau palestinien
10:22 sans défendre le régime des molas,
10:24 qui lui aussi, ce régime,
10:25 envoie plus de 300 bombes, missiles, etc.
10:28 sur la terre d'Israël.
10:29 Heureusement que le Dôme d'Assier
10:31 a rendu possible l'interception de tout ça,
10:34 sinon c'était un massacre.
10:35 Ça veut dire que quand on porte
10:36 le drapeau palestinien, on défend ça,
10:38 on défend l'attaque d'Israël.
10:39 Ça veut dire... Alors maintenant,
10:40 sur ce que vous venez de me faire voir,
10:41 je trouve que...
10:42 - Il échange.
10:43 - Moi, je les renvoie d'Ozadot,
10:44 parce que oui, évidemment,
10:45 je viens de répondre avec La Fontaine,
10:47 mais oui, la justice est une justice de classe,
10:49 et est une justice aux ordres.
10:51 Oui, bien sûr, mais c'est toujours le cas.
10:53 C'est-à-dire que quand M. Bompard
10:55 s'en vient défendre des régimes comme l'Iran,
10:56 s'en vient défendre des régimes comme Gaza,
10:58 ou des régimes comme Cuba,
10:59 puisqu'ils le font encore en permanence,
11:01 ou des régimes comme la Chine, etc.
11:03 - Ou Sud-Américains.
11:03 - Ou Sud-Américains, le Venezuela, etc.
11:06 On se dit, ils sont quand même mal placés,
11:08 ces gens-là, pour nous dire que la justice,
11:09 ce serait tellement beau.
11:10 Ces gens qui ne voient que par Robespierre,
11:12 c'est quoi la justice de Robespierre ?
11:13 C'est la loi sur les suspects,
11:14 c'est une justice d'exception,
11:16 ce sont les tribunaux révolutionnaires,
11:18 c'est la guillotine, simplement,
11:19 à la tête du client.
11:20 Donc, on ne peut pas d'un côté dire
11:21 Robespierre a l'horizon indépassable
11:23 de la politique aujourd'hui,
11:24 soyons robespierristes,
11:25 et puis après, en appeler à la beauté du droit,
11:27 ou la beauté de la loi chez Montesquieu,
11:29 en disant "l'esprit des lois ceci,
11:30 l'esprit des lois cela".
11:31 Non, il faut arrêter,
11:32 ces gens-là se moquent du monde.
11:33 Et c'est une stratégie, selon vous,
11:35 de Jean-Luc Mélenchon,
11:36 la stratégie du chaos, installée de l'instabilité
11:41 dans le débat, rendre l'hystérisé,
11:44 le débat, afin de faire progresser ses idées ?
11:46 Oui.
11:47 Et je suis stupéfait, enfin, à peine,
11:49 mais qu'Emmanuel Macron ne réponde pas à ça.
11:51 Je pense que ça doit faire son jeu aussi,
11:53 mais oui, on comprend le jeu que joue Mélenchon.
11:56 Lui, de toute façon, il a son âge,
11:58 il a son passé politique,
11:59 souvent passif,
12:00 il a beaucoup de choses derrière lui,
12:02 des casseroles et...
12:03 Mais une culture politique.
12:04 Il a une petite culture politique
12:06 dans un monde où personne n'en a.
12:08 C'est facile de paraître un géant
12:09 quand on est dans un peuple de nains,
12:11 mais quand il a cité trois noms,
12:13 on a dit "oh là là, il a cité trois noms".
12:14 Et parfois, des gens qui sont sympathisants
12:17 de la France insoumise,
12:18 ils lui ont passé les questions
12:19 avant qu'on les lui pose sur les débats,
12:20 où il dit "oui, bien sûr,
12:21 Giono, ce livre, je le connais", etc.
12:23 On ne peut pas lui empêcher
12:24 qu'il connaît la littérature.
12:26 Non, mais moi j'ai eu un déjeuner à l'époque
12:28 où il n'avait pas encore été
12:30 candidat au présidentiel
12:31 et j'ai mesuré l'étendue de sa culture,
12:33 si vous me permettez de rester dans l'hélicode,
12:35 concernant la Révolution française
12:36 et d'autres moments historiques.
12:37 Donc on peut faire beaucoup d'effets
12:38 avec peu de choses et peu de mots et peu d'idées.
12:40 À la télévision, ça ne suffit pas pour dire
12:42 "voilà un grand homme cultivé".
12:43 Ce n'est pas le général de Gaulle,
12:44 ce n'est pas François Mitterrand,
12:45 ce n'est pas quelques autres,
12:46 Jacques Chirac aussi, par exemple,
12:48 dans son domaine.
12:49 Donc non, je ne lui donnerai pas ce crédit-là.
12:51 Mais simplement, oui,
12:52 il a joué cette carte,
12:54 une carte personnelle.
12:55 Il veut bien détruire la France,
12:57 lui, si ça lui permet de ne pas mourir.
12:59 On a quelqu'un qui se dit
13:00 "périsse la France, les Français,
13:02 si moi je peux vivre et survivre un peu politiquement".
13:04 Et il n'aime pas la France.
13:06 Ces gens-là n'aiment pas la France.
13:07 Tous ce qu'ils détestent la France.
13:08 Ils prétendent le contraire, évidemment.
13:09 Oui, mais moi je ne regarde pas,
13:11 je n'écoute pas ce que les gens disent,
13:12 je regarde ce qu'ils font.
13:13 Et pour l'instant, pour l'heure,
13:14 ils sont toujours derrière les gens
13:15 qui détestent la France,
13:16 qui n'aiment pas la France,
13:17 qui vomissent sur la France,
13:18 qui viennent dire que, je ne sais pas,
13:20 la France est un pays de racistes dégénérés.
13:22 Bravo, bravo, bravo, bravo.
13:23 Il y a un moment donné
13:24 où si on déteste tant que ça la France,
13:25 on se dit "mais qu'est-ce qui vous intéresse
13:26 dans le fait de la conduire, la France ?
13:28 Vous voulez être chef d'un État français,
13:30 vous détestez l'État, vous détestez la France,
13:32 ce qui vous intéresse c'est d'être chef,
13:33 assez probablement".
13:34 Et la réponse est là, oui.
13:35 C'est une histoire mégalomane
13:36 de quelqu'un qui veut être "he's no good",
13:38 il veut être calife à la place du calife.
13:40 Et s'il faut détruire la France,
13:41 on détruit cette France-là.
13:42 S'il faut détruire une autre partie de la France,
13:44 on détruit celle-là aussi,
13:45 ces gens-là, ça ne les gêne pas du tout.
13:46 C'est le cynisme total des politiciens,
13:49 comme disait le général De Gaulle.
13:50 On va parler maintenant, Michel Lempré,
13:52 des violences qui ont émaillé le 1er mai,
13:54 qui a été un défilé sous tension,
13:56 notamment à Paris, place de la Nation.
14:00 Il y a eu quelques violences en région,
14:03 mais il y en a eu notamment à Saint-Etienne
14:05 où le candidat place publique socialiste,
14:08 Raphaël Glusman, a dû quitter le cortège
14:11 sous les colibés d'un certain nombre de manifestants,
14:13 avec des drapeaux palestiniens notamment.
14:16 On va écouter ce qu'en a dit Raphaël Glusman,
14:18 qui pointe du doigt la France insoumise.
14:21 Écoutez-le.
14:22 Franchement, je ne les connais pas personnellement,
14:24 donc c'est compliqué, on va voir qui c'est,
14:25 mais ce qui est sûr, c'est qu'il y avait des drapeaux
14:26 de partis politiques,
14:27 il y avait des drapeaux de révolution permanente
14:29 et de la France insoumise.
14:30 Donc voilà.
14:31 Ces gens sont des gens qui ne sont pas des démocrates.
14:34 C'est tout, ce n'est pas des démocrates.
14:36 On le voit dans le comportement interne de leur parti,
14:39 dans leur structuration, dans leur discours,
14:42 dans leur violence, et nous, on rompt avec ça.
14:45 Ils ne sont pas des démocrates.
14:47 Il dit que ces alliés, parce que la nuppesse existe toujours,
14:52 ne sont pas des démocrates.
14:53 Le réveil est un peu douloureux à gauche ?
14:55 Non, il a raison, mais il faudrait qu'il ajoute
14:57 que chez Macron, on n'est pas très démocrate non plus.
14:59 Tous les gens qui ont mis à la poubelle le référendum,
15:02 le résultat du référendum en 2005,
15:03 ne sont pas des démocrates.
15:04 Tous les gens qui, en 2008, ont dit
15:06 "on va passer par-dessus la tête du peuple"
15:07 ne sont pas non plus des démocrates.
15:08 Donc quand on veut donner des leçons de démocratie,
15:10 il faut qu'on soit soi-même impeccable
15:12 sur le terrain de la démocratie.
15:13 Mais ceci dit, peu importe, je ne vais pas le rendre responsable
15:15 de ce qui ne relève pas de lui.
15:16 C'est une autre case politique, plus ancienne, et pas lui.
15:18 Mais là, sur le fait qu'il ait sorti le défilé du 1er mois...
15:20 Sur ce sujet, il a raison, c'est inadmissible.
15:22 C'est la chasse aux Juifs, si je puis me permettre l'expression.
15:24 La chasse aux Juifs ?
15:25 Oui, je le pense.
15:26 Parce qu'il s'appelle le juif.
15:27 Parce que les Juifs lui-même, il n'en fait pas éteindre.
15:29 Si, il a dit qu'il était depuis des semaines et des mois
15:32 victime d'attaques antisémites.
15:34 Il a raison de le dire, parce que c'est vrai.
15:36 C'est tout ça, le point commun, si vous voulez,
15:39 à tout ce qui se passe actuellement.
15:40 Je lui dis que la chasse aux Juifs est ouverte.
15:42 On a la possibilité aujourd'hui de traiter Raphaël Glucksmann comme ça.
15:46 On n'est pas d'accord avec lui en débat.
15:48 On dit pourquoi on n'est pas d'accord.
15:49 On défend de conception de l'Europe, de conception du monde.
15:52 On va dire "oui, voilà ce qu'est la République,
15:54 c'est pas ce que je crois être la République".
15:55 Tout ça, c'est la courtoisie républicaine, je pense.
15:59 Ce n'est pas le cas.
16:00 On ne peut pas jeter de la peinture sur des gens,
16:02 sur des rues, je ne sais pas quoi.
16:03 Et puis poursuivre les gens, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer.
16:05 Tout le monde est armé aujourd'hui.
16:07 Les macroniens ont même expliqué, je crois récemment,
16:10 que si vous étiez porteur d'un couteau, ça ne posait pas grand problème.
16:13 Vous avez bien le droit d'avoir un couteau de 25 cm.
16:15 - Non, il y aurait une amende.
16:16 - Oui, c'est ça.
16:17 Ça veut dire que ce n'est pas très grave.
16:18 Ça veut dire que si vous avez un couteau avec une lame de 25 cm,
16:20 c'est juste pour couper une pomme, en cas de besoin.
16:22 - Non, pas exactement ça.
16:23 - Ça s'appelle une arme, bon sang.
16:24 - Une amende pour qu'il porte un couteau.
16:26 - Oui, pour l'instant, je pense que si vous portez un couteau
16:30 avec une lame longue comme ça, vous n'avez pas des intentions sympathiques
16:34 à l'endroit des gens que vous allez croiser.
16:36 Mais juste une petite amende.
16:38 Pensez que ça les gêne, les gens, d'avoir une amende
16:41 qu'ils ne paieront d'ailleurs pas.
16:42 Donc je crois effectivement qu'il y a un problème aujourd'hui
16:45 avec cette idée qu'on a aujourd'hui des pogroms, qu'on les laisse faire.
16:48 Ce qui s'est passé avec le Hamas et Israël,
16:51 ça se fait ponctuellement ici, là, ailleurs, etc.
16:54 Vous interdisez, on en parlait tout à l'heure,
16:56 d'une jeune fille, je ne sais pas si c'était une jeune fille,
16:58 mais juive, de rentrer à Sciences Po parce qu'elle est juive,
17:00 donc elle est sioniste, donc elle défend le grand capital, etc.
17:03 Et là, on laisse faire.
17:04 Moi, ça me fait plus...
17:05 Alors pour le coup, ça fait tellement longtemps
17:07 qu'on s'en vient à faire référence à Horadour-Surglan, à Lachau,
17:09 aux années noires, etc.
17:11 On se dit, ben oui, mais maintenant,
17:12 quand on devrait pouvoir la faire, la comparaison,
17:14 on ne peut plus la faire.
17:15 - Pourquoi on ne peut plus la faire ?
17:17 - Parce qu'on n'est plus crédible.
17:18 Si effectivement, aujourd'hui, Horadour-Surglan,
17:20 ça se met à toutes les sauces,
17:22 il n'y a pas un moment donné où vous pouvez dire
17:24 c'est Horadour-Surglan ce qui s'est passé, par exemple,
17:26 avec le Hamas le 7 octobre, parce que c'est qui, c'est quoi,
17:29 on ne sait plus très bien.
17:30 Là, c'est exactement la même chose.
17:32 Si vous parlez des pogroms ou si vous parlez des chasses aux juifs,
17:35 moi, j'ai honte, comme j'ai eu honte
17:37 quand on a réservé le même sort à la fine Colcrotte en son temps,
17:42 et c'était les Gilets jaunes dont je défendais la partie première.
17:45 - Vous avez raison de le rappeler, absolument.
17:46 - Je crois que c'était déjà dû à mort les juifs.
17:48 Vous vous rendez compte, on est dans les années 30, là, pour le coup, franchement.
17:51 - Mais qu'est-ce que les manifestants qui ont sévi à Saint-Etienne
17:55 font payer Raphaël Glucksmann ?
17:57 Parce qu'il dit que lui, il n'a jamais bégayé pour condamner le Hamas,
18:00 qu'il a toujours lutté pour que le carnage aussi s'arrête.
18:04 Il dit en même temps, cela ne nous conduit pas à des slogans
18:07 qui sont la négation d'Israël.
18:08 C'est ça, au fond, que ne supportent pas ces manifestants
18:11 qui le sortent du cortège.
18:12 - Je crois que c'est un mélange.
18:13 C'est la gauche sociale-démocrate, républicaine,
18:15 c'est la compromission de la gauche avec la droite ou le centre, etc.
18:19 Vous avez vu la candidate des européennes, la candidate macroniste
18:23 qui a fait savoir il n'y a pas si longtemps que ça,
18:24 qu'elle n'était pas si loin que ça, de Raphaël Glucksmann.
18:26 Ah oui, cette gauche-là, elle dit, vous voyez,
18:28 cette gauche-là et la droite, c'est un peu la même chose.
18:30 Donc elle dit, la seule gauche, c'est nous,
18:32 et nous, on est du côté de la Palestine, etc.
18:34 Et vous, vous êtes la fausse gauche, donc vous êtes du côté d'Israël.
18:37 C'est une espèce d'amalgame et de pensée binaire
18:39 chez ces gens qui ont été, pour certains, des jeunes élevés à la télévision
18:42 ou à l'écran et qui voient le monde en noir et blanc.
18:45 Pas de subtilité, pas d'analyse, pas d'élégance, pas de finesse,
18:48 juste le bon, le méchant, le bien, le mal.
18:51 Alors la Palestine d'un côté, Israël de l'autre.
18:53 Et je pense qu'il incarne ça parce qu'il est jeune,
18:56 parce qu'il est brillant, parce qu'il est intelligent,
18:58 parce qu'il a du succès, parce qu'il porte sur ses épaules
19:01 tout ce qu'a été la social-démocratie socialiste
19:03 et ses déceptions, les déceptions qu'elle a pu emporter,
19:05 elle porte avec elle aussi bien avec Mitterrand 83 qu'avec Hollande,
19:08 voire avec Jospin qui n'a pas été élu président de la République.
19:11 Mais qui n'a pas des mérités quand il a été Premier ministre.
19:14 Mais il y a une espèce de grande déception du côté de la gauche social-démocrate.
19:17 Et d'un seul coup, cette gauche non-républicaine veut prendre la place.
19:21 Donc c'est un combat, ce sont des attaques à dominer.
19:23 Mais ça c'est honteux.
19:25 On a vu des images du 1er mai, cette fois à Paris.
19:27 On a vu les éléments radicaux qui à chaque fois se déploient en tête de cortège.
19:31 On a le sentiment que l'État est impuissant à gérer, à réguler ces phénomènes.
19:35 Et qu'on ne peut plus manifester dans notre pays, quelle que soit la cause.
19:38 C'était le défilé syndical du 1er mai.
19:40 D'abord, ce n'est plus la fête du travail.
19:42 C'est terminé, la fête du travail.
19:44 Jadis, on avait des syndicalistes qui défendaient les travailleurs.
19:47 Il y avait toujours cette idée de...
19:49 Il y avait les partis communistes, il y avait la CGT, il y avait la CFDT,
19:52 il y avait le Parti Socialiste, les drapeaux.
19:54 On savait comment ça se passait, mais c'était vraiment la fête des travailleurs.
19:57 Pas forcément la fête du travail, mais vraiment la fête des travailleurs.
19:59 Et là, qu'est-ce qui s'est passé ?
20:02 On ne sait même plus comment s'appellent les patrons des différentes centrales syndicales.
20:06 Ils représentent de moins en moins de personnes.
20:08 On a choisi une femme qui a dû faire des études de philo,
20:10 qui a pas eu de prof de philo, qui est conseiller principal de l'éducation,
20:13 puis qui finit dans la politique.
20:14 Bon, on voit les trajets, mais on ne voit pas un type comme Krasucki,
20:17 qui serait sorti de la mine et qui serait devenu patron de la CGT,
20:20 ou Martinez, par exemple.
20:21 Vous ne regrettez pas le règne des hommes, Michel, on dirait.
20:23 Non, non, non. Des travailleurs.
20:25 Ça aurait été une femme de ménage.
20:27 Ma mère était femme de ménage et j'ai beaucoup de...
20:29 Quelqu'un qui incarne, c'est ça.
20:30 Quelqu'un qui incarne.
20:31 Un homme, je parle du passé.
20:32 Alors ça va.
20:33 Si c'était Mme Krasucki, ça aurait été exactement la même chose.
20:35 Je vous l'accorde.
20:36 Parlons d'Arlette Laguiller, si vous voulez,
20:38 qui était aussi une travailleuse, qui travaillait à la banque, etc.
20:41 Des gens qui connaissaient le monde du travail,
20:42 qui défendaient le monde du travail.
20:44 Là, on choisit effectivement, pour le coup, des femmes parce qu'elles sont femmes,
20:47 pour mener un combat wauquiste,
20:48 en estimant qu'elles devaient être des courroies de transmission
20:50 de tout ce qui est détestation de la France.
20:52 Il ne faut pas s'étonner que de plus en plus de travailleurs,
20:54 pour le coup, n'aient pas envie de se syndiquer.
20:56 Et de défendre les acquis sociaux, parce que là aussi, évidemment,
20:59 c'est ce qui est au cœur de toutes les revendications syndicales.
21:03 Il faudrait travailler.
21:05 C'est-à-dire que si les hommes politiques faisaient autre chose
21:07 que de la politique politicienne,
21:08 de se retrouver dans des bons restos,
21:10 dans des endroits avec des bonnes adresses, etc.,
21:12 mais qu'ils travaillent vraiment, en se disant "le travail a changé".
21:15 On ne travaille plus, justement, comme à l'époque de Krasucki,
21:17 comme à l'époque où il y avait des mineurs,
21:19 comme à l'époque où les gens conduisaient des locomotives
21:21 avec des esgarbilles, parce qu'effectivement,
21:23 c'était dangereux, c'était problématique de piloter des trains comme ça.
21:27 C'est fini, ça.
21:28 Vous avez un travail tout à fait différent.
21:30 Il faut penser le travail autrement.
21:31 Le temps de travail différemment,
21:33 le rapport au travail avec les enfants, enfin les adolescents, les étudiants,
21:37 le rapport au travail des femmes qui voudraient travailler autrement et différemment,
21:40 ou des hommes, etc., des malades.
21:42 Il y a tout un travail à faire,
21:44 quand on a envie de faire vraiment de la politique et de penser à la France,
21:46 qui consiste à dire "le travail ayant changé,
21:48 défendons le travail autrement" plutôt que de dire "la Palestine vaincra".
21:52 Vous avez vu les drapeaux qu'il y avait dans ce défilé ?
21:54 Dans ce défilé, absolument.
21:55 Non, non, parce que moi, je les ai regardés très précisément.
21:57 Il y avait des drapeaux centrales syndicales et des drapeaux palestiniens.
22:01 À quoi il faut ajouter des drapeaux de Cuba ?
22:03 Je les ai vus.
22:04 Et des drapeaux des Kanaks,
22:07 c'est-à-dire des gens qui sont des indépendantistes.
22:09 Des indépendantistes, autonomistes.
22:11 Des autonomistes, des gens qui ne veulent pas de la France.
22:13 Donc il y avait là un ensemble d'individus
22:15 qui faisaient savoir que le modèle auquel ils aspiraient, c'était Cuba.
22:18 Ou que c'était de se défaire de la France
22:20 parce que les indépendantistes Kanaks détestent la France
22:24 et que la chose était clairement dite avec ces drapeaux.
22:26 En tout cas, c'était le 1er mai et c'était un 1er mai sous tension.
22:30 On fait une petite pause, Michel Onfray.
22:31 On se retrouve dans un instant dans cette émission
22:33 "Face à Michel Onfray" sur CNews.
22:35 On parlera de l'Europe, évidemment.
22:37 Et puis on va parler de la violence des jeunes
22:39 à la lumière du meurtre du jeune Matisse, 15 ans.
22:41 A tout de suite.
22:42 On se retrouve pour la deuxième partie de "Face à Michel Onfray".
22:44 Michel, on va parler de l'Union européenne,
22:45 des élections européennes dans un instant.
22:47 Mais avant, je voudrais évoquer la violence des jeunes.
22:49 On en a déjà parlé la semaine dernière.
22:51 Malheureusement, je pense qu'on va en parler toutes les semaines.
22:53 À la lumière du nouveau meurtre glaçant qu'on a vécu à Châteauroux,
22:57 un jeune de 15 ans, Matisse, a été poignardé par un réfugié afghan du même âge.
23:01 Vraiment du même âge.
23:02 Ce jeune de 15 ans avait déjà été arrêté deux fois par la police,
23:05 deux fois mis en examen pour vol avec violence,
23:07 déjà sous la menace d'un couteau.
23:08 Ce qui est absolument abominable, c'est qu'il a été écroué, évidemment.
23:12 Mais sa mère aussi a été mise en examen
23:14 parce qu'elle était sur les lieux au moment du drame
23:16 et qu'elle a frappé le jeune Matisse qui agonisait au sol
23:20 après le coup de couteau porté par son propre fils.
23:22 Comment on peut expliquer une telle violence,
23:25 une telle sauvagerie, une telle absence d'empathie en réalité ?
23:28 On est d'abord le produit de son éducation et aussi le produit de sa culture.
23:31 Je crois qu'il est arrivé, il avait 7 ans ce petit garçon.
23:34 Normalement, il aurait dû être éduqué à l'européenne.
23:37 Il est sans doute allé à l'école de la République.
23:39 Oui, mais comme à l'école de la République,
23:40 on n'apprend pas forcément ce qu'il faudrait apprendre.
23:43 Je pense qu'à la maison, en plus de ça, on peut apprendre le contraire de ça.
23:47 Quand vous avez été élevé dans une civilisation tribale
23:51 où la violence fait la loi,
23:53 pas un afghan, quand vous allez faire un tour en Afghanistan,
23:56 pas un afghan qui n'ait pas un couteau sur lui.
23:58 Ils sont armés, tous.
23:59 Que vous êtes dans une civilisation de prétendument de l'honneur.
24:02 Il m'a mal parlé.
24:04 Et que vous pouvez régler le problème d'il m'a mal parlé
24:06 par je lui donne un coup de couteau et je le tue.
24:08 Si vous n'avez rien dans notre civilisation, la nôtre,
24:11 qui aura rencontré cette civilisation pour dire non, ça c'est la vôtre,
24:14 mais c'est plus la vôtre.
24:15 C'est-à-dire ça, ça marche en Afghanistan,
24:17 c'est tribal, c'est ethnique, ça marche comme ça depuis des siècles.
24:20 Gloire au peuple afghan en Afghanistan.
24:23 Le peuple afghan quand il est en France, c'est pas les mêmes règles.
24:25 Simplement, si les mêmes règles ne sont pas transmises
24:27 parce que les instituteurs, les enseignants, les professeurs ont peur, ont honte,
24:31 parce que d'un seul coup on va dire qu'ils sont fascistes,
24:33 les syndicats vont dire mais enfin laissez-les, c'est quand même leur culture.
24:36 Évidemment, le gamin, un jour, il estime que la violence, ça fait son affaire.
24:41 Puisque de toute façon, il rencontre la police qui l'interpelle,
24:43 mais il rencontre la justice qui dit vous pouvez rentrer chez vous.
24:46 Parce qu'au-delà de ce cas particulier, c'est un parcours de délinquance
24:49 qu'on a sous les yeux, c'est deux fois arrêté pour bol avec violence,
24:52 pas de condamnation, une mise en examen et puis le drame.
24:55 On a parlé la semaine dernière de la violence des mineurs et des sanctions.
24:59 Alors, on a parlé des couvre-feu, il y a plusieurs villes qui en prennent pour les mineurs,
25:03 des internats éducatifs.
25:04 Il y a d'autres moyens de prévenir la violence des jeunes à votre avis ?
25:07 Prévenir, il faudrait déjà qu'on fasse avec ce qu'il y aurait à guérir.
25:11 Prévenir, c'est pour empêcher le mal. Le mal, il est déjà là.
25:14 Je suis sidéré, moi, je serais président de la République comme Macron,
25:16 j'aurais du mal à m'endormir en disant "tous les jours".
25:19 Et vous voyez, sur ces news, régulièrement, on les voit, on finit par se perdre.
25:25 On se dit "qui a pris un coup de couteau ? C'était où ? Ah oui, c'était un garçon.
25:27 Ah bah non, ça c'était une fille."
25:28 Ils ont tous le même âge, 14-15 ans.
25:30 Ils ont tous le même âge et on dit "que fait le président de la République ?" Rien.
25:33 Ah si, il a convoqué des états généraux, il veut qu'on parle de la violence des mineurs,
25:37 il veut réunir les magistrats. Non, il ne fait pas rien.
25:39 Non, il ne fait rien, il parle, ça s'appelle rien.
25:41 Un chef d'État, ce n'est pas quelqu'un qui parle, c'est quelqu'un qui agit.
25:44 C'est quelqu'un dont la parole est rare et l'action considérable.
25:47 Lui, sa parole est considérable et son action, nulle.
25:50 Si vous faites...
25:51 C'est votre avis.
25:52 C'est mon avis, je ne suis pas là pour donner l'avis de quelqu'un d'autre.
25:55 Moi, je ne viens pas le pondérer.
25:56 Oui, oui, vous avez raison, bien sûr.
25:57 Moi, je l'arrive.
25:58 Non, mais bien sûr.
25:59 Mais je veux dire que, oui, d'accord, un numéro vert, une assemblée, des rencontres.
26:03 Des mesures, il n'y a pas d'exemple.
26:05 Des convocations des préfets, des chefs d'État.
26:06 Des mesures qui s'appellent des mesures d'intérêt éducatif,
26:08 qui seront définies pour des jeunes de 13 à 16 ans.
26:10 Ça, c'est Éric Dupond-Moriti.
26:11 Il a donné trois coups de couteau dans le ventre d'un garçon, on va lui demander...
26:13 Non, avant, avant l'acte des délinquants.
26:15 Avant de le faire, il peindra les grilles de la mairie
26:17 parce qu'on lui expliquera qu'il vaut mieux faire ça que de donner un coup de couteau à un enfant.
26:20 D'accord.
26:21 Je sais que vous êtes d'accord avec Manuel Valls.
26:22 On va l'écouter, il était l'invité de Sonia Mabrouk cette semaine.
26:24 Lui, il demande des sanctions plus fortes contre les mineurs.
26:26 On l'écoute.
26:27 Les homicides et les tentatives d'homicides augmentent depuis quelques années.
26:32 Donc, ce ne sont pas des faits divers, ce sont en effet des faits de société qui disent beaucoup sur la violence.
26:38 Donc, cela pose des questions sur la manière dont il faut agir, évidemment sur l'immigration,
26:44 évidemment sur les mineurs non accompagnés,
26:47 c'est à la fois des réponses françaises et européennes,
26:50 et puis aussi sur une réforme profonde de la réforme des mineurs
26:56 en s'attaquant à la question de l'excuse de l'âge,
26:59 sans doute en inversant la preuve de celle-ci,
27:02 puisque un mineur qui tue à 15 ans mérite évidemment une réponse extrêmement sévère,
27:09 avec tout l'accompagnement ensuite.
27:11 Ce que dit Manuel Valls sur cette question de faut-il suspendre l'excuse de minorité pour les mineurs qui participent à des crimes graves,
27:17 les Français, comme à chaque fois qu'on leur pose la question, demandent de l'autorité.
27:19 Ils disent oui à 75%, non à 25%.
27:22 Parce qu'à chaque fois qu'on leur demande s'il faut plus de fermeté, la réponse est oui.
27:27 Mais que dans les faits, rien ne s'en peut dire.
27:29 Moi j'aime beaucoup Manuel Valls depuis qu'il ne fait plus de politique.
27:31 Il en fait là encore.
27:33 Oui, il en fait pour en refaire.
27:35 Il ne veut pas être sur un strapontin, il voudrait qu'on lui...
27:37 Peu importe, je préfère de procès d'intention.
27:39 Mais je veux dire que c'est quand même extraordinaire,
27:41 parce qu'il y a un moment donné où ces gens ont eu le pouvoir, ils ont fait quoi ?
27:44 Je vous redis la même chose.
27:46 Moi je n'attends pas d'un chef d'État qui parle, je voudrais qu'il se taise et qu'il agisse,
27:50 et qu'il ait des choses à nous proposer,
27:52 et qu'il ait en ligne de mire la France et les Français.
27:55 Pas la réélection, la possibilité de battre Marine Le Pen aux prochaines élections européennes,
28:00 la possibilité de nommer quelqu'un qui est...
28:02 Enfin, l'espèce de souple là.
28:04 Juste dire "et la France et les Français".
28:06 Donc ils ne veulent plus de référendum parce qu'ils craignent de les perdre.
28:09 Évidemment, d'accord, on le comprend bien.
28:11 Mais dans ces cas-là, ils savent bien ce que veulent les Français.
28:13 Donc qu'ils ne fassent pas un référendum pour demander ce qu'on fait des immigrés,
28:16 ils le savent.
28:18 - Sur la violence des mineurs, qu'est-ce qu'on pose comme question aux Français par exemple, Michel ?
28:21 Est-ce que vous êtes pour qu'on refasse des internats ?
28:23 Qu'on refasse des centres de vie fermés ?
28:25 - La politique, je vous dis, ce n'est pas juste l'art de traîner dans les restaurants étoilés,
28:30 c'est l'art de gouverner la France.
28:32 C'est l'art d'avoir des idées.
28:34 Et puis d'avoir des idées, et puis quand on est de se battre pour aller au pouvoir,
28:37 pas se battre en disant "je vous dis un truc, quand je serai au pouvoir, je ferai le contraire",
28:40 mais quand on est au pouvoir, de dire "il y avait un contrat entre vous et moi,
28:42 je suis allé au pouvoir avec ces idées, nous allons les incarner".
28:46 Alors après, refonder l'autorité, c'est compliqué,
28:50 on a eu l'occasion d'en parler déjà vous et moi.
28:52 L'autorité, ça suppose une transcendance, ça suppose que vous ayez peur de quelque chose,
28:56 et que ce quelque chose soit accroché à du divin ou à quelque chose comme ça.
28:59 Quand ça disparaît, ça, avec Rousseau, au moins il y a la nation, il y a le peuple, on sollicite le peuple.
29:03 Rousseau, il dit "bon, laissez Dieu de côté, mais on a quand même besoin de la religion".
29:07 Là, il n'y a plus de peuple, il n'y a plus de religion, il n'y a plus de nation,
29:10 et il n'y a plus de possibilité de décider quoi que ce soit.
29:12 Alors, il a les pleins pouvoirs, Emmanuel Macron, qu'il en euse,
29:15 et ça fait d'ailleurs plutôt mal depuis un certain nombre d'années.
29:18 Quand vous vous arrangez comme ça des résultats d'élection,
29:22 vous les avez perdus mais vous restez,
29:24 vous n'avez pas la majorité à l'Assemblée Nationale mais vous continuez à gouverner quand même,
29:27 vous allez gouverner avec la 49, 3, après vous allez faire une petite commission
29:30 qui va diriger indépendamment, etc.
29:33 À un moment donné, vous dites "j'ai réfléchi, et j'ai pas fait un tour devant les caméras,
29:38 j'ai réfléchi, j'ai rencontré des gens, et pas seulement des intellectuels, des sociologues, des psychologues,
29:42 il suffit tous ces gens-là, mais juste des gens qui sont des spécialistes de l'autorité,
29:45 la police, la gendarmerie, l'armée, des gens qui savent ce qu'on fait
29:49 quand on a affaire à des délinquants et qu'on n'a pas envie,
29:51 ou de dire "ils sont formidables, ils sont sympathiques, c'est la chance pour la France",
29:54 discours de la gauche, ou de dire "c'est des petits salopios,
29:56 il faut leur mettre une volée immédiatement", le discours de la droite.
29:59 Juste dire "discours de la France", comment remettons ces gens-là en règle,
30:04 et pas du tout, je vous dis, dans des internats où ils vont avoir un survêtement,
30:08 vous avez vu, etc.
30:09 - On en a parlé la semaine dernière, je connais votre avis sur la question.
30:12 - Ça c'est cosmétique.
30:13 - Est-ce qu'il y a quand même, et ça transcende les clivages partisans,
30:17 une question de civilisation, d'éducation ?
30:19 On a des jeunes qui sont accrochés à leur téléphone portable,
30:22 d'ailleurs le gouvernement a dicté des recommandations,
30:25 pas d'écran avant 3 ans, attention au téléphone portable avant 12 ans,
30:29 est-ce que c'est comme ça qu'on arrivera à gérer cette crise de l'autorité ?
30:32 - Non, ça marche pas comme ça, je veux dire, l'autre jour je me souviens d'un reportage
30:35 où on voyait, il y avait des zones blanches dans les campagnes
30:37 où il n'y a pas de téléphone portable, c'est formidable.
30:40 - Vous, vous êtes très content quand votre téléphone ne passe pas.
30:42 - Absolument, et là on disait, on a mis un réseau qui permettait aux enfants
30:46 dans le village de pouvoir disposer de leur téléphone portable.
30:48 Et ils étaient assis sur les marches d'une église romane,
30:51 juste derrière il y avait des chapiteaux, ils tournaient le dos aux chapiteaux,
30:54 ils étaient 3 ou 4, ils ne se parlaient pas,
30:56 et ils étaient chacun sur le téléphone portable.
30:58 Je dis, tout est dit, on tourne le dos au passé avec le génie du christianisme,
31:01 de son art roman, etc., on tourne le dos à ses copains
31:04 avec lesquels on aurait pu faire des cabanes, du foot, se donner une peignée,
31:08 ou aller chercher la petite parisienne qui passait par là,
31:11 comme faisaient tous les gamins à cette époque-là.
31:13 Non, pas du tout, ça y est, on était connectés sur la planète entière.
31:16 Alors je ne veux pas savoir s'ils étaient en train de regarder des sites pornos
31:18 alors qu'ils avaient 12 ou 13 ans, mais on se disait...
31:20 - On n'espère pas.
31:21 - On n'espère pas, mais c'est ce qu'ils vont voir en priorité.
31:24 Le net, c'est quand même essentiellement ça.
31:26 Les gens ne vont pas aller chercher une encyclopédie philosophique.
31:29 - Il y en a qui le font, mais d'autres qui le font...
31:31 - Ils sont probablement minoritaires.
31:32 - On va parler, Michel, on ferait des élections européennes,
31:34 elles se tiennent le 9 juin prochain, on le rappelle,
31:36 parce que c'est vrai que les Français ont l'air très en train d'aller vers les urnes.
31:40 On a l'impression qu'il n'y a aucun des candidats, en vérité, qui ne parle des européennes.
31:43 Le seul qui en parle, c'est Emmanuel Macron.
31:45 On verra dans un instant ce qu'il a dit.
31:47 Mais Gabriel Attal aussi est poussé dans la campagne.
31:50 Il va accepter normalement de débattre avec Jordan Bardalla.
31:53 Et pour lui, c'est très simple, il s'est exprimé cette semaine,
31:55 il a dit "ce vote, c'est pour ou contre l'Europe".
31:58 Écoutez-le.
31:59 - Maintenant, ce qui va se jouer là, dans ces élections,
32:02 c'est le fait de savoir si on continue en Europe ou pas.
32:05 Et la réalité, c'est que les partis que vous évoquez, les extrêmes,
32:08 fondamentalement, dans leurs projets, organiseraient une sortie de l'Union européenne.
32:12 On ne peut pas dire "on reste dans l'Europe, mais on arrête de payer la cotisation à l'Europe,
32:15 on arrête de respecter les traités européens,
32:17 et on va rester dans l'Europe comme si rien n'était".
32:19 Non, il faut assumer, ça veut dire qu'on sort de l'Europe.
32:21 Donc l'enjeu de ces élections du 9 juin, c'est est-ce qu'on reste dans l'Union européenne,
32:24 ou est-ce qu'à terme, on finit par sortir de l'Union européenne.
32:27 Moi, je considère, avec Valéry Ayé, qu'il faut rester dans l'Union européenne.
32:31 Et on va se battre pour continuer à la faire changer.
32:33 Tout n'est pas parfait.
32:34 - Voilà pour le discours de Gabriel Attal.
32:36 Emmanuel Macron a donné une interview au magazine The Economist,
32:39 il dit exactement la même chose.
32:41 Il dit "c'est pour ou contre dans l'Europe".
32:43 L'Europe peut mourir, il l'avait déjà dit, une civilisation peut mourir,
32:46 et la fin peut être brutale.
32:48 C'est un discours d'apocalypse, en réalité ?
32:51 - Il faudrait dire au jeune homme, à M. Attal,
32:53 il y a en 2005, il y a eu un référendum,
32:55 je ne sais pas, il était probablement dans son parc à jouer,
32:58 il y a 20 ans...
32:59 - C'est pas dans le calcul.
33:01 Mais il était jeune.
33:02 - Il était très jeune, donc il a l'excuse de la jeunesse,
33:04 mais je pense qu'il a l'intelligence qui lui permet
33:06 de savoir qu'il vaudrait mieux qu'il se taise sur ce sujet-là,
33:09 parce que déjà en 2005, quand on a demandé aux Français s'ils voulaient,
33:11 les Français ont dit non.
33:13 Et là, si les Français disent non avec Marine Le Pen,
33:15 on leur dira "vous avez dit non, mais vous avez dit oui quand même".
33:18 Ils savent bien que s'ils jouent cette carte-là,
33:21 d'abord c'est à double tranchant.
33:23 Si c'est quelque chose du genre...
33:25 On va en faire un référendum.
33:26 Ce que fait d'ailleurs Marine Le Pen,
33:28 qui fait exactement la même chose,
33:29 en disant c'est pour ou contre l'Europe,
33:31 et c'est pour ou contre Macron.
33:33 - Elle le dit, c'est plutôt pour ou contre Macron ?
33:34 - Oui, c'est ça.
33:35 - Pas contre l'Europe.
33:36 - Non, contre l'Europe de Macron, quand on oublie.
33:38 Parce qu'elle dit "je ferai une autre Europe quand j'y serai", etc.
33:40 C'est l'autre Europe qui ferait Marine Le Pen,
33:42 c'est pas Marine Le Pen qui ferait l'autre Europe.
33:44 Elle présume de ses forces.
33:46 Mais Macron, il dit exactement la même chose, évidemment,
33:49 ils sont clones l'un l'autre,
33:51 et je dis simplement que quand en 1992,
33:54 le traité de Maastricht était vendu,
33:56 il était vendu sur un projet de société,
33:58 sur un projet civilisationnel.
33:59 Alors évidemment, c'était facile de dire
34:01 qu'il y aurait plus de chômage, plus de misère, plus de pauvreté, etc.
34:04 J'ai beaucoup dit ça.
34:05 Et ceux qui étaient en face et qui disaient "non, ce sera pas ça",
34:08 Philippe de Villiers, par exemple, et moi,
34:10 c'est à ce moment-là qu'on s'est rencontrés, lui et moi,
34:12 on passait pour des fascistes, etc.
34:14 Bon, aujourd'hui, c'est plus l'heure de dire
34:15 "ce sont deux projets de société",
34:17 c'est une société, elle existe déjà.
34:19 L'Europe de M. Macron, elle existe depuis 1992.
34:22 L'Europe de M. Attal, elle existe depuis 1992.
34:25 C'est peut-être même pas né.
34:26 Et maintenant, le problème, c'est "voulez-vous continuer cette Europe ou non,
34:29 puisque c'est la même ?"
34:30 Et ben oui, faisons de ce débat...
34:32 En faisant peur à ceux qui, éventuellement,
34:34 croiseront un autre projet.
34:36 Oui, le truc habituel.
34:37 C'est-à-dire que si vous n'êtes pas pour l'Europe,
34:38 vous êtes pour Marine Le Pen,
34:39 si vous êtes pour Marine Le Pen, vous êtes d'extrême droite,
34:41 si vous êtes d'extrême droite, vous êtes un nazi, vous êtes un fasciste,
34:43 et un petit voyage au Radour-sur-Glane,
34:45 et un petit voyage au Schwitz,
34:46 pour savoir qu'il va falloir bien voter...
34:48 Emmanuel Macron dit un tout petit peu autre chose,
34:49 mais je sais pas très loin de ce que vous dites.
34:50 Il accuse tous les nationalistes européens
34:52 d'être des "Brexiteurs cachés",
34:54 qui prennent le continent en otage,
34:55 avec un même discours de mensonge.
34:57 Il dit "le RN voulait sortir de l'Europe, de l'euro, de tout,
34:59 maintenant il ne dit plus rien,
35:00 il tire les dividendes de l'Europe
35:02 en voulant la détruire sans rien dire."
35:04 Sur ce sujet, il a raison.
35:06 De fait, Marine Le Pen a beaucoup gaudillé,
35:09 jusqu'à ce que je l'entende un jour dire qu'effectivement,
35:11 on touche plus à l'euro, on touche plus à Schengen,
35:12 on touche plus, etc.
35:13 Bon, je me suis dit, Emmanuel Macron, il fait de la politique,
35:15 il a raison de sortir cette phrase-là,
35:17 parce que de fait, ils sont assez semblables.
35:19 C'est pourquoi je dis que c'est pas Marine Le Pen qui mangerait l'Europe,
35:22 c'est l'Europe qui mangera Marine Le Pen.
35:24 Donc voilà.
35:25 Maintenant de là à dire que les autres sont des souverainistes,
35:28 et que le souverainisme, l'identité nationale,
35:30 tout ça c'est le fascisme...
35:32 - C'est le nationalisme.
35:33 - Oui, alors je rappelle que quand il s'agit de l'Ukraine,
35:34 c'est formidable la nation.
35:36 Ils sont tous là avec des drapeaux ukrainiens,
35:38 nous disant "il faut absolument la nation, la souveraineté,
35:40 le peuple, l'hymne, l'armée".
35:42 Moi je suis pour tout ça, je suis pour la souveraineté ukrainienne,
35:45 mais je suis aussi pour la souveraineté française.
35:48 Ces gens-là estiment que le souverainisme c'est détestable,
35:50 "c'est de saloperie", disait Bernard-Henri Lévy,
35:52 c'était une citation.
35:53 Mais quand il s'agit de pays qui ont leur faveur,
35:56 ils sont pour le souverainisme.
35:57 Bernard-Henri Lévy est pour le souverainisme d'Israël,
35:59 il a raison, moi aussi.
36:00 Et je pense que...
36:01 Parce que je suis pour tous les souverainismes.
36:03 Je pense qu'effectivement, les pays doivent pouvoir décider
36:05 de ce qu'ils veulent, quand ils veulent, comme ils veulent.
36:07 Mais je suis un brexit... un frexiteur.
36:10 - Vous êtes un frexiteur ?
36:11 - Oui, bah oui, j'ai pas honte.
36:12 Je dis simplement effectivement que personne ne défend cette position-là en France,
36:16 parce qu'on fait pas carrière politique avec ça.
36:17 Parce que vous êtes un cinglé, vous êtes un profitible,
36:19 vous ne connaissez rien à l'économie.
36:20 - Vous allez faire effondrer l'économie.
36:22 - L'espèce d'élément de langage qui est complètement faux,
36:25 du genre "ça s'effondre en Angleterre", c'est pas vrai.
36:27 C'est juste un mantra qui est raconté comme ça,
36:29 on vous donne 10 chiffres, les gens...
36:30 Ils sont même pas en train de vérifier les lunettes,
36:32 dans la possibilité même de pouvoir vérifier ces chiffres,
36:35 ou même de comprendre ce que signifient ces chiffres.
36:37 Ils vous disent "il y a eu ceci, puis il y a eu cela, vous vous rendez bien compte".
36:39 Pas du tout, les Anglais...
36:41 - Mais l'argument qu'on brandit beaucoup, et qu'Emmanuel Macron a brandi à nouveau,
36:44 c'est la question de la guerre, la question de la Russie,
36:47 parce qu'il a redit qu'il envisageait, au cas où, d'envoyer des troupes au sol en Angleterre.
36:52 - Les mecs, il avait déjà dit ça.
36:53 - Parce que... voilà, c'est cette menace existentielle au fond qu'il brandit.
36:57 - Existentielle pour l'Ukraine ?
36:59 - De l'Europe, de collapser en fait.
37:02 - Mais l'Ukraine, c'est pas la France.
37:04 Je suis sidéré, moi, qu'il laisse partir la France à volo,
37:09 qu'il n'y a pas d'autorité en France, il n'y a pas d'Etat en France,
37:12 sauf pour payer les impôts et les amendes des voitures,
37:15 qu'il y a une délinquance totale,
37:17 et puis d'un seul coup on dirait "l'avenir de l'Europe, elle se joue en Ukraine".
37:21 Enfin, l'avenir de la France, pardon.
37:23 L'avenir de la France se joue en Ukraine, parce que l'avenir de l'Europe se joue en Ukraine.
37:26 Mais il devrait dire, il n'a pas l'impression que tous ces enfants poignardés,
37:29 c'est un peu l'avenir de la France qui se joue là aussi.
37:31 - Mais rassurez-moi Michel, il y a des choses qui vont bien dans notre pays.
37:34 - Oui, il y a un peuple qui n'ira pas voter parce qu'il a compris que ça ne sert à rien,
37:37 il y a un peuple intelligent...
37:39 - Il ne faut pas les encourager à aller voter.
37:41 - Non, non, non, c'est le Titanic, et vous demandez un ticket d'entrée sur les Titanic.
37:45 - Mais vous demandez qu'on consulte le peuple, alors il faut qu'il aille voter.
37:48 - Ah oui, non, parce que là je vous assure que quand...
37:50 - On en avait déjà dit.
37:52 - Non, quand le général de Gaulle consulte le peuple, il écoute le peuple.
37:54 Et quand il dit "vous ne voulez pas de moi", je m'en vais le jour...
37:56 Le lendemain, vous connaissez l'histoire, le général de Gaulle a quitté l'histoire.
37:59 Là, quand on leur dit "on vote" et qu'il devrait quitter l'histoire,
38:02 il s'installe durablement, que ce soit Mitterrand, que ce soit Chirac,
38:06 aucun n'a écouté ce que dit le peuple, et la dernière fois, je vous dis, c'était 2005.
38:10 Depuis d'ailleurs, il s'en morde les doigts, donc plus jamais on ne consulte le peuple.
38:13 Peut-être même on pourrait aller jusqu'à cet aéroport à côté de Nantes,
38:17 vous vous souvenez du nom de cet aéroport ?
38:18 - Notre-Dame-des-Landes.
38:19 - Notre-Dame-des-Landes, voilà, et on demande aux gens ce qu'ils veulent.
38:21 Ils disent "oui, nous on veut un aéroport".
38:23 - On s'assied dessus leur réserve.
38:24 - Et Hollande dit "non, non, il n'y aura pas d'aéroport".
38:26 Donc on dit, mais il y a eu ça à Caen aussi.
38:28 Jadis, on avait consulté la population en disant "voulez-vous..."
38:30 - C'est chez vous, Caen.
38:31 - Oui, "voulez-vous un tramway ? Les gens de Caen ont dit "on n'en veut pas".
38:35 Et la mairie de l'époque a dit "eh bien, vous l'aurez".
38:37 Donc il y a juste un moment donné où les gens ne vont pas voter,
38:39 parce qu'ils se disent "de toute façon, nos votes vont à la poubelle".
38:41 On nous dit "votez pour Macron et là on écoutera votre vote", et encore,
38:45 "mais si vous ne votez pas pour lui, on n'écoutera pas votre vote, on le mettra à la poubelle".
38:48 Bon, moi je n'y vais pas non plus pour cette même raison,
38:50 on ne va pas me demander d'aller voter en disant "vous, ça fait partie des votes qu'on mettrait à la poubelle de toute façon".
38:54 Non, le bateau est en train de couler,
38:56 mon urgence à moi n'est pas d'obtenir un billet pour avoir une cabine de première classe sur le Titanic.
39:01 - Michel, après il y a deux sujets que vous vouliez évoquer avant qu'on referme cette émission.
39:05 Ce qui s'est passé à France Info, un journaliste, Jean-François Aquilier,
39:08 a été licencié pour faute grave pour des manquements répétés à la déontologie selon sa direction.
39:12 Il est accusé d'avoir eu des entretiens avec Jordan Bardella, président de l'URN,
39:16 en vue d'un livre, projet qui n'a pas abouti,
39:18 que M. Aquilier a refusé, comme il l'a confirmé, et qui n'a fait l'objet d'aucun contrat.
39:21 Ça signifie quoi ? Ça symbolise quoi, à votre avis ?
39:24 - C'est honteux, c'est honteux.
39:26 D'abord, moi je suis énervé par tous ces gens qui viennent parler de leur livre qu'ils n'ont pas écrit.
39:30 J'en connais, moi, des gens, des assistants à l'écriture.
39:33 - Oui, des assistants à l'écriture, s'il vous plaît.
39:35 - Oui, mais enfin, vous prenez le dictionnaire, c'est dans le dictionnaire.
39:37 Je ne brûle pas les livres, et je ne brûle sûrement pas les dictionnaires,
39:40 mais pour vous être agréable, je dirais des assistants à l'écriture.
39:43 - Donc, souvent les hommes politiques sont assistés par des plumes.
39:46 - Pas que les hommes politiques, les gens qui viennent sur les plateaux nous expliquer très sereinement ceci.
39:51 - Et donc là, il est licencié avec un projet qui n'a pas eu lieu.
39:54 - Le projet n'a pas eu lieu, le livre n'a pas été écrit.
39:56 Aurait-il été écrit, et alors, c'est quoi ? Il est antidémocrate ?
40:00 - C'est une jasso sorcière, c'est ça ?
40:02 - Évidemment. Et puis, un journaliste, enfin, on appelle ça faire des ménages,
40:06 comme vous le savez, mais je veux dire qu'ils sont nombreux à faire ce genre de choses.
40:09 - Dans les ménages, ça veut dire aller travailler pour des entreprises ?
40:11 - Ou des privés, ou des partis politiques, etc. On sait très bien, à une époque,
40:15 il y avait des chroniqueurs télé qui faisaient des livres avec Lionel Jospin,
40:19 qui jouaient au tennis avec eux, et ça ne gênait personne,
40:21 mais après ça, ils ont joué au tennis, probablement sur le même cours, avec François Bayot,
40:25 ça ne gênait personne, etc. Donc, il y a juste un moment donné où, bon sang, on est en démocratie,
40:29 et même si un journaliste avait envie de... enfin, je ne sais pas quel homme politique,
40:33 moi, je suis pour ça. C'est-à-dire que ce n'est pas honteux,
40:37 Jordan Bardella n'est pas quelqu'un qui est antisémite,
40:39 n'est pas quelqu'un qui justifie qu'on puisse engorger des enfants juifs,
40:42 n'est pas quelqu'un qui estime que la Shoah, ça commence à bien faire,
40:45 et que le sionisme est une... etc. Donc, si vraiment on veut poursuivre les gens,
40:49 faisons-le sur des véritables motifs, plutôt que sur des procès d'intention.
40:53 - Deuxième sujet, et on a peu de temps pour l'aborder, mais je sais qu'il vous tient à cœur,
40:57 la GPA, la gestation pauvreté. Vous avez relevé les propos de Louis Boyard,
41:01 de la France insoumise, qui vous a surpris dans le bon sens.
41:03 - Oui, bah oui. - Visiblement, il a dit "la marchandisation du corps des femmes
41:06 n'est pas quelque chose qui me paraît acceptable".
41:09 - Il m'a déçu en bien, c'est les Canadiens qui disent "il m'a déçu en bien".
41:12 - Mais vous lui dites "bravo". - Oui, je dis "bravo" à Louis Boyard,
41:14 parce que si on veut garder sa ligne... - François Bayrou a dit la même chose.
41:18 - ...de liberté, eh bien bravo à François Bayrou aussi, et bravo à Silja Nagasinski,
41:22 et bravo à tous les gens qui, de droite, de gauche ou d'ailleurs, s'en viennent nous expliquer
41:25 qu'on ne peut pas accepter la marchandisation des corps.
41:28 Et Louis Boyard, s'il vous plaît, allez-y, allez dans les universités, défendez,
41:31 vous êtes écoutés, vous êtes entendus, votre parole pèse,
41:34 vous dites plein de choses sur plein de sujets, allez expliquer aux jeunes
41:37 que ça n'est pas défendable et que vous avez raison de dire que c'est la marchandisation des corps
41:40 et que personne, pour des raisons humanistes, ne peut accepter ce genre de choses.
41:43 - Et on rappelle que le Parlement européen, la semaine dernière, a adopté une révision
41:47 de la directive contre le trafic d'êtres humains, dans laquelle il inclut la gestation pauvreté.
41:51 - Voilà. Donc quand Louis Boyard dit des choses bien, je dis qu'il dit des choses bien,
41:54 et je dis, continuez, cher Louis Boyard, à dire ces bonnes choses,
41:57 parce que ça sort le sujet de l'endroit où souvent le sujet est confisqué.
42:02 Ça a été longtemps les tradis, cathos, pratiquants de droite qui défendaient ça.
42:07 - Même chose pour le débat sur la fin de vie, sur l'euthanasie.
42:10 - Oui, c'est ça. Moi, je suis compagnon de route de ce fragment de civilisation
42:16 sur cette question de la gestation pauvreté.
42:18 Et si effectivement des voix peuvent venir de gauche,
42:20 et je rappelle que c'était aussi l'idée, sur la GPA je ne sais pas,
42:23 mais de Bovet, je ne vois pas son prénom, José.
42:28 - José Bovet.
42:29 - José Bovet avait dit des choses extraordinaires sur la question des OGM,
42:32 en disant "mais attendez, on n'accepte pas de transformer les organismes génétiquement modifiés".
42:37 Et il dit "mais les OGM, on ne les tolère pas pour le maïs, ou pour le blé, ou pour l'orge,
42:42 ou pour n'importe quelle céréale, ne l'acceptons pas pour les humains non plus".
42:45 C'était formidable que José Bovet ait pu le dire.
42:47 Puis après, ça a disparu.
42:49 Et François Ruffin a aussi dit peut-être que la GPA n'est pas une priorité.
42:52 Alors ces gens ont tous un peu peur, ils font tous un peu marche arrière,
42:55 ou disparaissent un peu dans la nature.
42:56 Moi je suis pour qu'on dise "au-delà de la droite, de la gauche, etc.
42:59 si vraiment on veut que la France retrouve un peu de sa grandeur,
43:02 si nous étions les premiers à dire au monde "non, dans le pays de Victor Hugo,
43:05 je rappelle, Fantine, Cossette, etc. on ne marchandise pas le corps humain".
43:09 - Merci beaucoup Michel Onfray d'avoir passé cette heure en votre compagnie
43:13 et avec nos amis d'Allez Spectateur de CNews.
43:15 Merci à vous, bonne semaine, et on se retrouve pour un prochain numéro de Face à Michel Onfray.

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