Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.
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00:00Et bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans Face à Michel, on ferait sur CNews et sur Europe 1.
00:05Bonjour Michel. Bonjour Laurence.
00:06Ravi de vous retrouver pour une heure d'échange autour de l'actualité de cette semaine.
00:10Une actualité marquée par la cacophonie politique à l'Assemblée nationale qui étudie dans la douleur
00:16le projet de budget 2025 avec un festival de propositions de taxes à la clé.
00:21On va l'évoquer, le tout pimenté par les frasques de la gauche et notamment de la France Insoumise.
00:26Un de leurs députés, Andy Kerbrat, a été interpellé en flagrant délit en possession de drogue de synthèse
00:32qu'il venait d'acheter à un mineur de 14 ans. On entendra les arguments de son camp pour le défendre
00:36et ceux qui demandent son exclusion de l'Assemblée nationale.
00:39Il y a eu aussi ce bras d'honneur esquissé par Sandrine Rousseau dans l'hémicycle dont elle s'est immédiatement excusée.
00:47J'ai très envie de vous entendre sur ces sujets.
00:49Michel, on ferait autre thème d'actualité. Faut-il faire payer l'entrée pour les visiteurs de Notre-Dame de Paris
00:55qui leur a rouvert ses portes ? La proposition émise par la ministre de la Culture, Rachida Dati,
01:00permettrait de financer la rénovation du patrimoine français, provoque la polémique.
01:04Le clergé affirme qu'il n'est pas question de faire payer l'entrée au lieu de culte pour les fidèles.
01:09Là aussi, vous avez une petite idée sur la question.
01:11Autre sujet qui vous interpelle Michel, on ferait le recul des ventes des livres en France
01:16qui plongent les libraires dans l'inquiétude pour l'avenir.
01:18Comment remédier à cette baisse de la lecture en France et aussi au niveau d'écriture de nos étudiants ?
01:23Enfin, l'interview sur nos antennes mercredi du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou
01:30a piqué au vif le président Macron qui organisait cette semaine une conférence pour le Liban
01:35au cours de laquelle la France a annoncé donner 100 millions d'euros au pays du cèdre.
01:39Pourquoi le président de la République française a-t-il invoqué la notion de barbarie
01:43pour évoquer la réponse armée d'Israël après les actes barbares pour le coup du 7 octobre ?
01:48On entendra les deux hommes se répondre dans cette émission.
01:52Voilà pour le sommaire mon cher Michel Onfray.
01:54On commence justement avec ce qui se passe en ce moment entre Israël et l'Iran.
01:59Israël qui a procédé ce matin même à des frappes sur des cibles militaires en Iran.
02:03La tension ne retombe pas dans la région.
02:06La France appelle les deux parties à s'abstenir de toute escalade dans un contexte d'extrême tension qui règne dans la région.
02:12L'OTAN, Michel vous le savez, est monté cette semaine entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron
02:19au sujet de cette réponse israélienne aux attaques du Hamas et du Hezbollah que ce soit à Gaza ou au Sud-Lébans.
02:24On va d'abord écouter, si vous voulez bien, le Premier ministre israélien évoquer sa déception vis-à-vis du président français.
02:30On entendra dans un deuxième temps Emmanuel Macron.
02:32D'abord Benjamin Netanyahou sur nos antennes.
02:37J'ai parlé avec le président Macron et j'ai été extrêmement déçu.
02:43Il nous a soutenus au début de la guerre, mais petit à petit, j'ai vu qu'il changeait de position et qu'il prenait des positions qui sont contre nos intérêts communs, les intérêts des sociétés libres.
03:01Il a mis un embargo sur Israël.
03:04L'Iran, elle, n'a pas fait un embargo sur le Hezbollah ou sur le Hamas.
03:12Voilà pour Benjamin Netanyahou qui dit être déçu par le président français.
03:15On écoute maintenant Emmanuel Macron qui lui a répondu le lendemain jeudi lors de la conférence qu'il organisait pour le Liban.
03:21Écoutez les mots qu'il emploie, c'est très important.
03:25On parle beaucoup ces derniers jours de guerre de civilisation ou de civilisation qu'il faut défendre.
03:30Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en sement soi-même la barbarie.
03:34Je suis sûr d'une chose, c'est que la possibilité d'une civilisation se joue au Liban.
03:40C'est-à-dire la possibilité pour des femmes et des hommes dont les origines sont différentes, dont les religions sont différentes,
03:49de partager un même territoire et de vivre pour un même projet.
03:53C'est aussi pour cela que le Liban est important pour lui-même et est toujours plus grand que lui-même.
04:02Voilà pour Emmanuel Macron.
04:03Michel, on ferait que vous inspire les mots, parce que les mots ont un sens, employés par Emmanuel Macron et aussi par Benjamin Netanyahou.
04:10D'abord Benjamin Netanyahou dit des choses justes.
04:12Je pense que c'est une guerre de civilisation, je le dis depuis très longtemps.
04:15On fait savoir que ce sont les gens qui annoncent les guerres de civilisation qui les produisent ou qui les créent.
04:20Je vous rappelle que quand Huntington raconte le choc de civilisation à venir en disant que c'est ainsi que les choses se passeront désormais,
04:25on fait savoir que c'est lui qui invente ces choses-là.
04:27Huntington, non, il n'est pas lui que le cancérologue crée le cancer qu'il vous annonce.
04:32Huntington annonçait qu'effectivement il y aurait des guerres de civilisation après la chute du mur de Berlin.
04:36C'est ce qui a lieu.
04:38Israël est effectivement le navire amiral.
04:40C'est la pointe avancée, je dirais, de la civilisation judéo-chrétienne, donc de l'Occident.
04:44Ça existe, l'Occident.
04:45Tous ces gens qui nous disent que l'Orient n'existe pas, c'est une création de l'Occident, etc.
04:50Je ne vois pas comment l'Occident pourrait créer quelque chose qui n'existerait pas.
04:53Il y a un Orient, il y a un Occident.
04:54Ce n'est pas exactement la même chose.
04:56Même les gens qui font du tourisme et qui vont à Téhéran ou les gens qui font du tourisme et qui vont à Jérusalem
05:00voient bien que ça n'est pas la même civilisation, ne serait-ce que pour les femmes.
05:04Quand vous arrivez à Téhéran, vous avez intérêt à porter le voile, vous n'avez pas le droit d'être en cheveux.
05:08Dans l'espace aérien aussi.
05:09Oui, c'est absolument.
05:10Quand on arrive dans l'espace aérien, vous devez savoir que...
05:13Donc il y a un moment donné où les mots comptent.
05:15D'abord, ils comptent tout le temps, mais quand on est chef de l'État, qui plus est ?
05:18C'est le mot barbarie qui est en cause.
05:20Mais c'est inadmissible, ce mot.
05:22Alors je sais bien, il y a aussi des gens qui nous disent qu'il n'y a pas de barbarie,
05:25que ça n'existe pas, que c'est une invention.
05:27Toute la gauche bien pensante nous a expliqué que la barbarie, c'était le jugement d'un occidental,
05:32et que ça n'était donc jamais une bonne chose, qu'on était toujours le barbare de quelqu'un.
05:35C'est hélas, parce que je l'aime beaucoup, mais la pensée de Montaigne,
05:38qui nous dit que nous appelons barbarie ce qui n'est pas de notre fait.
05:41Sous-entendu, le barbare, c'est toujours autrui.
05:43Mais il y a quand même des définitions du barbare.
05:45Donc c'est celui qui massacre, c'est celui qui fait des tas de crânes
05:49uniquement pour le plaisir de l'impérialisme.
05:52Là, Israël se défend.
05:54C'est comme si vous aviez une maison, et puis en face de vous, vous avez une autre maison,
05:57et les gens dans la maison d'en face sont hyper armés, ils ont l'intention de vous détruire.
06:00Ils ont dit notre objectif, c'est de vous détruire.
06:02Quand on dit très clairement, comme le fait l'Iran,
06:04nous voulons détruire l'État d'Israël, nous voulons détruire l'État d'Israël dit le Hamas,
06:08nous voulons détruire l'État d'Israël dit le Hezbollah,
06:10que tout ce monde-là s'entend que ce sont des bombes en permanence.
06:13Parce que les gens ont l'impression qu'il n'y a pas de dommages,
06:15mais il n'y a pas de dommages en Israël.
06:16Il n'y a pas de dommages en Israël pour quelle raison ?
06:17Parce qu'il y a un dôme de fer, parce que les armes sont interceptées,
06:21mais c'est tous les jours qu'il y a des bombardements sur l'Israël,
06:24que ça arrive sur Tel Aviv.
06:26Donc il y a un moment donné où, quand on dit barbarie, ça veut dire qu'on estime quoi ?
06:30Alors Hitler c'était quoi dans la gradation de la barbarie ?
06:33Si effectivement les chambres ingates c'est de la barbarie,
06:35mais que Netanyahou c'est aussi un barbare au même titre qu'Hitler,
06:38où va-t-on ?
06:39Le mot barbare, ce qui choque, c'est qu'il a été employé pour les attaques du 7 octobre,
06:44qui étaient des attaques barbares.
06:45Est-ce qu'on peut dire que la réponse d'un État démocratique est de la barbarie ?
06:49Écoutez, on a vu cette nuit que la réponse avait été chirurgicale,
06:53comme on peut vraiment le dire.
06:54C'est-à-dire que vous avez plus d'une centaine d'avions
06:56qui vont traverser l'Irak, qui vont traverser l'espace aérien de l'Irak,
07:00qui vont traverser l'espace aérien de la Syrie,
07:02c'est-à-dire ce sont des espaces ennemis,
07:04qui arrivent sur l'Iran et qui frappent de manière extrêmement chirurgicale
07:08des objectifs militaires et pas des objectifs civils.
07:11C'est-à-dire qu'Israël n'a pas dit « tant pis, on va tuer des civils
07:15parce qu'on n'en a rien à faire des civils iraniens,
07:18on fait faire la part des choses ».
07:19Nombre d'Iraniens n'ont plus envie de ce gouvernement.
07:21L'Iran, c'est une grande civilisation, c'est une grande culture,
07:24les Perses très anciens.
07:25Et ce n'est pas exactement la même chose, la civilisation iranienne
07:28avec les Perses qui sont derrière eux,
07:29la civilisation des Émirats arabes, par exemple,
07:33qui ont une absence de culture, du moins une culture extrêmement tribale.
07:37Donc il y a un moment donné, quand on pèse des mots comme ça
07:40et qu'on est le chef de l'État et qu'on parle de civilisation,
07:42qu'on parle de barbarie et qu'on met à égalité Adolf Hitler
07:46et Benjamin Netanyahou, puisque la barbarie, c'est le mot qui est utilisé,
07:50on fait des choses extrêmement graves, c'est gravissime.
07:53Mais on le sait, de toute façon je le dis depuis longtemps,
07:56Emmanuel Macron fait une politique en regard de ce qu'on appelle la rue arabe.
08:00Son souci, c'est de ne pas déclencher des intifadas françaises
08:04et qu'il s'agit de donner en permanence des gages.
08:07Alors quand Netanyahou a d'abord dit des choses,
08:10puis il a ensuite dit des choses, il a raison.
08:13Mais ce qu'on peut dire, c'est qu'il a dit les choses en même temps.
08:15C'est-à-dire que c'est du Macron, et il est allé tout de suite en Cisjordanie
08:18quand il a dit aux Israéliens, tout à fait au départ,
08:20on va faire une force d'interposition internationale.
08:22Quelle belle idée !
08:23Que n'en a-t-il donné les moyens de cette force internationale ?
08:27Et puis par la suite, il a dit, bon je vais en Cisjordanie,
08:30je vais voir Marlon Dabasse.
08:31Oui, en Cisjordanie, vous avez raison.
08:33En disant, en rencontrant quelqu'un qui est un négationniste,
08:35c'est-à-dire qui a fait une thèse en Russie, en Russie soviétique,
08:39à l'époque où il disait qu'il n'y avait pas de Chambragate.
08:41C'est quand même cet homme qui est à la tête aujourd'hui de la Cisjordanie.
08:43Et les barbares, ce serait Israël.
08:45Mais il est indéniable qu'il y a des victimes civiles.
08:48Évidemment, que ce soit à Gaza et au sud Liban.
08:51Est-ce que la réponse d'une guerre est assimilée à de la barbarie pour vous ?
08:57Les gens ont une idée de la guerre qui est assez sidérante.
09:00La guerre, ça tue, on va dire, des banalités de base.
09:03Mais je veux dire que, par définition, moi je suis normand, comme vous le savez,
09:06en Normandie, tout a été rasé.
09:08Il y a des villes qui ont été entièrement rasées.
09:10Camps, Argentans, falaises.
09:12Par les alliés.
09:14Il y a eu 20 000 morts civiles, du moins pour le chiffre officiel.
09:17Moi j'en ai parlé pendant très longtemps, on commence maintenant à en parler.
09:20Mais c'est ainsi la guerre.
09:22Hélas, la guerre, ça ne se fait pas avec des gens qui tirent juste sur des ennemis.
09:25La résistance, c'était ça.
09:27Quand on dit le Hamas, ce sont des résistants.
09:29Mais Jean Moulin et les siens n'ont jamais assassiné des innocents.
09:32La résistance, c'est cibler des individus.
09:34Des miliciens, des gestapistes, des militaires nazis.
09:37Alors ça, c'était la résistance.
09:38Il n'a pas dit on va faire sauter un cinéma parce qu'il y a un officiel manqué là.
09:41Puis on va peut-être tuer 50 personnes qui seront là.
09:43Il y a des innocents qui seront en train de regarder un film.
09:45Ça n'a jamais existé dans la résistance.
09:47Dans le terrorisme, oui.
09:48Au contraire, on prend en otage.
09:50Là que je le sache, Israël n'a pas pris en otage la population iranienne
09:53en disant on va bombarder massivement.
09:55Et puis tant pis s'il y a 300 morts iraniens.
09:58Non, c'est une frappe chirurgicale à étudier.
10:01À étudier probablement dans les écoles de guerre.
10:03Au même titre que les batailles de Napoléon ou Thucydide.
10:06Et il y a les otages israéliens qui sont toujours écoulés par les terroristes du Hamas.
10:11Vous avez bien raison de rappeler leur nom tous les jours.
10:12Absolument.
10:13Autre extrait de ce que disait le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
10:17Il a évoqué la montée de l'antisémitisme en France.
10:19Et notamment les influences étrangères qui attisent la haine sur notre sol.
10:23Écoutez-le.
10:25Il y a des très jeunes à Paris qui soutiennent le Hamas.
10:32Qui soutiennent ces assassins.
10:35Qui soutiennent les gens qui décapitent les femmes et qui les violent.
10:41Qui brûlent des bébés vivants.
10:46J'ai vu les gays pour Gaza.
10:50Les gays pour Gaza vous êtes complètement fous.
10:53Vous savez ce qui leur arrive aux gays à Gaza ?
10:55Ils seraient exécutés.
10:56Ils seraient décapités.
10:59Qui est-ce que vous soutenez ?
11:01Si vous soutenez les droits humains, la liberté, l'humanité.
11:04Il faut combattre ces gens-là.
11:07Voilà pour Benjamin Netanyahou.
11:09On est sur CNews et sur Europe 1.
11:10Michel Onfray.
11:11Quand il évoque cet antisémitisme et ces influences politiques évidemment
11:16qui existent sur notre sol.
11:17Vous l'avez aussi à de nombreuses reprises dénoncé.
11:20J'ai pu rencontrer des enfants, des fils ou filles d'amis
11:24qui à 15 ans, 16 ans ont des avis sur la cause palestinienne.
11:27Et quand on commence à discuter en disant
11:29est-ce que tu as lu le Coran ? Non.
11:30Est-ce que tu connais la charia ? Non.
11:31Est-ce que tu es capable de me placer dans l'ordre par exemple
11:34judaïsme, christianisme et puis islam ? Non.
11:37Est-ce que tu es capable de me dire ce qui distingue les chiites et les sunnites ? Non.
11:39Rien de tout ça.
11:40Est-ce que tu as lu une biographie du prophète ? Non.
11:42Mais ils ont quand même des idées.
11:43Ils ont quand même des avis.
11:44Mais c'est l'âge d'une certaine manière.
11:46Absolument.
11:47Peut-être pas tant, je dirais, à Sciences Po.
11:49On peut imaginer qu'on a affaire à des gens qui, bacheliers,
11:52ont déjà un minimum de culture et devraient un peu savoir.
11:54Je crois que c'est Mathilde Pannot qui n'était pas capable
11:56de répondre à la question le Jourdain c'est où ?
11:59La Méditerranée, qu'est-ce que ça veut dire du Jourdain ?
12:02La Méditerranée ?
12:03Je suis un peu perdu en termes de géographie.
12:05Demandez à ces jeunes quels sont les pays limitrophes ?
12:07Si le Liban est au nord ou au sud ?
12:09Si l'Égypte est au nord ou au sud ?
12:11Est-ce qu'il y a comme pays frontalier à l'est par exemple ?
12:14Ou éventuellement, quels sont les pays frontaliers à l'ouest
12:16alors que c'est la Méditerranée ?
12:17Il pourrait y avoir des surprises, je pense,
12:19parce que l'inculture est généralisée.
12:20On n'enseigne plus l'histoire depuis 50 ans.
12:22On n'enseigne plus la chronologie.
12:24On enseigne l'idéologie en nous expliquant qu'il y a le bien
12:26et qu'il y a le mal.
12:27Un petit peu comme les gens qui ont été, tour à tour,
12:30on pourrait même élargir, mais qui ont été nazis, pétinistes,
12:33gaullistes, maoïstes, etc.
12:35Mitterrandiens et puis...
12:36Toutes les casquettes en même temps.
12:37On va reparler dans un instant du baisse du niveau de la culture
12:40et de l'écriture.
12:41Michel Onfray, on évoque la France insoumise.
12:43Il y a eu cette semaine ce député de Loire-Atlantique,
12:46de la France insoumise, Andy Kerbrad,
12:48qui a été pris en flagrant délit, je le disais, par la police,
12:50en train d'acheter une drogue de synthèse, la 3-MMC,
12:53une sorte de cocaïne bon marché,
12:55à un mineur de 14 ans à la sortie du métro parisien.
12:57Alors ce député a reconnu les faits dans un communiqué.
13:00Il s'y présente comme en proie à une addiction
13:04en raison de fragilité psychologique.
13:06Et il explique mener ce combat depuis longtemps
13:09au nom aussi d'autres victimes.
13:11On va écouter la façon dont ses amis politiques l'ont défendu,
13:15parce qu'ils l'ont assuré de son soutien amical,
13:18notamment dans son problème face à la drogue.
13:20Et on va écouter ce que dit Sandrine Rousseau,
13:22qui a décidément beaucoup fait parler d'elle cette semaine.
13:25Sandrine Rousseau.
13:27Non, je pense qu'il ne faut pas qu'il démissionne
13:29et je le soutiendrai à rester.
13:30Je sais que ce ne sera pas facile pour lui.
13:32Mais en fait, il y a besoin de regarder la drogue et les addictions
13:36avec un autre regard aujourd'hui que celui que l'on a,
13:39qui est purement répressif et qui est purement policier.
13:43C'est un problème de santé publique.
13:45C'est un problème qui relève de l'accompagnement, du soin.
13:50Et nous devons aussi regarder cela comme ça.
13:52Voilà pour Sandrine Rousseau.
13:54Vous aussi, vous avez dit que, Michel,
13:57l'accompagnement des toxicomanes, c'était une vraie priorité de santé publique.
14:00Bien sûr.
14:01Mais quand il s'agit vraiment de toxicomanes,
14:03cette drogue-là, c'est quoi ?
14:05C'est pour faire des partouzes de longue durée.
14:07Je ne sais pas.
14:08Enfin, apparemment, c'est présenté comme ça.
14:10Donc, ce n'est pas exactement la même chose que de consommer des pétards.
14:13Je rappelle que consommer des pétards, ça détruit aussi des cerveaux.
14:15Aussi, j'ai des amis dont les enfants sont aujourd'hui détruits
14:18simplement parce qu'ils ont consommé du cannabis, pas au-delà de ça.
14:22Donc, on connaît cette drogue, on sait qu'elle existe.
14:24Ça s'appelle une addiction au sexe si on veut,
14:26mais pas du tout cette idée qu'on ne pourrait pas vivre sans cette drogue-là.
14:30Apparemment, si on fait la sociologie de cette drogue, elle sert à ça.
14:32Mais il y a surtout l'hypocrisie de ce personnage qui nous dit qu'il lutte contre ça.
14:35Ce député de la France Insoumise ?
14:36Oui.
14:37C'est aussi parce que c'est un député qu'on en parle beaucoup.
14:39Mais c'est aussi la contradiction.
14:41C'était quand Isaac nous dit « je n'ai pas de compte en Suisse »,
14:43quand on a un Katniss qui nous dit « il faut lutter contre les violences faites aux femmes »,
14:47on dit « ah oui, commence chez toi, pars chez toi ».
14:49On pouvait faire une liste longue comme le bras quand il s'agit de nombreux députés,
14:54notamment de la France Insoumise.
14:55Je veux bien que le danger pour la République, ce soit le Rassemblement National,
14:58mais qu'on nous fasse voir où sont les fichiers S du Front National,
15:01où sont les consommateurs de drogues à part tous de longue durée au Rassemblement National,
15:06où sont les gens qui frappent leurs femmes, etc.
15:09Il y a un moment donné où on n'a pas le droit de se présenter comme un parangon de vertu
15:12quand on est le prototype du vice.
15:14Est-ce qu'il doit démissionner ?
15:15Est-ce qu'il y a une incidence sur son métier de député ou pas du tout ?
15:19Écoutez, pour ça, il faut avoir le sens de l'honneur.
15:21Ces gens ont perdu le sens de l'honneur.
15:22D'abord, notre civilisation a perdu le sens de l'honneur depuis la Révolution française.
15:27Aujourd'hui, vous avez un tribunal, vous avez du prétium de l'enrichissement,
15:29le prix de la douleur, on vous fait un chèque et puis voilà.
15:31Jadis, il y avait le duel.
15:32Au moins, vous pouviez risquer votre vie en disant des sottises.
15:35Ce serait bien aujourd'hui qu'on puisse provoquer en duel tel ou tel journaliste en disant...
15:38Non, non, non.
15:39Mesurez mon ironie.
15:41Je mesure votre ironie.
15:43Mais on voit bien aujourd'hui que l'honneur, ça ne sert à rien.
15:45Vous avez des gens déshonorés mais qui continuent.
15:47Moi, j'adore le Japon pour ça.
15:48C'est une civilisation de l'honneur.
15:50On met 20 ans à avoir...
15:52La civilisation du harakiri aussi.
15:53Justement, oui, mais on fait harakiri.
15:55Pourquoi ?
15:56Parce qu'il n'y a pas 36 façons de recouvrir un honneur perdu.
15:58C'est pas le duel à la première blessure.
16:01Vous faites couler le sang.
16:02Vous dites stop.
16:03J'avais perdu mon honneur.
16:04Je l'ai retrouvé.
16:05Là, au Japon, vous dites non.
16:06Un honneur perdu est définitivement perdu.
16:07Vous mettez 20 ans à avoir une réputation et 20 secondes à la perdre au Japon.
16:10Et quand elle est perdue, elle est définitivement perdue.
16:12Donc, le fameux seppuku, le harakiri, c'est là pour dire je ne peux que laver mon honneur
16:17avec un suicide, une mort volontaire.
16:20Il y a deux sujets, en fait, dans ce sujet-là.
16:22Il y a la consommation de drogue.
16:24Les Français sont très clairs.
16:25Dans un sondage CSA pour CNewsEurope.lgdd, il faut-il sanctionner plus durement les consommateurs.
16:30Je parle bien des consommateurs.
16:31Pour lutter contre le trafic de drogue, oui à 77%.
16:33Et puis, il y a la question de l'exemplarité en politique.
16:36Et là aussi, on a le premier sondage sur la consommation de drogue.
16:40Il faut sanctionner plus les consommateurs.
16:42Et puis, est-ce que ça n'alimente pas la défiance envers nos élites politiques ?
16:45Évidemment que si.
16:46On a ce chiffre d'un autre sondage au DOXA pour le Figaro.
16:5082% des Français, Michel, ont une mauvaise opinion des partis politiques.
16:54Et donc, évidemment, de ceux qui les incarnent.
16:56Ça ne vous surprend pas ?
16:57Non, je suis même étonné qu'il y en ait autant qui y croient encore.
17:00Un peu moins, oui.
17:02Donc, vous dites, ça fait quand même beaucoup de gens qui croient encore aux partis.
17:06Simone Veil, la philosophe Simone Veil, disait qu'il fallait supprimer les partis.
17:10D'une certaine manière, le général de Gaulle pensait exactement la même chose.
17:13En disant, mais il y a le sens de l'intérêt général, du bien public.
17:16Et puis après, c'est de droite ou c'est de gauche.
17:18Mais on voit bien aujourd'hui que les partis ne font que jouer leur partition.
17:21Et que, aujourd'hui, Marine Le Pen va voter pour, elle va voter contre.
17:24Mais c'est quoi l'objectif de Marine Le Pen ?
17:25C'est de se retrouver au second tour des présidentielles.
17:27Mélenchon, il va faire quoi ?
17:28Il va essayer d'être au second tour des présidentielles.
17:30Et puis, celui-ci ou celui-là chez les Républicains,
17:32c'est d'être celui qui va pouvoir être présidentiel.
17:34Ils ont tous cette obsession dans les partis.
17:36Ils ont cessé d'aimer la France, encore moins les Français.
17:38Ils n'ont pas du tout de souci des Français.
17:40Ils ont simplement le désir de trouver un créneau qui leur permettra de dire
17:44ici, est-ce qu'on peut faire 300 000 voix ?
17:46On fait 300 000 voix, on y va.
17:47Et on a bien vu avec Jean-Luc Mélenchon que,
17:49quand il a fallu préempter le créneau de l'islamo-gauchisme,
17:52il a dit que c'est rentable d'un point de vue électoral.
17:55J'y vais.
17:56Si on lui dit que ce n'est pas très rentable pour la France ou l'histoire de France,
17:59la France n'en a rien à faire.
18:00Mais électoralement, c'est extrêmement dangereux.
18:0282% des Français qui se défient de leur personnel politique,
18:05ça peut mener à des catastrophes démocratiques.
18:07Juste encore un tout petit mot de Sandrine Rousseau,
18:09qui a esquissé cette semaine, pendant les débats à l'Assemblée nationale,
18:12un bras d'honneur.
18:13Alors, elle s'en est tout de suite excusée et expliquée.
18:15On va écouter ses explications,
18:16puis on va rappeler ce qu'elle disait à l'époque du bras d'honneur d'Éric Dupond-Moretti.
18:19D'abord, on l'écoute, Madame Rousseau.
18:22Madame Rousseau est venue me voir à la suspension.
18:24Je lui donne la parole.
18:25Merci, Madame la Présidente.
18:26Alors, le geste que j'ai entamé,
18:28que je n'ai pas terminé,
18:29mais que j'ai entamé,
18:30que j'ai entamé,
18:31que j'ai entamé,
18:32n'avait pas sa place dans cet hémicycle.
18:34Et donc, je présente mes excuses à l'ensemble des députés présents.
18:37Merci.
18:38Je vous remercie.
18:40Je vous remercie, Madame Rousseau.
18:42Ce type de geste n'a effectivement pas sa place ici, dans cet hémicycle.
18:46Et je vous propose, puisque vous vous en êtes excusée,
18:49de poursuivre,
18:50si vous le voulez bien,
18:51et dans des conditions un peu plus apaisées,
18:53pour éviter, s'il vous plaît, ce type d'incident.
18:56Voilà, ce type d'incident.
18:57Sandrine Rousseau s'est excusée tout de suite.
19:00Elle a dit que c'était un geste qui n'avait pas sa place.
19:02Mais elle avait dit,
19:03et on s'en rappelle quand même,
19:04au moment de l'affaire Éric Dupond-Moretti, en 2023,
19:07qu'il s'agissait d'un geste de masculinité toxique en politique.
19:11Qu'est-ce que ça vous inspire, Michel Onfray ?
19:14Il va falloir s'interroger sur le sexe de Sandrine Rousseau.
19:16Non, je présume.
19:17C'est une plaisanterie.
19:18Oui, c'est une plaisanterie.
19:19Précisons-le, parce que vous savez…
19:20Pourquoi j'ajoute ?
19:21Oui, oui.
19:22Il y a un moment donné où on voit bien qu'il y a un bras d'honneur de droite
19:24et un bras d'honneur de gauche,
19:25et que le bras d'honneur de gauche est défendable,
19:27comme la gauche, quand elle se drogue, c'est défendable,
19:30quand c'est la droite, ça ne va pas, etc.
19:31Mais on voit bien ceci.
19:32Si on fait un peu d'analyse sémantique de ce que dit Mme Rousseau,
19:34elle dit qu'elle esquisse un geste.
19:36Oui, et qu'elle l'arrête, en fait.
19:37Parce qu'elle se rend compte que…
19:38Oui, simplement, un geste qui était esquissé, on ne sait pas ce que c'est.
19:41S'il était esquissé, on ne sait pas ce que c'est, s'il n'est pas fini.
19:43Si les gens ont compris, c'est qu'il est fini.
19:45Les gens ont bien compris, d'abord, d'une part, que c'était un geste,
19:47et qui était celui-ci et pas un autre.
19:49Et puis après, elle présente ses excuses à la totalité des députés.
19:52Mais si c'était aux députés du Rassemblement national…
19:55Oui, mais elle aurait pu ne pas le faire.
19:56Non, mais elle ne l'a pas fait.
19:57Elle l'a fait à minima.
19:58Elle a présenté ses excuses.
19:59Elle l'a fait à minima en disant, d'une part, je l'ai fait sans faire,
20:01tout en faisant, c'était à moitié fait, mais il fallait à moitié le comprendre,
20:04et ce n'est pas totalement ce que j'ai fait,
20:05donc je ne suis pas responsable de ce genre de choses.
20:07Et puis après, je présente mes excuses à tout le monde.
20:09Non, on présente ses excuses aux gens à qui on a destiné ce bras d'honneur,
20:13et ce sont les députés du Rassemblement national.
20:15Et ça leur arracherait la bouche que de dire,
20:17je présente mes excuses aux députés du Rassemblement national,
20:20à qui ce geste, tellement esquissé qu'on a vu ce qu'il était, était destiné.
20:24Non, on voit bien quand même qu'il y a la communication derrière tout ça,
20:26pour dire sans dire, tout en disant,
20:28j'éteins le feu d'un point de vue médiatique et on passera à autre chose.
20:31Mais ça participe à la stratégie du chaos
20:34qu'entretient la gauche et l'extrême gauche au sein même de l'hémicycle ?
20:39C'est ça, en fait, cette stratégie-là ?
20:41Oui, et il y a quelqu'un qui a déjà raconté tout ça très bien,
20:43c'est Taine, au XIXe siècle, quand il écrit « Les origines de la France contemporaine »
20:46et qu'il nous raconte comment les sociétés révolutionnaires,
20:48ce qu'on appelait les petites sociétés révolutionnaires,
20:50comment les jacobins, comment les clubs de cordeliers,
20:53comment les sans-culottes agissaient, et ils agissent comme ça.
20:56Mélenchon qui compulse sans cesse l'histoire de la Révolution française
20:59pour savoir comment il faut faire, dont le héros est Robespierre, chacun le sait,
21:02voit bien qu'on a intérêt comme ça.
21:04Tous les jours, qu'il pleusait dans un monde médiatique,
21:06les informations sont là en permanence, en permanence, en permanence,
21:09tous les jours, on occupait le terrain de cette manière-là.
21:12La violence, la violence d'État, la criminalisation de la police,
21:15l'inversion des valeurs en faisant de telle sorte que le bourreau est une victime,
21:19la victime est un bourreau, l'idée de dire que n'importe qui peut rentrer chez n'importe qui,
21:22c'est le droit au logement opposable,
21:25même Chirac avait rendu cette chose-là possible.
21:27J'aimerais que tous ces gens qui défendent ces théories-là
21:29puissent mettre à disposition leurs maisons de vacances
21:32pour accueillir les gens qui sinon squattent ailleurs.
21:34La cohérence, c'est aussi ça.
21:36Quand on dit qu'il ne faut pas se droguer, c'est de ne pas se droguer.
21:38Il ne faut pas frapper les femmes, il ne faut pas frapper les femmes.
21:40Il faut donner sa propriété à des gens qui n'en ont pas.
21:43Quand on a une petite maison de campagne et qu'on est le patron de la France Insoumise,
21:46on la donne aussi et puis on accepte que les autres y soient.
21:49Et si tout le monde est un barbare, à ce moment-là, il n'y a plus d'échelle.
21:52Oui, mais là quand vous dites que les gens ne croient plus au personnel politique,
21:56c'est juste parce que le personnel politique ne fait que ça.
21:58Les gens qui enseignent des choses et qui pratiquent le contraire.
22:01Donc il y a un moment donné où vous dites, une Sandrine Rousseau
22:04qui s'en vient critiquer le bras d'honneur quand c'est fait par un homme
22:06et qui s'en vient expliquer que quand c'est fait par une femme,
22:08ce n'est pas un bras d'honneur parce que ça ne pourrait pas être un bras d'honneur
22:10comme celui d'un homme ou je ne sais quoi.
22:12Les gens disent ça, les gens ont du bon sens, ils comprennent bien, ils voient bien.
22:15Les images parlent toutes seules en plus.
22:17Les sons aussi parlent très clairement.
22:20Oui, mais les gens qui sont devant leur télévision,
22:22ils ont l'intelligence qui leur permet de décoder tout de suite ce que le geste dit.
22:26Après vous avez beau dire que le geste n'a pas eu lieu,
22:28que ce n'était d'ailleurs pas un geste et puis que vous ne regrettez pas ce geste
22:30qui de toute façon vous permet de présenter des excuses à des gens
22:33qui ne sont pas coupables ou responsables de ce geste, destinataires de ce geste.
22:37Tout le monde a bien compris que c'était un geste
22:39et que c'était destiné à une partie de la population française.
22:42Ces 10 millions de gens à qui on a dit
22:44vous nous gênez à voter ce que vous votez et on essaie de vous écarter le plus possible.
22:47L'insulte fait partie du mépris de ces 10 millions d'électeurs.
22:52Michel Onfray, on fait une toute petite pause.
22:54On se retrouve dans un instant sur CNews et sur Europe 1.
22:56On va parler un tout petit instant encore de politique sur les taxes.
22:59Festival de taxes, c'est le festival des propositions de taxes
23:03dans tous les sens pour les Français.
23:04A tout de suite sur nos antennes.
23:08On se retrouve en face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
23:13Michel, on reprend le fil de notre conversation.
23:15L'Assemblée nationale, malgré quelques péripéties,
23:17a quand même examiné dans la douleur le début du projet de budget de 2025
23:21avec un festival de propositions de nouvelles taxes
23:24émanant de députés de tous bords politiques.
23:26Aucun bord n'a à l'apanage le monopole des taxes.
23:29Taxe sur l'électricité, sur les bénéfices des grandes entreprises,
23:32taxe sur l'assurance vie, sur les droits de succession,
23:35taxe même envisagé sur les propriétaires de chiens comme en Allemagne.
23:38Pourquoi pas ?
23:39Qu'en pensent les Français, notamment sur la question de l'assurance vie
23:42et des droits de succession ?
23:43Écoutez leur réaction, c'est très intéressant.
23:46L'assurance vie, pourquoi pas ?
23:47Si les gens peuvent se permettre de payer un peu plus,
23:50ça me choquerait moins que les droits de succession symboliquement.
23:53C'est un peu plus compliqué d'avoir travaillé, payé de l'impôt
23:56et que ces enfants repayent pour avoir simplement un bien qui vous appartient.
23:59Les gens mettent de l'argent de côté pour transmettre à leurs enfants.
24:02Je ne vois pas en quoi c'est un scandale.
24:04Toute personne normalement constituée a envie de transmettre à ses enfants,
24:09qu'il est peu ou beaucoup, il a envie de transmettre à ses enfants.
24:12Pour moi ce serait non, parce que l'assurance vie,
24:16c'est ce qui nous permettra sans doute de faire face à des situations
24:20auxquelles on ne s'attend pas forcément dans notre vie.
24:24C'est le principe de l'assurance vie, c'est de cotiser soi-même.
24:27Donc je pense qu'on est suffisamment taxés.
24:30On est suffisamment taxés, dit cette dame, Michel Enfray.
24:32Effectivement, la France est le pays le plus taxé de l'OCDE.
24:35Sur une possibilité de taxer l'assurance vie, les droits de succession,
24:38qu'est-ce que vous en dites ?
24:40Sur les droits de succession, je pense qu'on devrait pouvoir transmettre à qui on veut.
24:43D'abord, plutôt que de dire, il y a les enfants, c'est les enfants, etc.
24:46On devrait pouvoir dire, oui, c'est le système un peu américain,
24:48en disant, j'ai gagné de l'argent, j'ai un patrimoine.
24:51On peut déshériter ses enfants ?
24:52Ce n'est pas déshériter, c'est simplement hériter qui l'on voudrait.
24:55Vous avez aujourd'hui des familles décomposées, recomposées,
24:59des enfants qui ne s'occupent pas de leurs parents
25:01et qui, d'un seul coup, apparaissent le jour où le parent est mort
25:03et on les retrouve chez le notaire avec un gros chèque.
25:05Je ne trouve pas ça très moral.
25:06Vous avez raison.
25:07Le sujet, là, c'est les taxes, en fait.
25:09Oui, mais il y a plein de choses qu'on peut faire.
25:11Moi, je suis contre le fait qu'on puisse aller chercher des taxes
25:13sur les fumeurs, les buveurs d'alcool ou les gens qui conduisent.
25:16Les propriétaires de chiens.
25:17Il y a plein de gens qui ont...
25:19Enfin, on ne va pas faire une sociologie du chien,
25:20mais il y a plein de gens pour lesquels le chien ou le chat,
25:22c'est le compagnon quand on est tout seul,
25:24quand on vit tout seul, des personnes âgées.
25:26Ce qui en dit long de la grande solitude de nos sociétés.
25:29Mais bien sûr.
25:30À laquelle vivent la plupart des personnes.
25:31Mais bien sûr.
25:32Pourquoi aussi des gens surinvestissent,
25:34enfin, investissent, je dirais, sur des animaux domestiques
25:36parce que leur famille a disparu.
25:38Celles dont la plupart du temps, dont je vous parlais tout à l'heure,
25:40en disant qu'elles arrivent...
25:41Le jour...
25:42...ventre à terre.
25:43L'ouverture du testament au chien de notaire.
25:44Le jour où il y a le testament.
25:45Non, vous savez, moi, je persiste à dire que...
25:47Je parle toujours de ce tout petit texte d'Aristote
25:49qui nous dit ce qu'est l'économie.
25:50L'économie, c'est l'organisation de la maison.
25:52La France, c'est une maison.
25:53Chacun sait très bien que quand il gère son propre budget,
25:55il faut faire des économies.
25:56On ne va pas taxer tout le temps.
25:57L'argent, il rentre, mais il ne rentre pas plus qu'il ne peut rentrer
25:59parce que vous avez un ou deux salaires.
26:01Et puis, voilà tout.
26:02Il y a un moment donné où on doit pouvoir dire
26:04mais où sont nos dépenses ?
26:05Où sont les fuites d'un tonneau d'anaïde ?
26:07Là, c'est percé.
26:08Ça part de partout.
26:09Et à un moment donné, moi, je suis partisan des économies.
26:11Je persiste à penser que quand vous avez...
26:13L'économie dans les dépenses publiques.
26:14On est d'accord.
26:15Oui, absolument.
26:16Plutôt que de taper le citoyen.
26:19Parce que cette dame dit qu'on paie assez d'impôts,
26:21mais elle ne le dit pas.
26:22Mais je pense qu'elle le sait et qu'elle le pense.
26:24Mais les gens qui vont chercher leur nourriture du petit matin
26:27pour faire leur petit déjeuner,
26:28ils paient des taxes, ils paient des impôts sur la baguette,
26:30sur le beurre, sur le café, le chocolat, le thé, etc.
26:32C'est très bien.
26:33Et quand même, les gens les plus modestes paient des impôts.
26:35Il ne s'agit pas d'aller taper sur les fortunes les plus riches
26:38ou sur les gens les plus riches.
26:39Mais on se dit que c'est le français moyen qui paie tout le temps.
26:41Ça aussi, ce n'est pas normal.
26:43Et ce n'est pas normal non plus que des gens arrivent en disant
26:46vous avez des droits, vous n'avez jamais cotisé,
26:48vous ne parlez pas le français, vous êtes arrivé il y a dix minutes
26:50et puis vous avez plus de droits.
26:52Plus. Ce n'est pas l'égalité, ça.
26:54C'est la préférence internationale.
26:56Ou c'est la préférence européenne.
26:58Ou c'est la préférence étrangère.
26:59La préférence française, la préférence nationale
27:01étant présentée comme une signature du fascisme.
27:04Je dis mais attendez, je trouve assez juste et normal
27:06que des gens qui ont passé leur vie,
27:08des agriculteurs, des artisans, des commerçants,
27:10des ouvriers, des employés, des marins-pêcheurs, etc.
27:12qui ont passé leur vie à travailler,
27:14qui ont passé leur vie à faire des économies.
27:16Parce que ce n'est pas toujours facile quand vous avez été artisan
27:18de pouvoir dire j'ai cotisé toute ma vie
27:20et puis je n'ai que ça comme retraite.
27:22Donc oui, bien sûr, vous avez fait de l'épargne,
27:24vous avez éventuellement acheté un petit studio
27:26et puis vous allez essayer de louer le studio, ça va vous faire une retraite, etc.
27:28Et d'un seul coup on arrive et on dit qu'ils sont si riches.
27:30Et il faut les taxer, il faut les priver
27:32d'une retraite qu'ils ne pourront pas avoir.
27:35Les retraites aujourd'hui elles sont minables,
27:37elles sont déplorables pour beaucoup de gens.
27:39Donc il y a un moment donné où il faut arrêter de dire
27:41qu'il faut toujours taxer et simplement dire
27:43attendez, on dépense mal.
27:45On dépense de manière inégalitaire dans ce pays
27:47qui ne voit que par l'égalité.
27:49Il y a un moment donné où on se dit mais on n'a pas intérêt
27:51à être un ouvrier, un artisan, un commerçant,
27:53un paysan en France aujourd'hui.
27:55Parce que c'est vous qui prenez tout ça en pleine figure.
27:57On n'a pas intérêt à être un petit qui lui va,
27:59quand il ira chez le boucher, d'ailleurs il n'y va pas, il n'y va plus,
28:01c'est trop cher, ou qui ira dans un magasin
28:03et qui verra une tablette de chocolat,
28:05on en a parlé il y a quelques temps.
28:07De la viande sous antivol, on se dit mais c'est cette société
28:09dont vous dites qu'elle est égalitaire.
28:13Vous allez chercher de l'argent là où il y en aurait,
28:15simplement dire, mais pourquoi distribuez-vous
28:17autant d'argent ? Vous avez vu récemment cette semaine
28:19qu'Emmanuel Macron a donné je ne sais combien
28:21de millions,
28:23peut-être milliards, je ne sais pas,
28:25au Liban. Alors 100 millions.
28:27J'avais peur de donner un faux chiffre.
28:29Je veux bien, mais on aide les pays
28:31algériens, je pense que quand Sark Nafo
28:33l'a fait justement savoir, tout de suite
28:35l'Algérie a dit on fait un procès.
28:37L'Algérie a perdu ce procès.
28:39Nous donnons de l'argent à l'Algérie
28:41pour aider l'Algérie, mais ils sont assis
28:43sur une rente pétrolière
28:45qui est considérable.
28:47Le pétrole, le gaz, ils ont beaucoup d'argent.
28:49On donne de l'argent à la Chine.
28:51Et à un moment donné, on se dit, si nous nous commencions
28:53par regarder où sont les recettes et les dépenses,
28:55les gens font ça très bien quand ils ont un petit budget à la maison.
28:57À un moment donné, on dit, ah non, ça c'est pas possible.
28:59Est-ce qu'on doit pouvoir, par exemple,
29:01financer des guerres internationales ?
29:03Est-ce qu'on peut financer ?
29:05Moi je pense qu'on n'a pas besoin d'aller chercher
29:07des taxes sur les héritages
29:09ou sur les voitures.
29:11Mais ce qui est vrai, c'est que ce qu'on décrit là avec vous,
29:13Michel Longfrais, c'est la paupérisation des classes moyennes.
29:15Il y a 20 ans, on pouvait encore transmettre son patrimoine,
29:17sa petite maison, son petit
29:19pavillon de banlieue à ses enfants. Aujourd'hui,
29:21ce n'est quasiment plus possible. On n'arrive plus à transmettre
29:23dans l'État, taxes étant une taxe
29:25de votre vivant.
29:27Ça, c'est un véritable moteur
29:29pour la colère sociale.
29:31Oui, parce que les gens travaillent aujourd'hui
29:33et ne peuvent pas bénéficier des salaires
29:35qui leur sont versés. Vous avez aujourd'hui des gens qui dorment
29:37dans leur voiture alors qu'ils travaillent.
29:39Jadis, des gens qui dormaient dans leur voiture,
29:41c'était des gens qui avaient tout perdu,
29:43qui étaient à la porte de chez eux. On ne savait pas forcément
29:45pourquoi, comment, etc. Il y avait des raisons
29:47particulières. Aujourd'hui, il n'y a que des raisons
29:49qui sont des petits salaires. Les gens qui disent
29:51mais je ne peux pas. Ou les gens qui ne peuvent pas habiter
29:53dans Paris. Si vous travaillez dans Paris, vous êtes obligés
29:55de faire une heure et demie le matin, une heure et demie le soir
29:57de transport de voiture.
29:59C'est vrai dans d'autres grandes villes. Bordeaux, Lyon.
30:01Bien sûr. Et donc ça,
30:03c'est évidemment pas normal. C'est pas acceptable.
30:05On parle des taxes. Est-ce qu'il faut faire payer ?
30:07Et ça, c'est un sujet qui vous a beaucoup interpellé
30:09Michel Onfray. L'entrée de Notre-Dame
30:11de Paris, lorsqu'elle aura à nouveau
30:13ouvert ses portes le 8 décembre prochain. L'idée est portée
30:15par la ministre de la Culture, Rachida
30:17Dati. Elle entend financer ainsi
30:19la restauration d'autres édifices
30:21religieux. Elle s'inspire du modèle de l'Italie.
30:23Mais c'est absolument refusé
30:25pour l'instant par l'Église de France
30:27qui dit que partout,
30:29l'accès aux édifices religieux
30:31est gratuit. On va juste écouter ce qu'en pensent
30:33les Français sur cette question.
30:35Je crois que vous allez nous surprendre par votre réponse.
30:37Je trouve pas que c'est une bonne idée.
30:39C'est restreindre
30:41la culture, justement. Je pense qu'il y a
30:43des gens qui donnent toujours des bancaires.
30:45Il y a beaucoup de touristes déjà qui donnent.
30:47Je trouve que ça
30:49commence à faire un petit peu beaucoup. En plus,
30:51pour la cathédrale, je crois qu'il y avait suffisamment de moyens
30:53pour la réfection de Notre-Dame.
30:55Après,
30:57c'est comme les impôts. Une fois qu'ils sont créés,
30:59après, ils disparaissent plus.
31:01Ça me choque pas.
31:03Il n'y a plus rien de gratuit désormais.
31:05Comment on fait ?
31:07Il faut bien entretenir. Toutes les rénovations,
31:09le nettoyage, tout le monde est content de voir les belles choses.
31:11Et ça a pris.
31:13Pour moi, ce n'est pas une bonne idée parce que
31:15c'est un patrimoine qui appartient
31:17à tous.
31:19C'est dommage que même
31:21ceux qui n'ont pas forcément les moyens n'aient pas
31:23accès à un monument pareil.
31:25Voilà pour les réactions Michel Onfray des Français.
31:27On est sur CNews et Europe 1.
31:29On est sur cette idée de taxer, pas de faire payer
31:31l'entrée de Notre-Dame de Paris. Pourquoi vous trouvez
31:33que c'est une bonne ou une mauvaise idée ?
31:35On vient de dire qu'effectivement,
31:37l'argent a été dépensé n'importe comment.
31:39Aujourd'hui, vous avez des caisses vides quand il s'agit de dire
31:41d'un point de vue patrimonial
31:43« Monsieur l'État, pourriez-vous nous donner un peu d'argent ? »
31:45Vous direz « Ah non, il n'y a rien du tout ».
31:47Il y a l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité, comme disait Max Weber.
31:49L'éthique de conviction, c'est « j'ai des idées, peu importe le réel ».
31:51L'éthique de responsabilité, c'est de dire
31:53« Le réel, il faut faire avec ».
31:55Moi, je salue l'initiative de Rachida Dati.
31:57Vous trouvez que c'est une bonne idée ?
31:59Oui. Elle est dans l'éthique de responsabilité.
32:01Elle dit « Oui, d'accord, je veux bien, les églises, c'est fait ceci, c'est cela, etc.
32:03Mais comment est-ce qu'on peut partir ? »
32:05Oui, on peut toujours théoriser là-dessus.
32:07Simplement, dans la réalité.
32:09Qu'est-ce qu'on fait quand il y a un clocher qui tombe ?
32:11Qu'est-ce qu'on fait quand il y a des tuiles qui s'envolent ?
32:13Donc oui, après, il y a des gens qui mettent la main à la patte.
32:15Je rappelle quand même que, moi je n'ai pas la mémoire des chiffres,
32:17mais ça a coûté la restauration de Notre-Dame-de-Paris.
32:19C'est considérable.
32:21Mais sûr, des millions d'euros.
32:23Que du privé.
32:25Donc les gens, d'un seul coup, ils sont pour le privé là.
32:27Ils sont contre, mais en même temps, ils sont pour.
32:29C'est-à-dire qu'il y a des gens qui ont donné beaucoup d'argent pour que ça puisse se faire.
32:31Et ça se fait.
32:33C'est presque le denier du culte.
32:35Je ne sais pas si ce n'est que du privé.
32:37Il faudrait vérifier.
32:39Quand j'ai lu ça, ça m'a beaucoup étonné.
32:41Mais je crois que l'État n'a pas donné d'argent.
32:43Enfin, c'est à vérifier.
32:45Le clocher est en train de tomber.
32:47Moi, dans mon village, j'ai trouvé de l'argent privé.
32:49Pour refaire un nouvel clocher.
32:51Non, pas le clocher, mais l'entrée pour resculter le portail roman qui est magnifique.
32:53Et j'ai trouvé des gens formidables qui m'ont aidé.
32:55Et qui m'ont dit, on vous donne un billet de 20 000 euros pour pouvoir faire ce travail.
32:57Et c'est un ami qui est tailleur de pierre dans le village qui va refaire ce travail-là.
32:59Il faut trouver de l'argent.
33:01D'accord.
33:03Mais ça voudrait dire, pour les fidèles, Michel,
33:05qu'on devrait payer pour aller à la messe.
33:07Et ça, ça ne vous paraît pas aberrant ?
33:09Alors après, je pense qu'on peut envisager
33:11qu'il y ait des couloirs.
33:13Ça se fait partout en Europe.
33:15Qu'il y ait des couloirs qui permettent d'aller dans des endroits où vous pourriez prier.
33:17Et puis, il y aurait évidemment des resquilleurs qui diront...
33:19Je veux aller prier.
33:21J'ai bien resquillé, etc.
33:23Non, il y a un moment donné où même Stéphane Bern, avec ce qu'il fait,
33:25je trouve que ça ne devrait pas avoir lieu, Stéphane Bern.
33:27Normalement, l'État devrait subventionner tout ça.
33:29Mais ce qu'il fait est formidable.
33:31Parce qu'il dit, oui, d'accord, éthique de responsabilité.
33:33Faites comme vous voulez.
33:35Moi, je suis dans un endroit, je vois des châteaux qui s'effondrent.
33:37Je veux construire un loto.
33:39Et je vais permettre à des gens de sauver des bâtiments.
33:41Tant mieux, il faut être efficace, il faut être pratique.
33:43Et là, je retrouve la Rachida Dati du départ,
33:45qui m'avait donné l'impression qu'elle serait malrussienne,
33:47comme on dit, c'est-à-dire qu'elle n'inscrivait pas ses pas dans ceux de Malraux,
33:49quand elle a commencé à parler du patrimoine.
33:51Ça fait partie de la culture.
33:53Donc, il n'y a pas que le religieux.
33:55On a beau dire, je défends cette civilisation judéo-chrétienne,
33:57elle a quand même produit des musiciens formidables,
33:59des peintres formidables, des sculpteurs formidables,
34:01des architectes formidables.
34:03C'est-à-dire qu'à un moment donné, quand je vais visiter des édifices,
34:05je ne suis pas gêné par le fait de donner de l'argent,
34:07sachant très bien que ça va permettre de payer des salaires,
34:09de payer des restaurations.
34:11Et puis, à un moment donné,
34:13c'est un geste militant que de donner 5 euros.
34:15Et ça permettrait, selon elle,
34:17de récolter 75 millions d'euros par an
34:19pour permettre la rénovation d'autres églises
34:21en décrépitude dans notre pays.
34:23Parce que ceux qui sont contre ça,
34:25ils sont pour taxer les déjections canines en disant
34:27on va trouver de l'argent qui nous permettra de...
34:29On en revient aux taxes.
34:31On propose quelque chose de concret,
34:33dans la logique du Malraux qui estime que le patrimoine
34:35fait partie de la culture.
34:37C'est pas le patrimoine contre la création contemporaine
34:39et la création contemporaine contre le patrimoine.
34:41C'est la même chose. Et c'est bien que quelqu'un dise
34:43je ne suis pas dans la théorie pure,
34:45je suis dans une pratique et je vous propose
34:47de récupérer X millions.
34:49On est sur CNews et sur Europe 1 avec vous, Michel Onfray.
34:51Vous venez d'évoquer André Malraux.
34:53Évidemment, l'ombre du général plane sur nous.
34:55Nous n'allons pas l'écouter exceptionnellement aujourd'hui.
34:57On l'a écouté il y a très peu de temps.
34:59On va écouter son ministre de la Culture, André Malraux.
35:01C'était en 1959.
35:03Il évoquait la confrontation des cultures.
35:05Écoutez cet archive d'André Malraux.
35:09Dans tout l'Occident, il semblait que la culture
35:11fut un ensemble de connaissances
35:13ou une forme de raffinement.
35:15Mais depuis le début du siècle,
35:17la confrontation des grandes cultures
35:19de l'humanité a fait de la culture
35:21un problème.
35:23Problème dont la solution
35:25un peu schématique serait peut-être
35:27la culture et l'héritage
35:29des œuvres du passé
35:31qui concourtent à la qualité de l'homme
35:33lorsque cette qualité n'est plus fondée
35:35sur la foi.
35:37De ce point de vue, la doctrine
35:39de la Vème République est de rendre présentes
35:41les œuvres les plus hautes de l'humanité
35:43et d'abord de la France
35:45au plus grand nombre possible
35:47de Français.
35:49Formidable discours. Tout est dedans.
35:51Oui, c'est ça l'éducation populaire.
35:53C'est-à-dire que vous avez eu
35:55un Malraux qui a dit que la culture est là
35:57et le peuple est là et on va monter
35:59le peuple et la culture.
36:01C'est de l'éducation populaire.
36:03Vous êtes capables d'aimer des choses compliquées.
36:05Quand on a donné une télévision à mes parents
36:07et que c'est arrivé à la maison,
36:09c'était les perses d'échille
36:11qui étaient présentées à 20h30.
36:13Mon père a dit que c'était spécial.
36:15C'était la conception du général De Gaulle.
36:17La doctrine de la Vème République.
36:19Et puis la gauche, c'est Jacques Lang.
36:21C'est-à-dire que le peuple est là,
36:23la culture est là,
36:25on va baisser la culture jusqu'à vous.
36:27Ne faites pas d'efforts.
36:29Et si vous aimez la bande dessinée,
36:31ne vous inquiétez pas, ça s'appelle de la culture.
36:33Si vous aimez tel ou tel chanteur de charme,
36:35ne vous inquiétez pas, c'est de la culture.
36:37Vous n'avez pas besoin d'aller chercher
36:39Dutilleux, Boulez ou ces musiciens contemporains
36:41un peu compliqués.
36:43Mais si vous aimez tel ou tel chanteur,
36:45ça fera l'affaire, ce sera aussi de la culture.
36:47Vous aimez cuisiner, c'est formidable.
36:49Le couscous, c'est culturel.
36:51Quelqu'un qui écrirait
36:53les noces de Figaro, c'est à peu près la même chose.
36:55Marc Fumaroli avait d'ailleurs
36:57attaqué ce qu'il avait appelé l'état culturel français.
36:59Et il avait bien raison.
37:01Moi je crois, c'est la gauche aussi ça,
37:03à l'éducation populaire.
37:05J'ai fait une université populaire pendant tant d'années
37:07justement pour cette raison, en disant
37:09le peuple est capable de comprendre des plus belles choses si on l'initie.
37:11Vous n'étiez pas nés,
37:13mais moi j'ai souvenir de cette télévision,
37:15on avait un Marcel Bluval, réalisateur extraordinaire,
37:17qui mettait en scène le Don Juan de Molière,
37:19texte formidable,
37:21avec Michel Piccoli,
37:23dans le rôle-titre, et avec
37:25des acteurs extraordinaires.
37:27C'était compréhensible,
37:29Don Juan n'était pas tout nu sur son cheval,
37:31Scannarell n'était pas à quatre pattes
37:33avec une plume dans le derrière, et on avait un respect du texte
37:35et les gens n'avaient pas l'impression qu'il y avait une métrique
37:37parce que c'était fluide, c'était beau,
37:39il y avait Claude Brasseur dans ces choses-là.
37:41Et il y avait plein de gens comme Santelli,
37:43Barma, qui étaient des communistes à l'époque,
37:45et Général De Gaulle dit, moi ça m'est égal qu'ils soient communistes.
37:47Ils mettent à disposition du plus grand nombre
37:49les chefs-d'oeuvre de l'humanité, notamment les chefs-d'oeuvre
37:51de la culture française.
37:53Mais en réalité, c'est exactement ce que dit Rachida Dati,
37:55elle dit qu'il faut que cette culture-là soit
37:57accessible au peuple, et il faut élever
37:59le peuple français. On parle
38:01évidemment de culture, d'édition
38:03aussi, ça, ça vous a marqué.
38:05Les Français lisent de moins en moins,
38:07le nombre de livres vendus dans notre pays
38:09est en baisse de 3%, ça inquiète évidemment
38:11les libraires qui sont le poumon vivant de la littérature.
38:13Est-ce que le livre est en train
38:15de mourir pour vous, Michel?
38:17Est-ce qu'il y a un risque?
38:19Oui, c'est visible, je le dis avec
38:21mon vieil ami Denis Mollin, enfin vieil ami,
38:23non pas qu'il soit vieux, mais c'est notre amitié qui est vieille,
38:25et je le salue, qui est le plus grand libraire
38:27de Bordeaux, et je dis ça depuis très longtemps,
38:29et Denis, il est optimiste, il me dit,
38:31non, ça marche très bien, le livre, etc.
38:33Il y a quelque temps, il me dit, je grinque, vous ayez vraiment raison.
38:35Vous savez, les meilleures ventes de livres,
38:37c'est Astérix, la plupart du temps.
38:39Ce sont les mangas. Les BD.
38:41Astérix, ce n'est pas le manga, Michel.
38:43Vous avez raison.
38:45Vous ajoutez les livres
38:47de bien-être personnel,
38:49les gens qui ont rencontré,
38:51je ne sais pas quoi, la Sainte Vierge qui leur a parlé
38:53et qui leur a parlé de Bouddha en leur disant
38:55que si on portait telle couleur de pierre,
38:57on allait être sauvés et qu'on soignait le cancer de cette manière-là.
38:59Tout ça, ça marche très bien.
39:01Les tables qui tournent, les esprits qui parlent,
39:03ce sont des objets, mais l'objet ne fait pas
39:05le livre. C'est au-delà de ça.
39:07Qui est capable aujourd'hui d'accéder
39:09à la culture classique, puisque ces gens,
39:11cette jeunesse qui arrive sur le marché,
39:13nous parlions de l'inculture des jeunes qui aujourd'hui disent
39:15Palestine, Palestine, etc., ou les gays pour la Palestine.
39:17On leur dit juste
39:19vous savez un petit peu ce qu'est
39:21la civilisation arabe, la civilisation
39:23arabo-musulmane, c'en est une,
39:25et il faut qu'on puisse l'expliquer.
39:27Qui aujourd'hui, quel jeune de 20 ans,
39:29sauf s'il y a derrière les parents et une famille,
39:31est capable de lire La Recherche du Temps Perdu ?
39:33Qui est capable d'écouter la tétralogie
39:35de Wagner si vous n'avez pas été initié ?
39:37Et c'est ça, l'éducation populaire.
39:39Il faut que n'importe qui accède
39:41à la tétralogie de Wagner, parce qu'on va vous l'expliquer,
39:43parce qu'on va vous la raconter.
39:45Et c'est le livre qui rendait ça possible.
39:47On peut retenir une heure là-dessus.
39:49Je sais que vous êtes intéressable sur le sujet.
39:51C'est la présentation
39:53d'un déplacement dans le temps.
39:55Vous avez l'objet, et quand vous tournez les pages,
39:57vous savez que le passé est là, le présent est là, le futur est là,
39:59qu'il a cette massivité, alors que
40:01quand vous êtes sur une tablette,
40:03vous avez un instant,
40:05un pur présent lumineux, ça s'efface et ça disparaît.
40:07Puis après, vous avez, à côté des livres,
40:09d'autres livres, ce qu'on appelait jadis des bibliothèques.
40:11Michel Onfray, ça nous amène au niveau aussi
40:13de culture et d'écriture des étudiants.
40:15On va écouter une professeure,
40:17elle s'appelle Aude Deniso, elle a été interrogée par nos confrères du Figaro.
40:19Elle estime que nous allons droit
40:21dans le mur, nos étudiants ne savent plus
40:23écrire. Écoutez ce qu'elle dit.
40:25Ces étudiants, ils sont
40:27handicapés dans leurs apprentissages.
40:29Ils peinent à mémoriser,
40:31ils peinent à comprendre
40:33parfois, parce qu'ils n'ont pas le
40:35vocabulaire nécessaire. Et puis,
40:37ils vont peiner à écrire, à la fois
40:39du point de vue moteur,
40:41ils ne tiennent pas correctement leur stylo,
40:43ils écrivent beaucoup trop lentement,
40:45ce qui donne des copies trop courtes,
40:47mal écrites, et donc,
40:49eh bien, des notes qui ne correspondent
40:51souvent pas du tout
40:53au travail qu'ils fournissent
40:55à la maison et à l'université.
40:57Voilà, des étudiants handicapés,
40:59parce qu'ils n'écrivent pas bien, ils ne peinent même pas bien
41:01leur stylo, Michel Onfray. Mais je vois ça de temps
41:03en temps à la télévision, vous savez, quand il y a les marronniers,
41:05les rentrées scolaires ou les questions scolaires,
41:07on a toujours des images d'archives, on fait voir des enfants
41:09qui tiennent leur stylo comme s'ils étaient
41:11un bâton qu'ils avaient récupéré
41:13par terre, alors qu'il faut évidemment tenir,
41:15ça s'apprend si personne ne leur dit.
41:17Les enfants sont victimes,
41:19de gens qui leur ont dit, depuis 40 ans,
41:2150 ans, plus besoin de chronologie,
41:23plus besoin d'apprentissage,
41:25l'orthographe et la science des imbéciles,
41:27après tout, ça sert à quoi,
41:29si vous ne savez pas E, T,
41:31E, S, T, qu'est-ce que ça veut bien dire,
41:33qu'est-ce que ça peut bien vous faire, puisque finalement, c'est compréhensible.
41:35Moi, je me souviens, jadis, que
41:37une compagne qui est aujourd'hui décédée,
41:39corrigeait le certificat d'études
41:41et qu'on tolérait herbes sans H,
41:43en disant que ce n'était pas très grave.
41:45Dans un examen, on commençait à dire
41:47effectivement que les fautes d'orthographe n'étaient pas très graves,
41:49de manière officielle.
41:51Donc, évidemment, il y a un moment donné où, quand vous n'apprenez plus
41:53ni à lire, ni à écrire, ni à composer,
41:55mon père qui était ouvrier agricole, à 13 ans, il a quitté l'école,
41:57il avait une orthographe parfaite.
41:59Il connaissait les accords, il connaissait un certain nombre de choses,
42:01parce que ça s'apprend.
42:03Et si vous avez des parents qui apprennent à leurs enfants,
42:05les enfants sauront lire, écrire, compter,
42:07ils aimeront le livre, ils aimeront la musique,
42:09ils aimeront la peinture,
42:11mais c'est la reproduction sociale, et Bourdieu avait raison de le dire.
42:13Si l'école, moi je suis un produit de l'école républicaine,
42:15si l'école ne permet pas
42:17à des enfants d'origine modeste
42:19d'accéder aux chefs-d'œuvre de la culture,
42:21donc au savoir, donc à la pensée,
42:23donc aux informations qui permettront de dire des choses
42:25juste sur Israël, sur la Palestine,
42:27sur ce qui se passe actuellement aujourd'hui,
42:29parce que ce serait documenté avec du savoir.
42:31Si les choses ne sont pas documentées avec du savoir,
42:33vous êtes dans l'opinion, et c'est la pire des choses.
42:35Et il y a l'intelligence artificielle au milieu de tout ça,
42:37l'éruption de l'intelligence artificielle
42:39qui maintenant est dans toute notre vie quotidienne.
42:41Je vais vous faire écouter un petit extrait,
42:43on l'a entendu juste dans le petit journal
42:45qui a précédé notre émission.
42:47Le premier concert fait par un robot
42:49violoncelle lisse, ça s'est fait
42:51à Malmö, en Suède,
42:53un orchestre symphonique a joué aux côtés
42:55d'un robot violoncelle lisse. Je ne sais pas si on peut
42:57écouter 10 secondes juste
42:59de ce concert.
43:01Écoutons ce petit concert.
43:15Voilà mes chers, moi qui connais un peu
43:17la musique classique, je peux vous dire que ce n'est pas terrible du tout,
43:19que c'est très plat et très linéaire.
43:21Qu'est-ce que ça vous inspire ce robot
43:23dirigé par un chef d'orchestre et un orchestre symphonique ?
43:25D'abord, c'est de la soupe cette musique.
43:27C'est de la soupe, on est entièrement d'accord.
43:29Non, la musique, de toute façon, on l'interprète.
43:31Non, mais si ce n'était pas Ganini, on verrait ce que peut la machine.
43:33C'est-à-dire que s'il s'agit de tirer
43:35le crâne cheval, il n'y a aucun problème.
43:37Alors ce que je trouve très drôle, c'est que vous ayez
43:39une chef d'orchestre. Normalement, le chef d'orchestre
43:41donne un certain nombre d'informations
43:43et l'information permet à une quinzaine,
43:45une vingtaine, une centaine de personnes
43:47de jouer correctement ensemble.
43:49Qu'est-ce qu'elle fait la machine quand le chef d'orchestre
43:51dit « plus vite, moins vite » ou « attendez ceci » ?
43:53C'est n'importe quoi.
43:55C'est une espèce de performance intellectuelle.
43:57Mais en même temps, vous dites que c'est la première fois
43:59qu'une machine joue comme ça. Moi, ça fait vingt ans
44:01que j'entends des musiciens qui jouent comme ça.
44:03C'est-à-dire que vous achetez des disques
44:05et vous avez des jolies filles.
44:07Ce n'est pas l'intelligence artificielle.
44:09Oui, ce n'est même pas l'intelligence naturelle.
44:11Vous avez juste des jolies femmes
44:13et d'un seul coup, on les voit pieds nus, on les voit demi-nus,
44:15on les voit avec des loups,
44:17on les voit dans des situations...
44:19Qu'est-ce que ça a à voir avec la musique ?
44:21Jadis, quand j'écoutais...
44:23Il y avait une émission de musique qui s'appelait
44:25« La tribune des critiques de disques »
44:27où on écoutait des émissions, des pièces
44:29qui étaient jouées par Bachin, Bidule, Hintel, etc.
44:31Et on se disait « mais on ne sait pas qui est le pianiste ».
44:33Mais il y avait des interprétations,
44:35il y avait de la subjectivité, il y avait une façon de jouer.
44:37Aujourd'hui, quand vous allez à Bayreuth,
44:39un même opéra pouvait, par exemple, faire 45 minutes
44:41de plus ou de moins suivant la battue
44:43par exemple, ou d'un Sabalich ou qui l'on voudra.
44:45Mais aujourd'hui, vous avez une espèce
44:47de jeu qui ressemble à ça
44:49chez des gens qui sont des purs produits,
44:51des produits qu'on met en avant
44:53et après ces produits disparaissent.
44:55Il y a 20 ans, vous aviez des vedettes
44:57et ces vedettes ont disparu.
44:59Pourtant, ils étaient des gens très honorables.
45:01Simplement, ça a manqué.
45:03Vous aviez des Maurizio Pollini,
45:05vous aviez des Glenn Gould,
45:07vous aviez des Richter qui avaient des façons de jouer.
45:09On se dit « le toucher de Richter,
45:11c'est quand même pas la même chose que celui
45:13de Frederic Brendel par exemple. »
45:15Il y a le côté tactile.
45:17Les doigts sur l'instrument,
45:19la machine ne peut absolument pas se déplacer.
45:21Je ne serais pas d'accord avec vous.
45:23Jamais la machine n'y arrivera pas.
45:25Je dirais pire,
45:27je dirais que la machine fera mieux que les hommes
45:29quand on réussira à plaquer du mécanique
45:31sur du vivant. Vous savez que c'est la définition
45:33du comique chez Bergson.
45:35Le rire, c'est du mécanique plaqué sur du vivant.
45:37Quand on commencera à faire jouer des machines
45:39qui seront branchées sur des cerveaux
45:41ou avec des ordinateurs qui eux-mêmes,
45:43des ordinateurs quantiques, auront des cellules
45:45neuronales.
45:47Mon Dieu, ce monde
45:49qui nous attend. Espérons encore
45:51qu'il y ait encore de grands musiciens
45:53pour nous enchanter.
45:55Ils joueront comme des génies.
45:57Merci beaucoup Michel Onfray pour cette très bonne émission.
45:59Très belle émission de face
46:01à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
46:03On se retrouve bien entendu la semaine prochaine.
46:05Frais et dispo pour toute l'actualité
46:07qui est palpitante.
46:09Merci à vous et bonne journée à vous sur nos deux antennes.