Avec Bernard Cerquiglini, linguiste, professeur émérite de l'Université de Paris, membre de l'Académie royale de Belgique, vice-président de la Fondation des Alliances Françaises ; Dora Moutot et Marguerite Stern, co-autrices de "Transmania. Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre" publié aux éditions Magnus ; Jean Lucat, ancien parachutiste du 8e RPIMA et ancien agent à la DST en 1972, au contre-espionnage. Auteur de "Un rebelle à la DST, 15 ans d'affaires sensibles publié aux éditions Plon.
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00:00:00 Aper, la marque de vêtements qui respecte votre identité, en vente exclusive sur aper-mod.com, présente
00:00:08 Sud Radio, Bercov dans tous ses états
00:00:13 Nous sommes en guerre
00:00:15 C'est une esthétique de nuit même, c'est à peu près ta sourire mais c'est aussi l'ingérence du Kremlin
00:00:23 Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con
00:00:30 Nous sommes en guerre
00:00:31 Errer, nous le resterons en guerre, en tout cas pour le moment, hélas, hélas
00:00:39 Et nous sommes en guerre à tout niveau, même au niveau des chiffres et des lettres
00:00:43 Comment les chiffres et les lettres ? Oui, cette émission a commencé en 1965, l'ORTF, elle s'arrête
00:00:50 Après tout, nous autres, émission, nous savons que nous sommes mortels mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:00:57 On va en parler avec Bernard Serkidini, professeur de l'université de Paris, membre de l'académie royale de Belgique
00:01:03 et linguiste, amoureux de la langue
00:01:06 Et pourquoi, effectivement, et combien d'émissions restent là-dessus ?
00:01:12 Et puis on va parler d'un livre, nous l'avions reçu il y a 15 jours, il y a deux semaines très exactement
00:01:18 à Berkhoff, dans tous ses états, et ça a été absolument le tsunami de réactions
00:01:24 Transmania, l'essai de Dora Mouton et de Marguerite Stern fait beaucoup, beaucoup de bruit
00:01:30 et pas seulement, et alors, ça provoque des réactions mais tous azimuts
00:01:34 Il y a eu encore des manifestations hier, pas seulement sur le livre mais sur le projet de loi, de DLR, etc
00:01:41 Qu'est-ce qui se passe sur le plan LGBTQI, transphobie, disent les uns, absolument pas, disent les autres, scandale d'état
00:01:51 On en parle avec Dora Mouton et Marguerite Stern, Transmania
00:01:56 Et puis évidemment, les perles, les perles Valérie Hayé, magnifique
00:02:01 Elle se surpasse en ce moment et elle a raison
00:02:04 Et puis, les Restos du Coeur, est-ce que c'est encore le coeur quand on entend qu'une certaine colombe a été évincée bénévole
00:02:14 Le Restos du Coeur a été évincée
00:02:16 Et puis le reste, évidemment, la galerie des glaces, toute Versailles, après le Louvre, après etc
00:02:22 Allez, on jette, on pollue les endroits au nom de la sûreté et de la protection de la planète
00:02:31 Et enfin, en dernière partie d'émission, nous allons recevoir Jean-Lucas, un rebelle à la DST
00:02:37 15 ans de protection de sécurité du territoire, avec des histoires quand même assez croquignolesques
00:02:45 C'est le moins que l'on puisse dire
00:02:47 Attachez vos ceintures, on part !
00:02:49 Sud Radio, parlons vrai
00:02:51 Sud Radio, parlons vrai
00:02:53 Parlons vrai
00:02:55 Appair, la marque de vêtements qui respecte votre identité, en vente exclusive sur appair-mod.com, présente
00:03:03 Ici Sud Radio
00:03:07 Les Français parlent au français
00:03:11 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:03:15 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:03:17 Sud Radio Bercov, dans tous ses états
00:03:22 Et les chiffres sont-ils dans tous leurs états et les lettres sont-elles dans tous leurs états ?
00:03:27 On en parle des chiffres, si ce n'est pas pour les trafiquer, on en parle des lettres, si ce n'est pas pour en fumer
00:03:33 Des chiffres et des lettres, ça traduit quoi ? On en parle
00:03:38 Sud Radio Bercov, dans tous ses états
00:03:43 Qui d'entre vous n'a pas entendu ce générique ? Pendant les années 80, c'était ça, c'était le générique de l'une des émissions les plus populaires de la télévision française, des chiffres et des lettres
00:03:55 Je rappelle d'ailleurs, c'est très intéressant, c'est le plus ancien jeu télévisé de France
00:04:00 Il est né en 1965, ça veut dire presque 60 ans, ORTF, année de l'ORTF
00:04:10 Et puis aujourd'hui, il disparaît, bon, et bien écoutez, les êtres naissent et meurent, et les émissions aussi
00:04:19 Simplement, on peut se demander si cette émission qui parlait effectivement de chiffres et de lettres, comme son nom l'indique
00:04:29 Et qui parlait aussi d'orthographe, bien sûr, puisqu'il fallait, quand on choisissait les mots, les orthographer selon le Larousse, le divin Larousse
00:04:38 Et puis le petit Robert, et puis tous les autres
00:04:40 Bernard Cerchilini, bonjour
00:04:42 Bonjour
00:04:44 Bonjour, vous êtes professeur à l'université de Paris, professeur émérite, vous êtes membre de la commune royale
00:04:49 Et surtout, vous êtes linguiste, on vous avait reçu pour ce livre merveilleux avec Eric Orsenna
00:04:55 Sur justement les mots émigrés, les mots émissaires, etc
00:05:00 Et je crois que vous avez, Bernard Cerchilini, il faut le rappeler, l'une des dernières émissions, sinon la dernière, à la télévision française
00:05:09 Ou à la télévision, oui, à la télévision française, sur TV5
00:05:12 Eh bien écoutez, je crains de faire la dernière émission consacrée à la langue française dans la télévision publique
00:05:19 Pas française dans l'occurrence, mais francophone, puisqu'il s'agit de TV5 Monde
00:05:24 Une émission quotidienne de deux minutes intitulée "Merci professeur, je réponds à des questions d'orthographe, de langue, de lexique, ainsi de suite"
00:05:33 Eh bien écoutez, voilà, vous êtes le dernier des Mohicans, c'est bien, j'espère que vous le serez encore longtemps
00:05:38 Mais dites-moi, qu'est-ce que ça traduit, au-delà des... c'est l'histoire des chiffres et des lettres
00:05:42 Moi, ce qui m'a absolument étonné, et d'ailleurs je ne suis pas le seul, c'est qu'on se dit "mais il n'y a plus les télévisions françaises"
00:05:49 Il y a la télévision de service public, on parle de service public, il n'y aurait pas de la place pour une émission parlant d'orthographe et de mots
00:06:00 Qu'est-ce que vous en pensez, qu'est-ce que ça vous aille sentir ?
00:06:03 Écoutez, bien sûr qu'il y a de la place pour une émission, mais j'ajouterais qu'il doit y avoir une émission
00:06:11 Regardez, 60 ans de succès pour une émission consacrée à ce qu'on appelait sous Jules Ferry, lire, écrire, les lettres, compter, les chiffres
00:06:24 60 ans d'émission liée à l'enseignement de base de ce que nous avons acquis à l'école
00:06:32 60 ans d'émission consacrée à ce qui nous fonde et nous unit, c'est-à-dire la langue française
00:06:38 60 ans de jeu sur le mot, sur l'orthographe, cela traduit le rôle de la langue dans notre nation, dans notre façon d'être ensemble
00:06:51 et surtout l'amour de la langue, il faut qu'il y ait des émissions sur la langue française
00:06:56 et la preuve, je dis ça sans vanité, elles ont beaucoup de succès, elles durent longtemps
00:07:02 la mienne a 15 ans et j'arrive au nombre de 1730 émissions, elles ont une vie
00:07:11 Et oui, elles ont une vie, on voit bien, et ce qui est étonnant, c'est qu'on a pas, alors on a dit oui, c'est passé pendant des années, elle était quotidienne
00:07:21 ensuite c'est passé le week-end, ensuite on dit, alors on voit bien le directeur des programmes, un peu gêné, oui c'est triste, mais qu'est-ce que vous voulez, ça ne rencontrait pas l'audience
00:07:30 Mais une chose quand même Bernard Sarkilini, il faut quand même rappeler que le service public que nous subventionnons par nos impôts, etc
00:07:39 c'est justement pour dire, nous échappons à la tyrannie, enfin la tyrannie, en tout cas à la priorité de l'audience
00:07:47 c'est un service public, et qu'est-ce qui est plus service public que l'apprentissage de l'orthographe, que la connaissance de la langue et de l'orthographe, comme vous dites
00:07:56 on a tous joué au Scrabble, et on continue à jouer au Scrabble, c'est un peu ça aussi, et comment vous expliquez quand même cette espèce de souci général
00:08:05 il n'y a pas quand même qu'à la télévision, on voit très très bien, on en parle, du pédagogisme, de la diminution si vous voulez, de la connaissance des mots
00:08:14 on dit maintenant c'est devenu presque basique, alors n'exagérons pas, mais quand même, il y a incontestablement une espèce de, je dirais pas d'effondrement
00:08:22 mais de réduction, de givaroisation des mots, ça traduit quoi selon vous ?
00:08:28 - Alors il y a deux choses, d'abord, répondre à la demande c'est faire du commerce, éclairer la demande c'est le rôle du service public
00:08:38 et donc le service public doit proposer des émissions, en ce qui me concerne je rends hommage à Jean-Jacques Ayagon
00:08:44 qui à l'époque était le PDG de TV5 France, qui m'a reçu un jour et qui m'a dit "il faut qu'il y ait sur TV5 une émission de langue française, tu as l'affaire"
00:08:55 bon, ben d'accord, donc il faut, service public, or étant donné le rôle de la langue dans notre société, dans notre nation
00:09:04 étant donné les besoins d'orthographe, et là je réponds à la deuxième partie de votre intervention
00:09:09 il y a en effet moins de respect de l'orthographe, c'est clair, mais toujours autant de besoins
00:09:18 cher André, on n'a jamais autant écrit le français depuis qu'il s'est détaché du latin au 9ème siècle
00:09:25 on n'a jamais autant besoin de lire et écrire, au 19ème siècle on a appris à lire et écrire à tous les petits français
00:09:32 mais tous les petits français n'utilisaient pas l'écrit, tout le monde maintenant doit écrire, doit
00:09:39 - Oui, et non seulement cela, on écrit beaucoup de mails aujourd'hui, on parle des nouvelles technologies, on parle d'internet, etc.
00:09:46 et les mails, il vaut mieux, même dans les mails, ne pas faire de faute d'orthographe, c'est parce que, effectivement, ça travestit
00:09:54 justement, dans ma question il y avait aussi ça, Bernard Sarkilini, est-ce qu'il n'y a pas quand même, justement, est-ce que ça ne traduit pas
00:10:02 le fait qu'il n'ait pas songé à la remplacer, qu'on ne songe pas aujourd'hui à faire autre chose, d'ailleurs, dans les télévisions de service public
00:10:08 et même ailleurs, qu'il n'y ait pas cette espèce de bagarre, de lutte pour la langue française, encore une fois
00:10:17 on a l'impression que, je ne dis pas qu'on a abandonné le terrain, mais que, quand même, ce n'est pas la priorité, donc, voilà.
00:10:26 - Alors, d'abord, la défense de la langue paraît ringarde.
00:10:33 - Ah oui, c'est fou ça. Mais d'où ça vient ça, Bernard, d'où ça vient que la défense du français, de la langue française paraît ringarde ?
00:10:43 D'où ça vient ça, à votre avis ?
00:10:47 - Il n'y a pas d'adraison. Certains font les yeux doux à l'atlantisme et à l'anglo-américain.
00:10:54 Aussi, disons que peut-être qu'elle a été défendue de façon un peu traditionnelle, un peu puriste, cette langue, oui, ce que je veux dire.
00:11:02 On ne va pas défendre le français avec bijoux choux cailloux, je crois, personnellement, d'ailleurs, je suis, par exemple, pour la simplification de l'entrevue,
00:11:11 on va mettre un S à bijoux choux cailloux et puis on fait gagner du temps aux enfants. Il y a ça, il y a ça.
00:11:18 Et en fait, or, et j'y reviens, il faut enseigner l'orthographe. L'orthographe peut être survalorisée socialement, mais c'est un fait.
00:11:27 Il faut l'enseigner. Or, l'orthographe française est complexe. Pour des raisons historiques, elle est complexe, on ne la changera pas.
00:11:34 Il y a beaucoup d'homonymes en français et d'homophones qu'il faut distinguer, et ainsi de suite.
00:11:40 Donc, le service public, par son école publique, par sa télévision et sa radio, doivent aider à l'enseignement, un enseignement plus intelligent,
00:11:49 mais ils doivent aider à l'enseignement de l'orthographe. Vous voyez, c'est important. On ne fera pas une simplification phonétique de l'orthographe.
00:11:57 On va la maintenir telle qu'elle est pour des tas de raisons. On peut la régler à la limite, mais il faut continuer à enseigner.
00:12:03 Or, il se trouve que, il y a bien longtemps, j'ai dirigé l'enseignement primaire et j'ai donc rédigé les programmes pour mon ministre,
00:12:10 qui était Jean-Pierre Chevènement à l'époque. J'ai bien vu que par rapport à l'école de Jules Perri, on enseigne beaucoup d'autres choses à l'école.
00:12:18 C'est bien. La technologie, l'informatique... Et donc, la part laissée à l'orthographe a été réduite.
00:12:25 Donc, il faut bien, d'une part, un enseignement encore plus intelligent, et je rends hommage aux maîtres et aux maîtresses,
00:12:32 et d'autre part, d'autres voix. D'autres voix, il faudrait...
00:12:36 - Mais les autres voix, Bernard Sarkilini, c'est bien ça. Les autres voix, ce serait, justement, comme la vôtre, mais aussi comme "Les Chiffres et les Lettres",
00:12:45 une bonne émission à la télévision qui parlerait, qui ferait aimer et encourager la langue et l'orthographe.
00:12:51 - Je vous remercie, mais j'ai fait beaucoup d'émissions sur l'accord du participe passé. Avec le sourire, j'ai fait une émission intitulée "Les femmes qui se sont succédées se sont souvent haïes",
00:13:03 j'ai l'accord avec le pronomino, on peut, avec le sourire, expliquer ces points qui sont importants et qui sont délicats.
00:13:11 Et donc, c'est vraiment... La République, pour l'angle français, elle a pour mission d'enseigner le français.
00:13:18 Le français, c'est ce qui fait la France, disait Michelet, elle doit utiliser tous les moyens, un enseignement plus rationnel, l'école, bien sûr, l'école,
00:13:27 et on a cessé de grignoter le nombre d'heures consacrées aux français, je le regrette, et puis d'autres voix.
00:13:35 Et l'audiovisuel est fondamental. On peut faire des émissions plaisantes, agréables, pleines d'agrément, qui enseignent l'orthographe grammaticale.
00:13:46 Les accords, par exemple, c'est fondamental, distinguer l'infinitif du participe passé, vous devez le faire, sinon vos textes sont incompréhensibles.
00:13:55 - Bien sûr. Et c'est pour ça que vraiment, vraiment, que le service public y pense, il y a beaucoup de choses à faire là-dessus,
00:14:02 et j'aimerais que si je dis "Ariane, ma sœur, de quel amour blessée, vous mourûtes au bord où vous fûtes laissée",
00:14:10 eh bien que l'orthographe de laissée soit enseignée. Eh oui, eh oui. Merci Bernard, c'est le cas de l'audi. Merci Bernard Cerchilini.
00:14:20 Et à très bientôt. Merci. - Merci beaucoup.
00:14:25 Merci beaucoup Bernard Cerchilini pour être revenu sur la fin des Chiffres et des Lettres,
00:14:30 et restez bien avec nous car tout de suite nous recevons Doramouto et Marguerite Stern pour évoquer leur livre "Transmania".
00:14:37 A tout de suite sur Sud Radio.
00:14:40 Sud Radio Bercov dans tous ses états. Appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
00:14:46 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
00:15:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:15:04 Il y a exactement deux semaines, lundi, nous recevions Doramouto et Marguerite Stern pour leur essai "Transmania".
00:15:14 Nous avions consacré une heure à cet essai qui est paru aux éditions Magnus et qui contenait beaucoup de choses intéressantes.
00:15:24 En tout cas, on était heureux et on est toujours de les recevoir.
00:15:29 Mamma mia, le tsunami ! Ça sort et puis ça y est, c'est le volcan, c'est l'explosion.
00:15:38 J'ai envoyé à l'une d'entre vous en disant "de toute façon vous avez gagné" parce qu'on en parle.
00:15:43 Et vous le savez très bien, l'adage "qu'on en parle mal, qu'on en parle bien", on en parle.
00:15:47 Sauf quand il y a des menaces, quand il y a de la violence, quand il y a des choses comme ça.
00:15:53 Ça ne va plus, la liberté d'expression, ce n'est pas un match où on donne des lions à manger aux chrétiens ou des chrétiens à manger aux lions.
00:16:01 C'est pas ça, c'est la discussion. La moindre des choses, vous n'êtes pas d'accord, vous discutez.
00:16:06 On en parle tout de suite.
00:16:07 Mais on est en 2024 et en 2024, ce n'est plus le problème.
00:16:20 En tout cas, c'est le problème. Qu'est-ce que c'est qu'une femme ? Qu'est-ce que c'est qu'un homme ? Qu'est-ce que c'est qu'un trans ?
00:16:25 Et bien voilà, il y a eu donc ce livre, il y a des projets de loi qui sont déposés, il y a énormément de choses.
00:16:30 On va en parler avec Dora Mouto et Marguerite Stern parce que ce livre a mis entre autres le feu aux poudres.
00:16:38 Vous dites "le feu aux poudres", mais comment ?
00:16:40 Et bien écoutez ce qui s'est passé hier, il y a eu des dizaines de manifestations contre la transphobie.
00:16:47 Pas Transmania, Transmania ce n'est pas un livre transphobe, elles en parleront, mais il y a eu ceci, écoutez.
00:16:56 Leur but, c'est de génocider les personnes trans.
00:16:58 De plus en plus, on a une offensive anti-trans qui est en train de se faire partout dans le pays.
00:17:03 A l'Assemblée Nationale, au Sénat, on a des textes de loi qui sont amenés, des textes de loi qui vont probablement et peut-être être votés.
00:17:10 On a une culture anti-trans qui est en train de se mettre en place en France avec des livres, avec des personnes qui font pression, avec des groupes de pression qui sont en place absolument partout.
00:17:18 Ce rapport prépare et même de punir les médecins qui aideraient les personnes trans mineures à faire des transitions.
00:17:25 Ce rapport demande aussi le rétablissement des thérapies de conversion pour les personnes trans en France.
00:17:30 C'est un contexte fascisant qui fait que, même s'ils s'attaquent à des minorités, pour le moment ça va devenir de plus en plus grand
00:17:38 et on va avoir un contexte de plus en plus radical qui va ne plus laisser la place à personne.
00:17:43 Alors, avec des livres, contexte fascisant, Dora Mouto, Marguerite Stern, vous contribuez à quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Racontez-nous.
00:17:55 Alors, ce qui s'est passé, c'est que depuis la sortie du livre, il y a beaucoup, beaucoup de réactions du monde trans et du monde institutionnel aussi.
00:18:06 Quand on a eu des publicités dans Paris, les publicités ont été décrochées par J.C.Deco qui a reçu un ordre de la mairie de Paris.
00:18:16 Ensuite, nous donnons une conférence demain à Assas et il y a Yann Brossat...
00:18:21 Demain mardi, c'est ça ? Demain mardi ?
00:18:23 Oui, enfin, demain, non, ce soir en fait. En fait, c'est ce soir.
00:18:26 Ce soir, oui d'accord. Voilà. Lundi, à Panthéon-Assas, absolument.
00:18:30 Exactement, ce soir en fait. Et il y a Yann Brossat et certains autres de son clan communiste qui ont demandé au préfet de Paris de faire annuler la conférence.
00:18:41 Et puis, par-dessus le marché, hier, il y a eu des manifestations dans plusieurs villes de France contre ce qu'ils appellent l'offensive anti-trans,
00:18:50 mais en réalité c'était contre notre livre et contre le projet de loi des Républicains pour faire bloquer les transitions des enfants.
00:18:57 Alors justement, d'ailleurs on a entendu Doramouto Fondurin à Strasbourg, on vous donnait un Marguerite Stern, j'imagine aussi qu'on veut vous noyer un peu.
00:19:07 Alors, Marguerite Stern, qu'est-ce qui se passe en fait ? Parce que, il y a une espèce de réaction qui consiste à dire que votre livre est transphobe.
00:19:17 Or, est-ce que votre livre est transphobe ?
00:19:20 Non, notre livre n'est pas du tout transphobe. En fait, il se trouve que ces militants, actuellement, disent que tout est transphobe.
00:19:29 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, dès que vous avez le malheur de dire que les femmes sont des femelles et que les hommes sont des mâles, on vous dit que vous êtes transphobe.
00:19:36 Donc c'est sûr qu'à partir de ce postulat, ils considèrent que notre livre est transphobe.
00:19:40 Notre livre n'est pas transphobe, il n'y a aucun appel à la haine, aucune menace, aucune insulte, aucune violence à l'encontre des personnes trans.
00:19:48 Bien au contraire, ce sont des personnes qu'on a essayé de comprendre vraiment.
00:19:53 On a essayé d'analyser les raisons de leur transition. On décortique tout ça, on décortique aussi, et c'est ce qui ne plaît pas du tout, tout le système.
00:20:02 C'est-à-dire la façon dont l'idéologie transgenre s'infiltre dans les universités, dans les écoles, dans les médias, dans les grandes entreprises.
00:20:09 Et donc, c'est en ce sens-là qu'on parle d'idéologie, d'ailleurs, et c'est souvent ce qui déplait.
00:20:13 Mais on a encore le droit d'analyser un système.
00:20:16 - Bien sûr, et je rappelle aussi que ce qui a aussi beaucoup déplu, je vous le dis parce qu'après l'émission, nous avons vu le nombre de réactions,
00:20:22 c'est quand vous avez parlé aussi, il faut le dire, de ce qu'on peut appeler quand même le business, ou en tout cas,
00:20:27 le fait qu'une transformation peut coûter de 100 à 125 000 euros, entièrement remboursé par la Sécurité Sociale,
00:20:37 et je dois dire que ça a provoqué beaucoup de réactions, quand on sait ce que coûtent des changements, des opérations dentaires ou des opérations à l'œil, aux yeux, etc., aux lunettes.
00:20:52 Doramouto, est-ce qu'il y a ça aussi, c'est-à-dire, il y a en fait, dans ce que vous décrivez, il y a une idéologie, et il y a aussi l'argent, enfin, un business qui est en jeu ?
00:21:06 Oui, exactement, enfin, en fait, dans le livre, on parle de ce business, on explique que le business de la transition hormonale vaut à peu près 1,6 milliard de dollars,
00:21:18 et ça, ce sont des cabinets d'études qui le disent, donc il y a un certain nombre de labos pharmaceutiques, ou des gens du secteur, des entreprises du secteur médical,
00:21:28 qui sont effectivement intéressés par le fait que des gens transitionnent, et plus les gens transitionnent tôt, plus ils vont être addicts aux hormones pour le reste de leur vie.
00:21:38 Donc effectivement, c'est un business assez juteux, et puis il y a des entreprises qui investissent dans des jeunes startups, il y a cette startup qui s'appelle Plume,
00:21:46 où un fonds d'investissement a injecté 24 millions, donc oui, c'est un business comme un autre, après tout.
00:21:54 Alors, effectivement, ça pose problème, c'est-à-dire qu'au fond, qu'il y ait de la polémique, qu'il y ait de la discussion, c'est tout à fait normal,
00:22:03 et chacun peut avoir son avis là-dessus, ce qui est intéressant, c'est que quelqu'un vous a envoyé effectivement un soutien, qui n'est pas un soutien mince,
00:22:11 c'est J.K. Rowling, je le rappelle, c'est l'auteur de Harry Potter, Harry Potter, effectivement, un des best-seller les plus importants de l'histoire du livre,
00:22:22 je ne parle pas de littérature, mais enfin, Harry Potter, tout le monde sait ce que c'est.
00:22:26 Et on se rappelle que J.K. Rowling n'a pas été invitée aux 20 ans d'Harry Potter de sa propre création,
00:22:31 parce qu'elle dit "un homme est un homme, et une femme est une femme", et elle vous a dit ceci en tant que personne dont la mort a été réclamée sur des pancartes,
00:22:41 exactement pour la même raison, j'envoie mon tohu, ma grédition, mon affection et mon soutien, voilà.
00:22:47 Et d'ailleurs, elle parle de Strasbourg, on vient de Strasbourg et la ville de mes ancêtres m'internaient,
00:22:51 elle a une longue histoire d'invasion par des despotes.
00:22:54 Mais au fond, est-ce que vous avez été, alors, je voudrais revenir, soyons factuels, vous avez été menacée directement, personnellement ?
00:23:03 - Ah oui, il y a eu cette vidéo là, - Mario Hedges, Mario Hedges.
00:23:07 - Il y a eu cette vidéo, donc on voit des centaines de personnes défiler en appelant à jeter Doramuto au fond du Rhin,
00:23:15 moi il y a des gens qui ont défilé avec une pancarte qui représente ma décapitation,
00:23:20 des gens qui ont hurlé aussi "les fachos au feu, sterne au milieu",
00:23:26 il y a eu aussi des tags "une terf, une balle", donc je rappelle ce que c'est qu'une terf,
00:23:31 les terfs ce sont des "trans exclusionary radical feminists", donc littéralement les féministes radicales qui excluent les femmes.
00:23:39 Ça fait partie de tout le vocabulaire saint-claurique de ces gens-là,
00:23:43 donc on appelle clairement à nous mettre une balle dans la tête puisqu'on sait qui sont les terfs en France,
00:23:47 et ces insultes pour nous et ces menaces, menaces de mort, elles ne sont pas nouvelles.
00:23:52 Nous, ça fait quatre ans qu'on subit ça, sur le site internet de notre ration femelliste, donc c'est femelliste.com,
00:23:58 on a mis toutes les preuves du harcèlement et des menaces qu'on subit,
00:24:03 et si vous vous rendez sur ce site, vous verrez que des menaces de mort, il y en a eu bien d'autres.
00:24:07 Menaces de mort, pourquoi ? Parce qu'on a le malheur de rappeler en tant que féministes
00:24:12 qu'être une femme est une réalité biologique, qu'on ne peut pas changer de sexe quand on est un être humain,
00:24:17 que le sexe est immuable, et que les femmes trans sont des hommes, et voilà.
00:24:23 - Alors, est-ce qu'il n'y a pas, au-delà de vous et de votre livre, mais je voudrais avoir vos sentiments là-dessus,
00:24:27 est-ce qu'il n'y a pas aussi, est-ce que les trans ou les LGBTQI ne dénoncent pas
00:24:34 une civilisation de fait, ou quelque part, elles sont aussi soit persécutées, soit elles-mêmes poursuivies, etc.
00:24:41 Je parle encore une fois, au-delà de votre livre, est-ce qu'il n'y a pas une espèce de sentiment de persécution ?
00:24:48 Est-ce qu'à votre avis, il doit avoir lieu, est-ce qu'il est là ou pas ?
00:24:54 - Bien sûr, bien sûr, enfin, on n'a jamais nié que les personnes transgenres peuvent subir, voilà,
00:25:00 un certain nombre de discriminations, mais il faut revenir sur Terre et il faut savoir qui, en fait,
00:25:06 agresse les personnes trans, et les quelques fois où elles ont été tuées en France, ce sont par des hommes,
00:25:11 c'est absolument pas par des féministes. Donc, et ça, évidemment, ils ne le disent pas,
00:25:16 ils n'expliquent pas en détail qui sont les gens qui tuent les personnes trans,
00:25:19 souvent, en réalité, dans des contextes de prostitution.
00:25:23 Donc, il y a un peu une omerta sur la véritable violence que ces gens en la vivent.
00:25:28 - Oui, et effectivement, on peut se poser des questions, justement, sur des idéologies
00:25:34 ou des intégrismes très divers qui peuvent se rencontrer là-dessus, et qui sont pour le moins paradoxaux, effectivement.
00:25:41 Vous avez juste, vous avez demandé une protection policière, ou pas ?
00:25:45 - Ben oui, aujourd'hui, oui, pour la conférence à Assas, on va avoir une protection policière.
00:25:50 - Ah oui, d'accord. Et en fait, vous allez quand même continuer, vous allez vous battre,
00:25:55 parce que le livre marche, je crois, très bien, il est en tête des ventes sur Amazon,
00:26:00 et d'un autre côté, effectivement, encore une fois, la polémique fait, au contraire,
00:26:06 ce que les gens qui vous en veulent ne voient pas, c'est que plus ils font de la polémique,
00:26:10 plus il y a de l'accusation, plus les gens vont s'intéresser, en tout cas, à la lecture du livre,
00:26:14 soit pour le rejeter, soit pour, au contraire, y adhérer, parce que vous dites un certain nombre de choses.
00:26:21 Mais, Margot Histerne de Ramouto, vous allez continuer, vous n'allez pas vous arrêter là ?
00:26:26 - Ben évidemment qu'on va continuer, la question ne se pose même pas pour nous,
00:26:31 et on estime que justement, à partir du moment où on reçoit des menaces de mort,
00:26:35 à partir du moment où on est censuré parce qu'on énonce juste des réalités biologiques,
00:26:40 en fait, c'est qu'il y a un problème, il y a un problème de liberté d'expression,
00:26:44 il y a un problème aussi dans le camp d'en face, qui est le camp transgenre,
00:26:48 qui est un camp de journalistes où on remarque qu'il y a toute une masse de personnes
00:26:53 qui sont aujourd'hui dans l'incapacité d'accepter qu'on puisse avoir des opinions qui ne sont pas les leurs,
00:26:59 et en fait, nous, on se bat pour ça aussi aujourd'hui, pour la liberté d'expression,
00:27:04 pour la pluralité des idées, on pense que c'est vital pour une démocratie,
00:27:09 et en ce sens-là, on estime avoir un rôle à jouer.
00:27:12 - Alors, dernière question que je vous pose, c'est que pensez-vous du rapport
00:27:16 de la classification des mineurs rédigé par le groupe des Républicains au Sénat,
00:27:20 qui est une proposition qui va être examinée, une proposition de loi qui va être examinée
00:27:25 le 28 mai en séance publique, le groupe des Républicains,
00:27:28 et il y a autre chose aussi, il y a effectivement une proposition de loi de la députée RN, Joël Mélin,
00:27:34 visant à protéger les mineurs contre certaines pratiques médicales et chirurgicales.
00:27:39 Je voulais savoir ce que vous pensez de ces deux projets de loi.
00:27:43 - Le projet de loi, en tous les cas, on a lu le rapport des Républicains
00:27:48 qui a été mené par Jacqueline Eustache-Brignaud,
00:27:51 elle a fait un travail sur plus d'un an, donc c'est vraiment un rapport très conséquent,
00:27:55 extrêmement documenté, elle a reçu beaucoup de personnes en audition,
00:27:59 y compris des personnes qui sont pour donner des bloqueurs de puberté aux enfants,
00:28:04 elle a fait ce travail-là d'écouter tout le monde,
00:28:07 et puis elle est arrivée finalement à des conclusions similaires aux nôtres,
00:28:11 c'est-à-dire que les transitions médicales pour les enfants,
00:28:15 ça pose un certain nombre de problèmes médicaux pour les enfants,
00:28:20 de problèmes de santé, on le voit aujourd'hui dans des pays comme la Suède, la Finlande,
00:28:24 le Royaume-Uni, où on a arrêté de faire ça,
00:28:27 et on voudrait que la France s'aligne sur ces pays-là qui ont essayé,
00:28:30 qui ont vu que ça donnait des catastrophes, et qui ont décidé d'arrêter,
00:28:34 donc évidemment on soutient ce projet de loi.
00:28:37 - Et Dora Mouto, le projet de loi visant à protéger les mineurs
00:28:41 contre certaines pratiques médicales et chirurgicales en matière de transition de genre,
00:28:45 vous en parlez aussi dans votre livre ?
00:28:47 - Oui, évidemment, après le rapport du RN, pour être honnête,
00:28:53 on ne l'a pas encore examiné, donc je ne pourrai pas en dire plus là-dessus.
00:28:59 - D'accord, écoutez, en tout cas, tenez-nous au courant,
00:29:03 j'espère que ça va bien se passer à Panthéon-Assas pour vous,
00:29:06 et je pense quand même que oui,
00:29:10 et puis encore une fois, je rappelle quelque chose de très simple,
00:29:13 pour que vous soyez contre, il est impensable de vouloir arrêter un débat,
00:29:18 de vouloir casser, de vouloir dire "non, on ne discute pas avec",
00:29:23 oui, quand ce sont des appels à la haine, oui, quand ce sont des appels au racisme,
00:29:27 et simplement, là, quand il s'agit d'un débat sur un sujet extrêmement important,
00:29:33 effectivement, eh bien, débattez, débattez, confrontez les idées,
00:29:37 ne confrontez pas les armes, il faut toujours préférer les armes de la parole
00:29:41 à la parole des armes, parce qu'on sait ce que celles-ci deviennent.
00:29:44 Merci à vous. - Merci.
00:29:46 - Merci beaucoup Doramouto et Marguerite Stern, et restez bien avec nous,
00:29:50 on se retrouve tout de suite pour les Perluets Bravo de André Bercoff,
00:29:53 à tout de suite sur Sud Radio.
00:29:55 - Sud Radio. - Parlons vrai.
00:29:58 - Sud Radio. - Ici Sud Radio.
00:30:03 Les Français parlent au français.
00:30:07 Je n'aime pas la blanquette de veau. Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:30:13 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:30:16 - Eh bien, moi, j'aime les perles, surtout quand elles sont prononcées
00:30:21 de manière sincère, brute de décoffrage et tellement révélatrice de tout.
00:30:28 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:30:32 Les perles du... - Eh oui, Alain Barrière, je suis sûr que si vous aviez entendu
00:30:37 avant-hier Valérie Ayer, vous seriez tombé amoureux d'elle.
00:30:41 C'est évident, moi, quand j'ai écouté ça, j'ai dit "mais voilà",
00:30:44 c'est tellement ça, elle a tout compris, elle nous dévoile le réel.
00:30:49 Et c'est pour ça que c'est très important, les gens qui dévoilent le réel.
00:30:53 Écoutez, elle était face à Jordan Bardella, je crois, et voici ce qu'elle disait.
00:31:00 - Les punaisses de lit, même, ça peut prêter à sourire, mais c'est aussi
00:31:03 l'ingérence du Kremlin.
00:31:05 - Alors ça, c'est vrai. On avait discuté de ça, mais on n'avait pas la sûreté.
00:31:13 On n'était pas sûrs que les punaisses de lit étaient l'ingérence du Kremlin.
00:31:18 Et voilà, Valérie Ayer, je rappelle tête de liste,
00:31:21 Renaissance aux élections européennes, nous l'affirme.
00:31:24 Et comment douter de la parole de Valérie Ayer ? Bien sûr !
00:31:27 D'ailleurs, Valérie Ayer, pourquoi vous...
00:31:29 Les rats, c'est l'ingérence du Kremlin, bien sûr.
00:31:32 Les barrages dans Paris, c'est l'ingérence du Kremlin, bien sûr.
00:31:37 Le prochain virus, d'ailleurs, dans "Virus", il y a "Russe", nous l'oublions pas.
00:31:43 Donc là aussi, là aussi, c'est l'ingérence du Kremlin.
00:31:47 C'est sûr. Non mais c'est très important de dire les choses.
00:31:51 De dire les choses, surtout quand on sait, quand on a la preuve
00:31:54 que ces choses-là sont effectivement causées par tel ou tel ennemi
00:31:59 de l'intérieur ou de l'extérieur. Voilà.
00:32:01 Donc aujourd'hui, les punaisses de lit sont envoyées par le KGB.
00:32:06 D'ailleurs, elles portent un signe.
00:32:08 Moi, j'ai eu ça il y a cinq ans, les punaisses de lit, il y a cinq ans.
00:32:12 Oui, c'était avant l'invasion, effectivement, de l'Ukraine.
00:32:15 Mais j'ai vu qu'elles portaient un signe.
00:32:17 Et maintenant, grâce à Valérie, je sais que ce signe est poutinien.
00:32:22 Moi, je voudrais vous dire merci.
00:32:24 Merci pour ce que vous faites.
00:32:25 Merci pour visibiliser comme ça les combats que vous menez.
00:32:29 Merci de percuter aussi une société qui est très hétéronormée,
00:32:36 très calibrée sur des réflexes et sur des impensées.
00:32:42 Et vraiment, le travail que vous faites,
00:32:45 toutes les dragues, tout ce travail-là,
00:32:48 c'est un travail de transformation de la société en profondeur.
00:32:51 Et merci pour ça, parce que vous êtes un signe de libération, d'émancipation.
00:32:56 Et je suis sûre que vous êtes un modèle pour bien des gens et des jeunes.
00:33:00 Et vraiment, aux homophobes, aux LGBTQIA+phobes,
00:33:04 vraiment, passez votre chemin.
00:33:06 Je veux juste vous voir la pareille.
00:33:08 Merci beaucoup. Je suis ultra honoré d'être sur ce plateau avec vous
00:33:10 quand je vais l'apprendre que vous serez sur le plateau.
00:33:12 Sandrine Rousseau, c'est un bon moment.
00:33:14 Là, c'est Sandrine Rousseau, ce n'est plus Valérie.
00:33:17 C'est Sandrine Rousseau qui remercie, effectivement,
00:33:20 la personne, le drag queen, qui va porter la flamme olympique bientôt à Paris.
00:33:26 Et voilà, elle les remercie.
00:33:28 Et c'est bien, encore une fois, là aussi, le réel.
00:33:31 Encore, comment elle les remercie ?
00:33:32 C'est-à-dire que vous vous rappelez, c'était Aragon chanté par Jean Ferrat
00:33:36 qui disait "La femme est l'avenir de l'homme".
00:33:38 Non, non, non, Jean Ferrat, c'est fini ça.
00:33:40 Ça, c'est vieux, c'est démodé, c'est ringard, on sait.
00:33:42 Non, non, non, c'est la drag qui est l'avenir de l'homme.
00:33:46 C'est la trans qui est l'avenir de mort,
00:33:48 ou le trans qui est l'avenir de l'homme,
00:33:50 ou d'ailleurs de la femme.
00:33:52 Donc c'est fini.
00:33:53 Les hommes et les femmes, il faut bien comprendre, c'est terminé.
00:33:55 Aujourd'hui, c'est terminé.
00:33:56 C'est le mélange des genres.
00:33:59 Et c'est ça qui est beau.
00:34:00 Et qui nous la proclame ?
00:34:01 Et c'est magnifique parce qu'elle remercie Sandrine Rousseau.
00:34:04 Elle le dit, elle le dit.
00:34:05 Voyez, vous busculez la société, vous nous annoncez l'avenir.
00:34:08 Vous nous annoncez l'avenir et c'est bien.
00:34:10 Plus de papa, plus de maman, plus de tout cela.
00:34:13 Plus de ces espèces de biologie qui nous encombre,
00:34:16 qui ne sert à rien.
00:34:17 Vive, rappelez-vous, Sandrine Rousseau nous avait dit,
00:34:20 "Demain, demain, ce sera les hommes déconstruits.
00:34:23 Je vis avec un homme déconstruit et j'en suis très heureuse".
00:34:26 Eh oui, mais n'arrêtons pas à la déconstruction.
00:34:29 Allons à la démolition.
00:34:31 Voilà, Sandrine Rousseau,
00:34:33 il y a deux siècles, et plus de deux siècles,
00:34:36 Jean-Jacques Rousseau écrivait de l'éducation.
00:34:38 Eh bien, Sandrine Rousseau,
00:34:40 qui est peut-être une lointaine, lointaine,
00:34:43 arrière, arrière, arrière, arrière, petite fille,
00:34:45 écrit quoi ?
00:34:47 La démolition, la transformation.
00:34:50 Eh oui, c'est ça qui est beau.
00:34:52 Les restos du cœur, hein ?
00:34:58 Les restos du cœur, oui, on parle de cela juste
00:35:01 parce qu'il y avait une réunion,
00:35:03 il fallait une prise de parole
00:35:05 du Rassemblement National,
00:35:10 et il y avait une dame,
00:35:12 une femme, qui s'appelle Colombe,
00:35:14 et qui a répondu aux questions du journaliste Paul Laruturu,
00:35:17 de TF1, du journaliste de TF1,
00:35:19 qui l'interrogeait à l'entrée du meeting de Jordan Bardella,
00:35:22 c'était à Perpignan, hein.
00:35:24 Et voici, alors il l'interrogeait,
00:35:26 et voici ce qu'a dit Colombe.
00:35:29 Qu'est-ce que vous faites là aujourd'hui, madame ?
00:35:32 Je viens écouter quelqu'un qui a ses convictions,
00:35:36 et je vais essayer de trouver les miennes,
00:35:38 et ça fait des années que je la suis,
00:35:41 et je trouve que c'est une dame qui a une grande prestance
00:35:44 et qui est compative.
00:35:46 Vous pouvez enlever vos lunettes ?
00:35:47 Oui.
00:35:48 Ah oui, vous pleurez ?
00:35:49 Oui.
00:35:50 Qu'est-ce qui vous fait pleurer ?
00:35:51 Qu'est-ce qui me fait pleurer ?
00:35:52 Parce qu'on est arrivé dans un monde de fous,
00:35:54 et il faut absolument qu'on trouve des solutions.
00:35:57 Parce que, regardez, moi je suis un RSA,
00:36:00 et on a du mal à vivre.
00:36:03 On a du mal à vivre, on peut pas payer les factures,
00:36:06 on a les huissiers, on a les menaces de tout,
00:36:08 et donc aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a quelque chose
00:36:11 qui ressort sur ce système de dire
00:36:13 "Allez, suivez-moi et on va combattre".
00:36:16 Ici, on a quand même un taux énorme du RN,
00:36:19 et on est tous en colère, on a tous du mal.
00:36:22 Il n'y a pas de travail, il n'y a pas d'usine,
00:36:25 il y a des combats à mener,
00:36:27 que ce soit pour la santé ou que ce soit pour le travail.
00:36:30 Je suis conseillère en insertion professionnelle,
00:36:32 et au jour d'aujourd'hui, je ne trouve pas de travail,
00:36:35 mais je suis bénévole au Resto du Coeur,
00:36:37 et j'aide les gens de la rue.
00:36:38 Voilà, voilà, voilà, un résumé, un miroir d'une certaine France.
00:36:43 Il est là.
00:36:44 Pas une question au-delà du RN, etc.,
00:36:46 pourquoi elle est là.
00:36:47 Attendez, elle est bénévole au Resto du Coeur,
00:36:49 elle est bénévole au Resto du Coeur,
00:36:51 elle vit du RSA,
00:36:52 elle en peut plus, comme des millions de Français,
00:36:54 qui sont dans ce cas.
00:36:56 En tout cas, ils sont très, très, très, très nombreux.
00:36:59 Et qu'est-ce qui s'est passé ?
00:37:01 Eh bien, il paraît, on a essayé de les avoir,
00:37:03 mais on ne les a pas eus, les directions du Resto du Coeur,
00:37:05 elle a été écartée du Resto du Coeur,
00:37:07 alors que RSA, elle est bénévole pour distribuer
00:37:10 de l'alimentaire par les Restos du Coeur.
00:37:13 On ne va pas faire parler Coluche,
00:37:15 mais on se demande ce que dirait Coluche aujourd'hui,
00:37:17 quand il voit ça.
00:37:18 Colombe au RSA,
00:37:19 Colombe qui n'a plus de quoi vivre, ou presque,
00:37:22 et qui pleure parce qu'il ne trouve plus rien.
00:37:25 C'est normal, ça ?
00:37:26 C'est normal ?
00:37:27 Non, ce n'est pas normal.
00:37:28 Ce n'est pas normal.
00:37:29 C'est un cri, c'est plus qu'un cri, ça.
00:37:31 C'est un cri qui devrait interpeller tout le monde,
00:37:34 à gauche, à droite, en haut et en bas.
00:37:37 Et arrêter cet enseignement du mépris,
00:37:40 sous les bons sentiments,
00:37:42 du politiquement correct,
00:37:44 de l'éthiquement correct.
00:37:46 Et occupez-vous de Colombe,
00:37:47 au lieu de vous occuper de choses
00:37:49 dont vous n'avez que faire,
00:37:51 sur laquelle vous n'avez aucune prise.
00:37:54 Sud Radio Bercov,
00:37:56 dans tous ses états,
00:37:57 midi 14h.
00:37:58 André Bercov.
00:37:59 Avec Aper,
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00:38:05 aper-mod.com
00:38:07 Ici Sud Radio.
00:38:11 Les Français parlent au français.
00:38:15 Les carottes sont cuites.
00:38:18 Les carottes sont cuites.
00:38:20 Sud Radio Bercov,
00:38:22 dans tous ses états.
00:38:23 Et je crois que nous avons, Lucien,
00:38:25 nous avons une auditrice,
00:38:27 à propos des Restos du Coeur et de Colombe.
00:38:29 Oui, une auditrice qui a voulu réagir
00:38:30 et qui a appelé le 0 826 300 300
00:38:33 et on accueille Clara de Paris.
00:38:35 Bonjour Clara.
00:38:36 Oui, bonjour Clara.
00:38:37 Bonjour André,
00:38:39 merci pour votre émission.
00:38:40 C'est un souffle de liberté,
00:38:41 merci beaucoup.
00:38:42 Je voulais juste vous dire,
00:38:44 à propos des Restos du Coeur,
00:38:46 je ne sais pas si vous savez
00:38:47 qu'ils ont refusé l'aide aux soignants suspendus.
00:38:50 Ils ont, à l'époque où ils ne pouvaient plus travailler,
00:38:53 les soignants qui avaient refusé la vaccination obligatoire,
00:38:55 ou plutôt les injections obligatoires,
00:38:57 ils ont été contactés par l'association Blouse Blanche.
00:39:00 Sonia, la responsable, la directrice,
00:39:02 les a contactés.
00:39:04 Ils ont refusé l'aide aux soignants suspendus
00:39:07 qui n'avaient plus,
00:39:08 certains n'avaient même pas le droit au RSA.
00:39:10 Tout à fait.
00:39:11 Les Restos du Coeur ont refusé,
00:39:12 ça vous sera confirmé par Sonia Blouse Blanche,
00:39:14 l'association Blouse Blanche.
00:39:16 Oui, c'est bien de le rappeler,
00:39:18 c'est bien de le rappeler ça, Clara.
00:39:20 Vous avez tout à fait raison.
00:39:21 Oui, bien sûr que je le rappelle,
00:39:23 parce que ça ne m'étonne pas.
00:39:24 C'est devenu, je ne sais pas ce que c'est devenu cette association,
00:39:26 mais Coluche doit se retourner dans sa tombe
00:39:28 et j'ai infiniment de respect pour Coluche.
00:39:30 Ils ont refusé l'aide en disant
00:39:32 "ils n'ont qu'à se faire vacciner".
00:39:34 Vous voyez où on en est dans ce pays ?
00:39:36 Vous voyez où on en est dans ce pays ?
00:39:38 Et heureusement qu'il y avait une autre association
00:39:40 qui s'appelle l'association Porteurs d'Espérance,
00:39:42 qui elle a aidé les soignants sans condition,
00:39:45 et qui continue de les aider,
00:39:46 parce que pour certains ce n'est pas réglé,
00:39:48 ils sont en procès avec leur employeur,
00:39:50 parce que les employeurs, les hôpitaux, tout ça,
00:39:52 certains, même beaucoup,
00:39:54 savaient que c'était un vaccin dangereux,
00:39:56 qu'il risquait des myocardites, et tout ça.
00:39:58 Et ils ont quand même,
00:40:00 enfin le gouvernement, tout ça, on sait,
00:40:02 a forcé les soignants à se faire vacciner.
00:40:04 Oui, ça c'est une question dont on discute souvent,
00:40:06 mais ce qui est tout à fait hallucinant dans ce que vous dites,
00:40:08 c'est que les Restos du Coeur ont refusé,
00:40:10 alors que cette personne,
00:40:12 quel que soit leur choix,
00:40:14 ils ont le droit, évidemment à leur choix,
00:40:16 consentement livré, éclairé,
00:40:18 ces personnes n'avaient effectivement pas l'URSA,
00:40:20 pas d'indemnité, pas de surdité,
00:40:22 ils ont été virés sans un centime.
00:40:24 Il faut le rappeler ça, c'est clair.
00:40:26 Et ils n'ont même pas eu
00:40:28 la proposition de loi,
00:40:30 soi-disant, disait que les gens devaient être reclassés,
00:40:32 ils n'ont eu aucune proposition de reclassement.
00:40:35 C'était des mensonges,
00:40:37 c'est une vaste tromperie,
00:40:39 et grave, parce que des gens sont morts,
00:40:41 des gens se sont suicidés,
00:40:42 des gens sont morts à cause de ces vaccins.
00:40:44 Je pense à une amie...
00:40:46 - Je ne voudrais pas entrer dans la polémique sur les vaccins, Clara,
00:40:48 - Excusez-moi, excusez-moi.
00:40:50 - Mais vous avez raison de réagir comme ça,
00:40:52 sur cette histoire du traitement
00:40:54 des Restos du Coeur, et on se demande
00:40:56 si le coeur joue encore un rôle, j'espère que oui,
00:40:58 je sais que oui, parce qu'il y a beaucoup de gens
00:41:00 qui travaillent très bien,
00:41:02 mais il faut faire très attention.
00:41:04 Et ce cas, la manière dont Colombe
00:41:06 a réagi, effectivement,
00:41:08 cette femme qui est au RSA, qui est bénévole
00:41:10 au Restos du Coeur, qui est bénévole au Restos du Coeur,
00:41:12 il a été viré parce qu'il a été dans un meeting politique,
00:41:15 il y a quand même un petit problème.
00:41:17 Merci Clara.
00:41:19 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états,
00:41:21 le face à face.
00:41:24 - Le face à face d'André Bercoff,
00:41:26 aujourd'hui avec Jean-Luca,
00:41:28 ancien agent à la DST, pour son livre
00:41:30 "Un rebelle à la DST,
00:41:32 15 ans d'affaires sensibles aux éditions Plon".
00:41:34 Bonjour Jean-Luca.
00:41:36 - Alors Jean-Luca, bonjour,
00:41:38 c'est vrai qu'il y a énormément
00:41:40 de livres qui sont parus sur,
00:41:42 effectivement, des personnes, des personnalités
00:41:44 qui ont été dans les services spéciaux,
00:41:46 que ce soit le contre-espionnage,
00:41:48 que ce soit
00:41:50 les affaires étrangères,
00:41:52 la DGSE aussi,
00:41:54 ou la DGSI.
00:41:56 Aimez-vous, c'est vrai que ce livre,
00:41:58 je suis content de vous recevoir,
00:42:00 parce que ce livre qui est
00:42:02 vraiment à lire, vous racontez
00:42:04 des histoires, des faits
00:42:06 qui sont arrivés, vous avez été,
00:42:08 je le rappelle, à la DST
00:42:10 de 1972 à 1986,
00:42:12 14 ans, vous avez été ensuite
00:42:14 en Guadeloupe, vous rappelez, pendant
00:42:16 2 ans, et ensuite dans le privé, depuis
00:42:18 94, et maintenant vous êtes retiré
00:42:20 des affaires, on peut le dire. - Absolument.
00:42:22 - Alors, quand vous dites, ça m'intéresse,
00:42:24 on va parler de votre livre, vous dites "Rebelle",
00:42:26 en quoi, par rapport à la
00:42:28 architecture et à l'apport au
00:42:30 système DST, vous vous considérez
00:42:32 comme un rebelle ? - Alors, le titre "Rebelle",
00:42:34 c'est mon éditrice qui l'a trouvé,
00:42:36 Mme Berlin, chez Plon,
00:42:38 qui a lu le livre et a trouvé
00:42:40 toute seule le titre.
00:42:42 Je pense qu'elle faisait référence à l'attitude
00:42:44 que j'ai eue lors de l'affaire Erulin.
00:42:46 Erulin était un de mes amis,
00:42:48 on montait contre lui une cabale
00:42:50 qui pouvait lui risquer gros,
00:42:52 je l'ai protégée. - Alors, racontez
00:42:54 un peu Dominique Erulin, parce que les gens...
00:42:56 - Dominique Erulin était
00:42:58 un... il a fait...
00:43:00 il était engagé dans les parachutistes pendant la
00:43:02 guerre d'Algérie. A la suite des
00:43:04 événements que tout le monde connaît, il est
00:43:06 rentré dans l'OAS,
00:43:08 il a été ensuite arrêté, il a fait de la
00:43:10 prison, il en est sorti, il a
00:43:12 fait quelques opérations de mercenariat,
00:43:14 et il était devenu un personnage,
00:43:16 le principal personnage de la sécurité
00:43:18 privée dans les années 70.
00:43:20 - D'accord. - A ce titre-là, il faisait...
00:43:22 - Une société privée. - Tout à fait.
00:43:24 Et dans ce cadre-là, il faisait
00:43:26 les campagnes électorales. A l'époque,
00:43:28 les campagnes électorales étaient assez violentes.
00:43:30 Il y avait les collages d'affiches, et les
00:43:32 colleurs de... les équipes
00:43:34 d'un parti politique se cognaient
00:43:36 parfois... - Il a fait pour qui, lui ?
00:43:38 - Il le faisait pour les Républicains,
00:43:40 pour Valéry Giscard d'Estaing.
00:43:42 - Ah oui, Valéry Giscard d'Estaing. - Essentiellement.
00:43:44 Il a fait partie aussi
00:43:48 du comité Tixier-Vignancourt, à l'époque,
00:43:50 en 65, mais dans les années
00:43:52 70, il travaillait pour... - D'accord.
00:43:54 - Avec Hubert Basso, qui est décédé maintenant,
00:43:56 mais il avait un rôle moteur
00:43:58 dans les protections des partis politiques,
00:44:00 à cette époque-là.
00:44:02 Ce qui lui a valu d'attirer l'attention
00:44:04 du nouveau personnel politique
00:44:06 qui est arrivé, du Parti Socialiste...
00:44:08 - Au moment de l'élection de Mitterrand.
00:44:10 - Voilà. Et à partir de mai 81,
00:44:12 le premier directeur
00:44:14 des renseignements généraux
00:44:16 avait carrément déclaré
00:44:18 qu'il allait lui faire avoir des ennuis.
00:44:20 C'est à ce moment-là que j'ai été prévenu,
00:44:22 et que j'ai dit à mon ami Dominique, "Fais attention,
00:44:24 parce que les choses vont tourner un peu
00:44:26 au vinaigre pour toi."
00:44:28 Et on a eu le déroulement de tout ça.
00:44:30 - Et vous le racontez dans votre livre,
00:44:32 dans divers chapitres, d'ailleurs. - Tout à fait.
00:44:34 Oui, oui, tout à fait, absolument.
00:44:36 - C'est bien. C'est-à-dire que vous, vous dites, "Non mais, je crois que c'est quelque chose
00:44:38 à souligner." Vous mettez
00:44:40 l'amitié avant
00:44:42 les orientations politiques et autres.
00:44:44 - Il y avait l'amitié, d'une part,
00:44:46 et une seconde chose
00:44:48 que les gens n'ont peut-être pas perçue,
00:44:50 quand le GIG
00:44:52 a été chargé de protéger le président
00:44:54 de la République. Dans la police,
00:44:56 on a trouvé ça pas normal,
00:44:58 parce que les gens des VO, même s'il y avait de très bons
00:45:00 éléments chez les VO,
00:45:02 ils avaient plutôt les voyages officiels.
00:45:04 Ils avaient plutôt une réputation d'excellents tour-opérateurs,
00:45:06 mais pour la protection physique,
00:45:08 c'était peut-être un peu léger. Donc, que le GIG
00:45:10 n'arrive là-dedans, et que le Proto mette ses gars en place,
00:45:12 tout le monde n'a pas
00:45:14 trouvé ça anormal.
00:45:16 Quand ensuite, ils ont été nommés
00:45:18 pour la coordination du renseignement
00:45:20 pour le terrorisme, là, ça a fait
00:45:22 sourire beaucoup de gens,
00:45:24 dans les milieux du renseignement.
00:45:26 - Pourquoi ? Parce qu'ils n'étaient pas
00:45:28 des spécialistes, ni des formés ?
00:45:30 - Les gens du GIGN sont
00:45:32 des athlètes de très haut niveau,
00:45:34 ils sont doués pour faire ce qu'ils font,
00:45:36 mais pour faire du renseignement, ça demande
00:45:38 d'autres qualités, d'autres formations.
00:45:40 Et moi, quand je voyais
00:45:42 arriver les dangers sur Dominique,
00:45:44 je me suis dit, tu vas voir mon bonhomme,
00:45:46 si c'est si facile que ça de faire du renseignement,
00:45:48 je vais te montrer à la sauce DST ce que c'est.
00:45:50 Et donc, j'ai suivi l'affaire,
00:45:52 et trois fois, ils ont voulu l'arrêter,
00:45:54 trois fois, j'ai réussi à les bloquer,
00:45:56 et puis, ça s'est terminé comme ça.
00:45:58 - Oui, c'est...
00:46:00 Non, mais vous le racontez très bien dans votre livre.
00:46:02 Et justement, alors, on va parler de la sauce DST.
00:46:04 Alors, c'est quoi ?
00:46:06 C'est-à-dire, ce renseignement,
00:46:08 cet apprentissage de renseignement, vous l'avez fait avec Raymond Nart,
00:46:10 notamment, avec beaucoup d'autres,
00:46:12 au fond, parce que c'est vrai,
00:46:14 c'est la guerre de l'ombre, enfin...
00:46:16 Alors, il y a beaucoup de fantasmes là-dessus,
00:46:18 parce que John le Carré, avec tout son temps là,
00:46:20 est venu, et puis beaucoup d'autres.
00:46:22 Mais au fond,
00:46:24 parce que certains disent,
00:46:26 oui, mais c'est une activité, en fait,
00:46:28 où tout le monde, c'est l'auberge espagnole du fantasme,
00:46:30 tout le monde va à James Bond et compagnie,
00:46:32 ou S.A.S. ou autre.
00:46:34 Non, c'est une activité.
00:46:36 Est-ce que c'est d'abord une activité, je dirais pas de bureaucrate,
00:46:38 enfin, une activité de bureau ?
00:46:40 Certains disent, oui,
00:46:42 c'est plutôt ça, il ne faut pas se raconter des histoires.
00:46:44 Mais il y a quand même des actions, et vous le racontez,
00:46:46 il y a quand même des tracts, il y a quand même des enquêtes,
00:46:48 il y a quand même des négociations,
00:46:50 des interrogatoires...
00:46:52 Alors, la sauce DST,
00:46:54 c'est d'abord la rigueur.
00:46:56 La rigueur, le cloisonnement,
00:46:58 ce qu'on appelle le besoin d'en connaître,
00:47:00 on nous donne, pour faire nos enquêtes, ce qu'on a besoin de savoir,
00:47:02 et rien d'autre.
00:47:04 Et il y a un cloisonnement
00:47:06 très sérieux.
00:47:08 Maintenant, est-ce que c'est bureaucrate ou pas ?
00:47:10 C'est bureaucrate d'une façon, parce qu'on écrit beaucoup
00:47:12 à la DST. Mais surtout,
00:47:14 on écrit quoi ? On écrit ce que les gens nous ont dit.
00:47:16 Parce que c'est aussi un métier
00:47:18 de contact, essentiellement un métier de contact.
00:47:20 Le renseignement, il faut l'avoir en allant voir les gens.
00:47:22 A l'époque, nous, il n'y avait pas
00:47:24 d'ordinateur, on avait des écoutes
00:47:26 téléphoniques, oui, mais
00:47:28 en gros, c'était seulement ça. Et les écoutes téléphoniques,
00:47:30 les professionnels, évidemment,
00:47:32 soit sont méfis, soit vous intoxiquent.
00:47:34 Donc, il faut faire très attention aux productions.
00:47:36 Il faut les lire toujours
00:47:38 au premier ou au second degré.
00:47:40 Mais ça aide quand même à voir les relations
00:47:42 qu'il y a entre les uns et les autres. Ensuite,
00:47:44 il faut aller prendre les contacts, voir les gens,
00:47:46 et leur tirer le maximum d'informations.
00:47:48 Et ensuite, il faut les écrire. Et nous,
00:47:50 quand on rendait nos rapports,
00:47:52 c'était presque un examen.
00:47:54 Moi, j'avais affaire à des vieux commissaires,
00:47:56 des gars qui avaient monté la résistance et tout ça.
00:47:58 Et c'était, vous écrivez ça. Pourquoi ?
00:48:00 Vous l'avez su d'où ? Qui vous l'a dit ?
00:48:02 Tout était sourcé.
00:48:04 Tous nos renseignements à la DST étaient sourcés.
00:48:06 - C'est exactement ce que les bons journalistes
00:48:08 et les bons rédacteurs en chef font.
00:48:10 - Exactement. D'où vous l'avez su et comment vous sourcez.
00:48:12 En tout cas, ceux qui font bien leur métier font ça.
00:48:14 On va continuer à parler de la sauce DST
00:48:16 parce que c'est très intéressant.
00:48:18 Après cette petite pause, à tout de suite.
00:48:20 - Sud Radio.
00:48:22 - Parlons vrai.
00:48:24 - Parlons vrai.
00:48:26 - Ici Sud Radio.
00:48:28 Les Français parlent au français.
00:48:32 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:48:36 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:48:38 La blanquette de veau.
00:48:40 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:48:42 - Un rebelle à la DST avec nous,
00:48:46 Jean-Lucas.
00:48:48 15 ans d'affaires sensibles,
00:48:50 un livre qui vient de paraître aux éditions Plon.
00:48:52 Effectivement, on va continuer à parler,
00:48:54 on a commencé à parler de la sauce DST.
00:48:56 Parlons-en,
00:48:58 on prendra des exemples, bien sûr.
00:49:00 Au fond,
00:49:02 c'est un apprentissage.
00:49:04 Quelle est la part d'intuition ?
00:49:06 Quelle est la part de psychologie ?
00:49:08 Et quelle est la part, effectivement,
00:49:10 d'aléas et de hasards ?
00:49:12 Vous en parlez, mais on donnera des exemples,
00:49:14 également, Jean-Lucas.
00:49:16 - La part d'aléas et de hasards,
00:49:18 elle est dans la production des sources humaines
00:49:20 qu'on peut recruter.
00:49:22 Quand vous recrutez une source,
00:49:24 il ne va pas vous donner toutes les semaines
00:49:26 des renseignements formidables.
00:49:28 On les voit régulièrement pour maintenir le contact,
00:49:30 pour suivre la personne.
00:49:32 Il va nous donner parfois des renseignements
00:49:34 qui sont pas très banneaux.
00:49:36 De temps en temps, il va nous lâcher
00:49:38 une information, et là, c'est tout le service
00:49:40 qui se met en marche,
00:49:42 parce que l'information, elle démarre,
00:49:44 elle lance une enquête, et là, on est plusieurs
00:49:46 à monter dessus, et le service est mobilisé.
00:49:48 C'est un métier
00:49:50 qui est à la fois fait de routines
00:49:52 et de choses extraordinaires.
00:49:54 La routine,
00:49:56 parce qu'il se passe des fois des semaines
00:49:58 où on fait nos enquêtes, et puis,
00:50:00 il n'y a rien qui sort vraiment d'extraordinaire.
00:50:02 Et puis, d'un seul coup, boum, on a un truc.
00:50:04 Et on vit comme ça, en se disant
00:50:06 aujourd'hui, qu'est-ce qui va sortir ?
00:50:08 Moi, j'ai passé ma vie à attendre,
00:50:10 et des fois, je n'attendais pas longtemps,
00:50:12 mais à attendre que l'information,
00:50:14 elle tombe. Sur une écoute,
00:50:16 sur des sources,
00:50:18 sur une rencontre,
00:50:20 sur les liaisons étrangères,
00:50:22 parce que les liaisons étrangères, surtout la CIA,
00:50:24 par exemple, il y avait ces problèmes
00:50:26 des défecteurs
00:50:28 qui quittaient l'Union soviétique
00:50:30 et qui allaient se réfugier aux USA,
00:50:32 plus aux USA, parce qu'ils avaient des moyens
00:50:34 énormes pour reprendre ses grands-mains.
00:50:36 Et à ce moment-là, nous, on bénéficiait
00:50:38 de toutes les informations qu'il lâchait
00:50:40 concernant la France. - Alors, Jean-Luc,
00:50:42 j'aime beaucoup, beaucoup, vous dites,
00:50:44 j'écoutais ainsi religieusement, vous parlez
00:50:46 de l'époque, effectivement, des collègues,
00:50:48 des collègues qui étaient plus âgés que vous,
00:50:50 ils écoutaient religieusement
00:50:52 l'un d'eux, énoncé pour ma gouverne,
00:50:54 ce qu'il appelait la règle des 3 B,
00:50:56 mortes avec le XXe siècle.
00:50:58 Quelle nostalgie !
00:51:00 D'un voyou, tu peux accepter tout ce qui se boit,
00:51:02 se bouffe et se baise.
00:51:04 En revanche, tu n'acceptes jamais une voiture
00:51:06 ni une villa. - Exactement.
00:51:08 - C'est formidable. - Ça, c'est quand je suis rentré
00:51:10 les premiers mois de service,
00:51:12 quand je suis rentré dans un commissariat parisien.
00:51:14 Je suis tombé avec des vieux inspecteurs
00:51:16 de la préfecture de police,
00:51:18 des gars qui avaient vu beaucoup de choses
00:51:20 et qui m'avaient dit, dans la police, on peut
00:51:22 fréquenter des voyous, c'est normal, on va dans les mêmes barques,
00:51:24 donc tu leur parleras,
00:51:26 tu peux accepter, si ils te font un verre,
00:51:28 tu l'acceptes, si ils te font bouffer,
00:51:30 si ils te collent une fice,
00:51:32 tu sais que c'est une pute, mais tu peux la sauter
00:51:34 si tu veux, mais surtout rien d'autre
00:51:36 qui ne te prête pas une voiture,
00:51:38 qui ne te propose pas de vacances, surtout pas d'argent.
00:51:40 Il y avait des règles bien installées.
00:51:42 - Mais ces règles existent encore quand même, non ?
00:51:44 Sans qu'elles soient, ce ne sont pas des règles normales.
00:51:46 - Honnêtement, j'en sais rien.
00:51:48 Je vais sur 77 ans maintenant,
00:51:50 je suis depuis longtemps quitté tout ça.
00:51:52 Mais je pense que là-dedans,
00:51:54 sauf l'aspect anecdotique,
00:51:56 il y a quand même des règles de prudence
00:51:58 qu'il faut toujours conserver.
00:52:00 - Jean-Luc, justement, on va revenir
00:52:02 à la sauce d'EST, mais en prenant par rapport
00:52:04 à une affaire. Par exemple, les micros du canard.
00:52:06 D'abord, on va démonter
00:52:08 la mécanique, parce que ce qui est passionnant,
00:52:10 c'est la mécanique.
00:52:12 Qui demande à ce que vous enquêtiez
00:52:14 sur le canard ? Comment ça se passe ?
00:52:16 La hiérarchie, comment ça se passe ?
00:52:18 Qui décide, attendez, le canard il nous embête,
00:52:20 il sort des trucs, on veut savoir
00:52:22 d'où il sort tel truc.
00:52:24 Qui décide ? C'est le politique,
00:52:26 au plus haut niveau, c'est comment ?
00:52:28 - C'est le ministre. Moi je l'ai su plus tard.
00:52:30 Au départ, on ne le savait pas.
00:52:32 Moi j'étais dans la division qui s'occupait des affaires soviétiques,
00:52:34 et c'est pas la division
00:52:36 des affaires soviétiques qui s'en est occupée.
00:52:38 C'est la division qui travaillait sur l'extrême gauche.
00:52:40 Et le ministre Marceau
00:52:42 l'a été violemment irrité.
00:52:44 - De l'intérieur, oui.
00:52:46 - Irrité des fuites. A l'époque, le canard,
00:52:48 c'était un concentré,
00:52:50 de Mediapart, de tout ce qui...
00:52:52 - Le canard était 100 fois au-dessus
00:52:54 de ce qu'il est même aujourd'hui.
00:52:56 - Voilà, donc c'était
00:52:58 le chiffon au rouge
00:53:00 devant le ministre.
00:53:02 Donc il a voulu savoir.
00:53:04 Donc la solution c'était de...
00:53:06 Il y avait d'autres solutions qui auraient consisté à environner
00:53:08 le personnel, à travailler dessus,
00:53:10 tout ça, ça aurait pris
00:53:12 beaucoup plus de temps, avec peut-être
00:53:14 pas de chance de succès ou pas,
00:53:16 mais on sait jamais.
00:53:18 Là, ils ont décidé de poser
00:53:20 des micros. - Mais dites-moi juste un mot,
00:53:22 c'est intéressant, on est dans l'illégalité
00:53:24 la plus totale, soyons sérieux.
00:53:26 - Oui, mais ça, c'était pas un problème
00:53:28 pour nous. - Non, bien sûr.
00:53:30 Mais ils n'ont pas réfléchi
00:53:32 à l'efficacité, que ça pouvait se savoir,
00:53:34 etc. à l'époque ?
00:53:36 - Je ne faisais pas partie de l'équipe
00:53:38 qui a été chargée de ça.
00:53:40 Et...
00:53:42 Comme je dis dans le livre, il y avait une cellule
00:53:44 qui avait été montée, qui faisait tout et n'importe quoi.
00:53:46 Il y a là-dedans,
00:53:48 dans l'opération
00:53:50 technique, un manque de professionnalisme,
00:53:52 à mon avis,
00:53:54 à mon âme la vie, mais c'était pas moi
00:53:56 qui organisais la chose. - D'accord.
00:53:58 Et après, ça a fait... Alors justement,
00:54:00 vous avez fait quand même, vous en racontez aussi ça
00:54:02 dans votre livre, bon, ça a fait
00:54:04 un bruit énorme, on s'en rappelle. - Ah, énorme.
00:54:06 - Enorme. - Ça a coûté son poste
00:54:08 à Guy Csoil, qui était un des grands
00:54:10 sous-directeurs de la maison,
00:54:12 ça, ça a été une perte.
00:54:14 Et oui, mais ça a... Mais quand même,
00:54:16 le scandale a été énorme, mais ensuite,
00:54:18 vous vous êtes... Je ne dis pas vous, vous Jean-Luc,
00:54:20 mais il y a eu une petite vengeance quand même
00:54:22 vis-à-vis du Canard. - Oui, oui.
00:54:24 - Racontez. - Eh bien, un jour,
00:54:26 je rencontrais un de mes informateurs,
00:54:28 qui me... Bon, qui me donne
00:54:30 les livraisons qu'il avait à me donner, et puis
00:54:32 avec un petit sourire et une ironie,
00:54:34 qui me dit "Ah, j'ai rencontré quelqu'un
00:54:36 que vous devez bien connaître dans votre service."
00:54:38 Il me parle d'un vieux journaliste du Canard Enchaîné.
00:54:40 Il me dit "J'étais à l'entrée
00:54:42 du Canard, et il vient me rejoindre
00:54:44 derrière moi en me disant "J'étais pas au bureau,
00:54:46 j'étais en face, c'est là que je passe mes coups de fil
00:54:48 pour éviter les écoutes."
00:54:50 - C'est ça. - C'était un...
00:54:52 une boutique juste en face du Canard.
00:54:54 Elle existe toujours d'ailleurs. - Oui, oui, elle existe toujours.
00:54:56 - Et donc, il me donne ça, et
00:54:58 il était évident que
00:55:00 travailler officiellement sur le Canard,
00:55:02 je pense que j'aurais été bloqué.
00:55:04 Alors, j'ai pris un de mes vieux
00:55:06 informateurs sur
00:55:08 les services soviétiques, qui m'a dit
00:55:10 entre autres qu'il avait
00:55:12 rencontré, qu'il devait passer un coup de fil
00:55:14 à un diplomate soviétique
00:55:16 qui lui demandait, je ne sais plus
00:55:18 quoi, pour des
00:55:20 loges d'appartement.
00:55:22 Et donc, il m'a dit "Appelez-moi à ce numéro-là,
00:55:24 parce que je sais des amis, je passe la soirée chez eux."
00:55:26 Et moi, j'ai mis le numéro
00:55:28 de leur droit en question. Donc, j'ai identifié,
00:55:30 j'ai identifié
00:55:32 le numéro, et ensuite,
00:55:34 on a branché ça
00:55:36 avec l'accord
00:55:38 d'une partie de ma hiérarchie, quand même.
00:55:40 Et puis, pendant six mois,
00:55:42 j'ai eu toutes les commandes de café,
00:55:44 du torréfacteur en question.
00:55:46 - Vous êtes le C.A. de mes écoutes, je vous jure, je dis "Ca va".
00:55:48 - Et de temps en temps, j'avais
00:55:50 une autre conversation, où j'identifiais
00:55:52 un des
00:55:54 correspondants du monsieur en question.
00:55:56 Et puis, mai
00:55:58 81 est arrivé, j'ai
00:56:00 anticipé le fait que je n'aurais pas
00:56:02 les félicitations du jury
00:56:04 en continuant cette affaire, donc on a arrêté, on a tout détruit.
00:56:06 - Ah oui, donc
00:56:08 ça s'est arrêté là. - Mais ça date de
00:56:10 40 ans maintenant. - Oui, bien sûr.
00:56:12 Mais dites-moi, est-ce que ça a été, justement, avant de
00:56:14 parler du reste, est-ce que le changement
00:56:16 de régime, parce qu'il faut bien dire,
00:56:18 l'arrivée de Mitterrand, c'était plus la même majorité,
00:56:20 c'est le moins que l'on puisse dire, etc.
00:56:22 Donc à 81, vous avez quitté
00:56:24 en 46, et quand arrivait Chirac,
00:56:26 quand arrivait Balladur
00:56:28 à ce moment-là, effectivement,
00:56:30 en 46-88,
00:56:32 est-ce que
00:56:34 ça a été un vrai changement
00:56:36 presque structurel,
00:56:38 les hommes, etc.,
00:56:40 ou pas tellement ?
00:56:42 - A la DST, non. - Non, il n'y a pas eu de...
00:56:44 - Non. Vous savez,
00:56:46 la police nationale, elle est un peu
00:56:48 comme toute la population française.
00:56:50 Elle est répartie, une partie
00:56:52 à gauche, une partie à droite, et une partie
00:56:54 qui ne vote pas. Et en gros,
00:56:56 la répartition, elle est à peu près
00:56:58 la même que les résultats
00:57:00 des élections. Donc on avait chez nous
00:57:02 autant de gars de gauche que de gars
00:57:04 de droite, et autant de gars qui étaient
00:57:06 dans Trésor et qui
00:57:08 fichaient totalement. - Ils ne sont pas réfugiés.
00:57:10 - Non, la police,
00:57:12 dans ce que je connais, la DST, elle était
00:57:14 absolument à l'image de la société française.
00:57:16 - C'est ça. - Il n'y avait pas de...
00:57:18 On travaillait pour le
00:57:20 pays, on travaillait des fois même plus
00:57:22 pour le service que pour le pays.
00:57:24 - Je comprends. On est attaché à ça.
00:57:26 - Voilà. Le nationalisme, il était plus
00:57:28 du service que du...
00:57:30 Ce qui se passait dans le pays, à la limite,
00:57:32 c'est ça et basta.
00:57:34 Mais nous, on avait
00:57:36 les intérêts de notre
00:57:38 DST, on les avait à cœur.
00:57:40 - Vous étiez les patriotes du service.
00:57:42 - Oui. J'espère que les gens de la DGSI sont pareils
00:57:44 avec leur service. - Bah écoutez, espérons-le
00:57:46 aussi, oui, c'est bien. Enfin, il faut qu'il
00:57:48 pense un peu à la France, je pense qu'il pense un peu.
00:57:50 - Bien sûr qu'il pense à la France. De toute façon, le travail, il est fait
00:57:52 pour le pays. - Bien sûr, bien sûr.
00:57:54 On va continuer avec Jean-Luc Carre,
00:57:56 encore une fois, un rebelle
00:57:58 à la DST, beaucoup de choses, beaucoup de choses
00:58:00 qu'il a raconté et à dire
00:58:02 après cette petite pause.
00:58:04 - Et vous avez la parole sur Sud Radio.
00:58:06 Vous nous appelez pour participer à l'émission
00:58:08 0826 300 300.
00:58:10 0826 300 300.
00:58:12 A tout de suite sur Sud Radio.
00:58:14 - Sud Radio
00:58:16 Bercov, dans tous ses états.
00:58:18 Appelez maintenant pour réagir
00:58:20 0826 300 300.
00:58:22 - Ici
00:58:24 Sud Radio.
00:58:26 Les Français
00:58:28 parlent au français.
00:58:30 Les carottes
00:58:32 sont cuites.
00:58:34 Les carottes sont cuites.
00:58:36 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:58:38 - Un livre à lire comme un roman
00:58:42 policier, mais c'est d'ailleurs un roman policier,
00:58:44 sauf que ce n'est pas un roman. Un rebelle à la
00:58:46 DST de Jean-Luc Carre.
00:58:48 15 ans d'affaires sensibles aux éditions
00:58:50 Plon.
00:58:52 Justement, Jean-Luc Carre, par rapport à
00:58:54 toutes ces...
00:58:56 au déclenchement des affaires,
00:58:58 etc. Il y a
00:59:00 du côté, je dirais,
00:59:02 spectateur ou commentateur.
00:59:04 Effectivement, les micros du
00:59:06 connard, je me rappelle, j'étais jeune journaliste
00:59:08 à FH Pro, mais énorme. Et puis,
00:59:10 les Irlandais de Vincennes aussi. Enfin, cette...
00:59:12 Alors, parlez-nous
00:59:14 des Irlandais de Vincennes et par rapport
00:59:16 à quelqu'un dont vous parlez,
00:59:18 comme Dominique Erulin, qui a occupé une plage
00:59:20 non négligeable dans ce livre,
00:59:22 sinon dans votre vie. Bernard Juga,
00:59:24 aussi, qui était un de vos informateurs.
00:59:26 Et, parlons-en. Alors,
00:59:28 Bernard Juga, vous, c'était quoi ?
00:59:30 Enfin, c'était qui ? C'était quoi ?
00:59:32 Et à quoi il a participé ?
00:59:34 - Bernard Juga, il était
00:59:36 impliqué, il avait des amis dans l'INLA.
00:59:38 L'INLA, c'était une organisation
00:59:40 concurrente de l'IRA.
00:59:42 Et il avait 3-4 camarades.
00:59:44 - Irlandais, donc. - Irlandais,
00:59:46 donc, qui étaient venus en France pour s'abriter
00:59:48 des...
00:59:50 - Des représailles. - Des attaques,
00:59:52 des représailles des services britanniques.
00:59:54 Et ils étaient en France, en attente,
00:59:56 parce que la France, à cette époque-là,
00:59:58 il y avait beaucoup de mouvements terroristes
01:00:00 occidentaux, et en France,
01:00:02 il y avait des moyens de trouver des plans,
01:00:04 des armes, des faux-papiers,
01:00:06 de l'argent, enfin, tout ça, c'était un
01:00:08 endroit où les...
01:00:10 Ils pouvaient être en immersion, en attendant
01:00:12 de décider d'une action quelconque.
01:00:14 Il était rentré au contact de ces gens-là,
01:00:16 et, quand il y a eu
01:00:18 l'attentat
01:00:20 au restaurant de Joe Goldenberg,
01:00:22 - Oui. - Il a,
01:00:24 sur les portraits robots
01:00:26 qui ont été mis, il a cru
01:00:28 reconnaître ses...
01:00:30 A son grand malheur, il a cru reconnaître
01:00:32 ses camarades. Alors, il a voulu
01:00:34 rendre compte, il a été à l'Élysée, il a vu
01:00:36 Régis Debray, qui, je le comprends
01:00:38 très bien, c'est un peu méfié
01:00:40 de lui, il l'a écarté,
01:00:42 et il a été au Nouvel Observateur,
01:00:44 enfin, le directeur du Nouvel Observateur.
01:00:46 - Jean Daniel, il est pas Jean Daniel.
01:00:48 - Voilà, qui, lui, il avait une journaliste
01:00:50 qui venait de bouteler un reportage
01:00:52 sur le GIGN, donc il avait les contacts,
01:00:54 elle a appelé le GIGN,
01:00:56 et le capitaine Baril est arrivé pour prendre
01:00:58 toute l'affaire en main.
01:01:00 Et donc, ensuite, il a donné,
01:01:02 il faisait pas que les aider comme ça,
01:01:04 il gardait chez lui
01:01:06 armes explosives et tout le
01:01:08 petit matériel qu'il mettait de côté,
01:01:10 donc Baril a pris ça, et en fait,
01:01:12 Baril a mis chez l'Élysée, dans l'appartement
01:01:14 de Vincennes, il a mis lui-même les
01:01:16 affaires.
01:01:18 Il y a des gens qui
01:01:20 croient ça très malin, en fait, c'est
01:01:22 l'erreur à pas connaître. Quand on fait
01:01:24 une perquisition, on prend ce qu'on
01:01:26 trouve, pas ce qu'on amène, évidemment.
01:01:28 - Oui, non mais c'est pire que ça, il a pas
01:01:30 fait ça comme par hasard, il amène,
01:01:32 il a fait du zèle. - Oui, oui, tout à fait,
01:01:34 il a fait du zèle. Alors,
01:01:36 après ça,
01:01:38 gros mouvement,
01:01:40 gros mouvement dans la presse et partout,
01:01:42 et puis,
01:01:44 Gégas, il s'en étonne, il tente à alerter,
01:01:46 et puis, les gens s'en foutent,
01:01:48 ou disent "on met la poussière
01:01:50 sous le tapis, on n'en parle pas". Donc, il arrive
01:01:52 à la DST.
01:01:54 - Il est venu de lui-même à la DST ?
01:01:56 - Oui. - De lui-même ?
01:01:58 - De lui-même. Il vient de lui-même à la DST,
01:02:00 et il est entendu,
01:02:02 en fait, ce fameux "les gens de la section
01:02:04 irlandaise", mais la terrorisme
01:02:06 c'était un peu par thème, il y avait les Irlandais,
01:02:08 les gens de la section irlandaise le prennent
01:02:10 dans la pièce, et ils lui font cracher
01:02:12 un PV de 20 ou 25 pages,
01:02:14 où il explique tout le détail de son affaire,
01:02:16 et puis ensuite, quoi en faire ?
01:02:18 Alors, on me l'a donné, à moi et à mon commissaire
01:02:20 avec qui je travaillais, Jean Sillol,
01:02:22 et on nous a dit "voilà, voyez ce que vous pouvez en faire
01:02:24 et essayez de le calmer". Parce qu'en fait,
01:02:26 il allait partout, des milieux journalistes,
01:02:28 politiques, administratifs, tout,
01:02:30 il allait contacter n'importe qui pour dire
01:02:32 "on m'a
01:02:34 manipulé,
01:02:36 je demande une réparation, patati, patata".
01:02:38 Donc du coup, on l'a récupéré,
01:02:40 sur le contrôle, ça n'a pas été
01:02:42 très efficace, parce qu'il continuait
01:02:44 à voir les gens, à la limite,
01:02:46 moi, c'était pas trop mon problème,
01:02:48 mais je lui avais dit "tu fais ce que tu veux
01:02:50 avec tous les politiques, les journalistes que tu fais,
01:02:52 mais ce qu'on fait ensemble,
01:02:54 tu n'en parles pas".
01:02:56 Et je l'ai lancé sur deux
01:02:58 pistes. La première, elle montait bien,
01:03:00 c'était sur Marseille, donc on descendait
01:03:02 en TGV,
01:03:04 on le lâchait, il allait voir
01:03:06 ses petits copains révolutionnaires.
01:03:08 - Toujours sur les Zirondés, là ?
01:03:10 - Non, sur l'extrême gauche.
01:03:12 La piste, c'était de remonter vers
01:03:14 Action Directe.
01:03:16 Il y avait ces quatre gugusses là qui étaient
01:03:18 en cavale, et personne ne savait où ils étaient.
01:03:20 Tout le monde était dessus.
01:03:22 Donc après moi, avec
01:03:24 mon divisionnaire, on allait
01:03:26 se prendre sur le vieux Porsche, se manger une bouillabaisse.
01:03:28 - Vous avez senti Bernard Gégard, qui était capable
01:03:30 d'aller voir Action Directe,
01:03:32 il avait le talent,
01:03:34 la capacité d'aller dans des...
01:03:36 - C'était... - Action Directe, vous ne connaissez pas,
01:03:38 c'était pas sa cave,
01:03:40 si je peux me permettre, ou son domaine.
01:03:42 - C'était une taupe de premier ordre.
01:03:44 - C'est ça. - Une taupe de premier ordre.
01:03:46 C'est ça que j'ai relevé chez lui.
01:03:48 - Mais qu'est-ce qu'ils font alors ?
01:03:50 Jean-Luc, qu'est-ce qui fait les qualités de la taupe ?
01:03:52 - Déjà, accepter de travailler
01:03:54 pour les services.
01:03:56 - D'accord. C'est pas évident.
01:03:58 - C'est pas évident.
01:04:00 Ensuite, avoir les contacts. Si c'est pour une taupe
01:04:02 qui ne connaît rien,
01:04:04 elle est bien gentille, la taupe, mais elle ne vous ramènera rien.
01:04:06 Donc il faut que le gars
01:04:08 soit OK pour travailler pour vous,
01:04:10 il faut qu'il ait d'excellents contacts,
01:04:12 qu'il soit crédible dans son milieu,
01:04:14 qu'on lui parle,
01:04:16 qu'il n'éveille pas la mifiance,
01:04:18 et qu'il ait la patience.
01:04:20 Parce que s'il y va en cherchant trop
01:04:22 de renseignements, les révolutionnaires
01:04:24 gauchistes, là qui ne sont pas des enfants
01:04:26 de cœur, mais pas des idiots non plus,
01:04:28 vont se douter de la...
01:04:30 D'autant plus qu'ils sont toujours sur leur garde
01:04:32 pour éviter les pénétrations
01:04:34 de la police et des services.
01:04:36 Donc il faut ces qualités-là.
01:04:38 Et lui les avait.
01:04:40 - Et il a continué...
01:04:42 Mais vous avez longtemps...
01:04:44 - Oh non, ça a duré quelques mois,
01:04:46 pas plus, parce qu'ensuite, la première
01:04:48 piste, c'était sur Marseille,
01:04:50 la deuxième, c'était dans un quotidien
01:04:52 parisien.
01:04:54 - Lequel ?
01:04:56 - Libération.
01:04:58 Mais il y a longtemps.
01:05:00 La personne est décédée maintenant.
01:05:02 Je l'ai su dans Libération, en lisant la notice
01:05:04 nécrologique.
01:05:06 Mais il y avait un gars
01:05:08 très intéressant qui connaissait une foule de choses.
01:05:10 Un type qui était dans le milieu depuis
01:05:12 sa naissance. - En fait, entre le journalisme
01:05:14 et la taupe, il y a quelques
01:05:16 points communs.
01:05:18 - Le type était un grand professionnel
01:05:20 de la conspiration.
01:05:22 J'ai arrivé au contact,
01:05:24 et ça se passait bien.
01:05:26 On a fait à la DST...
01:05:28 Je rendais compte, tous mes rapports avec Gégas,
01:05:30 on avait un code de la
01:05:32 manipulation, on faisait pas ça n'importe comment.
01:05:34 Je le voyais,
01:05:36 je rendais compte avec des rapports très
01:05:38 circonstanciés, très précis.
01:05:40 - Dans le TGV, ils vont raconter ça ?
01:05:42 - Oui, dans le TGV, je prenais des notes,
01:05:44 ce qui était dur, parce que les premiers TGV, il y avait Libération,
01:05:46 on n'arrivait pas à écrire. Maintenant, c'est mieux.
01:05:48 - Et vous n'enregistriez pas ?
01:05:50 - Non. - Non, jamais.
01:05:52 - Non, parce qu'enregistrer quelqu'un...
01:05:54 - Oui, c'est pas...
01:05:56 D'abord, enregistrer, sans qu'il le sache,
01:05:58 avec tout le boucan qu'il y a dans un wagon,
01:06:00 c'est pas très bon, surtout avec les appareils
01:06:02 qu'on avait à l'époque.
01:06:04 Et puis non, non, ça...
01:06:06 Même les informateurs, je les enregistrais
01:06:08 jamais, moi. On prenait toutes de mémoire,
01:06:10 ou je prenais de temps en temps.
01:06:12 Et donc,
01:06:14 mes rapports,
01:06:16 ils ont été transmis à Luclatte.
01:06:18 La piste a été transmise à Luclatte.
01:06:20 Et à Luclatte, ils ont décidé d'interpeller
01:06:22 le gars.
01:06:24 Évidemment, 48 heures de garde à vue, il a rien à lâcher.
01:06:26 Et c'était fini.
01:06:28 - C'est fou, ça.
01:06:30 Non, mais ce qui est absolument
01:06:32 passionnant dans votre...
01:06:34 Et dans votre livre, etc., c'est, au fond,
01:06:36 on en a parlé hors antenne,
01:06:38 Jean-Luc, c'est la psychologie
01:06:40 et puis le moment.
01:06:42 Quel moment, le timing, quand tu entends
01:06:44 ce qu'il faut frapper, intervenir
01:06:46 ou pas intervenir, etc. Il y a ça.
01:06:48 Sinon, on commet les bévues qu'on a pu connaître.
01:06:50 - Il faut de la patience.
01:06:52 Il faut beaucoup de patience.
01:06:54 Et après,
01:06:56 dans notre métier,
01:06:58 dans le contre-espionnage, il y avait deux choses.
01:07:00 Soit on arrivait à recruter.
01:07:02 À ce moment-là, on mettait le gars de côté,
01:07:04 on le traitait comme un formateur.
01:07:06 Soit on n'y arrivait pas et on avait suffisamment
01:07:08 de billes contre le type pour
01:07:10 faire une procédure.
01:07:12 À ce moment-là, c'était la Cour de Sûreté de l'État,
01:07:14 6 jours de garde à vue. Et ensuite, à l'issue
01:07:16 de la garde à vue, à l'issue de la nature des procédures,
01:07:18 on voyait si on pouvait
01:07:20 l'envoyer à la Cour ou pas.
01:07:22 Parce que la Cour de Sûreté de l'État nous laissait
01:07:24 une grande liberté de manœuvre.
01:07:26 On avait des rapports. Mes patrons,
01:07:28 le divisionnaire avec qui je travaillais, Raymond Nart,
01:07:30 on avait avec eux des rapports
01:07:32 magnifiques. Je ne sais pas
01:07:34 si en ce moment, les procs de
01:07:36 n'importe quel cours disent aux policiers
01:07:38 "Qu'est-ce que vous suggérez dans cette affaire ?"
01:07:40 Et c'était ce qui se passait chez nous.
01:07:42 - Et pourquoi laisser une immense marge de manœuvre ?
01:07:44 - Une immense marge de manœuvre.
01:07:46 La cortacite était qu'on ne leur déférait
01:07:48 que des affaires ficelées à l'or.
01:07:50 Totalement. On risque pas
01:07:52 de se faire démonter les procédures par un avocat
01:07:54 parce que les avocats, quand on arrivait à la Cour de Sûreté
01:07:56 de l'État, ce n'étaient pas des débutants.
01:07:58 - Oui, j'imagine. Est-ce que nous avons encore
01:08:00 des... Est-ce que nous avons
01:08:02 des correspondants ou pas ?
01:08:04 Alors, on va continuer.
01:08:06 Non, c'est parce que je vois des noms s'afficher
01:08:08 mais on n'est pas encore... Pas de problème
01:08:10 parce qu'on a beaucoup de choses à se dire. Je croyais que vous me parliez
01:08:12 de la Guadeloupe. - Ah, la Guadeloupe.
01:08:14 Je suis parti à la Guadeloupe parce qu'après
01:08:16 l'affaire de...
01:08:18 le rapport de Luclade que j'avais
01:08:20 transmis au ministre Madelin, qui m'avait lu
01:08:22 ma sortie de la DST,
01:08:24 j'ai été un peu mis au placard et ensuite on m'a rappelé
01:08:26 Yves Bonnet, l'ancien préfet de la DST
01:08:28 partait comme préfet en Guadeloupe
01:08:30 parce que Jacques Chirac avait été
01:08:32 là-bas. Ça ne s'était pas très bien passé.
01:08:34 Il y avait eu des émeutes et tout ça. Il en avait
01:08:36 retiré un sentiment mitigé.
01:08:38 Il avait demandé à Charles Pasqua et
01:08:40 à Robert Pandreau d'envoyer là-bas comme préfet
01:08:42 quelqu'un à poigne.
01:08:44 Yves Bonnet avait tout à fait
01:08:46 le profil
01:08:48 de ce préfet très ferme.
01:08:50 Et donc Yves Bonnet était parti,
01:08:52 il avait dit "je pars d'accord avec une équipe
01:08:54 à moi pour arrêter les gars". Parce qu'on avait
01:08:56 une dizaine d'indépendantistes,
01:08:58 de gens de l'ARC, des terroristes
01:09:00 qui avaient été mis en prison,
01:09:02 à la prison de Bastère, qui s'en étaient évadés
01:09:04 et qui étaient en cavale depuis deux ans, deux ans et demi
01:09:06 et personne ne les retrouvait.
01:09:08 Donc on est parti, la petite équipe, pour ça.
01:09:10 - Et vous racontez d'ailleurs
01:09:12 ce qui s'est passé ensuite,
01:09:14 c'est assez fou.
01:09:16 Je crois que nous avons un
01:09:18 éditeur. - Oui, Philippe Decan
01:09:20 est avec nous, il a composé le 0826
01:09:22 300 300. Bonjour Philippe.
01:09:24 - Bonjour Philippe.
01:09:26 - Bonjour André, bonjour monsieur Jean-Luc.
01:09:28 J'ai une question
01:09:30 entre le donneur et serviteur.
01:09:32 Voilà, je m'explique.
01:09:34 À votre époque, mais encore plus
01:09:36 maintenant avec la DGSI,
01:09:38 avec la fusion,
01:09:40 voilà ce qui s'est passé.
01:09:42 Pouvez-vous donner votre avis
01:09:44 sur l'interprétation
01:09:46 des gens
01:09:48 assu... Je m'explique.
01:09:50 Ça demande des connaissances en langue...
01:09:52 À part le français et l'anglais,
01:09:54 mais quand on a différents interlocuteurs
01:09:56 à surveiller
01:09:58 ou à analyser,
01:10:00 ça demande des connaissances en arabe, en persan,
01:10:02 voilà.
01:10:04 Comment vous pouvez vous assurer
01:10:06 que...
01:10:08 - On ne raconte pas de victoire, c'est ça ?
01:10:10 - En tout cas, le rapport
01:10:12 est juste et bon.
01:10:14 Est-ce que vous êtes pas... Est-ce que l'interlocuteur
01:10:16 de la DGSI maintenant,
01:10:18 ne peut pas être manipulé non plus ?
01:10:20 - Jean-Luc, à votre avis,
01:10:22 il parlait de la connaissance des langues,
01:10:24 parce qu'il dit, bon, aujourd'hui, c'est effectivement...
01:10:26 Ça peut être l'arabe, ça peut être le tchétchène,
01:10:28 ça peut être l'afghan ou autre.
01:10:30 Vous savez,
01:10:32 est-ce qu'ils ont...
01:10:34 Ce n'est plus ce qui se passait,
01:10:36 mais est-ce que vous aviez aussi, à l'époque et aujourd'hui,
01:10:38 en tout cas encore plus, des problèmes d'interprète
01:10:40 qu'on ne raconte pas n'importe quoi ?
01:10:42 Des gens qui connaissent suffisamment
01:10:44 la langue pour bien
01:10:46 retranscrire ?
01:10:48 - Alors, d'abord, dans le contre-espionnage,
01:10:50 on avait plusieurs traducteurs,
01:10:52 des gens qui faisaient partie de la division
01:10:54 et qui nous traduisaient
01:10:56 les interrogatoires ou qui traduisaient les documents.
01:10:58 Et ça se passait sans problème,
01:11:00 avec une totale confiance.
01:11:02 À la division antiterroriste,
01:11:04 on avait aussi des gens qui parlaient arabe.
01:11:06 Moi, j'ai fait plusieurs reprises
01:11:08 des auditions avec
01:11:10 le traducteur,
01:11:12 ce qui était très facile, très pratique,
01:11:14 parce qu'on pose la question, il le traduit,
01:11:16 il a la réponse, il retraduit.
01:11:18 Et moi, ça me laissait le temps
01:11:20 d'écrire la première réponse,
01:11:22 de réfléchir et de voir l'architecture
01:11:24 de l'interrogatoire que j'allais lui monter.
01:11:26 Dans un sens, j'aimais bien
01:11:28 les auditions avec un traducteur,
01:11:30 ça me donnait du recul pour réfléchir.
01:11:32 Donc, ce n'était pas un problème.
01:11:34 Maintenant, il y a énormément...
01:11:36 Avant, les gens voyageaient moins.
01:11:38 On avait besoin de l'anglais,
01:11:40 de l'arabe, du russe,
01:11:42 chez nous, c'était ça.
01:11:44 Plus d'autres langues, évidemment.
01:11:46 Mais aujourd'hui, il y a une foule d'autres langues.
01:11:48 En lisant des tout-tout comme ça
01:11:50 sur la prêche, j'ai su qu'ils avaient
01:11:52 des problèmes pour trouver des linguistes,
01:11:54 mais ce sont des problèmes qui se résolvent.
01:11:56 Quant à savoir si le
01:11:58 traducteur est bien fidèle
01:12:00 à ce qu'il fait,
01:12:02 ça m'est arrivé quand j'étais au Stip.
01:12:04 Le traducteur sur des délégations.
01:12:06 Ce n'était plus du renseignement,
01:12:08 c'était l'accueil de délégations arabes, par exemple.
01:12:10 Et je sentais un petit malaise
01:12:12 entre mes invités
01:12:14 des pays arabes
01:12:16 et ce qu'ils me racontaient.
01:12:18 C'est simple, j'ai fait venir quelqu'un
01:12:20 qui parlait arabe couramment
01:12:22 et qui me traduisait entre autres
01:12:24 les propos du traducteur.
01:12:26 Quand j'ai su qu'il ne traduisait pas d'un langage,
01:12:28 j'ai fait un rapport et on a viré le mec.
01:12:30 - Bien sûr. - On contrôle ça.
01:12:32 - Oui, ça c'est plus contraire. - Dans une manipulation,
01:12:34 vous avez toujours le fait que
01:12:36 vous ne savez jamais si le gars vous dit
01:12:38 100% de la vérité ou... - C'est clair.
01:12:40 - C'est le jeu. C'est ça qui fait l'intérêt.
01:12:42 - Pour raconter ce qu'il veut,
01:12:44 il faut vérifier.
01:12:46 - Je crois que nous aurons un autre Philippe.
01:12:48 - Oui, restez bien avec nous, on se retrouve tout de suite
01:12:50 et on retrouvera Philippe de Soneloir
01:12:52 juste après un pub. A tout de suite sur Sud Radio.
01:12:54 (Générique)
01:12:56 - Sud Radio Bercov dans tous ses états,
01:12:58 midi 14h.
01:13:00 André Bercov.
01:13:02 - Ici Sud Radio.
01:13:04 Les Français parlent au français.
01:13:06 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:08 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:10 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:12 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:14 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:16 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
01:13:18 - Vous êtes bien sur Sud Radio
01:13:20 et vous avez la parole au 0826
01:13:22 300 300
01:13:24 et on accueille tout de suite Philippe
01:13:26 de Soneloir. Bonjour Philippe.
01:13:28 - Bonjour Philippe. - Bonjour André
01:13:30 et félicitations pour l'extrême qualité
01:13:32 de vos émissions. Vraiment
01:13:34 ça mérite une appellation contrôlée.
01:13:36 - Merci. Je vais me faire rembourser
01:13:38 par la sécurité sociale.
01:13:40 - Je voudrais saluer
01:13:42 votre qualité et le tutoyer
01:13:44 d'abord. Non pas parce que je le connais
01:13:46 mais parce qu'on est de la même
01:13:48 maison, de la même grande maison.
01:13:50 Sauf que moi j'étais dans la boutique
01:13:52 d'à côté surnommée
01:13:54 "Les grandes oreilles"
01:13:56 et donc
01:13:58 je voudrais rebondir sur ce qu'il disait
01:14:00 à propos des informateurs.
01:14:02 Un informateur, il ne faut jamais lui tourner le dos
01:14:04 dans le sens où son intérêt
01:14:06 n'est pas le même que le nôtre.
01:14:08 Notre intérêt c'est d'apporter
01:14:10 quelque chose à l'enquête, à l'investigation
01:14:12 et lui il a l'intérêt personnel
01:14:14 soit se faire écraser une affaire, soit de l'argent
01:14:16 soit tel ou tel avantage.
01:14:18 Et donc moi je suis toujours parti
01:14:20 moi j'étais officier traitant
01:14:22 je suis toujours parti du point de vue
01:14:24 que s'il enfumait en face
01:14:26 il était tout à fait capable de nous enfumer tout autant.
01:14:28 Donc c'est un jeu du
01:14:30 chat et de la souris. Et puis alors
01:14:32 à mon collègue,
01:14:34 je te salue et je peux te dire qu'on a un point commun
01:14:36 c'est qu'on connaît les plombiers.
01:14:38 Alors il faut le dire
01:14:40 ils ont été saqués
01:14:42 extrêmement saqués après 1981
01:14:44 et il y en a un d'ailleurs
01:14:46 qui est en train de se rendre à cancer
01:14:48 et le deuxième, je ne vais pas dire son nom mais je vais dire le prénom, Jean-Claude
01:14:50 voilà ça te dira quelque chose.
01:14:52 Je l'ai bien connu parce que c'est lui qui m'a formé
01:14:54 ultérieurement aux écoutes
01:14:56 et donc c'était un charmant collègue
01:14:58 voilà qui a travaillé effectivement
01:15:00 après au Renseignement Généau.
01:15:02 - Et les plombiers, il y a des plombiers qui sont des gens charmants
01:15:04 absolument. - Voilà.
01:15:06 - Merci beaucoup Philippe.
01:15:08 - Je te dirai ton bouquin et puis tu m'enverras une dédicace.
01:15:10 - Pas de problème.
01:15:12 - Ils vont te donner mon numéro.
01:15:14 - Absolument, absolument, on donnera votre numéro
01:15:16 au standard, absolument.
01:15:18 Je crois que nous avons quelqu'un
01:15:20 nous avons Guy ou pas encore peut-être ?
01:15:22 - Guy arrive, c'est Guy de Paris
01:15:24 Guy de Toulouse cette fois-ci.
01:15:26 Bonjour Guy.
01:15:28 - Oui bonjour, je suis
01:15:30 heureux
01:15:32 d'entendre une personne
01:15:34 de cet éminent service
01:15:36 pour lequel j'ai beaucoup de respect
01:15:38 alors je voudrais rappeler
01:15:40 j'ai plus de 70 ans
01:15:42 d'accord ?
01:15:44 - Oui. - À une certaine époque
01:15:46 j'étais à Bayonne
01:15:48 et je militais
01:15:50 pour la résistance au régime
01:15:52 de Franco.
01:15:54 Et un jour
01:15:56 l'ami, on dira l'ami
01:15:58 d'une tenancière
01:16:00 je pense que je n'ai pas besoin d'expliciter
01:16:02 - Non, non, c'est pas la peine d'enlever.
01:16:04 - Les amis du quai de Verdun
01:16:06 sont
01:16:08 au champagne toute la nuit
01:16:10 vas-y tranquillement
01:16:12 - C'est quoi le quai de Verdun ?
01:16:14 Alors là il faut donner, c'est quoi le quai de Verdun ?
01:16:16 C'est quoi les amis du quai de Verdun ?
01:16:18 - C'était le siège
01:16:20 dont notre auditeur connaît, c'était un des sièges
01:16:22 de la DST. - D'accord, d'accord.
01:16:24 Alors la DST
01:16:26 est trinquée au champagne et pourquoi pas
01:16:28 donc dans un estaminé
01:16:30 - Elle était invitée
01:16:32 elle a passé toute la nuit
01:16:34 au champagne. - D'accord, et alors ?
01:16:36 - Et cette brillante équipe
01:16:38 très tranquille
01:16:40 avait laissé son véhicule ouvert
01:16:42 et à l'intérieur
01:16:44 tout un système d'écoute téléphonique
01:16:46 avec un carnet de bois
01:16:48 ils étaient passés par la tour de
01:16:50 Munich, etc.
01:16:52 C'est à l'époque des plombiers
01:16:54 de l'affaire du Giscard d'Etaing
01:16:56 - Ils avaient Rémi Fleur, non ?
01:16:58 - Giscard d'Etaing
01:17:00 le Chaban enchaîné.
01:17:02 D'accord ?
01:17:04 Et cette équipe se rendait
01:17:06 sur la côte basque
01:17:08 pour approcher
01:17:10 les services de, à l'époque,
01:17:12 M. Chaban, quelque temps
01:17:14 avant les élections présidentielles.
01:17:16 - D'accord. - Pour savoir si
01:17:18 votre invité
01:17:20 a eu connaissance de
01:17:22 cette aventure. - Jean-Luc
01:17:24 absolument pas. - Non absolument pas.
01:17:26 - Absolument pas. Mais en tout cas
01:17:28 c'est intéressant. - Vous laissez mon téléphone
01:17:30 j'aurai du plaisir à échanger avec lui.
01:17:32 - D'accord, on le fera, on le fera.
01:17:34 Jean-Luc, je voudrais revenir
01:17:36 quand même justement à ce problème
01:17:38 de rapport.
01:17:40 Là où vous étiez, vous étiez évidemment
01:17:42 dans une équipe, vous aviez
01:17:44 vos patrons, etc.
01:17:46 Mais ce que je voulais savoir, est-ce que
01:17:48 à des moments
01:17:50 sans parler d'une affaire spécifique,
01:17:52 si par exemple
01:17:54 le chef de la DST
01:17:56 ou l'un des chefs
01:17:58 ou l'un des officiers traitants, etc.
01:18:00 reçoit une consigne
01:18:02 politique
01:18:04 et il estime que la manière dont on doit
01:18:06 le traiter n'est pas la bonne, c'est-à-dire
01:18:08 que, je parle pas du fond,
01:18:10 mais que stratégiquement,
01:18:12 que tactiquement, c'est pas bon.
01:18:14 Est-ce qu'il y a des discussions
01:18:16 où il faut
01:18:18 exécuter ce que disent les politiques
01:18:20 de toutes les façons, c'est dans le métier,
01:18:22 c'est l'ADN du métier, ou pas ?
01:18:24 - Alors, d'abord moi j'étais
01:18:26 un fonctionnaire, ce qu'on appelle un fonctionnaire
01:18:28 de terrain, et je n'avais pas
01:18:30 accès aux discussions qui peuvent
01:18:32 se passer entre le préfet de la DST
01:18:34 et le ministre. Je dirais,
01:18:36 pour répondre à votre question, que tout dépend
01:18:38 des rapports que le préfet de la DST
01:18:40 ou les hauts cadres de la DST
01:18:42 entretenaient avec le ministre
01:18:44 ou les hauts responsables du pays.
01:18:46 Ça dépendait des hommes.
01:18:48 À certains moments, compte tenu
01:18:50 de la personnalité de certains de nos chefs,
01:18:52 je pense qu'il pouvait y avoir
01:18:54 des cas où nos chefs disaient
01:18:56 "là vous faites une erreur, on va au casse-pipe
01:18:58 ou là il vaut mieux faire comme ça
01:19:00 plutôt que comme ci".
01:19:02 Dans d'autres cas, peut-être qu'ils
01:19:04 obéissaient. Pour l'affaire du canard,
01:19:06 ils ont dit oui.
01:19:08 Une partie de la direction
01:19:10 a dit "si ceux-là peuvent s'en occuper,
01:19:12 s'ils veulent s'en occuper, qu'ils s'en occupent,
01:19:14 nous c'est pas notre affaire". Et ils ont bien fait.
01:19:16 La preuve.
01:19:18 Mais non, ça dépendait des rapports
01:19:20 et des personnalités des ministres
01:19:22 et des dirigeants du service.
01:19:24 - Et dans le cas des Irlandais de Vincennes, c'est la même chose ?
01:19:26 Vous pensez qu'il y a eu quelques
01:19:28 je veux dire
01:19:30 quelques écarts
01:19:32 entre l'analyse de tel ou de tel
01:19:34 ou pas ? Parce qu'il y a eu quand même
01:19:36 cette histoire de déposer des armes
01:19:38 qui a tourné en fiasco
01:19:40 quand même terrible. - Oui, plutôt.
01:19:42 - Est-ce que vous pensez
01:19:44 qu'il peut y avoir,
01:19:46 vous ne le savez pas, mais il peut y avoir eu
01:19:48 des discussions assez
01:19:50 précises ? - L'affaire des Irlandais,
01:19:54 François Mitterrand, les socialistes en général
01:19:56 se méfiaient un peu de la police.
01:19:58 - Il faut le dire, oui.
01:20:00 - Ils se méfiaient un peu de la police. Ça s'est calmé après.
01:20:02 - Oui, bien sûr. - Mais ils se méfiaient
01:20:04 de la police, donc ils ont confié, et surtout
01:20:06 le service
01:20:08 des voyages officiels, s'ils savaient bien
01:20:10 organiser les
01:20:12 missions précurseurs et tout ça,
01:20:14 sur le plan de la protection réelle,
01:20:16 c'était pas l'idéal.
01:20:18 Et donc, effectivement, je pense que
01:20:20 François Mitterrand devait se sentir mieux
01:20:22 en sécurité avec les athlètes
01:20:24 du GIGN qu'avec
01:20:26 les autres. Bon, ça c'est une chose.
01:20:28 Ensuite, il y a sans doute un sentiment
01:20:30 de confiance. Le président Mitterrand
01:20:32 faisait confiance à Proto. Je me suis
01:20:34 d'ailleurs toujours demandé comment un
01:20:36 type aussi redoutablement intelligent
01:20:38 et florentin, comme on disait,
01:20:40 que Mitterrand pouvait avoir
01:20:42 une confiance totale dans cet homme
01:20:44 qui était un fidèle de chez Fidèle,
01:20:46 mais pour certaines parties,
01:20:48 pas pour d'autres. - Pas pour d'autres. - Lui avoir confié
01:20:50 un travail de renseignement sur l'antiterrorisme,
01:20:52 alors qu'il y avait
01:20:54 l'ERG, il y avait la PJ, il y avait
01:20:56 l'ACT qui travaillaient là-dessus,
01:20:58 il n'y avait pas de résultats pour l'instant parce que c'était un travail
01:21:00 de longue haleine, le renseignement. S'imaginer
01:21:02 que ces gars-là allaient pouvoir, en un
01:21:04 claquement de doigts,
01:21:06 réussir une affaire,
01:21:08 c'était du rêve.
01:21:10 Alors après, quand il y a eu cette affaire,
01:21:12 il y a eu un emballement dans la presse. "Ah, les gendarmes
01:21:14 ont trouvé, le GIGN a trouvé un truc
01:21:16 formidable, et tout ça, c'est parti."
01:21:18 Et ensuite,
01:21:20 alors là, il y a eu la part de Zell,
01:21:22 du capitaine Baril,
01:21:24 qui n'a pas dû
01:21:26 trouver grand-chose dans l'appartement
01:21:28 des
01:21:30 Irlandais, qui, si l'affaire avait été
01:21:32 au bout, son plan pour
01:21:34 rester dural serait retrouvé en correctionnel
01:21:36 avec trois mois de sursis et une petite...
01:21:38 Un truc comme ça. Mais là, il a voulu,
01:21:40 il s'est dit "Il n'y a rien, allez, hop, il n'y a rien,
01:21:42 faisons une affaire."
01:21:44 Et ça, c'est de l'irresponsabilité totale.
01:21:46 - Jean-Luc,
01:21:48 on arrive
01:21:50 au terme de cette émission, et encore une fois,
01:21:52 je recommande votre livre, parce que vraiment,
01:21:54 il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup
01:21:56 d'affaires à raconter, je vous le dis, ça se lit comme un roman
01:21:58 policier, encore une fois, mais
01:22:00 c'est un roman vrai.
01:22:02 Vous...
01:22:04 Vous êtes
01:22:06 fiers de ce
01:22:08 que vous avez vécu là-bas, c'est quelque chose qui a été
01:22:10 une expérience très passionnante
01:22:12 pour vous, j'imagine, mais vous en retirez
01:22:14 juste en quelques mots,
01:22:16 vous retirez quoi de cette vie
01:22:18 à la DST ? Parce que 15 ans,
01:22:20 c'est beaucoup, je ne parle pas du privé...
01:22:22 - Je suis fier d'avoir appartenu
01:22:24 à ce service, à la DST, j'y ai vécu
01:22:26 des années merveilleuses. Le boulot
01:22:28 de contre-espion ou dans la lutte antiterroiriste,
01:22:30 c'est quelque chose de passionnant, c'est très
01:22:32 exaltant. Ça vous apprend
01:22:34 la patience, l'opiniâtreté,
01:22:36 ça vous fait découvrir, on est au centre
01:22:38 des choses. C'est Camus qui disait
01:22:40 "Le policier, il est au centre des choses."
01:22:42 - Vous avez tout à fait raison. On faisait
01:22:44 partie de l'histoire. Quand on travaillait
01:22:46 contre le KGB, bien que j'ai
01:22:48 beaucoup de respect pour les gens du KGB, qui étaient
01:22:50 un grand service, comme le sont ceux du
01:22:52 SVR maintenant, je n'en doute absolument
01:22:54 pas, mais c'était
01:22:56 une période extraordinaire.
01:22:58 - En fait, quelque part,
01:23:00 vous faites l'histoire. - Voilà, oui.
01:23:02 - C'est ça. Merci.
01:23:04 - C'est moi qui vous remercie.
01:23:06 - Merci Jean-Luc et merci à nos
01:23:08 auditeurs de nous écouter toujours aussi nombreux.
01:23:10 Tout de suite, l'émission
01:23:12 de Brigitte Lahaye. A tout de suite sur Sud Radio.
01:23:14 Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h. André Bercoff.
01:23:20 Avec Aper, la marque de vêtements qui respecte votre identité.
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