Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 - On passe à Emmanuel Ducrot, bonjour Emmanuel ! - Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:04 - Alors, on part en Allemagne avec vous ce matin, est-ce qu'il faut encadrer,
00:07 subventionner le prix du kebab ? Débat surprenant qui enflamme la classe politique outre-Rhin
00:12 autour de ce sandwich turc qui est devenu pratiquement un plan national en Allemagne.
00:18 - C'est le parti d'extrême-gauche allemand, Die Linke, qui a lancé cette proposition choc.
00:22 Il demande un plafonnement du prix des kebabs à 4,90 €.
00:26 Il propose même un tarif réduit à 2,90 € pour les plus défavorisés.
00:31 Et c'est l'État qui comprend ce reste qu'on appelle la "Kebab Price Brems",
00:35 littéralement le coup de frein sur le prix du kebab.
00:37 C'est beau comme notre programme étatique de subvention du reprisage des chaussettes.
00:41 - Absolument ! Pourquoi ce "Kebab Price Brems" pour parler allemand ?
00:45 - Parce que le pays subit une "Dönerflation", l'allemand a une passion pour la création de mots.
00:51 Ça, ça veut dire une inflation sur le prix du "Dönerkebab".
00:53 C'est vrai que les prix ont plus que doublé en deux ans.
00:56 Il n'est plus rare de payer 7 € pour un kebab à Berlin.
00:59 C'est logique, tous ses composants ont flambé depuis la guerre en Ukraine.
01:03 Les matières premières alimentaires, les loyers, puis aussi l'énergie.
01:06 Bah oui, l'Allemagne paye le prix de ses choix énergétiques hasardeux aussi au travers de ses kebabs.
01:12 L'inflation alimentaire est devenue une question explosive dans le pays,
01:15 et ça ne se calme pas, contrairement à chez nous.
01:17 Le kebab, c'est un plat populaire, c'est un plat pas cher.
01:20 Eh bien, il est pris en sandwich entre toutes ces inflations.
01:23 C'est un sujet social chaud, parce que les plus touchés sont les plus modestes.
01:27 - On en pense quoi de cette idée de gel du prix des kebabs,
01:31 de ce tarif social du kebab, comme proposent les D-Link ?
01:34 - Alors, je vous propose de laisser de côté le débat de santé publique et le débat écologique,
01:38 parce que subventionner un plat gras et salé à base de viande,
01:42 ça pourrait faire grincer les dents autant des médecins que des écolos.
01:45 Mais bon, économiquement, on sait que les mesures de contrôle des prix des produits de grande consommation
01:50 produisent systématiquement des effets pervers.
01:53 Rappelez-vous, la Hongrie, en 2023, c'est un cas d'école.
01:56 Pour lutter contre l'inflation, le gouvernement avait bloqué les prix des produits de base,
02:00 les pommes de terre, le sucre, les œufs.
02:02 Eh bien, les producteurs et les distributeurs avaient compensé
02:05 en relevant le prix de tous les autres produits.
02:08 Explosion de l'inflation.
02:10 On peut déjà prédire ce qui se passera si l'État allemand
02:13 compense la différence entre le prix de vente et le coût de revient du kebab.
02:17 Une flambée des coûts de tous les composants, la sauce, les frites, les oignons, la viande, le pain,
02:23 par effet d'Aubaine. Bah oui, c'est pas cher, c'est l'État qui paye.
02:26 - Bon, mais si l'idée allait au bout, ce serait compliqué à mettre en place ?
02:30 - Ça ressemble aussi à une de ces usines à gaz qu'on pourrait imaginer en France.
02:34 Imaginez demander aux vendeurs de kebab, qui opèrent parfois dans la rue ou dans des caravanes,
02:39 de tenir un registre des ventes à plein tarif et à tarif réduit pour les sandwiches,
02:43 afin d'obtenir le remboursement par l'État.
02:46 Sans parler du coût, les Allemands mangent 1,3 milliard de kebabs par an.
02:50 C'est un marché à 7 milliards d'euros.
02:52 La subvention a été calculée par Die Linke, 4 milliards par an.
02:57 Le budget allemand qui est en pleine chasse aux économies ne peut évidemment pas se le permettre.
03:01 - Signature, Europain Emmanuel Ducrox. Merci Emmanuel.