Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Jusqu'à 21h en effet, et jusqu'à 20h en présence de Lou Frittel, journaliste politique à Paris Match et l'avocat Jean-Yves Leborgné, et nous avons le plaisir d'accueillir Anne Lauvergeon, bonsoir.
00:15Bonsoir.
00:16Vous signez ce livre, La promesse chez Grasset, cette promesse que vous avez faite un peu à contre-cœur, on le lit dans votre texte, à François Mitterrand qui vous fait promettre ça il y a 30 ans dans un antichambre entre deux portes de l'Elysée alors que je crois que vous choisissiez une cravate alors qu'il n'était pas content, vous trouviez que sa cravate n'allait pas pour le dîner avec Bill Clinton,
00:41et puis il vous fait promettre que vous allez écrire ce livre sur toutes ces années passées aux côtés de lui.
00:47Question d'actualité Anne Lauvergeon si vous le voulez bien, ce qui se passe en ce moment en Nouvelle-Calédonie, j'imagine que ça vous touche profondément étant donné que vous avez été secrétaire générale adjointe de l'Elysée entre 1990 et 1995,
00:59c'est juste après les tout premiers accords qui allaient en devenir d'autres trois ans plus tard en 1998, quel est votre regard sur la Nouvelle-Calédonie, sur ce qui se passe et sur ce dégel du corps électoral ?
01:13C'est un sujet extraordinairement complexe, vous avez raison, on vient d'un passé très compliqué, avec rappelez-vous la grotte de Vea, les morts etc.
01:26On sait le caractère extraordinairement sensible du sujet avec les problématiques post-coloniales, avec les problématiques aussi de communautés antagonistes.
01:41Je crois que le problème a peut-être été un peu perdu de vue cet an dernier, traditionnellement c'était après Michel Rocard chaque premier ministre qui s'occupait très attentivement de cette problématique,
01:58et puis là on a l'impression qu'effectivement le sujet était un peu perdu entre le ministère de l'Intérieur et l'Elysée. C'est toujours facile de le dire a posteriori, maintenant il faut résoudre le problème.
02:17Alors résoudre le problème comment ? Est-ce que comme le disent certains, il faut tout refaire ? Certains disent qu'il ne faut même plus compter sur les accords qui ont été faits en 88 et en 98, il faut carrément tout refaire ?
02:29On est 26 ans après les derniers accords, on a quand même eu 3 référendums qui ont donné des résultats tout à fait identiques. Alors c'est vrai qu'il se pose le problème d'avoir une liste électorale qui n'a pas bougé,
02:43alors il y a beaucoup de gens qui se sont installés là depuis lors, venant de l'Asie du Sud-Est en particulier, de Chine, d'Australie. Je ne suis pas du tout spécialiste du sujet,
02:55je ne peux pas vous donner la solution, mais en tout cas je crois très franchement qu'il faut y attacher la plus grande importance et je pense que la visite du Président de la République est une très bonne chose,
03:10en même temps, puisque c'est une locution qui m'aime bien, le Président il y va plutôt quand les problématiques sont plutôt réglées qu'après une période aussi chaude.
03:27Vous, justement, vous citez François Mitterrand en disant qu'il fallait laisser du temps au temps, pas dire que tout se règle avec le temps, mais quand même.
03:45C'est un de ses aphorismes préférés, c'est-à-dire que sur chaque chose, je pense qu'il faudrait une décision un peu comme un fruit, il ne faut pas l'apprendre quand le fruit n'est pas mûr et en même temps, il ne faut pas non plus attendre trop longtemps que tout ça pourrisse.
04:02Donc il faut trouver le bon moment et pour moi, ingénieur, ça a été d'ailleurs une grande découverte parce que je pensais un peu naïvement qu'une décision était bonne quel que soit le moment où on la prenait.
04:15C'est bien sûr entièrement faux et l'art du politique, c'est de savoir prendre les bonnes décisions au bon moment.
04:22Oui, alors les bonnes décisions, elles ont été prises pas toujours au bon moment. Un sujet que vous connaissez bien, celui du nucléaire sur lequel on a eu des ordres et des contre-ordres, si j'ose dire.
04:36La situation actuelle avec les EPR que vous connaissez bien, que promet le Président de la République à venir, est-ce qu'on est sur la bonne voie ?
04:45Alors, c'est vrai que le nucléaire, c'est 60 ans de politique, je dirais, continue de la France, quelles que soient les alternances politiques, quelle que soit la couleur des gouvernements.
04:57Et puis, on a eu d'abord fin des années 90, ensuite avec la fermeture de Superphénix, qui était tenu à un superbe laboratoire contre les actinides.
05:13Puis, post-Fukushima, on a eu une sorte de consensus en France qui consiste à dire que la politique énergétique allemande était la bonne.
05:21Alors, on oubliait qu'il y avait du gaz russe pour nourrir tout ça, et on a vu toutes les conséquences, et du charbon, et de la limite.
05:31Et donc, c'était le modèle européen qui s'est avéré, on a vu les conséquences en 2021-2022.
05:39Alors, aujourd'hui, on est reparti sur, je pense, de bons rails, et là, entre 2011 et maintenant, on a perdu une position de leader.
05:53Areva a été le leader mondial du nucléaire.
05:56C'est Atomic Anne qui dit ça, ce soir sur Europe.
05:59Ouais, ouais, je crois qu'on a fait beaucoup d'erreurs.
06:03On a fait beaucoup d'erreurs, c'est-à-dire qu'au lieu de renflouer l'entreprise comme l'ont fait les gouvernements chinois, russe, japonais,
06:14ou bien comme l'ont fait les Américains en l'envoyant en faillite pour mieux la faire reprendre par un des plus gros fonds américains,
06:21on n'a rien fait sur Areva pendant des années.
06:24On l'a coupée en deux, ce qui est une aberration, et on a perdu une opposition mondiale.
06:29Donc, beaucoup de compétences sont parties.
06:33Alors, les jeunes ingénieurs en particulier sont passionnés et techniciens par le nucléaire,
06:40mais il faudrait faire revenir aussi quelques managers expérimentés qui ont réussi très bien dans le reste de l'industrie française,
06:48ou le reste des entreprises, pour venir épauler le redémarrage du nucléaire français.
06:53Le temps a filé, Anne Lauvergeon, nous avons parlé des questions d'actualité et pas du tout de la promesse.
06:57Alors, ce que je vous propose, c'est qu'on se recontacte et vous reviendrez dans ce studio et on parlera de la promesse,
07:02parce qu'il y a notamment un passage sur l'amitié qui est vraiment très poignant dans votre livre,
07:06et j'aimerais beaucoup qu'on en parle. Malheureusement, c'est les jouets du direct, il est déjà 19h55,
07:10et je suis obligé de vous quitter, chère Anne Lauvergeon.
07:13Si c'est une promesse, et si c'est la vôtre, je la prends.
07:17Vous pouvez compter dessus. Anne Lauvergeon, la promesse, chez Grasset,
07:21et vous revenez justement pour parler de la promesse, puisque c'est une promesse.
07:24Merci chère Anne Lauvergeon, merci à vous Loufritel, merci Jean-Yves Le Bon pour vos lumières,
07:33à vous deux aussi sur la Nouvelle-Calédonie, sujet complexe.
07:36Dans un instant, le journal de 20h, et on continue 20h10, notre invité politique, Manuel Bompard.
07:42A tout de suite sur Europe 1.