Tous les vendredis, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Jacques Serais pour débattre des actualités du jour.
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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Jacques Serret.
00:04Nous sommes ensemble jusqu'à 21h dans ce studio Jules Torres du JDD,
00:08Alexandre Malafaille président de l'Observatoire Sinopia
00:11et une question, alors que les sondages donnent le Rassemblement National en tête
00:16avec 36% des voix et le Nouveau Front Populaire 28% des suffrages,
00:22une question va se poser pour le camp présidentiel,
00:25dès dimanche soir 20h, quels consignes de vote ?
00:29Emmanuel Macron promet de la clarté, Jules Torres,
00:32cela signifie quoi pour Emmanuel Macron, pour le camp présidentiel
00:37qui peut se retrouver en tenaille, en tout cas c'est ce que prévoient les sondages ?
00:41Alors si Emmanuel Macron dit qu'il y aura de la clarté,
00:44je pense que ce sera le grand flou, et d'ailleurs on l'a bien vu dans votre interview
00:47tout à l'heure avec Patrick Bignal, qui est quelqu'un qui n'a jamais sa langue de bois,
00:51sauf quand vous l'avez interrogé sur la stratégie à adopter dimanche soir et la semaine prochaine.
00:58Je pense que tout d'abord ça va être très difficile pour la majorité présidentielle
01:02de se qualifier pour les seconds tours.
01:05Je pense qu'ils auront beaucoup moins de seconds tours qu'en 2022,
01:09et qu'ils auront donc à peu près 200 candidats au second tour.
01:13Il peut y avoir des triangulaires ?
01:14Absolument, 200 candidats dans des triangulaires,
01:17parce que je pense qu'il y aura en effet beaucoup de triangulaires.
01:19Donc la question qui se posera, c'est est-ce qu'on se retire au profit du Rassemblement National,
01:23est-ce qu'on se retire au profit du Front Populaire ?
01:28Et surtout, ce qui est intéressant, ce qui va être intéressant,
01:30c'est de voir que je pense que la majorité présidentielle va se retirer
01:33pour certains candidats écologistes, pour certains candidats socialistes,
01:37mais je pense qu'il n'y aura quasiment pas ou très peu de candidats de la majorité présidentielle
01:42qui se retireront pour faire gagner la France Insoumise.
01:45En tout cas, c'est pas quelque chose...
01:47En tout cas, par rapport au contexte actuel politique
01:50et vers où les cadres de la majorité présidentielle veulent emmener cette majorité-là,
01:54donc je pense à Gérald Darmanin ou à Gabriel Attal,
01:56qui veulent les emmener un petit peu plus à droite,
01:58je pense que ce serait, à mon avis, la moins bonne chose à faire
02:02pour préserver la majorité présidentielle.
02:04Alexandre Malafey, est-ce que vous estimez que c'est un dilemme pour Emmanuel Macron,
02:09pour le camp présidentiel qui se dessine dimanche soir ?
02:12C'est un dilemme clair pour certaines circonscriptions.
02:15Il y a que dans pas mal de circonscriptions, les choses seront, on va dire...
02:18Soit effectivement, vous avez une triangulaire,
02:20donc de toute façon, il appellera à voter pour les députés de son camp.
02:24Si ce n'est pas ce cas-là,
02:26et qu'on est face à des candidats qui sont très urtiquants de part et d'autre,
02:31c'est-à-dire considérés comme vraiment à l'extrême de l'extrême,
02:34vous faites quoi ?
02:36C'est très compliqué.
02:37Alors si on est dans le cas d'avoir un deuxième tour
02:39avec un candidat siotiste et un candidat socialiste ou écolo,
02:44en effet, ils pourront peut-être donner des consignes,
02:46mais en même temps, c'est quand même très compliqué de donner des consignes
02:48pour des partis qui ont bâti des programmes qui sont totalement en rupture
02:53et qui sont dénoncés à un point outrancier.
02:55Vous avez quand même...
02:57Appeler à voter pour des partis qui sont prêts à provoquer la guerre civile,
03:01intellectuellement parlant, c'est absurde.
03:04Mais en même temps, comme dirait l'autre,
03:06c'est possible puisqu'on a bien vu qu'on pouvait tout faire et tout dire
03:09et tout se contredire depuis 7 ans.
03:10Mais est-ce qu'il n'y a pas un paradoxe pour Emmanuel Macron,
03:13pour le camp présidentiel,
03:14à appeler à soutenir des candidats socialistes, écologistes,
03:18mais qui se sont alliés à la France Insoumise ?
03:20Si, évidemment.
03:21Et d'ailleurs, c'est le grand trouble de ces législatives.
03:24Mais je pense qu'ils n'auront aucun mal à le faire circonscription par circonscription.
03:29Et d'ailleurs, c'est pour ça que je pense que les deux journées de lundi et mardi
03:32ne seront consacrées qu'à ça.
03:33Donc, on aura une campagne éclair.
03:35Mais moi, ce que je trouve intéressant,
03:37c'est que là, on parle des consignes de vote,
03:38mais on fait comme si les Français écoutaient encore les consignes de vote.
03:41Moi, je vais vous dire...
03:42Pour vous, ça n'a aucun impact ?
03:43Je ne pense pas.
03:46Et les sondages disent à peu près que 60% n'en ont rien à faire
03:48des consignes de vote qui sont données par les candidats pour lesquels ils ont voté.
03:52On l'a vu en 2022,
03:54le RN, malgré un certain nombre d'appels à faire barrage,
03:58a remporté 55% de ses duels face à la France Insoumise.
04:04Donc, ce n'est pas quelque chose qui a fonctionné,
04:06alors que c'était beaucoup plus efficace par le passé.
04:10Là, je pense que...
04:11Ce n'est pas moi qui le dis, d'ailleurs.
04:12C'est un certain nombre de sondeurs,
04:13je pense notamment à François Croce de l'IFOP,
04:16qui dit que 70% des duels entre le Nouveau Front Populaire et le Ration Nationale
04:21devraient être en faveur du Ration Nationale.
04:23Donc, on voit bien qu'il y a quelque chose qui a changé
04:25et que les Français n'en ont plus rien à faire des consignes de vote.
04:28Cela signifie que des électeurs macronistes
04:31qui n'auraient plus de candidats au second tour
04:33se prononceraient davantage pour des candidats RN...
04:37Non, pas forcément.
04:39Pour faire l'abstention.
04:40Mais en revanche, je pense que la majorité irait plutôt vers l'abstention
04:43ou n'irait pas voter.
04:44Et qu'en effet, on voit,
04:46et c'est le sondage Odoxa qui nous le donnait hier,
04:48c'est qu'en cas de duel,
04:50la première option, c'est l'abstention.
04:54Et ensuite, c'est le barrage au Nouveau Front Populaire à 31%,
04:57et le barrage au RN, c'est à 29%.
04:59Donc, vous voyez bien que chez les électeurs macronistes,
05:01c'est beaucoup moins clair
05:03que ce que certains voudraient nous faire penser dans la majorité présidentielle.
05:07Alexandre Manafeil, est-ce qu'Emmanuel Macron ne s'est pas pris
05:10à son propre piège, finalement ?
05:13Est-ce que c'est l'aboutissement de cette dissolution ?
05:15C'est le pire cas de figure, finalement, pour le Président.
05:18Je crois qu'en fait, le Président a beaucoup de mal à écouter.
05:21C'est un peu la caractéristique, en tout cas,
05:24d'un des marqueurs d'échec de son quinquennat.
05:26Ça a été très bien raconté par le député Patrick Vignal tout à l'heure
05:30qui a manifesté vraiment son désarroi, finalement,
05:34sur comment cette décision était prise, pourquoi elle était prise,
05:36et comment, tout au long de ces sept années,
05:38on n'a pas tenu compte des Français.
05:40Donc, il a pris une décision hors sol,
05:42il a pris cette décision sans doute sur le tard,
05:44même s'il y avait un peu réfléchi avant,
05:46parce qu'il ne pensait pas perdre à ce point les élections européennes,
05:49et il a quelque part, au fond de lui, comme Napoléon à la veille de Waterloo,
05:52la certitude qu'il peut encore gagner.
05:54Et donc, il y a quelque chose de l'isolement du pouvoir
05:57qui a été poussé à son paroxysme avec Emmanuel Macron,
06:00qui se refuse à regarder la réalité en face,
06:02parce qu'il ne veut pas perdre la face, parce qu'il y croit,
06:04parce qu'il ne peut pas comprendre que ça ne se passe pas comme il le veut,
06:07parce qu'il est dans le camp du bon sens et de la raison,
06:09et qui dit, moi je fais ce qu'il faut, ça ne marche pas suffisamment,
06:12mais vous ne reconnaissez pas mon talent,
06:14on va continuer, c'est pas possible.
06:16Il s'obstine, il est dans une espèce de logique d'obstination extrême,
06:18c'est assez terrible,
06:20et ça le met dans une situation d'impasse,
06:22on verra les résultats, il faut être très prudent,
06:24je n'affirme rien, mais c'est vrai que l'observation générale
06:27est quand même préoccupante, et en effet,
06:29elle plonge tout le monde dans une situation chaotique,
06:31sur un plan électoral, chaotique sur un plan
06:33potentiellement sécuritaire, chaotique sur un plan
06:35gouvernemental, parce qu'à partir du début du mois de juillet,
06:37il va falloir faire face à un centre d'échéance, dont les Jeux Olympiques.
06:39Jules Torres du GDP.
06:40Moi la chose que je peine à comprendre, c'est comment Emmanuel Macron
06:42a-t-il pu penser, ou alors il est très cynique,
06:45mais comment il a pu penser que les Français se dédieraient ?
06:48C'est-à-dire qu'on a des élections européennes
06:51où la majorité présidentielle subit un camouflet terrible,
06:54où le RN obtient un score historique.
06:57Comment, 20 jours plus tard, les Français ne voteraient-ils pas,
07:00comme ils l'ont fait
07:0220 jours avant ?
07:03Ils ne croyaient pas à l'alliance des gauches, en tout cas.
07:05C'est peut-être le premier point.
07:06Donc ils pouvaient penser être en deuxième position.
07:08Oui, en effet, ils pouvaient penser être en deuxième position,
07:11mais déjà encore très loin du RN.
07:13Ça aurait été pire, parce qu'on aurait eu 450 députés du RN
07:17si la gauche était partie divisée, en réalité.
07:20Mais d'ailleurs, on voit que là, aujourd'hui, la gauche unie
07:22est un petit peu plus faible que la gauche divisée,
07:24si on l'additionne, des européennes.
07:26Donc c'est très intéressant.
07:28Mais certes, la majorité présidentielle fait 4 points de plus,
07:30pour l'instant, dans les sondages,
07:32que le score de Valérie Ayot aux européennes,
07:34mais 20%, on est quasiment moitié moins
07:37que le RN, qui est à 36%.
07:39Donc vous vous rendez bien compte
07:41que Jordan Bardella n'allait pas perdre 5 ou 6%
07:45avec cette dissolution.
07:46Donc c'est vrai qu'on a du mal à comprendre
07:48cette décision qui paraît, pour les Français,
07:51irréfléchie, incompréhensible et irresponsable.
07:54Il y a une question qui m'intrigue ce soir,
07:56parce qu'on évoquait le fait que,
07:58qu'en présidentielle, ce serait ni RN, ni LFI,
08:01mais, au cas par cas, soutien pour des socialistes,
08:04des écologistes, des communistes,
08:06malgré leur alliance avec les Insoumis.
08:08Est-ce que le cas de figure, en tout cas,
08:09est-ce que cette situation vaut aussi,
08:11potentiellement, dans le cas d'un candidat insoumis
08:15qui se retrouvait au deuxième tour
08:17face à un candidat LR, mais de la ligne Schotty,
08:20est-ce que c'est valable aussi ?
08:22Parce que là, on est sur un LR
08:24qui s'est allié à un RN, mais qui est LR.
08:26Oui, bien sûr, mais c'est une très bonne question
08:28que je n'ai pas, mais je pense qu'il y a...
08:30En fait, le problème de cette majorité présidentielle,
08:32c'est qu'on ne sait pas très bien où elle vit.
08:34Et donc, il y a une aile droite,
08:36qui est plutôt représentée par Gérald Darmanin,
08:37et une aile gauche, qui est...
08:39enfin, pas représentée, mais en tout cas,
08:40dont appartient, par exemple, Clément Beaune.
08:42Je peux vous dire que Clément Beaune,
08:43il appellera à voter LFI face à un candidat schiottiste.
08:46Par contre, je pense que Darmanin
08:49sera plutôt, encore une fois, dans le Nini.
08:51Donc, c'est toujours très compliqué.
08:53Je pense qu'en effet, Emmanuel Macron n'appellera pas
08:55à une position nationale,
08:57mais que ça se fera au cas par cas, par circonscription.
08:59Donc, la clarté, c'est le cas par cas, pour vous.
09:01La clarté, du coup, c'est le flou.
09:03Alexandre Manaphaï, c'est votre analyse également ?
09:05Oui, je pense que ça va être
09:07vraiment très, très difficile.
09:09Dupond-Moretti lui disait
09:11qu'effectivement, ce serait ni l'un ni l'autre,
09:13dans tous les cas de figure.
09:15De toute façon, une parole qui ne va pas être une seule,
09:17c'est celle d'Emmanuel Macron.
09:18Il va y avoir une multiplication de prises de parole.
09:19Tous les membres du gouvernement vont donner
09:21leur point de vue, leur avis.
09:22Ça va être, de mon point de vue,
09:23une cacophonie assez extraordinaire.
09:25Et de toute façon, là où je suis d'accord avec vous,
09:27c'est que dans les circonscriptions,
09:29chacun fera ce qu'il veut.
09:30Mais chacun va vouloir tirer son épingle du jeu.
09:32Chacun voudra avoir sa façon à lui
09:35de donner son interprétation.
09:37Mais les Français font ce qu'ils font.
09:39Vous le donnez en mille.
09:40En Bretagne, Hervé Barville va dire
09:42que ça se passe comme ça.
09:43Dans le Nord, ou du côté de Tourcoing,
09:45Gérald Darmanin va décider.
09:47Mais celui qui sera ni à Rennes,
09:49ni à l'EFI, j'imagine déjà
09:51qu'il y aura des réactions de la gauche
09:53et ils vont lui tomber dessus.
09:55Dupond-Moretti qui dit ni, ni,
09:56c'est le RN de la gauche
09:58et de son propre camp.
09:59De par la gauche, être accusé,
10:01d'être responsable de l'élection du RN.
10:03Oui, c'est ce dont il l'accuse
10:05depuis le début de campagne.
10:07Donc je pense que Dupond-Moretti,
10:08il a le cœur assez épais
10:09pour subir ces attaques-là
10:10venues de la part de ses anciens amis socialistes.
10:12Merci beaucoup, Jules Thoresse,
10:14Alexandre Malafeille.
10:15Bonne soirée à vous.
10:16Bon week-end.
10:17On se poursuit.
10:18C'est jusqu'à 21h dans un instant.
10:20Le journal de Mahé Lassani.