• il y a 5 mois
Mercredi 22 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) , Léa Dauphas (Chef économiste, TAC Economics) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research)

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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Léa Dauphaz est avec nous ce soir, chef économiste de TAC Economics.
00:16 Bonsoir Léa.
00:17 Bonsoir Greg.
00:18 Véronique Richelores nous accompagne également. Bonsoir Véronique.
00:20 Bonsoir.
00:21 Vous êtes économiste également, présidente de RF Research.
00:23 Et Jeanne Asraf-Biton est avec nous également. Bonsoir Jeanne.
00:26 Bonsoir Greg.
00:27 Ravie de vous retrouver. Vous êtes directeur de la recherche et de la stratégie de BFT IM.
00:31 Qu'est-ce que les marchés essayent de nous dire Jeanne ?
00:34 Prenez quelques indicateurs pour décrire la situation.
00:37 Et c'est vrai qu'on a l'impression qu'on a des marchés aussi calmes que possible dans l'environnement actuel.
00:42 Le VIX est passé sous le niveau de 12. La volatilité du marché action américain.
00:46 Les indices sont au sommet, en tout cas pour les marchés développés.
00:50 Même sur les marchés obligataires, la volatilité a tendance à se calmer un peu.
00:54 Le MOUV est quand même redescendu de ses niveaux records des derniers temps.
00:59 L'ETTO reste canalisé. Les spread de crédits sont serrés.
01:02 Le pétrole fluctue autour de 80 dollars.
01:06 Il reste relativement calme autour d'un prix qui semble satisfaire tout le monde.
01:12 De quoi est-ce que cette image est le reflet d'une certaine manière ?
01:16 Moi j'aurais dit d'un équilibre instable.
01:18 Ah !
01:19 C'est-à-dire que ce sont des marchés qui, à mon sens, n'ont pas de grande conviction.
01:24 Parce qu'ils sont dans une incertitude extrême.
01:27 Donc là, à l'instant T, les marchés se disent qu'il y a une désinflation un peu plus lente que ce qu'on espérait.
01:34 Mais après tout, pas très grave.
01:36 La désinflation immaculée, ce n'est pas complètement vrai, mais ce n'est pas complètement faux.
01:42 Les Etats-Unis ralentissent, mais un peu.
01:45 L'Europe a l'air même de vouloir frémir un peu en termes d'activité.
01:49 Donc après tout, les résultats, c'est peut-être le plus important.
01:52 Les marges des entreprises tiennent bien.
01:55 Donc ça donne un équilibre dont on sait qu'il est instable.
01:59 Parce que très difficile de projeter cet équilibre comme s'il n'y avait pas d'effet cumulatif qui allait se faire sentir.
02:07 Ou comme si même les banques centrales maintenaient un statu quo en l'état, ça produirait des effets cumulatifs à un moment.
02:17 Si les banques centrales ne font rien aujourd'hui, le niveau de restriction monétaire augmente.
02:22 Oui, ce n'est pas énorme quand même.
02:25 Mais oui, bien sûr.
02:26 Donc du coup, il y a des effets induits.
02:28 Donc le marché a bien conscience que c'est un équilibre instable.
02:31 Mais pour autant, un peu à l'instar des banques centrales, il dit on est data dependent.
02:38 Donc on va voir.
02:39 Honnêtement, quand les entreprises ont commencé à annoncer les résultats du premier trimestre,
02:45 c'était difficile de penser que ça tiendrait aussi bien.
02:50 Mais ça tient quand même en tout cas remarquablement bien compte tenu des attentes qu'on pouvait avoir.
02:57 Donc il y a des éléments qui font que globalement, je n'ai pas fait un point précis,
03:03 mais il semble que les investisseurs soient investis mais un peu de façon prudente.
03:09 Je n'ai pas l'impression qu'ils ont beaucoup envie de bouger pour l'instant.
03:13 On paye pour voir, on attend de voir ce qui va se passer.
03:17 On ne veut pas prendre trop de risques.
03:18 D'ailleurs, entre guillemets, avoir des volatilités aussi faibles devrait ou pourrait inciter certains gérants
03:24 à se dire on reste investi mais on se couvre.
03:27 Oui, la couverture n'est pas chère.
03:29 La couverture n'est pas chère.
03:30 Ce n'est pas toujours le cas.
03:31 Un équilibre instable en attendant de voir ce qui va se passer à partir du mois de juin
03:37 puisque c'est quand même la séquence baisse de taux qui va commencer en Europe
03:40 ou qui va se poursuivre puisqu'on a déjà eu la Riksbank, on a déjà eu la Banque Nationale Suisse,
03:45 on aura la baisse le 6 juin, peut-être que ce sera plus compliqué pour la Banque d'Angleterre le 20 juin.
03:51 Mais ces baisses de taux néanmoins, en tout cas en Europe, elles arrivent et pas dans un futur lointain.
03:58 Elles arrivent là demain dans trois semaines, Véronique.
04:00 Oui, je pense incontestablement.
04:03 Il n'y a plus rien pour retenir la baissée aujourd'hui.
04:06 Pas même l'inflation, les résultats économiques sont ce qu'ils sont.
04:12 On a quelques signes d'espoir que la situation s'améliore mais dans le fond la situation quand même est critique.
04:18 Oui, par de loin.
04:19 Et comme vous le disiez fort justement, si on ne fait rien, la situation peut devenir beaucoup plus critique,
04:26 notamment sur le marché immobilier.
04:28 Le marché immobilier, les secteurs de la construction qui sont vraiment des secteurs dont on s'en sent bien
04:33 qui peuvent basculer, devenir plus négatifs pour l'ensemble de la situation économique.
04:37 Donc oui, la BCE, puis on a un pétrole.
04:42 Alors, pétrole à 80 à 82 dollars, c'est quand même pas négligeable.
04:46 C'est ce qui a permis, me semble-t-il ces dernières semaines, d'avoir un écrasement des taux longs.
04:52 Et c'est vrai que c'est un niveau qui satisfait presque tout le monde.
04:56 Ça permet de stabiliser, de ne pas menacer d'un retour des effets de base
05:01 ou d'une remontée de l'inflation après que les effets de base négatifs aient disparu.
05:05 Et dans le cas de la zone euro, ça vient vraiment consolider les résultats de la baisse de l'inflation.
05:12 Donc ça c'est très important.
05:14 Vous l'étiez dit récemment, la corrélation peut paraître un peu simpliste ou insatisfaisante,
05:19 mais la corrélation entre les taux longs et le pétrole, ça reste quelque chose de très efficace.
05:24 Exactement. Et aujourd'hui, ce qui s'est passé depuis le mois d'avril à peu près,
05:30 quand on a à nouveau eu des déceptions sur la Chine, etc.
05:34 Et le pétrole est retombé et ça a quand même largement aidé à cette détente des taux longs.
05:40 Donc on a, et simultanément, la réappréciation de l'euro.
05:46 Alors que manque-t-il à la BCE pour agir ?
05:49 Rien. Elle va agir, c'est quasiment certain, en juin.
05:54 À mon avis, elle pourrait très bien abaisser ses taux une deuxième fois en juillet,
05:59 parce qu'il n'y a pas de raison, elle aura toujours les conditions pour le faire.
06:03 Pour le faire, reste toujours la position des plus faucons qui vont être quand même plaidés pour attendre le mois de septembre.
06:12 Donc ce n'est pas certain, mais ça paraît probable en tout cas.
06:19 Qu'est-ce que ça va changer ? Cette première baisse de taux, dans la perception, dans la psychologie,
06:24 mais aussi, j'allais dire, dans la réalité.
06:26 Une baisse de taux, il y en aura forcément une deuxième, sans doute une troisième.
06:30 On verra ce qui se passe après en 2025, mais ces quelques baisses de taux qui arrivent en zone euro,
06:34 qu'est-ce que ça change au profil conjoncturel de la zone euro ?
06:40 Probablement pas grand-chose, mais dans ce pas grand-chose, il y a des éléments qui sont quand même importants.
06:47 Je pense que ces baisses de taux sont nécessaires pour stabiliser le marché immobilier.
06:51 C'est vraiment important.
06:53 C'est là qu'on voit l'urgence de passer à l'action et c'est sans doute un des secteurs qui préoccupe la BCE également.
07:00 Donc ça ne nous permet pas d'envisager une reprise.
07:02 On aura des frémissements, il y a ce marché qui est très disparate de toute façon.
07:06 Il y aura des effets plus spectaculaires sans doute dans certains pans du marché,
07:11 mais ça permet au moins de se stabiliser.
07:13 Deuxièmement, pour les entreprises, on a d'ailleurs un début d'effet avec une détente des taux longs,
07:19 mais qui est fragile, qui se fait très lentement. On était encore au-dessus de 3% ce matin ou hier sur l'OAT en France.
07:26 Donc il faut consolider le mouvement de baisse et je pense que ce premier acte de la BCE devrait aider.
07:32 Enfin, je le pense d'autant plus que je pense que la Fed va pas tarder quand même trop derrière.
07:37 Si ce n'était pas le cas, je serais sans doute un peu plus nuancé.
07:41 Il n'y aura pas un écart aussi délirant que ça entre la BCE et la Fed.
07:43 Je ne crois pas, malgré les déceptions ou le manque de résultats suffisants sur l'inflation,
07:49 parce que la conjoncture américaine, l'accord commence à s'user.
07:55 Et ça, ça va me semble-t-il devenir une préoccupation pour la Fed qui va supplanter celle sur l'inflation.
08:01 Donc à partir de là, effectivement, d'abord ça fait plaisir d'avoir une BCE qui s'affranchit,
08:06 qui est l'audace, parce que ça ressemble à rien.
08:10 Ce sera le 6 juin, c'est une date quand même forte, en symbole je trouve, le 6 juin.
08:15 C'est le 6 juin et puis c'est trois jours avant les élections, accessoirement.
08:19 Mais le plus étonnant peut-être, c'est que l'euro pourrait même en profiter.
08:27 Et je pense que c'est un bon point pour les perspectives européennes,
08:32 même si il faut relativiser tout ça, et qu'en termes de croissance, j'en attends vraiment pas grand-chose.
08:37 Simplement une consolidation de l'assurance que les choses ne vont pas se dégrader de manière persistante.
08:44 Est-ce que tout le monde, et notamment dans le marché, est revenu à des considérations un peu plus raisonnables
08:49 en matière de baisse de taux, de trajectoire de politique monétaire devant nous ?
08:53 Alors, on partait de cette baisse de taux tout de suite, dès le début de l'année 2024, à chaque meeting.
09:00 Puis ensuite on est passé par plus de baisse de taux du côté américain, voire des hausses.
09:04 Bon, est-ce que tout le monde revient un peu au calme de ce point de vue-là ?
09:08 Est-ce que les derniers discours de banquiers centraux valident, y compris du côté de la Fed,
09:12 qu'il y a de la place quand même pour ajuster, recalibrer, rebalancer la politique monétaire américaine ?
09:20 Pas en 2026, mais là peut-être au cours de l'année 2024.
09:25 J'aime bien le mot d'équilibre précaire. Moi j'avais rééquilibrage, mais je pense que rééquilibre précaire est pas mal.
09:29 C'est un peu cette notion-là, c'est-à-dire qu'on est passé d'un extrême à un autre, avec un sous-jacent macro
09:35 qui en fait, aujourd'hui, est assez similaire à ce qu'on avait en décembre quand Powell a fait son pivot,
09:40 à savoir un scénario, une anticipation de soft lending, ce qu'on voit dans les dernières données de hard data côté américain,
09:46 des anticipations que l'inflation sous-jacente va diminuer graduellement.
09:51 Il y a toujours cette persistance dans les prix des loyers qui est un point important.
09:54 Mais si on s'abstrait de ce côté CPI qu'on regarde, qu'on va regarder le PCE core, qu'on regarde les sous-composantes sur les salaires,
10:02 qu'on regarde l'inflation un peu plus large, on a bien ce train de désinflation qui se met en place.
10:06 Donc de la désinflation, un soft lending, un ralentissement sur le marché du travail qui rééquilibre.
10:11 On retrouve de la cour de Beverage, on retrouve des cours de Philips, quelque chose qu'on avait totalement perdu.
10:15 On rééquilibre un peu partout. Et si je caricature avec un taux fait de funds à 5,50, et nous on a une cible d'inflation
10:23 headline autour de 2,5 en fin d'année, on ne peut pas avoir une Fed qui maintient un taux fait de funds à 5,50
10:29 et avec une inflation à 2,5. Donc il y a de la marge pour décélérer, pour anticiper une Fed ligne,
10:35 notamment parce qu'il y a des questions d'instabilité financière forte, que ce soit sur le résidentiel commercial ou autre.
10:42 Des questions toujours de stabilité qui sont là, certaines poches côté ménage qui sont aussi fragiles.
10:47 Donc il y a effectivement à la fois un contexte macro qui valide une Fed qui ajuste, en plus du sous-jacent qu'il voudrait,
10:54 et une Fed qui est sur-restrictive. Donc très clairement, pour nous, alors nous en sommes même plutôt en septembre,
11:00 voire une première baisse de la Fed de septembre, puis décembre, baisse trimestrielle.
11:06 À cela s'ajoutent en plus, qui est plutôt des questions de 2025, des questions de "il vaut mieux essayer de retrouver rapidement
11:15 une situation plutôt neutre, ou en tout cas de rééquilibrer la politique monétaire pour se donner des marges de manœuvre d'un prochain cycle".
11:22 Nous, c'est cette combinaison de critères qui valide effectivement une baisse de la Fed.
11:26 Ils n'ont pas l'air de vouloir y aller rapidement quand même.
11:28 Non, mais après...
11:30 C'est un choix tactique. Est-ce qu'on préfère aller rapidement auto-neutre, comme vous dites, ou est-ce qu'on préfère y aller graduellement
11:37 avec le petit traumatisme quand même de l'inflation et de l'épisode de pensionnés des dernières années ?
11:42 C'est effectivement ça. La Fed a à prendre ses erreurs, c'est-à-dire qu'on n'a pas vu assez rapidement l'inflation,
11:50 on a vu trop rapidement la désinflation, donc on voit bien qu'on est sur une fête d'attentatisme.
11:54 Là où la Fed se met à risque, c'est qu'en fait elle conditionne beaucoup de son action à un chiffre,
11:59 qui est l'inflation des services, voire même à l'inflation des loyers, et qu'en fait en sous-jacent ou autre,
12:05 il y aurait en fait plutôt manière et raison de commencer à ajuster dès maintenant la politique monétaire
12:11 pour trouver à la fois quelque chose qui n'est pas trop restrictif compte tenu de l'instabilité,
12:15 un contexte macro qui se satisferait bien d'un assouplissement monétaire.
12:20 Donc pour moi, tous les critères sont en place. Maintenant, effectivement, attendons de voir cette baisse
12:26 sur l'inflation des services qui valide ce que fait la Fed, mais même là, c'est un jeu dangereux de lancer son action
12:32 seulement sur une partie trop spécifique, qui est très volatile, sur laquelle sa politique monétaire a très peu d'impact.
12:37 – Je n'aurais fait peut-être deux petites remarques. La première, c'est sur la Fed.
12:44 J'ai toujours trouvé intéressant un de leurs indicateurs, qui est leur indicateur de conditions financières globales,
12:52 dans le qu'ils expriment depuis quelques mois, c'est un nouvel indicateur,
12:56 ils expriment la dureté ou pas des conditions financières en impact, en points de pourcentage sur la croissance à venir.
13:04 À aujourd'hui, on est à peine négatif, à peine. Donc, il n'y a pas d'urgence pour la Fed.
13:13 – Les conditions financières sont déjà neutres d'une certaine manière.
13:16 – Elles sont quasiment neutres, elles ont été restrictives, on est même passé en zone de soutien,
13:20 parce qu'ils incluent dans l'ensemble des conditions financières, le marché actions, le dollar, la totalité.
13:25 – C'est bien parce que le marché anticipe que la Fed va baisser ses taux, que les conditions financières se sont détendues.
13:30 – Oui, mais en même temps, il y a d'autres facteurs. Alors, on parlait d'NVIDIA, c'est aussi des éléments qui tirent le marché d'action.
13:36 Mais c'est intéressant à noter, ça veut dire qu'il n'y a pas forcément d'urgence.
13:41 Deuxième élément sur la Fed, elle doit, et ils le répètent tout le temps, ils ont un objectif, ça vient justement compenser les deux,
13:49 ils ont deux objectifs, donc il faut qu'ils maintiennent le plein emploi.
13:52 Donc ça, ce sont deux éléments qui peuvent faire que, je suis assez d'accord avec le scénario que vous avez évoqué,
13:59 c'est-à-dire qu'ils peuvent baisser en septembre, ça leur donne un peu le temps d'attendre, de valider, et puis ensuite, rebaisser.
14:07 Mais ils ne sont pas dans l'urgence.
14:09 – Et baisser dès le cet été, ça donnerait un sentiment d'urgence ?
14:13 En tout cas, toute chose égale par ailleurs.
14:15 – En tout cas, presque de précipitation, parce qu'il n'y a pas forcément de raison.
14:19 Il se trouve qu'on regarde depuis, on en a parlé à maintes reprises, depuis très longtemps, cette inflation des logements.
14:26 Nos modèles nous disaient quand même qu'elles devaient baisser, ce sont des effets de base, qu'elles devaient baisser beaucoup plus vite.
14:32 Donc elle est un peu à la traîne, un peu étonnant.
14:36 Et du coup, il y a des éléments, parce que la Fed regarde cet élément-là,
14:42 elle regarde aussi l'inflation des services, mais c'est vrai qu'il y a des composantes comme les assurances auto,
14:48 les choses comme ça qui font des distorsions, mais sur la partie composante logement,
14:52 maintenant elle regarde aussi le super-coeur, donc les services hors énergie en logement.
14:56 Mais même ceux-là, ils sont quand même assez tendus.
15:00 Maintenant, je voulais faire juste une toute petite remarque sur la BCE,
15:03 parce que la BCE, je veux dire, on est tous d'accord, et le marché nous le dit, c'est une baisse en juin,
15:09 et puis le marché nous dit presque trois baisses d'ici la fin de l'année,
15:13 donc une en septembre, une en décembre, avec… bref.
15:17 Mais il y a quand même un élément sur lequel, à mon sens, repose le schéma qu'on a tous en tête pour la BCE,
15:25 c'est leur prévision sur la productivité.
15:28 - Ah oui ? - Et quand on les regarde, alors moi je les ai…
15:32 - C'est une hypothèse ambitieuse. - C'est pas tellement qu'elle est ambitieuse,
15:36 enfin peut-être pour la BCE, pour l'eurozone elle est ambitieuse,
15:40 mais au-delà de ça, si vous regardez leur projection, quand ils les ont faites il y a un an,
15:45 il y a neuf mois, il y a six mois, et en mars, ils n'ont jamais cessé de les revoir en baisse.
15:50 - OK. - C'est-à-dire que… - Comme l'inflation quoi, enfin comme l'inflation avant quoi.
15:54 - Oui. Enfin c'est-à-dire que là, et avec des sauts importants.
15:58 On est passé de prévision, même pour le T1, prévision de productivité sensible à baisse de productivité,
16:05 pareil pour le T2 de cette année.
16:07 Et donc j'aimerais voir en juin, quelles vont être leurs projections de productivité.
16:13 Je pense qu'il y a une clé de lecture très importante, parce que derrière la productivité,
16:18 on la combine à la modération salariale, et puis ça nous donne un coût du travail, enfin etc.
16:24 Mais c'est une clé quand même assez importante dans mon sens.
16:28 - Productivité, il y avait aussi le sujet de la baisse des marges des entreprises.
16:32 - Normalement ils le disent. - Là aussi ça fait partie des hypothèses, effectivement,
16:35 qui doivent accompagner la désinflation. - Elles sont dans les hypothèses.
16:39 - Sur la baisse des marges, moi je me réfère, c'était la prise de parole du gouverneur de la Banque Centrale du Portugal,
16:43 il y a deux jours, Mario Santeno, il dit "l'inflation est en train de chuter en zone euro".
16:48 "Inflation is falling". Et l'inflation chute à un rythme soutenable.
16:53 C'est la vision d'un gouverneur, celui de la Banque Centrale du Portugal.
16:57 Mais est-ce que dans le match fait de baisse des marges, est-ce qu'il n'y a pas pour la Banque Centrale Européenne,
17:02 la montée d'un risque d'under-shooting de l'inflation à un moment ?
17:05 Enfin, une zone euro qui renouerait avec, en tout cas, une situation macro qu'on a pu connaître pendant un cycle assez long.
17:14 Dans les projections de la BCE, on voit des marques trimestrielles de l'inflation "curve" ou "headline"
17:19 qui sont à un 9, voire un 8, je crois, même sur un trimestre au cours de 2025.
17:24 - Oui, et c'est assez récent d'ailleurs, parce que finalement on avait une convergence des résultats d'inflation entre les Etats-Unis et la zone euro,
17:32 les services en début d'année, des choses qui semblaient assez proches, avec des niveaux différents, mais de la même logique.
17:39 Et là, depuis deux mois, on a vraiment des signes de ralentissement très fort de l'inflation en zone euro.
17:46 Donc, c'est une différence très importante, je pense, qui a marqué les dirigeants européens aussi et la BCE ces derniers temps.
17:54 Et là, je vais peut-être laisser la parole.
17:56 - Oui, parce que "inflation is falling", ce n'est pas un discours qu'on entend du côté de la Fed et même pas du côté de la Banque d'Angleterre.
18:04 C'est vrai que la marque d'inflation britannique ce matin a quand même un gros palier à la baisse, mais comme vous dites, le comptier pas, Véronique.
18:10 - Le comptier pas, au Royaume-Uni, les hausses mensuelles du sous-jacent, elles sont complètement hors normes pour revenir à 2 %,
18:17 donc ce n'est pas du tout crédible. En zone euro, on commence à avoir...
18:21 On doutait un peu, parce qu'il y avait cette période du printemps qui est toujours challenge à l'éprit des paquets, voyages...
18:28 - Les vacances, le pack, etc.
18:30 - Mais non, les derniers chiffres, clairement, nous disent "ça baisse". Là, ça accélère à la baisse, effectivement, et on va probablement...
18:38 - Mais c'est un point de vigilance quand même, ça. Ça doit être un point de vigilance pour la BCE qui pilote les prix.
18:43 - Mais le contexte budgétaire n'est pas le même. Nous, on a fait de la restriction budgétaire ces derniers trimestres.
18:46 En Allemagne, et on commence à en faire sérieusement en France, aux Etats-Unis, on n'en est pas là.
18:51 - Plusieurs points là-dessus. Le premier, un facteur qui est important, on venait sur les projections de croissance en zone euro.
18:58 On utilise des modèles de machine learning, donc qui disent quelles sont les variables importantes à regarder pour regarder les trajectoires en zone euro.
19:04 Effectivement, à très court terme, les questions associées sont principalement les questions de confiance en zone euro.
19:09 Et donc, même si on a un peu cette baisse de pouvoir d'achat, l'avantage de la BCE à agir amène aussi ce regain de confiance,
19:16 et donc peut créer un peu cette dépense, cette épargne, cet accidental. Donc ça, ça nous amène sur le scénario 2024,
19:21 qui est plutôt favorable, même si pas encore exceptionnel, zone euro, on va dire 0,7% de croissance, en montant un peu les projections sur cette année.
19:28 Par contre, ce qui est intéressant, c'est que 2025, il y a des seuils très forts qui sont liés aux perceptions d'inflation des ménages.
19:35 Et donc, ce scénario qu'a le marché aujourd'hui de dire "la zone euro se reprend, va bien, réaccélère quelque part en 2025"
19:41 est aussi associé au fait qu'il n'y ait pas de résurgence de l'inflation. Donc, dans un sens, une inflation...
19:47 Ça prend du temps. Pour que les ménages, les agents économiques aient la vraie perception d'une inflation qui a baissé après l'épisode qu'on a connu, ça prend du temps.
19:57 Et ce qui est assez intéressant, traditionnellement, c'est plutôt des modèles qui mettent en avant la croissance US, le commerce ou autre.
20:03 Et là, c'est vraiment du domestique, zone euro, perception d'inflation. Donc, ce côté des inflations, on ne va pas s'en plaindre.
20:09 C'est aussi ce qu'on a tous derrière le scénario. Pourquoi la zone euro va un peu mieux ?
20:13 Maintenant, où est-ce qu'on place le curseur ? Moi, j'ai tendance plutôt à mettre des scénarios de séquence, c'est-à-dire 2024, début 2025, c'est plutôt le post-Covid.
20:21 On retrouve, on abaisse en fait tous ces facteurs qui pesaient. On enlève les mesures one-off, la question des services, ça ralentit.
20:28 Par contre, et on arrive, effectivement, on a plutôt des scénarios où on est autour de 2 sur l'inflation en zone euro.
20:35 On pourrait même aller chercher un peu en dessous avec l'inflation alimentaire, par exemple. On a toujours un biais un peu fort sur l'alimentaire.
20:41 — On revient proche, mais inférieur à 2, quoi. — On est autour de 2. On est encore un peu légèrement au-dessus.
20:46 La question se pose plus pour ensuite. Et donc là, c'est plutôt les scénarios qui sont structurels, plutôt 2025-2026.
20:54 Le sous-jacent de la prochaine décennie est un sous-jacent inflationniste. Donc c'est les niveaux des salaires.
21:01 Même s'ils décélèrent, on reste à des niveaux élevés. Les contraintes, ce qu'on appelle les éléments attendus mais imprévisibles,
21:07 donc les chocs externes, les guerres, les problématiques environnementales. Donc tout ça crée des facteurs permissifs d'une inflation plus élevée à terme.
21:14 Donc il y a vraiment cette histoire de séquence. À court terme, oui, l'inflation va continuer de décélérer.
21:20 À horizon moyen terme, beaucoup plus compliqué. — Ma question, est-ce que ce scénario que vous décrivez, est-ce que ça permet à une banque centrale
21:26 comme l'ABCE de mener un vrai cycle de baisse de taux qui nous ramène au taux neutre ? Ou est-ce que c'est simplement
21:33 quelques baisses de taux pour le temps de se réajuster ? — Je mettrais les mêmes conditions. C'est déjà... Moi, je l'ajuste à la Fed.
21:41 C'est-à-dire que l'ABCE arrive en avance, met en place une baisse de taux avant la Fed, oui, à supposer que la Fed suive avec
21:48 2 ou 3 trimestres maximum de décalage. Donc déjà, il y a cette logique. Il faut qu'on reste dans cet environnement désinflation, soft lending,
21:55 pour avoir l'ABCE qui continue. Ensuite, est-ce qu'elle peut aller bien loin ? — Le jour où la Fed s'arrête, l'ABCE s'arrêtera, quoi.
22:03 — En tout cas, il n'y aura pas des décalages longs entre les deux banques centrales. — J'entends. Ça m'intéresse. Des baisses de taux, je reviens à la question.
22:11 Qu'est-ce que ça génère en zone euro, alors sur l'activité économique, mais aussi sur les flux de marché, Jeanne ? Est-ce que quelques baisses de taux,
22:19 ça suffit à rendre les produits monétaires, les produits de court terme moins intéressants pour des investisseurs ? Est-ce que ça peut pousser
22:26 une partie du stock accumulé, massif quand même, sur ces produits de court terme ou monétaires vers d'autres actifs en termes d'investissement,
22:34 vers de la consommation ? — Je n'irai pas forcément jusqu'à la consommation, ce qui est un peu d'une autre nature, parce que là, ça va être l'arbitrage
22:43 entre consommation et épargne qui va être en jeu. Et cet arbitrage-là... — D'accord. Restons sur l'investissement, alors.
22:49 — Il a un élément de confiance qui est évident et qui peut jouer et qui va booster la consommation plutôt que l'épargne. Mais en général, les gens ne vont pas puiser
23:00 dans les placements monétaires pour consommer. Voilà. On va dire... — D'accord. Très clair. — C'est pas comme ça que ça fonctionne.
23:06 En revanche, je pense qu'il y a un intérêt, en tout cas c'est presque, on va dire, une opportunité presque asymétrique à se positionner sur du crédit court,
23:20 sur l'obligataire court, on va dire, si on veut se prémunir contre cette... — Cette baisse de taux. — Oui. — Oui, oui. — Et alloquer des rendements plus attrayants.
23:32 — Mais c'est en cours. Ça se fait pas... Bah, FPM est un spécialiste du monétaire, pour dire les choses clairement. — Oui, c'est vrai. Mais c'est pas complètement là.
23:40 — D'accord. — On a vu déjà des choses, notamment sur des entreprises. Mais ça, c'est presque un mouvement récurrent.
23:46 — D'accord. — Quand elles doivent payer les dividendes... — Mais vous voyez pas d'anticipation chez vos clients de ce que va faire la BCE ?
23:52 Il n'y a pas urgence à sortir des produits monétaires aujourd'hui. — Un peu, mais c'est pas tant que ça. Mais quand même un peu, forcément.
23:58 — Tout le monde y réfléchit. — Tout le marché monétaire... Et quand vous regardez l'ensemble, il y a eu des flux sortants, bien sûr.
24:04 Après, il faut identifier de qui viennent les flux sortants. C'est vrai qu'il y a eu une partie qui vient d'une réallocation. Mais il faudrait que l'alternative...
24:13 Vous savez, c'était le fameux TINA, là. — Bien sûr. — Yes, no alternative. Aujourd'hui, il n'est pas complètement évident,
24:20 parce que l'attractivité des actions – on l'évoquait il y a pas assez longtemps –, elle est quand même en question.
24:27 Est-ce qu'il y a des questions ? Bon. Et du coup, est l'attractivité des marchés obligataires ? Oui, mais avec le « mais ».
24:35 Et notamment quand on regarde à plus long terme, si on regarde le potentiel de décélération de l'inflation ou à l'inverse le potentiel de viscosité de l'inflation à terme.
24:45 Donc tout ça fait qu'on voit quand même... On a des anticipations que les taux longs vont baisser, mais pas tant que ça.
24:52 — Oui, oui. — Une certaine prudence. — Oui, oui, oui. — Bon. C'est un mouvement qu'on voit, mais qui n'est pas encore très important.
25:00 Alors il est possible que la décision de 6 juin booste les anticipations. Mais j'ai un peu d'oute. En tout cas, il faudra regarder ce à quoi correspond cette baisse de la BCE.
25:13 — Au « quiche cut ». — Ça pourrait. — Tout le monde attend. C'est une baisse de taux qui sera accompagnée d'un discours.
25:20 Alors forcément plus accommodant, puisqu'on a baissé les taux, mais qui va pas vouloir ouvrir les vannes trop fort tout de suite, en tout cas,
25:28 de ce que je comprends quand j'écoute certains... — Oui. Elle vous dira quand même qu'ils ont fait le boulot et qu'ils ont réussi.
25:33 — Ah bah oui. C'est ce qu'elle dit déjà. — Ils sont tactiques. — Parce qu'ils la gardent. L'inflation est sous contrôle. Ça y est. Ça fait.
25:37 — Voilà. — Oui, effectivement. Ouais. Bon, je sais pas. Oui, oui, sur les banques centrales... Non, mais ça m'intéressait, votre point quand même sur l'euro.
25:45 C'est vrai qu'on a effacé 7 baisses de taux de la Fed. On est passé par 0, voire des hausses de taux dans la conversation de marché, bien sûr.
25:53 L'euro/dollar n'est pas retourné à la parité pour autant. Non, mais c'est quand même un soulagement pour la BCE, j'imagine, de voir une stabilisation,
26:01 voire même une remontée de l'euro contre le dollar avant des baisses de taux en amont de la Fed.
26:07 — Je pense que c'est un point important, même si bien évidemment, c'est pas le sujet. Mais rappelez-vous, quand on était il y a 2, 3 mois ou un peu plus peut-être,
26:16 en phase de baisses de l'euro/dollar, on se disait là, envisageait une baisse des taux de la BCE isolée, il y avait à l'évidence un risque que ça accélère beaucoup plus,
26:28 à un moment donné où par ailleurs le marché des matières premières était un petit peu sous tension, etc.
26:32 Donc c'était clairement un environnement qui n'était pas favorable, qui redonnait pas de marge de manœuvre. Là, aujourd'hui, au moins, temporairement.
26:39 Et du coup, ils vont pouvoir tester tranquillement, j'ai envie de dire, un quart de point. Ils verront bien ce que ça fait sur l'euro/dollar, avec un peu de chance.
26:46 D'autre côté, côté américain, ça va se gâter encore. Et donc l'euro pourrait se réapprécier un peu. Et très bien. Et là, ils sortent gagnants/gagnants, quelque part.
26:57 Et vraiment, je pense que... J'ai quand même l'impression que ce scénario-là est aujourd'hui le plus probable.
27:03 Après, on verra, ça peut varier très vite en fonction des données, mais il me semble qu'il y a une bonne chance que ce soit ça.
27:09 Après, moi, je reviendrai bien sur... Je trouve que la notion d'équilibre instable, là où on la voit le mieux, c'est que finalement on est dans un environnement complètement délirant,
27:18 où on a d'un côté l'or et les précieux, qui culminent, de record en record, et qui ont toutes les bonnes raisons de continuer.
27:27 On les comprend tous, non ? Et, de l'autre côté, des marchés qui, effectivement, rejoignent des records, et en plus, sur la base des valeurs cycliques, essentiellement,
27:37 même si, aujourd'hui, on ne sait plus trop à quoi correspondent.
27:40 Les cycliques, y compris de l'avance.
27:41 Et là, on a quand même un environnement qui nous met bien face à cette contradiction.
27:46 Et on se dit, en tant qu'investisseurs, on ne peut pas ignorer l'or, forcément, ou les précieux, mais on ne peut pas rester en dehors du marché, aujourd'hui.
27:57 Et, finalement, les deux sont cohérents, parce qu'effectivement, le risque géopolitique, le risque financier, etc., fait que tout le monde est à l'affût pour protéger l'ensemble.
28:10 Et c'est ce qui explique, à mon avis, cet environnement très instable, fondamentalement instable, mais sur lequel on peut prendre du risque.
28:18 Et c'est là, je pense, que c'est extrêmement... ça chamboule complètement tous les critères, y compris les critères de sélection de valeurs ou de secteurs.
28:28 Parce qu'on ne peut même plus vraiment parler de secteurs. Il faut presque aller sous...
28:31 On voit, hein, Wal-Mart au sommet, Target qui pèse de 10 sur sa publication.
28:35 Et les exemples sont nombreux, comme ça, au sein de chaque secteur.
28:37 Ça explique énormément l'ensemble. Mais je rajouterais, par ailleurs, qu'on a quand même un marché sur lequel les opportunités d'investissement en dehors des actions,
28:44 enfin, des actions européennes ou locales, sont quand même un peu réduites.
28:48 On va beaucoup moins investir dans les émergents, etc. On ne va plus investir sur l'immobilier.
28:54 On a une épargne élevée en Europe, et des effets richesses qui commencent également en Europe à être très substantiels.
29:01 Donc tout ça, ça permet au marché de tenir. Enfin, moi, je suis rarement optimiste sur les marchés, mais voilà, je n'ai jamais été aussi "confiante" sans avoir les éléments d'accord.
29:13 - Comme on ne pète boule, quoi. - Bah oui, on a quand même un espèce d'alignement des planètes pour les marchés.
29:17 Action dont acte sera peut-être mis en question, il y a de fortes chances, par des éléments qu'on a du mal à prévoir, peut-être, je ne sais pas quoi, mais en tout cas, aujourd'hui, dont acte.
29:28 - Moi, je reviens à votre point sur les précieux. Je ne sais pas si j'ai bien compris pourquoi l'or battait aujourd'hui, là, maintenant, des records.
29:36 L'or a monté quand les taux réels remontaient, par exemple, aux États-Unis. Alors là, peut-être que les taux réels, effectivement, rebaissent un peu.
29:43 L'environnement géopolitique instable, oui, alors évidemment, depuis 2022, on est entré dans quelque chose de nouveau, de ce point de vue-là, mais pourquoi là, maintenant ?
29:53 - L'environnement géopolitique instable, l'hyperliquidité, si on traverse aussi bien cette période de remontée des taux, c'est juste que les taux de liquidité sont astronomiques.
30:02 - Donc, les mêmes stocks, GameStop et l'or, c'est aussi un peu la même histoire, alors ?
30:05 - Et oui, et la perte de crédibilité des banques centrales, parce que, quand même, elles n'ont pas les moyens de lutter contre ces excès de liquidités pour des raisons valables, sans doute.
30:16 - Ou qu'elles ne souhaitent pas. - Oui, qu'elles ne souhaitent pas, bien évidemment, et on peut se mettre à leur place et les comprendre.
30:22 - Et les stabiliser, hein, par toxicosites. - Mais ça, ça a un coût, bien évidemment, sur la valeur, leur capacité à préserver la valeur des monnaies, donc l'or, donc les cryptos.
30:31 - Ah ouais. - Et les cycliques, parce que les gouvernements sont derrière aussi et que les banques centrales ne veulent pas gêner les gouvernements, surtout.
30:38 C'est pour ça que, d'ailleurs, on va ralentir le rythme de baisse du bilan. - Du bilan, ouais. - C'est assez surprenant.
30:44 - Ben, il y a un côté, toujours un peu la pédale sur le frein, et puis on commence à gérer la liquidité à travers le bilan.
30:51 - Il y a de l'aliment, et de l'or, et des précieux qui s'envolent.
30:53 - À propos de considération géopolitique ou politique, alors, est-ce que vous avez un modèle d'IA générative que vous entraînez, qui s'appelle Albert, c'est ça, Léa ?
31:01 Non, mais, est-ce que vous lui avez posé la question ? Il répond à des questions économiques, Albert, c'est ça ?
31:06 - Alors, Albert signifie AI Language for Boosting Economic Research, c'est une IA générative qui fonctionne à l'image de chaque GPT alimenté avec des aliments macro et financiers
31:15 pour répondre à n'importe quelle question d'économiste ou de financier, donc c'est un assistant économiste, premier assistant économiste virtuel.
31:21 Albert fonctionne sur les news, les publications que chacun peut faire et analyse, donc il fait juste notre travail en analysant un ensemble énorme de données ou autres,
31:30 donc il ne fait pas mieux que nous sur ce sujet-là. Pour faire ces outils-là, c'est de l'IA, mais pas générative, maintenant l'IA devient un peu désuète, c'est vraiment de l'IA.
31:39 Et donc là, on a effectivement trois combinaisons d'outils. Des premiers outils qui sont des sismographes, donc on prend l'ensemble des données utilisables sur les pays, les zones, les secteurs,
31:51 et là on regarde si on a des rappels et des notes. Deuxièmement, c'est nécessairement la mise en place de stress tests, c'est-à-dire qu'il faut utiliser les scénarios et valider pour les stress tests.
32:01 Et puis troisièmement, c'est aller se projeter un peu plus loin, et en fait dans cet environnement où le conjoncturel se fait basculer avec du structurel, que ce soit la révolution de l'IA,
32:13 les problèmes environnementaux, les problèmes géopolitiques, c'est trois plaques tectoniques qui se rencontrent au même moment.
32:20 Capter les disruptions, les points de retournement.
32:22 Exactement, et donc ça c'est du stress test, et tout ça en fait c'est malheureusement que de l'IA.
32:27 D'accord.
32:28 Pas génératif, juste de l'IA.
32:29 C'est déjà suffisant parce que ma question étant, est-ce qu'on peut lui demander à Albert de nous faire un peu Biden, Trump, risque, opportunité, et qu'est-ce qu'il en ressort ?
32:39 Est-ce que c'est pas si éloigné l'un de l'autre parce que de toute façon c'est les Etats-Unis et que c'est America First, quelle que soit l'administration,
32:46 ou est-ce qu'au jeu des différences, il y a quand même des points de différence majeurs avec des impacts, j'entends, pour les marchés ?
32:51 Oui, alors il y a des... alors, les deux. Il y a dans l'ensemble un environnement plus inflationniste associé à plus de dépenses budgétaires, et je mets de côté tous les aspects sociaux.
33:03 Ça c'est vrai pour les deux ?
33:04 Ça c'est vrai pour les deux.
33:05 D'accord.
33:06 La différence qu'il y a, donc là c'est pas de l'IA génératif, ça va être juste des petits modèles statistiques, où en fait il y a trois gros impacts des plans plutôt Trump versus Biden,
33:16 qui sont les tarifs, donc qu'est-ce que ça implique, la baisse des taxes, et puis l'immigration, le choc sur l'immigration.
33:23 Donc ces effets-là combinés, quel est l'impact ? Donc ça c'est des petits modèles beaucoup plus simples, qui varient.
33:30 Donc nous on a fait une sorte de baseline où si on prend, alors pas la hausse des tarifs à hauteur de 10%, mais plutôt quelque chose de médian,
33:36 on met de côté les questions d'immigration, on sort cette hypothèse-là, parce que c'est quand même sortir 3% de la force de travail du marché américain.
33:44 D'accord ? Donc là on l'a mis de côté, et on poursuit certaines baisses de taxes, là c'est plutôt des effets en termes de croissance,
33:51 alors qui vont dans des ranges entre -0,5 et 1, donc c'est un plan Trump un peu light.
33:58 D'accord, d'accord.
33:59 Mais par contre aussi une reprise de l'inflation, à peu près les parallèles c'est +0,6 d'inflation, -0,6, -0,7 de croissance, dans un horizon 3 ans.
34:09 Par contre, en stressant ces scénarios, là on va très vite dériver sur des scénarios extrêmes, si on met les tarifs tels que Trump les a dit,
34:18 de choc côté force de travail, là c'est vraiment des chocs significatifs.
34:23 Donc il y a dans un Trump extrême, en tout cas qui fait tout ce qu'il dit, et donc une Fed qui réviserait j'imagine considérablement sa copie.
34:32 Alors avec la question de qu'est-ce qu'on fait de la Fed, il y a quand même un outil fort de remise en cause de l'indépendance de la Fed.
34:37 Alors encore une fois, comment on lit Trump ? Est-ce qu'on part du principe qu'il est pragmatique,
34:42 et donc si le marché vient anticiper une remise en cause de l'indépendance de la Fed et de l'accrédibilité de la Fed,
34:48 avec tout ce qu'on peut envisager côté taux, dollars ou autres, on aura une marche arrière ?
34:53 Un retrait ?
34:54 Ou pas ? Ou est-ce qu'au contraire on force ce trait là ?
34:56 Il fait les deux quoi.
34:57 Et là c'est vraiment les scénarios extrêmes, là c'est du stress test.
35:00 Là c'est vraiment ces scénarios-là.
35:02 On peut mettre la Fed sous cloche, on ne mettra pas les marchés sous cloche.
35:06 Donc si la Fed se voit limitée dans sa capacité à faire son job, ce sera partie longue de la cour que ça se verra.
35:13 Et c'est là que l'activité est la plus sensible.
35:16 C'est peut-être là qu'on va payer la dette fédérale dans un environnement incertain.
35:22 Effectivement de toute façon c'est un environnement aussi haute haute, inflationniste, beaucoup plus incertain,
35:28 et avec beaucoup plus de polarité.
35:31 Qu'est-ce que ça vous inspire déjà ? On y réfléchit un peu quand même j'imagine.
35:35 C'est dans six mois mais ça va être quand même...
35:37 D'abord le scénario je pense doit être un peu plus peut-être précisé.
35:41 C'est-à-dire que pour moi ce qui a été évoqué c'est valable dans un scénario Trump avec un gouvernement divisé.
35:48 C'est-à-dire la Chambre aux démocrates et le Sénat aux républicains.
35:52 Parce que ça limite quand même les marges de manœuvre.
35:55 Ensuite sur la Fed, de fait cette année, il faut quand même le réaliser, la Fed a enregistré des pertes.
36:04 Et donc au lieu de remettre les 100 milliards par an qu'elle remettrait au Trésor, c'est l'inverse.
36:10 Donc elle a perdu en termes de rapport de force, quand vous devez faire absorber des pertes,
36:18 c'est pas tout à fait pareil que de remettre, je sais plus le chiffre exact en tête, mais c'était de l'ordre de 100 milliards.
36:25 Ça affaiblit quand même vous dites ? Parce qu'on nous a toujours évoqué qu'on peut avoir des banques centrales en perte, en fonds de propriété égalité.
36:31 Mais dans la vraie vie, dans la réalité et dans le rapport de force politique ?
36:36 Oui je pense. Je ne sais pas si vous avez à un moment, Trump a même évoqué le fait qu'il allait être président de la Fed.
36:44 Alors beaucoup ont ri, pensant que c'était juste... voilà.
36:48 Et certains à Washington, qui regardent ça quand même d'assez près, disent que c'est pas complètement un risque à écarter, complètement.
36:57 Dans son esprit, c'est pas complètement absurde.
36:59 Il y a un chemin possible dans le droit ou la Constitution américaine qui...
37:03 Alors là j'ai pas creusé le débat, donc je me permettrai pas.
37:06 Donc il y a un élément dans cette volonté de chapeauter la Fed, c'est qu'une des différences à mon sens,
37:14 effectivement il n'y a pas de différence sur les déficits publics qui seront énormes, et les deux candidats ont dit "on les laissera en l'état".
37:20 En revanche, il y a un élément sur le fait que Trump souhaite des taux bas et un dollar faible.
37:27 Donc il y a aussi au plan des marchés financiers, peut-être à jouer sur la devise.
37:33 Parce que là, il souhaite affaiblir la devise.
37:36 Bon, on verra sur les déficits.
37:37 Donc c'est très clair.
37:38 Je suis d'accord, mais le message est quand même pas le même.
37:40 Trump, toutes les baisses de taxes seront prolongées, amplifiées, etc.
37:44 Mais de l'autre côté...
37:45 Biden, il peut quand même aussi jouer sur la fiscalité, notamment sur certaines catégories de ménage, d'entreprise, etc.
37:51 Ça fait partie des combats menés par l'administration Biden.
37:53 Tout à fait.
37:54 En termes de crédibilité ou de sérieux budgétaire, ça renvoie pas tout à fait la même image.
37:59 Les estimations que j'ai vues sur les plans d'un côté et de l'autre...
38:02 D'accord, c'est "kiff à la fin" pour le déficit.
38:04 Ce ne sont pas les mêmes postes qu'on bouge, mais au final, c'est pareil.
38:07 Le déficit est le même.
38:08 D'autant qu'il ne faut pas oublier qu'à chaque fois qu'on baisse les taxes, les impôts, etc., on stimule l'activité.
38:15 Par rapport au pourcentage du PIB, ça joue quand même un peu.
38:18 Donc au final, les estimations que j'ai vues ne diffèrent pas de façon radicale.
38:22 Mais attention, l'aspect de l'art n'est peut-être pas un aspect inintéressant.
38:26 Bon. Biden, Trump, je ne sais pas quelles réflexions ça vous inspire à ce stade, Véronique, mais enfin...
38:32 On s'amuse à réfléchir au-delà du 5 novembre, est-ce que la fête baissera ses temps en décembre et combien de fois en 2025...
38:38 Bon, jusqu'au 5 novembre, on peut en discuter. Au-delà, c'est vrai que c'est un peu plus...
38:42 Au-delà, il va falloir passer à des choses plus sérieuses.
38:45 Et je pense qu'effectivement, le scénario d'une victoire de Trump dans le contexte actuel, géopolitique actuel,
38:51 compte tenu des sous-jacents inflationnistes et du changement de régime de l'inflation,
38:55 dans lequel on est, et d'abord crée énormément d'incertitudes.
39:03 Moi, dans mon tableau de prévision, j'ai coupé, en me disant "Bah écoutez, là, il y a potentiellement Trump, je ne peux pas vous dire".
39:08 Moi, je ne sais pas faire. Il y a des choses, il y a des moments où on sait plus faire, en termes de prévision, de taux d'intérêt, etc.
39:14 Je peux... Voilà, j'ai mis des chiffres, mais franchement...
39:18 Interêt de confiance.
39:19 Parce que ça devient d'un niveau de complexité extrême.
39:22 Si on intègre, et moi, je ne me soucie pas... En fait, l'arrivée de Trump ne me pose pas trop de questions pour l'économie américaine.
39:30 C'est sa résonance globale qui est beaucoup plus complexe et qui risque d'être beaucoup plus impactante,
39:37 et peut-être en premier rang pour l'Europe.
39:40 Donc, dans un contexte géopolitique également, extrêmement sensible.
39:46 Donc, voilà, maintenant, je pense qu'on a encore un petit peu de temps pour affiner et essayer de défricher ce que ça pourrait donner.
39:55 C'est intéressant parce que le marché, à ce stade, ne semble pas jouer quoi que ce soit, ou en tout cas s'alerter, quand Biden monte un peu les tarifs, etc.
40:04 Ça ne provoque pas pour l'instant de réaction au marché.
40:06 Il y a encore le réflexe "Ah, mais Trump, le marché avait finalement très bien...".
40:09 Ah bah, ça a été... Oui.
40:10 Donc, on sent bien que c'est dans les esprits. Et des analystes aussi, forcément.
40:14 Et je pense qu'il va falloir aborder la question de manière un peu plus large, certainement beaucoup plus large et peut-être plus complexe.
40:23 Puis, il y a un côté de l'imprévisibilité. On la connaît bien chez Trump, dans ses sautes de... je ne peux pas dire d'humeur, mais enfin bon.
40:30 Et on a une imprévisibilité sur la santé de Biden aussi.
40:36 Il ne faut quand même pas... On ne peut pas l'écarter.
40:39 Ce n'est pas quelque chose de... Donc, il faudra bien regarder qui est le vice-président aussi.
40:43 Oui. Bon, on n'en est pas encore là, mais effectivement...
40:45 Non, mais c'est un sujet qui est déjà un sujet aujourd'hui.
40:49 Ah oui, oui, bien sûr. Ce sera l'élection de toute une élection.
40:52 D'où l'imprévisibilité qu'évoquait à l'instant Véronique.
40:56 Oui, oui.
40:57 Et l'équilibre instable.
40:58 Et l'équilibre instable. Bon, bah c'est parfait.
40:59 Et la productivité. Parce qu'in fine, c'est sur la productivité qu'on va juger l'efficacité de ce qu'a fait Biden et la capacité d'économie américaine à rembourser ses dettes de main.
41:08 Est-ce que c'est une vraie tendance de gain de productivité qui est en place ?
41:10 Oui, c'est que la productivité ou que la croissance a ralenti. Donc la productivité a été ralentie.
41:14 Le dollar a payé. Là, on a commencé à ne plus vouloir du dollar.
41:18 Merci à vous trois, mesdames, d'avoir été les invités de Planète Marché.
41:22 Ce soir, Jeanne Asraf Bitton, BFTIM, Léa Dauphaz, TAC Economics et Véronique Richelores, RF Research.

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