Jeudi 28 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay) , Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Véronique Richefleuresse est avec nous ce soir, économiste et présidente de RF Research,
00:17membre également de Calaisis 360.
00:19Véronique, bonsoir.
00:20Bonsoir.
00:21Jeanne Asraf Bitton nous accompagne également, directeur de la recherche et de la stratégie
00:24de BFT-IM.
00:25Bonsoir Jeanne.
00:26Bonsoir Grégoire.
00:27Jeanne Bistaldi à nos côtés également, stratégiste chez Day by Day.
00:29Bonsoir Valérie.
00:30Bonsoir Grégoire.
00:31Les marchés actions américains sont fermés, parlons alors des actions américaines au
00:36quasi terme de cette année 2024.
00:38Je le disais Valérie, on va comptabiliser sans doute une dominance, une domination sans
00:43partage des actions américaines en termes de performance.
00:47Je donne quelques chiffres.
00:48L'Europe est autour de zéro, le CAC est à moins 5, le S&P est à plus 25.
00:53Je crois que si on met tout en dollars, les écarts entre les Etats-Unis et l'Europe
00:57sont peut-être historiques, en tout cas depuis des décennies.
01:01Je vois que la prime de valorisation des actions américaines par rapport au reste du monde
01:05est également démentielle.
01:06C'est 60% de prime de valorisation aux Etats-Unis par rapport au reste du monde.
01:10Le MSCI World ex-US est à plus 3% seulement, quand on est, je le rappelle, à plus 25%
01:16sur le S&P 500.
01:18Bon, que nous dit quand même cette situation au terme de l'année 2024 ? Est-ce qu'elle
01:22est justifiée par un certain nombre de fondamentaux, par des événements, par la politique qui
01:27ont animé cette année 2024 ? Et surtout, qu'est-ce que ça inspire quand on est dans
01:31cette saison de perspective ou de réflexion prospective pour l'année à venir ?
01:37Alors, je vais laisser Véronique et Jeanne s'exprimer sur est-ce que les fondamentaux
01:42justifient le niveau du S&P 500, parce que mon avis, c'est un avis de Café du Commerce,
01:46donc on va s'en passer.
01:48En revanche, je veux bien commencer par la fin et dire ce que j'en pense sur les perspectives
01:55et que peut-on penser après un rallye pareil.
01:58Alors moi, j'ai un chiffre un petit peu différent, mais je regarde rarement les performances
02:04à partir de la date en date valentaine, par trimestre, année, etc.
02:09Ça ne m'intéresse pas trop.
02:10Ce qui m'intéresse, c'est les décalages entre extrêmes et depuis fin octobre 2023,
02:17donc la dernière fois où on a eu une baisse un petit peu conséquente sur le S&P 500,
02:21parce qu'on n'en a pas eu depuis plus d'un an maintenant, 13 mois, il a pris 50%.
02:25On était à 4100, on est autour de 6000, donc je vous l'arrondis à du 50%.
02:30Alors, je me suis dit, bon, 50% c'est beaucoup, est-ce que tu te fais une idée à croire
02:35que c'est beaucoup ou pas ? Est-ce que ça se produit régulièrement ou pas ?
02:37Alors, quand on peut facilement regarder ça sur un graphique, on peut afficher les taux
02:42de variation et oui, ça se produit assez régulièrement que le S&P 500 gagne 50%.
02:48Voir même un peu plus.
02:50Mais si on s'intéresse aux cas, aux situations au cours desquelles le S&P 500 a gagné 50%,
03:00ce qui est systématique, c'est après chaque crash.
03:03Donc, vous prenez 2007, vous prenez 1987, vous prenez 1930, vous prenez 1943,
03:111972, enfin 1971-1972, tous ces moments-là, le S&P 500, paf, il reprend 50% en un an,
03:20c'est systématique.
03:22Le nombre de fois...
03:23Donc, je suis remontée à 1930 pour ma documentation, ça lui est arrivé deux fois, sinon,
03:30de prendre plus de 50%, du plus bas au plus haut.
03:34Pas en année calendaire, une fois encore.
03:37Donc, est-ce que c'est possible ?
03:39Oui, mais en fait, ça a été 50%, ça n'a pas été beaucoup plus.
03:44Donc, statistiquement, on est quand même en train de...
03:47On se balade déjà quand même dans le haut du panier.
03:50Statistiquement, ce n'est pas particulièrement futé de parier sur la poursuite de ce mouvement.
03:57Maintenant, ce que je vous disais déjà il y a un mois, sur les actions américaines,
04:01ce n'est pas encore le moment non plus de se dire...
04:03Enfin, ça dépend des quantités qu'on aurait à vendre, bien entendu.
04:06Mais pour le moment, on ne peut pas dire que ça soit terminé.
04:11Ça peut encore se poursuivre, on peut peut-être encore gagner 3%, 4%.
04:16Il y a plus de probabilités encore que ça continue de monter aujourd'hui aux Etats-Unis ?
04:19Plus les marges sont montées, plus il est difficile à arrêter.
04:21Et je dirais même qu'en ce moment, étant donné qu'on a un grand écart, comme vous le soulignez,
04:28entre ce qui se passe en dehors des Etats-Unis et ce qui se passe aux Etats-Unis,
04:32quand un investisseur doit placer des capitaux,
04:38il est encore moins motivé à venir placer en Europe ou en Asie qu'aux Etats-Unis.
04:45Donc, il y a cet effet qui est purement comportemental,
04:48qui n'entre normalement pas dans les modèles fondamentaux,
04:51mais enfin, vous en parlerez.
04:53Et après, bien entendu...
04:56On a quand même toujours tendance à investir au regard des performances passées.
04:59Alors, sur tous les prospectus, il y a marqué que la performance passée ne doit pas servir à prendre sa décision.
05:05C'est précisé à chaque fois.
05:07Et moi, j'essaie plutôt de construire des portefeuilles à volatilité très limitée.
05:11En ce moment, je suis en train de sortir toutes les valeurs à haute volatilité,
05:14même si pourtant, c'est des secteurs parfois qui m'intéressent toujours.
05:17Mais juste par principe.
05:19Parce que j'estime qu'à partir de maintenant,
05:22vu la vitesse à laquelle les marchés baissent,
05:26peut-être que j'aurai du mal à réagir.
05:30Et voilà.
05:34Donc la tendance est là ?
05:36La tendance est là.
05:38On a des pays européens qui sont très sous-performants,
05:40une Asie qui est très sous-performante.
05:42Et une chose à surveiller, qui reste le Yen quand même,
05:45parce que ça commence à nouveau un petit peu à se poser des questions au Japon.
05:49On a en tête l'épisode du mois d'août, bien sûr.
05:53Alors, on a en tête l'épisode du mois d'août,
05:55il y a beaucoup de choses qui peuvent motiver une reprise de la hausse des taux.
06:01Lentement.
06:03Mais il faut qu'ils la gèrent, cette hausse des taux.
06:05D'autant que la hausse des salaires est là.
06:09On n'a pas fini avec ce qui a fait bouger un peu les marchés au début du mois d'août.
06:15C'était l'épisode estival d'une accumulation de sujets.
06:19Mais notamment la hausse de taux du Japon et de la Banque centrale japonaise.
06:23Petit caillou qui est venu se mettre dans la mécanique des marchés.
06:29Jeanne, je reviens à cet écart historique qu'on observe,
06:33et qu'on observera sans doute encore d'ici quelques semaines,
06:37quand on fera le bilan de cette année 2024.
06:39Si je me place sur un plan purement technique,
06:43pas fondamental,
06:45quand on regarde les indicateurs d'exubérance,
06:47même sur le marché américain,
06:49on est sur des niveaux très bas.
06:51C'est vrai ou pas ?
06:53Non, je ne suis pas d'accord.
06:55J'ai un indicateur.
06:57Il y en a beaucoup.
06:59Il y a un indicateur qui regarde le pourcentage de titres
07:03dont le RSI à 14 jours est supérieur à 70 sur les 5 ans.
07:07Mais c'est très court terme.
07:09C'est ce que j'ai dit.
07:11Technique, très court terme.
07:13Il y a du technique long terme aussi.
07:15Technique, tactique presque, on pourrait dire.
07:17Donc ça c'est des indicateurs de surachat ?
07:19De surachat.
07:21Il n'y en a pas.
07:23À aujourd'hui.
07:25Donc ça c'est un premier aspect.
07:27L'autre chose, je pense que fondamentalement,
07:29on regarde quand même les comportements de marché
07:33simplement parce qu'ils reflètent des fondamentaux.
07:35Et que les fondamentaux, par définition,
07:37ils ne changent pas tous les jours.
07:39Donc il y a des inflexions
07:41et puis il y a quand même des fondamentaux.
07:43Dans les fondamentaux de ces dernières années,
07:45quand on regarde les Etats-Unis d'un côté,
07:47l'Eurozone ou l'Europe de l'autre,
07:49on peut faire simple,
07:51en oubliant les autres zones
07:53qui ont parfois des caractéristiques
07:55un peu différentes.
07:57On va se dire,
07:59les Etats-Unis sont devenus indépendants énergétiquement.
08:01Dans le même temps où l'Europe
08:03conserve sa dépendance énergétique,
08:05elle a une vulnérabilité géopolitique
08:07qui est bien plus grande
08:09que celle des Etats-Unis.
08:11Il n'y a pas de front de défense commun.
08:13Ensuite, on peut accumuler,
08:15on va dire,
08:17les choses fondamentales.
08:19Et à cela s'ajoute
08:21le fait qu'avec
08:23le premier mandat de Trump,
08:25il y a eu une grande coupure
08:27dans tout ce qui était de l'ordre
08:29de la réglementation aux Etats-Unis.
08:31Ce qui a quand même propulsé,
08:33entre autres,
08:35l'indépendance énergétique.
08:37Puisqu'en fait, c'est là qu'on a vu
08:39la production de pétrole.
08:41Mais c'est plus général
08:43que ça.
08:45On a vu la baisse
08:47des taux d'imposition
08:49qui s'est effondrée.
08:51Effectif. Je ne parle pas du taux
08:53d'imposition fixé par le gouvernement.
08:55Ils sont à 16% sur l'ensemble
08:57au niveau des comptes de la nation.
08:59C'est extrêmement faible.
09:01On a vu tous ces phénomènes.
09:03Alors que de l'autre côté, en Europe,
09:05on a vu une Europe qui a passé
09:07crise par crise.
09:09Ça a été la crise de l'euro.
09:11Ça a été tout ce qu'on veut.
09:13Aujourd'hui, au plan géopolitique,
09:15c'est compliqué. En plus, les deux piliers
09:17de l'Europe que sont l'Allemagne et la France
09:19n'ont plus du tout l'air de parler d'une voix
09:21commune sur, en fait,
09:23la plupart des sujets.
09:25Il n'y a plus trop de voix pour l'instant.
09:27C'est un peu le vacuum.
09:29Ils parlent tous beaucoup.
09:31Mais ce n'est pas toujours dans le même sens.
09:33Ce n'est pas pour ça qu'ils portent une voix.
09:35Ça veut dire que je trouve
09:37qu'il y a quand même
09:39des plus...
09:41En Europe, nous avons
09:43accru les réglementations.
09:45On peut voir les dégâts sur l'automobile
09:47d'une façon qui est inouïe.
09:49Et on continue.
09:51Et de l'autre côté,
09:53aujourd'hui encore, l'Europe a décidé
09:55de s'attaquer
09:57au déficit excessif
09:59d'un certain nombre de pays.
10:01Là où les Etats-Unis...
10:03Et ça aurait été exactement la même chose
10:05si les démocrates étaient passés.
10:07Ils savent qu'ils auront un déficit budgétaire
10:09de 6 à 7 % du PIB
10:11pour les 10 prochaines années.
10:13Et ils s'en fichent. Point.
10:15Donc ce sont des fondamentaux
10:17qui ne dépendent même pas
10:19des questions de tarifs douaniers.
10:21On a pris deux voies
10:23radicalement différentes.
10:25Un graphique
10:27qu'on m'a montré hier...
10:29D'ailleurs, c'est
10:31l'investissement,
10:33la formation en capital fixe.
10:35Vous prenez un graphique sur 10-15 ans.
10:37Mais c'est la mâchoire
10:39de croquonner.
10:41Donc on se demande pourquoi les Etats-Unis sont plus productifs
10:43aujourd'hui. Les gens pensent que c'est
10:45grâce à Tchèque-GPT. Non !
10:47Ça a commencé bien avant.
10:49Mais bien sûr. Et c'est lié
10:51à toutes les politiques qui ont été mises en oeuvre,
10:53qui étaient des politiques extrêmement agressives
10:55de soutien à l'investissement.
10:57Avec une défiscalisation
10:59complète pour les entreprises
11:01de l'investissement qu'elles faisaient.
11:03Donc une incitation colossale.
11:05Et ce qui est intéressant, c'est que pendant un temps,
11:07on n'a eu que de l'investissement productif.
11:09Donc équipement,
11:11intelligence, etc.
11:13Et puis l'année dernière, comme il y a eu d'autres
11:15incitations fiscales, il y a eu un boom
11:17de l'investissement de structure.
11:19Et là, récemment, c'est l'investissement productif
11:21qui repart. Et je trouve que
11:23quand vous regardez ces divers éléments
11:25et quand vous regardez
11:27l'écartement entre les zones
11:29et les marchés boursiers, en fait,
11:31vous trouvez aussi l'écartement de ces derniers
11:33mois en termes de momentum
11:35économique. On pourrait mettre les courbes,
11:37c'est presque une corrélation
11:39parfaite. Là où
11:41l'Europe, ces derniers temps,
11:43France bien sûr, n'a pas cessé de
11:45décevoir en termes d'activité,
11:47les Etats-Unis n'ont pas cessé de reprendre
11:49à la hausse. Moyennant quoi,
11:51et je ne regarde pas 2025,
11:53juste 2024, si je regarde
11:55les anticipations du consensus
11:57de marché, il a révisé en hausse
11:59les Etats-Unis à 2,7%,
12:01alors qu'il a révisé en baisse
12:03l'eurozone. Et encore,
12:05ou à peu près étale, et encore, heureusement
12:07qu'on a l'Espagne. Donc le marché n'est pas totalement
12:09déconnecté de la réalité, mais pas du tout.
12:11Non, et là,
12:13je n'ai même pas fait allusion aux
12:157 magnifiques, etc. Pour conclure sur votre point,
12:17Jeanne, quand on construit une allocation,
12:19qu'on réfléchit à une allocation pour 2025,
12:21c'est difficile de se dire qu'on ne va pas continuer
12:23de surpondérer les actions américaines ?
12:25C'est difficile, en tout cas, de se dire
12:27que c'est le bon moment pour surpondérer les actions
12:29européennes.
12:31Je suis honnête,
12:33parce que, même si vous les regardez
12:35en valorisation, on peut dire,
12:37comme ça a été dit tout à l'heure à juste raison,
12:39que la décote
12:41européenne sur américaine
12:43c'est 50%, 40%, 50%.
12:45Néanmoins,
12:47quand vous regardez
12:49le dynamisme,
12:53on va dire,
12:55et quand vous regardez l'Europe
12:57par rapport à son historique,
12:59en termes de PE, on est sur la moyenne
13:01des 10 dernières années.
13:03On n'a pas de décote historique par rapport
13:05à nous-mêmes.
13:07C'est simplement que la prime
13:09s'est accrue aux Etats-Unis
13:11quand elle n'a pas bougé chez nous.
13:13Véronique,
13:15qu'est-ce que ça vous inspire ?
13:17C'est ça qui est aussi fascinant
13:19avec l'Europe, c'est que tout le monde
13:21est en permanence assez pessimiste
13:23sur l'avenir
13:25de l'Europe. Le moindre
13:27mouvement ou bouger à la marge
13:29peut aussi modifier
13:31la perception des investisseurs, peut-être.
13:33Oui.
13:35Vous voyez où je vous amène.
13:39Les chances de l'Europe pour 2025.
13:41Je trouve qu'il y a une grande cohérence
13:43entre ce qui vient d'être dit
13:45et finalement, ça nous permet
13:47d'adresser le sujet et les vraies questions qu'on se pose,
13:49elles sont là.
13:51Le marché américain a quand même
13:53performé dans des proportions
13:55qui font que, bon,
13:57on a quand même du mal à se dire
13:59il faut continuer à y aller, tête baissée.
14:01Donc on cherche
14:03des alternatives
14:05et je cherche en Europe,
14:07malgré tout ce que vient de dire Jeanne,
14:09que je partage complètement
14:11et qui est malheureux.
14:13D'ailleurs, j'aurais envie de dire
14:15vive Thanksgiving parce qu'on respire un peu
14:17aujourd'hui.
14:19Quand il n'y a pas d'actions américaines à acheter,
14:21on achète un peu d'actions européennes.
14:23On referme à Paris.
14:25Et du coup,
14:27la conviction, c'est laquelle ?
14:29C'est que les actions européennes ne vont pas
14:31surperformer le marché américain.
14:33D'accord ?
14:35Qu'elles récupèrent
14:37néanmoins et qu'elles arrivent au moins
14:39à faire à peu près comme le marché
14:41américain.
14:43Celui-ci étant, à mon avis,
14:45va amener à un moment donné
14:47à souffler un petit peu
14:49et à avoir des tendances un peu plus
14:51soutenables, je ne veux pas dire raisonnables,
14:53mais un peu plus...
14:55et qu'on envisage un peu plus soutenable
14:57en tout cas.
14:59C'est ça qu'on va essayer de voir.
15:01Il peut y avoir des opportunités.
15:03L'opportunité, pour moi, elle est peut-être
15:05allemande, avec toutes les précautions
15:07qu'on peut envisager.
15:09Mais si elle est allemande,
15:11au bout d'un moment,
15:13elle va peut-être devenir un peu française.
15:15Malgré
15:17tout ce qu'on peut dire aujourd'hui
15:19et l'état de désolation
15:21qui est le nôtre et qui est celui
15:23de tout un chacun ou de tout observateur
15:25qui se pencherait sur la situation
15:27de notre pauvre pays
15:29et de nos débats budgétaires.
15:33C'est là
15:35l'histoire, à mon avis.
15:37Moi, fondamentalement,
15:39je n'ai pas du tout envie de
15:41recommander ou d'envisager et d'acheter
15:43le marché américain là où il en est.
15:45Ça ne veut pas dire qu'on va le vendre.
15:47On n'a pas d'indicateur qui nous dit
15:49qu'on ne les a pas.
15:51Mais
15:53il pourrait venir
15:55d'où ? D'abord
15:57de ce que va nous dire la Fed
15:59au mois de décembre. Est-ce que
16:01le FOMC va nous brandir
16:03des dotplots avec
16:05250 points de base de baisse des taux ?
16:07Dans quelle mesure ?
16:09Je ne comprends plus.
16:13Le marché croyait beaucoup aux 250
16:15points de base de baisse.
16:17Quand ça a été annoncé, on s'est dit
16:19qu'ils allaient jusqu'à là.
16:21Ça, c'est la première chose.
16:23Au-delà de ça,
16:25est-ce qu'on baisse
16:27ses taux au mois de décembre ?
16:29Ça commence à devenir un peu limite
16:31de la Fed.
16:33Y compris
16:35en début d'année.
16:37Là, il y a une zone
16:39d'interrogation
16:41qui peut venir un peu chiffonner
16:43les esprits. Deuxièmement,
16:45la réalité des marges
16:47de manœuvre de la future équipe.
16:49Donald Trump. C'est facile de dire
16:51on va baisser les impôts, on va augmenter
16:53je ne sais plus quoi.
16:55Il n'en reste pas moins.
16:57Pour baisser les impôts dans les proportions
16:59alors c'est échelonné.
17:01Tout n'est pas promis
17:03pour les deux prochaines années.
17:05Pour préparer les baisses
17:07promises,
17:09il faut quand même resserrer les dépenses
17:11dans des proportions
17:13un petit peu indigestes.
17:15Les Etats-Unis, ce n'est quand même pas l'Argentine.
17:17Et le S&P,
17:19ce n'est pas le Merval.
17:21Donc calmons-nous, j'ai envie de dire.
17:23À un moment donné, il va falloir faire les comptes.
17:25Et avec le futur
17:29responsable du Trésor,
17:31qui est un petit peu
17:33moins fou
17:35peut-être que d'autres
17:37ou en tout cas que ceux qui peuvent l'entourer
17:39il est plutôt à nous dire
17:41pour l'instant un déficit à 3%.
17:43Ce qui est assez atypique aux Etats-Unis.
17:45Ce qui est surtout inatteignable
17:47j'imagine sur un mandat de 4 ans.
17:49C'est sans doute inatteignable.
17:51Peut-être pas souhaitable d'ailleurs.
17:53Ça veut dire que là il y a
17:55un personnage qui semble
17:57un petit peu raisonnable
17:59peut-être complètement illusoire
18:01mais qui peut un peu gêner
18:03la mise en place
18:05des promesses budgétaires.
18:07Donc l'effet euphorique Trump sur les marchés
18:09peut à un moment rencontrer
18:11une forme de résistance.
18:13Ça peut être un peu compliqué.
18:15Soit on écoute Elon Musk
18:17et Vivek
18:19et on se dit
18:21demain c'est l'Argentine
18:23aux Etats-Unis.
18:25Je n'y crois pas un instant.
18:27On n'est pas obligé de prendre
18:29Trump pour argent comptant.
18:31On a l'habitude de ça.
18:33Il faut l'écouter un peu mais pas totalement.
18:35Comme tous les politiciens.
18:37Ni plus ni moins que les autres politiciens.
18:39Un peu plus que la moyenne.
18:41C'est plus bruyant.
18:43Tout dépend où on met le curseur
18:45que ce soit en termes
18:47de promesses fiscales
18:49de dépenses
18:51y compris d'inflation en réalité
18:53et de protectionnisme.
18:55On voit bien comment il fait.
18:57Quand on retrouve Trump,
18:59on tape et on ouvre le dialogue.
19:01Il l'a fait avec le Mexicain.
19:03Il s'est appelé
19:05Claudia Schellbaum.
19:07Conversation merveilleuse.
19:09Elle a arrêté l'immigration en deux jours.
19:11Ce n'est pas du tout ce qu'elle raconte.
19:13Pour Trump, ça y est.
19:15C'est la politique spectacle.
19:17Sur les fondamentaux,
19:19de la même manière,
19:21quand on regarde l'effet des baisses de taxes,
19:23ce n'est pas facile en 2018
19:25de se retrouver dans les bénéfices
19:27des entreprises.
19:29Après l'impôt, bien sûr.
19:31Il y a eu une grosse baisse en début 2017.
19:33Après, il ne se passe plus grand-chose.
19:35C'est un one-off.
19:37C'était avant l'heure.
19:39C'est un peu troublant.
19:41Là, on a l'impression
19:43que les marchés se racontent des histoires incroyables.
19:45C'est bien, ça donne le moral
19:47même à nos investisseurs européens.
19:49Finalement, on se dit
19:51pourquoi ils ont le sourire comme ça ?
19:53Aux Etats-Unis, tu as vu ce qui se passe.
19:55On en oublie les fondamentaux
19:57de nos propres marchés
19:59et accessoirement un peu du reste du monde.
20:01On est dans une espèce
20:03d'ambiance...
20:05Trop d'optimisme autour de Trump sur les US
20:07et sans doute peut-être
20:09trop de pessimisme en Europe.
20:11Il n'y a pas de menace de taux d'intérêt.
20:13Il n'y a pas vraiment d'inflation
20:15non plus vraiment menaçante.
20:17On comprend bien.
20:19Je trouve que ce n'est pas du tout
20:21confortable.
20:23Je n'aime pas ces environnements-là.
20:25En dehors des fondamentaux,
20:27en réalité, on a beaucoup de mal
20:29à coller des fondamentaux, si ce n'est
20:31ce qu'a dit Jeanne,
20:33mais qui rentrent moins dans
20:35l'aspect stratégique.
20:37Ce sont des fondamentaux,
20:39le grand écart structurel
20:41qui fait beaucoup peur pour l'Europe.
20:43La grande question,
20:45est-ce que l'Europe peut se réveiller ?
20:47C'est pour ça qu'on se dit que l'Allemagne
20:49est peut-être en train
20:51de penser à se prendre en main.
20:53On en souffrira, nous, France.
20:55Il ne faut pas imaginer.
20:57On pourra peut-être profiter un peu plus
20:59de l'impulsion
21:01Donald Trump américaine.
21:03Valérie,
21:05dans votre grille
21:07d'analyse,
21:09Trump, vous le mettez où ?
21:11Quel effet il peut produire ?
21:13Est-ce que c'est un effet positif ?
21:15Est-ce que c'est un effet négatif ?
21:17Est-ce que c'est un effet neutre ?
21:19Est-ce que sans Trump, on aurait la même histoire ?
21:21Qu'est-ce qu'il amène dans le jeu des marchés ?
21:23Dans le comportement des investisseurs ?
21:29Quand je regarde les marchés,
21:31je fais très attention
21:33de ne pas projeter ce que je pense.
21:35Je pense que ça n'a pas d'intérêt.
21:37Ça ne me sert à rien de savoir ce que je pense.
21:39Ce que je dois savoir, c'est ce que pensent les autres.
21:43Sur les marchés actions,
21:45ce sont les marchés qui sont
21:47les plus émotionnels
21:49et qui n'ont aucun
21:51moyen d'avoir une
21:53valorisation
21:55sensée.
21:57On peut mettre absolument ce qu'on veut.
21:59On a bien vu ce qui se passait avec les taux sans risque.
22:01Mais on continue à avoir des modèles dans lesquels il faut mettre des taux sans risque.
22:03Ce n'est pas grave. Je ne sais pas ce que c'est, mais on en met.
22:07Pardon, Jeanne.
22:09Non, parce que...
22:17Les marchés obligataires sont quand même
22:19un peu plus structurés. Ils sont un peu plus
22:21gênés aux entournures.
22:23Pour faire n'importe quoi, c'est plus compliqué.
22:25Donc j'aime bien regarder les marchés obligataires.
22:27Et après, j'aime bien aussi regarder les marchés
22:29de devises qui ne sont pas simples
22:31du tout. Il n'y a pas franchement de fondamentaux.
22:33Enfin, si, il y a des fondamentaux.
22:35Des fondamentaux de modèles.
22:37D'ailleurs, on a bien vu. Ce qui réagit le plus fort,
22:39c'est tout de suite les devises quand même.
22:41Sur des tarifs.
22:43Les devises réagissent autour.
22:45Oui, oui, oui.
22:47Mais avec quelque chose en plus.
22:49Aux choses émotionnelles que les obliques.
22:51On retrouve des corrélations quasi parfaites
22:53avec les écarts de taux.
22:55Quasi.
22:57Mais bon.
22:59Je trouve qu'ils sont un peu plus émotionnels.
23:01J'aime bien regarder ce qui se passe
23:03sur ces marchés-là.
23:05Et finalement, ils nous disent que
23:07le marché est complètement partagé.
23:09Parce qu'autant
23:11on a eu des tendances très marquées sur les actions
23:13avec un grand écart
23:15entre différentes zones et même entre différentes actions.
23:17Parce que si vous prenez
23:19le début de la cote avec Apple,
23:21elle est quand même toujours au plus haut.
23:23Si vous prenez la fin de la cote avec
23:25Wal-Mart.
23:27Wal-Greens.
23:29Wal-Greens, c'est au plus bas.
23:31Walt Disney, elle s'est un petit peu reprise.
23:33Elle était au plus bas aussi.
23:35Prenez un nom avec un A.
23:39Ce grand écart,
23:41il existe
23:43sur des actions, il existe sur des pays.
23:45Mais quand on regarde
23:47sur les obligations, on a un marché qui est plat.
23:49Qui est complètement étal.
23:51Depuis deux ans,
23:53on oscille.
23:55Et il ne se passe rien.
23:57Pourquoi ? Parce que
23:59personne n'a de visibilité.
24:01On nous envoie toujours une liste de questions.
24:05Parfois, il y a des questions
24:07qui sont assez
24:09de technique de marché.
24:11Vraiment de fondamentaux de marché.
24:13Là, les questions étaient purement politiques.
24:17Avec quel rôle va jouer tel personnage ?
24:19Qu'est-ce qu'il pourrait...
24:21Voilà bien des choses sur lesquelles
24:23personne ne peut...
24:25On peut tous parler.
24:27On peut tous parler.
24:29Mais on ne peut rien prévoir du tout.
24:31Déjà prévoir
24:33avec des modèles, on sait qu'il faut être patient.
24:35On n'avait pas prévu que Trump
24:37allait attaquer le Canada par exemple.
24:39Autant la Chine, on savait.
24:41Autant se retrouver un matin avec 25% sur le Canada.
24:43Ce n'était pas écrit dans le programme Trump.
24:47Avec 25% et 10% annoncé pour la Chine.
24:49C'est bizarre.
24:53On est quand même dans cette situation
24:55où il y a à boire
24:57et à manger dans le programme de Trump
24:59comme il y aurait eu dans le programme
25:01démocrate.
25:05Le marché américain sur les actions
25:07reste le plus attractif.
25:09Et c'est parce qu'il est le plus attractif
25:11par rapport qu'il continue à progresser
25:13parce qu'il n'y a pas d'alternative.
25:15Dans l'ensemble, tant qu'il y a
25:17une possibilité d'avoir
25:19une attitude de prise de risque
25:21mondialement, on est obligé d'aller aux Etats-Unis.
25:23Mais si on regarde
25:25sur les autres marchés, il n'y a pas
25:27d'attitude d'appétit pour le risque
25:29particulièrement marqué,
25:31ni de défiance particulièrement élevée
25:33non plus. On reste dans cette période
25:35qu'on appelle de consolidation.
25:39Après, le jeu des pondérations
25:41fait pas mal de choses
25:43dans l'évolution des indices.
25:47Je ne sais plus de quelle question on était parti.
25:49Non, la question c'est Trump.
25:51Ce que ça implique.
25:53On est allé se positionner
25:55sur un extrême de l'intervalle
25:57sur les devises.
25:59C'est-à-dire que le dollar a beaucoup progressé
26:01et potentiellement
26:03il pourrait poursuivre
26:05la progression l'année prochaine.
26:07Il va la poursuivre tout de suite.
26:09On est fin novembre.
26:11Il y a déjà eu des mouvements forts
26:13en quelques semaines.
26:15Cela dit,
26:17à moyen terme,
26:19le dollar peut poursuivre
26:21à un rythme un petit peu plus calme
26:23peut-être que ce qu'on a eu
26:25d'octobre à novembre.
26:27C'est peut-être le premier signal
26:29important qui serait donné.
26:31La force du dollar.
26:33Maintenant, est-ce que ça serait
26:35à cause d'un mouvement sur les taux
26:37ou est-ce que ça serait autre chose ?
26:39Parce que sur quelques mois,
26:41il n'y a pas de corrélation parfaite.
26:43Je ne sais pas.
26:45Les dollars, ça, c'est une conviction.
26:47C'est quelque chose d'assez sensible.
26:49Je ne pense pas que ça soit
26:51non plus super durable,
26:53a priori.
26:55Mais il y a quand même
26:575-10% potentiellement à gagner.
26:59Donc ça nous mettrait l'euro dollar à parité ?
27:01On pourrait reperdre après.
27:03Ça nous mettrait l'euro dollar à parité potentiellement ?
27:05Oui, potentiellement.
27:07On l'a vu déjà.
27:09Même un petit peu plus bas pour l'euro.
27:11Donc c'est octobre 2022.
27:13Véronique, je vois que vous voulez dire un mot.
27:15Et puis après Jeanne, bien sûr.
27:17Je pense que ce qui peut caractériser le plus
27:19le retour de Donald Trump
27:21aujourd'hui,
27:23c'est la déréglementation, la dérégulation.
27:25Et c'est là que,
27:27à mon avis, se posent
27:29beaucoup de questions également.
27:31Que va faire l'Europe ?
27:33Elle est quand même allée dans une direction complètement opposée.
27:35Est-ce qu'on s'en faire dans la direction
27:37dans laquelle on est ? Jusqu'où ?
27:39Je ne sais pas.
27:41Est-ce qu'on détricote un petit peu ?
27:43Je pense aux banques.
27:45Je pense aux banquières américaines
27:47avec l'élection de Donald Trump et les européennes
27:49pour d'autres raisons.
27:51D'ailleurs, aussi.
27:53Est-ce qu'on peut s'enfermer ?
27:55En fait, c'est ça la question.
27:57Ou est-ce qu'à force de s'enfermer,
27:59ça ne veut pas dire
28:01qu'on va se déliter complètement ?
28:03On a l'impression qu'on a paralysé.
28:05Dragué dit
28:07qu'on a essayé les sorties.
28:09Bon, ça a été catastrophique.
28:11Personne n'a voulu
28:13ou n'a réussi à sortir
28:15de l'euro.
28:17C'était Hôtel Californien.
28:19Là, on est dans une
28:21séquence de paralysie
28:23qui semble assez mortifère
28:25si elle se prolonge.
28:27Donc, l'autre voie, c'est celle que Drague
28:29y prône, bien sûr. C'est l'intégration,
28:31la prise de risque, etc.
28:33Bon, Jeanne, je vous laisse.
28:35Non, j'aurais dit peut-être
28:37quelque chose quand même. C'est que je trouve
28:39qu'il y a beaucoup plus de rationalité
28:41que d'émotions dans les marchés depuis
28:43un moment déjà. Et je trouve que
28:45en fait, on s'attache
28:47à une image.
28:49Mais qu'il y a une réalité des faits
28:51derrière. Alors, il y a l'image
28:53que même peut projeter Trump
28:55quand il est dans l'exagération,
28:57ce qui est devenu
28:59la façon de communiquer de 80%
29:01des communicants. Ils n'arrivent pas
29:03à communiquer autrement que dans l'outrance.
29:05Maintenant, si on dépasse
29:07un peu ça, il a une approche transactionnelle.
29:09C'est-à-dire qu'il fait des deals.
29:11Et il fait des deals au profit des Américains.
29:13Et il a commencé avec le Canada,
29:15avec le Mexique, et il va continuer.
29:17Ces deals veulent dire qu'il va
29:19entrer en négociation sur tous les sujets.
29:21Donc moins de tarifs que ce qu'il a annoncé.
29:23Mais comme la première
29:25guerre commerciale. Il avait dit
29:2745% sur la Chine, il en a mis que 20
29:29sur la Chine à l'époque. En plus, il a des contraintes.
29:31S'il voulait appliquer des tarifs
29:33pour tout le monde, il aurait besoin
29:35des votes, etc. Pour le faire par l'Amérique,
29:37il suffit qu'il le fasse au coup par pays.
29:39Certains de ses conseillers
29:41disent que, de la première chose,
29:43quand ils devaient rencontrer
29:45quelqu'un, un président d'un pays
29:47dont, en général, ils ne connaissaient ni l'histoire
29:49ni la géographie ni rien.
29:51Ils demandaient
29:53qu'est-ce qu'on a comme commerce avec eux.
29:55C'est tout. Parce que ce qui l'importe,
29:57c'est un trade.
29:59C'est faire du business. Ça, c'est le premier point.
30:01Et je pense que son
30:03accession ou son élection
30:05valide
30:07la sortie ou valide
30:09la reflation
30:11pérenne, la pérennité
30:13de la reflation américaine.
30:15Parce qu'on a eu l'épisode d'inflation
30:17Covid, mais ensuite,
30:19il y a eu des moments de doute sur le fait
30:21que l'inflation...
30:23Est-ce qu'on va revenir à la stagnation séculaire ?
30:25Oui, ou bien est-ce qu'on
30:27revient dans les périodes
30:29où taux et actions étaient...
30:31Est-ce qu'on revient dans un monde
30:33qui est plus
30:35entre guillemets normal ?
30:37Et là, il a validé
30:39par son élection
30:41l'idée d'une reflation
30:43américaine, ce qui ne veut pas dire que...
30:45Ça veut dire que les marchés disent aujourd'hui
30:472% de croissance, voire 2,5%,
30:49ça va, 2 ou 2,5% d'inflation,
30:51ça va, et on va y arriver.
30:53Et c'est ça, la reflation ?
30:55Ça veut dire qu'on revient à un monde où on n'est pas en train de lutter
30:57pour reflater
30:59l'économie. Il faut quand même se souvenir que
31:01dans la Banque Centrale, on fait ça 15 ans.
31:03C'est un jeu dangereux, quand même,
31:05après le traumatisme du choc inflationniste,
31:07il sait qu'il allait gagner l'élection
31:09là-dessus, il a abusé,
31:11il a utilisé cette corde
31:13jusqu'à l'extrême...
31:15Je ne suis pas sûre, je pense que c'est sa conviction.
31:17Je pense que c'est plus
31:19profond que ça. Je pense qu'il est dans
31:21une conviction de croissance.
31:23Il sait que l'inflation,
31:25le traumatisme et la perception de l'opinion publique
31:27sur l'inflation est quand même un sujet encore très
31:29sensible aujourd'hui. Mais il ne veut pas d'inflation.
31:31D'accord, on est d'accord. J'ai bien parlé de reflation.
31:33Par rebasculer dans le monde
31:35d'avant. Voilà, c'est-à-dire qu'il y a quand même
31:37la période Covid
31:39nous a fait basculer
31:41dans un monde déflationniste
31:43à un monde tout d'un coup
31:45incroyablement inflationniste. Il ne faudrait pas que ce soit perçu
31:47par son électeur comme étant un monde inflationniste.
31:49Non mais ça, ce n'est pas du tout ce dont
31:51il est question. Là, je parle des marchés financiers.
31:53Donc le scénario dans lequel
31:55on ne retourne plus
31:57en déflation, il est bon pour les marchés financiers.
31:59En revanche,
32:01et il est bon pourquoi ? Parce qu'on sait
32:03que quelqu'un comme Trump est très attaché
32:05à la croissance. D'ailleurs,
32:07sur les doutes que la Fed va faire quelque chose
32:09soit en décembre, soit en janvier,
32:11je pense qu'elle
32:13fera quelque chose, alors l'un ou l'autre,
32:1525 points de base ou une réunion ou l'autre,
32:17simplement parce qu'elle a un double mandat
32:19que n'a pas la BCE.
32:21Elle doit veiller au plein emploi.
32:23Et on a quelques signes timides
32:25mais néanmoins quelques signes
32:27que l'emploi ralentit
32:29et que le chômage remonte. C'est timide.
32:31Mais en toute logique,
32:33elle peut tout à fait baisser
32:35de 25 points de base alors que
32:37le marché se compte une fois là, une fois là.
32:39D'autant que Trump n'est pas encore installé.
32:41Même s'il est installé.
32:43En termes d'agenda, il peut mettre en oeuvre
32:45rapidement, dans un cadre
32:47transactionnel,
32:49des augmentations de tarifs douaniers
32:51avec tel ou tel pays. Ça, il n'y a pas de problème.
32:53Il peut mettre en oeuvre immédiatement
32:55le gel des réglementations.
32:57Il peut mettre en oeuvre la déréglementation.
32:59En revanche, tout ce qui va être
33:01de l'ordre du budget
33:03exige un process
33:05avec les deux chambres, etc.
33:07et n'aura d'effet qu'en 2026.
33:09Ce n'est pas du tout immédiat.
33:11Donc tout ne va pas arriver en même temps.
33:13Ah non, pas du tout.
33:15Et ce n'est pas ce que le marché price.
33:17Non, pas du tout.
33:19Il price et c'est intéressant quand on regarde
33:21la façon dont les taux sont remontés.
33:23Ils sont remontés parce que la prime
33:25de terme est remontée, ce qui est le signe
33:27caractéristique du fait
33:29que le marché dit, c'est bon,
33:31on est repassé dans un monde
33:33normal, alors qu'en Europe...
33:35Prime de terme positive, désormais.
33:37Alors qu'en Europe, les problèmes qu'on a
33:39sur la croissance font peur.
33:41Comment on évite
33:43d'arriver à un taux neutre,
33:45réel, négatif en zone euro ?
33:47La réunion de la BCE, c'est le 12 décembre prochain.
33:49Il y a évidemment
33:51la nouvelle élection la plus importante du monde
33:53le 23 février, les élections fédérales
33:55en Allemagne, mais avant ça,
33:57tout repose, comme à chaque fois, sur les épaules
33:59de la BCE. Moi je suis toujours frappé,
34:01on parlait des écarts.
34:03Isabelle Schnabel qui nous dit qu'on est quasiment
34:05au taux neutre, aujourd'hui, à 3%.
34:07Non mais...
34:09Elle le dit sans rigoler.
34:11C'est la réunion.
34:13Il y a un taux neutre réel et l'autre
34:15taux neutre nominal.
34:17Non, je ne crois pas
34:19qu'il fasse cette erreur.
34:21Je n'y crois pas.
34:23Je ne crois pas qu'Isabelle Schnabel
34:25fasse cette erreur-là.
34:27Une vie de roi de galop qui s'exprime aujourd'hui,
34:29il faut garder toutes les options.
34:31Si on est proche du taux neutre pour Isabelle Schnabel,
34:33ça veut dire quelques baisses de taux
34:35et ensuite on regarde ce qui se passe.
34:37Attention, le risque est toujours de s'aventurer
34:39trop vite, trop loin
34:41dans les baisses de taux.
34:43D'autres discours commencent à être radicalement différents.
34:45J'imagine que la charge
34:47qui incombe à Christine Lagarde
34:49de former le consensus, qui est déjà une charge compliquée,
34:51va l'être encore plus, peut-être,
34:53à l'occasion de la prochaine réunion.
34:55Incontestablement. Les temps vont être très compliqués.
34:57Je pense que Christine Lagarde
34:59a une vue,
35:01une sensibilité politique
35:03également, qui est plus importante
35:05qu'Isabelle Schnabel,
35:07par exemple, et bien d'autres.
35:09La difficulté, c'est
35:11comment les uns et les autres abordent
35:13la baisse de l'euro et le risque
35:15de la devise. Et je pense que
35:17Isabelle Schnabel est
35:19très regardante.
35:21Et que ça,
35:23ça peut être un avis
35:25partagé par bien d'autres.
35:27Elle a peur de quoi ?
35:29De l'inflation importée ?
35:31Oui, de l'inflation des matières
35:33premières, etc.
35:35Et puis même, c'est l'euro.
35:37Il faut se souvenir quand même de ce
35:39qu'étaient les Allemands.
35:41Oui, mais je sais.
35:43Je n'effronte pas.
35:45Ce n'est pas mon opinion.
35:47J'essaye de comprendre.
35:49Bien sûr, le raisonnement.
35:51À la place de ce raisonnement.
35:53Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
35:55À mon avis, ça ne ferme pas
35:57la porte à une baisse des taux.
35:59Une nouvelle baisse des taux en fin d'année.
36:01Mais je ne pense pas
36:03que la porte des 50 points de base
36:05de baisse des taux soit ouverte.
36:07Alors là, je pense qu'il y en a
36:09déjà certains qui doivent monter au plafond
36:11à imaginer qu'on ose
36:13suggérer un tel
36:15mouvement.
36:17Et puis, on va mettre
36:19en face l'euro. On va mettre les frémissements
36:21sur la croissance des crédits
36:23ou de la masse monétaire.
36:25Frémissements.
36:27Alors, effectivement,
36:29depuis une semaine, on ne peut plus mettre
36:31les indicateurs allemands
36:33dans la balance
36:35parce qu'ils repiquent du nez.
36:37On espère juste que c'est
36:39un petit froissement lié aux inquiétudes
36:41politiques, domestiques.
36:43Mais on n'en est pas certain non plus.
36:45Parce que finalement, on ne voit pas trop non plus
36:47ce qui pourrait créer une dynamique
36:49exceptionnelle. Donc, je pense que
36:51la BCE devrait pouvoir
36:53continuer. Moi, j'ai deux fois
36:5525 points de base.
36:57C'est tout. Et c'est tout ?
36:59C'est tout parce que j'ai que
37:01deux fois 25 points de base. J'ai conservé
37:03deux fois le quart de point de la Fed.
37:05Et je ne vois pas du tout
37:07la BCE s'engouffrer
37:09et poursuivre.
37:11Alors, peut-être qu'il y aura un quart de point en plus.
37:13Mais il me semble que le jour où la Fed
37:15arrête de baisser ses taux, la BCE
37:17arrêtera à cause de la devise.
37:19Alors, le contexte
37:21peut évoluer en fonction
37:23du discours protectionniste.
37:25Et c'est là que la négociation
37:27possible, les élections allemandes
37:29qui devraient quand même
37:31faciliter
37:33l'échange avec Donald Trump
37:35peuvent, du coup,
37:37redonner un petit peu
37:39de latitude. Mais fondamentalement,
37:41c'est difficile d'envisager que la BCE
37:43aille très loin.
37:45Est-ce qu'on peut dire,
37:47il nous reste vraiment quelques minutes à peine,
37:49mais un mot du cas français. Je sais que vous avez écrit
37:51je crois, Valérie, sur le CAC,
37:53il n'y a pas quelques jours, là.
37:55Pour dire quoi ?
37:57Il n'y a pas grand-chose à attendre.
37:59Oui, que ce n'est pas l'endroit
38:01où il faut investir. Effectivement, ce qui se passe
38:03sur les marchés obligataires, là, pour le coup,
38:05c'est la politique française qui est en cause.
38:07Il n'y a pas de contagion, déjà.
38:09Non, on parle bien de politique française.
38:11Oui, c'est intéressant à noter. Il n'y a pas de phénomène
38:13de contagion autour du
38:15transfert. Non, et puis, d'une certaine façon, c'est assez atypique
38:17qu'un écart de taux s'écarte
38:19alors que les taux sont en train de progresser.
38:21Normalement, on les arrive
38:23quand les taux sont en train de progresser.
38:25Or, le mouvement, là, il a bien eu lieu
38:27dans ce sens-là. Donc, c'est bien uniquement
38:29un problème franco-français.
38:31Ça pèse sur le CAC 40. Donc, en termes
38:33d'allocations d'actifs, il faut
38:35plutôt chercher des concurrents
38:37aux sociétés françaises
38:40qui peuvent plaire. Parce que, bien entendu,
38:42il y a des choses qui peuvent être intéressantes.
38:44C'est normal que le CAC soit affecté par ça ? Parce qu'on a souvent
38:46l'habitude de dire que les entreprises
38:48qui ont la chance d'être affectées au CAC 40
38:50sont des entreprises globales, mondialisées.
38:52Elles ne font pas toute une partie majoritaire
38:54de leur chiffre d'affaires en France, par exemple.
38:56Moi, j'ai tout vu. Je suis prête à tout voir.
38:58C'est vrai que normalement, dans les modèles,
39:00le taux d'intérêt qu'on entre,
39:02il a une petite incidence.
39:04Et le taux d'intérêt français
39:06par rapport aux autres, il s'écarte.
39:08Voilà. Tout doucement,
39:10tranquillement. Je ne pense pas que ça va être
39:12la catastrophe demain. Mais,
39:14on est plutôt sur une pente avec un taux
39:16qui s'écarte et une BCE
39:18qui, pour le moment, ne fait rien,
39:20ne dit rien. Je ne suis pas sûre
39:22que... Enfin, c'est un autre sujet.
39:24Mais, il n'y a rien d'annoncé
39:26qui soit prévisible pour franchement...
39:28Changer la situation.
39:30Ils ont même dit le contraire.
39:32Véronique, vous avez écrit aussi un peu sur la France, j'imagine ?
39:34Oui. J'ai écrit sur la France
39:36pour pleurer.
39:38Mais...
39:40Maintenant...
39:42Curieusement, je n'ai pas la même
39:44vision du marché, bien évidemment.
39:46Je regarde
39:48ce qu'il se passe en France. J'associe le risque politique
39:50et puis
39:52les tendances du CAC.
39:54Et je me dis que
39:56ce n'est pas le moment d'acheter.
39:58Mais là, on va peut-être toucher des points
40:00qui vont provoquer
40:02des réactions.
40:06J'ai plutôt envie
40:08de dire, préparons-nous
40:10à la possibilité
40:12de racheter ce marché
40:14à partir de points,
40:16la prochaine zone de support.
40:18Et de regarder
40:20un peu
40:22ce qui pourrait faire du sens.
40:24Ce n'est pas facile.
40:26Surtout si on considère
40:28que le luxe, c'est encore trop tôt.
40:30Déjà, boum.
40:32Sans le luxe.
40:34Avec Trump qui va creuser
40:36partout et qui veut
40:38diviser par deux les prix du pétrole.
40:40Je ne pense pas qu'il y arrive. Mais pour l'instant,
40:42on est dans cette logique.
40:44La demande mondiale, est-ce qu'elle est ?
40:46Après, on racle.
40:48On va chercher
40:50certains industriels.
40:52Il y en a qui surpassent
40:54largement les frontières européennes.
40:56Qui peuvent faire sens.
40:58Surtout si on se dit
41:00que l'Allemagne pourrait grappiller
41:02un peu de croissance
41:04proposée par les Etats-Unis.
41:08Je suis plutôt dans cette réflexion-là.
41:10C'est très prudent.
41:12Vous avez compris qu'on n'y va pas.
41:14On commence à réfléchir
41:16à l'idée d'arrêter
41:18de vendre peut-être
41:20les actions françaises.
41:22La sous-performance du CAC 40
41:24par rapport au S&P.
41:26On est sur un plus bas historique
41:28depuis 1990.
41:30On suivra ça.
41:32Les prochaines heures, les prochains jours
41:34vont être importants pour la situation
41:36française du point de vue des marchés.
41:38Merci à vous trois d'avoir été des invités
41:40de Planète Marché ce soir.