Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
A Villefranche-sur-Mer, en ce mois d'octobre 1950, Madame C., une femme d'une quarantaine d'années sans histoire est victime d’un enlèvement. Un rendez-vous avec un potentiel acheteur, Jacques L. , dont rien ne laissait présager un dessein plus sombre, va faire de sa vie un enfer. Madame C. qui a fait fortune dans l’immobilier, va être victime d'un étrange supplice.
Alors qu'elle est enfermée dans une pièce insonorisée, l'agresseur, qui prétend être ingénieur, lui place autour du cou un outil de son invention : une machine à étrangler. L'engin prend la forme d'un câble d'acier, rattaché à un ressort, menaçant la victime d'un étranglement subi en cas de mouvement trop brusque, ou passé un certain laps de temps. Il se trouve qu'en effet, l'instrument de torture se resserre progressivement...
Madame C. est ainsi à sa merci, contrainte d'obéir à toutes les injonctions de Monsieur L.
Que lui veut cet étrange individu ? Quelles sont ses motivations ? Pierre Bellemare raconte le plan machiavélique de ce ravisseur dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
A Villefranche-sur-Mer, en ce mois d'octobre 1950, Madame C., une femme d'une quarantaine d'années sans histoire est victime d’un enlèvement. Un rendez-vous avec un potentiel acheteur, Jacques L. , dont rien ne laissait présager un dessein plus sombre, va faire de sa vie un enfer. Madame C. qui a fait fortune dans l’immobilier, va être victime d'un étrange supplice.
Alors qu'elle est enfermée dans une pièce insonorisée, l'agresseur, qui prétend être ingénieur, lui place autour du cou un outil de son invention : une machine à étrangler. L'engin prend la forme d'un câble d'acier, rattaché à un ressort, menaçant la victime d'un étranglement subi en cas de mouvement trop brusque, ou passé un certain laps de temps. Il se trouve qu'en effet, l'instrument de torture se resserre progressivement...
Madame C. est ainsi à sa merci, contrainte d'obéir à toutes les injonctions de Monsieur L.
Que lui veut cet étrange individu ? Quelles sont ses motivations ? Pierre Bellemare raconte le plan machiavélique de ce ravisseur dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:07 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11 Dans le dossier extraordinaire que Jacques-Antoine ouvre aujourd'hui, figure la photographie d'une machine.
00:19 C'est bien la machine la plus inouïe, la plus inattendue dont j'ai jamais entendu parler.
00:26 Je me ferai un plaisir dans quelques instants de vous la décrire soigneusement.
00:31 Avant cela, laissez-moi vous parler de l'héroïne de cette affaire qui se déroule à Villefranche-sur-Mer au mois d'octobre 1950.
00:41 Madame Curer, l'héroïne, est une femme, comme il y en a beaucoup, et que rien n'appelle à l'aventure extravagante et dramatique qu'elle va vivre.
00:49 Mesdames qui m'écoutez, essayez de vous mettre à sa place car, pour peu que vous ayez quelques sous, la même chose pourrait vous arriver.
00:59 Madame Curer est une femme d'une quarantaine d'années, grande, habillée sévèrement d'un tailleur noir et d'un corsage blanc.
01:07 Blonde, chignon à rouleaux, lunettes, visage décidé, c'est le type accompli de la femme d'affaire.
01:14 Mais elle a tout ce qu'il faut pour une vie de famille normale, mari, enfant, parent et beau-parent.
01:21 Ce samedi-là, elle a rendez-vous à 17h avec un locataire, M. Jacques Labattu.
01:29 Celui-ci lui a proposé d'acheter 6 millions d'anciens francs, je vous rappelle que ceci se passe en 1950, une des villas qu'elle possède.
01:37 Hormis le fait qu'il soit son locataire, Mme Curer ne connaît rien de ce M. Labattu et M. Labattu ne connaît rien d'elle.
01:44 Mme Curer, qui a pris sa voiture car elle compte ensuite faire quelques courses en ville, se range à 17h précise devant la villa qui s'appelle La Rêverie
01:54 et qui est distante de quelques centaines de mètres seulement de son autre villa où elle demeure avec sa famille.
02:00 M. Labattu, souriant, parait sur le perron, vient au devant d'elle, la fait entrer dans le salon et l'invite à s'asseoir.
02:08 M. Labattu, transporteur routier de 45 ans, taille petite, visage sérieux, très correctement vêtu, lit rapidement le texte de la promesse de vente que Mme Curer lui présente, puis sort son stylo.
02:21 Dans le silence de la villa, Mme Curer entend la plume gratter le papier, tandis qu'elle jette autour d'elle un regard sur des meubles sans grâce, sur des gravures et des bibelots poussiérus.
02:33 « Excusez-moi, dit M. Labattu, ma femme s'est absentée pour quelques jours et le ménage, elle laisse indésiré. »
02:40 Puis ils échangent les deux exemplaires de la promesse de vente et Mme Curer se lève pour prendre congé.
02:47 « Avant de partir, chère madame, est-ce que nous pourrions nous mettre d'accord sur les quelques réparations qu'il serait nécessaire de faire dans le garage ? »
02:55 « Mais certainement, dit Mme Curer. »
02:58 En effet, l'acte de vente prévoit que ces réparations seront à sa charge.
03:02 Ils sortent donc de la villa dans le jardin, d'où l'on a une assez belle vue sur l'admirable baie de Villefranche.
03:08 Il fait très beau, bien que le soleil soit bas sur l'horizon, c'est l'automne sur la côte d'Azur, la meilleure saison.
03:14 Ensemble, ils font le tour de la villa puis entrent dans le garage.
03:20 C'est alors, au moment où ils passent tous deux devant la porte ouverte d'un petit appenti,
03:29 que M. Labattu subitement se tourne vers elle et la pousse brutalement.
03:36 Mme Curer n'a pas pu esquisser un seul geste de défense, pousser un seul cri, car, perdant l'équilibre, elle est tombée sur le sol du petit appendi.
03:44 Immédiatement, la porte s'est refermée sur elle.
03:48 Maintenant, pleine d'effroi et de stupeur, elle s'aperçoit que non seulement la porte n'est pourvue d'aucune poignée, d'aucune serrure à l'intérieur,
03:56 mais qu'elle a été recouverte avec soin d'un matelas de couverture cloué et collé, destiné à étouffer tous les bruits.
04:07 Ainsi s'ouvre ce dossier vraiment extraordinaire.
04:12 [Musique]
04:30 Donc Mme Curer se retrouve, enfermée par les soins du locataire qui devait lui acheter sa villa,
04:36 dans une sorte de caveau obscur dont la porte est recouverte de couverture clouée pour étouffer les bruits.
04:43 Mais ce ne sont pas quelques couvertures qui peuvent empêcher une femme de crier.
04:48 Il est bien connu d'abord qu'une femme peut crier même si on ne l'entend pas,
04:51 qu'ensuite un cri de femme peut être si aigu qu'il franchit toutes les barrières.
04:55 C'est ce qui se passe, Mme Curer crie et ça s'entend.
05:00 Alors la porte s'entroue pour laisser passer un revolver qui pointait sur elle, précède l'étrange monsieur Labette.
05:08 "Je suis de la police", dit-il. "Il est inutile de crier. D'ailleurs on ne vous entendra pas."
05:14 "Nous allons plutôt parler affaire, n'est-ce pas ? Eh bien, sagement.
05:17 Pour commencer, vous allez téléphoner chez vous car il ne faut pas qu'on s'inquiète de votre retour."
05:24 Il semble que Labattu ait prévu ce coup de téléphone car il lui a fallu ajouter au moins 20 mètres de fil
05:29 pour que l'appareil d'habitude installé dans le salon puisse venir jusque là.
05:34 Mme Curer hésite. D'une part elle pense que si cette séquestration se prolonge,
05:41 les siens vont être follement inquiets, qu'il serait donc bon de les rassurer
05:46 et peut-être pourra-t-elle faire comprendre habilement à son mari qu'elle est enfermée chez son locataire.
05:52 Elle saisit donc l'appareil. Mais M. Labattu, toujours souriant, devant elle a levé son revolver.
05:59 Mme Curer comprend donc qu'elle ne pourra rien dire au téléphone qui met son mari sur la voie.
06:06 Alors peut-être vaut-il mieux le laisser s'inquiéter. Il préviendra sans doute la police qui la recherchera.
06:13 Son emploi du temps a été connu, leur villa est très proche. Il est impossible qu'on ne la retrouve pas.
06:19 Alors Mme Curer repose au téléphone.
06:23 « Je ne téléphonerai pas », dit-elle.
06:28 « Bon, prince », Labattu lui tend alors un bloc de papier et son stylo. « Ça ne fait rien », dit-il.
06:36 « Vous allez écrire. » « Ah non, écrivez ! »
06:40 Sous la menace du revolver, Mme Curer écrit donc sous la dictée la lettre suivante.
06:46 « Je suis en panne aux environs de Cannes-Grasse. Réparation à la voiture faite. Ne puis téléphoner.
06:54 Téléphone trop loin et trop fatigué. Espère rentrer dimanche dans la soirée. Soignez bien toutou. Germaine. »
07:04 Mme Curer regarde toute sa lucidité. Elle fait remarquer à son locataire que sa voiture étant devant la porte, ses parents vont la voir.
07:11 « Je ne suis pas si naïf », répond M. Labattu. « Votre voiture est partie depuis une demi-heure pilotée par une de mes amies, qui vous ressemble comme une sœur. »
07:22 « Mais... enfin pourquoi... pourquoi faites-vous cela ? » demande Mme Curer.
07:28 « Vous le verrez quand il faudra. »
07:32 Puis, sans un mot de plus, Labattu remet le capuchon de son stylo, prend le bloc de papier et repart, en fermant la porte avec soin.
07:42 Si Labattu a prévu réellement un sosie pour emmener la voiture de Mme Curer, c'est qu'il a préparé son rapte minutieusement et de longue date.
07:51 Il est donc inutile de croire qu'on la retrouvera facilement et il a dû prévoir le moyen de tromper la police.
07:59 « Mais enfin pourquoi tout ça ? »
08:03 Et il sait que son chien s'appelle Toutou, alors il a enquêté sur elle.
08:10 « Mais enfin pourquoi tout ça ? »
08:14 Mme Curer, assise sur une chaise, pense que la nuit doit être venue depuis longtemps.
08:20 Morte de fatigue, elle s'endort, se réveille, se rend d'œuvre. Folle d'angoisse, elle essaie d'imaginer les raisons qui ont poussé Labattu à commettre un rapte aussi effarant.
08:33 Une rançon ? Sa famille n'est pas assez riche, alors pourquoi ?
08:39 Elle ne se croit pas d'une beauté particulière qui expliquerait un enlèvement.
08:43 S'il s'agit d'un rapte ayant un but sexuel, pourquoi elle ?
08:48 À la rigueur, elle pourrait imaginer qu'un homme pris d'un accès subi décide brusquement d'abuser d'elle, mais dans ce cas il l'aurait déjà fait, et puis comment expliquer ce luxe de précaution, ces préparatifs ?
09:00 En fait préparatif, Mme Curer est loin d'imaginer, et vous aussi, chers amis, ce qui l'attend.
09:06 Au milieu d'un sommeil douloureux, Mme Curer est brusquement réveillée par la porte qui s'ouvre.
09:13 Labattu se détache dans l'encadrement et dans le jour qui se lève.
09:19 Mais ce que Mme Curer voit avec des yeux exorbités d'inquiétude, ce n'est pas le bol de café au lait qu'il tire dans la main droite, mais l'étrange instrument que montre sa main gauche.
09:35 Mme Curer y voit en effet une boîte métallique, plate et circulaire d'environ 20 cm de diamètre, qui se prolonge par un petit câble métallique d'environ un mètre, qui se termine en boucle.
09:51 Labattu pose la tasse de café au lait, et Mme Curer l'entend comme dans un cauchemar lui expliquer.
10:00 « Je suis ingénieur. J'ai mis au point un petit appareil qui vaut bien mieux que tous les liens et tous les baillons du monde. Il tue quand on fait un mouvement et quand on crie.
10:12 Je vais le fixer sur vous, mais je serai navré qu'il fonctionne, car c'est aujourd'hui dimanche et j'ai du monde à déjeuner. »
10:22 En vantant les mérites de sa machine infernale, Labattu n'exagère pas. L'engin, qui est au point de vue strictement mécanique une véritable petite merveille, se compose d'un chargeur rond de mitrailleuse américaine avec son ressort, sur lequel est fixé un câble d'acier qui se termine par un nœud coulant.
10:42 Le ressort est maintenu en place par une coupille. La moindre pression fait sauter la coupille et le ressort se détend, fermant la boucle du câble.
10:54 Cette boucle, qui a normalement le diamètre du cou, se serre quand le ressort est détendu au point de laisser passer à peine un doigt.
11:06 Mais un mouvement d'horlogerie complète le système. Grâce à ce mouvement, le ressort peut se détendre de quelques millimètres tous les quarts d'heure et parvenir en fin de course en quelques heures.
11:20 L'appareil permet donc ou un étranglement brusque avec arrachage de la goupille ou progressif avec le lent mouvement d'horlogerie.
11:32 Voilà donc l'engin d'aimant que l'abattue fixe sur Mme Curet.
11:39 Il lui passe la boucle autour du cou et plaque la boîte métallique sur son ventre, la fixant solidement avec une bande velpo enroulée autour de sa taille.
11:50 À partir de cet instant, l'appareil étant armé, Mme Curet n'ose plus faire un geste.
11:58 Lorsque l'abattue s'en va, elle entend dans le salon de la ville, là au-dessus d'elle, des gens rire et plaisanter.
12:05 Bien qu'étant rompu de fatigue, elle n'ose pas s'endormir de peur que l'engin ne se déclenche.
12:22 Les heures s'écoulent pour Mme Curet avec une lenteur affreuse, dans le réduit totalement obscur où elle est enfermée.
12:30 N'ose en faire le moindre geste, immobile comme une statue, de peur que la machine à étrangler, dont elle sent le nœud coulant autour du cou, ne la tue.
12:43 Brusquement.
12:45 C'est un supplice absolument épouvantable.
12:51 Évidemment, Mme Curet recherchait comment elle pourrait s'en démarrasser.
12:56 Mais elle est arrivée à la conclusion que la moindre tentative pourrait lui être fatale.
13:02 De plus, elle ne peut même pas glisser les mains entre le câble métallique et son cou, la boucle étant trop serrée et le ressort suffisamment puissant pour qu'en cas de déclenchement, il l'étrangle quand même, quitte à lui briser les mains.
13:17 C'est à devenir folle. Folle de peur.
13:22 Mais aussi folle d'étonnement, d'incompréhension, de stupeur.
13:28 Pourquoi ça ?
13:30 Pourquoi elle ?
13:35 Pendant ce qu'elle suppose être la fin de l'après-midi du dimanche, la battue vient encore la voir pour, devinez, chers amis, pour lui offrir l'apéritif.
13:52 Il refuse toujours de lui révéler le but de cette incroyable machination, mais il accepte de la débarrasser pour la nuit de la machine.
14:02 Une nouvelle nuit s'écoule donc, plus horrible encore que la précédente, car cette fois, Mme Curé sait que le lendemain matin, elle connaîtra à nouveau le supplice de la machine à étrangler.
14:16 Le lendemain, en effet, c'est le lundi, la battue lui fait retirer sa robe et fixe à nouveau la machine à étrangler.
14:25 « Je vais bientôt vous libérer, lui dit-il. Mais auparavant, il faut que vous veniez avec moi et que vous vous déguisiez en homme. »
14:36 Il apporte des costumes à griller un bleu en lui disant de choisir. Il est bien question de choisir. Elle prend le premier venu et s'habille en homme comme il veut.
14:46 Alors la battue l'emmène à sa voiture. Il les fait monter en lui recommandant de s'allonger sur la banquette arrière.
14:52 Il lui a noué un foulard autour du cou pour cacher le câble et il a remonté le mécanisme d'horlogerie en lui disant « Dans deux heures environ, vous serez étranglés. Mais rassurez-vous, je vous délivrerai avant. »
15:10 La battue conduit doucement pour ne pas déclencher le mécanisme par un chaos ou un coup de frein trop brutal. Grâce à toutes ces précautions, ils atteignent Nice sans être remarqués.
15:23 Une fois dans la ville, la battue descend et remonte s'asseoir à côté d'elle. Il neutralise la machine à étrangler pour quelques minutes et la menaçant de son revolver lui enjoint de remettre ses vêtements féminins.
15:35 La machine réarmée lui fait signer une reconnaissance de dette de 1,2 millions francs. Ancien, je vous le rappelle.
15:44 « Bien, » dit la battue, « maintenant nous allons prendre notre voiture. »
15:50 En effet, Mme Currer voit qu'ils sont arrêtés Place Magenta à proximité de sa propre voiture qui est garée le long du trottoir.
15:57 Quelques instants plus tard, ils roulent en direction de Cannes. Ils s'arrêtent dans un hôtel de golf juant. Pendant que la battue commande des petits déjeuners et prend une chambre, le mouvement d'horlogerie de son engin faisant son œuvre, Mme Currer sent le câble se serrer de plus en plus et elle manque de s'évanouir.
16:16 Il monte alors dans la chambre que la battue a louée et le bandit remet le mouvement à zéro.
16:21 Depuis longtemps déjà, il n'est plus question pour Mme Currer de résister. La pauvre femme se laisse conçoit et terrorisée.
16:30 La battue est arrivée à ses fins. Comme elle est entre ses mains, jouée sans aucune volonté, il lui fait téléphoner à ses parents pour les rassurer.
16:39 Imaginez, chers amis, ce qui peut se passer dans la tête de cette pauvre femme tandis qu'elle parle à son mari, à sa fille aînée au téléphone, tandis que le câble métallique lui serre le côt.
16:52 C'est pour identifier la lettre qu'il lui a fait envoyer l'avant-veille que la battue l'a traînée jusqu'à cet hôtel de golf juant. Il paraît donc normal à sa famille que Mme Currer lui téléphone et celle-ci comprend pour le moment que tout se passe conformément au plan qu'avait imaginé son ravisseur.
17:07 De golf juant, il repart pour Nice et la battue l'a conduit à sa banque. Toujours terrorisée, raide comme un piqué, sans un geste inutile, parlant d'une voix mesurée, mais la sueur ruisselant sur son visage, elle demande à solder son compte, 50 000 francs anciens, qu'elle remet à la battue.
17:27 Toute la matinée, celui-ci va essayer de faire honorer la reconnaissance de dette d'un million deux cent mille francs, mais sans y parvenir. Ici, le directeur de la banque n'est pas là, là c'est le notaire de Mme Currer qui s'est absenté.
17:40 Finalement, il se retrouve ainsi dans un petit restaurant de ce charmant village de La Turbie où la battue, généreusement, commande un déjeuner pour deux. Quel déjeuner ! Mme Currer touche les plats du bout d'une fourchette, hésitante, et tremble à chaque bouchée de sentir l'appareil diabolique l'étrangler brusquement.
18:01 À côté d'eux, des touristes en vacances s'esclaffent, plaisantant, sans voir bien entendu le nœud coulant d'acier que le foulard dissimule autour de son cou.
18:10 Vers la fin du déjeuner, la battue lui dit « Vous allez me signer un acte de vente de votre voiture et je vous rendrai en échange votre reconnaissance de dette. Ce sera pour vous une bonne affaire. »
18:22 Et la battue écrit « Mais comme il a un certain souci des règles établies, il s'inquiète soudain de ce que l'acte de vente soit manuscrit. »
18:31 Il appelle la serveuse du restaurant et lui demande de taper le document à la machine en deux exemplaires. Le propriétaire du restaurant, malheureusement, ne possède pas de machine à écrire.
18:40 « Oh que cela ne tienne ! » s'esclame la battue. « Je crois qu'il y a une gendarmerie à côté. Allez porter mon brouillon aux gendarmes et demandez-leur de le taper. Je suis persuadé qu'ils accepteront de bonnes grâces. »
18:53 Et en effet, ils acceptent.
18:56 C'est ainsi que la battue s'empare de la voiture de sa victime grâce à un acte de vente tapé par un gendarme sur une machine à écrire de la gendarmerie.
19:04 Là-dessus, il remonte en voiture, descend du village au berger de la Turbie sur Beaulieu. Là, dans un parking désert, la battue s'arrête, dégage madame Currer de la machine à étrangler et lui dit « Merci madame, c'est fini. Je garde la voiture, elle est à moi maintenant. Vous êtes libre. Mais si vous parlez, je vous tue. »
19:33 Madame Currer rentre autour de la démarreur et voit la voiture s'en aller.
19:40 Debout, seule dans ce parking, elle reste quelques instants immobile et se demande si elle ne vient pas de faire un cauchemar. Mais non, elle n'a pas rêvé. Elle sent avec ses doigts la marque de la boucle d'acier autour de son cou.
20:01 Rentrée chez elle à pied, là encore, chers amis, il faut imaginer l'étonnement, le doute qui s'empare de sa famille lorsqu'elle raconte son histoire. Et celui des policiers donc. Ce n'est qu'avec la plus extrême réserve qu'un brigadier de gendarmerie veut bien se rendre à la villa de la Rêverie où il sonne timidement.
20:22 Une jeune femme très jolie, mais très frêle d'aspect vient leur ouvrir. C'est Mme Labattu, revenue d'un week-end de 48 heures qu'elle a passé à Nice. Son mari n'est pas là. Le brigadier lui demande alors de visiter la maison. Se fiant aux indications que lui a données Madame Currer, il trouve la panty avec sa porte matelassée dont le soupirail a été aveuglé d'un drap noir.
20:45 « Votre mari revient bientôt ? » demande le brigadier. « Je l'attends, » dit Mme Labattu. « Il vient de me téléphoner. Il m'a demandé d'aller chercher une tarte chez le pâtissier pour dîner. »
20:57 Perplexe, le brigadier s'assoit et attend. Lorsque Labattu arrive, le brigadier se dissimule jusqu'à ce qu'il soit rentré et qu'il ait fermé la porte.
21:09 Évidemment, Labattu rit beaucoup d'entendre le récit de M. le brigadier de gendarmerie, mais il ne peut empêcher celui-ci d'aller jeter un coup d'œil sur la voiture.
21:20 « Mais c'est la voiture que ma propriétaire vient de me vendre », explique Labattu. « D'ailleurs, voici l'acte de vente. » Jusque-là, c'est plausible, bien entendu.
21:27 Mais ce qui devient difficile à expliquer, c'est l'apparition, devant l'œil rond du brigadier, abasourdi, de la machine à étrangler dans la malle arrière.
21:39 La pauvre petite Mme Labattu, qui manifestement n'est au courant de rien, regarde bientôt aller venir les policiers dans sa maison et voit son mari partir, les menottes aux mains.
21:52 Quelques jours plus tard, la malheureuse a tellement honte de ce qui vient d'arriver qu'elle signe un engagement volontaire comme infirmière auxiliaire pour l'armée d'extrémoriaux.
22:02 Et là, chers amis, on ne saura jamais. Non, on ne saura jamais comment une idée aussi saugrenue a pu venir à l'esprit d'un citoyen jusqu'alors paisible, car Labattu, l'inventeur de la machine à étrangler, il s'est pendu dans sa cellule.
22:21 La strangulation a été décidément chez lui l'obsession.
22:44 Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
22:53 Réalisation et composition musicale, Julien Taro. Production, Sébastien Guyot. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
23:05 Remerciements à Roselyne Belmar. Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appui Europe 1.
23:12 Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.