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Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.


Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10À la fin de l'année 1821, à Pont-de-Pierre, un petit village proche de Provins, on fait la
00:21découverte d'un crime vraiment pas comme les autres. La victime, Pierre Mauger, un berger,
00:29est entièrement nue. Il est enfoui dans la terre, seul dépasse la tête et les bras. Le crâne est
00:41fracassé et les artères ont été ouvertes aux tempes et aux membres. De plus, les bras sont
00:53ramenés par des pierres dans une curieuse position de manière à former une sorte de croix. Pourquoi ?
01:01La réponse est toute simple. Chacun au village la connaît et les circonstances si particulières
01:11de ce meurtre n'étonnent personne, car Pierre Mauger était le sorcier du village. Et tout le
01:20monde parmi les paysans sait bien que pour tuer un sorcier, il faut, comment dire, le tuer deux
01:28fois en quelque sorte. Ce n'est pas tout qu'il soit mort. Il faut en plus lui enlever sa puissance
01:36maléfique, il faut empêcher que son âme ne revienne se venger, sinon il serait encore plus
01:42dangereux mort que vivant. Alors pour cela on connaît la recette. Il suffit que le cadavre
01:48soit vidé de son sang et que ses bras soient disposés en forme de croix. Alors là tout est
01:56conjuré, tout danger est écarté. Quand on apprend la nouvelle à Pont-de-Pierre, on se signe et on
02:04rentre bien vite chez soi. Les gendarmes en commençant leur enquête savent bien que ça ne sera
02:10pas facile. Ce n'est jamais facile avec ces histoires de sorcellerie. Une histoire de sorcellerie, une
02:17histoire étrange, d'un autre âge, voilà ce que les gendarmes et tout le monde avec eux pensent en
02:22cette fin d'année 1821. Et pourtant c'est tout autre chose qui va se passer, car le plus incroyable,
02:29le plus extraordinaire dans notre dossier d'aujourd'hui est ailleurs, là où vraiment personne ne l'attend.
02:53Le lendemain de la découverte macabre dans une ferme toute proche de Pont-Saint-Pierre, la famille
03:00est attablée dans la grande salle avec les ouvriers agricoles et les bergers. Et tout à coup, les
03:08conversations s'arrêtent. Tout le monde regarde dans la même direction vers un des bergers, Jean-François
03:14Pouril, qui vient de se lever de table. Son visage est devenu presque inhumain. Il est inondé de
03:23sueur, ses yeux roulent dans toutes les directions, et brusquement il porte les deux mains à sa gorge
03:32et il fait des efforts désespérés comme s'il voulait desserrer une main invisible en train de
03:38l'étrangler. Il se met à hurler. « Va-t'en, Satan ! Le maudit est entré, il m'arrache le cœur, il m'emporte ! »
03:45Et puis, comme un fou, il s'élance vers la fenêtre, il la franchit d'un bond et il se met à courir
03:51droit devant lui. On le poursuit, on lui crie de revenir, et puis on s'arrête tout net. Pouril a
03:57commencé à grimper sur un peu plié, et il monte, il monte toujours plus haut. En poussant des hurlements,
04:03on retient son souffle, il arrive au sommet, la dernière branche ne pourra jamais soutenir son
04:09poids, il va s'écraser. Mais non, il est tout en haut et là, suspendu d'une seule main, il regarde les
04:16autres en bas. Par quel miracle, ou plutôt par quelle protection maudite, ne tombe-t-il pas ? Mais on n'a
04:23pas le temps de se le demander car le berger Pouril pousse un cri horrible et il redescend avec une
04:28agilité surnaturelle. On l'entoure, on essaie de le calmer. D'une voix altérée, tout tremblant, il
04:37tente de s'expliquer. « C'est le démon, c'est Satan, il a pris possession de moi, mais je le sens, il va
04:47revenir ! » Soudain, son expression change. « Il est là, je le vois, je le sens ! » Et ça recommence. Il continue à
04:59fuir, mais cette fois, il va tout droit vers le château en ruines qui domine la route de Provins. Alors là, on
05:06s'arrête car jamais, au grand jamais, on ne suivrait Jean-François Pouril où il va. Il faut dire que, pour
05:14tous les paysans de la région, ce château est maudit. Il est hanté. D'ailleurs, on l'appelle « le château du
05:20diable ». Que s'est-il donc passé ? Tout le monde hoche la tête. Ce n'est pas très difficile à comprendre et tout le
05:31monde a compris. C'est dangereux de tuer un sorcier. Et quand Jean-François Pouril a tué Pierre Mauger, il n'a pas
05:40su s'y prendre. Sans doute, n'a-t-il pas vidé complètement les veines ? Ou peut-être encore, la croix avec les bras
05:47n'était-elle pas bien faite ? De toute façon, il n'y a pas de doute. L'âme du sorcier a pris possession du malheureux Jean-François
05:55et il est maintenant en compagnie des démons dans le château du diable. Et l'enquête dans tout cela. Eh bien, à la
06:04gendarmerie, sans trop l'avouer, on y croit un peu à toutes ces histoires. On aimerait bien qu'il y ait une autre piste, un autre
06:11suspect dans l'assassinat du berger Mauger. Mais non, il n'y a rien. Alors, au bout de trois semaines, on se décide à arrêter Pouril.
06:20Ah, les gendarmes ne sont pas trop rassurés quand ils pénètrent dans les ruines du château du diable. Jean-François Pouril est là,
06:28accroupi dans un coin. Il leur dit simplement, « C'est moi que vous venez chercher ? » On l'arrête. Et dès le lendemain, l'interrogatoire commence
06:40dans le bureau du juge d'instruction. Le juge a décidé de garder son sang-froid, d'interroger le prévenu comme un prévenu ordinaire.
06:49« Est-ce vous qui avez tué votre camarade Mauger ? »
06:55« Vraiment, oui, monsieur le maître. » « Mais que vous avez fait, Mauger ? » « Il m'avait jeté un sort, monsieur le maître. Mais c'est bien pire maintenant.
07:06Maintenant, son esprit est en moi et le diable avec lui. »
07:10Le juge ne se laisse pas impressionner par tout ce fatras démoniaque. Ou Jean-François Pouril est un faux meurtrier, ou c'est un idiot, ou c'est un simulateur.
07:23Et le juge penche sans doute pour la dernière hypothèse. Mais avant tout, il faut continuer l'enquête. On fait une perquisition chez Pouril.
07:32On se rend avec lui dans sa petite cabane en pierre. Et c'est lui-même qui indique ce qu'on cherche. Il va sous son grabat, en sort les vêtements sanglantés de Mauger,
07:42et les tend au gendarme.
07:46Bizarre, non ?
07:48Et il y a tant d'autres bizarreries dans l'attitude de Jean-François Pouril que le juge d'instruction prend une décision à laquelle personne ne s'attend.
07:57Non lieu.
07:59Il fait relâcher le prévenu.
08:01Il ne croit rien de son histoire. Pour lui, c'est un simulateur. En un mot, pour le juge, ce n'est pas lui le coupable.
08:11Au village et dans toute la région, on ne comprend pas la vraisemblable décision du juge. D'autant que, rentré à la ferme, Pouril continue à s'accuser du meurtre.
08:21Alors quoi ? On ne veut plus de se posséder au village. On ne veut plus de cet assassin qui revendique devant tout le monde un crime abominable.
08:31Et les autorités s'émeuvent à leur tour.
08:34On décide d'arrêter de nouveau Jean-François Pouril. Mais cette fois, c'est à Paris qu'il sera jugé.
08:40Il est interné à la conciergerie. Une nouvelle instruction commence avec un nouveau juge.
08:47Et devant le nouveau juge, Jean-François continue à s'accuser avec obstination.
08:52« Mais je tiens à ça, monsieur le maître. C'est pour ça que je l'ai tué, mais en mourant. Il m'a voué au diable. »
09:00Pouril semble parfaitement tranquille.
09:03Il s'agit pourtant d'un crime abominable, passible évidemment de la peine de mort.
09:07Il n'a pas l'air de s'en rendre compte, bien qu'il réponde avec intelligence à toutes les questions et qu'il semble même malin.
09:14Bien sûr, de temps en temps, sans cause apparente, Pouril se met à faire des grimaces. Il pousse des cris horribles.
09:21Tout cela n'a pas l'air naturel. Cela semble fabriqué.
09:27Et pourquoi ?
09:28L'attitude de l'accusé échappe à tout le monde.
09:31Il avait bénéficié d'un non-lieu, il avait été relâché.
09:35Et voilà qu'il recommence à se charger de plus belle en se livrant à des démonstrations qui, pour tout le monde, sont de la simulation.
09:42D'ailleurs, les médecins sont formels, il n'y a aucun doute. Pouril est tout à fait normal, il joue la comédie.
09:48Alors pourquoi ? Oui, encore une fois, pourquoi ?
09:53Et c'est l'aumônier de la prison qui aura peut-être la réponse.
09:58Devant lui, Jean-François Pouril recommence ses manifestations démoniaques.
10:03Mais l'abbé secoue la tête.
10:06« Allons, mon fils.
10:09Pourquoi mentez-vous ? »
10:12Pouril est abasourdi.
10:15« Vous, mon père, vous ne croyez pas au diable ? »
10:20« Ce n'est pas le diable qui est en vous, mon fils.
10:23C'est le mensonge.
10:26Il faut dire la vérité, quoi qu'il en coûte. »
10:30Pour Jean-François Pouril, c'est une révélation.
10:33C'est même un coup de tonnerre.
10:36L'abbé n'a pas cru qu'il était possédé du démon.
10:39Et alors ?
10:41Les juges et les jurés aussi ne le croiront pas.
10:44Dans ce cas, tout est changé.
10:47Il comprend brusquement qu'il risque sa tête ?
10:50Il ne marche plus ?
10:53On l'a trompé ?
10:56Qui ça, on ?
10:59Eh bien, nous n'allons pas tarder à le savoir, car le procès du berger Pouril va donner lieu
11:04à l'un des plus sensationnels coups de théâtre des annales judiciaires françaises.
11:20Quand, le lendemain,
11:22l'avocat de Pouril, maître Claveau,
11:24va voir son client dans sa cellule, il n'en revient pas.
11:28Ce n'est plus le même homme qu'il a en face de lui.
11:31Non, il ne le reconnaît pas.
11:33Ce n'est plus l'idiot, l'illuminé, le possédé.
11:38Jean-François Pouril est très calme.
11:41Il parle d'une voix ferme.
11:45« J'ai réfléchi, monsieur l'avocat.
11:48Quand monsieur l'abbé ne m'a pas cru,
11:51j'ai compris que les autres ne me croiraient pas.
11:55Alors, je dirai tout.
11:57Je dirai le nom du vrai coupable.
12:01J'ai été trompé.
12:03Non, non !
12:04N'insistez pas, monsieur l'avocat.
12:06Je ne veux rien dire maintenant.
12:09Je ne parlerai qu'au procès. »
12:14Le procès s'ouvre le 7 février 1822.
12:18Le président Dupuis commence normalement son interrogatoire.
12:21Pour lui, c'est la routine.
12:24Il n'a pas la moindre idée de ce qui l'attend.
12:28« Accusé !
12:30Vous êtes reconnu coupable du meurtre du berger Mauger.
12:34Persistez-vous dans cette déclaration ? »
12:38Jean-François Pouril est très calme.
12:41« Non, monsieur le président.
12:43J'ai menti.
12:45Et j'en demande pardon à Dieu,
12:48à vous
12:50et à messieurs les jurés. »
12:54Dans l'assemblée, c'est la stupeur.
12:56Qu'est-ce que ça veut dire ?
12:58On s'attendait à voir un pâtre pittoresque,
13:01simplet et superstitieux
13:03s'accuser d'une manière hystérique.
13:05Il voulait que tout change.
13:07C'est lui qui accuse d'une voix calme,
13:10ferme.
13:13Le président fait taire le tumulte.
13:16« Si ce que vous dites est vrai,
13:20pourquoi avoir tant tardé ?
13:21Pourquoi vous être accusé jusqu'à maintenant ? »
13:27C'est que j'ai compris qu'il m'a trompé.
13:30Il m'a dit de s'accuser à sa place.
13:33Il m'a dit qu'on me croirait
13:35si je faisais semblant d'être possédé du diable
13:38et qu'on m'acquitterait.
13:40Mais ce n'est pas vrai.
13:42Même l'aumônier, il ne m'a pas cru.
13:45Alors maintenant, je ne marche plus.
13:48L'assassin de Pierre Mauger,
13:51c'est M. Mortier,
13:54l'adjoint au maire de Pont-de-Pierre.
13:57Nouvelle interruption.
13:58On n'a jamais vu ça.
14:00Dans le public, tout le monde parle en même temps.
14:04Le président garde son calme.
14:07Ainsi donc,
14:09vous accusez positivement M. Mortier,
14:11l'adjoint au maire, d'être l'assassin.
14:15Oui, M. le président.
14:17Pourquoi ? Comment ?
14:19C'est à lui qu'il faut le demander.
14:21À lui et devant moi.
14:23Afin que le mensonge soit écrasé par la vérité.
14:29L'adjoint au maire, M. Mortier,
14:32fait partie des 308 témoins cités.
14:37Il doit normalement passer parmi les derniers,
14:40pas loin de la 300e position.
14:44Le président, qui tient
14:46à la dignité propre à la magistrature,
14:49décide de ne rien changer à l'ordre d'audition.
14:53Le témoin passera comme prévu,
14:55à son tour, parmi les derniers.
15:00On assiste donc pendant quatre jours entiers à un procès presque irréel.
15:03Personne ne fait attention à ce que disent les 299 témoins qui défilent à la barre.
15:09Tout cela n'a aucune importance.
15:11On attend le 300e.
15:14Une attente crispée, fébrile, anxieuse.
15:17D'ailleurs, pendant tout ce temps,
15:19l'accusé ne daigne répondre à aucune question.
15:21Sauf quand le président lui demande pourquoi, jusqu'à présent,
15:24il a joué les possédés.
15:27C'est que j'ai bien été possédé, M. le président.
15:30Possédé du démon de l'argent.
15:33Et c'est l'adjoint
15:35qui l'avait mis dans mon corps.
15:38Il s'agissait de gagner
15:393000 francs, M. le président, à une maison.
15:43Et à ce prix-là,
15:45j'en connais beaucoup qui feraient des cabrioles.
15:51Enfin, le cinquième jour,
15:54l'adjoint au maire, le fameux M. Mortier,
15:57est appelé par l'huissier à comparaître en tant que témoin.
16:01Alors là, on se presse, on se bouscule, on s'écrase.
16:05Tout de suite, on voit bien que M. Mortier n'emmène pas l'arge.
16:09Il a le visage fermé, la démarche raide.
16:12Il s'efforce d'être digne.
16:14Il essaie d'en imposer.
16:16Il faut dire que c'est un des plus gros propriétaires de la région,
16:19un homme considérable dans le pays.
16:21On chuchote même qu'il dispose d'appuis politiques importants.
16:25Il s'est préparé à lutter, c'est évident.
16:27Il va lutter par le mépris,
16:30en jetant dans la balance tout son poids social
16:33contre les affirmations d'un pauvre berger.
16:36Le silence est absolu.
16:39C'est enfin la confrontation dramatique.
16:43Et voici, mot pour mot,
16:46ce qu'ont enregistré les annales judiciaires.
16:50Tout de suite,
16:51Jean-François Pouril prend la parole.
16:55Nous avons trop menti, vous et moi.
16:58L'heure est venue de dire la vérité.
17:01Écoutez,
17:03vous m'avez dit
17:05« Va chercher Mauger
17:07et amène-le à Pont-de-Pierre ».
17:10Je vous ai obéi.
17:12Il était mon ami
17:14et je ne savais pas que je le menais à la mort.
17:18Là,
17:20vous l'avez entraîné à la marnière
17:22et vous l'avez tué.
17:24M. Mortier se prépare à répondre,
17:26mais le berger Pouril continue d'une voix terrible.
17:28« Taisez-vous !
17:29Vous alliez mentir, et moi je veux dire la vérité.
17:33Vous l'avez assommé à coups de bâton.
17:36Vous l'avez saigné au temple et aux quatre membres,
17:39et moi comme un fou.
17:42J'ai erré pendant toute la nuit.
17:44Je ne suis rentré dans ma cabane que le matin.
17:47Et j'ai trouvé sous mon lit
17:49les habillants sanglantés de Mauger.
17:51Oh, vous n'avez pas attendu longtemps !
17:54Une heure après, vous étiez là pour me proposer
17:56ce que vous avez appelé un accord.
17:59M. Mortier est tout pâle,
18:00mais il essaie de faire bonne contenance.
18:02« Mon pauvre Jean-François !
18:04Tu es devenu complètement fou !
18:05Non, je ne suis pas fou !
18:08Mais j'ai été menteur, et maintenant,
18:09je veux dire la vérité.
18:11Je n'ai qu'un conseil à vous donner.
18:13C'est de suivre mon exemple.
18:15Vous qui êtes un menteur et un assassin ! »
18:19On s'attend à ce que M. Mortier
18:21réponde à cette terrible accusation,
18:22mais il ne dit rien.
18:24Il est de plus en plus pâle,
18:26et c'est le berger qui continue.
18:29Je dis donc
18:30que vous êtes venu à moi le lendemain du crime.
18:33Vous aviez du sang sur les mains et sur le visage.
18:37Vous m'avez dit
18:39« Jean-François,
18:40je veux faire ta fortune.
18:42Je te donne 3000 francs et une maison
18:43dans laquelle tu seras logé toute ta vie.
18:46Tu n'auras qu'à déclarer que c'est toi qui as tué Mauger
18:48parce qu'il t'avait jeté un sort. »
18:51Je vous ai dit « Mais alors, on me condamnera ?
18:52On coupera le coup ? »
18:54Vous m'avez répondu
18:55« On ne touchera pas à un seul de tes cheveux
18:57Si tu fais semblant d'être possédé par le diable,
19:00tu seras quitté.
19:01D'ailleurs, s'il y a un ennui,
19:03j'interviendrai car je suis protégé par des personnes
19:05qui sont plus puissantes que la justice de tout le département
19:08et même que la justice de Paris. »
19:11Alors j'ai accepté.
19:14M. Mortier tente de sourire.
19:16Il cherche un appui vers les juges,
19:18les jurés, le public.
19:20Il ne rencontre que des regards froids braqués sur lui.
19:24Il avale sa salive.
19:27« Jean-François, comment aurais-je pu te promettre trois mille francs
19:31alors que je ne les ai pas ?
19:33Vous ne les avez peut-être pas
19:36et je ne les ai d'ailleurs jamais reçus
19:39mais vous me les avez promis. »
19:43C'est ici que se termine la confrontation et le lendemain, bien entendu,
19:47Jean-François Pouril est acquitté à l'unanimité.
19:51Une nouvelle instruction a eu lieu par la suite
19:54et on a cherché à démontrer la culpabilité de Mortier.
19:58Ce riche propriétaire avait eu, dans les mois qui ont précédé le meurtre,
20:02une épidémie dans son bétail et bien entendu,
20:05il avait réagi comme tous les paysans riches propriétaires ou non.
20:08« C'est le mauvais sort et c'est le sorcier !
20:11C'est Pierre Mauger qui l'a acheté ! »
20:13Mortier en avait parlé à d'autres paysans
20:16qui, eux aussi, avaient perdu du bétail.
20:19Il les avait même convoqués dans une réunion chez lui.
20:22Il leur avait dit « Faut faire quelque chose.
20:26Je vais agir. »
20:28Et comment ?
20:30Alors, avec un sourire mystérieux,
20:33il s'était contenté de dire
20:36« Morte la bête.
20:38Mort le venin. »
20:42Et voyez-vous, malgré tous les témoignages des voisins,
20:47eh bien l'affaire en resta là.
20:51L'instruction contre l'adjoint au maire, M. Mortier,
20:55ne fut close.
20:58Dites donc, après tout,
21:01c'était peut-être vrai qu'il avait de puissantes relations.
21:24Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar
21:28Un podcast issu des archives d'Europe 1
21:31et produit par Europe 1 Studio
21:33Réalisation et composition musicale
21:36Julien Taro
21:37Production
21:38Raphaël Mariat
21:40Patrimoine sonore
21:41Sylvaine Denis
21:42Laetitia Casanova
21:44Antoine Reclus
21:45Remerciements à Roselyne Belmar
21:47Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1
21:52Écoutez aussi le prochain épisode
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