• il y a 7 mois
Avec l’accélération de la mondialisation puis l’avènement de l’euro, l’Union européenne (UE) a d’abord misé sur les politiques de concurrence pour muscler son économie. Approfondissement de la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux. Faibles barrières douanières ; prohibition des aides qui peuvent biaiser la concurrence entre pays ; lutte anti-concentration. À cela s’ajoutent tout l’attirail des politiques structurelles, destinées à renforcer la compétitivité des territoires et le carcan des règles limitant l’artifice d’une croissance par la dette. [...]

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00:00 [Générique]
00:09 Avec l'accélération de la mondialisation, puis l'avènement de l'euro,
00:13 l'UE a d'abord misé sur les politiques de concurrence pour muscler son économie.
00:18 Approfondissement de la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux,
00:22 faible barrière douanière, prohibition des aides qui peuvent biaiser la concurrence entre pays,
00:28 lutte anti-concentration, à quoi s'ajoute tout l'attirail des politiques structurelles
00:33 destinées à renforcer la compétitivité des territoires
00:37 et le carcan des règles limitant l'artifice d'une croissance par la dette.
00:42 La succession des crises depuis 2008 a écorné cette représentation d'une Europe ordo-libérale,
00:49 hostile aux transferts où chacun doit mériter sa place en ne comptant que sur ses propres forces.
00:55 Les lignes bougent, il y a d'abord la grande dérogation à tous les préceptes de la stabilité à partir de 2008,
01:02 avec notamment une alliance entre la BCE et les États pour organiser sur un mode interventionniste le maintien à flot des économies.
01:12 Ensuite, la consolidation budgétaire désastreuse menée à partir de 2010
01:17 qui a conduit à la crise de l'euro et au psychodrame grec.
01:21 Il y a encore le message à double détente du Brexit, qui met en alerte dans un premier temps
01:27 sur la tentation des pays périphériques à se désolidariser
01:31 et sur le risque imminent d'une désagrégation de l'édifice européen.
01:36 Un cavalier seul qui révèle dans un second temps, face aux écueils rencontrés par l'économie britannique,
01:42 que l'UE et la zone euro ont des vertus protectrices sous-estimées.
01:47 Enfin, les crises ont mis en exergue une série d'enjeux stratégiques vitaux,
01:52 sanitaires, climatiques, industriels, sécuritaires, sous-investis par les États
01:57 et qui ne peuvent être traités efficacement qu'à un niveau supranational.
02:03 La nécessité a infléchi les pratiques, mais sans remettre en cause la doctrine.
02:08 Les transgressions ont toujours été présentées comme exceptionnelles.
02:12 Mais elles constituent néanmoins autant de galos d'essais en vue d'une transformation plus profonde.
02:18 Où la vieille Europe, sans moteur démographique, dotée d'avantages comparatifs qui s'étiolent dans la course numérique et climatique,
02:26 débordée par les rivalités hégémoniques d'autres régions du monde, se voit contrainte de jouer en défense.
02:33 Jouer en défense, cela veut dire d'abandonner peu à peu l'objectif lénifiant et hors-sol
02:40 de devenir, grâce aux vertus de la concurrence, la première économie de la connaissance du monde.
02:46 Pragmatisme oblige, l'heure n'est plus au mirage de la stratégie de Lisbonne des années 2000,
02:51 ou de la stratégie Europe 2020, celle d'une transformation sans coût budgétaire,
02:57 ne misant que sur les effets magiques des réformes structurelles.
03:01 Le paradigme de l'Europe protectrice, avec tous les coûts inhérents au renforcement des ligues,
03:06 prend peu à peu le dessus sur l'Europe de la concurrence désarmée budgétairement.
03:13 Sur tous les fronts, de nouveaux objectifs s'imposent, qui amèneront inévitablement une réforme des institutions
03:19 pour dimensionner des efforts qui ne sont plus à la portée des États.
03:24 Renforcer d'abord la protection au sens sécuritaire du terme.
03:28 L'Europe ne dispose ni des capacités offensives ni défensives pour affronter un conflit de haute intensité.
03:34 La crédibilité passe par l'élaboration d'un véritable complexe militaro-industriel,
03:40 cohérent, sans doublon, mobilisant des technologies européennes,
03:45 impulsé par une commandite publique, coordonnée, voire mutualisée au plan communautaire.
03:51 D'où l'âpreté des débats franco-allemands concernant la configuration du futur bouclier antimissile.
03:58 Renforcer ensuite nos protections commerciales, face au dumping environnemental, énergétique et social qui menace l'industrie européenne.
04:07 En réponse aux choix protectionnistes américains et aux surcapacités industrielles subventionnées de la Chine,
04:14 menaçant d'évincer l'Europe sur les segments à haute valeur ajoutée, automobiles, aéronautiques, équipements, etc.
04:21 l'UE ne peut rester inerte.
04:23 Un mécanisme de taxation carbone est entré en phase de test l'an dernier.
04:28 C'est un premier jalon sur le chemin d'une base fiscale armant un budget européen élargi.
04:34 Renforcer enfin nos protections sur les segments stratégiques de nos chaînes de valeur.
04:39 Crise sanitaire, guerre, accélération climatique ont révélé la vulnérabilité des filières européennes
04:46 et le sous-investissement chronique dans les infrastructures clés.
04:50 L'Europe a besoin d'un architecte pour aborder les transformations industrielles contemporaines.
04:56 État-stratège, fléchage de l'épargne, planification stratégique, mutualisation de la dette,
05:02 ne sonnent plus comme des gros mots, même au plus haut niveau.
05:06 Et face aux turbulences financières, migratoires, c'est encore sous l'angle de la protection que l'Europe doit se concevoir.
05:13 Bref, l'UE a loupé la carte de la puissance,
05:16 mais elle peut encore jouer celle de la résistance et de la sécurité face aux incertitudes contemporaines.
05:23 (Générique)

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