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Transcription
00:00 - Et Stéphane Ballon, vous nous avez rejoint, ces discours xénophobes,
00:03 ils prennent leur source dans les difficultés économiques de l'Afrique du Sud,
00:06 un chômage qui frôle les 33% ?
00:08 - Absolument, vous le savez Julien, quand l'économie va mal,
00:12 un peu partout dans le monde... - On se replie.
00:15 - Oui, en général, c'est les premiers boucs émissaires, ce sont les étrangers,
00:19 c'est le cas en Europe, on le voit dans la campagne pour les européennes actuelle,
00:24 c'est le cas aussi en Afrique du Sud.
00:27 L'inquiétude des ressortissants africains en Afrique du Sud est d'autant plus inquiétante,
00:33 et d'autant plus justifiée, j'allais dire, que, vous l'avez dit,
00:36 le chômage est très élevé, plus de 30%,
00:38 ce chiffre atteint même 60% quand on parle des plus jeunes, des 14-25 ans,
00:43 et puis la croissance ne revient pas.
00:47 Depuis entre 2023 et 2024, l'Afrique du Sud fait du surplace,
00:52 autour de 1%, sinon en dessous de 1%,
00:55 et puis quand vous regardez les tendances qui se dessinent depuis quelques jours,
00:59 on est tenté de dire que les choses ne vont pas s'arranger.
01:02 Depuis le début de ce mois de mai,
01:05 plusieurs groupes sud-africains et étrangers
01:09 qui opèrent dans le pays ont annoncé des suppressions d'emplois,
01:12 peut-être qu'on peut le voir à l'écran,
01:14 dans l'industrie minière par exemple, on parle de 10 000 suppressions d'emplois,
01:18 dans l'industrie de manière générale,
01:23 3 500 suppressions d'emplois, on parle notamment là d'ArcelorMittal,
01:27 et puis dans les services, La Poste par exemple,
01:29 annonce une suppression de 5 000 emplois.
01:34 Tout cela se justifie par un ralentissement, on l'a dit,
01:38 ça se justifie aussi parce que le contexte est tel que beaucoup de groupes
01:42 ont décidé de quitter l'Afrique du Sud.
01:45 Je disais, l'inquiétude des ressortissants africains
01:48 est par ailleurs justifiée par le fait que,
01:51 déjà dans le passé, l'Afrique du Sud a connu des épisodes xénophobes très forts.
01:56 En 2008, dans la foulée de la crise financière internationale par exemple,
02:00 il y a eu des émeutes qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
02:04 En 2015, lorsque les économies africaines et internationales
02:10 se sont retrouvées entiers confrontées à la chute brutale
02:12 des prix des matières premières, notamment minières,
02:14 on sait que l'Afrique du Sud produit énormément de minerais,
02:18 là aussi, contexte économique difficile,
02:21 émeutes xénophobes avec des dizaines de morts.
02:24 L'Afrique du Sud qui reste quand même une référence
02:26 avec Nelson Mandela dans le monde et sur le continent.
02:28 Comment est-ce que le pays est perçu, l'Afrique du Sud,
02:31 en 2024 par les voisins africains ?
02:34 Si vous voulez, globalement, l'Afrique du Sud
02:36 jouit d'une bonne image aujourd'hui en Afrique,
02:39 notamment dans le contexte actuel de guerre à Gaza
02:42 où Pretoria porte la cause palestinienne, j'allais dire,
02:46 devant la Cour de justice internationale.
02:48 On sait que l'opinion de manière générale sur le continent
02:52 porte, défend la cause palestinienne.
02:54 Dans ce contexte-là, il y a une bonne image
02:57 dont jouit l'Afrique du Sud.
02:59 Mais de manière générale, j'allais dire,
03:01 j'aime bien cette expression utilisée par nos confrères
03:03 du monde qui disent, qui utilisent "étoile palissante du Sud global"
03:09 pour décrire l'Afrique du Sud.
03:10 Parce qu'en réalité, quand vous prenez selon le domaine
03:12 que vous considérez, l'Afrique du Sud a tantôt une bonne image
03:16 dans le domaine de l'éducation, par exemple,
03:17 les universités sud-africaines sont les meilleures du continent.
03:21 Ça attire des Africains.
03:23 Dans le domaine financier, dans la finance,
03:25 c'est une place forte de la finance continentale.
03:27 Ça attire des investisseurs, ça attire des Africains.
03:30 Et puis, si vous voulez, quand vous sortez de ce domaine-là
03:33 où l'étoile brille, pour utiliser la métaphore du monde,
03:39 et que vous arrivez dans le domaine économique plus globalement,
03:43 on n'est plus nuancé.
03:44 Vous savez, à la fin de l'apartheid, avec la levée de l'embargo international,
03:48 les groupes sud-africains ont mené de manière agressive
03:51 une politique d'expansion sur le reste du continent.
03:54 Parfois, il y a eu des chocs culturels, parce que c'est des groupes
03:56 qui sortaient pour la première fois de chez eux.
03:58 Ils sont allés un peu partout sur le continent.
04:01 Et ça n'a pas marché.
04:03 Il y a eu quelques succès, mais il y a eu beaucoup d'échecs.
04:05 Et dans certains milieux économiques sur le continent,
04:07 on a parlé même d'impérialisme sud-africain, si vous voulez.
04:12 Et puis, si on reste dans le contexte qu'on évoquait tout à l'heure
04:15 de la xénophobie qui est liée à un contexte économique national plus global,
04:21 et puis à une gouvernance, qu'on le voit depuis les affaires,
04:26 zoomage, j'allais dire, l'Afrique du Sud n'est plus le modèle
04:31 qu'elle a été ou qu'elle reste, encore un peu,
04:34 vis-à-vis, enfin, aux yeux des Africains, si vous voulez.
04:39 Donc, de manière générale, ça reste une étoile,
04:42 pour rester dans la métaphore du monde,
04:44 une étoile qui perd un peu de son éclat.
04:47 Merci beaucoup pour ces points de retenue.

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