Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités reviennent sur le jugement de deux jeunes, accusés d'avoir menacé une proviseur qui appliquait les consignes de Gabriel Attal concernant l'interdiction du port de l'abaya.
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00:00Intéressons-nous à présent à la conséquence, dans nos écoles, de la montée de l'islamisme en France.
00:05Avec cette actualité, puisque trois personnes mineures ont été jugées aujourd'hui à Paris
00:10pour avoir menacé de mort sur internet le professeur d'un lycée d'Ivry-sur-Seine, Célia Barotte.
00:16Vous avez assisté à l'audience, racontez-nous.
00:18Alors aujourd'hui, il n'y a que deux des trois prévenus qui ont été jugés
00:22puisque l'un d'entre eux a demandé un délai ultérieur,
00:25a demandé le renvoi pour préparer au mieux sa défense.
00:29Donc ont été jugées, par le biais de son avocat, une jeune fille née en 2005
00:34et c'est justement la principale prévenue dans cette affaire
00:38puisqu'elle a été renvoyée suite à un conseil de discipline le 7 juin dernier
00:44puisque, après 17 entretiens entre les parents, l'élève, l'ensemble du personnel éducatif,
00:52cette jeune fille a continué à porter son abaya, elle portait même un foulard,
00:57elle portait le voile, elle portait même un bonnet
01:00puisqu'elle ne voulait pas s'habiller correctement pour l'école.
01:04Donc il y a eu un conseil de discipline et suite à ce conseil de discipline,
01:08elle a proféré des menaces, elle a raconté son histoire avec quelques mensonges
01:13selon l'équipe éducative sur les réseaux sociaux,
01:15ce qui a entraîné, bien sûr, des menaces envers l'approviseur
01:18qui a été explicitement nommé sur les réseaux sociaux.
01:21Il y a eu aussi la conseillère technique,
01:24c'est une personne qui permet au personnel éducatif d'avoir un soutien,
01:28de permettre aussi de dépersonnaliser les conflits dans les établissements scolaires
01:33qui a été nommé, sa photo a circulé sur les réseaux sociaux.
01:37Donc aujourd'hui ont été jugés deux personnes,
01:41cette jeune fille qui a été représentée par son avocat
01:44puisqu'elle s'affichait sur les réseaux sociaux aujourd'hui comme étant à Dubaï,
01:48et puis un autre garçon qui lui a commenté le récit de cette jeune fille,
01:53qui a proféré énormément de menaces également.
01:56Donc, à la barre, ce jeune homme qui s'appelle Jules,
02:00elle a été très émue, il a reconnu avoir fait quand même une faute,
02:05il a reconnu les conséquences de ses mots,
02:07il dit avoir agi sous le coup de l'émotion.
02:10Et puis de l'autre côté, on a cette jeune fille qui n'a pas souhaité assister à cette audience,
02:14six mois avec sursis de prison a été requis à son encontre,
02:18avec aussi un stage de citoyenneté avec le module N en ligne
02:22qui a été requis, cinq mois de prison requis pour ce jeune garçon
02:27qui a été également jugé aujourd'hui.
02:30La décision sera rendue le 5 juillet prochain.
02:33Et puis il y a cette déclaration, puisque l'approviseur était présente,
02:37elle avait demandé une mutation avant les faits à Lille-Maurice,
02:40donc désormais elle vit à Lille-Maurice,
02:41elle a quand même fait spécialement le déplacement aujourd'hui
02:44pour assister à ce procès.
02:46Elle a dit, il est difficile de verbaliser ce qu'il s'est passé,
02:49je ne fais pas un métier dangereux,
02:51et en faisant mon métier de façon correcte et avec intégrité,
02:55je me suis mise en danger, j'ai mis en danger ma famille.
02:58Et je trouve que cette phrase, cette déclaration, elle résume tout,
03:01puisque là, on avait affaire à une dame, une proviseure
03:04qui a pris énormément de temps pour faire des entretiens aussi
03:07avec cette jeune fille, pour lui expliquer que...
03:09Dix-sept, vous nous disiez.
03:10Dix-sept entretiens, c'est ce qui a marqué aussi le procureur de la République.
03:14Aujourd'hui, le président a dit que l'établissement avait fait preuve
03:18d'une patience incroyable, puisqu'on a souvent ce genre d'affaires,
03:21même dans les tribunaux, concernant le port de la Baïa.
03:24Mais là, dix-sept entretiens avec cette jeune fille,
03:26et le lycée Romain-Roland a eu plusieurs cas,
03:30puisque la proviseure a expliqué que dans l'année 2021-2022,
03:35une vingtaine d'entretiens comme...
03:37Une vingtaine d'élèves ont été concernés par ce genre d'entretien
03:43concernant leur tenue vestimentaire,
03:44et il n'y a que cette jeune fille, Meissa,
03:47qui a refusé de se plier aux règles, aux règlements intérieurs.
03:50Et petite anecdote, depuis le mois de mai dernier,
03:54donc avant même d'être renvoyée par le lycée,
03:57elle a ouvert son auto-entreprise pour vendre des vêtements en ligne,
04:02et il s'agit de la Baïa.
04:03Voilà, donc tout va bien.
04:04Nous nous souvenons de la fermeté affichée par Gabriel Attal,
04:07alors ministre de l'Éducation nationale.
04:08C'était en août dernier.
04:09Il avait interdit la Baïa.
04:11Oui, et c'est cette circulaire qui a été soulignée par la proviseure à la barre.
04:15Elle a dit qu'avant, avec la loi de 2004,
04:19il était difficile pour les professeurs d'avoir un cadre
04:22pour décrire les tenues vestimentaires des élèves,
04:24et depuis la circulaire de Gabriel Attal,
04:26ils sont un peu plus protégés.
04:28Et pourtant, nous constatons, Véronique Jacquet,
04:31que ce n'est pas suffisant, que le problème est beaucoup plus profond,
04:34et que ce n'est pas forcément avec des stages de citoyenneté
04:37que nous allons nous en sortir.
04:39Non, ne serait-ce que parce que la jeune femme, justement,
04:43on a vu qu'elle était dans un combat,
04:46et qu'une fois qu'elle n'était plus au lycée,
04:49elle était déjà en train de monter sa petite entreprise
04:52et de vendre des abayas, donc de faire du prosélytisme,
04:54alors qu'elle sait que ça devient illégal sur le sol de France.
04:58Moi, ce qui me marque, c'est qu'en fait, le combat est civilisationnel,
05:01et qu'on a l'impression qu'on joue avec nos petits poings
05:03contre des gens qui avancent comme des rouleaux compresseurs.
05:06Ça, c'est la première des choses.
05:08La deuxième, c'est que les proviseurs,
05:11comme le maire dont on a parlé tout à l'heure,
05:13comme les policiers, sont des sentinelles de la République,
05:16et comme dans l'affaire Maurice Ravel à Paris,
05:19les proviseurs disent, nous, on a tenu, on a tenu,
05:22mais on n'est plus aux avant-postes, on se protège.
05:24Évidemment, ils reçoivent des menaces de mort, on comprend,
05:27mais symboliquement, là aussi, je suis désolée,
05:29il y a quand même une forme de défaite.
05:31Malgré leur courage, ils ne sont plus là pour continuer ce combat,
05:35et ils ne le continuent pas d'ailleurs,
05:36parce qu'ils savent qu'ils ne sont pas soutenus par la hiérarchie,
05:39ils savent que finalement, la justice,
05:40la personne ne va pas prendre grand-chose,
05:42et ils savent que de toute façon, dans les années qui viennent,
05:45le défi qui les attend est encore plus important que celui d'aujourd'hui.
05:49Et peut-être, pour conclure, dans les colonnes du Figaro,
05:50le patron du renseignement territorial, Bertrand Chamouleau,
05:53qui revient sur cette offensive, je le cite,
05:55dans le milieu scolaire, la conception française de la laïcité
05:59subit une offensive forte, notamment via le syndicat
06:01des étudiants musulmans de France,
06:03désormais représenté au Crous,
06:05pour tenter d'interdire le port à la cantine.
06:08Nous voyons bien que ces attaques contre la laïcité,
06:11Muriel Wacky de Melqui aujourd'hui, elles viennent de toutes parts.
06:14Elles viennent de toutes parts,
06:14et c'est un moyen de tester aussi notre République,
06:18et quelle est la réponse finalement que nous allons faire
06:22face à cet entrisme,
06:25et à quel niveau nous allons placer,
06:28à quel niveau de fermeté nous allons placer également notre réponse.
06:31Tout est là pour cette jeune fille
06:33qui souhaitait absolument venir en Abaya à l'école.
06:35Il existe des écoles,
06:37qui sont des écoles confessionnelles musulmanes,
06:39où elle aurait pu éventuellement aller porter une tenue
06:41qui soit en accord avec ses principes religieux,
06:44si elle l'avait souhaité.
06:45Et en vrai, Olivier Derrière,
06:49c'est aussi l'éducation qui est donnée.
06:51Moi j'entends 17 entretiens,
06:52mais pourquoi 17 entretiens ?
06:54Deux entretiens, trois entretiens maximum,
06:56et puis après on explique aux parents que c'est à eux de faire le travail,
06:58et que tant qu'ils ne le feront pas,
06:59l'enfant ne sera pas réintégré dans l'établissement.
07:01C'est tout, c'est ça la vraie réponse.
07:03En tout cas, une actualité assez lourde.