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Mercredi 5 juin 2024, SMART IMPACT reçoit Jacopo Landi (journaliste spécialisé, GreenUnivers) et Paul de la Guérivière (cofondateur, BW Ideol)

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Transcription
00:00 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:06 [Musique]
00:12 Le débat de Smart Impact porte sur l'éolien flottant avec Paul Delaguerrivière. Bonjour.
00:18 Bonjour.
00:19 Bienvenue. Vous êtes le cofondateur de BW Ideol et Jacopo Landi, bonjour.
00:24 Journaliste chez Green Universe. On va commencer par présenter votre entreprise BW Ideol, fondée en 2010.
00:32 Le point de départ, c'est quoi ? Une innovation technologique, on peut dire ça ?
00:35 Le point de départ, c'est une innovation technologique, mais c'est aussi la volonté d'avoir un impact sur la société.
00:41 Face à l'urgence climatique, quelles solutions on peut apporter pour faire face à ces défis de la transition ?
00:47 Et l'éolien en mer, l'éolien flottant, permet de déployer des grosses capacités, de l'énergie verte,
00:52 avec le moins d'impact, loin des côtes, en créant en plus des emplois localement.
00:56 Qu'est-ce que vous avez imaginé justement pour trouver votre place dans ce secteur de l'éolien flottant ?
01:04 En 2010, l'éolien flottant était dans une phase de démonstration technologique.
01:07 Il fallait trouver des solutions technologiques qui permettaient de réaliser l'éolien en mer, l'éolien flottant,
01:13 avec un défi à la fois compétitif en termes de coût, mais en même temps d'avoir des flotteurs qui soient stables,
01:19 qui permettent de ne pas impacter les éoliennes et donc d'assurer une bonne production.
01:23 C'est cet équilibre qui était compliqué à trouver, être au bon prix et en même temps être stable,
01:28 permettre la faisabilité technique de l'éolien flottant.
01:31 Et c'est là-dessus que vous avez innové ?
01:33 C'est là-dessus qu'on a innové. On a déposé un brevet en 2011.
01:36 On a ensuite déployé cette technologie sur des unités en mer pour le démontrer en conditions réelles.
01:42 Il y a deux unités qui ont été mis en service en 2018, l'une en France, l'autre au Japon.
01:47 Ensuite, on est en train de déployer sur un certain nombre de projets commerciaux.
01:51 On a un projet qui est en construction à Port-la-Nouvelle, sur la façade méditerranéenne française,
01:55 qui devrait être mis en service l'année prochaine.
01:57 On a un projet de plus d'un gigawatt en développement en Écosse,
02:01 et différents projets en Corée, au Japon, à Taïwan.
02:04 On en a déjà parlé dans cette émission, mais on va faire un peu de pédagogie grâce à vous, Jaco Polandi.
02:09 C'est quoi l'éolien flottant si on le compare à l'éolien offshore posé en quelque sorte ? Expliquez-nous.
02:16 L'intérêt de l'éolien flottant, c'est tout simplement d'aller où le posé ne peut pas arriver.
02:22 À un moment donné, la profondeur de la mer augmente et on ne peut plus mettre de machines posées.
02:27 Il y a eu beaucoup de projets qui se sont développés, par exemple en mer du Nord,
02:30 mais justement parce que c'est une mer très peu profonde, au large du Royaume-Uni, du Pays-Bas, de l'Allemagne.
02:37 L'éolien flottant permet d'aller au-delà.
02:40 En général, l'intérêt de l'éolien en mer, c'est de capter des vents qui sont plus réguliers au large et plus intenses,
02:46 et donc de produire plus avec moins de machines qu'on pourrait mettre à terre.
02:51 Mais effectivement, l'intérêt de l'éolien flottant, c'est justement d'avoir accès à cette ressource qu'on ne peut pas atteindre avec l'éolien posé.
02:58 Ça veut dire que l'éolien flottant peut aller jusqu'à combien de kilomètres des côtes ? Il peut s'éloigner beaucoup ?
03:07 Je ne sais pas s'il y a une limite, mais il faut garder en tête.
03:11 Parce qu'après, il faut ramener l'électricité produite.
03:13 Donc il faut trouver toujours un équilibre, comme disait Paul.
03:17 Mais oui, on peut potentiellement aller un peu plus loin des côtes, donc ça fait aussi des éoliennes qui peuvent être un peu moins visibles.
03:24 Ça, c'est une question importante, la question de l'acceptabilité, on en dira peut-être un mot.
03:32 Il y a une différence des vents que vous allez vous capter avec l'éolien flottant un peu plus loin en mer et ceux de l'éolien offshore posé ?
03:40 Il y a vraiment une différence importante ?
03:42 Par rapport à l'offshore posé, oui, il y a quand même une différence.
03:44 C'est-à-dire qu'on enlève une des contraintes qui est la contrainte de profondeur, qui pour le poser, nécessite d'être à entre 30 et 50 mètres.
03:52 Donc il va restreindre les zones qu'on peut développer.
03:55 Avec l'éolien flottant, on enlève cette contrainte, donc on peut se mettre plus ou moins loin des côtes, mais on peut aussi chercher des zones avec un des meilleurs vents.
04:02 Aujourd'hui, au niveau global, dans le monde, la ferme qui a le taux de charge le plus important, c'est une ferme d'éolien flottant en Écosse,
04:11 qui a un taux de charge à pleine puissance de plus de 55 %, donc qui démontre que l'éolien flottant sur des zones ventées est vraiment une source d'énergie, de production en quasi-base.
04:21 Je vais poser une question de Béaucien, oui, allez-y.
04:23 Le taux de charge, c'est combien l'éolien produit par rapport à sa puissance maximale.
04:28 C'est-à-dire, si on met un éolien de 10 MW avec un taux de charge de 55 %, ça veut dire que ça sortira 5 MW/h.
04:36 Ça dépend toujours du vent.
04:38 La question basique, mais plus les vents sont importants, plus pour une installation d'éolien flottant, il faut résister à ces vents.
04:47 Vous voyez ce que je veux dire ? C'est une encre, comment ça marche ? J'ai vraiment des questions de Béaucien, des questions basiques.
04:53 En fait, c'est un vrai défi technologique parce que vous devez coupler à la fois des contraintes liées au vent, mais également, il ne faut pas oublier, des contraintes liées aux vagues.
05:00 Oui, bien sûr.
05:01 On a des systèmes complexes avec des contraintes aérodynamiques, des contraintes hydrodynamiques.
05:05 Le flotteur lui-même apporte la stabilité, évite que l'ensemble bascule.
05:10 Le système d'ancrage permet de le maintenir en position, mais le système d'ancrage, en tout cas dans notre solution, est juste là pour le maintenir en position,
05:16 avec de la redondance de manière à ce que si jamais il y a une ligne qui est cassée, l'ensemble reste en position.
05:21 La France n'est pas franchement en avance en matière d'éoliens en mer en général, d'éoliens flottants peut-être aussi.
05:29 On peut faire un point là-dessus ? Comment ça s'explique ?
05:32 Je ne dirais pas forcément que la France est en retard, parce qu'une des premières éoliennes installées en 2018,
05:39 l'une des premières au monde, a été installée en France, l'éolien flottant.
05:43 Par contre, la France a tendance à avancer un peu plus lentement que prévu.
05:48 Par exemple, dans l'éolien flottant, il y a eu quatre projets pilotes qui ont été lancés en 2016.
05:53 Il y en a un qui a depuis été abandonné, et les trois qui restent doivent être mis en service cette année ou l'année prochaine.
06:00 Parmi lesquels, celui de Port-Ganon-Louvette.
06:03 Donc ça fait quand même huit ans de développement.
06:05 Dans l'éolien posé, les premiers parcs qu'on vient de mettre en service, ils ont mis 12 ans, 10-12 ans à sortir de l'eau.
06:12 Et là, sur l'éolien posé, pour le coup, on est très en retard par rapport aux Anglais, aux Néerlandais ?
06:17 Oui, il y a aussi une question de différents mécanismes de soutien.
06:21 Ce n'est pas toujours le même scénario pour les pays.
06:25 Là, c'est vrai qu'on a quand même un bon retour d'expérience sur l'éolien en mer, donc on peut espérer d'aller plus vite.
06:31 L'éolien flottant, on commence à avoir un retour d'expérience significatif.
06:36 Donc là, on s'apprête à passer un peu à l'étape commerciale.
06:40 Justement, la France vient d'attribuer le premier appel d'offre pour une ferme flottante commerciale au large de la Bretagne.
06:48 Donc ce sera un projet de 250 MW, à comparer aux projets pilotes qui font une trentaine de MW.
06:54 Paul Delaguerre-Hivière, est-ce que les projets actuels sont freinés, notamment par le niveau, la hausse des taux d'intérêt ?
07:01 Je disais qu'il y avait des difficultés sur certains des projets d'éolien.
07:06 Notamment sur des projets posés, effectivement.
07:09 Sur certaines géographies où vous êtes obligé de vous engager sur un tarif d'achat avant la décision finale d'investissement,
07:14 donc avant de démarrer la construction, si ce laps de temps est assez important et qu'il n'y a pas d'indexation entre le tarif et l'évolution des taux d'intérêt,
07:22 vous pouvez vous retrouver dans une situation où vous êtes engagé sur un tarif, mais en fait les taux d'intérêt augmentent très rapidement entre les deux,
07:29 et à ce moment-là, des projets peuvent ne pas se faire.
07:31 Mais en même temps, c'est assez exceptionnel ce qu'on a vécu, puisque en 12 mois, les taux d'intérêt sont passés de 1% à 4%, ce qui est quand même assez rare.
07:40 Donc ça explique la raison pour laquelle un certain nombre de grandes entreprises disent "on n'y arrive pas, on demandait des subventions à l'État".
07:48 Sur certaines géographies, notamment en Angleterre et aux États-Unis, en France ce n'est pas le cas, puisque les tarifs d'achat sont indexés en fonction de l'évolution des taux d'intérêt et de l'inflation.
07:58 Donc le système en France est plus intelligent et permet de protéger et d'éviter de se retrouver dans ces situations qui sont désastreuses pour tout le monde.
08:05 Après sur l'éolien flottant, aujourd'hui on est à un stade un petit peu plus amont. Les enjeux sont beaucoup plus sur comment industrialiser cette nouvelle filière,
08:12 pour réaliser qu'il n'y a plus de... On a bien évoqué 250 MW qui ont été attribués, c'est à peu près 11 éoliennes qui ont été attribuées en France.
08:20 Ailleurs dans le monde, principalement aujourd'hui en Écosse et en Californie, c'est plus de 50 GW qui ont déjà été attribuées.
08:26 On estime qu'entre 2030 et 2035, il y a à peu près 2000 flotteurs, donc 2000 éoliennes flottantes, qui font devoir être fabriquées et délivrées.
08:34 Ça veut dire que plus de 400 par an, c'est un défi industriel majeur. Et les enjeux pour la filière aujourd'hui sont plutôt sur cette industrialisation.
08:42 – Ça veut dire qu'il y a une ambition française qui est annoncée par le gouvernement. Est-ce qu'elle est suivie de fait ?
08:50 C'est-à-dire, est-ce qu'on est dans la promesse ou dans l'action ?
08:53 – Oui, il y a un chiffre de 18 GW en service en 2035, qui a été mis en avant par les pouvoirs publics.
09:01 Aujourd'hui, on a 1,5 GW en service, éoliennes posées et flottantes.
09:06 Alors, il y a d'autres projets en développement, bien sûr, mais oui, l'espoir, effectivement, est d'aller un peu plus vite.
09:11 À la rentrée, il y a eu un grand débat public l'année dernière.
09:16 Et à la rentrée, il va y avoir une cartographie qui doit être arrêtée pour savoir justement où placer les prochains parcs éoliens.
09:23 On veut lancer un grand appel d'offres, ou une série d'appels d'offres attribués 10 GW.
09:29 Ce qui devrait permettre de tenir le délai.
09:33 Mais c'est vrai qu'il faut aller quand même assez vite,
09:36 parce que si on pense qu'on peut mettre en service un parc en 7 ou 8 ans,
09:41 ça veut dire qu'il faut l'attribuer dans les 2-3 prochaines années pour tenir 2035.
09:46 Avec tous les défis industriels qu'il faut résoudre en parallèle.
09:50 – Est-ce qu'il faut changer les règles des appels d'offres ?
09:53 Est-ce qu'il y a là un frein au développement du secteur, pour vous ?
09:56 – Alors, il y a différents freins.
10:00 Il y a des freins plutôt sur la phase d'évaluation des permis,
10:03 le temps qu'il faut effectivement pour développer.
10:05 Sur la phase d'appel d'offres, on a le même.
10:07 On a des procédures qui se déroulent généralement assez vite,
10:10 il peut y avoir quelques exceptions.
10:11 Mais c'est plutôt après tout le temps derrière, pour pouvoir développer les projets.
10:15 En France, c'est notamment à cause des recours, le temps pour délivrer les permis.
10:19 Sur d'autres géographies, comme le Royaume-Uni aujourd'hui,
10:21 l'enjeu c'est sur le déploiement du réseau, donc la connexion au réseau.
10:25 C'est ça qui retarde les projets.
10:27 Après, si on parle directement sur la phase d'appel d'offres,
10:30 il y a une vraie question d'actualité,
10:32 qui est est-ce qu'on peut introduire des critères de contenu local
10:36 dans les critères d'attribution des projets ?
10:39 – Ça veut dire quoi ça ? Attribuer des critères de contenu local ?
10:42 – On a eu, par exemple, lors de la visite de Bruno Le Maire à Saint-Nazaire,
10:46 il y a à peu près un mois, une volonté politique de dire
10:49 il faut que ces filières créent de l'emploi local,
10:51 et donc qu'on puisse introduire comme critères
10:54 la capacité de fabriquer des composants de ces projets,
10:57 localement en France ou en Europe.
11:00 Aujourd'hui, au niveau européen, les règles européennes
11:04 imposent de ne pas pouvoir mettre ces critères.
11:08 Une libre concurrence qui a des avantages,
11:10 ça permet notamment de faire baisser significativement les coûts
11:13 d'avoir une filière d'énergie renouvelable globalement
11:16 qui est extrêmement compétitive.
11:18 Mais si on veut en même temps créer des emplois,
11:20 il faut pouvoir introduire des critères.
11:22 C'est un enjeu notamment pour la filière d'éolien flottant.
11:24 Est-ce que l'éolien flottant va se développer
11:27 en fabriquant des coques en acier en Chine, globalement en Europe,
11:31 donc sans aucune retombée économique ?
11:33 Ça peut être un scénario.
11:34 Ou est-ce qu'on introduit dans les appels d'offres
11:37 des critères de contenu européen ?
11:39 Et à ce moment, on pourrait fabriquer des flotteurs en béton en Europe,
11:42 créer des emplois, créer des régimes de fabrication de flotteurs en béton en Europe.
11:46 Et ça, c'est la vision qu'on porte.
11:47 On porte cette vision qu'on peut être à la fois compétitif,
11:49 mais en même temps créer une vraie filière et produire en Europe.
11:52 C'est un enjeu de la prochaine mandature au Parlement européen, si je vous entends bien.
11:57 Un mot de l'acceptabilité pour terminer, Jacopo Landi.
12:01 Est-ce que c'est toujours un…
12:03 Parce que c'est le syndrome NIMBY, not in my backyard,
12:06 on veut bien des énergies renouvelables,
12:08 mais si on vous en propose à côté de chez vous,
12:10 d'un seul coup, c'est moins sympa.
12:11 C'est toujours un enjeu fort, ça ?
12:13 Ou un frein fort au projet ?
12:15 Oui, oui, c'est toujours présent.
12:17 Je ne sais pas si ça va disparaître.
12:20 L'enjeu du débat public, c'était d'associer le plus de personnes possible
12:25 dans la décision d'où mettre le nouveau parc.
12:28 Mais on voit déjà des associations s'insurger,
12:31 notamment contre le parc flottant en Bretagne.
12:34 Après, il y a aussi beaucoup d'études, c'est un peu paradoxal,
12:38 mais qui ont lieu parce qu'on va implanter un parc euléen.
12:42 Il faut étudier s'il y a des oiseaux qui passent par là,
12:45 des choses comme ça, qu'on n'avait peut-être pas étudiées avant.
12:48 Maintenant, on va mettre un parc, on va étudier ça.
12:50 Donc, il y a aussi cet effet un petit peu, mais oui, l'acceptabilité,
12:54 pas seulement que pour l'éolien en mer,
12:57 c'est un gros sujet des énergies renouvelables,
12:59 parce que ce sont des énergies très peu denses.
13:01 Il faut beaucoup de place pour faire beaucoup d'énergie.
13:04 Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
13:07 On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

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