• il y a 11 mois
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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 -C'est là, on peut pas me dire "Frérot, t'as décès, je comprends pas".
00:04 Je suis né avec.
00:05 ...
00:07 -Je me suis dit "C'est ça que je veux faire".
00:09 En fait, à ce moment-là, j'ai réalisé que c'était faisable.
00:10 Je me suis dit "Eux, ils sont là, je vais être là".
00:13 ...
00:16 -Bien, Mouloud !
00:19 T'as mis le pyjama à Louis de Funès ! Normal !
00:22 À la base, je voulais faire une chronique,
00:24 là, j'ai envie de faire une sieste !
00:26 Ca va, là ?
00:27 -Non, la routine, les gens dans ma tête...
00:30 -T'en as combien, toi ? -Je pense qu'il y en a 2, 3.
00:32 ...
00:34 -On voit des gens qui ne rient plus, on prend tout au sérieux,
00:36 alors que le rire est une arme fabuleuse !
00:39 -L'humour, c'est mon plan B.
00:41 Moi, mon plan A, c'est de me faire kidnapper par les extraterrestres.
00:44 ...
00:48 -Tu portes la poisse, mec.
00:50 -Moi ? -Ouais.
00:51 -Mais c'est super méchant, ça ! T'es un fou, toi !
00:53 -Je sais pas à quel point c'est possible de faire ce que tu veux dans la vie tout le temps.
00:57 En vrai, je sais pas. Moi, je pense que j'ai beaucoup de chance.
00:59 ...
01:03 -Avec le temps, je crois que j'ai trouvé ma place.
01:06 ...
01:08 ...
01:11 -Ouais, Mulude !
01:13 -C'est très bizarre, ce qui va se passer ce soir.
01:15 -Ouais, c'est très bizarre ! -Très, très, très bizarre.
01:17 -On se connaît trop pour ça ! -Je sais pas qui tu es, pardon.
01:20 Je redeviens un personnage de... -Est-ce que je dois te vouvoyer ?
01:23 -On peut se tutoyer. -On peut se tutoyer ?
01:25 -Ouais, je pense que ça se fait.
01:26 Nouveau spectacle qui passe ce soir sur Canal, ça s'appelle "Eau dedans".
01:29 J'annonce la couleur, c'est une bombe atomique,
01:32 et je dis ça en toute subjectivité, vraiment.
01:35 Personne ne m'a payé pour le dire, ni menacé, je tiens à le dire.
01:40 Et je suis extrêmement content et fier que tu sois là pour la 100e.
01:42 C'est un signe. Toi, je sais que tu crois beaucoup aux signes.
01:44 -Je fonctionne que avec les signes. -J'ai choisi cette musique de Chade.
01:46 Normalement, c'est des gens qui choisissent. Là, c'est moi qui ai choisi.
01:49 -Eh, Chade, elle est là ! -Pourquoi ce morceau ?
01:51 -"Cherish" de D.
01:53 "Aime le jour", quoi, "chérie le jour", "chérie l'instant présent".
01:57 C'est un message que j'aime beaucoup.
01:59 Et puis, Chade, en général, son univers, elle a une singularité.
02:03 Tout ce qu'elle a fait, c'est hors du temps.
02:05 T'entends un morceau de Chade, t'arrives pas à le situer dans une époque,
02:08 ça plaît à toutes les générations.
02:09 Elle est discrète, elle a créé un univers super mystérieux,
02:12 élégant, aussi.
02:14 -On a l'impression que c'est ton nouveau mantra,
02:17 d'être intemporel.
02:18 Quand on regarde hors du temps, c'est pas des blagues sur l'actualité,
02:22 c'est pas des blagues qu'on pourra plus écouter dans deux ans,
02:26 c'est des choses qui concernent l'humanité, en fait.
02:29 -Bah, en fait...
02:31 Déjà, on réalise que l'humour, ça vieillit très vite.
02:36 Et si on veut toucher tout le monde,
02:38 au-delà des cultures et des générations,
02:41 il faut faire des... -Ah, trop bien !
02:43 -Non, mais...
02:44 L'idée, pour toucher le maximum de gens,
02:46 c'est de faire des blagues un peu hors du temps.
02:48 Moi, là, ce qui m'a fait le plus plaisir sur cette tournée,
02:51 c'est quand j'arrive sur scène et que je vois des gens dans la salle...
02:54 Mais c'est fou !
02:56 Des âges différents, des origines sociales différentes,
02:59 culturelles, ethniques différentes...
03:01 Ça, là, c'est magnifique !
03:02 Et je pense que c'est le résultat de blagues, justement,
03:05 qui ont cette volonté d'être hors du temps, hors d'une culture.
03:09 L'idée, c'est qu'il suffit de parler français
03:11 pour être susceptible de rigoler.
03:13 Et j'aime ça.
03:15 -Il y a aussi, avec ton spectacle, un point commun
03:18 avec les grandes chansons.
03:19 Pour moi, les plus grandes chansons sont les plus simples,
03:22 où les gens sont capables de dire des choses très simples,
03:24 très intimes, mais qui peuvent toucher tout le monde.
03:26 Là, c'est un spectacle extrêmement simple,
03:28 mais extrêmement intime,
03:30 où tu te mets...
03:31 On va dire que tu te mets tout nu, mais tu mets ton âme à nu.
03:35 Et on voit que t'as grandi, en fait.
03:38 -Ouais, je pense, ouais.
03:39 Mais je pense aussi que le spectacle précédent
03:42 était un spectacle un peu adolescent.
03:44 Je l'aime beaucoup, mais c'est un peu une découverte du monde.
03:48 Et celui-là, il a quelque chose du jeune adulte.
03:51 Je dirais pas qu'il est mature, mais...
03:53 -C'est pas encore l'album de la maturité.
03:55 -Non, pas du tout, quoi. Il y a des trucs...
03:57 -Tu restes un connard.
03:58 -Oui, bien sûr. Et un gamin, en vrai.
04:01 Mais j'ai pris en maturité, ouais, je pense.
04:04 -Il y a aussi des choses que tu dis sans phare,
04:07 notamment ton arrêt des drogues douces et des addictions.
04:11 J'aimerais qu'on regarde un extrait là-dessus.
04:13 -Les gens les plus forts de cette planète,
04:15 c'est les gens qui sont capables de se modérer.
04:18 -C'est ça.
04:19 -C'est ça.
04:20 -C'est ça.
04:21 -C'est ça.
04:22 -C'est ça.
04:23 -C'est ça.
04:25 -C'est ça.
04:26 -C'est ça.
04:27 -C'est ça.
04:28 -C'est ça.
04:29 -C'est ça.
04:31 -C'est ça.
04:32 -C'est ça.
04:33 -C'est ça.
04:34 -C'est ça.
04:35 -C'est ça.
04:37 -C'est ça.
04:38 -C'est ça.
04:39 -C'est ça.
04:40 -C'est ça.
04:41 -C'est ça.
04:43 -C'est ça.
04:44 -C'est ça.
04:45 -C'est ça.
04:46 -C'est ça.
04:48 -C'est ça.
04:49 -C'est ça.
04:50 -C'est ça.
04:51 -C'est ça.
04:52 -C'est ça.
04:53 -C'est ça.
04:55 -C'est ça.
04:56 -C'est ça.
04:57 -C'est ça.
04:58 -C'est ça.
04:59 -C'est ça.
05:01 -C'est ça.
05:02 -C'est ça.
05:03 -C'est ça.
05:04 -C'est ça.
05:05 -C'est ça.
05:07 -C'est ça.
05:08 -C'est ça.
05:09 -C'est ça.
05:10 -C'est ça.
05:11 -C'est ça.
05:13 -C'est ça.
05:14 -C'est ça.
05:15 -C'est ça.
05:16 -C'est ça.
05:17 -C'est ça.
05:18 -C'est ça.
05:20 -C'est ça.
05:21 -C'est ça.
05:22 -C'est ça.
05:23 -C'est ça.
05:24 -C'est ça.
05:26 -C'est ça.
05:27 -C'est ça.
05:28 -C'est ça.
05:29 -C'est ça.
05:30 -C'est ça.
05:32 -C'est ça.
05:33 -C'est ça.
05:34 -C'est ça.
05:35 -C'est ça.
05:36 -C'est ça.
05:38 -C'est ça.
05:39 -C'est ça.
05:40 -C'est ça.
05:41 -C'est ça.
05:42 -C'est ça.
05:44 -C'est ça.
05:45 -C'est ça.
05:46 -C'est ça.
05:47 -Je pense qu'il y a une fuite, ouais.
05:49 Je pense qu'il y a une fuite...
05:51 La volonté, ouais, de pas affronter le réel.
05:54 En tout cas, moi, c'était ça, une fuite.
05:57 Et le plus dur, je crois, quand t'arrêtes ces choses-là,
06:00 c'est la lucidité qui vient avec.
06:02 C'est d'accepter le monde tel qu'il est.
06:05 Et je pense que c'est ce qui se cache souvent
06:08 derrière les consommations.
06:09 -Qu'est-ce que t'arrives pas à accepter dans le monde tel qu'il est ?
06:13 -Il est particulier, quoi.
06:14 Moi, je pense que je suis un peu naïf et idéaliste.
06:17 Et que ce monde, il a sa part de sombre qui...
06:20 Je commence à faire le travail qui est nécessaire.
06:23 Enfin, nécessaire. En tout cas, c'est comme ça.
06:25 Il y a le jour, la nuit, l'hiver, l'été.
06:28 Je commence à accepter que c'est comme ça que ça fonctionne.
06:31 Il fait beau, il y a l'orage, et c'est ce mouvement-là qui fait la vie.
06:35 Mais quand t'es naïf et idéaliste,
06:37 t'arrives pas à trouver la place du sombre dans ce monde.
06:40 Et moi, je l'ai souvent fui, avec des choses sombres, en plus.
06:44 C'est débile.
06:45 Et là, ça va, je commence à progresser là-dessus.
06:48 -Tu parles de ta sensibilité.
06:50 Quand t'étais petit, un des moments marquants de ton enfance,
06:54 c'est quand tu fais tomber un enfant par terre
06:57 et qu'en fait, t'arrives tellement pas à gérer ce que t'as fait à cet enfant,
07:01 t'as commencé à lui faire des blagues.
07:03 -Ouais, c'est le premier souvenir que j'ai
07:06 où je suis dans une situation
07:08 où j'essaie consciemment et volontairement de faire rire quelqu'un.
07:11 Et vraiment, j'ai fait tomber ce petit.
07:14 Il pleure, c'est de ma faute.
07:15 En plus, il met le coup de pression ultime de cette époque-là.
07:18 Il dit "je vais appeler la maîtresse".
07:20 Là, moi, je suis en panique totale.
07:23 Je me dis "il faut que j'arrange la situation, il faut que je le fasse rire".
07:27 Et j'essaie des trucs, au début, ça marche pas.
07:30 Et après, je lui fais l'imitation de comment il est tombé.
07:33 Et ça le fait rire.
07:34 Et je sors de cette expérience en me disant
07:37 "là, je crois que je viens de mettre le doigt sur un pouvoir exceptionnel".
07:41 -C'est une prédiction. Je crois pas.
07:43 Je pense que c'est un cadeau, en vrai.
07:46 Je pense qu'on peut pas se sentir maudit d'avoir...
07:49 De sentir un peu les gens, quoi. Je pense que c'est un cadeau, en vrai.
07:53 -Ta mère m'a raconté une anecdote où Petit...
07:55 -Alors déjà, quand tu commences une phrase par "ta mère",
07:58 qu'est-ce qui se passe, là ? -Véro.
08:01 -Ah oui, en plus, ça lance les blazes et tout !
08:03 On est devenus fous !
08:05 -Madame Fréssinet. -Ouais, voilà.
08:07 -Madame Fréssinet m'a dit que, petit, t'étais devant ta télévision
08:11 et tu regardais Michael Jackson. -Ah ouais ?
08:13 -Ouais, et tu t'es mis à pleurer. -Non !
08:15 -Parce que t'étais triste pour lui. Tu ressentais de la tristesse.
08:19 -Ah ouais ? -Ouais.
08:20 -Tu sais qu'elle m'a jamais raconté cette histoire ?
08:22 -Je l'ai peut-être inventée, mais je crois que c'est vrai.
08:24 -Ah ouais, c'est faux, mais c'est possible.
08:26 Mais ça m'arrivait beaucoup, quand j'étais petit.
08:29 Moi, le truc qu'on me disait le plus, quand j'étais petit, c'est
08:32 "écoute, il va falloir que tu t'endurcisses, parce que la vie, c'est dur et tout".
08:35 Parce que, justement, j'arrivais pas... Je voyais ce genre de truc où je sentais...
08:38 Je pleurais tout le temps, en fait. Je voyais des choses, des gens...
08:41 Même des gens qui disaient rien.
08:43 Juste des fois, le regard, je sentais le regard, je pleurais.
08:46 Et c'est quelque chose qui m'a suivi très, très longtemps.
08:48 Et je pense que les blagues, aussi, ça vient de là.
08:51 L'idée de me dire "Ah, si je suis capable de trouver une suite de mots
08:54 qui va faire en sorte que je vais pas sentir sa tristesse,
08:58 ça va peut-être m'aider".
09:00 -Est-ce qu'il faut s'endurcir pour réussir en tant qu'humoriste ?
09:03 -Pour réussir en tant qu'humoriste, il faut...
09:07 Je sais pas. En même temps, il faut garder sa sensibilité.
09:10 Il faut pas la renier.
09:11 Mais bon, je pense que c'est plus de la résignation.
09:16 Je sais pas si c'est ça, le vrai mot. De la résilience ?
09:19 Je sais pas. J'arrive pas jamais à savoir la différence.
09:21 Mais il faut accepter, en fait.
09:22 Il faut accepter, il faut trouver la juste place aux choses,
09:24 il faut pas se faire manger par sa sensibilité.
09:26 -Parce que là, on a l'impression que tu t'es mis à l'écart.
09:28 -Ah oui, il faut se préserver.
09:29 -On t'a vu toujours en bande, notamment ici.
09:32 -Ouais.
09:33 -On t'a vu toujours porter plein de monde,
09:35 organiser le summer tour avec plein de gens,
09:37 qui sont tes amis, toujours. -Bien sûr.
09:38 -Mais là, t'as tracé une route sans producteur,
09:41 où tu fais tout tout seul.
09:43 -J'ai des gens avec moi.
09:44 -Oui, mais je te parle, y a pas un producteur derrière,
09:47 y a pas une grosse machine.
09:48 T'as choisi les gens avec qui tu voulais travailler.
09:50 Voilà.
09:52 -Je me préserve un peu, ouais.
09:54 Et puis je construis ma paix d'esprit.
09:56 Je pense que la démarche de l'oeuvre, elle fait partie de l'oeuvre.
10:01 Où est-ce que tu joues, comment tu en fais la promotion...
10:05 Tout ça, ça vient teinter l'oeuvre.
10:06 -Alors c'est quoi, la démarche ?
10:08 -La démarche, c'est de dégager beaucoup d'humanité, quoi.
10:13 Que les gens, ils aient pas...
10:15 Je déteste la starification.
10:17 Mais en même temps, ça fait partie de ce que je fais dans la vie.
10:21 Donc il faut essayer de trouver le juste équilibre, quoi.
10:23 Je préfère...
10:25 L'idée, c'est d'essayer d'être un artisan.
10:27 C'est ça, la vraie définition.
10:29 Parce qu'à côté du mot "artiste",
10:32 y a beaucoup de choses qui me plaisent pas.
10:34 Les paillettes, le fait que souvent, on te place limite au-dessus de la société,
10:38 voire au-dessus... J'aime pas ça.
10:39 Je suis un artisan.
10:40 Je suis comme un boulanger.
10:42 Moi, je fais du pain.
10:43 Mon pain, c'est les blagues.
10:44 J'essaie de faire le pain de la meilleure qualité.
10:48 Je veux que les gens, ils se disent "Ah, j'ai mangé du pain, il était délicieux."
10:51 Mais à côté de ça, je veux pas tout ce qu'il y a autour, en fait.
10:56 Je veux de la simplicité, de la tranquillité, du calme.
10:59 -Et on a l'impression que plus tu te mets à l'écart, plus des gens te copient.
11:03 Moi, je vois plein de Romane Frassina partout, là.
11:06 J'en vois plein.
11:07 Non, mais c'est vrai, y a un copy-comic sournois, en ce moment.
11:11 -Écoute, j'essaie de pas faire attention à ça,
11:15 parce que bon, je pense que c'est pas sain de se mettre à...
11:19 Puis ça m'a un peu travaillé, je t'avoue.
11:21 Des fois, j'ai vu des trucs où je me disais
11:24 "Mais j'ai l'impression que ça me ressemble, mais est-ce que c'est de l'ego ?"
11:28 Parce que j'ai peur de tomber pareil dans ce piège de l'ego, etc.
11:31 Et je me dis, en fait, ça veut dire peut-être
11:33 si à un moment, consciemment ou inconsciemment, je l'ai inspiré,
11:36 alors je dois probablement le prendre comme un compliment,
11:39 et ça me pousse à trouver une nouvelle soupe à vendre.
11:42 -En tout cas, le style Romane Frassinet est inimitable,
11:45 même si des gens l'imitent.
11:46 -Y a pas d'âge pour aller en boîte.
11:49 Mais si.
11:51 Y a des messieurs, t'as envie d'aller les voir,
11:54 leur dire "Écoute, Francis, t'as l'âge de faire des coloscopies,
11:58 tu reggaetonnes."
12:01 "On entend ta hanche, Francis."
12:03 "Hit, hit, hit, hit !"
12:06 "C'est Usher ?"
12:07 "Non, non, c'est Francis !"
12:09 -Ça, c'est...
12:12 -C'est Francis.
12:13 -Mais c'est moi, Francis.
12:14 Un jour, je suis en boîte de nuit, je me dis, ça y est, je suis trop...
12:19 -Mais t'as quel âge ?
12:20 -J'ai 29 ans, mais j'ai 3 000 ans.
12:22 Et j'ai 7 ans.
12:24 C'est ça, le truc qui est bizarre.
12:26 C'est que dans une journée, j'ai aussi, entre avoir 7 ans et un gamin fini,
12:29 avoir 29 ans et avoir envie d'être tout seul dans le désert,
12:35 à méditer, c'est très particulier.
12:37 Mais ça, ça m'est arrivé, vraiment, je suis en boîte de nuit,
12:39 je me dis "Ça y est."
12:40 Et au final, je me suis assis et j'ai écrit ces blagues.
12:42 Pendant toute la soirée, j'ai écrivé des blagues sur la boîte de nuit.
12:44 -Les gens étaient en train de danser, toi, t'as écrivé des blagues.
12:45 -Tout le monde s'ambiançait autour,
12:46 moi, j'étais assis en train d'écrire des blagues comme ça.
12:48 -Pour se foutre de ta gueule.
12:49 -Bah oui, c'est ça qui est intéressant.
12:51 Se moquer de soi, quoi.
12:53 -C'est mieux de se moquer de soi ? -Oui, je pense, oui.
12:57 Je préfère me moquer de moi et que les gens se reconnaissent,
12:59 parce que si je fais que me moquer des gens,
13:04 je pense pas que je serai juste et précis.
13:06 Alors que si je me moque de moi et que les gens se reconnaissent,
13:08 je pense que ça permet de toucher quelque chose
13:11 que, au moins, je connais de l'intérieur.
13:13 -Au début du spectacle, tu racontes une anecdote
13:15 où il y a un cycliste qui te croise, il te voit et il tombe
13:20 parce qu'il t'a reconnu,
13:22 et il arrive même pas à dire ton nom pour de vrai.
13:24 Et on a l'impression que le cycliste, c'est une métaphore de toi, en fait,
13:28 de quelqu'un qui tombe de haut dans ce métier.
13:30 -Il y a ça, il y a toute la métaphore aussi de la responsabilité.
13:33 -Et la vitesse, t'as pas voulu que ça aille assez vite.
13:34 -Il y a de ça, il y a l'idée de la vitesse, d'aller trop vite,
13:37 et puis il y a l'idée "il se trompe sur mon nom",
13:39 ça veut dire que finalement, il me connaît pas, il sait que je suis connu.
13:42 Et c'est tout ce rapport-là,
13:43 et c'est cette responsabilité que tu te mets à avoir
13:45 sur les gens qui te connaissent.
13:47 Il y a ce truc-là qui se met à exister,
13:49 où on a l'impression qu'on est responsable de quelque chose.
13:53 Et il faut savoir le gérer.
13:55 -Il y a aussi un moment où tu parles de la beauté.
13:57 -Oui, la beauté, oui.
13:58 -De la beauté intérieure, et tu dis un truc génial,
14:00 tu demandes au public "est-ce qu'une personne belle a déjà changé le cours de l'histoire ?"
14:04 -Je pense pas, moi.
14:05 Je pense que des personnes belles ont changé le cours de l'histoire,
14:09 mais je pense pas qu'on change le cours de l'histoire avec la beauté.
14:14 C'est ça que je veux dire.
14:15 En fait, la beauté est une qualité qui n'a pas beaucoup d'impact sur la vie.
14:19 Ce qu'il y a des qualités, c'est des choix, des idées, des actes.
14:23 Et on peut être beau et faire des choix, des actes, etc.,
14:28 mais en fait, ce que je veux mettre en valeur,
14:30 c'est que je crois qu'on a une époque qui glorifie beaucoup la beauté.
14:33 Et ça crée beaucoup de complexes chez beaucoup de gens,
14:36 et je pense que ça peut être néfaste.
14:38 Par exemple, pourquoi j'aime Shadé ?
14:40 Parce que pour moi, c'est un symbole d'élégance.
14:42 Je crois que l'élégance est bien plus puissant que la beauté.
14:45 L'élégance, c'est un mélange d'attitude, d'esprit, de...
14:49 Et la beauté, ça met vraiment beaucoup de gens...
14:51 En fait, ce rapport à la beauté aujourd'hui
14:54 crée un malaise, je crois, chez certaines personnes,
14:59 entre eux et eux-mêmes, en fait.
15:00 Ça altère le rapport que les gens ont avec eux-mêmes.
15:03 Et le rapport le plus important, c'est celui qu'on a avec soi-même.
15:05 Je pense que c'est le rapport premier.
15:07 C'est celui qui induit le rapport qu'on a avec les autres.
15:09 Et on n'a pas de pouvoir sur la beauté, en fait.
15:12 On est avec.
15:14 Et donc, je trouve ça très, très injuste
15:17 que ça prenne autant de place dans notre société,
15:19 sachant qu'on a très peu de contrôle dessus.
15:20 Et même les personnes très belles, on les enferme dans ce rôle-là.
15:23 C'est-à-dire que c'est très vrai avec les femmes,
15:26 où les femmes qui sont très belles,
15:27 on les enferme dans cette idée de la beauté, quoi.
15:32 On leur permet rarement...
15:33 On s'attend rarement à ce qu'elles en sortent,
15:36 ou on leur permet rarement...
15:38 Et je trouve que, malheureusement,
15:40 globalement, on se ralentit à autant glorifier la beauté.
15:43 -Tu parles aussi de ta part de féminité.
15:44 -Oui. -Quand toi, il y a un homme et une femme.
15:46 -Bien sûr. J'aime bien cette idée.
15:48 Je suis à moitié ma mère, je suis à moitié mon père,
15:51 donc je suis à moitié un homme, je suis à moitié une femme.
15:53 Et je pense que, dans le rapport qu'on a avec nous,
15:57 chercher l'autre genre en nous,
15:59 c'est le premier mariage pour moi.
16:01 Je pense que se marier avec la part en nous de l'autre sexe,
16:06 c'est très important.
16:08 -Ça consiste en quoi ?
16:09 -Ça consiste à accepter tout ce qu'on attribue à l'autre genre.
16:15 Par exemple, pour un homme, je crois que, par exemple,
16:18 la sensibilité, c'est quelque chose qu'on attribue beaucoup aux féminins.
16:21 Et je pense qu'en tant qu'homme,
16:23 c'est important de trouver la place en soi pour la sensibilité
16:27 et pour les émotions,
16:28 parce que c'est pas parce qu'on est un homme qu'on en a pas.
16:31 -Il y a un côté très mystique aussi en toi.
16:33 T'es quelqu'un de très mystique.
16:36 Tout le temps, on peut avoir des discussions de 8h
16:39 sur le concept de la nuit.
16:42 -Oui, il y a deux jours !
16:44 -Avec Romane Précinet.
16:46 Comment tu t'alimentes ? De quoi tu te nourris, en fait ?
16:49 -Ce monde est profondément mystique, en fait.
16:52 Tout est absolument sublime et mystique,
16:56 tout est une métaphore de tout.
16:58 Ce monde est trop mystérieusement bien fait.
17:02 La manière avec laquelle il nous parle...
17:05 Ne serait-ce que ça, les signes...
17:07 On est au téléphone.
17:08 Quand on a cette conversation sur la nuit, il y a deux jours,
17:11 je monte dans un taxi et tu me dis où tu vas,
17:13 et je te dis que je vais chercher des vêtements pour ton émission.
17:17 Quand je rentre dans le taxi, la musique qui passe, c'est Shadé,
17:20 et ça me fait décider que je vais mettre Shadé pour venir te voir.
17:23 Je pense que le monde nous parle
17:25 et je pense que ce monde est une expérience...
17:27 La vie est une expérience mystique.
17:29 Tout ceci nous dépasse.
17:31 [SILENCE]