• il y a 5 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

Category

🗞
News
Transcription
00:00 -19h tout pile, ravi de vous retrouver pour "Face à Philippe de Villiers".
00:04 Cher Philippe, bonsoir. -Bonsoir, Eliott.
00:06 Bonsoir, Geoffroy. -Je suis soulagé.
00:09 Parce qu'avec Paris bloqué,
00:12 avec la venue de Joe Biden,
00:14 je me suis dit que Philippe de Villiers ne sera pas là,
00:17 il ne pourra pas rentrer dans Paris,
00:19 le périphérique est bouclé, il y a des bouchons de partout.
00:22 Les téléspectateurs sont rassurés.
00:24 -Paris brisé, Paris outragé, Paris embouteillé !
00:29 -Bon, cette émission, cher Philippe,
00:32 moi, je voulais qu'on mette un terme
00:35 aux informateurs bien informés.
00:37 J'avais dit "c'est terminé, on a fait la blague".
00:39 -Mais ça nous dépasse. -C'est pas possible.
00:42 Si c'est devenu une ligue,
00:45 Geoffroy Lejeune, expliquez-moi,
00:47 parce que les informateurs bien informés
00:50 informent Geoffroy Lejeune désormais.
00:52 Moi, j'y suis pour rien.
00:54 -C'est tombé sur moi.
00:55 Eliott avait lancé un appel il y a quelques semaines.
00:59 Les gens m'envoient des...
01:00 J'ai un petit stock d'archives à vous montrer.
01:03 Cette photo, il faut qu'on la voit.
01:05 Je pense qu'il faut expliquer aux téléspectateurs...
01:08 -Regardez, Philippe.
01:09 -Quand on est en plateau, on voit mal l'image.
01:12 Vous vous reconnaissez ? -Je vois rien.
01:14 -Ah, vous avez pas l'image ?
01:16 Ah mince ! Vous avez pas le retour avec la photo ?
01:19 -Malheureusement, on voit très mal.
01:21 -Regardez, est-ce que vous la voyez à droite ?
01:24 -Non, mais je vois une brioche.
01:26 -C'est la danse de la brioche.
01:28 -Vous êtes habillé en sous-préfet.
01:30 C'est vous qui faites la danse de la brioche.
01:33 -Ah oui. -Ca doit être les débuts
01:35 du Puy du Fou. J'en ai une autre pour la semaine prochaine.
01:38 -Non, mais en fait, je sais...
01:41 C'est au Puy du Fou.
01:43 Et j'avais fait un pari.
01:46 Le pari de jouer...
01:49 un soir, en tant qu'acteur,
01:56 au village de la pêcherie,
01:57 et de me mettre en sous-préfet.
02:01 Et d'intervenir dans une scène inédite
02:05 que j'ai créée pour l'occasion.
02:07 Et ensuite, il y a eu la surprise,
02:11 quand je suis revenu dans le vestiaire,
02:13 ils m'ont préparé le fameux brancard
02:17 qu'on préparait jadis en Vendée, dans les noces.
02:21 On portait une brioche qui était très lourde.
02:24 Et c'était un signe,
02:26 pour les hommes,
02:28 au moment du passage de la noce,
02:32 le signe de leur vitalité.
02:34 Aujourd'hui, on pourrait plus faire ça,
02:37 avec les walkistes, mais voilà.
02:39 -Donc, on continuera la boîte à souvenirs.
02:42 -Il y a un peu de dérision,
02:44 parce que j'ai jamais pris mon uniforme
02:46 pour raison sérieuse.
02:48 -Il faut que les gens comprennent.
02:50 Vous l'avez raconté,
02:51 vous avez créé le Puy du Fou
02:53 en fonction à l'ENA.
02:54 -Pendant l'ENA, oui.
02:55 J'ai fait l'ENA bissonnière.
02:57 -Et ensuite, vous avez été sous-préfet,
03:00 il y avait le Puy du Fou en parallèle,
03:02 vous avez été élu local,
03:03 ministre, il y avait le Puy du Fou en parallèle.
03:06 -Oui, mais tous les gens croient
03:08 que j'ai fait le Puy du Fou
03:10 quand j'étais sous-préfet en Vendée.
03:13 Ils écrivent ça, le monde,
03:14 tous les journalistes,
03:16 mais c'est faux.
03:17 J'ai fait le Puy du Fou
03:20 quand j'étais à l'école nationale d'administration.
03:23 J'étais régulièrement convoqué
03:24 par M. Pierre-Louis Blanc,
03:26 un homme respectable,
03:27 le directeur général de l'ENA,
03:30 qui me dit "M. De Villiers,
03:32 "j'apprends que chaque week-end,
03:34 "vous partez chez vous en Vendée
03:36 "pour préparer un spectacle."
03:37 Alors, écoutez, nous,
03:39 on forme des inspecteurs des finances,
03:41 pas des saltimbanques.
03:42 Et il me menaçait
03:46 de me retirer le petit pécule
03:47 auquel avaient droit les élèves de l'ENA
03:50 en tant qu'élèves fonctionnaires
03:52 et il m'a dit "ça peut aller très loin,
03:54 "vous pouvez être exclu.
03:56 "Dans l'histoire de l'ENA,
03:57 "vous seriez le premier."
03:59 Et puis l'histoire se termine très bien.
04:02 Il était là au premier rang,
04:03 à la première du Puy du Fou,
04:05 le 15 juin 1978,
04:07 15 juin que nous fêtons ensemble,
04:09 à 47 ans.
04:10 -Et il vous a dit quoi ?
04:12 -Vendredi.
04:13 -Et il vous a dit quoi ?
04:14 Il s'est excusé ?
04:16 Il a dit "j'avais peut-être tort
04:18 "de vous mettre la pression."
04:19 -Il avait raison.
04:21 -Il avait tort de vous mettre la pression.
04:23 -Il avait les larmes aux yeux
04:25 et il m'a dit "vous êtes une nouvelle sorte d'ENARC,
04:29 "l'ENARC saltimbanque."
04:31 -L'ENARC.
04:32 -Oui.
04:33 Rires
04:34 -Avançons, Philippe de Villiers.
04:36 Et commençons cette émission,
04:38 parce que c'est une semaine ô combien symbolique
04:41 avec les commémorations du débarquement,
04:44 à quelques heures également,
04:46 à des élections européennes.
04:48 On en parlera dans cette émission.
04:50 On a eu des élus présents ces derniers jours.
04:52 Il y a eu une conférence de presse
04:55 avec Volodymyr Zelensky,
04:56 jusqu'à accorder une interview
04:59 aux 20 heures de France 2 et TF1,
05:02 hier,
05:03 dû en même temps, puisqu'il a parlé des européennes,
05:06 et puis il a parlé aussi des mesures
05:08 pour soutenir l'Ukraine.
05:10 Emmanuel Macron, c'était hier.
05:12 -Nous allons lancer une nouvelle coopération
05:15 et annoncer la session de Mirage 2000-5,
05:17 qui sont des avions de combat français,
05:20 qui permettront à l'Ukraine
05:22 de protéger son sol, son espace aérien.
05:25 Nous allons lancer un programme de formation des pilotes
05:28 et de session de ces avions,
05:30 et que d'ici la fin de l'année, ils puissent avoir pilotes.
05:33 -En France ou en Ukraine ?
05:35 -Ce que nous proposons,
05:36 c'est de former 4 500 soldats ukrainiens,
05:41 et donc de les équiper, de les entraîner.
05:44 -Il y aura des formateurs français sur le sol ukrainien ?
05:47 -Il ne doit pas y avoir de tabou sur ce sujet.
05:49 Le sol ukrainien est souverain.
05:51 Il ne s'agit pas d'aller former sur la zone de combat.
05:54 Aller former quelqu'un dans la zone ouest,
05:57 qui est libre en Ukraine, ce n'est pas agressif.
06:00 -Geoffroy Lejeune, vous avez une question.
06:02 -Est-ce que, selon vous, avec le télescopage
06:05 de cette interview et des commémorations
06:07 du débarquement, Emmanuel Macron essaie de faire
06:10 un trait d'union entre la guerre d'hier et celle d'aujourd'hui ?
06:13 -C'est clair.
06:15 Moi, je suis très inquiet.
06:17 Parce qu'il n'est plus dans la fonction.
06:21 Là, c'est un bout de feu.
06:25 Et à chaque fois, de semaine en semaine,
06:28 quand on en parle,
06:30 je décris la marche nouvelle
06:32 sur laquelle on est, le palier nouveau.
06:36 Le cran d'après.
06:38 Et on se dit, mais le cran d'après, c'est quoi ?
06:42 Peut-être on va y revenir tout à l'heure,
06:44 mais en fait, c'est pas bien, ce qu'il a fait.
06:47 Parce que commémorer le 6 juin 1944
06:51 avec les anciens Rangers, c'est magnifique,
06:54 c'est émouvant.
06:56 Et là, il a fait un détournement mémorial.
06:59 C'est-à-dire qu'il prend en otage
07:05 la mémoire douloureuse et glorieuse
07:09 de la Deuxième Guerre mondiale
07:14 pour entraîner
07:17 la France dans une Troisième Guerre mondiale.
07:22 Et dans le même entretien,
07:25 à un autre moment, parlant des élections européennes,
07:29 on le voit qui exalte l'unité nationale du passé
07:36 pour mieux dissimuler
07:38 qu'il détruit l'unité nationale
07:42 d'aujourd'hui.
07:44 Et puis, il y a, dans son propos et dans celui de Zelensky,
07:50 quelque chose qui est misérable et intolérable,
07:55 intolérable moralement et misérable intellectuellement,
07:59 c'est la fameuse réduction ad hitlerum.
08:01 Et là, je devrais faire une mise au point, parce que...
08:07 la plupart des Français croient que le nationalisme
08:12 est une forme du fascisme et du nazisme,
08:17 une déclinaison.
08:20 Et je leur dis ceci,
08:23 historiquement et philosophiquement,
08:27 la nation est à l'empire
08:34 ce que la propriété est au vol.
08:42 La propriété est légitime, le vol est illégitime.
08:46 L'empire, c'est quand on quitte sa nation
08:47 pour aller dans une autre nation.
08:50 Et donc, on peut critiquer les impérialistes
08:55 sans avoir à critiquer les patriotes, les souverainistes,
08:59 les nationalistes, ceux qui sont attachés à leur nation.
09:02 Il ne faut pas confondre les deux.
09:05 Et souvent, on confond les deux.
09:07 Et d'ailleurs, il y a une chose extraordinaire
09:10 qu'on a vécue encore ce matin, dans l'hémicycle.
09:14 Il y a le bon souverainisme et le mauvais souverainisme.
09:21 Hier soir, il explique, le bon souverainisme,
09:27 le bon patriotisme, le bon nationalisme, c'est l'Ukraine.
09:31 Il faut soutenir la nation ukrainienne,
09:34 la souveraineté ukrainienne.
09:35 Il le dit textuellement.
09:38 Et en même temps, la phrase d'après, il dit,
09:40 "Oh, l'extrême droite."
09:42 C'est qui, l'extrême droite ?
09:43 C'est ceux qui veulent défendre la nation française,
09:46 la souveraineté française, la patrie française.
09:49 Et moi, je mets en garde tous les Français pour leur dire,
09:55 réfléchissez, vous voyez la contradiction ?
09:58 Examinez cette contradiction.
10:00 Et en fait, ce que je pense, c'est qu'on est dans l'escalade.
10:09 Tous les militaires de France et de Navarre,
10:13 y compris les militaires ukrainiens et russes,
10:18 savent ce que veut dire le mot "mirage".
10:22 On a 26 Mirages 2000, on va en donner,
10:27 parce que c'est une cession, c'est un don, en fait,
10:29 qui payent les agriculteurs français,
10:33 déjà envahis par l'Ukraine.
10:36 Mais surtout, les Mirages 2000, ça veut dire qu'on est en guerre.
10:40 Donc là, on vient de franchir, avec les Mirages 2000
10:42 et la nouvelle brigade pour former 4500 Ukrainiens,
10:46 on a franchi un nouveau cran.
10:50 Et quand on sait que face à nous, on a une puissance nucléaire
10:54 qui s'appelle la Russie, et qui prend les choses au sérieux,
10:58 je ne sais pas où on va.
11:00 Et je vais vous dire pourquoi je ne sais pas où on va.
11:03 C'est que l'Ukraine a perdu.
11:09 Tous les politiciens le savent et le cachent aux Français.
11:14 Les militaires le savent et ne le disent pas.
11:17 Ils sont tenus à la grande muette, à l'obligation de réserve.
11:20 Mais nos politiciens et nos gouvernants le savent.
11:23 Emmanuel Macron le sait.
11:25 Les chefs d'État qui étaient là en Normandie le savent.
11:30 Biden le sait.
11:32 Pourquoi l'Ukraine a perdu ?
11:34 Parce que, voilà les chiffres, il y a un homme sur sept,
11:40 sur le terrain, un Russe sur sept Ukrainiens.
11:44 Et d'ailleurs, Zelensky dans les couloirs a expliqué
11:48 aux chefs d'État, si vous avez des Ukrainiens chez vous,
11:50 vous les envoyez s'il vous plaît.
11:53 Et pour les obus, c'est 1 à 10.
11:58 Et petit à petit, la Russie grignote.
12:01 Donc, il y a deux hypothèses.
12:05 L'hypothèse la pire, on fait mine de ne pas voir
12:10 que la Russie va gagner.
12:12 On cache aux Français que l'Ukraine est en train de perdre
12:17 et on fait joujou-moumout avec les missiles.
12:20 Ou bien, deuxième hypothèse,
12:24 on se dit, bon, il vaut mieux arrêter tout de suite.
12:29 Et donc, on choisit la commémoration du 6 juin 1944
12:33 pour sortir de la logique de guerre et entrer dans la logique de paix.
12:39 Parce qu'on parle beaucoup de la logique de paix
12:41 pour Gaza et Israël, en expliquant les Israéliens
12:46 sont devenus les nouveaux agresseurs, etc.
12:49 Ce qui est complètement faux.
12:51 Ils font la guerre, comme les Alliés ont fait la guerre,
12:54 ils ont même bombardé Saint-Lô, etc.
12:56 Quand vous faites la guerre, il y a des morts.
12:58 Mais on ne parle pas du tout de la paix.
13:00 Et Emmanuel Macron arrive à ce niveau de complexité sémantique.
13:08 Il n'y a que lui qui est capable de faire ça.
13:12 Il a expliqué, il faut l'escalade pour la paix.
13:14 C'est Orwellien.
13:18 Il faut le mensonge pour la vérité.
13:20 Le mentir vrai est Aragon.
13:22 Extraordinaire.
13:24 Je précise les faits concernant la guerre.
13:28 Et la dernière information que nous avions à disposition,
13:31 c'est que la Russie avait conquis 47 localités en Ukraine
13:35 depuis le début de l'année, annoncée Vladimir Poutine.
13:38 Sur le terrain, vous l'avez rappelé,
13:41 c'est kilomètre par kilomètre carré.
13:45 Tout se joue de manière très lente.
13:48 Vous avez parlé, Philippe de Villiers, de Volodymyr Zelensky.
13:50 Il était invité pour les commémorations.
13:53 Il a donné la parole à l'Assemblée nationale,
13:55 vendredi, dans un hémicycle, à moitié vide,
13:57 le président ukrainien qui appelle l'Europe
13:59 à faire front contre la Russie de Poutine.
14:01 Écoutez.
14:02 -Chère France,
14:05 Poutine peut-il gagner cette bataille ?
14:07 Non.
14:10 Parce que nous n'avons pas le droit de la perdre.
14:13 Cette guerre peut-elle s'éteindre
14:16 en se limitant aux lignes qui existent actuellement ?
14:18 Non.
14:19 Car il n'y a aucune limite pour le mal.
14:22 Tout cela vise aujourd'hui l'Ukraine.
14:25 Mais cela peut viser d'autres pays demain.
14:29 ...
14:32 -Geoffreau Lejeune.
14:34 -Chère Philippe, que vous inspire la présence et le discours
14:37 de Volodymyr Zelensky à l'Assemblée nationale ?
14:39 -D'abord, la présence en Normandie de Zelensky,
14:44 c'est une curiosité.
14:47 ...
14:50 Parce que quand on connaît bien l'Ukraine,
14:53 ce qui est mon cas,
14:55 et qu'on aime beaucoup l'Ukraine, ce qui est mon cas,
14:58 j'ai reçu souvent les souliers ukrainiens,
15:02 donc je connais bien ce pays,
15:04 c'est un pays qui est cher à mon cœur.
15:07 Et j'aime bien la Russie aussi.
15:09 Moi, je suis Européen, donc je suis Européen de partout,
15:13 et j'aime Balzac et Tolstoy.
15:16 ...
15:19 Pour revenir à l'Ukraine,
15:21 quand on connaît bien l'histoire de l'Ukraine,
15:24 ça va pas de soi que Zelensky soit en Normandie.
15:27 Il faut pas oublier, c'est symbolique,
15:29 comme l'a très bien rappelé Guillaume Bigot,
15:32 il y a deux jours,
15:34 que le premier Français,
15:37 héros français, le premier héros français
15:40 qui a été tué,
15:42 qui s'appelle Bouétard,
15:46 le caporal Bouétard,
15:48 le premier héros français a été tué
15:51 par des SS ukrainiens.
15:54 Et si vous prononcez le nom de Stéphane Bander en Ukraine,
15:59 les Ukrainiens comprennent ce que ça veut dire.
16:02 En d'autres termes, il y avait beaucoup d'Ukrainiens
16:06 pendant la guerre qui étaient derrière les Allemands,
16:09 et la relation entre l'Ukraine et le nazisme
16:12 a été assez trouble.
16:15 Donc, en fait, la présence de Zelensky,
16:18 ça voulait simplement dire
16:21 qu'on voulait se servir de cette commémoration,
16:25 non seulement pour un geste de gratitude
16:28 pour les anciens qui étaient là
16:31 et qui revenaient sur les pas de leur gloire de jeunesse,
16:35 mais aussi pour détourner la mémoire,
16:38 comme je le disais il y a un instant,
16:41 pour préparer la guerre à venir.
16:45 Et moi, j'ai été profondément gêné,
16:48 alors même que, comme tous les Français,
16:51 j'étais ému par la cérémonie,
16:54 mais gêné à l'idée de ce mélange des genres.
16:57 Quant à l'Assemblée, attendez, l'Assemblée nationale,
17:00 moi j'ai été député pendant longtemps,
17:03 l'Assemblée nationale, c'est un lieu hautement symbolique.
17:07 Et il vient faire la guerre à l'Assemblée nationale.
17:10 Et il vient expliquer à l'Assemblée nationale
17:13 qu'il faut faire la guerre avec lui.
17:16 Donc c'est un geste lourd.
17:19 Et je vais dire quelque chose de tout bête,
17:22 tout simple,
17:26 que m'a dit un de mes voisins hier.
17:29 Il m'a dit, c'est quand même curieux,
17:32 l'Union européenne,
17:35 il y a 27 pays,
17:38 s'il y avait un pays en guerre
17:42 et pourrait se mettre aux côtés de ce pays en guerre.
17:45 Mais là, l'Union européenne a fait la guerre
17:48 pour le compte d'un pays qui n'est pas dans l'Union européenne.
17:51 Et donc, c'est vraiment,
17:54 on est au cœur du paradoxe.
17:57 On accueille un chef de guerre,
18:00 on l'approuve, on le soutient,
18:04 et on s'étonne que le porte-parole du Kremlin
18:07 réagisse en disant,
18:10 "Attention, si vous nous envoyez des missiles,
18:13 "on va répliquer."
18:16 Et donc, les Français ne se rendent pas compte,
18:19 on nous entraîne à la guerre. Et il y a quelque chose d'horrible.
18:22 Le chef d'état-major de l'armée de terre
18:26 a dit, "Nous sommes prêts, les Français sont prêts aux sacrifices."
18:29 Attendez, on a enterré Geneviève de Galar,
18:32 aujourd'hui, aux Invalides.
18:35 On a envoyé des petits Français,
18:38 pour rien, en Indochine.
18:41 Beaucoup ne sont pas revenus, 7000 ne sont jamais revenus.
18:45 Des petits soldats français, des volontaires, des légionnaires, etc.
18:48 Bihar m'en a parlé, c'est horrible.
18:51 Et puis ensuite, pareil en Algérie,
18:54 à chaque fois, on envoie la chair à canon.
18:57 La chair à canon, ce sont nos fils.
19:00 Ce n'est pas parce qu'ils sont militaires qu'il faut les envoyer,
19:04 ce que disait très bien Gabriel Kruzel tout à l'heure.
19:07 Il y a une légèreté de nos politiciens,
19:10 et notamment du président de la République.
19:13 Moi, je suis fils de militaire, frère de militaire,
19:16 donc je sais ce que ça veut dire, la guerre.
19:19 Et avant d'envoyer nos soldats,
19:23 et pourquoi pas ensuite la conscription,
19:26 pendant qu'on y est, en Ukraine,
19:29 il faudrait quand même qu'on réponde à la question suivante,
19:32 suis-je prêt à mourir pour la France ?
19:35 Suis-je prêt à mourir pour l'Allemagne ?
19:38 Ou pour l'Autriche ?
19:41 Ou pour l'Italie ? C'est plus compliqué,
19:45 mais si on nous dit que c'est l'Europe,
19:48 suis-je prêt à mourir pour Kiev ou pour le Donbass ?
19:51 Je vais regarder la carte, je ne sais pas où c'est.
19:54 - Voilà ce qu'on pouvait dire sur les commémorations
19:57 et en même temps sur ce conflit ukrainien.
20:00 Il nous reste quelques minutes avant la publicité.
20:04 On va faire un bond dans le temps.
20:07 C'était il y a 20 ans, et on en parle encore.
20:10 20 ans plus tard, certains voient cette séquence politique
20:13 comme l'un des plus grands dénis de démocratie.
20:16 C'était en mai 2005.
20:18 Les Français sont appelés à voter pour ou contre
20:22 le projet de constitution européenne.
20:25 On verra une archive après la publicité,
20:28 mais en deux minutes, peut-être que vous pouvez nous raconter
20:31 pourquoi vous étiez un des grands artisans du non.
20:34 Vous avez fait campagne pour le non.
20:37 Donc racontez-nous pourquoi, à ce moment-là,
20:41 vous faites campagne pour le non. - C'est drôle,
20:44 parce que j'étais côte à côte avec Laurent Fabius
20:47 et Jean-Luc Mélenchon. - Ah, bah...
20:50 - Et on échangeait les sondages.
20:53 Fabius était sympa avec moi.
20:56 "Un homme qui est pour le non, même s'il est de droite,
21:00 "c'est pas tout à fait mauvais."
21:03 Et... Non, ce que je voudrais vous raconter,
21:06 c'est un souvenir personnel.
21:09 Le 13 janvier 2005,
21:12 donc, je rencontre Jacques Chirac à l'Elysée.
21:15 Et là, je lui pose deux questions.
21:18 Une première question sur la supériorité du droit européen
21:22 sur le droit national prévu dans la constitution,
21:25 dans le projet de constitution,
21:28 qui va être mis au voie au référendum du 29 mai.
21:31 Et là, il me répond, "C'est un truc de juriste,
21:34 "tu m'emmerdes avec ça."
21:37 Extraordinaire, la réponse de Chirac.
21:41 En fait, elle est typique des hommes politiques,
21:44 qui font pas attention aux traités qu'ils signent depuis 50 ans.
21:47 Ils signent n'importe quoi, ils font pas attention.
21:50 Et deuxièmement, j'avais fait un livre,
21:53 ensuite j'allais à la suite de ça,
21:57 et j'ai parlé à le grand Mamamouchi.
22:00 Je lui ai dit, "Pourquoi vous refusez
22:03 "de mettre les racines chrétiennes
22:06 "dans le préambule de votre constitution ?"
22:09 Il réfléchit, puis il dit,
22:12 "Les racines de l'Europe
22:15 "sont autant musulmanes que chrétiennes."
22:18 Alors là, comme disent les jeunes, j'hallucine.
22:22 Et je le fais répéter, il répète.
22:25 Bon, voilà.
22:28 Et la campagne commence,
22:31 et je me dis, le nom est très loin derrière,
22:34 tous les sondeurs disent, "C'est du 70-30."
22:37 Et je lève deux lièvres,
22:41 qui ont eu, je pense, une certaine influence.
22:44 Le premier, c'est la directive Bolkenstein,
22:47 c'est-à-dire une directive qui dit ceci,
22:50 "N'importe quel prestataire de société
22:53 "n'importe quel prestataire de service étranger en France
22:56 "sera soumis aux conditions du droit social d'origine
23:00 "et non pas du droit social français."
23:03 Et d'ailleurs, ça continue maintenant
23:06 avec les Ukrainiens, les transporteurs ukrainiens.
23:09 Et là, le type s'appelle Bolkenstein,
23:12 et moi, je l'ai dit Bolkenstein-Frankenstein,
23:15 et je me dis, il faut que je prenne une image.
23:19 Alors je commence par le plâtrier lituanien,
23:22 et puis je me dis, non, ça colle pas.
23:25 Et je réfléchis, et je pense à Fernand Reynaud.
23:28 "Qui c'est ? C'est le plombier !"
23:31 Le plombier polonais.
23:34 Et le mot a fait fortune,
23:37 je dis ça dans la salle des 4 colonnes,
23:41 et le mot a fait fortune, et il a fait beaucoup pour le nom.
23:44 Et deuxièmement, la chose incroyable,
23:47 Juppé décide d'envoyer le traité 169,
23:50 le traité, 167 pages, je crois,
23:53 à tous les Français.
23:55 Un geste magistral.
23:59 Et je lis, et je vois qu'à la page 165,
24:02 il y a la signature.
24:05 Et il y a Abdullah Gül,
24:08 je dis, mais Abdullah Gül, c'est qui ? C'est le Turc.
24:11 Et il y a une photo où on voit Chirac avec à côté Erdogan.
24:14 Et donc, il y a un débat
24:18 entre Könbendit, Bayrou, etc.
24:21 Et au cours de ce débat, je sors le traité en disant,
24:24 la Turquie est rentrée dans l'Europe,
24:27 ça y est, elle a signé. Et là, il y a Barnier qui devient fou.
24:30 – Könbendit aussi. – Könbendit aussi.
24:33 Et en fait, je dis aux Français,
24:37 allez à la page 165,
24:40 grâce à Alain Juppé, vous avez la démonstration
24:43 de ce que je suis en train de vous dire.
24:46 C'est absolument extraordinaire.
24:48 – La publicité, et on voit ce qui se passe le 29 mai 2005
24:51 avec une archive, pour l'instant je ne dis rien,
24:54 parce que cette archive nous amène au 7 juin 2024.
25:00 À tout de suite.
25:03 [Musique]
25:06 Un peu plus de 19h30 sur CNews pour la suite
25:09 de "Face à Philippe de Villiers" avec Philippe Biensieur et Geoffroy Lejeune.
25:12 On parlait du référendum de 2005, juste avant la publicité,
25:16 je le disais aux téléspectateurs et je vous le disais, cher Philippe,
25:19 nous avons une archive.
25:20 Nous sommes le 29 mai 2005, au soir, il est 22h,
25:24 vous êtes sur le plateau de TF1,
25:27 invité de Patrick Padot, Poivre d'Arvore et de Claire Chazal,
25:30 avec tous les grands hommes politiques de l'époque,
25:35 et on annonce les résultats.
25:39 Regardez.
25:40 – 5, 4, 3, 2, 1,
25:45 nous sommes en mesure de vous donner le résultat,
25:47 c'est le non qu'il emporte à ce référendum
25:49 sur le projet de constitution européenne avec 54,5%,
25:53 la France a donc dit non à ce projet de constitution.
25:56 – On ne peut pas faire comme si il ne s'est rien passé ce soir.
25:59 Ce soir c'est le pape français qui envoie une grande claque
26:01 à tout un système qui prétend commander notre pensée,
26:05 les appareils, les éditorialistes,
26:07 tous ceux qui ont tenté d'intimider le pape français.
26:10 – Tout le monde a eu la parole, Philippe de Villiers.
26:13 – Oui absolument, d'ailleurs je rends hommage à TF1,
26:15 le décompte 50/50, mais tout le monde sait bien
26:19 que ça n'a pas toujours été le cas
26:20 et que 99% des éditorialistes étaient pour le oui.
26:25 Je parle de grande claque, je devrais dire grand décalage
26:27 entre le pays institutionnel et le pays réel
26:31 puisque 92% des parlementaires, je vous le rappelle,
26:34 sont allés abolir la constitution à Versailles
26:36 et ce soir il y a près de 55%, peut-être même plus,
26:40 de Français qui disent "non, on veut garder notre constitution".
26:44 – Versailles c'était il y a à peine quelques mois,
26:46 au début de l'année.
26:47 – Il y a quelques mois seulement,
26:49 donc vous avez une représentation nationale qui part d'un côté
26:54 et le pays qui part de l'autre côté,
26:55 donc nous sommes ce soir devant une crise politique majeure.
26:59 Seul le président de la République peut la dénouer de deux manières,
27:04 je lui en laisse le choix, soit par sa démission,
27:07 étant donné qu'il s'est quand même lourdement engagé,
27:10 soit par la dissolution de l'Assemblée nationale.
27:13 – Une représentation nationale qui part d'un côté,
27:17 un peuple qui part de l'autre,
27:18 deux possibilités pour le président à l'époque,
27:21 la dissolution ou la démission,
27:23 alors forcément on se pose la question,
27:25 est-ce qu'on peut faire un parallèle entre les résultats
27:28 du référendum de 2005 et les européennes de 2024 ?
27:33 – C'est vrai, c'est une actualité incroyable.
27:35 – C'est fou.
27:37 – Oui, parce qu'on peut faire un parallèle,
27:42 compte tenu de l'engagement du soldat Macron dans ses élections,
27:50 normalement la claque elle est pour lui,
27:52 elle n'est pas pour madame Ayé,
27:58 elle n'existe pas, c'est lui.
28:02 Lui et son jeune Premier ministre.
28:07 Et le deuxième point de comparaison, il est à venir,
28:11 ils vont faire comme ils ont fait avec le traité de Lisbonne,
28:14 ils vont enterrer les élections européennes,
28:17 alors qu'il faudrait une dissolution.
28:21 Mais vous savez, il y a une phrase de Georges Pompidou,
28:26 – Allez-y.
28:27 – Il disait un jour à Alain Perfit,
28:30 "Vous savez Alain, la différence entre une veille d'élection
28:35 et un lendemain d'élection, c'est qu'entre les deux,
28:39 il y a eu l'élection."
28:41 – Je l'ai déjà entendu cette phrase ces derniers jours.
28:46 Petite parenthèse, et on va revenir évidemment
28:47 sur les enjeux des européennes dans un instant,
28:50 mais petite parenthèse puisque plusieurs ministres
28:52 ont pris la parole ces derniers jours,
28:54 et trois déclarations ont attiré notre attention.
28:57 Bruno Le Maire d'abord, qui explique avoir sauvé,
29:00 Philippe de Villiers, l'économie française
29:02 au lendemain de l'annonce de la dégradation de la note
29:04 par l'agence Standard & Poor's.
29:06 Stéphane Séjourné qui se félicite que le conflit israélo-palestinien,
29:11 nous avons réussi à empêcher l'importation
29:13 du conflit israélo-palestinien en France
29:16 dans les colonnes de l'excellent journal du dimanche.
29:18 Et enfin Éric Dupond-Moretti qui assure découvrir,
29:21 par voix de presse, la grande vie menée par Mohamed Amra en prison.
29:25 Comment Philippe de Villiers vous expliquez cette incapacité,
29:28 impossibilité, cette absence de remise en question ?
29:31 Et faut-il y voir une déconnexion avec la réalité ?
29:34 - Là, je pense qu'on est dans le prix de l'humour politique.
29:37 (Rires)
29:40 Et alors, je mets, je n'ai pas bien vu,
29:43 mais à priori, en numéro 3, je mets Séjourné,
29:49 le talerant de poche,
29:51 (Rires)
29:53 en lui disant, si vous n'avez pas vu que le conflit israélo-palestinien
29:57 est chez nous, on va vous donner les chiffres.
30:00 Il y a 1 000 quartiers souverains
30:03 qui échappent à la souveraineté française.
30:08 Et il y a des milliers et des milliers d'endroits,
30:11 c'est pour ça que vous allez vous prendre une claque bientôt aux élections.
30:17 Il y a des milliers et des milliers d'endroits
30:18 où les Français voient à l'œil nu, sans statistique,
30:20 qu'on n'est plus chez nous.
30:23 Deuxième prix, le cran au-dessus,
30:26 c'est Bruno Le Maire.
30:30 Car Bruno Le Maire, en fait, il nous dit,
30:31 "J'ai sauvé l'économie française."
30:34 Immédiatement, j'ai pensé au commandant du Titanic,
30:36 s'il avait survécu, et qui nous aurait dit,
30:39 "Écoutez, j'ai sauvé le Titanic.
30:45 Il est au fond de l'eau,
30:47 mais au moins, il ne s'est pas disloqué."
30:52 Si je l'avais gardé en surface, il se serait disloqué.
30:54 Là, il est au fond de l'eau, et j'ai vérifié,
30:56 la carène est en bon état, et les œuvres vives sont intactes.
31:00 J'ai sauvé le Titanic, Bruno Le Maire.
31:04 Là, c'est quand même une médaille d'argent.
31:08 Et la médaille d'or du prix de l'humour politique,
31:13 c'est évidemment le fauconnier.
31:18 La fauconnerie a perdu beaucoup
31:20 lorsque du Bon Mariti a quitté la fauconnerie
31:24 pour devenir garde des Sceaux.
31:26 Je ne suis pas sûr que la justice ait beaucoup gagné.
31:29 Et quand il dit,
31:31 "Je remercie les journalistes
31:34 qui m'ont apporté une information capitale,
31:37 il y a des portables dans les prisons,
31:38 il y a de la drogue dans les prisons,
31:39 il y a des drones aux portes des prisons, etc."
31:43 Et avec un air du fauconnier
31:46 qui n'arrive pas à récupérer son faucon,
31:50 j'ai pensé à André Santini,
31:53 le maire d'Issi-les-Moulineaux,
31:55 qui un jour à l'Assemblée,
31:56 devant Arpaillange, le garde des Sceaux de Michel Rocard,
31:59 disait, il avait beaucoup d'humour, il dit,
32:07 "Saint-Louis rendait la justice sous un chêne
32:11 et Arpaillange la rend comme un gland."
32:16 C'est une référence que nous n'avions pas,
32:19 ce qui peut surprendre un peu Philippe de Villiers.
32:21 Parlons des Européennes.
32:22 À présent, c'est la dernière ligne droite.
32:24 Cher Philippe, nous sommes à deux jours de ces élections.
32:28 50 millions de Français sont appelés à voter
32:30 et à élire 81 députés.
32:32 Pour résumer cette campagne, il y a 50 nuances d'Europe,
32:36 mais il existe, si on doit le résumer rapidement,
32:39 un vrai clivage entre les européistes
32:42 qui rêvent d'une Europe fédérale
32:44 et ceux qui aspirent à une Europe des nations souveraines.
32:48 Jeudi, en marche des cérémonies du 80e anniversaire du débarquement,
32:51 Gabriel Attal a pris la parole.
32:53 "L'Europe est née grâce à la France,
32:55 "elle ne doit pas mourir à cause de la France."
32:57 C'est le message qui serait envoyé
32:59 si la France envoyait le premier bataillon d'extrême droite
33:02 anti-Europe au Parlement européen.
33:05 Je ne veux pas que le visage de la France en Europe
33:07 passe de celui de Simone Veil à celui de Marine Le Pen.
33:12 Philippe de Villiers, l'Europe peut-elle mourir dimanche ?
33:15 Oui, je pense que l'Union européenne peut mourir
33:19 en tant qu'institution,
33:21 et l'Europe en tant que civilisation peut mourir aussi.
33:26 Et je vais vous dire pourquoi.
33:28 La première raison, c'est que la première cause du péril mortel,
33:33 c'est que l'Europe a été enfantée par les Etats-Unis.
33:38 L'Europe, c'est un tiroir gigogne de l'OTAN.
33:44 Or, l'OTAN aujourd'hui, chancel, ou plutôt les Etats-Unis,
33:48 regardent d'ailleurs vers l'Asie, vers la Chine.
33:53 Et quand je dis que l'Europe a été inventée par les Etats-Unis,
34:00 depuis le 6 juin 1944,
34:02 toute l'histoire de l'Europe, le plan Marshall, etc.,
34:05 le financement de Jean Monnet, de Robert Schuman,
34:07 c'est les Etats-Unis.
34:09 C'est toute la sémantique, le pouls charbon-acier,
34:16 la haute autorité, la commission, c'est une sémantique américaine.
34:21 Or, l'Amérique, aujourd'hui, chancel,
34:27 l'OTAN a une durée de vie qu'on ne peut plus compter,
34:31 et les politiciens français savent très bien
34:33 qu'en fait, l'OTAN est le fondement,
34:36 je cite l'article 5 du traité de Lisbonne,
34:38 le fondement de la défense collective de l'Europe.
34:42 Donc la défense collective de l'Europe est en danger.
34:46 La deuxième cause du péril mortel,
34:49 c'est que la défaite à venir de l'Ukraine
34:54 va peser lourd sur les épaules, à cause de Macron,
34:57 va peser lourd sur les épaules de l'Europe,
35:02 qui a maintenant un statut de belligérance.
35:05 Et donc, ayant un statut de belligérance,
35:08 elle va se désagréger lorsqu'il y aura la défaite,
35:12 parce qu'on cherchera les responsables,
35:13 on cherchera les coupables, et ce ne sera pas l'Amérique.
35:15 L'Amérique se débrouillera, comme d'habitude,
35:18 pour se carapater.
35:20 La troisième cause, c'est le collapsus démographique,
35:26 qui est en train de faire périr les peuples historiques européens,
35:30 et changer le peuplement de l'Europe.
35:34 Et la dernière cause, c'est sans doute la plus importante
35:36 et la plus actuelle, c'est l'odium plebis,
35:38 comme on disait chez les Romains, la haine du peuple.
35:41 C'est-à-dire, en fait, les peuples historiques
35:43 se sont mis à détester l'institution,
35:46 l'empire de la norme.
35:48 Et en fait, beaucoup de Français ont compris,
35:53 sont en train de comprendre que la construction européenne
35:56 n'est pas une construction, que c'est une déconstruction,
35:59 que l'Europe, que l'Union européenne est à l'Europe
36:04 parce que le corbusier est au Mont-Saint-Michel,
36:08 c'est-à-dire une grimace hideuse de cités radieuses.
36:12 Emmanuel Macron veut fondre les États-nations
36:16 comme le corbusier a voulu raser les cités du passé.
36:20 - Il nous reste deux minutes avant l'Apollogue,
36:23 comme chaque vendredi soir,
36:25 nouvelle question de Geoffroy Lejeune.
36:26 - Comment vous expliquez, Philippe, comment ce soit arrivé là
36:28 que l'Union européenne ne soit plus à ce point
36:32 d'être une source d'espérance pour les peuples ?
36:34 - Parce que pendant 40 ans, on nous a dit,
36:40 voilà, l'Europe, c'est trois promesses.
36:43 C'est la promesse de l'Europe qui protège,
36:48 or on voit bien qu'elle ne protège pas.
36:51 Elle est ouverte à tous les vents,
36:52 elle a immolé son enveloppe charnelle.
36:55 On nous a dit, c'est la prospérité,
36:57 on voit bien que l'Europe décroche et que c'est la décroissance.
37:00 La nouvelle impérative catégorique,
37:03 l'Europe est un protectorat numérique des Etats-Unis,
37:07 technologique de la Chine, démographique de l'Afrique
37:11 et bientôt culturel de l'Islam.
37:13 Et enfin, l'Europe, c'est la paix.
37:15 Or, l'Europe n'a jamais été la mère de la paix,
37:18 elle a été la fille de la paix.
37:19 La fille, c'est ce que dit très bien Hubert Védrine,
37:22 en fait, les pères de l'Europe, c'est Truman et Staline.
37:27 L'Europe, elle est la fille de la guerre froide, du containment.
37:31 Et ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix,
37:34 c'est la paix qui a fait l'Europe.
37:36 Or, là, la paix, c'est fini, l'Europe est rentrée en guerre.
37:39 Donc, les trois promesses ont été trahies, je vois.
37:43 -Philippe Devilliers, on a commencé avec ça,
37:45 c'est une semaine historique puisque nous avons célébré
37:48 le 80e anniversaire du débarquement.
37:51 Et je voudrais que ce vendredi soir,
37:53 vous nous racontiez, Philippe Devilliers,
37:55 ce 6 juin 1944, lorsque des milliers de soldats
37:58 ont brisé le mur de l'Atlantique et frappé l'ennemi nazi.
38:02 Philippe Devilliers, c'est à vous.
38:04 -Alors...
38:06 D'abord...
38:10 à l'état-major, à Londres,
38:16 on piaf, parce que le temps est mauvais.
38:23 Et qu'il ne permet pas de choisir le jour et l'heure.
38:27 On attend une conjonction favorable,
38:30 c'est-à-dire un plafond haut et une marée basse.
38:34 Le plafond haut, flanqué d'une lune tardive
38:38 pour permettre aux 18 000 parachutistes
38:43 d'être protégés par l'obscurité,
38:46 et une marée basse pour déverser, justement,
38:49 une marée humaine d'assaillants sur les plages.
38:51 Parce que, comme l'a dit très bien Rommel lui-même,
38:55 la guerre se gagnera sur les plages.
38:58 Et voici que tout s'accélère.
39:01 Le 5 juin, à 21h15,
39:05 les chefs de la Résistance, l'oreille collée au poste,
39:09 écoutent la BBC et captent un message,
39:11 un message sibilin, le message Verlaine.
39:15 "Les sanglots longs des violons de l'automne
39:18 blessent mon cœur d'une longueur monotone.
39:22 Nation littéraire, même en guerre, la France."
39:27 Alors, on a compris, c'est pour cette nuit.
39:30 Les sanglots longs, c'est pour cette nuit.
39:33 Décolle tout feu éteint depuis Londres,
39:41 des centaines d'avions et de planeurs
39:44 chargés de milliers d'hommes.
39:48 On sait, ils savent, ils devinent
39:51 que le jour qui va poindre sera le jour le plus long.
39:56 La nuit est noire pour l'instant.
40:03 Les paras et les commandos tentent de se regrouper
40:08 à l'aide d'une petite cresselle métallique
40:12 qui imite le coassement des grenouilles.
40:15 Quand on entend un "grrr",
40:18 c'est qu'il y a un parachutiste dans un fossé.
40:22 Si on entend deux "grrr", c'est qu'un autre lui répond.
40:27 Alors, évidemment, l'image la plus impressionnante,
40:30 c'est celle du clocher de Sainte-Mère-l'Église,
40:33 où est accroché un grand parachute blanc,
40:36 au suspens desquels est pendu un Américain,
40:42 un parachutiste américain.
40:46 La Normandie, la côte Normande est proche, elle est là.
40:53 Il y a les barges de débarquement qui ralentissent.
40:57 C'est le signe qu'on arrive.
40:59 Et il y a deux péniches qui se détachent
41:04 à l'avant de la flotte d'invasion.
41:08 Les Britanniques rendent aux 177 Français
41:17 du commando Kieffer
41:20 la politesse de la bataille de Fontenoy.
41:24 "Messieurs les Français, maintenant, c'est à vous de tirer."
41:28 Et les Français débarquent les premiers.
41:32 Et parmi ces Français, il y a beaucoup de Bretons.
41:35 Et parmi ces Bretons, il y a deux cousins,
41:38 Bolloré, Gwénoën et Marc.
41:43 Ils n'ont peur de rien.
41:46 On dit que c'est leur ADN.
41:51 Ainsi le rapporte la commission d'enquête.
41:55 Les plages sont hérissées
42:01 de fer entrecroisés.
42:04 On se croirait en enfer.
42:06 Le sol se soulève.
42:10 Il vibre, il tremble.
42:13 Les Rangers montent à l'assaut de la falaise,
42:18 la pointe du Hoc.
42:19 Et peu à peu, les Alliés progressent.
42:24 Et puis, finalement, très vite, la bataille de France est gagnée.
42:28 Mais alors commence un autre combat
42:33 dont on ne parle plus et que je voudrais évoquer.
42:36 Il se trouve que j'ai bien connu
42:42 et apprécié le porte-parole de la France libre,
42:48 Maurice Schumann, l'académicien, pas Robert le sacristain.
42:53 Maurice Schumann.
42:55 Et il m'a dit ceci.
42:57 "Philippe, voilà ce qui s'est passé.
43:00 Lorsque les Alliés sont arrivés,
43:03 ils ont voulu nous imposer
43:06 une autorité militaire d'occupation
43:11 américano-britannique qui s'appelait l'Angotte.
43:16 Et ils sont arrivés avec du papier-monnaie.
43:19 Ils ont imprimé des billets de banque,
43:24 des billets qui avaient le format du dollar.
43:28 Et là, pour la France, c'était inacceptable.
43:33 De Gaulle s'est levé, il s'est dressé.
43:36 Il a dit, "Comment un commandement étranger
43:38 peut-il vouloir battre aux monnaies sur le territoire français ?"
43:44 Et c'est ainsi que la France a recouvré sa liberté.
43:47 Il a installé des préfets, il a déchiré la fausse monnaie,
43:50 comme il disait, et le front est revenu.
43:54 Et la France a retrouvé
43:57 les instruments régaliens de sa souveraineté.
44:00 Le 24 août,
44:03 le bourdon de Notre-Dame sonnait.
44:08 La capitale chavire, Paris,
44:11 Paris outragé, Paris martyrisé, Paris libéré.
44:16 Et là, c'est toute la France de Tolbiac,
44:21 de Bouvines, de Jeanne,
44:25 d'Ausserlitz, de Verdun.
44:28 C'est la France de nos pères,
44:30 c'est la France de toujours,
44:32 les ombres héroïques qui se rejoignent.
44:36 La France ne peut pas mourir.
44:39 -Merci, Philippe Devilliers.
44:41 Merci à vous également, Geoffroy Lejeune.
44:43 À la semaine prochaine, qui sera la dernière de la saison.
44:47 Donc on a hâte, évidemment, d'être à vendredi.
44:50 Ça va nous manquer, mais on a besoin peut-être
44:52 de reprendre un peu d'énergie, de batterie pendant l'été
44:55 pour revenir encore plus fort en septembre prochain.
44:59 Merci à tous les deux.
45:00 Dans un instant, c'est l'heure des pros.
45:02 Bien sûr, l'heure des pros 2. À tout de suite.
45:04 ...

Recommandations