Jacques Pessis reçoit Sylvie Tellier : elle a été Miss France, elle a dirigé le comité de l’élection pendant 20 ans. Elle se raconte dans un livre « Couronne et préjugés ». Une confession souriante (Fayard).
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-06-17##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous auriez dû devenir avocate.
00:08Le noir n'a finalement pas souvent été la couleur de vos robes.
00:12Et ce n'est que justice de constater combien votre détermination
00:15vous a permis de surmonter les épreuves de la vie
00:18que vous racontez aujourd'hui dans un livre.
00:21Bonjour Sylvie Tellier.
00:22Bonjour Jacques Pessis, merci de m'accueillir.
00:24C'est un bonheur de vous recevoir pour ce livre
00:26couronne et préjugé chez Fayard.
00:28Un livre qu'on va évoquer bien sûr en long et en large
00:30et qui est le fil conducteur des clés d'une vie aujourd'hui
00:33puisque, je dois vous avouer, j'ai choisi les dates de votre vie
00:35en fonction de ce livre.
00:37Et justement, la première date que j'ai trouvée
00:40c'est le 13 septembre 1997.
00:44C'est l'élection de Sophie Tallman, Miss France.
00:46Et je crois que cette élection vous a fait rêver, Sylvie Tellier.
00:50Alors, oui, 13 décembre 1997.
00:53Sophie est élue Miss France 98.
00:55Et c'est vrai que ce jour-là je suis devant ma télévision
00:57et je me dis, ah, un peu d'audace,
01:00beaucoup d'élégance, mais avec grâce et sourire.
01:03Et c'est vrai que...
01:05Bon, je regardais l'élection chaque année avec maman
01:07parce qu'on est un clan de filles et on regardait Miss France chaque année.
01:09Mais c'est vrai que cette année-là,
01:11elles étaient toujours belles les Miss France
01:13mais j'ai trouvé qu'il y avait...
01:15Voilà, que Sophie avait fait preuve d'ambition, d'audace,
01:18elle avait un petit peu bousculé les codes.
01:21Et oui, oui, c'est vrai que ça en tout cas,
01:24ça m'a motivée à continuer l'aventure Miss France.
01:27Il se trouve qu'elle annonce dans l'émission
01:29qu'elle va remplacer un jour Jean-Pierre Foucault,
01:31ce qui fait rire tout le monde.
01:32Est-ce qu'il a été le cas ?
01:33Puisqu'elle est devenue animatrice de télévision.
01:35Exactement, elle n'a pas remplacé Jean-Pierre
01:37mais elle a fait beaucoup d'émissions.
01:39On l'a retrouvée aux côtés de Jean-Pierre Pernaut,
01:41dans Combien ça coûte,
01:42elle a travaillé sur Wikipédia,
01:44beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de télé.
01:46Alors, je crois que votre première déception,
01:48et vous le racontez dans ce livre, Sylvie Tellier,
01:50c'est un concours Miss Pays de la Loire.
01:52Car vous êtes deuxième.
01:54Alors, déception, oui, comme toute compétition,
01:56parce que je suis une compétitrice dans l'âme
01:58et je ne suis pas mauvaise perdante,
02:00mais quand même, voilà,
02:02arriver première dauphine
02:04et voir s'envoler justement vos rêves
02:06de vous présenter à l'élection de Miss France,
02:08bon, ça ne fait pas toujours plaisir,
02:10mais voilà, je trouve que
02:12les échecs font aussi partie
02:14de ce que nous sommes
02:16et nous aident à avancer.
02:19Et à l'époque où vous habitez les Sables d'Olonne,
02:21je crois, où il y a beaucoup plus de monde
02:23l'été que l'hiver,
02:25il y a quelqu'un de très célèbre
02:27qui s'est réfugié aux Sables d'Olonne
02:29pendant la guerre à cause de la guerre civile espagnole,
02:31c'est Paco Rabanne.
02:33Il a passé toute sa jeunesse là-bas.
02:35Alors, votre famille,
02:37il y a un père,
02:39et le père qui est chauffeur de taxi,
02:41il y a une chanson très célèbre
02:43qui a été écrite par un chauffeur de taxi.
02:49Vous ne connaissez pas cette chanson,
02:51ça a été en 1970 un immense succès,
02:53le succès de Pierre Perrin,
02:55qui était chauffeur de taxi,
02:57et ça a été le grand succès de l'année.
02:59Il n'a rien fait d'autre ensuite,
03:01mais ça a marqué cette époque.
03:03Alors, il y a les Sables d'Olonne et il y a Elbeuf
03:05où vos parents se sont rencontrés.
03:07Mes parents sont originaires de Normandie.
03:09Maman est née
03:11à Thuissimier, un petit village à côté d'Elbeuf,
03:13et mon père est né à Elbeuf, il me semble,
03:15et ils se sont rencontrés jeunes.
03:17Et ils décident de se marier
03:19et de quitter la Normandie.
03:21Il y a quelqu'un de très célèbre qui est né aussi à Elbeuf,
03:23c'est André Moreau,
03:25un écrivain célèbre,
03:27qui a traduit le poème de Kipling,
03:29« Tu seras un homme, mon fils ».
03:31Il se trouve que vous avez vécu une quinzaine
03:33de déménagements dans vos jeunes années.
03:35Oui, on déménage beaucoup.
03:37Mes parents ont beaucoup déménagé
03:39parce qu'ils ouvraient des magasins de chaussures
03:41tous les deux, et c'est comme ça que j'ai atterri
03:43à Nantes et que je suis née à Nantes.
03:46J'en ai une qui est née à Paris.
03:48On a beaucoup bougé.
03:50Je suis née à Nantes et j'ai grandi au Sable d'Olonne.
03:52Quand mes parents ont divorcé,
03:54on est arrivé dans cette petite ville
03:56qui est très jolie.
03:58Il y a toujours beaucoup plus de monde l'été que l'hiver,
04:00mais ça s'est pas mal développé.
04:02Vous racontez dans ce livre avec beaucoup d'émotion
04:04ce divorce qui vous a marqué profondément.
04:06Tout divorce marque des enfants.
04:08Je crois que c'est le lot.
04:10Je dis que je suis issue d'une famille banale
04:12dans mon livre, pas pour minimiser
04:14on est dans les années 90.
04:16Les divorces sont en masse.
04:18Mais oui, c'est vrai que c'est pas évident
04:20pour des enfants
04:22de perdre une figure paternelle
04:24et puis de se retrouver.
04:26Maman s'est retrouvée toute seule à 40 ans
04:28sans travail, elle a élevé
04:303 enfants, donc famille monoparentale.
04:32On ne parlait pas à l'époque de garde partagée
04:34ces choses qui n'existaient pas.
04:36Malheureusement, j'ai vu des chiffres
04:38il n'y a pas très longtemps, ça n'a pas beaucoup évolué
04:40parce que j'ai vu que 83% des familles monoparentales
04:42étaient encore des femmes.
04:44C'est vrai que c'est pas évident
04:46parce que quand vous êtes à la maison
04:48et que maman galère
04:50et qu'on vous apprenait à compter sur tout
04:52ça forge un peu un caractère.
04:54En même temps, il faut tenir le choc dans tout ça
04:56parce que votre mère faisait des miracles pour les budgets
04:58je crois qu'elle travaillait chez les chaussures André, c'est ça ?
05:00En fait, quand elle était
05:02avec mon papa, oui, il travaillait pour les chaussures André
05:04donc quand elle arrive au Sable d'Olonne, maman n'a plus de travail
05:06parce que mon papa entre temps avait pris
05:08une auto-école, elle faisait un petit peu de compta
05:10et elle a eu la chance
05:12de rencontrer un couple extrêmement bienveillant
05:14je le raconte dans le livre
05:16c'est monsieur et madame Bossard
05:18je les cite parce que vraiment je les embrasse
05:20et je les remercie infiniment
05:22qui ont donné la chance à maman, ils l'ont embauchée
05:24comme vendeuse de chaussures dans la rue des Halles
05:26au Sable, c'était un petit boulot
05:28au SMIC, mais ça lui a permis en tout cas
05:30de nous élever dans le respect
05:32et avec toujours beaucoup d'amour.
05:34Et vous élevez sans que vous osiez demander
05:36quoi que ce soit à votre mère, vous vous débrouillez
05:38toutes seules ?
05:40Quand vous êtes dans une famille comme ça de femmes
05:42et que vous voyez maman effectivement
05:44faire le maximum, travailler
05:46beaucoup, avec pas beaucoup d'argent
05:48vous essayez de faire pas trop de bruit
05:50et surtout de ne pas demander
05:52trop de choses parce que je voyais bien que maman
05:54faisait le maximum pour nous.
05:56Et vous trouvez des petits boulots de vendeuse ?
05:58Ah oui j'ai fait beaucoup de boulot, ça c'est sûr !
06:00Vous avez même été croupière dans un casino ?
06:02J'ai été croupière dans un casino, j'ai été mère Noël
06:04je faisais des animations en grande surface
06:06je crois que j'ai ramassé des balles dans un
06:08club de tennis, je collais
06:10des affiches l'été.
06:12Je discutais hier avec
06:14quelqu'un et j'entendais qu'en fait on ne peut pas
06:16Ah bah si, c'est Artus qui a dit ça dans le cadre
06:18de la promotion de son
06:20film qui disait qu'on ne peut pas
06:22aujourd'hui on ne peut pas être acteur
06:24si on n'a pas travaillé avant
06:26et il racontait en fait son histoire personnelle
06:28où lui s'est retrouvé comme ça à faire griller des merguez
06:30pour je ne sais pas combien de personnes
06:32dans le sud de la France pour des petits boulots
06:34et il a raison, je trouve qu'en fait tous ces jobs
06:36nous montrent à quel point
06:38nous donnent cette valeur travail
06:40et fait que plus tard quand
06:42le succès arrive on est encore plus reconnaissant.
06:44Alors les études justement, au départ vous entendez
06:46votre père dire que vous feriez un BEP
06:48et vous ça ne vous va pas du tout
06:50et vous allez prendre le contre-pied
06:52de tout ça Sylvie Tellier. Oui je raconte
06:54un petit peu dans le livre, c'est
06:56malheureusement le quotidien de
06:58divorce, c'est quand les parents divorcent
07:00il y a des questions de pension alimentaire, il y a des questions
07:02de que vont faire les enfants, qui paiera
07:04les études et moi j'ai ce côté
07:06un peu, je suis déjà un peu taquine à l'époque
07:08et je dis à mon papa que je ferai les études
07:10les plus longues possibles et inimaginables rien que pour
07:12l'embêter. Donc médecine et avocat
07:14au départ. Oui je disais médecine au départ et puis
07:16en fait non, vite fait maman
07:18en fait est à l'aide juridictionnelle
07:20et tombe sur un avocat qui la protège pas
07:22beaucoup et à ce moment-là
07:24j'ai comme un éclair
07:26je me suis dit, j'ai envie de
07:28je serais, j'avais un côté justiciaire
07:30j'avais envie de faire du droit
07:32j'avais envie aussi, j'adorais la
07:34plaidoirie, je trouvais que
07:36l'éloquence des avocats est un truc fantastique
07:38et très vite j'ai su que je voulais être avocate
07:40Oui d'ailleurs ça vous a aidé
07:42vos études parce que parler en public
07:44c'était pas évident pour vous au départ
07:46Oui c'est vrai, j'étais une petite
07:48fille, une ado assez discrète
07:50au début et quand vous faites des études
07:52de droit et que vous assistez à toutes ces
07:54concours de plaidoirie
07:56et puis de toute façon il faut à un moment donné
07:58il faut se lancer et pour ça Miss France
08:00m'a beaucoup aidée parce que quand vous vous retrouvez
08:02à 17 ans, à prendre le micro
08:04devant une salle de 600 personnes
08:06à vous présenter et à quelque part
08:08argumenter pour qu'on vote
08:10pour vous parce que vous faites campagne
08:12j'ai souvent, les Miss France elles font campagne
08:14pour être élue, automatiquement ça
08:16tout d'un coup ça désinhibe un peu
08:18Oui et en même temps d'ailleurs vous avez eu
08:20l'honneur suprême d'être l'invité
08:22d'honneur d'un concours de plaidoirie sur le thème
08:24des Miss France. Oui, ça c'était
08:26un moment assez gênant parce que
08:28je dévoile dans le livre
08:30quel est le thème du concours de plaidoirie
08:32il faut resituer, on est en 2001
08:34quand Jean-Pierre Foucault me demande
08:36pourquoi je suis là dans les 5 finalistes
08:38je réponds à Jean-Pierre, écoutez
08:40il me dit mais si jamais vous êtes élue Miss France
08:42qu'est-ce qu'il va se passer ? Je dis à Jean-Pierre, le barreau de Lyon
08:44m'attendra. Petite prétentieuse
08:46parce que je suis juste, je prépare le CRFPA
08:48j'ai pas encore passé le concours
08:50alors évidemment les avocats se sont un petit peu
08:52moqués de moi et l'année d'après
08:54il m'invite à Lyon et le concours de plaidoirie était
08:56Miss France donne-t-elle le barreau ?
08:58C'est un peu gênant.
09:00C'est vrai que les études n'ont pas été simples, d'abord il y a eu l'internat
09:02qui ne vous a pas plu, ensuite le bac
09:04et ensuite
09:06la fac de Nantes où ça n'a pas été évident
09:08la première année. Non, ça n'a pas été
09:10évident la première année parce que moi maman m'explique
09:12très rapidement que faire des études, oui pourquoi
09:14pas, mais que malheureusement elle n'aura pas les moyens
09:16de m'aider donc je me retrouve
09:18en première année de droit à Lyon, à Nantes
09:20pardon, et donc j'alterne
09:22les petits boulots, la fac
09:24je me prends pour une superwoman et je pense que tout
09:26va bien se passer et puis le coup prêt tombe
09:28je crois que je finis avec 9,87 de moyenne
09:30donc je rate ma première année de droit, je perds
09:32mes bourses et là c'est le drame
09:34parce qu'en fait il vous reste quoi quand vous perdez votre
09:36bourse ? C'est retour à la caisse départ
09:38ou rien du tout et j'ai pas
09:40envie d'abandonner donc
09:42je bosse deux fois plus et je continue
09:44et c'est vrai que j'ai la chance
09:46d'ensuite de partir en
09:48licence, en maîtrise et de faire mes études mais
09:50c'est pas évident quand on est étudiant
09:52on est dans un service aujourd'hui, dans un pays
09:54où on a la chance de pouvoir faire des études gratuitement
09:56mais quand même il faut, quand vous êtes
09:58d'un petit village, il faut se loger, il faut se
10:00nourrir et ça c'est pas facile
10:02Oui et un logement très particulier parce que je crois
10:04que vous aviez une vue à Lyon sur les
10:06miradors de la prison, c'est pas terrible
10:08comme décor ! Oui je raconte dans
10:10le livre ma transition entre Nantes
10:12et Lyon et encore une fois comme
10:14je vis avec trois bouts de ficelle
10:16ben quand je pars
10:18pour faire ma licence à Lyon
10:20je réserve mon, c'était le début d'internet
10:22je réserve mon appartement
10:24par internet, on dit il faut absolument que t'habites
10:26sur la presqu'île dans le deuxième arrondissement
10:28y'a pas de problème de sécurité, c'est chic et tout
10:30sauf que je me trompe, je vois une annonce
10:32pas chère du tout dans le deuxième arrondissement
10:34je me dis super, les photos de l'appartement
10:36sont hyper jolies sauf qu'effectivement
10:38j'ai pas vu que ça donnait sur la prison
10:40Saint-Paul et que le mirador donne chez moi
10:42donc en fait je vivais un peu avec les
10:44prisonniers
10:46Vous n'étiez pas inquiétée comme ça ?
10:48Non, il m'avait attribué un petit surnom assez sympathique
10:50que je garderai pour moi
10:52parce que c'était un petit peu vulgaire
10:54mais voilà, je vis dans cet appartement
10:56pendant deux ans
10:58et voilà, ce sont les
11:00aléas de la vie, c'est comme ça
11:02et on n'en meurt pas. Et même on vit
11:04encore mieux après, surtout après la date
11:06du 8 décembre 2001. A tout de suite
11:08sur Sud Radio avec Sylvie Tellier
11:10Sud Radio, les clés d'une vie
11:12Jacques Pessis
11:14Les clés d'une vie, mon invité Sylvie Tellier
11:16pour ce livre couronne et préjugé
11:18chez Fayard dont on parle tout au long de cette émission
11:20puisque les dates clés sont liées à ce livre
11:22et on évoquera tout à l'heure les raisons
11:24pour lesquelles vous avez écrit ce livre
11:26donc 8 décembre 2001
11:28effectivement, le grand soir
11:34Vous en parlez encore
11:36avec des larmes dans les yeux
11:38Vous savez, j'ai travaillé 17 ans
11:40pour Miss France, j'adore ce concours
11:42je suis la première à le défendre, même si je l'ai quitté
11:44et ce ne seront que des souvenirs
11:46magiques. Vous êtes élue Miss France
11:48est-ce que vous avez encore en mémoire
11:50le sentiment de cette élection de ce moment ?
11:52Je crois que je me souviens de tout
11:54je me souviens surtout, on est en 2001
11:56et Gérard Collomb vient d'être élu
11:58à la mairie de Lyon
12:00et on est le soir du 8 décembre
12:02donc c'est la fête des Lumières à Lyon
12:04à l'époque il y a encore les fax, ça a fait rire certains
12:06mais je descends, on était à l'hôtel
12:08je descends pour préparer pour partir
12:10à l'élection de Miss France et là on me dit
12:12Miss Lyon vous avez un fax ?
12:14et Gérard Collomb m'avait envoyé un fax et il m'avait dit
12:16écoute chère Sylvie, je ne pourrai pas être là ce soir
12:18parce que c'est la fête des Lumières
12:20mais j'espère que les Lumières brilleront jusqu'à Mulhouse
12:22et quand je me retrouve le soir de l'élection
12:24où tout d'un coup je suis dans les 12 finalistes
12:26et que Jean-Pierre Foucault me tend le micro
12:28évidemment je ne peux parler que de ça, que de Lyon
12:30et je me dis en fait c'est la fête des Lumières
12:32tous les Lyonnais vont être sortis dans les rues
12:34personne ne va voter pour moi
12:36Et le moment précis où vous apprenez que c'est vous ?
12:38Alors déjà je suis persuadée
12:40depuis le début de la soirée que c'est Sandra Bisson
12:42Miss Guadeloupe qui va être élue parce que pour moi
12:44c'était l'une de mes favorites
12:46je la trouvais complète, elle était sympathique
12:48elle était élégante
12:50et le moment
12:52où Yves Coppens
12:54annonce Miss France et Miss Lyon
12:56je suis complètement choquée
12:58parce que je ne m'y attends pas du tout
13:00et je suis choquée parce que je me dis waouh
13:02qu'est-ce qui va m'arriver en fait, moi qui suis quelqu'un qui prévoit tout
13:04je suis un peu carrée
13:06j'étais déjà inscrite à l'IEJ
13:08je savais que j'avais passé le concours d'avocat
13:10je devais partir en stage à Boston
13:12parce que j'avais fait une maîtrise au raccomparé
13:14ma vie elle était déjà planifiée
13:16je voulais juste m'accorder ce petit moment de folie
13:18avant le concours, et là tout d'un coup
13:20tout s'effondre
13:22je me dis mais c'est le grand saut
13:24ou qu'est-ce qui va m'arriver ?
13:26Surtout que pendant les quelques semaines qui ont précédé la répétition
13:28où il y a des tas de rencontres
13:30et de voyages, vous avez réclamé le monde
13:32dans un hôtel je crois
13:34oui, parce que
13:36je prépare le concours d'avocat
13:38à l'époque il y a une loi qui est en train de passer sur la bioéthique
13:40il y a une jurisprudence
13:42que je voulais avoir accès aux infos
13:44on n'a pas internet
13:46c'était le début d'internet 2001, il fallait aller dans la petite salle
13:48devant l'ordinateur
13:50où toutes les filles étaient là pour envoyer
13:52des messages à leurs parents
13:54et je demande le monde à la réception
13:56et là, drame, parce qu'il y a certaines candidates
13:58qui disent mais pour qui se prend-t-elle ?
14:00l'un tel ou l'autre service, alors qu'il y avait des filles
14:02qui étaient extrêmement diplômées
14:04dans ma promotion, je pense à Miss Auvergne
14:06Hélène qui était à Sciences Po Toulouse
14:08j'avais des jeunes femmes
14:10qui étaient en école d'ingénieur
14:12mais à l'époque on ne parlait pas des diplômes des Miss
14:14on parlait plutôt de leur tour de poitrine
14:16plutôt que leur diplôme en fait
14:18il se trouve aussi que tout a commencé
14:20je crois dans un petit village, Esnay
14:22à 20 km de chez vous, avec l'élection
14:24de Miss Vendée
14:26oui, Esnay qui est à côté des Sables d'Olonne
14:28à l'époque, donc j'ai 18 ans à peine
14:30et j'ai un petit copain de l'époque
14:32et sa maman, qui est une femme
14:34très coquette, me dit
14:36pourquoi tu ne te présentes pas à Miss Vendée ?
14:38pourquoi je ne me présente pas ?
14:40je n'ai pas les critères, ce n'est pas moi, je ne suis pas Miss
14:42et c'est elle qui m'incite
14:44à me présenter
14:46et résultat, vous êtes arrivée avec une robe
14:48confectionnée par votre mère, je crois
14:50et c'était les patrons, ce qu'on ne voit plus dans les magazines
14:52c'est-à-dire qu'on faisait la robe à partir du patron du magazine
14:54je ne sais pas si vous vous souvenez
14:56mais on allait dans la boutique
14:58on tournait les feuilles
15:00et on choisissait son patron
15:02et maman était très douée en couture
15:04en revanche, elle n'était pas très douée en patronage
15:06donc elle me disait
15:08il faut que tu me trouves un patron, je ne peux pas te faire ta robe
15:10à main levée, et donc
15:12on avait choisi un patron, mais qu'elle avait quand même modifié
15:14elle avait passé des heures à me fabriquer ma robe
15:16j'étais tellement fière d'être sur scène
15:18avec cette robe de maman
15:20les premiers patrons datent du 19ème siècle
15:22dans un journal qui s'appelait La Mode Illustrée
15:24et depuis, c'est devenu une tradition
15:26jusqu'à aujourd'hui, il y en a quand même beaucoup moins
15:28oui, c'est vrai
15:30alors il se trouve que vous remportez de Miss Vendée
15:32et ensuite c'est Lyon, et vous allez réveiller votre mère
15:34en pleine nuit, Sylvie Thébier
15:36oui, parce que je sais que maman
15:38suit l'élection de Miss France tous les ans
15:40moi je n'ai pas gagné Miss Pays-Gloire
15:42je n'ai pas allé à Miss France, je fais mon droit
15:44et tous les ans elle me dit, mais pourquoi
15:46tu ne te représentes pas, juste pour voir
15:48et un jour avec ma soeur aînée
15:50je vois un article dans le Progrès
15:52comme quoi il y a une sélection pour Miss Lyon
15:54et ma soeur me dit
15:56allez, on y va
15:58si on y va et que je perds encore, maman sera tellement triste
16:00et en fait je décide d'y aller sans le dire à maman
16:02et quand je suis élue Miss Lyon
16:04je la réveille à minuit et demi et je lui demande
16:06c'est l'anecdote, il faut lire le bouquin
16:08je ne peux pas tout vous raconter
16:10il y a un fil rouge qui est maman
16:12dans mon livre, et le fil rouge
16:14c'est aussi son petit tailleur noir
16:16et vous découvrirez pourquoi
16:18et je réveille maman en disant, est-ce que tu as toujours ton tailleur noir
16:20et elle me dit, mais pourquoi, qu'est-ce qu'il y a
16:22et je lui annonce que je pars rencontrer Jean-Pierre Foucault
16:24à Miss France. Et l'émotion de votre mère
16:26lorsque vous êtes devenue Miss France
16:28C'est maman qui est quand même très
16:30vulubile, qui est une femme
16:32qui est... là, ce soir-là
16:34en fait, maman elle est assise, elle est choquée
16:36elle est assise dans son siège à Mulhouse
16:38et c'est quelqu'un qui vient la voir
16:40et qui lui dit, mais je crois que c'est votre fille
16:42sur scène qui vient de gagner. Maman est autant
16:44choquée que moi je pense. C'est fou hein
16:46Ouais c'est fou. Alors il se trouve aussi que c'est l'occasion
16:48de passer une année
16:50de folie totale
16:52et ce qui vous a sauvé pendant cette année-là, c'est le sport
16:54courir tous les jours. Alors maman
16:56est marathonienne. Ma mère s'est mise
16:58alors, elle divorce à 40 ans
17:00elle fait pas de sport et
17:02maman se met au sport et devient
17:04marathonienne et moi j'ai été
17:06j'ai grandi avec maman
17:08l'accompagner, l'encourager pour les 10 kilomètres
17:10les semis, le marathon
17:12et maman m'a toujours appris à aborder
17:14que ce soit les études ou
17:16elle m'a toujours dit, en fait faire du sport
17:18déjà c'est bon parce qu'on est en forme
17:20ça apprend l'effort
17:22ça apprend la notion de compétitivité
17:24de compétition pardon
17:26et oui j'aborde Miss France
17:28en faisant du sport, c'est important
17:30Alors bien sûr c'est la rencontre avec
17:32Geneviève de Fontenay que vous racontez dans ce livre
17:34et on se rend compte combien
17:36elle a été importante pour vous, même si elle n'était pas facile
17:38jusqu'à la fin. Oui oui
17:40Geneviève fait partie de ces grandes dames
17:42je trouve
17:44de notre époque, qui ont marqué notre époque
17:46et même comme vous le disiez elle n'était pas facile
17:48parce que c'est une femme de caractère
17:50moi aussi je n'étais pas facile de mon caractère
17:52mais c'est une femme qui pour moi
17:54quand je l'ai rencontrée pour moi c'était une icône
17:56elle avait créé cette image
17:58ce chapeau, cette tenue en noir et blanc
18:00qui était quand même une création marketing
18:02très avant-gardiste parce qu'on repérait Geneviève
18:04sur un quai de gare à 300 mètres
18:06à la ronde
18:08et oui oui je sais que cette année
18:10va être difficile mais j'ai toujours eu
18:12beaucoup de respect pour les femmes
18:14d'engagement et de conviction
18:16et moi je me souviens de Geneviève de Fontenay
18:18encore artisanale
18:20lorsqu'il n'y avait pas le concours Miss France
18:22elle prenait l'avion ou le train
18:24avec sa miss
18:26qui était habillée bien sûr en Miss France
18:28et ne lui passait rien
18:30elle travaillait vraiment à chaque détail de son quotidien
18:32ah oui oui Geneviève était extrêmement exigeante
18:34c'est moi parfois
18:36dans les dernières années quand je l'ai vue
18:38parfois quand j'entendais les journalistes dire
18:40ah dis donc Sylvie quand même elle est un peu dure
18:42elle exige que les filles soient là
18:44tout à l'heure
18:46vous savez pas comment ça se passait nous à l'époque
18:48je me souviens à l'époque je dormais parfois avec mon chignon
18:50parce que j'avais tellement peur de ne pas être chignonnée à l'heure le matin
18:52que je dormais la tête en avant sur mon oreiller
18:54en me disant au moins Geneviève n'aura rien à dire
18:56à ma coiffure et quelque part
18:58oui c'était dur, oui parfois c'était un peu
19:00démesuré mais je trouve
19:02que Geneviève nous a appris le respect
19:04le respect de nous même, le respect des autres
19:06le respect de l'autorité, le respect des horaires
19:08tellement un sujet d'actualité en ce moment
19:10moi j'ai trois enfants et je peux vous dire que je me bats
19:12avec cette histoire de respect et de valeur
19:14travail
19:16ça quand même, moi j'ai vécu ça
19:18pour moi c'était une chance
19:20d'avoir été encadrée par Geneviève de Fontenay
19:22même si c'était à la dure
19:24oui mais en même temps c'était sa vie
19:26moi je la connais depuis mes débuts
19:28j'ai toujours vu ne vivre que pour Miss France
19:30elle ne vivait que pour ça
19:32elle avait pas de version
19:34elle avait pas une vision mercantile Geneviève d'ailleurs
19:36elle l'a toujours dit, c'est pas elle qui voulait vendre le concours
19:38c'est son fils, et c'est bien pour ça qu'elle a tellement
19:40mal vécu les dernières années
19:42parce que signe avec elle, elle n'aurait jamais vendu
19:44Miss France
19:46et moi je me souviens d'avoir interviewé chez elle
19:48et vous dites dans votre livre que c'est un appartement qui appartenait
19:50au passé, c'est vrai ?
19:52oui, il y avait les émeaux de Longueuil
19:54accrochés au mur
19:56le petit transistor à piles
19:58le temps s'était
20:00arrêté chez Geneviève
20:02l'immeuble était construit sur la résidence
20:04d'une comédienne, Viviane Romance
20:06je crois qu'elle était une éphémère Miss Paris
20:08et qui a été aussi l'actrice
20:10une des actrices les plus célèbres de France
20:12mais l'actrice la plus giflée du cinéma français
20:14dans chaque film elle prenait des claques
20:16alors
20:18elle a dit un jour Geneviève
20:20que vous lui deviez votre place
20:22à la direction
20:24de Miss France, et là dans ce livre qui s'appelle
20:26le courant des préjugés, c'est un préjugé
20:28car c'est vrai qu'elle vous a aidé mais c'est aussi
20:30votre travail. Alors je lui dois ma place
20:32parce qu'à l'époque
20:34Xavier Couture qui était le patron
20:36de Casse Productions, qui travaillait chez Andemol
20:38et qui dirigeait Miss France
20:40m'appelle pour me proposer ce travail
20:42il m'appelle après avoir demandé
20:44l'autorisation à Geneviève de lui demander ce travail
20:46en fait je dois ma place à Miss France
20:48je dois ma place à Geneviève
20:50en revanche
20:52on me propose cette place aussi parce que
20:54je suis moi et parce que j'ai mon
20:56background et parce que j'ai été étudiante en droit
20:58et parce que j'ai écrit le bouquin de Geneviève
21:00et que Geneviève a très rapidement compris
21:02qu'avec moi il y aurait discussion
21:04il y aurait souvent confrontation
21:06je pense aux maillots de main, deux pièces, à toutes ces choses là
21:08qu'elle ne voulait pas évoluer, qu'elle ne voulait pas changer
21:10mais elle savait aussi que
21:12mon arrivée allait permettre au concours certainement
21:14d'évoluer et de perdurer
21:16c'est ce qui a été le cas, vous parlez beaucoup de Geneviève
21:18et d'autres histoires dans ce livre
21:20mais ça je laisse le soin à celles et ceux
21:22qui nous écoutent de le lire
21:24et nous allons évoquer une autre date aussi dans votre vie
21:26c'est le 15 octobre 2016
21:28à tout de suite sur Sud Radio avec Sylvie Tellier
21:30Sud Radio, les clés d'une vie
21:32Jacques Pessis
21:34Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Sylvie Tellier
21:36ce livre couronne et préjugé
21:38Chez Fayard
21:40vos mémoires
21:42Mes mémoires c'est très prétentieux
21:44mon témoignage, j'avais envie de témoigner en fait
21:46témoigner en tant qu'enfant
21:48témoigner en tant que directrice de Miss France
21:50témoigner en tant que maman
21:52témoigner en tant que femme divorcée
21:54c'est très prétentieux de dire
21:56parce que je n'ai pas fait grand chose
21:58et puis je ne suis pas très vieille
22:00non, c'est plus un témoignage
22:02vous êtes toujours jeune, ce n'est pas la même chose
22:04mais on va justement parler de ce livre tout à l'heure
22:06plus en détail, mais le 15 octobre 2016
22:08qu'est-ce qui s'est passé ?
22:10c'est le début de cette émission
22:14la saison 7
22:16et moi je fais partie de ceux à qui on a sans cesse répété
22:18au bout de 4 semaines
22:20mais pourquoi Sylvie Tellier est sortie ?
22:22un scandale !
22:24j'étais super triste
22:26parce que c'est la première fois
22:28que je pouvais
22:30parce que vous savez, en tant que directrice
22:32à chaque fois qu'on vous convie dans une émission
22:34c'était pour me parler de règlement, d'une jeune femme qui a été destituée
22:36et puis du coup
22:38après on me fait un espèce de raccourci
22:40en me disant, Sylvie elle n'est pas sympa, elle n'est pas drôle
22:42je ne suis pas drôle, vous me faites parler d'éviction à chaque fois
22:44là c'était la première fois dans ma vie
22:46où je participais à une émission où je pouvais m'amuser
22:48j'ai adoré danser
22:50j'adore ça, j'avais un partenaire exceptionnel
22:52et oui, je n'ai pas compris
22:54je suis partie, en plus c'était le jour de ma fête
22:56c'était le 5 novembre quand je suis sortie de cette émission
22:58j'étais très triste
23:00mais ça a été un scandale national, Julien Lepers est resté
23:02bon, entre nous, il a eu le mérite de sortir
23:04depuis le début
23:06mais c'est un autre débat
23:08c'est un autre débat
23:10vous savez, je suis fière parce qu'après ils ont changé les règles de l'émission
23:12ah bon ?
23:14après ils ont mis des 50-50, ils ont mis des faces au public
23:16avant ça n'existait pas
23:18moi je suis sortie, je crois qu'on était dans les premiers du classement
23:20puis en 3 secondes, hop, on est sortie
23:22je crois d'ailleurs que même les producteurs
23:24étaient aussi étonnés que vous de votre sortie
23:26oui c'est vrai
23:28ils ont été super parce que
23:30tout le monde était très triste
23:32que je sois partie en fait
23:34donc c'était chouette
23:36ça s'est déchaîné sur les réseaux sociaux et vous dites dans ce livre, Sylvie Tellier
23:38que quand les réseaux sociaux sont nés
23:40vous avez cru que le concours de Miss France
23:42était foutu
23:44oui c'est vrai parce que
23:46vous parlez à une juriste qui pense
23:48qu'en France
23:50on a une présomption d'innocence
23:52mais je trouve que sur les réseaux sociaux
23:54il y a une présomption de culpabilité
23:56à partir du moment où il y a un truc
23:58qui part sur les réseaux sociaux
24:00même si c'est faux
24:02c'est repris dans tous les sens
24:04et j'avais peur qu'avec les réseaux sociaux
24:06déjà il y a un déferlement
24:08de haine
24:10d'attaques sur les candidats
24:12et en fait je me suis trompée
24:14au contraire, les réseaux sociaux
24:16on a eu des déferlements de haine
24:18des candidats qui en ont été victimes
24:20je pense particulièrement à une dauphine
24:22de Miss France qui a été
24:24harcelée
24:26c'était horrible
24:28mais les réseaux sociaux ont quand même permis
24:30une proximité avec le public
24:32donc c'était pas mal aussi
24:34un moment très heureux que vous racontez
24:36le 30 janvier 2017
24:38à Manille, Sylvie Tellier
24:40le plus beau moment de ma vie
24:42restera la naissance de mes enfants
24:44mais c'est vrai que ce 30
24:46ce soir-là à Manille
24:48Iris Mittenaert remporte le titre
24:50de Miss Univers
24:52et ça pour une directrice qui pendant
24:54plus de 15 ans a fait du
24:56lobbying auprès des institutions américaines
24:58a essayé de prôner
25:00la femme naturelle, la femme avec
25:02justement
25:04une aisance à l'oral
25:06un engagement, une femme complète
25:08je suis ravie de ce cadeau
25:10qu'Iris nous fait. Surtout que vous aviez
25:12pressenti cette victoire. Ah oui je le sentais
25:14je le sentais, je sais pas pourquoi
25:16enfin si je sais pourquoi, déjà parce qu'Iris
25:18Mittenaert a été la première à me dire après son élection
25:20de Miss France
25:22ne vois pas ça comme de la prétention mais je rêverais
25:24de participer à Miss Univers. Alors que d'habitude
25:26les Miss elles me disaient oui bon faut partir
25:28un mois de la maison, je parle pas anglais
25:30Iris elle avait
25:32vraiment envie de décrocher cette
25:34couronne et donc
25:36c'est vrai qu'on a mis avec mon équipe, parce que c'est une
25:38victoire d'équipe, je pense qu'Iris
25:40n'aurait pas gagné sans l'organisation Miss France
25:42inversement, on n'aurait jamais fait ce titre sans Iris
25:44qui a été brillante
25:46ce soir-là, elle a
25:48vraiment illuminé l'aréna de Manille
25:50c'est vrai que
25:52j'en étais persuadée parce que
25:54tous les signaux étaient
25:56ouverts. On a vu une jeune femme qui était belle
25:58qui était brillante
26:00qui était en cinquième année de dentaire
26:02qui au début parlait pas très bien anglais parce qu'elle était en dentaire
26:04qui avait travaillé
26:06son anglais, qui avait été faire du sport
26:08pour se fabriquer
26:10avec un body comme on dit dans le jargon
26:12et elle avait mis tellement
26:14d'énergie dans la préparation de ce concours
26:16que pour moi l'échec était impossible.
26:18Ce qui était brillant aussi c'était sa couronne
26:20il y avait 33 cristaux de bohème
26:225 topaz, 198
26:24saphires et 311 diamants
26:26et ce qu'on ne sait pas c'est que la couronne
26:28on la garde ensuite.
26:30La couronne de Miss Universe, la couronne
26:32elle ne la garde pas, elle garde la couronne de
26:34Miss France, mais il me semble que la couronne
26:36de Miss Universe, non elle la rend.
26:38Je pense que depuis le début du concours en 1952
26:40il y a eu 9 couronnes différentes
26:42donc c'est assez particulier
26:44la couronne elle vaut quand même
26:46une fortune.
26:48Alors
26:50ce qui est étonnant aussi
26:52c'est qu'Iris comme vous
26:54vous avez un point commun
26:56c'est que vous échappez
26:58à la formule « Sois belle et tais-toi ».
27:00Alors on est plusieurs
27:02c'est un des chapitres de mon livre
27:04je dis « Miss Saint-Hélo, mission impossible »
27:06et pour moi c'est un préjugé dont on a
27:08beaucoup de Miss ont été victimes
27:10de ce préjugé, comme si ça rassurait
27:12parfois certaines personnes de se dire
27:14que sous prétexte qu'une jeune femme
27:16a quelques qualités physiques
27:18elle a le cerveau vide.
27:20C'est quelque chose que je ne m'explique pas.
27:22Et on a quand même
27:24plein de jeunes femmes, je vois
27:26les dernières années, on a toutes des jeunes femmes
27:28qui font des études, même
27:30baladez-vous dans la rue, on n'a pas besoin d'être dans le concours Miss France
27:32pour voir ça. On a plein de jeunes femmes
27:34qui sont jolies, élégantes, qui font des études
27:36c'est la société qui évolue, c'est chouette.
27:38Et en plus, vous imposez
27:40et vous avez développé un test de culture générale
27:42pour les candidates.
27:44Je ne l'ai pas créé, il existait quand je suis arrivée
27:46en 2000, moi quand j'y ai participé en 2001
27:48sauf que je le trouvais
27:50assez mal fait, j'avoue. Je peux
27:52balancer, c'était Xavier Fontenay qui le faisait
27:54donc je l'avais trouvé, j'avais plein de questions sur les Beatles
27:56j'avais que des questions sur la musique, je ne voyais pas trop l'intérêt
27:58et j'ai voulu
28:00oui, j'ai voulu le changer parce que je voulais
28:02que ce test
28:04ne sanctionne pas une jeune femme
28:06mais que ce test nous permette de savoir
28:08à qui on avait affaire. Pour lui permettre
28:10une fois élue Miss France, potentiellement
28:12d'aller travailler un petit peu ses lacunes
28:14de l'aider si elle avait par exemple
28:16un déficit de culture générale en sport
28:18parce que Miss France, dans son année
28:20elle va aller à Roland-Garros, elle va aller à un Grand Prix
28:22elle va aller aux 24 Heures du Mans
28:24et juste lui donner des clés pour qu'elle aille
28:26un petit peu plus vite dans la vie et lui permettre
28:28de vivre son année de façon exceptionnelle.
28:30Et dans ce questionnaire, il y a des exercices de logique
28:32Oui, c'est vrai
28:34Parce que c'est important justement
28:36Parce que quand elle décolle de Paris
28:38à 19 heures et qu'elle parte à New York
28:40ou qu'elle parte, il faut qu'elle
28:42c'est important de
28:44savoir calculer le décalage horaire
28:46à quelle heure je vais arriver
28:48c'est important de savoir si ces jeunes femmes sont logiques
28:50Et ce que j'ai aussi appris dans votre livre
28:52Couronne et préjugés, c'est que nous, on peut
28:54faire ce questionnaire sur internet
28:56Oui, tous les ans, les Français peuvent passer le test de culture générale
28:58que les candidates passent
29:00ce soir de Miss France
29:02Je vais essayer, on ne sait jamais
29:04Alors, il y a aussi
29:06une chose que vous avez changée, c'est le maquillage
29:08c'est-à-dire que les Miss étaient
29:10obligées de se maquiller toutes seules pendant des années
29:12avant que vous arriviez, Sylvie Tellier
29:14et que vous avez imposé des règles
29:16qui permettent cette aide, notamment au sein de l'agriculture
29:18Alors
29:20il y a toujours eu des maquilleuses à Miss France
29:22moi j'en avais à mon époque, en revanche on n'avait pas
29:24le choix de notre maquillage
29:26c'est-à-dire que je trouve ça assez compliqué
29:28déjà d'imposer, selon le profil
29:30de la personne, sa couleur de peau
29:32sa texture de cheveux, d'imposer
29:34un maquillage uniforme
29:36Après, ce qui a changé effectivement, c'est que dans l'année
29:38Miss France n'avait pas
29:40de maquilleur, de coiffeur
29:42elle devait se préparer et se coiffer toute seule
29:44Moi, franchement, j'étais meilleure avec un code civil
29:46qu'avec un fer à friser, je vous avoue
29:48et j'ai vécu l'enfer pendant mon année
29:50parce que quand Geneviève me disait, il faut arriver avec un chignon
29:52je n'avais absolument pas me chignonner
29:54C'est pour ça que je vous disais tout à l'heure que parfois je dormais avec le chignon
29:56Alors, il se trouve en même temps que
29:58le salon d'agriculture, par exemple, une Miss France
30:00y va traditionnellement, mais là il faut aussi
30:02qu'elle soit maquillée
30:04Oui, après, vous savez Geneviève, à l'époque
30:06elle ne concevait le maquillage qu'avec
30:08un roulage à lèvres rouges
30:10quand vous avez 18 ans, mettre le roulage à lèvres rouges
30:12c'est un peu dur, après on comprend
30:14moi j'ai vieilli, je trouve que le roulage
30:16c'est élégant, je trouve ça chic
30:18mais c'est vrai que parfois l'imposer à une jeune femme de 18 ans
30:20c'est un peu dur
30:22Il y a un concours Miss France Agricole
30:24en 2024, et c'est une éleveuse de brebis
30:26dans le Gers, Lou-Anne Janel
30:28qui l'a remporté cette année
30:30Moi je trouve ça bien qu'il y ait plein de concours qui existent
30:32pour l'agriculture
30:34que ce soit, je sais qu'il y a
30:36des concours maintenant de Miss Mamie
30:38j'ai vu ça, je trouve ça très chouette
30:40Bon, j'ai jamais aimé les mini-Miss et je
30:42validerai jamais, mais voilà
30:44je trouve que les concours de beauté
30:46quels qu'ils soient
30:48en fait ça fait rêver les gens, ça fait du bien
30:50donc il ne faut pas les interdire
30:52au contraire, il faut encourager la multitude de concours
30:54Oui, et puis Miss France c'est quand même
30:56un symbole de l'élégance française
30:58traditionnelle, et ça doit le rester
31:00Ben oui, c'est un vrai sujet
31:02de débat, mais je trouve qu'il faut
31:04se tenir à cette élégance
31:06l'élégance à la française
31:08c'est notre patte, ça fait partie
31:10de notre patrimoine, il faut le garder
31:12Et quand on lit votre livre, on se rend compte que votre quotidien
31:14quand vous étiez directrice de Miss France, Sylvie Tellier
31:16c'était le quotidien d'un ministre
31:18tellement il y a de choses à faire
31:20Je dis souvent qu'on avait des carrières de politique
31:22sans faire de politique
31:24mais oui, les Miss sont des agendas de ministres
31:26et puis surtout, il faut qu'elles aient
31:28une adaptabilité totale, parce qu'elles peuvent
31:30être au salon de l'agriculture le lundi
31:32être à la table d'un chef d'état le mardi et se retrouver
31:34à l'inauguration d'une foire
31:36gastronomique dans le Lot le mercredi
31:38Vous aussi en tant que directrice, vous devez les suivre
31:40Oui, moi je devais les suivre
31:42en plus j'avais le rôle qui n'était pas toujours facile
31:44c'est que j'étais celle qui disait non
31:46Bonjour à Miss France, toi tu es la jeune femme charmante
31:48qui dit oui à toutes tes sollicitations
31:50d'interviews, et moi j'étais celle
31:52qui passait derrière et qui disait ah non ça va pas être possible
31:54on doit y aller, donc ce qui parfois
31:56me vaut un préjugé supplémentaire
31:58dans le bouquin et je le raconte, c'est que j'avais
32:00les gens parfois ne dissociaient pas
32:02la fonction de la femme
32:04heureusement, je pense que depuis
32:06ces dernières années
32:08les gens ont compris, mais quand vous êtes directrice
32:10d'une institution comme ça, c'est vous qui avez les clés
32:12en fait, et le cadre c'est vous qui devez le mettre
32:14et parfois avec un peu d'autorité
32:16Et puis il y avait les histoires d'amour des Miss bien entendu
32:18alors avant la téléréalité
32:20ça a échappé aux journalistes et aux paparazzis
32:22mais ensuite
32:24ça aussi il faut le gérer
32:26Oui, parce que les Miss ont des histoires d'amour
32:28c'est vrai qu'à l'époque de Geneviève
32:30on pensait qu'il était interdit
32:32d'avoir un petit copain et tout ça
32:34pas du tout, moi
32:36quand j'étais chez Miss France, on veut des jeunes femmes
32:38qui sont bien dans leur peau, qui sont épanouies
32:40qui sont amoureuses
32:42ça fait partie de la vie
32:44après on leur expliquait quand même que la médiatisation
32:46c'est telle qu'ils l'ont choisie en se présentant
32:48au concours Miss France
32:50et on leur conseillait de pas trop exposer
32:52leurs compagnons de l'époque
32:54parce que c'est pas parce qu'on a un chéri à 18 ans
32:56qu'on va se marier avec lui, et automatiquement
32:58si vous l'exposez et que vous ne faites pas
33:00votre vie avec lui, on peut en conclure
33:02que vous êtes une femme qui a du mal
33:04à s'attacher, et ça c'est pas bien
33:06Il y a une chose très importante que vous faisiez régulièrement
33:08Sylvie Tellier, c'est rencontrer les parents
33:10avant les élections
33:12Oui j'aimais bien rencontrer, chaque élection régionale
33:14j'allais voir les parents, pour moi c'est important
33:16déjà pour les rassurer parce que
33:18c'est quand même le grand saut
33:20moi je sais que maman en fait
33:22a pas eu ça en fait
33:24elle était paniquée, elle savait pas où j'allais
33:26elle savait pas ce qui allait se passer
33:28je l'ai vu 3 secondes après mon élection de Miss France
33:30même pas le lendemain, ils ont pas été conviés
33:32le lendemain, je crois que c'était hyper dur
33:34alors que maman c'était le rêve de sa vie
33:36Miss France, donc c'était important
33:38pour moi d'aller voir les parents à chaque fois
33:40Et à chaque fois d'ailleurs ça les rassure
33:42et vous voyez un petit peu comment est la fille
33:44Oui, alors déjà rencontrer les parents
33:46vous savez on dit
33:48je crois qu'on disait ça dans une relation
33:50c'est quand t'épouses la fille, regarde la maman
33:52c'est le tableau 40 ans plus tard
33:54c'est vrai qu'en rencontrant les parents
33:56non et puis c'était intéressant
33:58de savoir de quel milieu était issue une jeune femme
34:00parce qu'elle aborde pas le même concours
34:02si elle est issue de
34:04une famille très privilégiée
34:06ou alors d'une famille peut-être un peu
34:08moins favorisée, moi j'avais besoin de connaître
34:10l'environnement social d'une candidate
34:12c'est important. Vous le racontez en long
34:14et en large dans ce livre qu'on va continuer à évoquer
34:16à travers la date de sa sortie, le 29
34:18mai 2024. A tout de suite
34:20sur Sud Radio avec Sylvie Tellier
34:22Sud Radio, les clés d'une vie
34:24Jacques Pessus. Sud Radio
34:26les clés d'une vie, celle de mon invité Sylvie Tellier
34:28donc on a évoqué
34:30votre carrière à travers des extraits de ce livre
34:32qui est sorti le 29 mai 2024
34:34chez Fayard, Couronne et préjugés
34:36c'est un livre que vous avez longtemps
34:38hésité à écrire. Oui
34:40j'avais commencé à écrire un livre et puis bon
34:42vous savez vous écrivez parce que parfois
34:44quand vous êtes en colère vous avez besoin que ça sorte
34:46et moi j'écris beaucoup, je l'ai créé très
34:48important dans ma vie donc j'avais commencé
34:50à écrire et puis quand j'ai quitté Miss France
34:52on me dit ah ça serait bien que tu écrives un livre
34:54sur les coulisses, je dis mais j'ai adoré ce que j'ai
34:56fait, écrire juste sur les coulisses de Miss France
34:58ça m'intéresse pas. J'avais envie
35:00de témoigner dans ce livre, j'avais envie de faire passer
35:02des messages optimistes
35:04et je remercie Fayard parce que vraiment j'ai un éditeur
35:06qui m'a donné carte blanche et c'est rare
35:08surtout une grande maison d'édition comme celle-ci
35:10donc merci aux équipes
35:12Alors celui qui s'appelle Couronne et préjugés
35:14parce que vous répondez sous forme de bilan
35:16aux préjugés que vous avez
35:18quelques fois découverts dans la presse et auxquels vous n'avez
35:20pas toujours répondu. Oui je trouvais rigolo
35:22en fait plutôt que faire
35:24un livre autobiographique
35:26je trouvais assez rigolo de prendre
35:28tous les préjugés dont j'ai été victime moi en tant que
35:30Miss et d'essayer de les décortiquer
35:32et les décortiquer avec mon
35:34expérience personnelle donc effectivement avec
35:36des préjugés, un des préjugés
35:38c'est on pense souvent que je suis née avec
35:40une cuillère d'argent dans la bouche sous prétexte que
35:42j'ai dirigé le concours pendant près de 20 ans
35:44on pense que je suis une famille extrêmement privilégiée
35:46j'espère être élégante
35:48donc on associe souvent l'élégance à un milieu
35:50privilégié et pas du tout
35:52je suis issue d'un milieu très modeste où maman
35:54nous a appris à être élégante
35:56avec pas grand chose et je trouvais que
35:58c'était important surtout dans la société actuelle
36:00de passer ces messages en disant mais en fait
36:02on peut très bien être issue d'un milieu très modeste
36:04avoir des ambitions dans la vie
36:06rêver, apprendre des codes parce que je n'avais pas des codes
36:08moi je ne maîtrisais pas les codes
36:10et voilà j'avais envie de
36:12raconter et d'aborder comme ça
36:14pas mal de faits de société
36:16je parle d'éducation avec nos enfants, je parle du
36:18divorce, je parle des familles monoparentales
36:20je parle un petit peu de politique
36:22aussi j'avais envie d'aborder
36:24pas mal de sujets. Là on va aborder ces sujets
36:26d'abord il y a effectivement le côté
36:28élégance lorsque vous êtes à Lyon pour
36:30vos études, les filles autour de vous ont des carrières
36:32messe ce qui n'est pas votre cas
36:34oui oui c'est vrai parce que
36:36quand vous êtes étudiante
36:38en droit et que vous n'êtes pas du
36:40Serail ça peut surprendre surtout
36:42il y a 25 ans
36:44mais bon il faut, c'est pas qu'il faut
36:46s'en moquer, moi je ne m'en moquais pas
36:48je respectais et vraiment j'ai un respect
36:50absolu pour les gens
36:52quels que soient leurs milieux sociaux
36:54je trouve juste beaucoup plus intéressant
36:56de venir du mien et d'essayer
36:58d'accéder à un autre plutôt que
37:00il a fallu que je me batte
37:02il a fallu que je me batte contre des préjugés
37:04contre qu'il a fallu
37:06que j'enfonce quelques portes qui étaient
37:08fermées mais ça forge un caractère
37:10je trouve ça plutôt bien
37:12et parmi les préjugés contre vous
37:14il y a le fait que soi-disant
37:16vous ne seriez pas d'accord avec les candidates métis
37:18ou les femmes mariées comme candidate
37:20ah oui il y avait un préjugé
37:22sur les femmes mariées
37:24c'est parce que quand je suis partie de Miss France
37:26j'ai expliqué que j'étais contre
37:28le fait d'organiser un concours où
37:30déjà tout le monde allait être là
37:32donc un concours avec les mamies, sans moyenne d'âge
37:34sans rien, voilà
37:36et sur les femmes mariées
37:38je considère que
37:40moi je considère que Miss France n'est pas un travail
37:42donc je ne pouvais pas comparer
37:44le statut de Miss France à par exemple
37:46le statut d'une femme qui est dans l'armée
37:48qui fait le choix pour sa carrière
37:50de partir un an loin de ses enfants
37:52pour moi Miss France ce n'est pas un travail
37:54c'est juste un cadeau que vous font les Français
37:56pendant un an
37:58vous faites le tour de la France, vous voyagez, vous allez à l'étranger
38:00et je n'avais pas envie
38:02d'être le témoin de la tristesse
38:04d'une jeune femme ou d'une femme
38:06qui aurait laissé ses enfants pour aller embrasser d'autres enfants
38:08voyez ?
38:10Et justement vous parlez de départ
38:12il se trouve que le départ de Miss France, on a tout dit là-dessus
38:14et vous racontez la vérité dans ce livre
38:16c'est votre volonté
38:18j'ai dit que j'avais été licenciée de Miss France
38:20comme si en France
38:22le fait de quitter
38:24maman la première a dit mais comment tu peux quitter un travail
38:26comme ça, qui est chouette
38:28où tu gagnes bien ta vie
38:30en fait non, j'ai adoré ce que j'ai fait chez Miss France
38:32mais j'avais aussi envie de me lancer d'autres challenges
38:34j'avais l'impression que j'avais accompli beaucoup de choses
38:36chez Miss France et que j'étais un petit peu au bout
38:38en fait de ce que je m'étais
38:40posé comme objectif
38:42et comme quoi on ne peut pas quitter
38:44une femme ne peut pas choisir de quitter une société
38:46automatiquement elle se fait virer
38:48en fait on a quand même un gros problème encore
38:50de sexisme en France dans l'entreprise
38:52et dans les médias
38:54et vous avez beaucoup apporté à Miss France
38:56effectivement dans les nouveautés, Sylvie Tellier
38:58je pense notamment au palais des festivals de Cannes
39:00car vous avez été la première à penser
39:02qu'on pouvait faire le concours de Miss France là-bas
39:04oui c'est vrai
39:06après il fait près de 300 pages
39:08donc il y a beaucoup d'anecdotes dans ce livre
39:10mais je raconte
39:12mon arrivée chez Miss France
39:14et j'explique que quand on m'a donné les clés
39:16j'ai dit ok
39:18mais si j'ai les clés
39:20j'ai beaucoup d'ambition pour Miss France
39:22voilà quelles sont les ambitions pour ce concours
39:24et on va y aller, on va y aller avec mon équipe
39:26alors parfois avec
39:28petite friction avec la direction
39:30mais il faut être
39:32parfois en désaccord
39:34moi je suis une femme de conviction, je ne suis pas une femme de conflit
39:36mais je suis une femme de conviction
39:38donc oui parfois il y a eu quelques petits heurts
39:40mais au final je pense que le concours Miss France
39:42a grandi
39:44et puis les petits heurts ça fait partie de la vie, ça s'arrange sans problème
39:46on le voit quotidiennement
39:48et il y a un déclic qui s'est produit un jour où vous avez compris
39:50Sylvie Tellier que Miss France
39:52le concours avait évolué
39:54lorsque Jean-Paul Gaultier s'est servi
39:56d'une écharpe de Miss France
39:58lors d'un défilé de mode
40:00un jour mon téléphone sonne
40:02c'est un dimanche, je me revois exactement
40:04je sais où j'étais
40:06et c'est Jean-Paul Gaultier qui m'appelle et qui me dit
40:08écoute Sylvie j'ai mon dernier défilé
40:10mais peut-être que
40:12tu ne vas pas vouloir
40:14et il me raconte qu'il souhaiterait
40:16pour son dernier défilé
40:18envoyer une invitation
40:20avec une écharpe et organiser
40:22Miss Jean-Paul Gaultier
40:24et je me suis dit
40:26c'était l'opportunité pour déringardiser
40:28l'écharpe et ce concours
40:30fabuleuse parce qu'on s'est retrouvé au Grand Rex
40:32avec ce défilé où il y avait
40:34au premier rang toutes les actrices
40:36toutes les rédactrices en chef de mode
40:38je me souviens encore elles étaient toutes là
40:40avec leur écharpe en guise d'invitation
40:42et avec Jean-Paul Gaultier en plus qui faisait défilé
40:44ce soir-là, Chloé Morteau
40:46qui est une ancienne Miss France
40:48et voir toutes ces femmes avec une écharpe bleu-blanc-rouge
40:50je me suis dit ça y est on a gagné, merci Jean-Paul
40:52Un seul problème
40:54vous n'êtes pas parvenu sauf une fois
40:56à ce que les Miss France soient reçues par le Président de la République
40:58Alors oui j'ai réussi une fois
41:00mais on a été quand même reçu par François Hollande
41:02qui n'était plus en fonction
41:04enfin non plus en fonction
41:06parce que c'était je crois
41:08la transition
41:10exactement
41:12alors certains vont me dire mais comment
41:14elle peut exiger ça ou vouloir
41:16mais je me dis
41:18on reçoit bien les sportifs de haut niveau à l'Elysée pour les féliciter
41:20moi j'ai toujours considéré
41:22que les concours de beauté
41:24par exemple Miss Universe c'est un peu nos JO
41:26chez Miss France, pourquoi on ne recevrait pas
41:28une candidate qui a été Miss France
41:30qui a gagné le concours de Miss Mondo
41:32de Miss Universe, pourquoi on ne la recevrait pas à l'Elysée
41:34parce qu'elle s'est préparée
41:36physiquement, psychologiquement
41:38et surtout c'est le rayonnement de la France
41:40je peux vous dire que quand Iris Mittena est élue devant plus de 300
41:42millions de téléspectateurs à Miss Universe
41:44c'est la France qui rayonne
41:46et c'est l'élégance qui rayonne
41:48qu'est-ce que ça peut faire de l'inviter
41:50de lui dire bravo et de lui remettre une petite médaille
41:52alors qu'on le fait avec tous les sportifs
41:54je crois que ça mérite une pétition
41:56parce que vous avez raison
41:58et c'est l'image de la France
42:00c'est vrai
42:02j'ai quelques soucis avec Geneviève de Fontenay
42:04c'est Jacques Chirac, ce qui n'est pas étonnant d'ailleurs
42:06Jacques Chirac
42:08moi j'ai eu la chance de le rencontrer
42:10Jacques Chirac
42:12était un président qui
42:14je pense qui n'était pas insensible à l'élégance
42:16des femmes
42:18il se trouve aussi que dans ce livre vous parlez longuement
42:20de votre vie privée et surtout de la construction
42:22d'une famille parce que vous avez
42:24construit une famille non sans mal
42:26et c'est vraiment avec
42:28des efforts de chaque côté et vous l'expliquez
42:30largement
42:32c'est pour ça que je parle beaucoup des femmes dans mon bouquin
42:34et je témoigne en tant que femme
42:36j'ai divorcé de mon mari
42:38je me suis retrouvée seule
42:40avec un petit garçon
42:42mais j'ai eu la chance de divorcer
42:44dans les années 2010
42:46où il me semble on a
42:48peut-être
42:50je ne sais pas si c'est globale mais moi
42:52j'ai gardé une très bonne relation avec
42:54le papa de mon fils parce que je considère
42:56qu'en fait on peut se marier, divorcer
42:58mais à partir du moment où on a un enfant
43:00c'est pour la vie en fait, vous êtes lié
43:02au papa de votre enfant toute votre vie
43:04et il faut parfois être capable
43:06de ranger dans sa poche
43:08sa rancœur, ses aigreurs
43:10pour le bien-être de son fils ou de sa fille
43:12Et les enfants, l'éducation est très importante
43:14vous prenez notamment le téléphone portable
43:16à 20 euros au bureau de ta mère
43:18Je suis en plein dedans, vous savez j'ai un ado qui a 14 ans
43:20qui me dit
43:22maman tu comprends rien
43:24t'es trop stricte
43:26tout d'un coup pour qui la valeur travail
43:28ils sont en recherche de sens
43:30en étant adolescents
43:32et oui je fais plutôt partie de cette team
43:34un peu rigoureuse
43:36qui a tendance à être contre
43:38l'éducation positive
43:40on se retrouvera dans 3 ans, vous me direz si j'ai eu raison
43:42parce que pour l'instant c'est un peu difficile à la maison
43:44mais j'espère que ça s'arrange
43:46parce que j'en ai deux derrière qui arrivent
43:48ça s'arrange toujours, mais surtout vous êtes même
43:50en ce moment on en parle beaucoup dans la presse
43:52c'est l'expérimentation de l'uniforme à l'école
43:54Oui, alors moi je suis pour, à 100%
43:56parce que j'en ai souffert gamine
43:58moi j'étais dans un collège prévu, il n'y avait pas d'uniforme
44:00et maman n'avait pas les moyens de nous acheter
44:02sans faire de pub, mais le pull oxbow
44:04qui allait bien
44:06et j'en souffrais, et je trouve que
44:08l'uniforme aujourd'hui, j'entends
44:10ceux qui disent que ça gomme
44:12l'individu
44:14mais ça gomme aussi les inégalités sociales
44:16avant tout, et je trouve ça très bien
44:18et puis pour les parents c'est un gain de temps le matin
44:20parce qu'on n'a plus la guéguerre
44:22avec les enfants, de savoir si on met le t-shirt
44:24de la reine des neiges ou pas
44:26à la maison, l'uniforme
44:28il est bleu marine, on a le placard
44:30en bleu marine
44:32les uniformes ne sont pas très stricts, ou mes enfants sont
44:34mais je trouve que c'est un gain de temps
44:36et moi je suis pour l'uniforme, vraiment
44:38Surtout que maintenant les t-shirts c'est Harry Potter
44:40ou Star Wars en général
44:42Oui, c'est ça, et puis nos enfants sont très sensibles
44:44aux marques
44:46et donc, pardon, mais le fait
44:48d'avoir des uniformes où il n'y a pas de marque
44:50ça a un coût l'uniforme
44:52mais c'est aussi des économies dans une famille
44:54parce que vous n'êtes plus obligés d'acheter des choses
44:56de marque. Vous expliquez aussi que la réussite
44:58scolaire ne doit pas briser un enfant
45:00Oui, c'est vrai
45:02Pour moi, il ne faut pas être
45:04à la course aux notes, il est important
45:06que nos enfants suivent à l'école
45:08et aient des bonnes notes, oui
45:10mais comme dans la mesure où la majorité des métiers de demain
45:12n'existent pas encore aujourd'hui, je me dis
45:14est-ce qu'il n'est pas plus important de les éduquer
45:16dans la valeur du sport, dans la valeur
45:18de l'effort, de la compétition, de les éduquer
45:20Moi, je vais être beaucoup plus exigeante
45:22par exemple sur l'anglais
45:24que je vais être exigeante sur une autre matière
45:26Oui, les français et les maths, évidemment c'est important
45:28mais il ne faut pas être à la course aux notes, il faut que nos enfants
45:30soient épanouis quand même
45:32Il y a quand même un moment très drôle dans ce livre, c'est lorsque
45:34vous expliquez que vous avez été victime d'une
45:36mauvaise blague en ouvrant votre valise
45:38de votre mari Laurent
45:40Oui, ce n'est pas l'anecdote
45:42dont je suis la plus fière dans le livre
45:44Vous savez, on est sur ce radio, parlons vrai
45:46A partir du moment où j'ai commencé à écrire
45:48j'ai écrit sur mon mari
45:50mon mari est blagueur et je vous laisserai la découvrir
45:52parce qu'il me fait une blague, je pars
45:54en voyage de Miss et il me met un cadeau plutôt coquin
45:56dans ma valise
45:58et oui, j'ai parlé vrai
46:00Il se trouve aussi que
46:02vous évoquez le passé, le présent et l'avenir
46:04parce que vous êtes une femme d'instinct
46:06vous partez de quelque part
46:08vous savez qu'il y a autre chose qui va se produire
46:10Oui, je suis très intuitive
46:12et je sais que
46:14tout a un sens dans la vie
46:16quand vous me dites
46:18vous avez des moments où vous dansez avec les stars
46:20oui, j'étais triste de sortir de danser avec les stars
46:22mais à un moment donné, ça restait un jeu
46:24en fait, il faut relativiser
46:26j'essaye de prendre beaucoup de distance avec les événements de la vie
46:28vous savez, j'ai créé une association
46:30qui s'appelle les Bonnes Fées, il y a 7 ans
46:32on finance des soins de thérapie complémentaires
46:34pour les hommes et les femmes
46:36qui ont le cancer
46:38et en fait
46:40tant qu'on est en bonne santé
46:42tant qu'on a de l'amour
46:44dans notre famille
46:46tout le reste n'est qu'accessoire
46:48il faut rester positif
46:50vous parlez de la famille
46:52justement, il y a une très bonne nouvelle
46:54c'est que votre mère va se marier
46:56oui, maman va se marier à 75 ans cet été
46:58qui l'aurait cru
47:00en fait, je le raconte parce que
47:02dans ce livre, j'avais envie de témoigner auprès des jeunes
47:04en leur disant, voilà, c'est pas parce que tu n'as pas eu une bonne carte
47:06à la naissance que tu ne peux pas y arriver
47:08la preuve, je suis sur un milieu
47:10assez défavorisé et j'ai quand même pas mal réussi ma vie
47:12mais j'avais envie de passer un autre message
47:14c'était de dire aux mamans
47:16qui sont mamans solos, qui parfois
47:18ont du mal à joindre les deux bouts
47:20que le bonheur, il peut aussi arriver plus tard
47:22et maman, elle s'est sacrifiée pour ses enfants
47:24je pense qu'on lui a rendu
47:26beaucoup de bonheur
47:28parce qu'elle ne s'est pas sacrifiée pour rien
47:30et en plus, c'est la fin de mon livre
47:32mais c'est pareil, c'est le fil conducteur
47:34donc il faut vraiment lire le livre pour comprendre
47:36et à la fin, je raconte qu'elle va se marier à 75 ans
47:38et que le bonheur arrive parfois sur le tard
47:40Voilà, parce que justement, Eric, qui est votre beau-père
47:42qui vous a élevé
47:44est là depuis longtemps
47:46et je trouve que c'est une consécration de vie
47:48une revanche
47:49Oui, c'est une belle revanche
47:50quand vous avez été déçu par l'amour
47:52à un moment donné, de lâcher prise à 75 ans
47:54je trouve que
47:56il y a quelque chose de très attachant
47:58L'amour de la vie, vous l'avez
48:00vous allez continuer à travailler
48:02vous allez continuer à vous battre tel que vous l'aimez
48:04Ah mais il faut toujours
48:06je trouve que c'est
48:08l'ambition
48:10je trouve qu'il faut être accompli dans la vie
48:12il faut faire ce qui nous plaît
48:14elle est tellement courte, profitons !
48:16En tout cas, j'espère qu'elle sera longue pour vous
48:18et qu'il y aura d'autres souvenirs à raconter
48:20que ce livre couronne et préjugé chez Fayard
48:22que je recommande à celles et ceux qui nous écoutent
48:24parce qu'on vous découvrira tel que vous êtes
48:26Merci, vraiment merci
48:28parce que
48:30il se vend très bien
48:32vous savez, quand vous écrivez un livre
48:34il y a une énergie qui plaise aux gens
48:36et quand je vois les retours que j'ai sur les réseaux sociaux
48:38de femmes, d'ados
48:40qui m'écrivent, merci à ceux qui nous écoutent
48:42parce que je lis tous vos messages
48:44et je suis très touchée
48:46Merci aussi, il y en aura d'autres à mon avis
48:48après cet entretien
48:50Merci de l'avoir écrit et puis à très bientôt Sylvie Taillier
48:52Les questions d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui
48:54on se retrouve bientôt, restez fidèles
48:56à l'écoute de Sulradio